• Quand l’État administre le désastre La Brique - Riton, Hala Zika - 23 novembre 2016

    Depuis sa création en 2007, La Brique analyse régulièrement la situation des réfugié.es bloqué.es sur le littoral du nord de la France. Au fil des années, nous avons recueilli dans nos colonnes leurs paroles et réalisé des reportages sur leurs conditions d’accueil déplorables, et sur la surenchère sécuritaire qu’illes subissent. Nous avons choisi de dénoncer dans ces pages1 la manière dont les gouvernements – à droite comme à gauche – s’emploient depuis quinze ans, au travers de dispositifs logistiques alliant le sécuritaire à l’humanitaire, à maintenir les réfugié.es dans la non existence.

     

    Hiver 2002 : Sangatte est sur tous les écrans, dans tous les esprits, sur toutes les lèvres. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, entérine la fermeture définitive du centre d’accueil de la ville. Celui-ci a vu passer en trois années près de 68 000 personnes, forcées à l’exil par les guerres de l’ancienne Yougoslavie. Quinze ans plus tard, Sangatte demeure le sinistre emblème de la violence des politiques d’immigration européennes et de l’incapacité de l’État français à apporter une réponse humaine à la présence des réfugié.es sur son territoire. Peu avare de triomphalisme, Sarkozy déclare alors : « Nous mettons fin à un symbole d’appel d’air de l’immigration clandestine dans le monde ». Les mots sont choisis, tournent en boucle à la télévision, l’appel d’air est un symbole, l’immigration y est désignée comme clandestine. C’est un mensonge, bien assis sur le fantasme de l’invasion massive. Derrière cela se cache l’idée de surnuméraires à dissoudre en dehors d’un monde porté par le triomphe de l’exclusion et de l’indifférence. C’est aussi évacuer un peu vite l’idée que la fixation des réfugié.es sur les verrous de l’Europe – Calais, Lesbos, Ceuta, Lampedusa, etc. – est d’abord et avant tout la traduction d’une interdiction arbitraire à la liberté de circulation. Mais c’est là une autre bataille, que les militants et les militantes associé.es de près ou de loin au réseau No Border se sont engagé.es à conduire. Sur le terrain, la conséquence de cette décision à visée politicienne est dramatique. Elle force des milliers de réfugié.es à errer sur le littoral sans aucune ressource et à trouver refuge dans les squats, les « jungles » et autres campements disséminés dans les plis des territoires du nord de la France. En quinze ans, rien n’a changé, ou si peu.
     
    L’exil devient criminel

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