• Le Japon met fin au projet Monju, un surgénérateur devenu gouffre financier
    http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/12/22/le-japon-met-fin-au-projet-monju-un-surgenerateur-devenu-gouffre-financier_5

    Le Japon a choisi de renoncer définitivement à Monju, son surgénérateur expérimental qui a cumulé les déconvenues depuis vingt ans. « Nous allons démanteler Monju, a confirmé mercredi 21 décembre le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga, en raison du temps et des sommes considérables qui seraient nécessaires à son redémarrage. »

    D’après les calculs du gouvernement, le démantèlement de l’installation à l’arrêt depuis 2010, bâtie dans le département de Fukui (centre), devrait prendre trente ans et coûter 375 milliards de yens (3,1 milliards d’euros).

    Ce montant reste inférieur à l’adaptation aux nouvelles normes de sécurité, estimée à 500 milliards de yens (4,1 milliards d’euros). Le surgénérateur a déjà coûté plus de 1 200 milliards de yens (9,8 milliards d’euros) au Japon. Son entretien revient à 20 milliards de yens (163 millions d’euros) par an.

    #nucléaire

    • Le Japon a choisi de renoncer définitivement à Monju, son surgénérateur expérimental qui a cumulé les déconvenues depuis vingt ans. « Nous allons démanteler Monju, a confirmé mercredi 21 décembre le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga, en raison du temps et des sommes considérables qui seraient nécessaires à son redémarrage. »
      D’après les calculs du gouvernement, le démantèlement de l’installation à l’arrêt depuis 2010, bâtie dans le département de Fukui (centre), devrait prendre trente ans et coûter 375 milliards de yens (3,1 milliards d’euros).

      Ce montant reste inférieur à l’adaptation aux nouvelles normes de sécurité, estimée à 500 milliards de yens (4,1 milliards d’euros). Le surgénérateur a déjà coûté plus de 1 200 milliards de yens (9,8 milliards d’euros) au Japon. Son entretien revient à 20 milliards de yens (163 millions d’euros) par an.

      Un projet qui remonte aux années 1960

      L’idée de ce surgénérateur expérimental, ou réacteur à neutrons rapides, remonte aux années 1960. Le Japon avait alors décidé de se lancer dans le cycle du combustible nucléaire.

      La construction de Monju a commencé en 1986. Le réacteur a atteint le seuil de criticité en 1994 avant d’être connecté au réseau en août de l’année suivante. Or, en décembre 1995, une grave fuite de 700 kg de sodium du circuit secondaire de refroidissement s’est traduite par un premier arrêt.
      L’incident, l’un des plus graves de l’histoire du nucléaire japonais avant Fukushima, a, dans un premier temps, été minimisé par l’opérateur JNC, l’Institut japonais du cycle nucléaire, devenu en 2004 l’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA) au terme d’une refonte du secteur.
      Il a été suivi d’une série de procès sur la sécurité du site, bâti à la verticale d’une faille active non loin de 14 réacteurs nucléaires et à une centaine de kilomètres de Kyoto, ville d’un million et demi d’habitants.

      En mars 2010, malgré l’opposition de dizaines de scientifiques inquiets de l’absence de vérification de l’état des circuits ou de l’intégrité du combustible dans le réacteur, les autorités de sûreté ont accepté son redémarrage. Un accident en août de la même année l’a contraint à un nouvel arrêt.

      En 2015, l’autorité de régulation du nucléaire (ARN) a recommandé au gouvernement de changer l’opérateur du site. Accusée de négligences graves et de dissimulation d’informations, la JAEA était considérée comme « dans l’incapacité de gérer Monju en toute sécurité ».

      Le Japon maintient ses ambitions dans le nucléaire

      Depuis, les débats sont vifs sur l’avenir du surgénérateur. Le ministère de l’éducation et de la recherche, le MEXT, voulait le conserver. Le gouverneur du département de Fukui Issei Nishikawa également. Il redoute la fin des importantes subventions versées aux collectivités locales pour l’accueil d’installations nucléaires. Les collectivités devant donner leur accord pour l’arrêt, elles pourraient retarder le démantèlement de Monju.

      Le ministère de l’économie, le METI tout-puissant en matière de politique nucléaire, privilégiait la fermeture, et le gouvernement a tranché dans ce sens. Outre l’absence de perspectives commerciales pour la technologie et d’alternative sérieuse à la JAEA, il craindrait que la gabegie associée à Monju ne nuise un peu plus au nucléaire dans l’archipel.
      L’image de cette technologie reste affectée par la gestion discutée de la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011, dont le coût a été revu à la hausse le 9 décembre, à 21 500 milliards de yens (176 milliards d’euros).

      La fin de Monju n’empêche pas le Japon de maintenir son ambition sur le cycle du combustible nucléaire. Pour le ministre de l’Economie, Hiroshige Seko, il s’agit même du « cœur de notre politique énergétique ». Le pays espère ainsi réduire son stock de 47,8 tonnes de plutonium.

      Pour cela, les autorités tablent sur le petit réacteur à neutrons rapides de Joyo, construit dans les années 1970 dans le département d’Ibaraki (est), et sur l’installation de retraitement de Rokkasho du département d’Aomori (Nord), qui devrait entrer en service en 2018.

      Le site de Monju accueillera des installations de recherche. Le Japon pourrait participer au projet de réacteur français à neutrons rapides ASTRID.