• Virginia Eubanks : « Les algorithmes servent de palliatifs à l’empathie »
    https://m.usbeketrica.com/article/les-algorithmes-servent-de-palliatifs-a-l-empathie

    Dans son ouvrage publié en janvier, Automating Inequality, Virginia Eubanks déplore l’« automatisation des inégalités » à l’oeuvre dans de nombreux programmes sociaux aux États-Unis, sous l’action d’algorithmes prétendument « neutres ». Futur.e.s l’a rencontrée en amont du festival qui se tiendra à Paris les 21, 22 et 23 juin. L’intitulé de l’ouvrage de Virginia Eubanks est d’une transparence cristalline. Automating Inequality : How High-tech Tools Profile, Police, and Punish the Poor annonce la couleur dès sa (...)

    #algorithme #solutionnisme #discrimination

  • « Le téléphone portable, c’est le rêve de Staline devenu réalité »
    https://m.usbeketrica.com/article/le-telephone-portable-c-est-le-reve-de-staline-devenu-realite

    Depuis plus de trente ans, Richard Stallman fait la promotion du logiciel libre et pourfend la domination d’Apple, Microsoft, Google et les autres géants du net, amateurs de logiciels propriétaires et d’une exploitation savante des données de leurs utilisateurs. On a profité de son dernier passage à Paris pour échanger avec lui sur la surveillance généralisée et la fin de notre monde numérique, qu’il imagine pour bientôt. Dans la grande mythologie de l’informatique moderne, l’Américain Richard Stallman, (...)

    #Apple #Google #Microsoft #Xerox #Linux #domination #copyright #smartphone

  • #LesInrocks - Alain #Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    https://www.lesinrocks.com/2018/01/24/actualite/alain-damasio-cest-tout-le-rapport-de-loccident-lactivite-quil-faut-repe

    Alain Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    24/01/18 18h15
    PAR
    Mathieu Dejean
    Samedi 27 janvier, une journée de débats est organisée à la Bourse du #Travail de Paris sous le titre : “Tout le monde déteste le travail”. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de “La Horde du Contrevent” (2004), nous en dit plus sur cet événement qu’il a co-organisé.
    Au milieu des années 1950, l’Internationale lettriste regroupée autour de Guy Debord annonçait l’esprit de Mai 68 avec un célèbre graffiti : “Ne travaillez jamais”. Cinquante ans après les “événements” de mai, un collectif souffle sur les mêmes braises réfractaires, et organise le 27 janvier à la Bourse du Travail de Paris une journée de débats et de création artistique sous le titre : “Tout le monde déteste le travail - Rencontres pour qui en a, en cherche, l’évite, s’organise au-delà...”.

    Annoncé sur le site lundimatin, proche du #Comité_invisible, l’événement rassemble la fine fleure de la pensée critique dans ce domaine – la sociologue Danièle #Linhart, le professeur de droit Emmanuel #Dockès, l’économiste Frédéric #Lordon, ou encore le journaliste indépendant Olivier #Cyran (auteur de Boulots de merde ! Enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, 2016) -, mais aussi des syndicalistes, des zadistes et des écrivains (le programme complet est ici).

    Le collectif à son origine est aussi celui qui avait organisé la “chasse aux DRH” le 12 octobre dernier, pour empêcher la venue de Muriel Pénicaud au Congrès des DRH. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de La Zone du dehors et de La Horde du Contrevent, qui a co-organisé ce rassemblement, nous en dit plus.

    Quel est l’objectif de cette journée ?

    Alain Damasio – Lors d’une rencontre sur le plateau de Millevaches (Limousin) fin août avec des gens qui gravitent autour du Comité invisible, des artistes, Frédéric Lordon ou encore Julien #Coupat, on s’est dit qu’il fallait lancer une série d’actions pour lutter contre la deuxième loi travail. La première action, c’était la “#chasse_aux_DRH”. La deuxième, c’est cette journée au cours de laquelle nous allons essayer de déployer nos idées, nos visions, de proposer des choses. L’objectif, c’est de répondre à ces questions qui nous traversent tous : Comment dépasser le travail ? Comment sortir de cette fabrique du travailleur comme figure essentielle ?

    Ces rencontres sont réunies sous l’intitulé “Tout le monde déteste le travail”. Ça vous semble si évident que ça ?

    Le titre est une référence au slogan “Tout le monde déteste la police”, il fait la continuité avec les manifestations contre la loi travail. Il a aussi un côté affectif. Frédéric Lordon explique très bien que les mouvements politiques se déploient lorsqu’ils ont un affect commun. En l’occurrence, nous éprouvons la sensation qu’une majorité de gens souffrent au travail, subissent des conditions d’exploitation de plus en plus subtiles, que la pression du chômage les oblige à accepter. C’est pourquoi nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort.

    C’est aussi une provocation. Des gens vont lire l’affiche et se dire : “C’est pas possible, moi j’aime mon travail !” En fait, on pousse les gens à s’auto-convaincre qu’ils aiment ce qu’ils font. Quand tu subis une exploitation forte, dans un cadre très contraint car tu dois gagner ta vie, c’est une réaction naturelle. Intérieurement tu souffres et tu détestes ce que tu fais, mais tu as aussi une injonction à être à l’aise, à aimer ce travail. C’est aussi contre ce néo-management que nous nous érigeons.

    “Nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort”

    Nos vies vous semblent-elles de plus en plus réduites à cette seule activité : le travail ?

    J’ai le sentiment qu’on continue en tout cas à nous faire croire que l’horizon peut être le plein-emploi, qu’il suffit d’y mettre le fric, ou de “libérer” le travail pour qu’on recrée de l’emploi. Je suis convaincu qu’il faut au contraire définitivement enterrer cette idée. Pour moi, l’avenir du travail réside peut-être dans le revenu universel, même si le capital peut s’en accommoder. Cette idée ne fait d’ailleurs pas consensus entre nous.

    En effet il y a une version néolibérale du revenu universel... Comment en faire une mesure vraiment émancipatrice ?

    Les positions des participants à cette journée divergent à ce sujet. Ariel Kyrou, que j’ai fait inviter, a énormément défendu le revenu universel dans le cadre de la revue Multitudes. Pour moi, c’est un plancher minimal à partir duquel tu peux te débarrasser de la nécessité de travailler. Je pense que ça peut libérer énormément d’énergie pour créer, militer, organiser un autre type de vie. Ça ouvre la porte à des alternatives. Beaucoup de gens se moquent d’avoir un statut social. C’est ce que j’ai vu à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. De quoi vivent-ils ? Ils vivent souvent d’un RSA, et de l’autoproduction. En l’occurrence, le plancher du RSA leur permet de faire des choses fabuleuses localement.

    Entendez-vous revaloriser la paresse, l’oisiveté ?

    Je n’aime pas l’idée de paresse, car elle s’articule comme une négativité par rapport au travail. Par contre, étymologiquement, l’oisiveté vient du terme latin otium. Nier l’otium, ça donne le mot negotium, le "négoce", le commerce, et finalement, ce monde capitaliste dans lequel on est. Nietzsche l’écrivait très bien aux alentours de 1870, avant l’arrivée du marxisme, qui a été très pro-travail : pourquoi prôner le travail, alors que la noblesse spirituelle de l’époque était fondée sur une valorisation absolue de la disponibilité, de l’oisiveté, de la présence au monde, de la contemplation ? On a réussit à inverser cette hiérarchie des valeurs pour faire du travail quelque chose d’indispensable, le nec plus ultra.

    “C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser”

    L’oisiveté, ce rapport au temps libéré, cette disponibilité au monde, à la nature et aux autres m’intéresse. Prendre ce temps me paraît fondamental. C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser. En écrivant le texte du programme de cette journée avec Julien Coupat, on s’est posé la question du sens de l’activité. On a une telle compulsion au productivisme ! Moi-même, je n’arrive pas à passer à un rapport à l’activité qui ne soit pas auto-aliénant.

    Les technologies numériques semblent contribuer à accentuer l’emprise du travail sur nous, alors qu’on croyait qu’elles allaient nous en libérer. Pensez-vous qu’on peut mieux les maîtriser ?

    Je pense qu’on est dans un état d’adolescence par rapport aux technologies numériques. Il faudra encore une génération pour atteindre un bon niveau de recul, de maîtrise. Je vois très peu de parents capables d’éduquer leurs gamins aux jeux vidéo. Or s’il n’y a pas de transmission sur ce média, d’école pour éduquer aux jeux vidéo, comment voulez-vous que les gamins ne soient pas bouffés, vampirisés par des jeux addictifs ? C’est pareil pour les réseaux sociaux, les mails, etc. On peut passer des journées seulement en interactions avec des interfaces. Ça, c’est flippant.

    “La liberté est un feu : tout le monde a envie de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire”

    J’ai l’impression qu’il y a un mécanisme humain de fermeture au monde, de régression fusionnelle avec les outils technologiques. Cela crée des effets de bulle. Le psychanalyste Miguel #Benasayag l’a très bien expliqué dans Plus jamais seul. Les gens veulent rester dans un continuum affectif permanent avec leurs proches, ils ne supportent plus le moment où le lien se coupe, et où on se retrouve seul. Pourtant c’est dans l’absence, dans la rupture du continuum que le désir de l’autre se construit.

    On a réussi à faire de la technologie un magnifique vecteur d’auto-aliénation. C’est ce dont je parle dans La Zone du dehors : on est très forts pour le liberticide. La liberté, c’est un feu : tout le monde a envie de s’en approcher, de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire, parce que ça brûle, ça crame.

    Quelle #philosophie_du_travail défendez-vous collectivement ?

    Un de nos modèles, c’est la ZAD. La manière dont les zadistes conçoivent quotidiennement l’activité est différente. Elle est auto-générée. Pour construire un bâtiment avec du bois de la ZAD, ils constituent un collectif qui réapprend à faire les charpentes, ils réapprennent un artisanat et retrouvent une continuité naturelle avec la forêt. Il y a une autodétermination de bout en bout, corrélée à un territoire. On passe ainsi d’un statut d’ouvrier à un statut d’œuvrier. L’œuvrier décide lui-même de ce qu’il a envie de faire, du projet qu’il a envie de porter, et le fait avec des gens qu’il a choisis. C’est notre vision générale du travail.

    • Pour l’anthropologue, tout part du langage. Il explique que la vision du monde de l’Occident, notre perception même de la réalité, ainsi que l’émergence de la science moderne et de ses découvertes, tout cela est le produit d’une façon de penser bien particulière, forgée par la langue grecque. Selon Paul Jorion, la structure du grec, notamment les relations d’inclusion que cette langue permet entre les mots, rend possible la logique, la pensée scientifique par déduction rationnelle, et donc l’élaboration de modèles théoriques.

      Par comparaison, la structure du Chinois n’a autorisé que le développement de la science par expérimentation qui, si elle a permis d’inventer le papier, la boussole ou le gouvernail d’étambot, « aurait interdit d’envisager l’invention de la bombe atomique », écrit Paul Jorion, tout en soulignant qu’il n’existe aucun mot chinois équivalent à « théorie » ou « réalité ».
      De notre logique découle notre vision de la réalité, perçue à tort comme objective et universelle. Depuis Galilée, cette réalité passe par la modélisations mathématique. La nature peut être réduite à des équations, croient les savants. Et Paul Jorion dénonce cette façon dont les mathématiques, érigées en vérité absolue, ont guidé notre évolution. Son désaccord avec les scientifiques platoniciens, persuadés « qu’une équation permettait de plonger dans l’essence même des choses », vaudrait sans doute à Paul Jorion un beau débat avec son compatriote Luc de Brabandere, qui nous expliquait récemment croire comme Platon que les maths préexistaient à l’homme.

      #scientisme #mathématiques #logique (mortifère) #anthropologie

  • « Le masculin l’emporte sur le féminin » : Bien plus qu’une règle de grammaire
    https://m.usbeketrica.com/article/feminin-masculin-langue-francaise

    C’est ainsi depuis le XVIIIe siècle : dans la langue française, « le masculin l’emporte sur le féminin ». Cette règle n’est évidemment pas innocente. En quoi est-elle davantage qu’une simple règle de grammaire ? Peut-elle conditionner la société française ? Fanny Hamayon, du blog ALCHIMY et lectrice d’Usbek & Rica s’est interrogée sur les liens entre le langage et la place des femmes dans la société. Voici sa réflexion.

  • « Nothing to hide » : n’avoir « rien à cacher » n’est pas un argument
    https://m.usbeketrica.com/article/pourquoi-n-avoir-rien-a-cacher-n-est-pas-une-raison-pour-accepter-la-

    « Je n’ai rien à cacher », « je n’ai rien de fait de mal ni d’illégal donc peu importe si on m’espionne ». C’est l’argument auquel se heurtent systématiquement les défenseurs de nos libertés numériques. Mais n’avoir « rien à cacher », et accepter de livrer toutes ses données à Facebook, Google et à une multitude de services « gratuits » tout en sachant, de façon plus précise depuis les révélations d’Edward Snowden, que ces données alimentent directement la surveillance de masse : est-ce vraiment un raisonnement tenable sur le long terme ? Est-ce la société que nous voulons ? Diffusé en salles depuis quelques mois, avant une mise en ligne sous licence Creative Commons prévue pour le 30 septembre, le documentaire « Nothing to Hide » de Marc Meillassoux est une réponse passionnante à cette question cruciale pour notre avenir.

  • La face cachée des algorithmes de Facebook et Google dévoilée
    Via Usbek & Rica 07/09 Annabelle Laurent
    #Technologie #Internet

    Hally nous tient à l’oeil, mais Hally nous veut du bien. En tout cas davantage que son cousin HAL... Développé par le laboratoire d’innovation de la CNIL (LINC) avec la designer Victoria Duchatelle, cet assistant veut montrer comment les algorithmes structurent nos interactions sur deux réseaux sociaux et un moteur de recherche que vous utilisez probablement tous les jours... Mieux, Hally donne ensuite accès à des conseils pour s’extraire des calculs algorithmiques qui réduisent notre horizon numérique.

    https://m.usbeketrica.com/article/algorithmes-facebook-twitter-google-hally-oracle

    #algorithmes

  • Usbek & Rica
    https://m.usbeketrica.com/article/le-gros-tabou-du-code-a-l-ecole

    Le cadre scolaire est-il vraiment le plus adapté pour initier les citoyens à la cybersécurité ? Et surtout, faut-il former de futurs cyberactivistes ? « Le problème, c’est que l’État n’a aucun intérêt à former de futurs hackers sachant crypter toutes leurs communications, relève la sociologue Laurence Allard. Si tout le monde se met à chiffrer, on ne peut plus contrôler le réseau… C’est une question taboue. Du coup, à l’école, on insiste plutôt sur une approche littéraire et moralisatrice de l’informatique. » — Permalink

    #enseignement #vieprivėe