• Exit Hannah Arendt Bruno GUIGUE
    https://www.legrandsoir.info/exit-hannah-arendt.html

    Ses détracteurs lui reprochent ses équivoques, l’indétermination de ses concepts, le mouvement erratique de sa pensée. Ce qui pose problème, c’est plutôt l’obscure clarté de ses anathèmes contre les idées progressistes et le compendium avarié de ses présupposés anti-humanistes.


    Omniprésente dans les manuels scolaires, elle passe pour une grande philosophe, et on ne compte plus les livres, articles et documentaires qui chantent ses louanges. Phare de la pensée politique moderne, elle aurait tout compris : la démocratie et le totalitarisme, la cité antique et la société moderne, le mensonge et la violence, la Révolution et les droits de l’homme. Portée aux nues par la doxa universitaire, elle figure au panthéon philosophique de l’Occident démocratique. Elle passe pour une référence obligée, un point de passage incontournable destiné à tous ceux qui veulent comprendre le monde contemporain, ses contradictions et ses impasses.

    Il n’y a qu’un problème : Hannah Arendt est elle-même une impasse théorique et politique. Il suffit d’ailleurs de la lire avec un peu d’attention pour s’apercevoir qu’elle a tout faux. Non seulement sa lecture de l’histoire moderne est erratique, mais sa vision de la démocratie est passéiste et réactionnaire.

    Des preuves ? Elles sont légion. Ne pouvant tout examiner en une fois, on s’intéressera à la conception arendtienne de la démocratie. Dans Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt explique que la seule égalité légitime est celle qui règne entre les citoyens, et non entre les hommes. L’égalité dans la cité antique, à ses yeux, est sans commune mesure avec l’égalité qui prévaut dans les sociétés modernes. Tandis que la cité grecque est une remarquable aristocratie politique, la démocratie moderne est le théâtre d’un conformisme généralisé, où l’esprit de compétition s’est dilué dans l’égalitarisme et la médiocrité ambiante.

    Cet éloge passéiste de la cité antique s’articule à une analyse particulière de l’agir humain. Si Arendt distingue le travail et l’action comme modalités de l’activité humaine, c’est pour dévaloriser le premier, qu’elle attribue à « l’homme-animal social ». Le travail est soumission à la nécessité naturelle, tandis que l’action, à l’autre extrémité, représente la noble dimension de l’activité politique. C’est pourquoi il faut parler d’un « animal laborans » pour désigner le travailleur, lequel « n’est jamais qu’une espèce, la plus haute si l’on veut, parmi les espèces animales qui peuplent la terre ».

    La politique visant à l’émancipation des travailleurs, poursuit Arendt, n’a donc abouti qu’à « courber toute l’humanité, pour la première fois, sous le joug de la nécessité » Le travail productif n’étant que l’asservissement à la nécessité, « les hommes ne pouvaient se libérer qu’en dominant ceux qu’ils soumettaient à la nécessité ». Pour que les citoyens puissent s’adonner à l’exercice du pouvoir, il fallait que la production de leurs conditions d’existence fût assurée par une classe subalterne. Pour Arendt, cet état de fait est intangible, et vouloir transformer la condition des travailleurs n’a aucun sens. La sublimation du citoyen appelé à incarner les vertus nécessite, de tout temps, le travail manuel de l’ animal laborans.

    Cette idée-force, elle ne cessera de la marteler. Se demandant, dans son essai sur l’insurrection hongroise de 1956, s’il est possible de faire marcher des usines dont les ouvriers sont les propriétaires, la philosophe répond sans détour : « En réalité, il n’est pas sûr du tout que les principes politiques d’égalité et d’autonomie puissent s’appliquer à la sphère de la vie économique. Après tout, la théorie politique des Anciens n’avait peut-être pas tort lorsqu’elle affirmait que l’économie, liée aux nécessités de la vie, requérait pour fonctionner la domination des maîtres ».

    La lutte contre la pauvreté ? Inutile d’y penser. Ignorant superbement la lutte des classes, Arendt estime que « la vie humaine s’est trouvée en proie à la pauvreté depuis des temps immémoriaux » et qu’« une révolution n’a jamais résolu la question sociale ni libéré des hommes du fléau du besoin ». Alors que les démocraties modernes, par leur obsession du social, ruinent les chances d’une véritable aristocratie des égaux, la cité antique avait compris que l’esclavage était le prix à payer pour l’exercice héroïque des vertus civiques. « Toute souveraineté tient sa source première, la plus légitime, du désir qu’a l’homme de s’émanciper de la nécessité vitale, et les hommes parvinrent à cette libération par la violence, en forçant d’autres à porter à leur place le fardeau de la vie ». Voilà qui est clair, et la conclusion s’impose : « Rien, pourrions-nous dire aujourd’hui, ne saurait être plus obsolète que d’essayer de libérer le genre humain de la pauvreté par des voies publiques ; rien ne saurait être plus futile ni plus dangereux ».

    Mais ce n’est pas tout. Cette conception aristocratique de la vie politique conduit Hannah Arendt à nier l’universalité humaine, quitte à pulvériser un concept-clé hérité de la philosophie des Lumières : « La distinction entre l’homme et l’animal recoupe le genre humain lui-même : seuls les meilleurs, aristoi, qui constamment s’affirment les meilleurs et préfèrent l’immortelle renommée aux choses mortelles, sont réellement humains ». Reprenant explicitement la critique réactionnaire des droits de l’homme formulée par Edmund Burke, Arendt récuse l’universalité des droits humains. A ses yeux, c’est un principe funeste qui aurait pour effet de « réduire les nations civilisées au rang des sauvages » , de ces populations primitives en qui elle voit « des gens sans-droits, qui apparaissent comme les premiers signes d’une possible régression par rapport à la civilisation ».

    Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’Arendt voue une admiration sans bornes à la Révolution américaine, menée par des propriétaires d’esclaves, et qu’elle rejette la Révolution française, qui abolit l’esclavage colonial. De même que, dans les années 1960, elle refuse toute portée politique aux revendications des Afro-Américains pour les droits civiques et relègue au second plan ce qu’elle appelle dédaigneusement la « negro question » . Toute philosophie est sous-tendue par une certaine idée de l’homme et de la société. Celle que défend Hannah Arendt participe d’une idéologie réactionnaire qui justifie rétrospectivement l’esclavage et congédie le progrès social comme une dangereuse utopie. Ses détracteurs lui reprochent ses équivoques, l’indétermination de ses concepts, le mouvement erratique de sa pensée. Ce qui pose problème, c’est plutôt l’obscure clarté de ses anathèmes contre les idées progressistes et le compendium avarié de ses présupposés anti-humanistes.

    Exit Hannah Arendt.

    #pauvreté #hannah_arendt #arendt #idéologie #politique #philosophie #histoire #capitalisme #domination #démocratie #totalitarisme #liberté #égalité #aristocratie #démocratie #travail #doxa

  • Faut-il brûler Hocquenghem ? | Antoine Idier
    https://blogs.mediapart.fr/antoineidier/blog/060920/faut-il-bruler-hocquenghem

    La Mairie de Paris avait fait poser une plaque au nom de Guy Hocquenghem (1946-1988), militant homosexuel, auteur de nombreux ouvrages dont Le Désir homosexuel (1972), journaliste à Libération, romancier, mort du sida. Celle-ci ayant été vandalisée par un groupe qui se proclame féministe, la mairie l’a fait enlever il y a quelques jours. [...]

    Le féminisme, l’enfance, la sexualité

    Un point me semble fondamental : le rapport d’Hocquenghem, des discussions sur l’enfance, avec le féminisme. Car c’est au nom du féminisme que le militant et théoricien est aujourd’hui attaqué : il en serait un corps étranger, pire, un ennemi. Mais c’est une instrumentalisation du féminisme, et une falsification historique : bien de ses interventions, même critiquées, avaient leur place dans l’espace des mouvements féministes des années 1970.

    Il faut le rappeler : le féminisme est un mouvement, pas un dogme ou un évangile ; c’est un champ traversé par des tensions, des contradictions, des oppositions. Des féministes peuvent avoir des désaccords entre elles, il n’y pas une et une seule position féministe (de même qu’il n’y a pas une position LGBT, une position décoloniale, une position marxiste, etc.).

    Hocquenghem a eu à la fois une grande proximité avec des militantes féministes, et de grands désaccords. Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), avant qu’il n’en devienne la figure de proue, a été créé en 1971 par des femmes, notamment venues du Mouvement de libération des femmes (MLF). Très tôt, des clivages apparaissent : les femmes, devenues inférieures numériquement, reprochent d’une part une reproduction de la domination masculine dans l’organisation et la vie du groupe, contestent d’autre part la manière de penser la politisation de la sexualité. Dès 1971, il y a des affrontements et des ruptures. Des propos d’Hocquenghem ont fortement choqué des militantes ; certaines n’ont plus jamais voulu entendre parler de lui, il a conservé des liens étroits avec d’autres. Il n’empêche : il n’a cessé de reconnaître la dette des militants homosexuels à l’égard des militantes féministes, et il a même essayé de penser leurs désaccords (par exemple dans un texte de 1972, « Aux pédérastes incompréhensibles »). (Au sujet de ces tensions qui ont traversé mouvements féministes et LGBT, rappelons aussi que la présence de lesbiennes à l’intérieur du MLF n’allait pas du tout de soi : bien des militantes lesbiennes se sont plaintes de la lesbophobie de leurs camarades militantes, ainsi que d’un féminisme pensé du point de vue de la femme hétérosexuelle et mère ; des militantes ont fui le MLF pour rejoindre le FHAR, avant de le quitter à son tour.)

    C’est une banalité, mais qu’il faut apparemment rappeler : les mouvements politiques sont traversés de tensions, parfois indépassables, parfois dépassées. En 1988, au moment de sa mort, l’écrivaine féministe Françoise d’Eaubonne, une des fondatrices du FHAR, écrivait dans Gai Pied que le militant « fut souvent un élément modérateur, tentant d’apaiser les frictions entre les deux clans », à savoir les militantes venues du MLF et ceux qui les avaient rejointes plus tard. Elle poursuit : « Lui et moi citions souvent, avec une jubilation ironique, la déclaration d’un abbé homophobe : “Homosexuels et femmes émancipées se donnent la main !”. » Il faut que cette féministe soit bien aveugle pour considérer comme un allié celui qui serait un des pires ennemis du féminisme…

    Qui plus est, la présente campagne ignore tout ce que la critique féministe a produit sur l’enfance. Tenez, une phrase par exemple : « La relation adulte-enfant […] est l’une des plus riches lorsqu’elle est vraiment réciproque. » (p. 88) De qui est-elle ? D’Hocquenghem ? Est-elle une de ces phrases douteuses qui justifie de le clouer au pilori ? Non. Elle est de Christiane Rochefort, une militante et écrivaine féministe, dans Les enfants d’abord, publié en 1976 chez Grasset dans la collection de Bernard-Henri Lévy. Une phrase qui, à bien des égards, pourrait avoir été écrite par Hocquenghem, en tout cas qui en évoque d’autres. Mais elle ne l’est pas : elle a été écrite par une des fondatrices du MLF, présente à l’Arc de triomphe le 26 août 1970. Et elle l’écrit dans des pages consacrées à l’inceste. C’est-à-dire qu’au moment même où Rochefort s’intéresse à des relations sexuelles abusives, elle reconnaît la possibilité d’une relation sentimentale ou sexuelle consentie entre un adulte et un enfant (elle ne précise pas davantage ce qu’elle entend par enfant en termes d’âge – c’est, plus généralement, une vraie difficulté à la lecture de nombreux textes : ils parlent indifféremment d’enfants, d’adolescents, sans préciser davantage). Une possibilité, à condition de la réciprocité. Une relation qu’elle juge supérieure à d’autres, sans se justifier sur ce point (on pourrait bien évidemment en discuter).

    Le livre de Rochefort est emblématique de tout ce qui s’écrit dans les années 1970 sur l’enfance. La couverture annonce : « De tous les opprimés doués de parole, les enfants sont les plus muets. » Le livre est notamment une forte charge contre l’autorité parentale, et la manière dont la société a dépossédé les enfants de toute autonomie : « Rien ne leur appartient en propre. Ils ne s’appartiennent pas à eux-mêmes : ils sont à leurs parents. » (p. 102). Selon Rochefort :

    « On usera le temps où il [l’enfant] est réduit à l’impuissance pour lier ses énergies et des désirs, et on lui imposera un statut de dépendance légale, économique, institutionnelle, de sorte qu’il ne quitte le berceau que pour la laisse, qu’il chérisse sa laisse, et ne la quitte par la suite que pour le “libre” consentement à l’exploitation. » (p. 16)

    Ce « on », on l’aura compris, ce sont les parents, et la manière dont ils intériorisent leur rôle : « Ils éduquent, forment, contrôlent leurs enfants, par amour et pour leur bien, et leur protection. » Toutefois, « ils ne savent pas que l’éducation est politique. Ils croient que c’est une affaire privée. » À tel point que « si on leur disait qu’ils sont des outils inconscients qui exécutent une commande sociale, ce serait un massacre. » (p. 18)

    Le matérialisme rencontre le féminisme : les enfants forment une « classe opprimée », une « classe inférieure. » (p. 52) Il y a même naturalisation de la domination : pour Rochefort, les enfants, comme les femmes, sont maintenus dans un état inférieur, dans un état de moindre pouvoir, au motif qu’ils seraient naturellement plus faibles ; cette naturalisation, loin d’être la cause, est la conséquence, et l’arme utilisée par la domination pour se légitimer. Ainsi,

    « La plupart [des adultes] d’ailleurs ne pensent nullement qu’ils “maintiennent” les enfants en dépendance, ils pensent simplement que les enfants “sont” dépendants. Comme ça, par “nature”. L’enfance est d’une “nature” différente. Ces histoires de nature, on commence à le savoir, sont bien sûr purement sociales – comme toutes les autres affaires de classe. » (p. 148)

    #enfance #féminisme #histoire #Guy_Hocquenghem #Christiane_Rochefort

    • Et donc je répondrai bien point par point, paragraphe après paragraphe à ce qu’il énonce. Notamment en entretenant la confusion avec Rochefort et certaines féministes. Peut-être, si j’ai le courage de m’y replonger, parce que j’ai lu les textes dont il parle, je m’y essayerai.
      Et puis, il glisse cette petite phrase finale qui me parait bien curieuse pour un historien : « En ne jugeant pas le passé avec le regard du présent. » et qui est pourtant le fait même de l’Histoire, bien évidemment le passé s’écrit toujours au présent. Et j’ai envie de parler de ce présent et de ces femmes qui admettent si tardivement les séquelles d’avoir été violées enfants, entrainées dans la tourmente de ce passé d’adultes maintenant vieillards boomers qui n’envisageaient pas, contrairement à ce qui est dit, la nécessité d’un consentement. Parce que la notion de liberté est si complexe qu’elle est autant affectée par la morale sociale que par son contraire, que la force de conviction d’une époque, sa culture, contraint les corps et que jamais il n’est question des conséquences psychiques sur les personnes devenues adultes aujourd’hui. Un peu comme si toujours les lionceaux n’avaient pas d’historiens.

      #prédation_sexuelle

    • Un autre point de vue sur France Culture par Frédéric Martel
      Pourquoi la mairie de Paris n’aurait jamais dû rendre hommage au militant homosexuel Guy Hocquenghem
      https://www.franceculture.fr/histoire/pourquoi-la-mairie-de-paris-naurait-jamais-du-rendre-hommage-au-milita

      Voilà pourquoi le retrait de la plaque de Guy Hocquenghem pose problème. Il ne fallait pas déboulonner sa statue ; il ne fallait pas enlever discrètement et hypocritement sa plaque de commémoration ; il n’aurait juste jamais fallu la poser.

      Frédéric Martel est producteur et animateur de l’émission « Soft Power », le magazine des industries culturelles et du numérique de France Culture. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du mouvement homosexuel, dont Le Rose et le Noir, les homosexuels en France depuis 1968 (Le Seuil, 1996), largement consacré au parcours de Guy Hocquenghem.

  • Le « complot » féministe, par Gisèle Halimi (Le Monde diplomatique, août 2003)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2003/08/HALIMI/10360

    Avocate opiniâtre, militante anticoloniale, féministe intransigeante, Gisèle Halimi est décédée ce mardi à Paris. Engagée contre toutes les injustices et les dominations, elle restera dans l’histoire comme une femme libre et courageuse, une des pionnières du féminisme, ne pliant devant aucune autorité. En 2003, elle prenait la plume dans nos colonnes pour la dernière fois afin de défendre la première Enquête sur les violences envers les femmes (Enveff) attaquée de toute part (de Élisabeth Badinter à Alain Minc)… C’était bien avant que l’un de ses trois fils, Serge Halimi, ne devienne directeur du Monde diplomatique.

    #rétrospective #féminisme #patriarcat #violences_faites_aux_femmes

  • Inventaire des 63 intellectuels ayant participé à la mise en scène du Roi pendant 8h, diffusée en direct sur France Culture, lundi 18 mars 2019.

    https://soundcloud.com/laviemanifeste/portrait-dun-regime


    Texte > Emmanuel Moreira
    Lecture > Anna Carlier
    Sons > Émeute du 16 mars 2019, Avenue des Champs-Élysées, Eliane Radigue (trilogie de la mort), Silver Pennies (sunroof)
    Mixage, montage > Emmanuel Moreira

    https://lundi.am/Portrait-d-un-regime
    https://www.franceculture.fr/personne/guillaume-erner
    #grand_débat #fRance_Culture

  • Mélanie Gourarier. « La séduction alpha mâle s’inscrit dans un continuum de pratiques violentes » | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/melanie-gourarier-la-seduction-alpha-male-sinscrit-dans-un-continuum-de-pra
    https://img.humanite.fr/sites/default/files/styles/abonnez_vous/public/images/129026_couverture_hres_0.jpg?itok=FL3H1qIs

    Dans son ouvrage intitulé « Alpha Mâle, séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes », l’anthropologue Mélanie Gourarier a étudiée pendant trois ans la « Communauté de la Séduction ». Ce groupe fait par et pour les hommes - majoritairement blanc et de classes moyennes et supérieures - soit disant opprimés par les femmes, met tout en œuvre pour retrouver une hégémonie masculiniste. Misogynes, sexistes, antiféministes, les acteurs de cette communauté se rassemblent, en France mais aussi partout en Europe et en Amérique du nord, dans le but de répondre à une « crise de la virilité » fantasmée.

    Comment expliquer ce paradoxe de vouloir récupérer un certain pouvoir en étant le plus grand séducteur, et en même temps d’être misogyne ?
    Mélanie Gourarier.
    Selon moi, il ne s’agit pas d’un paradoxe, c’est même assez logique. Ce qui est visé dans cette volonté d’être un grand séducteur, ce qui les intéresse n’est absolument pas la conquête des femmes mais, à travers la conquête des femmes s’apprécier entre hommes. C’est s’aimer entre hommes mais aussi s’évaluer, se hiérarchiser. La reproduction des masculinités fonctionne sur ce double processus : la nécessité de l’entre-soi masculin et les rapports – de pouvoir- entre hommes.

    #male-alphisme #masculinisme #fraternité #misogynie #culture_du_viol

  • Uber, Airbnb, Blablacar... : l’économie de l’avenir ? Stéphane Sirot et Matthieu Lietaert Radio Campus Lille - EulBCE - Les Amis du Monde Diplomatique de Lille Janvier 2017 _
    http://www.campuslille.com/index.php/entry/uber-airbnb-blablacar-l-economie-de-l-avenir-stephane-sirot-matthieu-li

    Le lundi 16 janvier 2017, les Amis du Monde Diplomatique de Lille organisaient une conférence débat à Villeneuve d’Ascq : « Uber, Airbnb, Blablacar... : l’économie de l’avenir ? » avec la participation de Stéphane Sirot et Matthieu Lietaert.


    Enfants, on nous explique quand on sort de table qu’il ne faut jamais partir les mains vides... Ce serait dommage d’effectuer un trajet entre la salle à manger et

    la cuisine à vide, alors qu’il reste tant de vaisselle sale à ranger et qu’on est muni de bras pour la porter. Avec la Silicon Valley, dont certains ont remarqué récemment que ses entrepreneurs étaient obnubilés par les services qui pouvaient remplacer leur maman, c’est un peu pareil. On nous encourage à combler le moindre espace inoccupé et la moindre parcelle de temps mort en participant par là-même à la bonne marche de l’économie.

    Pourquoi rentrer chez soi à pied sans prendre sur son chemin un colis qu’on livrerait à un voisin ? nous demande Amazon, qui envisagerait selon le Wall Street Journal de lancer aux États-Unis le service « On my way », dans lequel les particuliers remplaceraient les entreprises de livraison pour le dernier kilomètre. Cette solution lui permettrait de réduire des frais de logistiques qui s’envolent. Pourquoi, alors qu’on roule seul dans sa voiture, ne pas accepter de prendre un collègue ou un passant qui se rend au même endroit ? nous propose Uber.

    Quoi de commun entre Uber, Airbnb, Blablacar ou Drivy ?
    Ces plateformes sont les fleurons de ce qu’on appelle l’« économie du partage » ou « collaborative ».


    Ces pratiques économiques en vogue ont été rendues possibles par les nouvelles technologies : Internet et les réseaux sociaux. Est-ce qu’elles ne représentent pas l’avenir à la fois souhaitable et inévitable, de telle façon qu’il faudrait simplement les réguler ? D’ailleurs, est-ce qu’elles ne vont pas dans le sens de l’intérêt des consommateurs : souplesse, réactivité, « convivialité », et même caractère écologique ?

    Pourtant, des problèmes importants se posent, de deux types, au moins : d’abord, quelles sont les conditions de travail et les droits de ceux qui travaillent, sans statut, pour certaines plateformes ? Il semble qu’elles font plutôt penser au passé qu’à l’avenir...

    Ensuite, une société fonctionne aussi grâce aux impôts qui permettent l’existence de services publics, qui eux-mêmes rendent possible l’activité économique. Or, qu’en est-il de ces nouvelles formes d’activité économique au regard de l’impôt ? Bref, avant de se précipiter vers tout ce qui est « moderne », « nouveau », « numérique », il faut sans doute réfléchir, examiner, faire le tri pour voir quel est le meilleur parti que l’on peut tirer des progrès techniques, des opportunités qu’ils offrent, et éviter les régressions qu’ils peuvent favoriser.

    STÉPHANE SIROT , https://fr.wikipedia.org/wiki/Stéphane_Sirot historien français, enseignant l’histoire politique et sociale du XXe siècle à l’Université de Cergy-Pontoise et l’histoire et la sociologie http://www.cevipof.com/fr/l-equipe/les-chercheurs/chercheurs-associes/bdd/equipe/211 du syndicalisme et des relations sociales https://www.franceculture.fr/personne/stephane-sirot à l’Institut d’administration des entreprises de l’Université de Nantes

    et
    MATTHIEU LIETAERT http://leblogdocumentaire.fr/webdoc-matthieu-lietaert-ou-lart-du-rebond , docteur en sciences politiques, coréalisateur du film The Brussels Business, co-fondateur de l’habitat groupé L’Echappée et co-fondateur du supermarché participatif BEES Coop , http://bees-coop.be/actualites auteur de Homo Coopérans 2.0 http://www.homo-cooperans.net – Changeons de cap vers l’économie collaborative.

    The Brussels Business de Matthieu Liétard
    https://www.youtube.com/watch?v=55U-ia9wYVk

    Le fil du débat 
- Présentation
    – 4mn30 Matthieu Lietaert
    – Une autre économie

    Historique

    Les acteurs de la mondialisation

    Les nouveaux réseaux
    
Le Libéralisme

    13 mn l’économie collaborative.
    Sur le plan politique aucun débat.

    – 23 mn Stéphane Sirot - L’économie collaborative et les sociétés salariales
    
La contre offensive contre les salariés
    
Economie collaborative et lutte des classes
1936-1946 L’évolution du salariat

    33 mn Uber, la fin du compromis fordien

    36 mn Dé-construction du salariat
    
39 mn Syndicalisme

    42 mn Prolétariat - Robotariat. Le retour au 19 ieme

    45 mn De la suppression des emplois

    48 mn Réaction du corps social
    – 51 mn Le futur, 3 solutions
    
Survie et adaptation

    Réformisme

    Retour au droit à la paresse

    – 53 mn Matthieu Lietaert - Rappel sur l’économie du partage

    – 57 mn QUESTIONS 1
    
63 mn Robotisation

    70 mn Réponses de Stéphane Sirot
    
Que peut faire le Syndicalisme ?

    Les révoltés d’UBER

    Pouvoirs politiques
    
Réaction d’UBER
    
Démembrement des droits sociaux
    
80 mn Revenu universel

    – 83 mn QUESTIONS 2

    Revenu universel

    Réponse de Matthieu Lietaert
    – Organisons la contre hégémonie
    – 91 mn Réponse de Stéphane Sirot
    
L’obsession de la notation

    De la sacralisation du travail

    – 94 mn QUESTIONS 3
    
De l’union contre UBER

    Capitalisme numérique et économie

    Economie collaborative


    99 mn Réponses

    – 101 mn QUESTIONS 4
    
Le nouvel ordre économique mondial
    
Résistance Belge aux changements des droits sociaux

    106 mn Se ré-approprier la 4 iéme révolution industrielle

    Economie collaborative et financement des services publics
    
Obsolescence programmée

    – 109 mn Réponse de Matthieu Lietaert
    
Régularisation
    – Biens communs
    – 116 mn Réponse de Stéphane Sirot
    
Utopisme, confrontation au système social dominant.

    #uber #airbnb #blablacar #Economie #Avenir #Stéphane_Sirot #Matthieu_Lietaert #Amis_du_Monde_Diplomatique #Radio #Radio_libre #Radio_Campus_Lille #Audio

  • • L’artiste russe qui « désarme » les policiers de Poutine
    https://unpointculture.com/2016/10/11/lartiste-russe-qui-desarme-les-policiers-de-poutine

    Bouche cousue, le corps nu enroulé dans du fil barbelé, l’oreille coupée comme Van Gogh… Piotr Pavlenski ne recule devant rien pour éveiller les esprits dans la Russie d’aujourd’hui. Il est venu présenter un livre d’entretiens à l’École des beaux-arts de Paris dans lequel il dévoile son « art politique » et son envie de libérer les habitants de son pays.

    • Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Piotr_Pavlenski
    • Le cas Pavlenski (livre) : http://www.louison-editions.com/books/le-cas-pavlenski
    • Interview sur RFI : http://www.rfi.fr/culture/20161024-artiste-piotr-pavlenski-forcer-le-pouvoir-russe-faire-art-politique
    • Et sur France Culture : https://www.franceculture.fr/personne/piotr-pavlenski

    #russie #art #performance