• #Sarah_Ditum trouve révélatrice la quasi-absence de débat public sur ce qui fait un « vrai homme »
    http://tradfem.wordpress.com/2017/03/30/sarah-ditum-trouve-revelatrice-la-quasi-absence-de-debat-public-s

    Je n’ai jamais tenté d’être un homme, mais la journaliste américaine Norah Vincent en a fait l’expérience durant un an pour son livre Dans la peau d’un homme (Plon, 2007). Elle a découvert deux choses. Tout d’abord, que les gens étaient étonnamment disposés à l’accepter en tant qu’homme sur la base d’une poitrine bandée, d’une coupe de cheveux en brosse, de vêtements masculins et d’une fausse barbe de quelques jours.

    Deuxièmement, elle a constaté que s’il était facile de passer pour un homme, habiter cette catégorie signifiait être soumise à un examen constant : « Quelqu’un évalue toujours votre virilité […] tout le monde est constamment à l’affût de votre faiblesse ou de votre incompétence ». En fin de compte, Vincent a « craqué », issue qu’elle a attribuée aux pressions de son alter ego restrictif.

    La meilleure façon de penser au genre est de le voir comme une sorte d’enfer. Les hommes en occupent le centre, étroit, alors que différents degrés de « non-hommes » s’échelonnent vers l’extérieur en des cercles concentriques, tous peuplés de démons prêts à repousser les déviants dans les rangs ou à exiler les récalcitrants jusqu’à la pénombre des marges. Un homme qui chute hors de la virilité ne peut tomber très loin. Mais, comme l’écrit la chroniqueuse Glosswitch, une femme qui échoue à la féminité vit une double défaite selon cette logique infernale du genre. Elle échoue d’abord à être un homme et, ensuite, à être une femme, condition déjà dépréciée intrinsèquement avant même que l’on se retrouve bannie aux marges extérieures de cet enfer.

    Traduction : #Tradfem
    version originale : http://www.newstatesman.com/politics/feminism/2017/03/its-revealing-there-so-little-public-debate-over-what-makes-you-real-m

    Sarah Ditum est journaliste et écrit régulièrement pour The Guardian, The New Statesman et d’autres publications. Son propre site Web se trouve au https://sarahditum.com.

    #féminisme #vrai_homme #genre #masculinité

  • #Sarah_Ditum : Nous ne pouvons pas avoir un mouvement de femmes si nous ne pouvons nous identifier comme telles
    http://tradfem.wordpress.com/2016/12/29/nous-ne-pouvons-pas-avoir-un-mouvement-de-femmes-si-nous-ne-pouvo

    La page frontispice de l’édition kiosques du National Geographic de janvier 2017 (photo de droite) comporte une omission de taille. Au nom d’une « révolution du genre » annoncée, cette photo de groupe est censée dépeindre la gamme des identités de genre aujourd’hui disponibles, par le biais de sept personnes dont chacune porte une étiquette : « intersexe non binaire », « transfemme », une deuxième « transfemme », « bigenre », « transhomme », « androgyne » et « homme ». Cherchez l’erreur… Comme des féministes l’ont aussitôt noté – mais comme le National Geographic ne l’a pas remarqué, ou ne l’a pas tenu pour remarquable – aucune « femme » n’est reconnue ici.

    La photo comporte évidemment des personnes de sexe féminin (à vue de nez, je dirais que trois de ces modèles sont nées femmes et trois nés hommes), mais la « femme » n’est pas répertoriée comme identité de genre. Elle est effacée. À l’intérieur du magazine se trouvent des articles qui révèlent qu’en fait, le statut d’être féminin est une caractéristique des plus pertinentes. On peut y lire des comptes rendus de la pauvreté et des violences infligées aux filles dans les pays en développement, des pressions que vivent les jeunes étatsuniennes du fait de l’intimidation et de l’humiliation liée à leur image corporelle. On y apprend comment le marché binaire des jouets d’enfants risque d’entraver les fillettes en leur imposant le carcan du rose. En fait, il s’avère que le statut de femme est une question de vie ou de mort, mais, à en croire la page couverture du magazine, ce statut n’est pas une étiquette sous laquelle des gens ont le droit de se rassembler.

    Je suppose que je devrais ici présumer des bonnes intentions de l’équipe du National Geographic. Je tiens pour acquis que cette revue n’a pas délibérément décidé de produire un numéro spécial montrant que les femmes sont exploitées et maltraitées en tant que femmes, tout en annonçant simultanément que la « femme » n’existait pas. Le National Geographic ne fait rien non plus de particulièrement nouveau ou choquant en élidant les femmes en tant que classe : des organisations de défense des droits reproductifs parlent aujourd’hui de « personnes enceintes » plutôt que de femmes afin de se montrer « inclusives », et même des références au vagin peuvent être dénoncées comme « transphobes ». Mais si la motivation explicite de cette couverture avait été de dépolitiser de façon provocatrice tout ce que les pages intérieures ont à dire sur la place des femmes et des filles dans le monde, le patriarcat lui aurait accordé un score parfait pour sa neutralisation d’une menace.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://sarahditum.com/2016/12/28/we-cant-have-a-womens-movement-if-we-dont-call-ourselves-women

    #National_geographic #genre #féminisme #identité_de_genre