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  • Hystérie collective autour de Donald Trump - Mise au point Tatiana Ventôse
    Le bon sens ne nuit pas
    La Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=4egtarw11uA

    Source : http://yetiblog.org/index.php?post/2068

    Tatiana Jarzabek, alias Tatiana Ventôse, 28 ans, est la présentatrice de l’excellent Fil d’actu. Une jeunesse qui pourrait être une de mes filles, et c’est pourquoi son message me touche tant. Elle est outrée par nos réactions de Tartuffe face à l’élection de Donald Trump et elle le dit vertement.
    « Ce qui compte, ce n’est pas Donald Trump est président. Ce qui compte, c’est que les conditions qui ont permis à Donald Trump d’être président, elles, elles existent depuis très longtemps. »

    Découvert sur le site de Paul Jorion : http://www.pauljorion.com/blog/2016/11/12/hysterie-collective-autour-de-donald-trump-mise-au-point

    • C’est précisément à cause de cette analyse que je pense depuis le deuxième ou troisième jour après l’élection de Hollande — en gros, le moment où il a bien fait comprendre que les promesses de campagne, il n’en avait rien à cirer, que tout ce qu’il voulait, c’est le pouvoir et en faire ce qu’il voulait ou, plus exactement, ce que ses copains et commanditaires voulaient — c’est à ce moment que j’ai compris que sauf gros miracle politique, l’élection de Marine Le Pen était inéluctable.
      Et quand tu vois le niveau de politiques des gus qui prétendent aller l’affronter au second tour — parce que pour le premier tour, c’est plié, dans leurs tête — tu te dis que c’est joué.

      Et du coup, ces blaireaux renouvellent l’état d’urgence…

    • Lettre d’Élisée Reclus à Jean Grave
      « Voter, c’est abdiquer »

      Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.

      Compagnons,

      Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage.

      Le délai que vous m’accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.

      Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

      Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

      Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contremaître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.

      N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance.

      Je vous salue de tout cœur, compagnons.

      Élisée Reclus

      Lettre adressée à Jean Grave,
      insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885.

      Reclus, Élisée (1830-1905), Correspondance,
      Paris, Schleicher Frères, A. Costes, 1911-1925, pp.364-366.