Corée du Sud : Des lignes d’affrontement claires

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  • Corée du Sud : Des lignes d’affrontement claires | TRADFEM
    https://tradfem.wordpress.com/2016/11/30/coree-du-sud-des-lignes-daffrontement-claires

    L’activisme en ligne de Megalia et d’autres féministes a été, dans une certaine mesure, une réponse à la réalité d’une violence croissante à l’égard des femmes. En mai, une femme de 23 ans a été poignardée et tuée à Gangnam, un quartier abritant certains des plus grands et luxueux immeubles de bureaux, magasins et boîtes de nuit du pays. C’est arrivé alors qu’elle quittait une salle de bains dans un immeuble situé près de la sortie 10 du métro Gangnam, une zone aussi achalandée que Times Square à New York ou Oxford Street à Londres.

    L’assassin, un homme de 34 ans, a dit à la police avoir commis ce crime parce qu’il avait été maltraité par des femmes dans le passé.

    Des femmes ont afflué à cette sortie du métro dans les jours suivants pour rendre hommage à la victime en collant des affichettes sur les murs et en tenant des discussions publiques sur la misogynie. Selon des femmes ayant assisté à ces événements commémoratifs, des groupes de défense des droits des hommes ont contre-manifesté, en clamant qu’étiqueter ce crime comme un acte misogyne encourageait simplement la discrimination à l’égard des hommes.
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    Le 20 mai 2016, la ministre sud-coréen de l’Égalité des sexes, Kang Eun-hee, examine sur le mur d’une sortie de métro de Séoul des affichettes placées en signe de deuil après le meurtre brutal d’une femme de 23 ans, dans un crime à caractère haineux. (EPA / Yonhap)

    Le meurtre commis à Gangnam a fait ressortir le problème plus profond de la violence sexuelle infligée aux femmes. L’ICDF, financé par l’État, définit celle-ci comme le viol, les attouchements non consensuels et la prise sans consentement de photos ou de vidéos intimes. Les statistiques de l’ICDF révèlent une hausse du taux des violences sexuelles en Corée au cours des années récentes. Ces données ne font pas de distinction entre les hommes et les femmes, mais l’organisation précise que les victimes sont très majoritairement des femmes. Pour la chercheuse Lee Mi-Jeong, cette augmentation ne s’explique qu’en partie par le fait que plus de femmes sont prêtes à porter plainte que par le passé.

    Évolution du nombre d’infractions de violence sexuelle en Corée du Sud : https://www.theatlas.com/charts/SyrYHW4h

    Alors que les taux généraux de criminalité et d’homicide en Corée demeurent très faibles, les femmes sont plus nombreuses à être tuées que les hommes, ce qui est inhabituel dans un pays industrialisé, note M. Turnbull. L’Organisation des Nations Unies distingue le Japon, Hong Kong et la Corée comme certains des pays qui comptent les taux d’homicides les plus bas au monde, mais où la proportion de victimes masculines et féminines est proche de la parité. La violence contre les partenaires intimes est également un problème aigu au Japon (voir p.54-56 du document en hyperlien).

    « En Corée, la proportion d’homicides qui se produisent au sein d’une relation intime est très élevée », souligne Madame Mi-jeong de l’ICDF. « Les hommes ont un pouvoir énorme dans la tradition confucéenne. Battre sa femme y était considéré comme une façon de la discipliner. »

    Victimes masculines et féminines de meurtre dans divers pays en 2011 : https://www.theatlas.com/charts/rkS-Hfq6

    Song Ran-hee, secrétaire générale de la Ligne téléphonique d’urgence des femmes de Corée, un groupe à but non lucratif qui fournit des services de conseil et d’hébergement aux femmes en ayant besoin, affirme que, bien qu’aucune statistique officielle ne soit tenue à ce sujet, les recherches de son organisation montrent qu’une femme est assassinée par un partenaire intime ou un ex-partenaire tous les trois jours en Corée.

    Une femme est assassinée par un partenaire intime ou un ex-partenaire tous les trois jours en Corée.

    « Il n’y a pas beaucoup d’armes à feu dans notre pays, mais on est plus en danger à la maison, » dit Song Ran-hee avec un rire amer. « L’idée que la Corée est un lieu sécuritaire ne s’applique qu’à nos rues. »

  • #Isabella_Steger : Corée du Sud : Des lignes d’affrontement claires
    La Corée du Sud vit une bataille épique entre le féminisme et une misogynie profondément ancrée
    http://tradfem.wordpress.com/2016/11/30/coree-du-sud-des-lignes-daffrontement-claires

    En septembre dernier, l’édition coréenne de Maxim, un magazine pour hommes, affichait en page couverture Byeong-ok, un acteur ayant joué dans le film-culte « Oldboy ». Il posait, cigarette à la main, à côté d’une voiture, dont émergeait du coffre une paire de jambes de femme, les chevilles ligotées. Le titre du reportage était « Le Vrai Méchant ».
    Un groupe féministe en ligne récemment formé, Megalia, a immédiatement transmis cette couverture à plusieurs médias et organisations féministes partout dans le monde. Le tumulte résultant a obligé le bureau-chef de Maxim, aux États-Unis, à publier des excuses.
    L’activisme en ligne de Megalia constituait une avancée audacieuse dans un pays où les femmes continuent d’être sujettes à la discrimination au foyer, au travail et dans la rue. Mais alors que de plus en plus de femmes s’opposent à des attitudes conservatrices profondément ancrées en Corée, elles rencontrent un violent mouvement de réaction. Les jeunes hommes coréens, qui ne jouissent plus de la sécurité économique et de leur position de pouvoir traditionnelle, se défoulent virtuellement et littéralement sur les femmes.

    « La guerre sexiste est très violente en Corée, surtout chez la jeune génération », explique Katharine Moon, professeure de science politique au Wellesley College du Massachusetts.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://qz.com/801067/an-epic-battle-between-feminism-and-deep-seated-misogyny-is-under-way-in-south-k
    #Corée_du_sud #sexisme #violence #féminisme