• J – 147 : Le Client d’Asghar Fahradi

    Et est-ce que la tenue de Qui ça ?, dans cette forme de journal pas vraiment journal qui est le sienne ne devrais pas permettre d’être, de temps en temps, rien de plus, rie de moins qu’une simple annotation, pas nécessairement développée, en fait, une véritable entrée de journal.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos . Beaucoup aimé. Ou.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos . Détesté. Ou.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , en suis sorti laminé, haletant presque. Je ne pouvais plus supporter l’intensité du suspense à la fin, d’autant moins que je faisais confiance au cinéaste iranien pour faire selon son habitude, laisser la fin terriblement ouverte. Ou.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , en suis resté abasourdi de la puissance politique de ce film. De ce qu’il parvient au travers même de la censure religieuse de traiter du plus profond des problèmes de la société iranienne, celui de la justice. De ses errements, de l’impossibilité d’y avoir recours et de ce que cela conduit les victimes à panser du mieux qu’elles peuvent leurs blessures ou à des hommes intègres d’être tentés par la Loi du Talion, quelle intelligence, quel engagement. Ou.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , pour lequel il faudrait que je prenne quelques notes en vue d’écrire une chronique à propos de ce film, commencer peut-être sur le fait que la forme des récit de Farhadi est aussi particulière finalement que celle des frères Dardenne, je ne sais pas si c’est une bonne approche, mais là où les Dardenne se sont donnés pour forme quasi définitive de l’ensemble de leur œuvre cinématographique de suivre une jeune femme dans tous ses déplacements, Farhadi lui s’est donné la forme d’une spirale allant s’accélérant sur la fin, je ne sais pas si je saurais me faire comprendre avec une telle amorce. Ou.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , je me suis dit qu’il fallait que je convainque absolument Madeleine d’aller voir la dernière séance mardi soir quitte à aller le revoir avec elle. Et puis, après, peut-être, télécharger une Séparation et le revoir avec elle. Ou bien.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , quelle claque ce film et qu’est-ce que cela fait du bien de voir un film dans lequel les personnages ne sont pas faits d’un seul bois, qu’il y a du bon dans les mauvais et de la laideur chez les beaux, et que les uns et les autres puissent évoluer dans le temps, changer de camp, quitte à retourner dans celui dont ils sont issus. Ai repensé à cette trame tellement discrète d’ Aquarius . Ou bien.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , ai pensé comme souvent devant pareil chef d’œuvre que l’on pourrait le voir dix fois de suite et continuer de déceler çà et là des détails troublants de construction, à peine visible et dont on peut penser qu’au contraire lors de la première vision du film ce sont ces détails qui à notre insu construisent le film à l’intérieur de nous, par exemple, lors de l’évacuation catastrophe le couple est séparé par la nécessité impérieuse pour Ehmad d’aller aider son voisin handicapé et lorsqu’il regarde derrière lui, pour voir si Rana a bien suivi ses instructions de sortir immédiatement il la voit qui l’attend, ils sont désormais séparés par la cour intérieure du bâtiment, par ce qui représente, en fait, la société, le lieu commun. Tout ce qu’il faut de latent pour préméditer un coup pareil, et faire confiance qu’en dépit du fait que cela ne soit pas souligné trois fois en rouge cela restera opérant même dans l’esprit d’un spectateur inégalement attentif. Ou encore le pansement que porte désormais sur la tête Rana semble la dispenser désormais du port du voile sur ses cheveux, c’est un symbole qui est à la fois extrêmement fort et très discret dans le même temps. Ou bien.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos , je n’ai pas aimé, j’ai trouvé insipide la symbolique de la pièce de théâtre et cette pièce d’Arthrur Miller, Mort d’un commis voyageur , comment Farhadi peut chausser des sabots aussi bruyants et au contraire être d’une finesse à peine perceptible à d’autres moments ? Ou bien encore.

    Suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos et je peste, de nouveau, à propos du retour chez moi d’une manière de regarder désormais une œuvre, manière que j’avais réussi à abandonner et qui revient donc, celle qui consiste, presque, à prendre des notes à la récpetion de l’oeuvre avec la ferme intention d’en écrire une chronique plus tard et de ne plus être librement saisi par l’œuvre comme j’avais réappris à faire ces cinq ou six dernières années.

    Alors qu’il suffirait peut-être d’une simple entrée dans mon journal, si j’en avais un, suis allé voir Le Client d’Asghar Fahradi cet après-midi au Kosmos . Forte impression.

    Exercice #48 de Henry Carroll : Prouvez nous que la terre est plate.

    #qui_ca