• J – 93 : Nuit de cauchemar, le chat de Laurence, à quatre heures du matin, est venu me vomir dessus, j’ai débord senti une chaleur dégeulasse me couler sur les joues, le long des parois du respirateur, je n’ai pas bien compris ce qu’il se passait et quand je l’ai compris, en retirant mon masque qui me pulse un air qui vient d’un peu plus loin, j’ai été rattrapé par cette odeur putride. Je n’ai eu que le temps de me précipiter aux toilettes pour rendre moi-même. Faut-il que j’aime Laurence pour m’occuper de cette bestiole neurasthénique et que j’ai du respect à revendre pour son père dont c’était la dernière volonté qu’une bonne âme vienne à s’occuper de cette petite chatte tendue comme un arc.

    Je suis parvenu à me rendormir et j’ai même domri un peu au-delà de huit heures ce qui n’est pas fréquent pour moi, non seulement les jeunes gens commencent à me céder leur place assise dans le métropolitain mais en plus je comence à faire comme les vraiment vieux qui se lèvent, quoi qu’il arrive, et sans effort, à 6 heures du matin.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    J’ai passé une belle matinée, écoutant le disque de Jacques Démierre, Jonas Kocher Axel Dörner, buvant et me refaisant du café, travaillant dans le garage, dans un premier temps à ce que j’ai fini par décider, une imbrication en spirale des différentes pages bâties sur le mode d’ Ursula , bénissant le dieu des ivrognes de m’avoir fait conserver un suffixe en .html et non .htm comme presque toutes les autres pages du Désordre pour la page index de telle sorte qu’il a été facile de renommer cette dernière en pele-mele.htm et de faire des rechercher/replacer de tous les liens vers cette page index.html dans les nombreux répertoires et sous répertoires des différentes formes Ursula . Avant de déjeuner j’ai pris le temps de transférer et d’importer deux nouveaux fichiers vidéographiques dans le programme de projection pour Apnées , notamment la fameuse séquence de machine à écrire acquise de haute lutte.

    Je me suis rapidement cuisiné des filets de cabillaud, j’ai fait une sieste trop rapide à mon goût, je me suis refait un dernier café pour la route et puis j’ai pris le chemin de l’exposition à propos du Bauhaus au Musée des Arts Décoratifs, exposition dont je me faisais toute une joie, laquelle a été douchée avec fracas par une exposition entièrement centrée sur les arts décoratifs — d’un autre côté le nom de l’institution aurait pu me mettre sur la voie — et pas du tout, mais alors pas du tout, sur tout ce que le Bauhaus avait pu réunir d’artistes géniaux, Klee, Moholy Nagy, Albers, etc ... cela m’a toujours amusé comment c’est finalement à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs que l’on m’aura enseigné (inculqué) cette forme de dégoût viscéral de tout ce qui est décoratif, y compris, finalement, un comble, le Bauhaus . Par jeu tout de même, en dépit d’une foule abondante, j’ai tenté, et généralement échoué, à retrouver de tête les noms des artistes ayant produit les œuvres qui avaient tant intrigué ou plu à intrigué @reka ( https://seenthis.net/messages/562127 ). En sortant, considérant que dans l’intervalle de trois quarts d’heure qui a duré ma visite (ma vitesse de circulation dans une exposition est une mesure très juste de mon désintérêt en général, à Arles ma fille Madeleine m’a déjà chronométré dans une exposition de l’oncle Raymond de la qualité française, dix secondes, pas plus), la queue n’a pas beaucoup raccourci, je souris à l’idée qu’arrivant sur les lieux j’ai envoyé un petit message à Julien qui avait décliné mon invitation à aller visiter cette exposition ensemble, lui disant qu’en déclinant il s’évitait une queue longue d’une bonne centaine de mètres, me souhaitant bon courage, espérant pour moi que cette queue en vaudrait la chandelle (merci de l’intention, louable mais pas très performative), je lui avais répondu qu’une seule photographie de Moholy Nagy valait de faire la queue pendant une heure s’il le fallait, et, de fait, dans cette exposition il n’y avait guère que ce petit duo de photographies de Moholy Nagy de même que les deux petits collages de Kurt Kranz qui ont trouvé grâce à mes yeux.

    J’ai eu un peu d’étonnement tout de même à regarder la grande carte du rayonnement du Bauhaus dans le monde, relevant ce que je savais à propos de Moholy Nagy à Chicago, souriant à l’idée qu’il avait donc été le professeur de Barbara Crane , cela ne s’invente pas, non, mon étonnement est venu du signalement que le camp d’extermination d’Auschwitz avait été architecturé par un ancien du Bauhaus qui avait apparemment mal fini, un certain Fritz Ertl. J’ai repensé, toutes proportions mal gardées, à ces deux sales cons en première année aux Arts Déco qui étaient des militants du Front National, se destinant donc plus tard, l’un au graphisme des affiches du FN (étant donné le sujet, je ne suis pas certain que les Arts Déco étaient la meilleure filière possible) et l’autre de la bande dessinée de propagande (et là pareil, terrible erreur d’orientation, les Arts Déco étant sans doute le pire endroit qui soit pour en faire tant il y avait du mépris pour cette matière, même par les professeurs d’illustration censés l’enseigner à ceux qui voulaient), je me demande ce qu’ils sont devenus, quittant les Arts Déco après une première année qui avait dû sérieusement les décevoir — je me souviens que l’un d’eux faisait du plat à Daphna ce qui la dégoutait un peu, je la comprends, et ce qu’elle a balayé d’un revers de main en lui expliquant qu’elle était juive, les choses auxquelles on pense en visitant l’exposition décevante du Bauhaus au musée des arts décoratifs.

    A la recherche d’un catalogue plus compréhensif que cette exposition de ce que fut le Bauhaus (je me suis rabattu que le livre de Taschen , apparemment bien meilleur de par ses choix éditoriaux, de sa qualité d’impression, de sa maquette et même de son papier, pour la moitié du prix que celui du catalogue de l’exposition, je dis ça je ne dis rien) je me suis dit qu’ils n’avaient pas été bien malins dans la boutique du musée des arts décoratifs à n’avoir pas songé à une petite édition de rien du tout, en bois, du jeu d’échecs de Josef Hartwig, un vendeur m’indiquant qu’en fait si, mais que cela était parti comme des petits pains à la période de Noël, mais qu’en me connectant au site du fabricant, NAEF, je pourrais sans doute en acheter un, et je me disais tiens voilà une petite idée d’un cadeau pour Nathan, un bel objet, Nathan avec lequel il n’est pas toujours facile d’échanger en terme de beauté des choses, mais voilà, de fait, je me suis connecté sur le site du fabricant qui me propose de me soulager de trois cents euros pour un jeu d’échecs qui est parti comme des petits pains au moment des fêtes, ça va, ce n’est pas la crise pour tout le monde et je me demande combien de ces jeux connaissent un peu de vie aujourd’hui dans leurs salons bourgeois où nul doute ils sont remisés sur une table basse, la case noire droite en bas à droite, ce qui est l’indication irréfragable d’une maison dans laquelle on ne connait même pas les règles du jeu, bref on l’aura compris j’étais d’humeur mitigée quand je suis rentré à la maison.

    Je me suis fait une tasse de thé et je suis descendu dans le garage tenter de travailler un peu à Apnées , et apprivoiser ma nouvelle table MIDI bien plus réduite que l’ancienne, je me suis un peu énervé en écrasant par maladresse, et par deux fois, la nouvelle configuration acquise de haute lutte avec l’ancienne désormais sans objet, mais ça va. J’ai tenté, pour le moment sans succès, d’acquérir les images vidéos produites par mon appareil-photo en direct pour quelque effet de mise en abyme auquel je pense, mais là aussi ce n’est pas encore acquis, dans le foisonnement de tous les câbles que je garde par devers moi, pas un seul de type HDMI qui aurait sans doute permis l’effet désiré, ce n’est que partie remise, ej vais bien en trouver un qui traine dans une armoire du boulot.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/doneda_le_quan_ninh.mp3

    Je suis remonté dans la cuisine me faire une soupe chinoise que j’ai avalée avec d’épouvantables bruits de succions de ses vermicelles tout en écoutant Lê Quan Nihn avec Michel Doneda, j’ai commencé à lire un peu le livre sur le Bauhaus , dont j’ai compris que c’était effectivement le livre qui manquait à ma compréhension historique de cette école, puis je suis monté au Kosmos pour y voir Neruda de Pablo Larrain. Que j’ai adoré à mon plus étonnante surprise vu comment je trainais des pieds pour y aller.

    En allant me coucher, après un peu de lecture à propos de la Guerre du Cameroun, je me suis dit que cela avait été une excellente journée en dépit de son début peu ragoûtant, tout de même se faire vomir dessus dans son sommeil par un chat.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/musique/couperin.mp3

    Je mène parfois une drôle de vie. Une vie décousue, ou plus exactement cousue de pièces tellement disparates. Ainsi en ce mercredi, je me réveille assez tôt, je prends mon petit déjeuner avec un Nathan bougon, pas anormalement, juste matinalement, Madeleine vient de partir au lycée, Nathan s’en va à son externat médico professionnel, je descends avec une tasse de café dans le garage, je travaille d’arrache-pied à Arthrose , ça avance plutôt pas mal, Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, travaille bien, je parviens à bien doser les différentes tâches en arrière-plan de telle sorte qu’il ne broute pas de trop, vers onze et demie, je remonte du garage, je mets en route le déjeuner des filles, poulet sechuan, je pars chercher Madeleine au lycée en écoutant les Leçons des tenèbres en plein jour de François Couperin, nous déjeunons avec les filles, Nathan rentre, Adèle part à son atelier de céramique, Nathan au cercle d’échecs, je retourne travailler un peu dans le garage, mais Guy commence à brouter gravement, je ne fais rien de bon, je pars chercher Adèle à son atelier pour l’emmener chez l’orthophoniste, dans le salle d’attente d’icelle où je bouquine le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon, il n’y a pas de sotte lecture, nous rentrons, Nathan rentre du cercle d’échecs, nous partons chez son psychologue, nous nous frayons un chemin au travers d’une circulation dense et tendue, pendant que Nathan en découd avec la machine à coudre, je tente de prendre quelques notes avec l’ardoise numérique, succès mitigé, j’expérimente avec la fonction dessin, mes doigts sont tellement gros que je ne vois presque pas où je les pose, mais je m’obstine, le résultat est parfois surprenant, nous rentrons, je dépose Nathan, avale à la volée quelques pâtes préparées par Madeleine et part au concert aux Instants chavirés , je rentre assez tard, après avoir échangé quelques paroles en allemand avec Axel Dörner, cela m’étonne toujours de voir à quel point cette langue peut parfois avoir la capacité de me revenir, je rentre, descends rapidement dans le garage, tisse quelques liens hypertextes depuis le texte central d’ Arthrose , envoie à la fois la compression d’un gros fichier vidéographique et la synchronisation du répertoire des Ursula , et monte finalement me coucher.

    Finalement cela ne me manque pas de trop de ne plus lire le journal.

    Exercice #14 de Henry Carroll : photographiez une ombre (me demander ça à moi !)

    #qui_ca