• Communistes français : face à leur destin
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    Pierre Laurent s’était prononcé pour un soutien à Jean-Luc Mélenchon. La conférence nationale du PCF a préféré une candidature communiste à la présidentielle. Le dernier mot reviendra aux militants. Le dernier, vraiment ? (...)

    Sauver le parti, ou l’idée communiste ?
    À une poignée d’années du centenaire du Congrès de Tours, les communistes français sont donc devant des choix qui les engagent à long terme. S’ils s’engageaient à soutenir un candidat issu de la primaire socialiste, ils se voueraient durablement à n’être plus que des supplétifs du socialisme. Si, par désir d’identité partisane, ils se décidaient à affronter une fois de plus le scrutin présidentiel sous leurs couleurs, ils confirmeraient qu’ils sont au mieux des aiguillons pour des majorités où le socialisme est durablement hégémonique.

    Reste le choix du combat « antilibéral », qui fut ensuite celui du Front de gauche. Nul, aujourd’hui, n’est en état de conforter et d’élargir à la présidentielle cet engagement de longue durée, si ce n’est Jean-Luc Mélenchon. Qu’il faille, à partir de ce constat, tout faire pour panser les plaies récentes de part et d’autre, qu’il faille trouver les modalités concrètes d’une mise en commun, voilà qui serait souhaitable. L’effet d’une désunion officialisée, l’éclatement définitif du Front de gauche risqueraient fort de pénaliser toute tentative de contestation de l’hégémonie sociale-libérale, quand bien même elle serait aujourd’hui expansive, comme l’est la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Tout ce qui rapproche ce qui est encore désuni est donc bon à prendre.

    Mais cela passe par deux affirmations sans nuances : il ne sert à rien, à si peu de distance du scrutin décisif, de croire que peut sortir du chapeau une candidature miracle, renvoyant l’existant – et donc JLM – dans les limbes ; il ne peut y avoir de rassemblement dynamique en faveur d’un retour à 2012 ou même 1997. En tardant à s’engager dans la voie d’une franche alternative, on laisse la voie libre aux forces conjuguées du système qui nous étouffe.

    Beaucoup de responsables communistes ont évoqué la crainte que la France insoumise ne vienne remettre en question l’existence du PCF. Mais l’histoire du PCF montre que la peur est rarement bonne conseillère. Quand, au milieu des années 1970, les dirigeants communistes ont pris conscience que la stratégie politique de François Mitterrand les minorait, ils ont choisi le bras de fer avec lui. Force est de constater qu’ils n’ont fait ainsi qu’accélérer leur déclin. L’obsession identitaire est tout aussi mortifère dans l’espace politique que dans la société française tout entière. À force de vouloir préserver une forme politique, on risque que l’idée qui a légitimé son existence en pâtisse. La force du communisme en France ne tint pas à la seule existence d’un Parti communiste, mais à son enracinement dans une histoire qui débordait largement les limites du Parti communiste en tant que tel. À l’ignorer, ou à le sous-estimer, les militants communistes risquent d’en payer durement le prix. Mais seront-ils alors les seuls à le payer ?

    #PCF