l’An 2000 - Trump : comment un candidat qui raconte n’importe quoi a-t-il pu être élu ?

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  • On avait coutume de dire : « Les faits sont têtus ».
    Il y a un mois, Vincent Glad s’interrogeait sur la #vérité et sa valeur relative en #politique. le « policy-based evidence » aurait supplanté le « evidence-based policy ». Faudrait-il :
    s’en inquiéter ?
    s’en foutre ?
    les deux ?

    l’An 2000 - R.I.P. les faits - Libération.fr
    http://an-2000.blogs.liberation.fr/2016/10/13/trump-brexit-les-faits-sont-ils-morts

    Il faut saluer le travail de fact-checking du Washington Post pour ce qu’il est : un exercice poétique, une méditation nostalgique sur la vérité, les faits et l’empirisme. « Il est vrai que ce que dit Trump est faux. Mais dans cette ère politique de post-vérité, pourquoi prendre la peine de critiquer quelqu’un pour cela ? C’est comme si l’on reprochait à un acteur de dire des choses fausses », juge Christopher Robichaud, chercheur en éthique de la politique à Harvard

    Cette réflexion fait écho à celle de l’historien Paul Veyne qui jugeait « platonique » de parler de « vérité » avec les nazis, qui eux aussi la respectaient d’une certaine manière.

    « La valeur de vérité est inutile, elle fait toujours double emploi ; la vérité est le nom que nous donnons à nos options, dont nous ne démordions pas, si nous en démordions, nous les dirions décidément fausses, tant nous respectons la vérité ; même les nazis la respectaient, car ils disaient qu’ils avaient raison ; ils ne disaient pas qu’il avaient tort. Nous aurions pu leur rétorquer qu’ils se trompaient mais à quoi bon ? Ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde que nous, et puis il est platonique de taxer de fausseté un tremblement de terre. » Paul Veyne, extrait de Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, 1983.

    On lira dans la foulée l’article du 10/11 du même auteur où il est question d’un nouveau « régime de vérités » aux États-Unis et où V. Glad confronte ses angoisses aux « faits » du 9 novembre 2016.

    http://an-2000.blogs.liberation.fr/2016/11/10/election-de-trump

    L’Amérique peut survivre à ce brutal changement de régime de vérité. Après tout, elle a déjà survécu à 8 ans de présidence de George W. Bush. Son conseiller politique Karl Rove avait parfaitement décrit cette réalité alternative, en taxant un journaliste du New York Times de membre de la « reality-based community », expression restée fameuse aux Etats-Unis. Le journaliste avait protesté, défendant la raison des Lumières et l’empirisme. La réponse de Rove avait alors été cinglante :

    « Nous sommes un empire maintenant, et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous analyserez cette réalité, nous agissons à nouveau, créant de nouvelles réalités, que vous pouvez analyser aussi. Nous sommes des acteurs de l’histoire... et vous, vous tous, il ne vous reste qu’à analyser ce que nous faisons »

    #fact_checking #élections_présidentielles_US