• 443 personnes du cinéma poursuivies pour leur solidarité | KEDISTAN
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    443 personnes du cinéma poursuivies pour leur solidarité
    Brèves, Cinéma, Répression d’Etat décembre 26, 2016décembre 26, 2016 Kedistan
    cinéma

    Le 5 janvier, 1128 universitaires, “Universitaires pour la Paix” (Barış İçin Akademisyenler ou BAK) avaient signé et publié un texte appelant à la paix, sous le titre “Nous ne serons pas complices de ce crime”. Très rapidement, ces universitaires avaient été pris pour cible par l’Etat : gardes-à-vue, arrestations, licenciements, se sont poursuivis.

    Dès les premières semaines, devant la réaction du régime, divers groupes et membres de la société civile avaient apporté leur soutien aux universitaires. (Vous pouvez trouver un topo sur divers soutiens ici, liens inclus). Ces groupes et collectifs s’étaient organisés souvent selon leur secteur ou par corporation, telles que les architectes, éditeurs, journalistes, photographes ou encore cinéastes. Ce sont ces derniers qui sont maintenant dans la ligne de mire.

    La Direction de la Sécurité de la Préfecture d’Istanbul, a ouvert une enquête concernant les 443 personnes, actives dans le secteur du cinéma qui avaient soutenu les universitaires signataires.

    Une note, signée de la main du Directeur de la Sécurité d’Istanbul Haydar Özdemir, a été envoyée au syndicat des comédiens. Le syndicat est prié, par ce courrier, de fournir aux autorités, les informations d’identités et les coordonnées des personnes dont les noms sont listés et informe comme ceci :

    Une enquête a été entamée “pour apologie de crime et de criminels”, à l’encontre de 433 personnes déclarées comme travaillant dans le secteur du cinéma, qui ont publié un communiqué pour soutenir les personnes qui [eux mêmes] avaient publié un communiqué dont le thème et le contenu constituent un délit et qu’alors, une enquête poursuivait son cours, sous le n° 2016/5734 pour “propagande pour organisation terroriste” à l’encontre de 1128 suspects ayant publié ce soit disant appel, soutenant les négociations de paix.

    Dans un langage moins ampoulé, c’est tout simplement une enquête à l’encontre de 433 femmes et hommes de cinéma qui ont soutenu les 1128 universitaires qui sont poursuivis pour avoir soutenu la Paix. A qui est le tour ?

    Kedistan relayait le 17 janvier 2016, dans l’article intitulé “Comment amplifier l’exigence de paix au Kurdistan turc ?” :

    Fort heureusement les soutiens se multiplient à l’époque :

    Les étudiants ont réagi tout de suite… (article du sendika.org, en turc)
    2000 juristes signent un texte et soutiennent les universitaires (texte et signataires, en turc)
    Les écrivains apportent leur soutien, publient un texte et signent “écrivains pour la Paix”
    “Les photographes pour la paix” disent « Nous voulons être témoins de la paix ! » (en turc)
    Plus de 50 maisons d’édition, ont annoncé d’une voix unanime qu’elles ne seront pas non plus “complices de ce crime”
    Les cinéastes étaient plus de 400 à déclarer leur solidarité.
    Les féministes pour la paix appellent à la signature avec leur pétition (en turc)
    De nombreuses organisations de société civile progressistes et des plateformes de lutte ont également rejoint “la horde de brouillons d’intellectuels, ignares et obscures” comme dit Erdogan…

    Un gouvernement européen va-t-il demain répondre aux exigences du gouvernement AKP et nous poursuivre aussi pour “apologie du terrorisme”, comme la Belgique a répondu en plaçant pour les mêmes motifs en garde à vue Maxime Azadi, un journaliste kurde en Belgique ?

    Depuis, après le putsch raté que l’on sait, après la poursuite des massacres et destructions au Bakur, après l’irruption de l’armée turque en Syrie, accompagnée de supplétifs, après les grandes purges, l’union nationale et l’état d’urgence, la polarisation est telle, que la peur et la haine gagnent plus que la solidarité.

    Et comme les pays européens ne font que défendre leurs frontières face aux réfugiés, et pratiquent la politique de l’autruche, on peut craindre que la résistible ascension d’Erdogan accompagne celle des populismes identitaires et nationalistes européens.

    Alors, amis cinéastes européens, vous dresserez vous demain lorsqu’ils viendront chercher les 443 ?

  • Müjgan Ekin avait « disparu » en garde à vue depuis 2 mois | KEDISTAN
    http://www.kedistan.net/2016/12/26/nouvelles-mujgan-ekin-disparue-liberee

    Müjgan Ekin avait “disparu” en garde à vue depuis 2 mois
    Brèves, Répression d’Etat décembre 26, 2016 Kedistan
    disparu

    Müjgan Ekin, militante féministe, présentatrice et productrice de la chaîne kurde Özgür Gün, et membre du Conseil Municipal de Sur, quartier historique de Diyarbakır récemment rasé, avait “disparu” après sa mise en garde-à-vue à Ankara le 24 novembre.

    Son père Esat Ekin, a annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse organisée dans les locaux du IHD (Association des Droits Humain) que Müjgan a été libérée après avoir subi des tortures pendant 48 jours, à Jerablus.

    Müjgan, libérée curieusement à Jerablus, ville sous contrôle de l’armée turque, a réussi à contacter sa famille par téléphone, le 11 décembre. La famille a pu de nouveau contacter Müjgan, pour confirmer sa libération, seulement le 25 décembre.

    “Vous le savez, nous avions appris que Müjgan avait été enlevée le 24 novembre à Ankara, devant les caméras de sécurité et des témoins. Le Procureur de la République avait été sollicité sans aucun résultat. On nous a fait savoir, qu’elle a été relâchée à Jerablus, après avoir été torturée par la police pendant 48 jours”.

    Son père a transmis le message de Müjgan en soulignant que la plus grande raison de sa libération est le fait que son cas ait été relayé par certains médias et les réseaux sociaux, et qu’elle ait été soutenue par les organisations de société civile et par le peuple. “Si le peuple ne m’avait pas soutenue, vous retrouveriez mon cadavre. Je vous remercie.”

    Le Co-président du IHD Öztürk Türkdoğan en rappelant les disparitions de Hurşit Külter, Taşkın Yasak, et les polémiques qui avaient suivi leur réapparition a ajouté :

    “Je ne veux pas entrer dans des polémiques. Nous ne pouvons qu’être heureux de ne pas constater des cas de disparition sous garde-à-vue dans ce pays. Les cas de Hurşit Külter, Taşkın Yasak et Müjgan Ekin ont démontré que des garde-à-vue non enregistrées se déroulent. Sur ce sujet, le gouvernement doit prendre des dispositions et faire des enquêtes efficaces car il s’agit là des crimes d’état”.

    En effet, lors de ces libérations, plutôt que s’en réjouir, certains avaient questionné sur le “pourquoi” de ces libérations, comme si la règle était pour toutE militantE qui se respecterait la mort en “martyr”. Le Co Président du HDP a voulu célébrer la vie et sa libération, plutôt que céder au culte “des morts en héros” sous la torture, qui a la vie dure.

    Öztürk a également souligné que le sort de centaines de personnes restait encore inconnu à ce jour.

    “Nous demandons les nouvelles de ces disparuEs tous les samedis depuis des années. Notre lutte continuera tant que la Turquie ne remplira pas ses engagements internationaux et que le sort de ces personnes disparues aura été clarifié et les auteurs traduits devant les tribunaux.”

    La famille de Müjgan souligne à juste raison l’importance justement, d’organiser des solidarités pour faire libérer les “otages” et les victimes de disparition en garde à vue, en faisant connaître leurs noms, leurs visages, leur vie, le plus largement possible. Et cela n’est pas valable que pour la Turquie, comme le démontre l’importance des publications sur les réseaux sociaux. Elles prolongent une habitude qui s’était installée dans les années 1980, puis 90 en Turquie de “crier son nom” le plus fort possible et le plus de fois possible lors des arrestations devant témoins.

    Toutes les campagnes de soutien ont donc leur importance.

    Les lettres qu’on envoie aux prisonnierEs otages, même avec la censure, témoignent de soutiens extérieurs et font entrer une flamme à l’intérieur des geôles. Les pétitions, les partages sur les réseaux sociaux, l’établissement de “listes” d’otages, les tours de veille devant les prisons, sont également autant de démarches de fourmis qui peuvent sauver des vies ou contribuer à faire libérer des prisonnierEs, même sous le pire des régimes.

    Nous l’écrivions déjà pour Hurşit Külter, si l’on considère qu’unE défenseurE des droits humains est plus utile pour la communauté humaine, vivantE, plutôt que représentéE mortE dans un cadre en bois, on se doit de tout faire pour arracher des libérations, ou obtenir des nouvelles de “disparuEs”.

  • 443 personnes du cinéma poursuivies pour leur solidarité-Kedistan
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    @Ad Nauseam - Le 5 janvier, 1128 universitaires, “Universitaires pour la Paix” (Barış İçin Akademisyenler ou BAK) avaient signé et publié un texte appelant à la paix, sous le titre “Nous ne serons pas complices de ce crime”. Très rapidement, ces universitaires avaient été pris pour cible par l’Etat : gardes-à-vue, (...)

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