Lori-Anne Théroux-Bénoni : « Pour les djihadistes maliens, le fait religieux n’occupe pas une dimension centrale »

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    Première idée reçue : ce sont des jeunes, chômeurs et désoeuvrés. Or, « dans les prisons maliennes, ceux auxquels nous nous sommes adressés avaient de 17 à 75 ans », constate Lori-Anne Théroux-Bénoni, directrice de l’ISS Dakar. Deuxième erreur, on se trompe sur leurs motivations. Les chercheurs ont interrogé 63 « ex-engagés », dont 19 en prison, dans des groupes armés ayant commis des actes terroristes et adoptant « une rhétorique empreinte de références islamiques, notamment sur le djihad ». Et les résultats surprennent : « Les logiques d’engagement sont multiples, nous en avons repéré plus de 200, regroupées en 15 catégories. Les 2 qui reviennent le plus sont la protection et l’économie. »

    Même si ces facteurs interagissent dans la plupart des cas, « la volonté de se protéger, de protéger sa famille, sa communauté ou son activité économique apparaît comme un des facteurs importants d’engagement ». Qu’il s’agisse de protéger une activité licite ou illicite. « Beaucoup nous ont dit avoir rejoint le Mujao pour contrôler les routes du trafic de drogue », note par exemple la chercheuse. Et le facteur religieux ? Il n’est que très rarement cité. « Il faut donc faire attention à ne pas trop mettre l’accent sur les facteurs religieux pour comprendre le phénomène de la radicalisation », dont le nom serait à manier avec prudence. Ce qui s’applique au Mali ne peut en aucun cas être généralisé au reste de l’Afrique de l’Ouest, pour Lori-Anne Théroux-Bénoni, qui souligne l’importance de « résister à la tentation du copier-coller ».

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