• J – 159 : Lorsque nous avions joué Apnées en septembre dernier, Dominique avait parlé de la nécessité supérieure pour lui désormais de prendre un soin jaloux de ses articulations, notamment celles de ses doigts, que ce qu’il avait construit de virtuosité pendant toutes ces années était désormais un patrimoine dont il fallait prendre soin — il ne disait pas les choses comme ça, je traduis un peu. Un peu rapidement je dois dire, je m’étais dit qu’au moins j’étais plutôt garanti de ce genre de complications dans l’existence - ce n’est pas sur un clavier ou avec une souris que l’on peut se faire mal ou qui peuvent devenir impraticables, puisque tels sont, finalement, les deux outils que j’utilise le plus fréquemment - et c’était même rassurant étant donné la nature arthritique de mes rotules, et je n’ai qu’à regarder dans la direction de la génération précédente pour savoir ce qui m’attend et comment cela ne sera pas catonné très longtemps aux rotules.

    Je viens donc d’acquérir une nouvelle preuve de l’existence d’un dieu vengeur (et taquin) puisque c’est là même où je me sentais le plus en sécurité que je suis en train de souffrir le martyr depuis trois semaines au point, désormais depuis quelques jours, de rendre tout mouvement sur un clavier potentiellement douloureux, et vous noterez à la longueur de mes phrases que mon entêtement est supérieur, et depuis hier ce sont même certaines combinaisons de touches qui deviennent de véritables instruments de torture, ainsi le point ou encore la barre de fraction, et, pire que tout, de devoir combiner ces deux signes, comme c’est souvent le cas, quand on écrit de l’html et que l’on a besoin d’appeler des fichiers situés dans des répertoires voisins, ainsi, si depuis cette page, je voulais appeler la page d’accueil du Désordre , je devrais taper (attention cela va me faire mal au poignet) : ../../../../../index.html (traduction pour seenthis, les textes de la série Qui ça ? sont en fait travaillés quelque part de secret pour le moment au sein de Désordre ).

    Or on s’imagine mal la chose mais c’est mais le Désordre c’est quand même pas loin de 300000 fichiers qui sont rangés dans plusieurs milliers de répertoires et je passe mon temps, surtout dans des séries comme Arthrose (je vous jure, ce talent pour les titres) ou Qui ça ?, à aller rechercher des images, des sons, des vidéos ou encore des pages qui sont à l’autre bout du Désordre et que je ficelle avec des lassos longs comme ça ../../../../../photographie/numerique/hommage_a_hcb/paris-clermont-paris/index.htm.

    Je me doute bien que si je vais consulter, pour cette tension de tous les diables dans mon poignet droit, ma docteure va surtout m’adresser à un psychiatre, qui prendrait au sérieux mes explications de lassos en UNIX avec force enchaînements de points et de barres de fraction ?

    Et quel serait le nom d’une telle pathologie ?

    Le syndrome du poignet du Désordre ?

    Quant à imaginer des textes qui seront bientôt ceux que je pourrais écrire, privé de telle ou telle touches ou combinaison de touches, est-ce qu’Une Fuite en Egypte , dans lequel, à l’exception du point final, le seul signe de ponctuation soit le point-virgule, je me demande si une fois de plus je n’ai pas été prémonitoire avec moi-même.

    Et pour citer Oscar De Jonckheere, mon grand-père que je n’ai pas connu, dont je ne suis pas contemporain, si la mort de nous embellit pas, nous ferons de vilains défunts. Qu’est-ce que mon grand-père aurait pensé du syndrome du poignet du Désordre ?

    Aïe !, dit, une dernière fois, mon poignet en tapant ce point d’interrogation final, le point d’interrogation s’obtenant avec autant de douleur que les points et les barres de fraction enchaînés.

    Exercice #41 de Henry Carroll : Prenez une série de quatre photographies inspirés de l’ascension et la chute de Britney Spears (ou de toute autre célébrité) ( sic !)

    #qui_ca