On a (presque) compris la phrase de Nicolas Sarkozy

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    On a (presque) compris la phrase de Nicolas Sarkozy
    Par Jonathan Bouchet-Petersen — 16 octobre 2015 à 15:20

    Nicolas Sarkozy le 23 septembre 2015, à Reims . AFP
    Prononcée mercredi, la sibylline déclaration de l’ancien chef de l’Etat, au sujet d’une mystérieuse table et un non moins mystérieux chauffeur, fait les délices des réseaux sociaux depuis deux jours. Mais que veut-elle dire ? Reprenons dans l’ordre.

    On a (presque) compris la phrase de Nicolas Sarkozy
    Orateur chevronné - et même rémunéré pour ses speeches à l’international-, Nicolas Sarkozy use parfois d’une syntaxe qui laisse l’auditeur pantois. Et même perplexe. « Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur. » Depuis qu’elle a été repérée jeudi par le « Petit Journal » de Canal + cette phrase prononcée par l’ancien chef de l’Etat, lors d’un meeting mercredi à Limoges avec Alain Juppé pour soutenir la tête de liste régionale Virginie Calmels, fait les délices des réseaux sociaux. Mais qu’a donc voulu dire le président du parti Les Républicains ? Reprenons le propos dans l’ordre.

    (francetvinfo)

    « Coup de pied au derrière »
    Avec l’expression « coup de pied au derrière », Nicolas Sarkozy évoque les électeurs de droite qui ont apporté leurs suffrages au Front national lors des dernières départementales et surtout européennes - le FN ayant, pour la première fois de son histoire, fini en tête lors de l’élection des eurodéputés français, devant l’UMP et le PS. On le comprend mieux avec la totalité de la déclaration du président de LR, au-delà du seul très court extrait isolé par le « Petit Journal » : « Un certain nombre d’entre vous, peut-être, certainement, ont pu être déçus par nous, déçus par moi, et faire le choix du Front national à un moment, en disant comme ça on va leur donner un bon coup de pied au derrière pour qu’ils se réveillent », a expliqué Nicolas Sarkozy.

    « Renverser la table »
    Dans sa bouche, l’expression « renverser la table » pour décrire le vote frontiste, ou plutôt la tentation de voter FN, n’est pas nouvelle. Déjà en avril 2012 sur TF1, le candidat UMP lançait : « la tentation de renverser la table, je peux la comprendre mais il y aura plus de souffrance ». Quelques jours plus tard en meeting en Alsace, il entonnait le même refrain : « Je ne donnerai pas de leçon de morale à une femme ou un homme qui a peur et qui pense que la seule méthode est de renverser la table. » Autre variante : « Renverser la table ne résoudra aucun de vos problèmes. La table, vous la renverserez sur vous-mêmes. » Bref, un classique sarkozyste.

    « Choisir le chauffeur »
    Quant au « chauffeur », qu’on imagine (sans certitude) être celui au volant de la voiture France, Nicolas Sarkozy essaye de dire qu’en s’abstenant (« vous descendez de voiture ») ou en votant FN, et non LR, lors des régionales de décembre prochain mais surtout au premier tour de la présidentielle de 2017, les électeurs de droite récolteraient un président qu’ils n’ont pas voulu. Une version un peu tarabiscotée du basique « voter FN c’est faire gagner le PS » ? L’honnêteté nous oblige à reconnaître que cette dernière partie de la citation peut aussi être interprétée comme une allusion à la primaire, qui doit se tenir en novembre 2016 pour, en l’état, permettre aux sympathisants de la droite et du centre de départager Nicolas Sarkozy et Alain Juppé en vue de 2017.