• L’auto-flagellation - Les Questions Composent
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    Mais même si ce raisonnement est avant tout une justification, une rationnalisation a posteriori de son comportement, cela montre quand même un aspect très important de notre culture : cette résignation à la culpabilité.

    Ce sont les Blancs qui ont pillé l’Afrique, colonisé l’Amérique, envahi et pillé la planète entière, détruit des cultures, des peuples entiers, des nations. Pour avoir parcouru un peu la planète, je peux vous dire que la colonisation, c’est pas beau. Partout là ou il y a eu de la colonisation, c’est un merdier pas possible.

    Ce sont les Américains venus d’Europe qui ont génocidé les Indiens d’Amérique, et qui maintenant refusent de reconnaître ce génocide, tout en débordant tellement de culpabilité qu’on ne doit plus dire « un amerindien » ou « un indien d’amérique » mais « un natif américain ». Certes, les natifs américains ne sont pas des indiens, mais d’un côté on pousse le politiquement correct jusqu’à inventer de nouveaux mots, on montre un intérêt limite déplacé pour ce qui reste de leur culture qu’on a pas détruit, de l’autre on refuse d’admettre qu’on a commis un génocide contre ces peuples. (Moi j’aime bien le terme Amérindien. Après une grosse méprise, des guerres, quelques génocides, un envahissement de territoire sans précédent, et la quasi disparition de sa culture, le natif Américain devient un Amer Indien. Quoi de plus normal ?).

    Tiens d’ailleurs, parlons-en, des Amers Indiens.

    C’est quand même rigolo (enfin, façon de parler) qu’après avoir presque entièrement détruit un peuple, on balance des citations de ses derniers représentants comme si c’était des paroles d’évangiles et qu’ils détenaient la sagesse suprême, alors qu’on les a traités comme de la merde de leur vivant.

    C’est vrai que ces personnes (crazy horse, sitting bull et autre géronimos) détenaient une certaine sagesse, étaient les héritiers d’une très belle culture, et qu’on avait beaucoup à apprendre d’eux. Mais enfin, quand on les évoque on verse totalement dans le mythe du bon sauvage. Tout ce que dit un chef Indien n’est pas l’évangile. On aurait même le droit de ne pas être d’accord, comme on a aussi le droit de vivre d’une façon totalement différente, ce qui implique une façon différente de penser (enfin, ça, c’est valable pour ceux qui pensent).

    ...

    Ce mélange de culpabilité et d’insatisfaction par rapport à sa propre culture (elle-même source d’une grande culpabilité) transparait souvent dans l’approche qu’ont les gens du végétarisme. Quand j’explique aux gens que tuer un animal est un acte de violence à l’encontre de celui-ci, on me répond que les Indiens d’Amérique respectaient leur gibier et faisaient une prière pour son âme et patati patata.

    Evidemment c’est complètement con, puisque nous n’avons rien à avoir avec eux. Globalement, il y a deux types de civilisations (même si ça peut être un peu plus compliqué en pratique) : les chasseurs-cueilleurs et les agriculteurs-éleveurs. Nous appartenons à la deuxième catégorie, les natifs américains appartenaient à la première. Leur survie dépendait en partie de la chasse. Je ne sais pas s’ils respectaient vraiment les animaux ou si leurs rites de purification après la chasse étaient exclusivement dues à des croyances religieuses afin d’éviter la « vengeance » de l’esprit de l’animal. Je pense que c’était les deux. D’ailleurs, je n’ai rencontré que trois personnes d’origine indienne dans ma vie, mais les trois étaient véganes ou végétariennes souhaitant être véganes.

    « Il n’y a rien de mal à tuer un animal. Regarde, les Indiens d’Amérique, quand ils tuaient un animal, ils faisaient une prière pour son âme. Ils respectaient vraiment les animaux et pourtant ils les mangeaient ».

    Voici comment ce message se traduit dans mon cerveau :

    « Tuer les animaux, ça me parait être très violent quand j’y pense. Mais j’ai entendu parler de gens contre lesquels nous avons déchainé notre racisme et dont nous avons détruit la culture, et donc que nous nous devons d’idéaliser et nous devons exactement faire comme eux en tous points car ils détiennent la sagesse cachée qui nous manque puisque nous avons des vies de merde. D’ailleurs, ils vivaient dans tes tipis en peaux, et étaient proches de la nature, ils détiennent donc une sorte de vérité universelle que nous, les gens civilisés, nous avons perdue. hé bien, ces gens ils tuaient des animaux, ce qui prouve que c’est éthique. Après ils faisaient une prière. Ca doit donc annuler le fait que ce soit mal de tuer un animal ».

    Double culpabilité, source d’encore plus de culpabilité. Y a que les occidentaux pour faire ça.

    ...

    Sortons de cette maladie de la culpabilité. Cessons de nous y empêtrer, de nous y habituer, de nous y complaire..

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