Hillary Clinton, la vraie « tough guy » plus belliciste que pacifiste

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  • Hillary Clinton, la vraie «tough guy» plus belliciste que pacifiste - L’Express
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    Le grand danger de la présidence de Hillary Clinton serait de vivre au plan international ce que nous vivons déjà : la candidate démocrate a une fâcheuse tendance à suivre le « mainstream » (courant dominant).

    Le sujet sur lequel Donald Trump s’est le plus trompé tient à l’inclination au recul qu’il attribue à Hillary Clinton. Sous-entendu, le « tough guy » (le « dur ») ne saurait être que lui - d’autant plus que sa concurrente présente le défaut incurable d’être une femme... 

    En réalité, la candidate démocrate affiche un pedigree belliciste bien plus que pacifiste. Au point que l’on pourrait lui reprocher sa posture invariablement guerrière. On l’a beaucoup fait à propos du soutien qu’elle a apporté à l’invasion américaine de l’Irak, en 2003 (Trump a usé de cet argument jusqu’à la corde). Or elle a persisté. En 2014, au sommet de la crise ukrainienne, Hillary parlait de Vladimir Poutine en ces termes, légèrement inappropriés, comme l’a prouvé la suite : « Je sais que nous avons affaire à un tough guy qui a la peau fragile. » 

    Comparaison douteuse avec l’élimination de Ben Laden
    Dans la même veine, il y a quelques jours à peine, lors du dernier débat télévisé des présidentielles, Mme Clinton a fait une curieuse annonce pour clouer le bec de son adversaire : « Nous devrons trouver Al-Baghdadi [NDLR : le chef de l’organisation Etat islamique] juste comme nous avons trouvé Ben Laden pendant que vous faisiez l’émission Celebrity Apprentice [NDLR : émission de télé-réalité organisée par Donald Trump, de 2008 à juin 2015]. » 

    Cette phrase est évidemment destinée à un grand public et fait référence à la manière radicale dont a été éliminé le chef d’Al-Qaeda - point paroxystique de la double présidence Obama. Mais, pour bien des spécialistes, la comparaison est douteuse : l’élimination de Ben Laden a laissé la place à Al-Baghdadi au prix d’une gradation significative dans le degré d’atrocités commises. 

    Derrière la prouesse des « services », apogée de l’action « furtive », quel fut le résultat sur le théâtre irako-syrien ? Al-Baghdadi s’est appuyé sur l’échec final d’Al-Qaeda pour défendre l’idée d’une implantation territoriale. Est-il si sûr que l’élimination du cerveau d’une engeance terroriste n’en révélerait pas un autre, encore plus dérangé ? Ne vaudrait-il pas mieux concevoir l’ensemble du Moyen-Orient comme un espace digne d’une tout autre politique, redéfinir l’alliance avec l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe, mesurer l’impact de la réimplantation russe ? 

    Hillary Clinton et ses propres limites
    L’ancienne secrétaire d’Etat cultive son image de femme de décision, compétente et responsable - bref, tout l’opposé de son grossier challenger. Soit. Mais, ce faisant, elle montre aussi ses propres limites, qui ont pour nom la pensée dominante des cercles élitistes américains, le culte de la présidence toute-puissante et la croyance en des solutions à court terme susceptibles de modifier les rapports de force stratégiques à long terme. 

    Le grand danger de la présidence de Hillary Clinton serait de vivre au plan international ce que nous vivons déjà : la candidate démocrate a une fâcheuse tendance à suivre le mainstream (courant dominant). On ne peut pas oublier qu’elle fut contre le « surge », l’envoi de renforts massifs en Irak, à partir de 2007, à un moment où tout Washington en avait plus qu’assez de voir l’Amérique s’y embourber ; qu’elle épousa sans nuances l’intervention en Libye, en 2011 ; qu’elle incarna le « reset », la relance des relations avec la Russie, allant jusqu’à reprocher à Mitt Romney de vouloir provoquer un conflit avec les Russes, tout cela avant de se raviser, de se déchaîner contre Poutine et d’en faire aujourd’hui l’ennemi juré des Etats-Unis (ce que le maître du Kremlin lui rend bien, de mille manières). 

    Comme quoi Hillary Clinton pourrait encore changer d’avis, ce qu’il faut prendre comme une bonne nouvelle...