Retour sur le procès du barrage de Sivens

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  • Retour sur le procès du barrage de #Sivens
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    Le jugement que le tribunal administratif de Toulouse vient de rendre, suite à l’audience du 24 juin 2016, est extraordinaire au moins pour deux raisons. Rappelons-en les termes : la déclaration d’utilité publique (DUP) est annulée. La déclaration autorisant la dérogation à la loi sur des espèces animales protégées est annulée. La déclaration autorisant le déboisement est annulée. Mais, concernant la demande d’annulation de la déclaration d’intérêt général (DIG), le juge a prononcé un non-lieu à statuer (non examen de la demande au motif que la DIG était abrogée).

    Ce jugement est extraordinaire en cela qu’il donne tort à la préfète et au préfet qui ont signé les autorisations, tort aux 43 conseillers généraux qui se sont alignés sur la position de #Thierry_Carcenac leur président au département, tort à la CACG, à la fois experte en analyse des besoins en eau et fabricante de barrage, tort aux quelques producteurs de maïs qui escomptaient profiter à moindre frais de l’investissement public, tort à l’État qui a envoyé police et armée.

    Le corollaire de tout ceci étant que ce jugement donne raison aux opposants, aussi bien à ceux qui ont d’abord instruit la contre-expertise, qu’à ceux qui ont occupé le site pour retarder les machines et donner le temps à la justice de se prononcer. C’est en quelque sorte un début de réhabilitation des occupants, qui furent parfois tenus pour délinquants au point d’être condamnés en justice. C’est aussi un encouragement pour d’autres luttes, en cours ou à venir.

    Mais le jugement est extraordinaire aussi en cela que le juge a refusé de statuer sur la demande d’annulation qui avait trait à la DIG (Déclaration d’intérêt général).

    Précisons ici que si la DUP se rapporte au projet en général, à son utilité, et aux opérations immobilières qu’il présuppose, la DIG se rapporte plus précisément à sa mise en œuvre concrète.

    Ainsi donc, le projet de barrage est jugé incohérent et par conséquent annulé, alors que le chantier qui le met en œuvre échappe au jugement, et n’est pas jugé illégal par le tribunal. Si bien que nous nous trouvons dans une situation paradoxale.

    C’est ici qu’il convient de modérer son sentiment de triomphe : le non-lieu sur la DIG met quasiment hors d’examen par la justice les exactions, les destructions, toutes les violences d’État qui ont accompagné les travaux. Les responsabilités seront plus difficiles à établir, les dommages ne seront pas chiffrés, les réparations difficiles à obtenir.

    L’accord signé entre l’État et le département en décembre 2015 a soldé le conflit de Sivens, apuré le contentieux financier et prononcé l’abrogation de la fameuse DIG, abrogation que le Collectif Testet et FNE (France Nature Environnement) avaient eux-mêmes demandée dès novembre 2014.

    La victoire n’est totale que pour ces deux associations, lesquelles, juste après la mort de Rémi Fraisse, ont habilement manœuvré, à l’instigation de Ségolène Royal, à la fois pour faire abandonner le projet de barrage initial et pour aménager une sortie de crise aux principaux responsables du désastre.

    Claudio

    Article d’@Anarchosyndicalisme ! n°151 Oct-Nov 2016
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  • Mais où est donc passé le clown à Vaour ?
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    "Il faut chasser la bêtise parce qu’elle rend bête ceux qui la rencontrent.”
    Bertolt Brecht

    #Vaour, petit village qui se situe dans le #Tarn à une vingtaine de kilomètres de #Sivens, est réputé pour son festival du rire subventionné, entre autres, par le Conseil départemental du Tarn. Sivens, quant à lui, est réputé pour son projet inutile de barrage, déclaré illégal par le tribunal administratif, un barrage pour une poignée d’intéressés soutenus par la FNSEA et ses milices. C’est aussi le symbole d’un entêtement de l’État et des Conseils départementaux du Tarn et du Tarn et Garonne, caractérisé par des violences policières sans précédent se soldant par la mort d’un militant écologiste et pacifiste.

    Crime de lèse-majesté à Vaour le 3 août 2016

    Lors de la soirée d’inauguration de ce festival du RIRE, au moment de la prise de paroles des officiels et plus précisément de celle de #Thierry_Carcenac, sénateur et toujours président du Conseil départemental du Tarn, des petits plaisantins ont déroulé une banderole sur laquelle était écrit NON AU BARRAGE. Le roitelet a été joyeusement hué par une partie des festivaliers présents. Pourtant, « Ce n’était pas le moment de faire de la politique » disent les élus effarouchés, les organisateurs subventionnés et autres grabataires d’un PS moribond. Mais c’est quand le moment de rappeler que le tribunal administratif a annulé :

    – la Déclaration d’utilité publique (DUP) du projet de barrage de Sivens (arrêté inter-préfectoral du 2 octobre 2013 des préfets du Tarn et du Tarn-et-Garonne),
    – l’autorisation de défrichement (arrêté du préfet du Tarn du 12 septembre 2014),
    – la dérogation à la loi sur la protection des espèces protégées (arrêté du préfet du Tarn du 16 octobre 2014) [1] ?

    Carcenac en s’appuyant sur ces arrêtés et en s’entêtant pour réaliser ce projet inutile agissait en toute illégalité. C’est donc quand le moment de la libre expression ?

    Sur convocation, au seul moment des élections ? Les élus effarouchés, les organisateurs subventionnés et autres grabataires d’un PS moribond ont-ils oublié que, suite à l’attentat de Charlie Hebdo, des millions de personnes manifestaient pour la liberté d’expression ?

    Qui peut légitimement s’exprimer ? Seulement les gens d’ici, pas « ceux venus d’ailleurs pour foutre la merde » disent les pro-Carcenac. Pire, ces petits plaisantins ont entarté le président : récidive caractérisée d’un crime de lèse-majesté, un acte très grave. Pour tous ces bien-pensants, l’entartage n’est pas le moyen de ridiculiser une personne publique, au discours fallacieux. Ce n’est pas un acte contestataire comme une lettre d’insultes qui vous explose sur la tête et vous dégouline dans le cou, ce serait un acte violent !?

    Qui est violent ?

    Leur mémoire vacille. Se rappellent-ils :

    – que le président du Conseil départemental a engagé 450 000 € de l’argent des contribuables pour des gaz lacrymogènes, des flashballs, des hordes de gendarmes ? (Source : L’âge de faire n°92 déc. 2014 « 450 000 € pour la castagne, 0 € pour le débat »)
    – que par son entêtement et sa collusion avec l’État, Thierry Carcenac est responsable des violences policières et de la mort d’un jeune écologiste pacifiste ?
    – de son comportement indigne à l’égard de la famille de Rémy Fraisse et de sa phrase tristement célèbre « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête »

    Vaour au pays des Soviets

    Ces élus effarouchés, ces organisateurs subventionnés et autres grabataires d’un PS moribond demeurent compatissants, les arguments ne leur manquent pas : « Thierry aurait pu chuter, repartir mécontent et supprimer sa subvention à l’Eté de Vaour ». Carcenac n’a même pas à prononcer cette menace, certains membres zélés du Conseil municipal veulent se fondre en excuses auprès du roitelet, leur pote : c’est leur choix au risque de s’infantiliser et d’être la caution de l’oligarchie locale qui nous gouverne.

    Pire, ils ont même imaginé des sanctions à l’égard des joyeux acteurs du jour le plus drôle de l’été de Vaour. Le psychodrame touche à l’indécence, c’est Vaour au pays des Soviets. Tout ceci est ridicule mais aussi inquiétant. Inutile de personnaliser, nous étions nombreux à organiser cette action, à huer Carcenac et maintenant bien plus encore à soutenir cet acte d’expression populaire.

    On assiste à la preuve éclatante que, faute d’un positionnement politique clair, le Conseil municipal dérive comme des petits soldats affolés, perdus en rase campagne. Quand un Conseil départemental vote une subvention à une municipalité ou à une association achète-t-il aussi son silence ? La peur de perdre ce subside doit-elle faire taire la libre pensée et son expression ? Tout cela est affaire de conscience, ces questions sont fondamentales.

    Par ricochet, elles posent la question du contrôle des élus par le peuple car il est utile de leur rappeler que la subvention attribuée par une collectivité n’est que l’argent des contribuables. Les roitelets se l’attribuent à tort comme de l’argent pour les proches.

    Si ces élus effarouchés, ces organisateurs subventionnés et autres grabataires d’un PS moribond ne manquent pas de courage, Il ne leur reste plus qu’à rééditer les pin’s de SOS racisme « Touche pas à mon pote » et les vendre à la prochaine édition pour financer la tournée des festivals de Thierry Carcenac.

    Nous félicitons les acteurs, de ce jour le plus drôle de l’Eté de Vaour 2016, de leur impertinence envers la bien-pensance, comme il sied à tout bon festival du rire.

    Comité des Acrobates du Rire remède à la Constipation des Élus Niant l’Autodérision en pays Cordais

    [1] Pour plus de précision sur les aspects juridiques voir l’article « Retour sur le procès du barrage de Sivens »
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article839

    Article d’@Anarchosyndicalisme ! n°151 Oct-Nov 2016
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article834