• Je dois remettre, comme tous les matins
    Le récit de mon rêve manuscrit
    A un organisme de certification d’authenticité

    Je suis cramoisi de honte
    En le donnant à la guichetière
    Je l’ai écrit sur le verso d’une pub porno

    «  ? Je n’ai pas très envie d’aller au collège
     ? Je n’ai pas très envie d’aller en open space
     ? On sèche ? » Zoé au petit-déjeuner !

    Nous traversons un bois de Vincennes
    Stéréotypé : feuilles automnales
    Et brouillard de novembre. Froid humide

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140110_circulation_sclavis.mp3

    Nouvelles louanges matinales
    Pour le président-gamin, je zappe
    Ça commence aujourd’hui de Sclavis

    Dernier matin dans cet open space
    Lundi je change d’open space
    Mais je ne change pas d’air

    https://vimeo.com/85104995

    Vendredi, fridaywear
    Et écoute de musique au casque
    Les Caroline. I do acid with Sarah

    Une contrebassiste ? J.?
    Lit Une Fuite en Égypte
    Dans le train

    Dans l’open space
    Un collègue éclate de colère :
    « Je te rappelle que je suis le père de ton fils »

    In extremis je parviens
    A reporter toutes mes corrections
    Dans Frôlé par un V1, j’imprime pour le week-end

    Poèmes, en direct
    Depuis le temple
    De consommation

    Jus d’orange
    Eau de javel
    Riz

    Saumon fumé
    Pâte feuilletée
    Camembert

    Poires
    Jambon de Bayonne
    Filets de merlan

    Mozzarelle
    Epinards
    Pain de campagne

    Cantal
    Emmental
    Fourme d’Ambert

    Morbier
    Oignons
    Lentilles vertes

    Gnocchis
    Œufs
    Boursin

    Orecchi
    Acras de morue
    Parmesan

    Saint-Paulin
    Beurre salé
    Gorgonzola

    Crème fraîche
    Sauce tomate au basilic
    Lessive

    Je range mes courses
    Je lance une cassolette de poisson
    Et un crumble aux poires

    Avec Adrien, nous faisons
    Un filage devant une Sarah
    Bienveillante et pleine de ressources

    Ca va, je crois
    Que nous ne sommes pas
    Complètement à côté de la plaque

    Mais il reste du travail
    Nous dînons et discutons
    Les bouches pleines

    Je dépose Adrien au métropolitain
    Je raccompagne Sarah
    Je lui parle de ma dernière passion : les Sex Pistols

    Une bise
    Les restes du crumble
    Et un pot de miel

    Sur le ruban périphérique
    L’autoradio
    Et mon sourire dans le rétro

    #mon_oiseau_bleu

  • J – 180

    Le lendemain, c’est Nathan qui exprime le désir de se promener au Bois, Adèle acquiesce et part en vélo en éclaireur comme elle dit, quant à Nathan selon son habitude et ses grandes jambes, plus grandes que les miennes, et surtout plus toniques et moins arthritiques, il marche loin devant moi, les mains enfoncées dans les poches de son pull, de temps en temps donnant un coup de pied dans un marron qui n’en demandait pas tant pour rouler le long de l’allée, et donc moi, ne refusant pas une part de rab sur le bon plaisir de la veille, l’appareil-photo en bandoulière, m’amusant de passer devant certains reflets et certaines ombres d’hier, cadrant, cette fois-ci, à la différence de la veille, en horizontal, ce qui est plus strictement mon habitude, quitte à faire des fonds d’écran, et du coup, considérant les images de la veille encore sur la carte, et celles d’aujourd’hui, depuis le petit écran de contrôle de l’appareil-photo, me vient cette idée un peu saugrenue, dont je ne suis pas sûr qu’elle donnera grand-chose, mais je vais essayer, de faire défiler, horizontalement les images verticales de la veille (http://desordre.net/bloc/ursula/2017/images/autumn_leaves/v/index.htm ) et verticalement celles horizontales d’aujourd’hui (http://desordre.net/bloc/ursula/2017/images/autumn_leaves/h/index.htm ), je ne sais pas si je me fais bien comprendre, en agissant sur le niveau d’opacité des images et en laissant le fond de la page html qui porte les images transparent, on doit pouvoir, ce serait marrant que cela fonctionne, faire en sorte que les opacités des images verticales et horizontales s’additionnent les unes aux autres pour produire des images tierces (http://desordre.net/bloc/ursula/2017/images/autumn_leaves/index.htm ), je ne sais pas si je me fais bien comprendre, et bien sûr paramétrer des vitesses de défilement des deux pages de telle sorte que l’image tierce ne soit jamais la même réunion, je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Je dois même pouvoir ajouter une manière de masque de telle sorte que ne soit visible que l’intersection exacte des deux bandes d’images, je ne sais toujours pas si je me fais comprendre. ( http://desordre.net/bloc/ursula/2017/images/autumn_leaves/index_masque.htm )

    Et du coup, cela m’arrive de temps en temps, je suis en train de prendre des photographies dans la pleine conscience de la façon dont je vais les assembler ensuite en jouant sur leur opacité, c’est quand même un drôle de truc la photographie numérique, là où en argentique, il fallait anticiper les difficultés au tirage, déboucher les ombres, calmer les hautes lumières, en numérique, il faut anticiper les fruits du hasards et les caprices de la programmation (un bien grand mot cela la programmation pour ce que je produis) en html. Je ne sais pas si je me fais très bien comprendre.

    En cela je me fais, immodestement, penser au Bill Evans de Conversations with myself , sublime disque dans lequel Bill Evans s’est enregistré en piano solo par plages successives, se triplant, trois Bill Evans pour le prix d’un seul baril de Bill Evans, enregistrant la première plage en laissant quelques endroits disponibles pour la seconde et la troisième prise, enregistrant la seconde prise, laissant quelques interstices pour la troisième prise, enregistrant la troisième prise comblant les espaces laissés vacants lors de deux prises précédentes, je ne sais pas si je me fais très bien comprendre.

    Finalement c’est ma version html d’Autumn Leaves . Qui n’est quand même pas du même tonneau que celle de Bill Evans. Je n’y suis pas encore. Sans compter que j’ai hâte de voir ce que cela va donner une fois que je vais lancer le script. Peut-être pas grand-chose. On verra.

    (Autant l’avouer publiquement, la petite fulgurance du Bois de Vincennes a demandé deux heures de travail à mettre en place, et le chemin pour lui donner forme, fut tout sauf rectiligne, du coup ce serait à moitié étonnant que je ne me fasse pas bien comprendre, et vous imaginez sans mal comme il doit être agréable de se promener en forêt avec moi.)

    Exercice #27 de Henry Carroll : Créez une playlist, prenez une photo en l’écoutant.

    Ce qui est, peu ou prou, le principe de l’Image enregistrée. (http://desordre.net/bloc/image_enregistree/index_arthrose.htm)

    #qui_ca

  • J – 181

    C’est Adèle qui en a eu l’idée, comme je lui demandais ce qui lui ferait plaisir de faire cet après-midi où nous étions inhabituellement seuls, elle et moi. Et là où j’aurais volontiers accueilli qu’elle me demande d’aller se promener dans Paris, que sais-je, aller dans un musée, se taper une toile, elle m’a répondu, et si nous allions nous promener au bois de Vincennes ? Moi j’y vais en vélo et je t’attends à la porte jaune. D’accord.

    Et donc pendant qu’Adèle fait des tours du lac des Minimes à vélo, je prends nombre de photographies notamment des reflets automnaux sur les eaux calmes de ce petit étang, rien de bien important, rien de bien nouveau, juste des photographies sur lesquelles je m’applique un peu, limite des cartes postales — aujourd’hui, de façon plus contemporaine, on devrait qualifier de telles images de fonds d’écran —, et d’ailleurs je croise nombre de mes contemporains qui sont apparemment animés des mêmes intentions, eux aussi photographient, essentiellement à l’aide de leur téléphone de poche, une femme à l’aide de son ardoise numérique, rares sont les vrais appareil-photos, les reflets huileux aux teintes mordorées sur l’étang.

    De temps en temps, j’entends le timbre de la bicyclette d’Adèle dans mon dos, nous échangeons un peu, je lui montre mes dernières photos, t’es sûr qu’il y a quelque chose de net sur cette photo papa ? Non, en fait non. Et elle repart faire un tour du lac, en comptant ses tours, en tentant de déterminer combien de tours elle aura fait quand moi je n’en aurais fait qu’un seul à pied, je crois que j’ai fini par transmettre ce goût des mathématiques approximatives à ma fille Adèle — et donc un certain goût pour la littérature à Madeleine, la passion des échecs à Nathan et aux trois un amour immodéré pour les Cévennes et les films de James Bond, je ne me félicite pas pour ce dernier item. Moi, je retourne à mes petites recherches sans prétention, mais qui regardent tout de même du côté du dernier Monet.

    Et, en fait, je ne demande rien de plus à l’existence, et à la photographie, que de me procurer de temps à autre, la joie simple d’une promenade au Bois de Vincennes avec ma fille Adèle et le plaisir de faire quelques fonds d’écran automnaux pour l’hiver.

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/images/autumn_leaves/v/index.htm

    Exercice #26 de Henry Carroll : Prenez une photo qui ne fonctionne qu’en noir et blanc

    #qui_ca