• Indépendance : les Kurdes d’Irak ont commencé à voter
    http://www.lemonde.fr/moyen-orient-irak/article/2017/09/25/independance-les-kurdes-d-irak-ont-commence-a-voter_5190764_1667109.html

    A l’appel du gouvernement régional du Kurdistan irakien, les Kurdes d’Irak ont commencé à voter, lundi 25 septembre, sur leur autonomie par rapport à Bagdad, lors d’un référendum historique qui doit ouvrir la voie à un Etat pour lequel ils luttent depuis près d’un siècle.

    Et le catalans... sont en prison.

  • Ankara et Bagdad renouent le dialogue sur le dos du #PKK
    http://www.lemonde.fr/moyen-orient-irak/article/2017/01/09/ankara-et-bagdad-renouent-le-dialogue-sur-le-dos-du-pkk_5059688_1667109.html

    C’est cependant en lien avec la situation intérieure turque que se trouvait l’un des principaux enjeux de la visite de M. Yildirim en Irak, prolongée dimanche à Erbil, la capitale du #Kurdistan irakien autonome, à savoir l’implantation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la région du mont Sinjar, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Mossoul.

    Menant une guerre émaillée de brèves accalmies contre l’Etat turc depuis 1984, cette organisation a repris en 2015 la lutte armée contre Ankara. Après avoir secouru les populations yézidies kurdophones visées en août 2014 par des massacres de masse perpétrés par l’EI à #Sinjar, les forces du PKK y ont pris racine.

    Massif montagneux isolé au cœur de la plaine mésopotamienne, le mont Sinjar occupe en effet un emplacement stratégique, situé dans le prolongement des régions que le PKK et ses alliés locaux contrôlent dans la #Syrie voisine où ils combattent l’Etat islamique avec le soutien non démenti des #Etats-Unis et de la coalition internationale.

    A Sinjar, l’organisation kurde a pu mettre sur pied des milices locales yézidies, affiliées au PKK et encadrées par des membres expérimentés de l’organisation, souvent originaires de #Turquie. Or, ces groupes armés ont pu bénéficier d’un certain soutien financier de la part du gouvernement central irakien qui se révéla être une source supplémentaire de contentieux entre Bagdad et la Turquie et d’inquiétude pour les autorités d’Erbil qui ont œuvré à rapprocher les positions. « Le rapprochement entre la Turquie et Bagdad est le résultat d’un processus auquel les autorités du Kurdistan irakien ont contribué activement », déclare Safin Dezayi, le porte-parole du Kurdistan irakien.

    La présence du PKK à Sinjar est vue d’un mauvais œil par les #Kurdes d’Irak qui entendent exercer un contrôle exclusif sur cette région et refusent que le PKK y conteste leur influence. Dans cette région ravagée par l’EI et les combats qui l’en ont délogé, les factions kurdes présentes à Sinjar voient ainsi leurs rivalités locales entrer dans le prolongement des rapports de force entre puissances régionales. « Le gouvernement régional du Kurdistan et la Turquie souhaitent la même chose à Sinjar : le départ du PKK et le passage des forces locales affiliées par le PKK sous le contrôle d’autorités reconnues et légitimes. Nous pensons que le gouvernement central irakien est sur une position similaire », indique M. Dezayi.

    #Irak

  • En Irak, l’imam qui a sauvé son village de l’EI
    http://www.lemonde.fr/moyen-orient-irak/article/2016/12/27/pres-de-mossoul-l-imam-qui-a-sauve-son-village-de-l-ei_5054538_1667109.html

    Quelle histoire !

    Lorsque l’organisation Etat islamique (EI) s’est emparée d’Oumarkan, en juin 2014, les villageois ont vite compris ce qui les attendait. Vingt-sept membres de cette commune proche de Nimroud, l’antique capitale de l’empire assyrien, ont disparu dès les premiers jours, selon plusieurs habitants. « On ne les a jamais revus, dit Haidar Abdullah Haidar, un paysan de 36 ans. Plus tard, ils ont tué mon cousin et sa femme : ils les accusaient d’être des chiites. »

    Oumarkan comptait, avant l’arrivée de l’EI, quelque 500 familles chabaks, une minorité irakienne répartie dans une dizaine de villages de la plaine de Ninive et présente à Mossoul. « Certains disent que nous sommes des Kurdes, d’autres des Arabes. Ça n’est pas très clair. Et pour la religion non plus… », dit en plaisantant Haidar Abdullah, qui s’est réfugié mi-novembre, à la libération de son village, au camp de Khazer, au Kurdistan.

    Les Chabaks parlent l’arabe et le kurde, ainsi que le gorani, une langue iranienne. Ils peuvent se reconnaître comme chiites ou sunnites selon l’époque, les influences extérieures et leurs intérêts. Leur fond cultuel est un mysticisme lié, en apparence seulement, au chiisme : ils révèrent Ali, le premier imam chiite, et sa descendance comme une incarnation du sacré sur Terre, parmi d’autres.

    L’EI n’a pas le goût de ces nuances. « Ils ont dit : vous êtes des Chabaks, vous êtes donc tous chiites », raconte l’imam du village, Nadim Souleiman Hassan. Pourtant, certaines familles n’ont pas fui : une centaine selon Haidar, 70 selon l’imam. « Nous avons déchiré nos livres et nos Corans imprimés en Iran, brûlé nos photographies du mausolée d’Ali [le principal lieu saint du chiisme, situé à Nadjaf, en Irak], et nous sommes restés », dit Haidar Abdullah.

    Les Chabak se proclament alors sunnites. Et si l’EI a été dupe – ou a bien voulu les croire –, ce fut grâce à un homme : l’imam. « J’ai dit aux gens de Daech [acronyme arabe de l’EI] : je suis sunnite et le village aussi, raconte Nadim Souleiman. J’ai construit la seule mosquée du village il y a vingt ans. »

    L’imam est sincèrement choqué lorsqu’on lui rapporte que des villageois chabaks se revendiquant du chiisme ont affirmé qu’il avait menti à l’EI pour les sauver : « Ils sont devenus chiites ? Mais depuis quand ? » Même ces jeunes hommes que l’EI avait exécutés dans les premiers jours : « Ils avaient étudié le Coran avec moi, ils étaient sunnites ! »

    C’était le sacerdoce de Nadim Souleiman : depuis vingt ans, il s’efforçait de convertir le village au sunnisme. Des jeunes du village, reconnaît l’imam, s’étaient rendus en pèlerinage à Nadjaf, « pour se divertir… Mais ils n’y comprenaient rien ». Une salle de prière plus ou moins chiite – les Chabaks n’ont traditionnellement pas de lieux de culte – avait ouvert au village. « L’EI l’a détruite », lâche-t-il, laconique.

    Les djihadistes ont chassé Nadim Souleiman de sa mosquée et nommé un autre imam, mais ils ne l’ont pas inquiété. « Ils ont fouillé six fois nos maisons, ils les ont pillées et ont volé nos voitures », dit Raad Khalil Ismael, ouvrier de 38 ans. Haidar Abdullah a été arrêté par des hommes encagoulés – peut-être des voisins des villages arabes, estime-t-il – et torturé durant huit jours. « Nous allions aux enterrements, même à ceux des combattants de l’EI, par obligation », ajoute Haidar Abdullah. Quelques voisins sunnites leur ont secrètement fait part de leur compassion. « Mais ils ne pouvaient rien faire », dit Chakar Jemil Haidar, 67 ans.

    Les Chabaks réfugiés à Khazer n’envisagent pas de revenir chez eux avant la fin de la bataille de Mossoul. Ils craignent des raids de représailles, des vengeances. « Nous ne pourrons plus vivre près des autres villages, craint Chakar Jemil. Il nous faudrait construire un mur autour d’Oumarkan… » L’imam Nadim Souleiman trouve l’idée risible. En fait, l’EI a peut-être ruiné l’œuvre de sa vie. Les villageois sont écœurés. Nadim devra les convaincre que l’islam sunnite n’a rien à voir avec la barbarie de l’EI.

    A la faveur de la guerre contre l’EI, deux milices chabaks se sont formées, l’une est parrainée par les autorités kurdes et l’autre par des milices chiites. La seconde a semé des drapeaux à l’effigie de l’imam Hussein dans les villages sunnites libérés par l’armée irakienne. Elle s’est déployée à Oumarkan.