• Il est évident que les promoteurs ne sont pas des enfants de chœurs, mais cela n’est qu’un aspect de la chose.

      Ce qui me saute aux yeux, c’est qu’il s’agit de mettre les enfants sur la voie de la guerre économique aujourd’hui largement numérisée, d’en faire les petits soldats acclimatés au champ de bataille contemporain.
      J’entends l’argument qui dit qu’il faut les préparer à ce terrain et que les laisser dans l’ignorance en ferait des cibles encore plus vulnérables, ou que la maitrise des outils favoriserait une contre-expertise à mobiliser dans des luttes. Mais avec ce raisonnement, on peut tout autant justifier de leur apprendre à manier une arme à feu pour s’opposer à leurs futurs oppresseurs.

      De toute façon, je ne pense pas que la virtuosité technique (qui constitue l’horizon des apprentissages précoces de la programmation) donne en soi la capacité à maitriser l’outil, et encore moins à l’appréhender dans ses autres dimensions (sociales, historiques, épistémiques...). C’est même plutôt un écran si je m’en réfère à l’ethos des informaticiens et leur « philosophie spontanée » qui résulte quasi systématiquement de leur rencontre trop précoce avec les « joies » de la programmation.

    • oui, ça arrive après 4 ans, mais c’est au primaire que les réflexes se prennent... Scratch propose la même chose depuis des années...
      il y a 30 ans, il y a eu le plan « informatique pour tous » qui avait lancé l’idée de mettre de l’informatique dès le primaire, puis il a été abandonné... on en retrouve un peu au collège, mais il y a toute une génération qui n’a pas appris les bases de la logique informatique.... pour qui l’informatique est une « boite noire » mystérieuse et inquiétante. Alors que si tout le monde comprenait les bases, on pourrait enfin réfléchir collectivement à « on fait quoi de cet objet » au lieu de laisser certains décider à notre place...

      les boucles, c’est génial pour faire comprendre aux enfants ce qu’est un film, et faire ses propres animations (genre faire tomber une balle - à la bonne vitesse)

    • il y a toute une génération qui n’a pas appris les bases de la logique informatique.... pour qui l’informatique est une « boite noire » mystérieuse et inquiétante

      OK, mais qu’en est-il de tous ceux (dont je fais partie) pour qui le plan « informatique pour tous » a réellement permis d’acquérir des compétences au point de décider de poursuivre leur apprentissage et d’entamer des carrières professionnelles dans le domaine ? Qu’ont-ils fait de ce savoir ? Ont-ils permis de modifier la trajectoire du paquebot numérique qui est venu percuter le quai ? Manifestement, non... Et cela n’est pas la faute d’une sous-représentation des « militants » dans le monde informatique, mais plus fondamentalement du fait que ceux-ci sont trop attachés à ce qui les valorise socialement pour en entamer la remise en cause radicale et se contentent d’en dénoncer tel ou tel aspect nuisible.

      Si la population était massivement éduquée aux techniques numériques (au delà des seuls usages professionnels, ludiques ou consuméristes), on aurait tout simplement un réservoir plus important de techniciens aguerris mis à la disposition des employeurs, et certainement pas une vision plus claire du rôle des techniques numériques dans ce qui nous oppresse.

    • Indépendamment des capacités de programmation, il me semble que les compétences « de base » dans le monde numérique ne sont pas fournies dans le cours de l’éducation initiale obligatoire. J’entends la maîtrise de ce que l’on appelait autrefois (!) les « outils bureautiques ».

      Vu par ma lorgnette — j’encadre à quelques reprises dans l’année des travaux réalisés par des étudiants issus de filières scientifiques à un niveau qui va de bac+2 en IUT de stats à bac+5 en filière d’ingénieur — les élèves ne maîtrisent en général pas les notions de structure d’un texte (ils bricolent massivement pour la rédaction des mémoires qui leurs sont demandés), appréhendent le tableur comme une calculatrice un peu particulière sans y voir le véritable outil de programmation qu’il constitue et, cerise sur le gâteau, sont au top dans l’utilisation des présentations (ppt n’a pas de secrets pour eux).

      Mais peut-être ( :-( est-ce juste de cette dernière compétence dont ils ont besoin plus tard.

    • @simplicissimus Dans les filières agricoles y a des cours de bureautique et numérique. Y a même dans le programme l’utilisation des tableaux croisés dynamiques en 1ère pro. (bon j’avoue c’est plutôt ambitieux)

      Ce que j’aimerai plus voir à l’école (ça a peut être changé depuis) ça serait des cours ludiques de raisonnement, formaliser des problèmes par des graphes ou des automates, apprendre la récursion, ce genre de choses. Sans forcément être devant l’écran d’ailleurs.

      Je rabâche mais ce qui m’a plongé dans l’info c’est un logiciel pour faire des jeux (click&play -> game factory). Y a pas de code mais justement des analyses de problèmes, de la structuration, des évenements, des pixels, etc..
      En ce moment ça passe plus par minecraft mais ça m’a l’air un peu trop passif.

    • Extrait de 1024, bulletin de la Société Informatique de France (n°9 septembre 2016) —> http://www.societe-informatique-de-france.fr/wp-content/uploads/2016/10/1024-no9-Enseigner-linformatique-de-la-maternelle-%C3

      L’idée de machine à exécuter des algorithmes symboliques a lentement émergé avec les carillons des cathédrales, les machines de Wilhelm Schickard et de Blaise Pascal, les métiers à tisser à cartes perforées de Joseph Marie Jacquard, les machines imaginées par Charles Babbage et Ada Lovelace... Et ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que nous avons été enfin capables de construire des machines programmables universelles, qui permettent d’exécuter tous les algorithmes symboliques possibles : des ordinateurs. (p.12)

      Alléluia ! Nous avons enfin été capables !...

      Cette dimension — exécuter tous les algorithmes symboliques possibles — est brandie comme un progrès (i.e. à la fois une continuité et un pas en avant) et donc une évidence qui ne nécessite aucune problématisation. Est-ce que l’apprentissage précoce de l’informatique est réellement la bonne voie pour acquérir les moyens d’une certaine distance critique ?