• Militante « non-violente » de la cause #NDDL (entre autres) je suis en larme de lire, ENFIN, un texte qui ne me fait pas honte, eut égard aux nombreuses AG sur la zad où nous avons perdu un temps et une énergie énormes, et parfois quelques amitiés ou alliances, sur le ce sujet. Merci Juliette Rousseau pour cette tribune dans Reporterre :

    "La non-violence doit accepter la pluralité des formes de lutte"
    https://reporterre.net/La-non-violence-doit-accepter-la-pluralite-des-formes-de-lutte

    extraits :

    "Alors qu’une partie du mouvement pour la justice climatique trouve un regain d’intérêt pour les stratégies dites non-violentes, dans un contexte où la lutte contre le terrorisme justifie une répression toujours plus dure envers les populations souffrant de racisme d’État, les quartiers populaires et diverses résistances, ce texte vise à proposer une lecture critique contextualisée. Quand bien même elle se voudrait stratégique et non morale, l’approche non-violente fonctionne systématiquement comme une injonction : avec elle, pas de tâtonnement ou d’inconnu, les frontières sont supposées être claires et ce dont il s’agit, c’est bien de choisir son camp : on est non-violent-e ou on ne l’est pas. Et, comme toujours, quand son objet est une dichotomie plutôt simpliste, le débat sent le soufre et beaucoup préfèrent le fuir. Mais, le concept de violence est aussi un outil de propagande dont le pouvoir se sert pour trier ses interlocuteurs et légitimer la répression qu’il fera subir aux autres : on ne dialogue pas avec les « violent-es », on les écrase (les émeutes de 2005 sont à ce titre l’exemple éloquent d’une révolte à laquelle on a nié tout caractère politique pour n’y opposer qu’un traitement répressif). Aussi, au-delà de la discussion stratégique sur nos modes d’action, c’est la question de nos alliances qui se pose en filigrane de ce débat : dans quelle mesure nos modes de luttes — et surtout ce que nous en disons — déterminent-ils notre capacité à nouer des solidarités à même d’abolir les oppressions systémiques ?"

    /.../

    « c’est à une stratégie au long-terme, de solidarité effective entre les luttes — sur la reconnaissance de nos privilèges respectifs —, que nous devons travailler. Air France, GoodYear, les mouvements contre les violences policières ou la loi travail, la Zad de Notre-Dame-des-Landes : lorsque de la colère s’exprime, elle est systématiquement disqualifiée et traitée de façon répressive. »

    #violence #non_violence #binarité #domination #oppression

    • Tant qu’elle continuera de s’ériger sur ce postulat manichéen, la non-violence en tant que discours ne pourra emporter que de petites victoires et pour une minorité privilégiée. Si elle peut en partie se justifier à court terme et dans une volonté d’établir un dialogue avec l’État ou les médias, elle risque fort d’échouer à lier entre elles les luttes qui sont aujourd’hui les plus réprimées : elle ne peut en effet exister que dans la mesure où elle est en capacité de se démarquer de son contraire le plus immédiat.

      plutôt que de considérer nos résistances par le prisme de catégories aussi abstraites et chargées de sens moral, élaborons des stratégies collectives adaptées à chaque contexte. Considérons les diversités en jeu, tâchons d’être multiples et inclusif-ves, et surtout, assumons de ne pas tout savoir, de ne pouvoir tout contrôler et réservons-nous la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons.

    • ça me fait aussi penser à un bouquin lu récemment, qui détaille la façon dont la violence est devenue de plus en plus diffuse et systémique https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-le_d__cha__nement_du_monde-9782707198150.html

      Plutôt qu’enrayée, la violence a été prohibée, d’un côté, pour « pacifier » policièrement les sociétés, et systématisée de l’autre, à même nos subjectivités et nos institutions : par la logique comptable, sa dynamique sacrificielle, par la guerre normalisée, la rivalité générale et, de plus en plus, les nouvelles images. Si bien qu’on est à la fois hypersensibles à la violence interpersonnelle et indifférents à la violence de masse. Dans le désastre néolibéral, le mensonge de l’abondance et la stimulation de nos forces de vie ont fait de nous des sauvages d’un genre neuf, frustrés et à cran, et non les citoyens affables que la « civilisation » voulait former.