• Müjgan Ekin avait « disparu » en garde à vue depuis 2 mois | KEDISTAN
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    Müjgan Ekin avait “disparu” en garde à vue depuis 2 mois
    Brèves, Répression d’Etat décembre 26, 2016 Kedistan
    disparu

    Müjgan Ekin, militante féministe, présentatrice et productrice de la chaîne kurde Özgür Gün, et membre du Conseil Municipal de Sur, quartier historique de Diyarbakır récemment rasé, avait “disparu” après sa mise en garde-à-vue à Ankara le 24 novembre.

    Son père Esat Ekin, a annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse organisée dans les locaux du IHD (Association des Droits Humain) que Müjgan a été libérée après avoir subi des tortures pendant 48 jours, à Jerablus.

    Müjgan, libérée curieusement à Jerablus, ville sous contrôle de l’armée turque, a réussi à contacter sa famille par téléphone, le 11 décembre. La famille a pu de nouveau contacter Müjgan, pour confirmer sa libération, seulement le 25 décembre.

    “Vous le savez, nous avions appris que Müjgan avait été enlevée le 24 novembre à Ankara, devant les caméras de sécurité et des témoins. Le Procureur de la République avait été sollicité sans aucun résultat. On nous a fait savoir, qu’elle a été relâchée à Jerablus, après avoir été torturée par la police pendant 48 jours”.

    Son père a transmis le message de Müjgan en soulignant que la plus grande raison de sa libération est le fait que son cas ait été relayé par certains médias et les réseaux sociaux, et qu’elle ait été soutenue par les organisations de société civile et par le peuple. “Si le peuple ne m’avait pas soutenue, vous retrouveriez mon cadavre. Je vous remercie.”

    Le Co-président du IHD Öztürk Türkdoğan en rappelant les disparitions de Hurşit Külter, Taşkın Yasak, et les polémiques qui avaient suivi leur réapparition a ajouté :

    “Je ne veux pas entrer dans des polémiques. Nous ne pouvons qu’être heureux de ne pas constater des cas de disparition sous garde-à-vue dans ce pays. Les cas de Hurşit Külter, Taşkın Yasak et Müjgan Ekin ont démontré que des garde-à-vue non enregistrées se déroulent. Sur ce sujet, le gouvernement doit prendre des dispositions et faire des enquêtes efficaces car il s’agit là des crimes d’état”.

    En effet, lors de ces libérations, plutôt que s’en réjouir, certains avaient questionné sur le “pourquoi” de ces libérations, comme si la règle était pour toutE militantE qui se respecterait la mort en “martyr”. Le Co Président du HDP a voulu célébrer la vie et sa libération, plutôt que céder au culte “des morts en héros” sous la torture, qui a la vie dure.

    Öztürk a également souligné que le sort de centaines de personnes restait encore inconnu à ce jour.

    “Nous demandons les nouvelles de ces disparuEs tous les samedis depuis des années. Notre lutte continuera tant que la Turquie ne remplira pas ses engagements internationaux et que le sort de ces personnes disparues aura été clarifié et les auteurs traduits devant les tribunaux.”

    La famille de Müjgan souligne à juste raison l’importance justement, d’organiser des solidarités pour faire libérer les “otages” et les victimes de disparition en garde à vue, en faisant connaître leurs noms, leurs visages, leur vie, le plus largement possible. Et cela n’est pas valable que pour la Turquie, comme le démontre l’importance des publications sur les réseaux sociaux. Elles prolongent une habitude qui s’était installée dans les années 1980, puis 90 en Turquie de “crier son nom” le plus fort possible et le plus de fois possible lors des arrestations devant témoins.

    Toutes les campagnes de soutien ont donc leur importance.

    Les lettres qu’on envoie aux prisonnierEs otages, même avec la censure, témoignent de soutiens extérieurs et font entrer une flamme à l’intérieur des geôles. Les pétitions, les partages sur les réseaux sociaux, l’établissement de “listes” d’otages, les tours de veille devant les prisons, sont également autant de démarches de fourmis qui peuvent sauver des vies ou contribuer à faire libérer des prisonnierEs, même sous le pire des régimes.

    Nous l’écrivions déjà pour Hurşit Külter, si l’on considère qu’unE défenseurE des droits humains est plus utile pour la communauté humaine, vivantE, plutôt que représentéE mortE dans un cadre en bois, on se doit de tout faire pour arracher des libérations, ou obtenir des nouvelles de “disparuEs”.