Ceta : la Wallonie, mauvaise conscience de l’UE
Extrait
Remise en cause d’un fondement de la politique européenne
De ce point de vue, la critique wallonne est rude pour l’UE : elle signifie que les bénéfices du libre-échange ne vont plus de soi. Le paradis schumpétérien de la « destruction créatrice » ne passe plus aussi bien. La Wallonie, région qui a beaucoup souffert de la première phase de la mondialisation, sait de quoi elle parle.
La demande de garanties, de protection, n’est pas un rejet complet de la mondialisation et de l’ouverture, c’est une demande d’une autre mondialisation. Le veto wallon se base précisément sur cette demande en fixant un certain nombre de demandes minimales, notamment sur les normes sociales et l’arbitrage. Il contraint donc la « grande coalition » au pouvoir dans l’UE à se remettre en cause. D’autant plus que le rejet ne vient pas d’une région dirigée par la « gauche radicale » ou l’extrême-droite, mais par une coalition entre sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates. En fait, Namur demande à l’Europe de prendre en compte une nouvelle réalité : celle de l’après-crise financière.
Une « remise à niveau » que l’UE tarde à accepter, mais qui est cruciale, car son refus alimente les forces eurosceptiques. On aurait donc tort de ne pas écouter ce que dit cette « petite » région belge qui, du reste, n’est pas si isolée : une autre région belge, celle de Bruxelles-Capitale, devrait rejeter le Ceta. De plus, en Allemagne, le feu vert de la Cour de Karlsruhe n’a été accordé que sous certaines conditions, notamment le refus de la procédure d’arbitrage. Elle n’empêchait pas la signature du traité, mais promettait une mise en œuvre très complexe...
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