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  • Bolloré et le rail au Cameroun : en finir avec l’impunité des firmes mondialisées 
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/24/bollore-et-le-rail-au-cameroun-en-finir-avec-l-impunite-des-firmes-mondialis

    Une cause externe a été pointée, qui masque mal un chapelet d’incuries et des accusations portées tant vers le transporteur que vers les pouvoirs publics. La cause externe : l’effondrement d’un pont sur l’axe routier reliant les deux métropoles a mécaniquement poussé les voyageurs vers les gares. Cet afflux aurait lui-même conduit les opérateurs de la Camrail à doubler les wagons, faisant passer le convoi de neuf à dix-sept rames. La responsabilité du transporteur est donc ici engagée et une question se pose : une telle surcharge était-elle supportable sur un réseau décrié depuis des années pour sa fragilité, voire son délabrement ?

    Depuis la privatisation des chemins de fer camerounais et la concession octroyée au groupe #Bolloré en 1999, ce dernier est suspecté de n’avoir pour préoccupation que le profit et de négliger celui des engagements pris, notamment sur la maintenance et l’entretien des infrastructures.

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    Plus prosaïquement, les firmes mondialisées disposant d’un pouvoir de quasi-Etat dans l’Etat ne jouissent-elles pas, du fait de l’inévitable collusion entre les sphères économiques et publiques, d’une impunité de fait ? Les morts et les blessés sur les rails auront-ils droit au Droit ? Les interférences de l’une à l’autre des sphères publique et privée donnent le sentiment d’une imbrication des acteurs qui aboutit au musellement de la justice sur l’autel de la raison économétrique.

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    Comme le disait le philosophe allemand Ulrich Beck, décédé en 2015, « la production sociale des richesses est désormais inséparable de la production sociale des risques ». Autrement dit, nous sommes passés d’une forme de distribution de biens en continu, tel que le proclamait la société industrielle et capitaliste, à la distribution de maux et d’inconfortables imprévus qu’accélère le capitalisme mondialisé postindustriel et financier. Ce dernier, par son avarice ou sa tendance à la prédation, entretient la machine à fabriquer des catastrophes de masse. Comment ? En s’arc-boutant, comme Harpagon, sur sa cassette. La « désharpagonisation » passe par la création d’autorités de surveillance indépendantes chargées, en Afrique et ailleurs, de civiliser les firmes mondialisées en leur rappelant leurs obligations. Pour en finir avec la « main basse » sur le Cameroun utile, pour reprendre une expression de Mongo Beti, il faut que Camrail honore les engagements souscrits et que l’Etat sanctionne sans ciller toute défaillance.

    #Cameroun #impunité #transport #sécurité