Frédéric Lordon à HEC Débats - Conférence - Présidentielles 2017, Nuit Debout, Capitalisme

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  • Frédéric Lordon à HEC Débats - Conférence - Présidentielles 2017, Nuit Debout, Capitalisme - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=9JwBlI0xf_k

    Sociologue et économiste, fin connaisseur de la pensée de Spinoza, Frédéric Lordon est connu pour ses prises de position intellectuelles et politiques. Membre du collectif des Economistes Atterrés, figure éminente du mouvement Nuit Debout, il vient se confronter à un public qu’il connait bien, puisqu’il est lui-même titulaire du MBA HEC !

    Après avoir présenté succinctement sa vision du salariat comme rapport d’aliénation, il évoque tour à tour le mouvement Nuit Debout et l’avenir de la gauche et du capitalisme en général.

    Lordon à HEC, ça peut paraître curieux, mais c’est juste passionnant.

    • à 9’19 : le @mdiplo est-il un îlot d’harmonie humaine ? (non)

      Via @mona — Chez les futurs riches : les gens que j’ai vus à HEC Paris
      http://www.vice.com/fr/read/chez-les-futurs-riches-les-gens-que-j-ai-vus-a-hec-paris

      Et ce commentaire (@Mona attire de sacrés commentateurs sur un autre réseau social) :

      Cette conférence et le discours de Lordon ont ramené à ma mémoire de manière assez vive un passage du roman Mars la Bleue (1996) de Kim Stanley Robinson. Sur une Mars terraformée où les habitants se sont libérés du joug de la Terre, une assemblée constituante essaie de mettre en place les bases d’une nouvelle société. J’ai refouillé un peu ma bibliothèque et me permets de partager, car là, il y a quelque chose comme de l’anticipation :

      « - La nouvelle économie qui nous est proposée, déclara-t-il un jour à la table des tables, répétant son leitmotiv, constitue une intrusion radicale sans précédent du gouvernement dans les affaires.
      Tout à coup, Vlad Taneiev se leva. Surpris Antar s’interrompit et le regarda. […] :
      – Ce que vous venez de dire du gouvernement et des affaires est un tissu d’inepties, lâcha-t-il froidement. […] les gouvernements régulent toujours les affaires qu’ils autorisent. L’économie est toute entière soumise au droit, c’est un système de lois. Jusque-là, l’underground martin a toujours prétendu qu’en matière de loi la démocratie et l’autogouvernement étaient les droits innés de l’individu, et que ces droits ne devaient pas être suspendus quand l’individu se mettait au travail. Et vous... [...] vous croyez à la démocratie et à l’autogouvernement ?
      –Oui ! répliqua Antar, sur la défensive.
      – Très bien. Si la démocratie et l’autogouvernement sont des droits fondamentaux, pourquoi l’individu devrait-il y renoncer sur son lieu de travail ? En politique nous nous battons comme de beaux diables pour la liberté, pour avoir le droit d’élire nos chefs et d’aller comme nous le souhaiterions, de faire le travail qui nous plaît, pour contrôler nos vies, en somme. Et quand nous nous levons, le matin, pour aller travailler, ces droits nous seraient confisqués. Nous y renoncerions, et pendant la majeure partie de la journée, nous en reviendrons au féodalisme. C’est ça, le capitalisme, une version de la féodalité dans laquelle le capital remplace la terre et les chefs se substituent aux rois. Mais c’est ainsi que nous continuons à offrir le travail de notre vie, sous la contrainte, pour nourrir des chefs qui ne travaillent pas vraiment.
      – Les responsables d’entreprise travaillent, répliqua sèchement Antar. Et ils assument le risque financier.
      – Le prétendu risque du capitalisme n’est que l’un des privilèges du capital.
      – La direction…
      – Mais oui, c’est ça. Ne m’interrompez-pas. La direction, ça existe, c’est un problème technique. Mais elle peut être contrôlée par le travail aussi bien que par le capital. Le capital n’est jamais que le résidu utile du travail fourni par les ouvriers du temps jadis. Il pourrait appartenir à tout le monde et non plus seulement à quelques-uns. Rien ne justifie que le capital soit détenu par une petite noblesse et que tous les autres soient à leur service. Il n’y a aucune raison qu’ils nous donnent un salaire et gardent tout le reste de ce que nous produisons. Non ! le système appelé démocratie capitaliste n’avait rien de démocratique, en fait. C’est pour ça qu’il a si vite cédé la place au système des métanationales dans lequel la démocratie s’affaiblissait sans cesse devant un capitalisme de plus en plus puissant. Dans lequel un pour cent de la population possédait la moitié de la richesse et cinq pour cent de la population en détenait quatre-vingt-quinze pour cent. […] nous devons changer tout ça. C’est le moment. Si l’autogouvernement est une valeur fondamentale, si la simple justice est une valeur, alors ce sont des valeur partout, y compris sur le lieu de travail où nous passons une partie si importante de notre vie […] »

      (Mars la Bleue, 1996, Kim Stanley Robinson, page 156 à 159)