Nuit sans rêves
Le chuintement de la pluie
C’est tout
Orage du matin
Chagrin
Elle l’écoute aussi
Avec
Trois-quatre secondes
D’écart
Boner boosting
Tablets
On-line
La Corée du Nord
Cherche à s’inspirer
Du tourisme de masse espagnol
En partance avec Sarah
Affronter les premiers pas
De sa vie d’adulte, à Paris XIII
Déluge, embouteillage, pollution
Dangers divers, stress, attentes
Et pourtant un moment fondateur
Je me perds, comme chaque fois
Dans le cul-de-sac de l’Île Saint-Denis
Un jour je saurais les raisons de cet aimant
Voilà ta maison pour les prochaines années
Sarah devient toute pâle
Non, tu verras, de belles années, vraiment
Le trajet du retour est perclus d’autres bouchons
J’écoute Adèle Van Reeth deviser sur le doute cartésien
Je suis tellement heureux dans cet embouteillage
Déjeuner avec de jeunes collègues
Leurs plateaux-repas regorgent.
Tellement peu de vitamines
Le campement de migrants
Évacué vendredi à Paris
Commence à se reformer
Est-il possible que mon café
De la pause méridienne au BDM
Me manque demain dans les Cévennes ?
Quand tu découvres sur Internet
Que Diane Arbus et ton frère
Se sont tous les deux tués un 26 juillet
Les proches de Diane Arbus et toi
Avez donc en commun
De pleurer tous les 26 juillet
Je croque dans un abricot mûr
Demain je te mangerai sur l’arbre
Mais d’ici là une dernière journée d’ open space
Les musiques que je ne voulais plus écouter
Parce qu’elles me la rappeleraient de trop
Se mélangent avec celles écoutées pour guérir
Installez
Une fontaine à eau
Dans vos locaux
Diane Arbus enseignait à RISD
Un étudiant japonais enregistrait ses cours
Pour tenter de les comprendre le soir chez lui
Bart Parker avait un étudiant français à SAIC
Qui ne comprenait pas un mot de ses cours
Et s’endormait, épuisé de n’y rien comprendre
Et donc Internet m’apprend aussi, quatre ans plus tard
Que mon cher cher professeur adoré
Bart Parker est parti rejoindre son pote Heinecken
Je déteste
Le mois
De juillet
Life work
is drudgery
unless done artfully
Sometimes what you accomplish
you then have to live up to,
so be careful
Frequently, you don’t really know
what’s going on in your head
– you have to picture it
La dernière fois que j’ai vu Bart
Il m’a dit au revoir en français
Et il est parti en courant
Nous nous sommes quittés
Comme ça, dans le cimetière de Providence
Devant la tombe de H.P. Lovecraft
Sur la tombe de Lovecraft
Les visiteurs déposent souvent
De petits objets étranges
Sur la tombe de Bart
Je voudrais déposer
Une belle histoire
À je ne sais quelle convention de photographes
Bart Parker et Robert Heinecken
Avaient bu plus que de raison
Rentrés tard bras dessus bras dessous
Arrivés à leur étage sortant de l’ascenseur
Ils découvrent les zigzags de la moquette très 70s
Ils sont évidemment
Trop saouls
Pour se risquer sur pareil motif
Robert Heinecken redescend à la réception
Exiger le remplacement sine die
De la moquette trop sinueuse
Robert Heinecken et Bart Parker
M’ont tous les deux raconté
La même histoire
Sauf que quand Robert me l’a racontée
C’était Bart qui était allé
Se plaindre à la réception
Saint Pierre a dû piquer une crise de nerfs
Quand ces deux-là sont arrivés
À ses portes
Je battais Bart
À la boule
Huit
Robert
Me battait
À la boule neuf
Je nageais plus vite que Robert
Qui nageait plus vite
Que Bart
Mais ni Robert
Ni moi n’aurions risqué
De conduire aussi vite que Bart
" L’homme vit dans une chambre d’écho visuel
Depuis 1839 "
Bart Parker
Je vais me déconnecter
D’Internet de peur
De tuer encore quelqu’un
Get that career
You have always dreamed of...
Gardien d’écluse ?
Spaghetti au pesto
Sale de tomates
Tarte aux abricots
Pignons de pin
Fromage de feta
Amandes
Rue du Ruisseau, parc des Carrières, rue des Belles Vues
Rue du Cheval-Rû, rue des Émeris, puis retour
Rue de Neuilly, rue de Rosny et rue Charles Bassée
Sarah
Eden
Yuma
Sarah à Paris XIII, confiture de circulation
Adèle Van Reeth et le doute cartésien, bouchons
Bart Parker & Robert Heinecken à la réception
#mon_oiseau_bleu