Prostitution piège à c.. !

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  • Prostitution piège à c.. !
    http://blogs.mediapart.fr/blog/olympe-du-bouge/290212/prostitution-piege-c

    La liberté revendiquée par plusieurs commentateurs est souvent invoquée pour légitimer le système prostitutionnel. Or, « vendre ses muscles » ou « vendre son sexe », ça n’est pas tout à fait la même chose. Le législateur a son mot à dire sur l’utilisation que chacun de ses membres fait de son corps. Nous ne nous appartenons pas complètement, notre liberté n’est pas infinie. Sinon, pourquoi ne pas légaliser la vente d’organes ? Le droit ne cesse d’encadrer notre liberté ou de la définir pour mieux la préserver. Une liberté absolue, sans barrières ne peut s’exercer qu’au détriment des plus vulnérables et glisser immanquablement vers la loi du plus fort.

    • Une pièce au dossier si j’ose dire mais... En suivant le tag #prostitution on trouve ici même des infos comme

      On estime aujourd’hui que 79% de la traite des êtres humains vise l’exploitation sexuelle, et que 80% de ces victimes sont des femmes.

      (http://seenthis.net/messages/45104)

      Du coup, qu’il existe « une vision plus humaine » de cette question n’est pas, selon moi (et d’autres), « très éloigné de ce qu’on entend » mais très éloigné de ce qui est dans sa plus grosse partie une problématique d’esclavage. Que d’aucun-e-s consentent à un contrat de travail d’esclave n’y changera rien.

    • On utilise ici le mot « esclavage » dans deux sens :
      – le premier, pour décrire le travail forcé par la violence des armes (ce qui est rendu possible par le caractère illégal de la prostitution et en conséquence sa gestion par des mafias) ;
      – le second, pour décrire le travail contraint par un besoin financier (les pauvres sont contraints à la prostitution, pas les riches).

      En mélangeant ces deux sens, on écarte une solution législative qui pourrait résoudre la première situation : la légalisation de la prostitution.

      Par ailleurs, le terme « esclavage » devrait se limiter à décrire un travail non rémunéré. On peut penser que des personnes qui travaillent pour rembourser une dette et non pour gagner directement de l’argent sont dans ce cas. Les autres non.

    • D’où je te parle (Bruxelles), il n’est nul besoin de légaliser la prostitution, elle n’est pas interdite. Par contre je rejoins assez les vues d’Espace P sur le besoin de statut des personnes qui l’exercent.

      Je ne te suis pas dans la discussions sur l’esclavage. J’aurais pu écrire « contrainte par corps » en lieu et place :

      [...] ce qui est dans sa plus grosse partie une problématique de contrainte par corps. Que d’aucun-e-s consentent à un contrat de travail instituant cette contrainte par corps n’y changera rien.

      En bref, les positions d’Espace P (http://espacep.be), par exemple, me paraissent à soutenir et adopter. Avançons là-dessus. Pour le reste, la traite des êtres humains et/ou leur exploitation avec contrainte par corps n’est pour moi pas acceptable, et j’y inclus l’obligation par pauvreté, ce qui m’amène à prendre aussi en considération certaines positions du mouvement du Nid.

      A quoi faisais-tu référence en disant « un point de vue très éloigné de ce que l’on entend en ce moment, à droite et à gauche »

    • Je réponds à ton message un peu tard, lors de mon retour devant l’écran.

      Je pense qu’il est bon de se rappeler d’abord les courants de pensée et leurs applications historiques.

      Au XIXe siècle et au début du XXe, c’est le système réglementariste qui a régit les pays occidentaux : la prostitution était autorisée à condition d’être sévèrement confinée et contrôlée par l’administration médicale et policière (dans les « maisons closes », fichage des prostitués, contrôle médical, interdiction de sorties seuls...).

      Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le mouvement abolitionniste se développe sous l’impulsion de la féministe britannique Joséphine Butler. Le terme est une référence volontaire à l’esclavage : il s’agit de lutter contre la "traite des blanches". Il considère les prostitués comme victimes d’un système qui les exploitent et refuse toute pénalisation de ceux-ci. Il dénonce le fichage des prostitués qui avait lieu jusqu’alors.

      Un second courant se développe, le prohibitionnisme, qui se fonde généralement sur une condamnation morale ou religieuse de la prostitution. Politiquement, il s’agit de pénaliser tous les acteurs : proxénète, client et prostitués.

      Au milieu du XXe siècle, le système abolitionniste s’impose dans le monde. L’Assemblée générale des Nations unies adopte la convention de 1949. A noter cependant que c’est une pleine victoire de l’abolitionnisme et une demi-victoire du prohibitionnisme qui voudrait aller plus loin.

      La France ferme les « maisons de tolérance » en 1946 avec la loi Marthe Richard. Elle ne signe cependant la convention de l’ONU qu’en 1960 à cause du maintien des lieux de prostitution dans son empire colonial. Depuis 2003, la France s’éloigne de l’abolitionnisme pour se rapprocher du prohibitionnisme.

      Aujourd’hui, les termes sont toujours utilisés, mais leurs sens ont évolués. Prohibitionnistes et abolitionnistes combattent tous deux la prostitution qu’ils veulent voir disparaître. Les prohibitionnistes considèrent les prostitués comme des victimes. Les abolitionnisme comme des victimes d’une exploitation sociale. Droite, gauche, catholiques, féministes... beaucoup se retrouvent sur des positions similaires. La principale différence consiste à s’attaquer ou non aux prostitués eux-mêmes. Mais il y a un consensus fort pour aboutir idéalement à une disparition de la prostitution.

      Rares sont les personnes qui ne condamnent pas la prostitution en tant que telle. Qui font la différence entre celle qui est contrainte et celle qui est volontaire. Et concernant la contrainte, le discours est à la confusion entre la contrainte violente et la contrainte financière.

      En France, le Syndicat du travail sexuel (STRASS) porte un point de vue tout à fait différent. Il se présente comme "internationaliste" et évoque les pistes de "coopératives composées de travailleur.euse.s s’associant librement".

      Un retour au réglementarisme tel qu’il a existé serait une absurdité historique. Celui-ci a existé dans un contexte historique où les droits sociaux étaient absents ou balbutiants. Le réglementarisme défendait deux intérêts concordants : ceux des riches et ceux de l’État. Le point de vue des travailleurs était absent.

      L’autorisation de la prostitution est maintenant traversée par deux courants : le courant libéral (qui profite aux riches) et le courant social (qui défend les "travailleurs du sexe"). C’est la vraie question, je crois : libéral ou social ?

      La contrainte violente est une conséquence de la prohibition/abolition qui crée de toute pièce un univers illégal et mafieux.

      La traite des travailleurs est une question sociale qui peut être résolue en accordant des droits sociaux et une protection des travailleurs par l’appareil d’État contre les riches commerçants.

      – Abolitionnisme (Wikipedia)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Abolitionnisme_%28prostitution%29

      – Prohibitionnisme (Wikipedia)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Prohibitionnisme_%28prostitution%29

      – Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui (Wikipedia)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_pour_la_r%C3%A9pression_de_la_traite_des_%C3%AAtres_humains

      – Loi Marthe Richard, France (Wikipedia)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Marthe_Richard

      – Syndicat du travail sexuel (STRASS), France
      http://site.strass-syndicat.org/about

      #prostitution #réglementarisme #abolitionnisme #prohibitionnisme #travailleurs_du_sexe