• Des treillis dans les labos. La recherche scientifique au service de l’#armée

    Dans une envolée rare, les dépenses militaires européennes ont atteint leur niveau de la fin de la Guerre froide. En #France, troisième exportateur mondial d’armes, le complexe militaro-industriel mobilise #entreprises et #chercheurs civils pour concevoir et fabriquer les armes de demain.
    Grenoble, spécialisée en #semi-conducteurs, constitue le « cerveau de l’armement » national.

    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/des_treillis_dans_les_labos.html
    #armes #industrie_de_l'armement #recherche #Grenoble #complexe_militaro-industriel #exportations #livre

  • Lien Permanent - Fédération Anarchiste
    https://federation-anarchiste.org/?g=Lien_Permanent&b=1_231

    Communiqué de la Fédération Anarchiste à propos de Saint-Imier 2023
    09-08-2023

    La Fédération Anarchiste (F.A.), co-organisatrice des Rencontres Internationales Anti-Autoritaires (R.I.A.A.) de St-Imier du 19 au 23 juillet 2023 s ’ y est impliquée comme convenu par un investissement militant et financier important.

    Cette édition, voulue très ouverte, a rencontré un franc succès au vu du nombre important de personnes présentes ainsi que du nombre et de la qualité des événements proposés.

    Des rencontres de cette ampleur ont évidemment leur lot de dysfonctionnements. La F.A. en a fait particulièrement les frais mais d’ autres graves problèmes concernant la gestion des conflits et l’ organisation globale sont également apparus.

    Certains comportements, bien peu compatibles avec les idéaux libertaires défendus sur ce site historique qui a vu naître en 1872 la première Internationale Anti-Autoritaire et dont ces rencontres étaient un anniversaire, ne doivent pas occulter le succès rencontré et le fait que les idées anarchistes mobilisent de plus en plus de monde.

    Nous reconnaissons les divergences de points de vues et de modes d’ action mais rejetons et dénonçons fermement les méthodes autoritaires parfois utilisées lors de ces rencontres.

    La Fédération Anarchiste se garde bien de réagir à chaud et prendra le temps d’élaborer une analyse politique de la situation.

    VIVE L’ANARCHIE !

    https://seenthis.net/messages/1014052

    • La censure c’est la liberté - OCL - Organisation Communiste Libertaire
      https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3899

      Lors des rencontres antiautoritaires qui se sont tenues à Saint-Imier du 19 au 23 juillet le stand et les militants de la Fédération Anarchiste ont été attaqués physiquement par des personnes s’arrogeant le droit de décider quels étaient les écrits qui avaient leur place dans un salon du livre anarchiste et quels étaient ceux qui devaient subir un autodafé.

      La fédération anarchiste a publié le communiqué suivant [1] :

      LE BERCEAU DE L’ANARCHISME DEVIENDRA-T-IL SON TOMBEAU ?

      La table de presse tenue par les militants-e-s de la Fédération anarchiste francophone dans le Salon du livre des Rencontres internationales antiautoritaires de Saint-Imier 2023 a subi plusieurs agressions (livres volés, déchirés, souillés, brûlés, intimidations, agression physique…).

      Ces actes sont contradictoires avec les principes fondamentaux de l’anarchisme :
      ⁃ La liberté d’expression ;
      ⁃ La lutte contre la religion, toutes les religions, et les pouvoirs théocratiques ;
      ⁃ La solidarité.

      Ils sont dangereux parce qu’ils instaurent une police de la pensée faisant écho aux pires régimes que nous combattons.

      Contre l’obscurantisme et l’intolérance, mobilisons les forces libertaires !

      L’Organisation communiste libertaire condamne une nouvelle fois à ces agissements et affirme son entière solidarité avec les camarades de la FA.

      Cette nouvelle agression n’est pourtant que la suite d’une longue série.

      Quelques exemples :

      Déjà en 2012 à Saint-Imier des vegans s’en étaient pris très « virilement » à un stand qui osait proposer des saucisses. D’autres entendaient imposer à tout le monde les vêtements dont il était correct de se vêtir.

      En 2014 un éditeur, invité au salon du livre libertaire de Lyon était attaqué avec rage par des gens de la CGA pour avoir publié un auteur qui leur déplaisait. Une conférence sur le thème « « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » au centre LGBT de Paris était annulée suite aux menaces liées aux positions critiques de la conférencière vis-à-vis de la GPA.

      En 2016 un débat à partir du texte « Jusqu’ici tout va bien » dans le cadre d’une soirée intitulée « S’opposer au racialisme : discussion » à Marseille au local Mille bâbords était interrompu par un groupe de personnes faisant violemment irruption dans le local dans le but d’empêcher le débat, en hurlant notamment « La discussion n’aura pas lieu ». Résultats : livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée...

      En 2019 dans un local militant de Poitiers des individus enlèvent et brûlent des brochures jugés transphobes, puis taguent le domicile d’une militante féministe venue présenter son livre critiquant le postmodernisme.

      Le 15 juillet dernier, la CNT de Barcelone qui invitait l’association « Féministes de Catalogne » pour un débat dont l’intitulé était « Pourquoi tant de filles ne veulent pas devenir des femmes ? », a vu son local tagué la nuit précédente avec un message qui disait « la transphobie est du fascisme ».

      Au Salon du livre anarchiste des Balkans, du 6 au 9 juillet dernier à Ljubljana, des personnes ont tenté de faire annuler une discussion autour des derniers mouvements sociaux en France, animée par des membres de la bibliothèque anarchiste parisienne Les Fleurs Arctiques en les couvrant d’insultes, en les qualifiant d’agresseurs et en intimidant toute personne qui persistait à vouloir assister au débat.

      Enfin, des représentants de la Fédération Anarchiste Italienne rapportent qu’à Saint-Imier encore, en 2023, lors d’un atelier intitulé « Anarchistes en guerre », les voix exprimant une position différente des organisateurs de l’atelier ont été censurées, menacées, insultées.

      Que ce soit pour interdire Renaud Garcia, René Berthier, Alexis Escudero, Marie Jo Bonnet, Hamid Zanaz ou tel ou tel groupe, la méthode est toujours la même : se parer du titre de libertaire pour mieux le refuser à d’autres en les habillant de toute sorte de « phobes » et de « fascistes ». Ce qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui les gênaient. Nous rappelons que proposer un livre n’est pas une allégeance à son contenu mais une incitation au débat. De débat ces « néo-radicaux post-anarchistes » n’en veulent pas qui considèrent que le lecteur potentiel est à leur image, incapable de penser par lui-même.

      En 2014 suite suite à l’agression précitée à Lyon, le texte Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire était signé par des dizaines d’éditeurs et d’auteurs. Ce passage nous paraît particulièrement d’actualité « Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée. »

      Organisation communiste libertaire
      Août 2023

      Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire
      (décembre 2014)

      Empêcher des débats de se tenir dans des espaces « libertaires » par des menaces en amont ou par des interruptions intempestives (hurlements, coups et menaces de mort), répandre des accusations fallacieuses, pratiquer l’amalgame et l’anathème, inonder de commentaires injurieux des sites « libertaires » qui osent donner la parole aux auteurs mis à l’index, tels sont les comportements auxquels on assiste de plus en plus fréquemment de la part de nouveaux censeurs se décernant à eux-mêmes le label libertaire qu’ils refusent à d’autres.

      Jouant avec une remarquable efficacité sur le sentiment de culpabilité des éditeurs, libraires, animateurs de sites ou de revues et organisateurs d’événements qui craignent plus que tout de se voir décerner des qualificatifs en « phobe », ces censeurs parviennent le plus souvent à leurs fins. Pour préserver une illusoire unité du milieu, beaucoup d’entre nous préfèrent, en effet, éviter les questions qui fâchent.

      Ces pratiques autoritaires nous rappellent les agissements des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui, parlant d’un point de vue de gauche, osaient dénoncer la face sombre de l’Union soviétique. Panaït Istrati, Victor Serge, et bien d’autres en ont fait l’amère expérience.

      La destruction violente d’un repas carné par certains « vegans » intégristes lors des journées libertaires de Saint-Imier en août 2012 est un symptôme de ce nouvel état d’esprit. Plus récemment, en novembre 2014, Alexis Escudero auteur de La reproduction artificielle de l’humain et ses éditeurs (Le Monde à l’envers) invités à débattre au salon du livre libertaire de Lyon ont été violement attaqués, événement qui fait écho à l’annulation d’une conférence de Marie-Jo Bonnet sur le thème « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » prévue le 9 décembre 2014 au centre LGBT de Paris en vertu de menaces liées à ses positions en défaveur de la GPA.

      Face à ces récents événements, nous estimons ne plus pouvoir continuer à nous taire devant ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons manger, boire, lire ou penser. Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée.

      Ont signé :
      Éditions Acratie ; Éditions Le Coquelicot ; Éditions de la Pigne ; Éditions de la roue ; Éditions Rue des Cascades : Éditions Le Monde à l’envers ; Éditions libertaires ; Collectif Lieux communs ; Éditions Le Pas de côté ; mensuel Courant alterna- tif. Gérard Amaté (auteur) ; Jacques Baujard (Librairie Quilombo) ; Xavier Beckaert (auteur de Anarchisme. Violence, Non- violence, éditions du Monde libertaire) ; Pascal Bedos (site @narlivres) ; Venant Brisset ; Marie-Claire Calmus (Chroniqueuse à la revue l’Emancipation et auteure des Chroniques de la Flèche d’Or.) ; Jutta Bruch ; Éric B Coulaud (créateur et animateur du site Éphéméride anarchiste) ; Éduardo Colombo (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Christian Calvi ; Loïc Debray (co-auteur de RAF-Fraction armée rouge, L’Échappée) ; Jean-Marc Delpech (auteur de Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur, Atelier de création libertaire) ; Jean Claude Driant (membre de l’association et des éditions CRAS) ; Jean-Pierre Duteuil (auteur de Mai 68 un mouvement politique Acratie) ; Felip Equy (militant libertaire) ; Jean Pierre Garnier ; Daniel Guerrier (Éditions Spartacus) ; C. Gzavier (co-auteur avec JW de La tentation insurrectionniste (Acratie 2012) ; Annie Gouilloux (traductrice de Lewis Mumford pour les éditions de la Roue et les éditions de La Lenteur) ; François Heintz ; Jean-Michel Kay (éditions Spartacus) ; Jean-Michel Lebas ; Jean-Pierre Lecercle ( édi- tions Place d’Armes) ; Alain Léger (libraire et éditeur) ; Hugues Lenoir (Groupe commune de Paris-FA, collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Bernard Marinone (CNT Energie) ; Philippe Pelletier (groupe Makhno-FA) ; Serge Quadruppani ; Marie-Christine Rojas Guerra (Chroniques syndicales sur Radio libertaire) ; Gilbert Roth (CIRA Limousin) ; Anne Steiner (auteur de Les En-dehors, L’Échappée 2008, collaboratrice du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Christophe Soulié (auteur de Liberté sur paroles chez Analis) ; Azucena Rubio (militante libertaire) ; Annick Stevens (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Pierre Thiesset (éditions Le Pas de côté) ; Catherine Thumann (collaboratrice de la presse indépendante) ; Marc Tomsin (Rue des Cascades) ; Matias Velazquez (membre du CIRA Marseille et CIRA Limousin) ; Jacques Wajnsztejn (auteur de Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme. (Acratie 2014) et membre du comité de rédaction de la revue Temps critiques)

    • l’usage ici du terme autodafé fait appel aux sentiments, mais il est stupide. que deux ou trois livres soient brûlés pour exprimer le refus qu’ils soient diffusés dans un endroit avec ces coordonnées politiques précises (?) n’a rien voir avec le fait d’organiser un ou des autodafés sur la place publique d’une masse de livres dont on persécute réellement les auteurs, les éditeurs, les diffuseurs et les lecteurs. ici, la seule possibilité pour que de tels livres soient présents aurait été qu’il fasse l’objet d’un échange contradictoire, pas juste bazardés comme des marchandises politiques. or les bêtises de la FA ne sont ni sacrées ni uniques.
      l’acte pourrait en revanche être rapproché de ce que font des fafs (et des allumés) ici où la avec le Coran, si et seulement si les livres en question se voyaient attribuer une valeur « sacrée » par des croyants. ou alors c’est que l’on sacralise n’importe quel propos, mais dans ce cas là, de nouveau, il faut savoir (enquêter) de quel n’importe quoi, de quel sacré, on cause. en parler, pas juste dire « on a le droit de le vendre »

      perso, je plaide également coupable. à la sortie du Manifeste con. (dont j’ai diffusé le pdf à petite échelle à titre de doc) j’ai insisté auprès de libraires pour qu’il ne soit pas mis en vente dans leur commerce.

    • La référence historique à l’autodafé n’est, certes, pas très adaptée pour les raisons que tu donnes (et peut-être, en est-il de même quand à la référence au stalinisme – allez, contextualisons !).

      Savoir si la FA avec sa propagande, (la FA étant, si j’ai bien compris, co-organisatrice de l’événement) a ou n’a pas sa place en ce lieu - voire, si elle a sa place dans la grande famille anarchiste - me semble être une problématique qui relève du plus profond ennui.

      Encore une fois, ce qui est en jeu ici, c’est de savoir s’il va falloir s’habituer à des pratiques militantes qui semblent s’imposer en employant les méthodes les plus expéditives, pour traiter les contradictions (internes ?) et accepter ces méthodes, au nom de justifications plus ou moins fumeuses.

      Le texte de l’OCL, à mon avis, dénonce cela avec beaucoup de pertinence.

      Pour en revenir au contexte particulier de St Imier, prendre un peu de recul et te répondre @colporteur : le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé. Quel que soit le livre.

      Il n’y a rien de sacré, là-dedans. C’est juste pouvoir s’assurer les conditions d’une pratique élémentaire de la critique.

    • toujours pas raccord. la liberté du commerce permet déjà bien assez d’accéder à des textes craignoss. si un échange collectif (analyse, confrontation) n’est pas annoncé, un salon du livre politique n’a pas de raisons de diffuser un livre qui pose des problèmes politiques rédhibitoires. un texte qui doit être débattu pour son actualité, la confusion qu’il sème, les dangers qu’il fait courir, on le photocopie, on le scanne, on en fait circuler le pdf, et pour cette petite circulation (hors commerce) on se garde bien d’aller en voler des piles (sauf directement chez l’éditeur), de manière à pourvoir l’expertiser (faire l’expérience de sa lecture et en rendre compte).
      est-ce que la liberté du commerce aurait du aller jusqu’à la diffusion de dvd du filme covid-négationnsite Hold-up ? je ne crois pas. les défenseurs de « lois de la nature » supposées borner la politique, les bouffe curés qui contribuent à une « critique de l’islam » persécutrice, sous couvert d’anarchisme, c’est pour le moins dispensable. sauf encore une fois à traiter leurs thèses en objet politique, pas en support de commerce (sans quoi on tombe dans ce tout est permis où rien n’est possible).
      quand c’est pas le cas, rien d’improbable à ce que la confrontation politique évacuée resurgisse.
      il ne s’agit pas de savoir si la FA ou tel ou tel groupe a sa place dans ce machin, mais plutôt comment tel ou tel groupe y prend place, et ce qui peut ou doit être refusé.

    • Effectivement, pas du tout mais pas du tout d’accord. J’ai l’impression qu’on tourne en rond genre dialogue de sourd. C’est pas grave ; normalement le désaccord devrait faire partie des conditions de la pratique révolutionnaire ;-)

    • le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé

      Ça il me semble que @colporteur n’a jamais dit le contraire, ya bien un accord là dessus.

      Seulement « diffusé » ça dit pas comment. Si un ouvrage dont on sait qu’il est possiblement problématique nécessite de la critique, on peut le photocopier, ou faire des arpentages à plusieurs, etc. Mais là est-ce ok de vendre et laisser vendre des bouquins problématiques parmi d’autres, tout mélangé sur le même plan, comme si tel bouquin très critiquable était sur le même plan que tel autre émancipateur ?

      La diffusion pour la critique uniquement (quand bouquin très problématique), et la diffusion pour le soutien (et la critique bien sûr, même quand on soutient), bah c’est pas censé être la même diffusion non ? (sauf à la Fnac, mais là on parle pas de la Fnac).

    • excuse moi mais quand un livre est préfacé par Onfray (Franc Tireur), il y a déjà comme un problème.

      Il ya donc deux livres vendus par la FA qui ont fait l’objet du différent. si j’ai bien compris, la FA s’est refusée à ce que les thèses de ces livres soient livrées au débat. sans débat, eh bien une confrontation a eu lieu et les contradictions se sont exprimées. tant mieux ! cela aurait pu prendre d’autres formes, ça n’a pas été le cas. les anars ont qu’à mieux s’organiser, bien qu’il ne soit pas facile de confronter des points de vue diamétralement opposés, ce qui demande à ce que chaque partie y mettent des formes (par exemple et entre autre, en n’apportant pas ces bouquins pour les vendre).

      Un voile sur la cause des femmes, de René Berthier (anarcho-syndicaliste ex meuble ["membre", voulais-je écrire, car je ne cherchais pas à le disculper par avance, ne sachant rien de lui] du bureau de la CGT du livre)
      https://ripostelaique.com/un-voile-sur-la-cause-des-femmes.html

      Mais j’ai savouré particulièrement un passage, intitulé : « La République française ? Génial ! ». René narre une anecdote. Il voit, en 2004, lors d’une manifestation parisienne s’opposant à la loi qui se prépare contre les signes religieux, dont le voile, à l’école, une voilée avec une pancarte : « Notre constitution, c’est le Coran ». Et c’est alors que cet anarchiste, pour qui, comme tous ses camarades, l’expression « République » est un gros mot, ose écrire ces mots que je n’avais jamais lu chez un adepte de Bakounine : « Je me suis senti tout-à-coup un fervent partisan de la République française, de ses institutions, et de l’idéologie révolutionnaire qui les sous-tendent ».
      Finissant son chapitre, il exécute celle qu’il appelle « la petite conne » : « Grâce à la République française, dont elle fustige la Constitution, elle ne pourra pas se voir interdire l’exercice d’un métier si elle a envie de l’exercer, elle pourra voyager même si son mari n’est pas d’accord, elle ne sera pas obligée de se marier si elle n’en a pas envie, elle ne pourra pas se faire foutre à la porte de chez elle si un soir elle a la migraine, elle pourra même épouser un non-musulman, elle n’aura pas à se taper la présence de trois co-épouses, elle pourra témoigner au même titre que n’importe quel homme. Si elle en a marre de son mari, elle ne sera pas lapidée à mort parce qu’elle se sera offert un petit écart de conduite. Si elle en a vraiment marre de son mari, la garde de ses enfants ne sera pas automatiquement confiée à son ex. La petite veinarde aura juste à affronter toutes les inégalités – de salaire, d’avancement professionnel, à l’embauche, etc. – que subissent ses consoeurs qui elles, ne portent pas le voile. Quelle chance ! »
      Pierre Cassen

      Confus : Zanaz, « L’impasse islamique »
      https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Confus-Zanaz-L-impasse-islamique

      Les Éditions libertaires sont souvent mieux inspirées (voir ci-dessous). Sans doute ont-elles senti qu’elles s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication de leur livre L’Impasse islamique, elles ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge (CQFD), Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont illico refusé. D’où une lettre circulaire assez aigre accusant tout ce petit monde d’être « comme par hasard » des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Ah, le grand complot marxiste – on avait failli l’oublier celui-là – explique bien des choses ! Plus sérieusement, les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… Expliquons-nous.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages et ce qui se publie d’autre (et de contradictoire) par ailleurs sur ces questions chez les anars (et au-delà), le tout dument introduit oralement quitte à ce que ce soit à deux voix si personne ne se sent de rendre compte des deux tendances, courants, angles de vue.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages [...]

      Pourquoi pas ? On pourrait aussi imaginer un atelier sur les « verts-bruns » en tant que figure repoussoire des partisans du productivisme industriel ou encore un autre atelier sur l’émergence de différentes formes de mystisme dans les milieux contestaires... Les thèmes d’ateliers ne manquent pas. Cela aurait été déjà bien mieux que ce qui s’est passé ! Mais ce n’est pas un hasard que le débat ne se soit pas déroulé ainsi en ce lieu.

      Je ne défends ni ne condamne « le contenu problématique » de ces livres. J’en suis totalement incapable, en dépit de mon aversion pour M. Onfray, dont le discours a sensiblement évolué au fil des ans (je ne sais pas de quand date cette préface). Je suis incapable de porter un propos construit sur ces putains de bouquins parce que je ne les ai pas lus ! Les recensions ou autres articles trouvés sur le web ne me suffisent pas pour me faire une opinion et pour m’exprimer à leur sujet. Encore plus s’il s’agit de laisser un point de vue sur le web.

      Pour autant, je défends le principe élémentaire que l’éditeur de ces livres (la FA) puisse les diffuser sur son stand dans une foire anarchiste. Et cette position n’a rien à voir avec la défense du petit commerce. Cela signifie encore moins que je n’ai pas d’avis sur le racisme, l’islamophobie, l’antisémitisme... (je me suis exprimé à plusieurs reprises, notamment ici, sur ces questions).

      Dans un rassemblement anarchiste, organisé notamment par la FA, il me semble logique qu’il y ait un stand de la FA qui présente ses publications, y compris celles « qui pose des problèmes de contenu ». Il y a là une question élémentaire de cohérence interne qui aurait du être traitée en amont, surtout si le caractère problématique des publication semblait identifié depuis longtemps.

      Je ne suis pas allé à St-Imier, pas plus que je ne vais à la fête de l’huma (la dernière fois remonte à 1973 pour voir les who) : je déteste ce genre de rassemblement.

      La question n’est pas là.

      Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

    • Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

      Dans le même temps, je suis aussi d’accord avec toi, ayant tenté (avec Aude) des dialogues (de sourds ?) lors de la sortie de « La reproduction artificielle de l’humain », où il y a eu le même genre de blocage à la discussion. L’auteur du livre étant d’ailleurs venu par ici un moment. Mais pas que d’un côté, ya des gens qui n’ont pas lu le livre comme tu le dis, juste des extraits montés en épingle, et de l’autre PMO et consorts n’ont fait que surenchérir dans le masculinisme, le fantasme de complot LGBT généralisé, l’anti féminisme, et surtout avec une morgue ironique et pleine de sous entendus permanente. Aucun effort de vrai débat contradictoire, donc, fut-t-il « musclé », tendu, mais en échangeant des arguments, pas des invectives.

    • Il y a quasi 10 ans donc, avec presque les mêmes phrases que toi @cabou :
      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/mise_au_point.html

      L’auteur s’inscrit dans la tradition littéraire du pamphlet. Sans doute, certaines « blagues » ou règlements de compte – d’ailleurs périphériques dans le raisonnement – étaient dispensables. Vu les réactions de certaines personnes, nous constatons que nous avions sous-estimé l’incapacité du mouvement libertaire à assumer des désaccords en son sein et à mener sereinement les débats qui s’imposent, et par conséquent sous-estimé également la violence que ressentiraient des personnes à la lecture de certains passages du livre. Il n’était pas dans notre intention d’exercer une violence envers des personnes : nous pensions que le livre réussirait à déclencher un débat plutôt qu’une guerre de positions. Cette crispation nous interpelle, car nous pensons que dans les années à venir le mouvement pour l’Emancipation va devoir affronter d’autres clivages qui le traversent.

      Le débat sur la forme de l’ouvrage a trop occulté les questions de fond qu’il soulève, et qui ont motivé notre intérêt pour sa publication : marchandisation de l’humain, eugénisme, appropriation des corps par les experts et les médecins, émergence du courant transhumaniste d’une part ; influence de la philosophie post-moderne sur la gauche d’autre part. Questions qui, pensions-nous, intéresseraient au premier chef les féministes, les anarchistes et les anti-capitalistes ; sachant que ce livre n’a jamais été pensé comme la référence sur la question mais comme une prise de position, donc une invitation au débat.

      […]

      Mais la question reste ouverte : comment « converger » sans se réduire au plus petit dénominateur commun ? Comment faire pour que la « convergence des luttes » ne soit pas juste un slogan qui étouffe les critiques et les visions divergentes, un synonyme de « Viens te ranger sous mon drapeau, ça va bien se passer » ? Comment, au final, reconnaître un « droit de tendance » aux différentes composantes du mouvement pour l’Émancipation ?

      Certains groupes et certaines personnes sont spécialisés dans le consensus (parfois trop), d’autres dans le dissensus (parfois trop). Nous n’allons pas faire ici la leçon aux uns ou aux autres, non merci ; par contre nous estimons que le rôle d’une maison d’édition de lutte comme la nôtre est d’assumer les deux tâches : nourrir la réflexion critique aussi bien que les solidarités concrètes.

      Aucun des livres que nous avons publiés n’est parfait. La reproduction artificielle de l’humain ne l’est pas non plus. S’il fallait l’éditer aujourd’hui nous l’éditerions ; et nous ne l’éditerions pas de la même façon. Certaines choses n’y figureraient probablement pas, d’autres qui n’y sont pas y figureraient, et certaines choses ne seraient pas écrites de la même façon.

      On a pas beaucoup avancé hein ?
      (D’aucuns diraient on a reculé dans le non-débat sur tous les sujets, la prostitution, le décolonial, la transidentité, etc)

    • Et du coup, bien sûr chez @pmo, le compte-rendu détaillé de Tomjo (donc anti queer, ironique voire insultant, polémique, etc) :
      https://seenthis.net/messages/1015989
      https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/mes_vacances_a_saint-imier.pdf

      4 Queer, c’est ainsi qu’on nommera plus tard les assaillant-es, et c’est ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes (on est au moins d’accord là-dessus) ; bien que certains les appellent les postmodernes, les intersectionnels, les wokes, les bienveillants, les déconstruits – voire les Iels, ou encore La Cinquième Colonne France Inter, mais c’est un peu long. Les résumer est plutôt simple, malgré leurs amphigouris. Il s’agit de groupes activistes débarqués après les artistes contemporains, philosophes et chercheurs en « sciences sociales » qui rabâchent depuis quarante ans que :
      – 1. Les « méta-récits » historiques (Capitalisme, Socialisme, Démocratie, Progrès) étant selon eux coupables d’universalisme colonial blanc hétéronormé, place aux micro-récits individuels et communautaires, subjectifs et spécifiques, des noirs, femmes, gays, trans, animaux, etc. Aux grandes conquêtes matérielles et à la révolution se substituent des micro-résistances « pour des droits », et notamment à la reconnaissance.
      – 2. Conséquemment, de même que c’est le regardeur qui fait l’œuvre (en art contemporain), que l’histoire et le langage passent à la moulinette de la déconstruction (en philosophie), que tout savoir est situé (en sciences sociales), rien n’est plus permanent, délimité ou fini, tout n’est que fluidité et continuité (les espèces, les genres, les formes, les espaces, les faits) grâce à la puissance de l’esprit et de la technologie.

      On ne dira jamais assez les ravages du pseudo-matérialisme dialectique, épicé de nietzschéisme à la mode French Theory, d’où procèdent ces indigences. Ni comment la lutte contre « l’essentialisme » peut servir de couverture à la destruction du langage et de la pensée. Mais comment expliquer à des Personnes en Situation de Différance Mentale que le délire et la folie existent – indépendamment de toute malveillance subjective – et que toute idée poussée à bout, si juste soit-elle, devient folle.

      […]

      Ça commence mal. En dépit de son carnaval de dénégations, qui la dénonce plus qu’il ne la justifie, la Team Care s’apparente à une équipe de vigiles. Un peu flics, un peu juges. La Team Care « repère » et « prévient » jusqu’à de banales « situations d’inconfort », selon des « valeurs » et « discriminations systémiques » qu’elle est seule à avoir validées. - Seule, non. Elle est le pouvoir légal et moraliste (mais usurpé et clandestin) de la faction Queer, dans ce rassemblement qui rassemble finalement assez peu d’anarchistes - même en comptant les punks à chiens – ce qui est bien osé. Nombre d’intéressés se réclamant davantage d’un style de vie anarchique que de l’action anarchiste dont ils ignorent généralement l’histoire et les auteurs. Signe parmi d’autres de son formatage et de son agenda idéologiques tout faits : la Team Care était absente auprès des campeurs le dernier soir, quand une tempête s’est abattue sur la vallée, faisant un mort dans la ville voisine. Ou alors ses membres n’avaient pas suffisamment déconstruit leur ombrophobie (si, si, ça existe. Phobie des éclairs, du tonnerre, etc.).

      […]

      Autre exemple. Une nuit, un slogan apparu sur les murs ordonne : « White hippies, cut your dreads off ». S’ensuit une assemblée, grave et empesée, pour trancher la question – dont toute personne normalement constituée se fout comme de la dernière teinture du dernier influenceur. Un justicier blanc, et anglophone, exige sans sourciller : « We urge white people to cut their dreads off ». Après discussions et conciliabules, la Team Care décide – et de quel droit décide-t- elle ? - que oui, porter des nattes quand on est blanc, c’est raciste. Ce serait de l’« appropriation culturelle » – quand bien même les Gaulois, les Égyptiens, les Francs, les Vikings, les Indiens 6 portaient « de longs cheveux en forme de corde », et jusqu’au frère de Jésus lui-même, Jacques le Juste, qui les avait jusqu’aux chevilles.

      […]

      Plutôt qu’un festival des oppressions, je vois une foire aux ressentis. Chacun son ressenti, hein, son petit ressenti à soi, minuscule et inintéressant, mais qu’on expose partout et au nom duquel on réclame de la visibilité, de l’écoute et des droits.

      […]

      A force de bienveillance et de care, les ateliers glissent vers le développement personnel, le coaching, si ce n’est la gourouterie new age. Un « Cercle de parole en mixité choisie Neuro Atypique/psychiatrisé.e.s [se penche sur] nos rapports aux milieux militants et aux communautés anarchistes. » Un autre sur « La nécessité de l’autodéfense psychoémotionnelle » entend « affronter la domination intériorisée et la soumission ». Pendant qu’une discussion sur les ravages de STMicroelectronics, une méga-entreprise de semi-conducteurs, peine à réunir onze personnes, une soixantaine d’autres se rassemblent à quelques mètres pour un atelier « Résilience somatique » - merci d’apporter son tapis de yoga

      […]

      Leurs penchants charitables substituent à la lutte contre l’exploitation et l’aliénation celles contre la « pauvreté » et « l’exclusion », devenues aujourd’hui luttes contre les « dominations », les « discriminations », les « violences », les « agressions » et « micro-agressions ». A l’opposition exploiteur/exploité, ils substituent celles, morales et inconséquentes, de riche/pauvre, dominant/dominé, agresseur/victime. L’opposition du méchant dominant-agresseur, qu’il faut conscientiser, rééduquer, éveiller, et de la pauvre victime, qu’il faut entendre, soutenir, encourager.

      Pour résumer : la transformation de la société non plus par la lutte politique contre le pouvoir, mais par l’extension du domaine de la bienveillance interpersonnelle – sinon impersonnelle. Un ami qui travaille en psychiatrie me raconte son histoire, devenue classique, de la jeune DRH fraîchement diplômée d’école de commerce, débarquée pour jouer la cost killer. Quelques heures par-ci, un petit budget par-là, et chaque grignotage inoffensif finit par peser sur la qualité de l’accueil. Une fois le service dégradé et le mal-être généralisé, il est proposé aux salariés des formations sur le « validisme ». Ainsi donc, l’accueil ne se dégrade pas à cause de la politique salariale, mais à cause des absents aux cours de sollicitude.

    • Le compte rendu de PMO confirme effectivement, à la fois les pratiques sectaires de censeurs, l’absence d’une réelle gestion de conflit, ainsi que, de l’autre bord, la critique (faite par PMO) qui souffre comme tu l’indiques @rastapopoulos de sérieux problèmes de posture, notamment par le recours à l’injure catégorique et sans nuance des communautés queer, de propos ouvertement validistes, etc. Bref, une fois de plus, PMO propose un texte qui donne l’envie de fuir à quiconque pourrait être tenté par certaines de leurs thèses, sans les approuver dans leur globalité.

      Tout cela confirme, à titre personnel, que ce genre de « rencontres » (telles que les R.I.A.A.), organisées selon les modalités et avec les composantes, décrites ici ou là, sont totalement contre-productives.

      Bien que me revendiquant sans aucune ambiguïté d’un héritage politique ancré en grande partie dans l’anarchisme, non seulement, je ne trouve dans ces rencontres rien qui m’inciterait à y trouver ma place, mais je considère que ce type d’échéances constitue une dynamique à rebours d’une démarche de lutte révolutionnaire, faite d’action directe contre le capital, le salariat, le travail, l’État, le racisme, le patriarcat, le productivisme industriel, etc.

      À poursuivre ainsi la culture du sectarisme, selon ces méthodes - malheureusement largement partagées - il ne restera bientôt que quelques pelés préoccupés essentiellement à se flairer le trouduc pour savoir si l’autre pelé appartient vraiment « à la bonne tribu ».

      Prenons un peu de recul avec ces faits pour les observer, à partir d’un éclairage théorique que tout anarchiste qui se respecte devrait accepter, que ce soit en partie ou en totalité. Je veux parler de l’éclairage théorique laissé par Bakounine.

      Bakounine, comme tout individu normalement constitué, était profondément pétri de contradictions. Des contradictions, se sont également constituées, très rapidement, au sein de la première internationale, entre deux principales tendances. Je ne reviendrai pas sur ce point, si ce n’est pour constater que, déjà, faute d’une gestion correcte du désaccord politique, c’est l’édifice, dans son ensemble, qui a sombré, après quelques épisodes classiques de guerres de pouvoir. Là-dessus, nous n’avons pas avancé d’un pouce, si ce n’est que, visiblement la guerre interne s’exprime désormais avec la même violence au sein même du "camp anti-autoritaire".

      Contrairement à Marx, le théoricien Bakounine n’a pas laissé une œuvre théorique permettant d’exprimer toujours le plus clairement ses conceptions révolutionnaires. La lecture des 8 tomes des œuvres complètes de Bakounine, composées en grande partie d’écrits fragmentaires, voire de correspondances privées, patiemment reconstituées, notamment par Max Nettlau, puis par Arthur Lehning confirme ce fait.

      On y trouve quantité de pages, dont le contenu historique assez laborieux peut rapidement faire tomber l’ouvrage des mains du lecteur du XXI e siècle. On y trouve aussi – ce qui est nettement plus regrettable – d’insistantes attaques clairement antisémites à l’encontre de Marx. Des attaques dont se sont d’ailleurs désolidarisés certains anti-autoritaires, tels que Anselmo Lorenzo.

      Je soulignerais juste que, sauf erreur de ma part, la connaissance de ces contenus antisémites, déjà totalement indéfendables à la fin du XIXe siècle, ne conduit pas pour autant, les anarchistes à rejeter l’enseignement de Bakounine dans sa globalité.

      Contrairement à Marx, il semblerait que Bakounine a rédigé ses écrits sans considérer que ces documents fragmentaires devaient constituer une œuvre théorique construite, cohérente et homogène. Il s’agissait encore moins d’une production littéraire à visée « scientifique ». Il ne faut pas oublier que Bakounine rédigeait essentiellement ses contributions théoriques à partir des enseignements directement tirés de son intense activité révolutionnaire. Sa pratique révolutionnaire était totalement guidée par une conception matérialiste : c’est avant tout l’action directe des révolutionnaires qui détermine collectivement les contributions théoriques et non l’inverse.

      Rappelons que le clivage entre « anti-autoritaires » et « communistes » (selon les appellations de l’époque) n’étaient nullement le fuit de débats d’idées déconnectées de toute contingences pratiques. L’internationale n’était pas la Sainte Famille.
      Il me semble nécessaire de rappeler que les conceptions anti-autoritaires se sont construites peu à peu par l’expérience concrète, notamment à la suite de déconvenues électoralistes dans lesquelles ont été entraînés les membres suisses de l’Internationale, laquelle donnera lieu à la constitution de la Fédération jurassienne (lire à ce sujet L’internationale de James Guillaume).

      Si l’œuvre globale de Bakounine est parfois déroutante par son manque de construction globale, il n’en demeure pas moins, que le grand révolutionnaire russe, a laissé d’essentielles conceptions théoriques qui gardent toute leur actualité aujourd’hui ; notamment, avec son célèbre « Écrit contre Marx » qui s’est révélé être d’une incroyable acuité anticipatrice pour décrire ce qu’allait devenir le régime Bolchevique, dès les premières années de sa constitution.

      Autre exemple d’un écrit - qui nous ramène aux événements des R.I.A.A. de 2023 – ce passage de Étatisme et anarchie , où il est question de la façon dont les révolutionnaires devraient considérer la problématique religieuse, selon Bakounine. On ne doit pas oublier que ce livre a été rédigé en 1873, soit, dans un contexte où Bakounine a été conduit, quelques années plus tôt, à mener une lutte interne dans le mouvement révolutionnaire de l’époque, notamment en Italie, pour combattre les thèses à forte connotation religieuse de Mazzini.

      Il n’en reste pas moins, que ce texte, pour ce qui me concerne, garde encore en 2023, toute son actualité :

      Aussi bien, attendu que nous sommes des athées profondément convaincus, adversaires de toute croyance religieuse, et des matérialistes, chaque fois qu’il nous arrivera de parler de la religion devant le peuple, nous aurons l’obligation de lui exprimer franchement notre athéisme, je dirai plus : notre hostilité envers la religion. A toutes les questions qu’il nous posera à ce sujet nous devrons répondre honnêtement, et même, lorsqu’il le faudra, c’est-à-dire, quand on pourra en attendre des résultats, on s’efforcera de lui expliquer et de lui démontrer la justesse de nos arguments.
      Mais nous ne devons pas provoquer nous-mêmes de tels entretiens. Nous ne devons pas mettre la question religieuse au premier plan de notre propagande dans le peuple. Le faire équivaut, nous en avons la conviction, à trahir sa cause.
      Le peuple n’est ni doctrinaire ni philosophe. Il n’a ni le temps ni l’habitude de s’intéresser à plusieurs questions à la fois. En se passionnant pour une, il oublie les autres. D’où l’obligation pour nous de poser devant lui la question essentielle dont, plus que de toute autre, dépend son affranchissement. Or, cette question est indiquée par sa propre situation et par toute son existence, c’est la question écono-mico-politique : économique dans le sens de la révolution sociale ; politique dans le sens de l’abolition de l’État. Amuser le peuple avec la question religieuse, c’est le détourner du problème essentiel, c’est trahir sa cause. Cette cause consiste uniquement à réaliser l’idéal du peuple en le corrigeant éventuellement selon les aspirations de celui-ci et en suivant, parce qu’elle sera la meilleure, la direction plus directe et plus courte que le peuple lui-même dictera.

      (Mise en gras faite par moi)

      M. Bakounine – Étatisme et anarchie (1873) Éditions Tops / H. Trinquier p. 372

    • Merci pour le lien, @rastapopoulos j’en étais resté à la première réponse : « ne pas avoir envie de s’écharper », qu’à la fois je comprends (vu le contexte) et qui me semble, effectivement, triste, là aussi. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur ton explication.

    • vu l’arbitraitre qui règne chez @socialisme_libertaire en matière de bonnes manières de s’exprimer, voir https://seenthis.net/messages/1016233), je donne asile ici à deux posts que je supprime là bas

      1/ UN VOILE SUR LA CAUSE DES FEMMES, pdf
      https://niktarace.noblogs.org/files/2019/08/BerthierUnVoileSurLaCauseDesFemmes.pdf

      2/ je ne partage pas sur ce point l’idée dune hiérarchie des sujets, manière souvent commode de justifier des « périodes transitoires » qui laissent précautionneusement (?) sous le boisseau des questions clés dont pratiquement il faut bien, et si souvent mal, se dépatouiller. il me semble qu’une analyse du rôle des religions permet de dépasser les impasses où se particularisent des positions bouffe curés républicaines et anars qui, bousculés par une nouvelle présence musulmane en Europe, ont pour partie méchamment glissé de la déstabilisation moqueuse de dominants (les talas) à la panique identitaire, d’une part, et à l’aristocratisme de supposés affranchis de l’autre. Pourtant,

      La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

      Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur _illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. (1843)

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      #religion #livre

    • merci @colporteur pour lien vers le pdf.

      Je serais probablement allé à Publico pour l’acheter un de ces jours mais grâce à toi je ferai des économies :-)

      Bon, maintenant que je l’ai lu - et uniquement sur le contenu de ce livre - voici mon commentaire : je m’attendais à ce type de propos, où l’on voit des anarchistes « bien de chez nous » reprendre à leur compte un argumentaire laïcard très convenu, en usage dans la bonne société française et ses institutions, à droite comme à gauche, sur « le voile ». Un discours contre lequel j’ai eu à me battre, notamment, à partir de mon expérience professionnelle. Jamais le voile, pas plus que la kippa, les dreadlocks (brunes ou blondes), les maquillages goth, la casquette... portées par le public de jeunes qui venait utiliser des ordis dans l’espace numérique où je bossais, n’a posé le moindre problème de sociabilité ni d’intégration... Par contre je ne compte pas le nombre de grands manitous qui m’ont soûlé avec leurs théories fumeuses sur ce sujet.

      Non, contrairement à ce qui est dit dans ce livre, toutes les personnes qui portent le voile ne sont pas guidées par des fondamentalistes qui tirent les ficelles ; pas plus que le port du voile ne peut pas être considéré de façon unilatérale en tant que « symbole discriminatoire » pas plus qu’il ne représente, une fois pour toutes, « la négation de la femme ». Il s’agit de propos tenus par des personnes qui n’ont visiblement jamais été en contact réel avec cette jeunesse faisant les frais de discriminations racistes réelles. Ces sentences unilatérales contre ce qui serait censé être donné une bonne fois pour toutes comme un signe d’aliénation me sont devenues aussi insupportables que le catéchisme que j’ai subi dans mon enfance ; j’y vois une forme d’idéalisme qui hélas m’a toujours rebuté chez certains de mes compagnons anars. Je suis fatigué d’avoir à répéter cet argumentaire, donc désolé si mon explication est lapidaire... Basta.

      Hier soir et ce matin je me suis déconnecté d’internet pour me noyer dans ma collection de Miles ; ça m’a fait le plus grand bien :-)

      À signaler, quand même, pour terminer sur ce livre, car cela me semble important : il y a deux textes vers la fin (folios 62 et 64 de la pagination imprimée) qui donnent un point de vue contradictoire intéressant. Ne serait-ce que pour cela, le livre vaut d’être lu et diffusé.

      Je suis désormais en mesure de constater que je suis en désaccord avec le contenu global du livre mais je suis toujours également en désaccord avec le traitement qui lui a été réservé à St Imier, comme j’ai eu l’occasion de l’exprimer ici. Je pense avoir suffisamment développé mon propos à ce sujet, inutile de revenir là-dessus.

      Concernant l’attitude inacceptable de @socialisme_libertaire hier ici-même, (en dépit de leur non-réponse) je n’ai rien de plus à dire que ce que je leur ai laissé et qui a été noyé, depuis ce matin, par un flot discontinu de placards publicitaires.

    • @colporteur je me permets d’ajouter à ta citation, une autre traduction du même passage, avec ajout de la phrase suivante. C’est cette version j’’ai lue avec beaucoup de plaisir, parmi de nombreux autres ouvrages « au contenu problématique » qui sont dans ma bibliothèque perso ;-)

      Si je l’ai numérisée, passé en OCR et publiée ici c’est parce qu’il me semble, que cette version apporte un éclairage plus explicite au lecteur français :

      La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit de situations dépourvues d’esprit. Elle est l’opium du peuple.
      L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c’est exiger de renoncer à une situation qui a besoin de l’illusion. La critique de la religion est donc dans son germe la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion.
      La critique a effeuillé les fleurs imaginaires de la chaîne, non pour que l’homme porte la sinistre chaîne dénuée de fantaisie, mais pour qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante.

      Karl Marx – Contribution à la Critique de la philosophie du droit de Hegel – Édition bilingue – Aubier – Préface de François Châtelet

      Ce texte du « jeune Marx » fait partie des textes de rupture avec les milieux philosophiques (hégéliens de gauche) qu’il fréquentait avec Engels. Il n’en reste pas moins encore entièrement enchâssé, par son style et par ses modalités de production, dans la prose philosophique issue de ces milieux-mêmes. C’est d’ailleurs ce qui représente une grande partie du charme de ces « textes de jeunesse ».

      Nul ne reprochera à Marx et Engels le cheminement qu’il ont effectué depuis la critique, faite de l’intérieur, de la philosophie idéaliste jusqu’à leur engagement politique marqué notamment par le « manifeste communiste ». Nul ne leur reprochera ce cheminement, pas plus Bakounine que la totalité des anti-autoritaires de la première internationale. Ce célèbre passage concernant « l’opium du peuple » représente même probablement un élément fédérateur du matérialisme socialiste, si ce n’est de l’histoire « du mouvement ouvrier ».

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      @colporteur Je pense avoir répondu, en partie, à ta question, avec mon message de ci-dessus (après lecture du livre) quand on constate, dans ce livre, qu’une certaine « protestation » laïcarde (fût-elle anarchiste) ne fait rien d’autre que de se glisser dans les habits conventionnels et conformistes de l’argumentaire classique des interdictions portées par l’État et ses prétendants.

      Pour compléter le propos de @rastapopoulos et la remarque de @socialisme_libertaire : certes le mot « hiérarchie » sonne mal dans les oreilles d’un anti-autoritaire, voire d’un révolutionnaire tout court ! Moi aussi je fait partie des gens qui emploie volontiers le terme de « priorité » pour désigner ce qui guide ma logique militante pratique, surtout lorsqu’on constate qu’on ne peut être en permanence « à la foire et au moulin »…

      Mais sérieusement, c’est jouer avec les mots que faire ce type de reproche à @rastapopoulos : prenons une liste de tâches à accomplir et inscrivons chacune d’elles sur une fiche. Appelons-ça comme on veut, mais il faudra bien établir une critère hiérarchique pour savoir dans quel ordre s’y prendre pour traiter les fiches les unes après les autres.

      Pour autant la problématique du religieux, inscrite dans le champ de la lutte sociale, ne relève pas du domaine méthodologique en matière de todo et c’est en cela qu’il me semble important de compléter la remarque de @rastapopoulos et de répondre aussi à @colporteur :

      Le passage de Bakounine que j’avais placé ci-dessus, me semble justement répondre à la difficulté pratique dans laquelle nous nous trouvons depuis une trentaine d’année avec l’émergence de la « problématique » du port de « signes » dits « religieux ». Je pense que nombre de marxistes, marxiens ou toute autre bestiole révolutionnaire, un tant soit peu habité par la matérialité des choses concrètes, ne démentirait pas le propos de Bakounine, sur ce point.

      Il évoque, pour ce qui me concerne, nombre de conversations que j’ai eu avec des camarades pour savoir de quelle façon il fallait se positionner, par exemple dans une démarche syndicale, par rapport aux problématiques religieuses ou identitaires, rencontrées sur le terrain.

      Ce passage de Bakounine dit, en l’occurrence – et c’est peut-être ce qui pourrait le rapprocher de la citation de Marx – qu’en l’état actuel des choses, c’est à dire, tant que nous n’aurons pas réglé en priorité les inégalités sociales, ou plutôt tant que toute problématique discriminatoire ne sera pas intégrée dans la pratique concrète des luttes sociales contre le capitalisme notre rapport au réel sera faussé. Il ne s’agit pas de mettre sous le tapis les croyances religieuses ni de nier leur existence en tant qu’aliénation mais nous devons nous efforcer de ne pas les exacerber, surtout s’il s’agit de reprendre le discours idéologique du pouvoir. Tant que nous ne serons positionné solidement les pieds sur terre, la tête à l’endroit, nous n’arriverons pas à régler les problèmes concrets, qui ne sont rien d’autre que des problèmes créés par des humains.

      Dit autrement : à une ou deux exceptions, la question religieuse ne m’est jamais apparue comme un élément bloquant ou problématique dans mes pratiques militantes concrètes de lutte de classe, alors que j’ai été en contact avec nombre de personnes affichant leur identité, voire une croyance qui n’était pas la mienne. En tout cas, comme je l’ai signalé pour ma pratique professionnelle, la réalité de terrain que j’ai eu ne cadre absolument pas avec l’ampleur que prend cette problématique, telle qu’elle est montrée dans les pouvoirs (État, média, etc.). Il est donc plus que regrettable que des révolutionnaires socialistes – censés être matérialistes - se fassent la chambre d’écho des ces litanies racistes et ségrégationnistes.

      Le pouvoir, la bourgeoisie a toujours exprimé sa haine la plus viscérale et la plus répugnante à l’encontre des « classes laborieuses » (dont le « Lumpenproletariat ») qui lui permette de vivre et de prospérer. C’est toujours le cas aujourd’hui mais ce qui est nouveau, c’est que cette haine de classe se double désormais d’une haine identitaire raciste. Est-il nécessaire d’en dire plus ? Probablement mais, pour ce qui me concerne, je pense avoir, dans ces threads, présenté l’essentiel de ce que je pense sur la problématique.

      Pour terminer ce long message en guise de réponse à @colporteur :
      La vision de « période de transition », qui repose sur un modèle du type « prise du palais d’hiver » n’est absolument pas la mienne. La révolution est souhaitable et nécessaire mais ne pourra pas être autre chose qu’un processus lent et tortueux passant notamment – si elle a lieu, ce qui est loin d’être donné - par nombre de convulsions violentes et insupportables, du fait de la résistance la plus coriace des pouvoirs en place et des contradictions interne au « mouvement » révolutionnaire. Il me semble que ce tableau correspond déjà à ce que nous vivons. Nous ne sommes qu’au début de ce processus. On est loin, très loin de l’image "insurrectionnelle", fût-elle agrémentée de citations latines. De surcroît, plus que jamais, la révolution ne pourra être que planétaire, ce qui complique d’autant les choses...

    • @cabou je ne cherchais pas plus à t’incriminer que @rastapopoulos. pour dire autrement, c’est y compris dans la lutte, au présent et pas nécessairement « plus tard » que le vieux monde que nous portons est mis en chantier. ce monde c’est diverses idéologies, pratiques, dont les croyances et normes religieuses. cette transformation n’est pas une question de volontarisme militant (parfois approprié, souvent gênant). pour le savoir, il suffit d’avoir constaté, par exemple, comment dans des familles musulmanes assez strictes on se retrouve dans la lutte pour les papiers avec des petites ou jeunes filles qui font office de traductrices, lectrices, secrétaires, scribes d’une famille pourtant dotée d’un chef et pas toujours encline à ce que l’éducation des filles comporte de possibilités d’émancipation.
      avec ou sans citations latines, la lutte est pensante, met en cause non seulement la politique qu’elle combat mais ses protagonistes.
      je suis pas certain qu’il faille aimer le fait qu’il n’y ai pas de problèmes ("pas de souci" entend-t-on souvent), ça me semble clôturer indument questionnement et dynamique.

      par ailleurs, pour garder le style plus hégélien de la traduction, j’aime beaucoup cette définition de la religion comme esprit d’un monde sans esprit. elle pointe une dignité à la foi qui devrait interdire qu’on la méprise a priori depuis le dévoilement ou la dénonciation de l’illusion (certes, il y a des cas où le mépris s’impose !). et ce quelques soient les dogmatisations plus ou moins élaborées qui peuvent s’en suivre, un étroitesse d’esprit dont témoigne impeccablement la véhémence caricaturale de « socialisme libertaire » qui après l’invocation des Procès de Moscou a rapido décidé de traiter de flic qui serait en désaccord, ce qui n’est rien d’autre qu’ajouter à la misère.

    • oui, bien sûr, pas nécessairement « remettre à plus tard » mais prendre en compte les réalités de personnes, telles qu’elles sont et non telles qu’on aimerait qu’elles soient, avec tout ce qu’elles peuvent exprimer de contradictions et de difficultés. Si on peut éviter les dynamiques d’échec, sans pour autant faire de l’activisme consensuel pour lui-même et rester sur place, tout le monde s’en portera mieux.

    • Concernant l’épisode Saint-Imier cela n’apporte grand-chose aux points de vue déjà exprimés sur le présent thread, en particulier le mien. Je ne reviens pas dessus.

      Quant au fond, sur « le voile », comme je l’ai déjà signalé plus haut, il y a un problème de posture et d’argumentation idéologique qui le conduit à se retrouver, de façon assez cohérente et non fortuite, en accord avec Cassen, notamment. Et c’est vraiment navrant.

      Il semble difficile à René Berthier de ne pas ranger tout le monde dans le même sac infamant d’ « islamo-gauchiste », sous prétexte que l’on a recours au terme d’islamophobie pour décrire la réalité d’une forme de racisme spécifique, telle qu’elle s’exprime depuis plusieurs décennies en France, notamment à partir des vêtements. Pourtant, au-delà du terme, il y a bien cette permanence d’une discrimination raciste spécifique à l’encontre des musulmans, ou supposés tels, pour laquelle le personnel politique aux commandes de l’État éprouve même les plus grandes difficultés à justifier sur le plan légal :

      https://seenthis.net/messages/1018149

      Un changement de posture, permettrait pourtant à René Berthier de mettre à distance ses préjugés idéologiques, ne serait-ce qu’un instant, pour écouter, par exemple, le point de vue des AED, chargées de faire le sale boulot de mise en oeuvre de la discrimination raciste et sexiste et, surtout, pour écouter comment cette discrimination est vécue par les jeunes elles-mêmes et pourquoi ces personnes ne peuvent que la considérer comme étant ilslamophobe :

      https://seenthis.net/messages/1017843

      Je respecte Berthier pour ses travaux concernant l’histoire de l’AIT, l’anarcho-syndicalisme, l’oeuvre et la vie de Bakounine... mais ce décalage avec le réel, tel qu’il s’exprime avec ce texte, où il n’hésite pas à reprendre à son compte des catégories idéologiques ainsi que les préjugés utilisés par nos pires ennemis pour mener et justifier leur guerre de classe, me semble incompréhensible venant d’un syndicaliste, y compris anarcho-syndicaliste.

  • Nicolas Bonanni, Que défaire ?, 2022 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2022/05/29/bonanni-que-defaire

    Nicolas Bonanni a publié un petit ouvrage intitulé Que défaire ? pour retrouver des perspectives révolutionnaires aux éditions Le Monde à l’envers en mars 2022 (100 pages, 6 euros). Voici quelques extraits de l’introduction.

    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/que_defaire.html

    Les luttes contemporaines sont souvent cantonnées à des résistances contre le libéralisme triomphant et l’extrême-droite carnassière, avec une efficacité pour le moins relative.
    Pour contribuer à sortir de cette position défensive, pour retrouver des perspectives, ce petit livre s’attaque à deux totems de la gauche : la fascination pour la technologie et la centralité de l’État et des élections.
    Appuyé tant sur des exemples actuels que sur l’histoire et les théories du mouvement révolutionnaire, il invite les anticapitalistes à questionner une partie de leur héritage, et à cette fin convoque tour à tour les pensées de Günther Anders, Simone Weil, Cornelius Castoriadis, Ivan Illich, Gustav Landauer, John Holloway, Matthew B. Crawford...

    L’auteur
    Nicolas Bonanni a publié Des moutons et des hommes. Contre l’identification électronique des animaux et des humains (2007), L’amour à trois. Alain Soral, Eric Zemmour, Alain de Benoist (Le monde à l’envers, 2016), Liberté des libéraux et liberté des anarchistes (2020) et Grenoble Calling. Une histoire orale du punk dans une ville de province (avec Margaux Capelier, Le monde à l’envers, 2021). Il collabore occasionnellement à la presse alternative.

    Aussi recensé
    https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2022/05/que-defaire.html

    #gauche #politique #progressisme #défaire #émancipation #Nicolas_Bonanni

  • Nos emplois valent plus que nos vies ? On fait juste notre boulot ?
    https://ricochets.cc/Nos-emplois-valent-plus-que-nos-vies-On-fait-juste-notre-boulot.html

    Cet article aborde plusieurs sujets fondamentaux, vitaux, difficiles et complexes, qui sont rarement abordés par la gauche, les travailleurs et les syndicats. Des questions sur l’emploi, l’industrie et ses ravages, qui devraient tarrauder sans cesse tout anticapitaliste, antiproductiviste et écologiste qui se respecte. Des sujets à creuser pour s’éviter l’enlisement dans les contradictions et pour penser/préparer sérieusement une sortie du capitalisme et de tout productivisme. Car taxer les riches, (...) #Les_Articles

    / #Résistances_au_capitalisme_et_à_la_civilisation_industrielle, #Technologie, Le monde de (...)

    #Le_monde_de_L'Economie
    https://www.partage-le.com/2022/01/22/vive-la-guerre-vive-lemploi-vive-dassault-par-nicolas-casaux
    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/metro_boulot_chimio.html

  • « Toujours pas de dessin de Coco sur l’interdiction de Maus d’Art Spiegelmann, cancelé par les autorités scolaires d’un comté du sud des Etats-Unis ? »

    « Oui mais la cancel culture ! »

    Etats-Unis : un district scolaire bannit le roman graphique sur l’Holocauste « Maus » de son programme
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/etats-unis-un-district-scolaire-bannit-le-roman-graphique-sur-l-holocau


    Le roman graphique « Maus », d’Art Spiegelman, est photographié à Los Angeles (Etats-Unis), le 27 janvier 2022.

    La décision intervient dans un contexte de remise en cause des programmes scolaires dans les Etats conservateurs, qui s’attaquent aux livres traitant de sujets de société clivants comme le racisme ou l’identité de genre.
    Nouvel épisode de la guerre des écoles en cours dans des Etats conservateurs américains. Les autorités scolaires d’un comté du sud des Etats-Unis ont banni le roman graphique sur l’Holocauste au succès planétaire Maus pour son contenu jugé « inapproprié ». Dans ce livre, #Art-Spiegelman raconte les souvenirs de son père rescapé de la Shoah, dans lesquels les juifs sont représentés par des souris, les nazis par des chats. Récompensé par un prix Pulitzer en 1992, une première pour une bande dessinée, #Maus a été traduit en plus de vingt langues.

    Mais son contenu est « vulgaire et inapproprié » pour des collégiens de 13 ans, a estimé le conseil scolaire du comté de McMinn, dans le Tennessee, qui a voté le 10 janvier pour le retirer du programme en attendant de trouver un autre livre sur l’Holocauste. « Il y a un langage grossier et désagréable dans ce livre », a expliqué le directeur du conseil, Lee Parkison, selon le compte-rendu de la réunion. Huit mots vulgaires et une image de femme nue sont concernés.

    « Confusion totale » de l’auteur

    Interrogé jeudi par la chaîne CNN (en anglais), Art Spiegelman a dit avoir été plongé dans une « confusion totale » avant d’"essayer d’être tolérant avec ces gens qui pourraient ne pas être des nazis", mais « qui se sont concentrés sur quelques mots grossiers ». Alors que le 77e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau est marqué jeudi, le Musée de l’Holocauste à Washington a souligné sur son compte Twitter que Maus jouait « un rôle vital » pour l’enseignement de la Shoah « en partageant des expériences détaillées et personnelles des victimes et des survivants ».

    La décision intervient dans un contexte de remise en cause des programmes scolaires dans les Etats conservateurs, qui s’attaquent aux livres traitant de sujets de société comme le racisme ou l’identité de genre. Un autre classique, Beloved de l’Afro-Américaine Toni Morrison, a fait récemment l’objet d’une polémique. Une mère d’élève de Virginie a affirmé que son fils lycéen avait fait des cauchemars après avoir lu le livre, qui raconte l’histoire d’une ancienne esclave choisissant de tuer son enfant pour éviter qu’il subisse les atrocités de l’esclavage.

    https://twitter.com/gunthert/status/1486979404047822853?cxt=HHwWisC96ff456IpAAAA

    Ce qui définit la #censure, c’est l’exercice d’un pouvoir, et donc des invisibilisations bien réelles. La « cancel culture », c’est une blague pour disqualifier des protestations, comme le « on ne peut plus rien dire » répété sur tous les plateaux de télé

    • https://www.ancrage.org/maus-la-bd-culte-sur-lholocauste-bannie-dune-ecole-du-tennessee-pour-une-di

      L’ouvrage, monument de la bande dessinée reconnu pour son intérêt historique, a été interdit au motif qu’il contenait des éléments « inappropriés ». Dans la BD, des souris figurent les juifs, et des chats, les nazis.
      Huit gros mots et l’image d’une femme » dénudée. C’est ce qui a motivé le choix d’une école du Tennessee, aux Etats-Unis, de mettre à l’index la bande dessinée Maus, œuvre majeure d’Art Spiegelman sur l’Holocauste. Après un vote à l’unanimité mi-janvier, les dix membres du conseil d’administration de la McMinn County School ont ainsi banni de leur programme scolaire un livre considéré comme un monument de la bande dessinée historique, récompensé par un prix Pulitzer en 1992.

      « Il y a un vocabulaire grossier et répréhensible dans ce livre », a expliqué le directeur de l’école, Lee Parkinson, en ouvrant la réunion destinée à discuter de l’utilisation de l’ouvrage pour les élèves en fin de collège. Précisant avoir « consulté l’avocat » de l’école, le directeur annonce que « la meilleure manière de corriger ou de maîtriser le vocabulaire dans ce livre est de le modifier de manière à le débarrasser des huit gros mots et de l’image de la femme » qui a fait l’objet de signalement de la part de certains membres du conseil.

      Une position immédiatement soutenue, d’après le procès-verbal de la réunion, par l’un d’entre eux, Tony Allman, qui dénonce un contenu « vulgaire et inapproprié ». « Dans les écoles, en tant qu’éducateurs, nous n’avons pas besoin de permettre, voire de promouvoir, ce genre de choses », estime-t-il, soulignant que le livre « montre des gens pendus, d’autres en train de tuer des enfants ».

      Le livre en question raconte l’histoire du père d’Art Spiegelman, juif polonais ayant survécu à Auschwitz. Son contenu ? Des dessins en noir et blanc où des souris figurent les juifs, et des chats, les nazis, pour raconter l’enfer des camps d’extermination pendant la seconde guerre mondiale. La BD a valu à son auteur une célébrité mondiale et s’est imposée dans plusieurs pays, comme la France, comme un classique du « devoir de mémoire », au point de figurer dans les programmes scolaires.

      Après un long débat sur la suppression des mots jugés répréhensibles par les membres du conseil, ces derniers ont finalement acté qu’une interdiction pure et simple de la BD était préférable, notamment en raison des problèmes liés aux droits d’auteur que posait une modification du texte.
      Plaidoyer pour l’intérêt pédagogique de l’ouvrage

      Deux responsables pédagogiques de l’école, consultés par le conseil d’administration, ont pourtant tenté de convaincre l’assemblée de l’intérêt pédagogique de l’œuvre d’Art Spiegelman pour les élèves. « Il n’y a rien de joli dans l’Holocauste. Pour moi, [ce livre] est une bonne façon de raconter un moment effroyable de l’histoire », insiste par exemple Julie Goodin, ancienne professeure d’histoire. « Je détesterais priver nos enfants de l’opportunité que représente ce livre », plaide-t-elle, estimant nécessaire de préciser :

      « Va-t-on enseigner ces gros mots en tant que mots de vocabulaire en dehors de ce livre ? Bien sûr que non. »

      Elle est soutenue par son collègue Melasawn Knight. Pour ce dernier, l’usage d’un vocabulaire parfois rude était une manière, pour l’auteur, de dépeindre l’horreur de la situation et de faire passer plus implicitement le message. « Nous pensons que c’est un livre précieux, et la plupart des responsables ici présents l’ont lu », relève M. Knight.

      Les arguments sont cependant restés inaudibles pour les membres du conseil. M. Allman répond ainsi qu’il ne « nie pas que c’était [évoquant le génocide des juifs] horrible, brutal et cruel » mais que le livre n’a, selon lui, besoin ni de gros mots ni de « scène de nudité » pour servir son propos. Avant de prétendre qu’Art Spiegelman « faisait les illustrations de Playboy ». « Et nous le laissons faire des illustrations dans les ouvrages destinés à des enfants à l’école primaire », s’interroge-t-il, alors que la discussion porte sur l’usage de la bande dessinée dans le programme des élèves correspondant au niveau 4e.

      « J’entends que les enfants voient pire à la télévision, et peut-être chez eux, mais nous sommes en train de parler de mots qui, s’ils avaient été prononcés par un élève dans les couloirs, lui auraient valu une sanction, et à juste titre, argue M. Allman. Et on continuerait à utiliser ce livre dans notre enseignement quitte à aller contre notre règlement ? »
      « Endoctriner les enfants »

      Un autre membre du conseil, Mike Cochran, abonde. « Nous parlons d’enseigner l’éthique à nos enfants, et ce livre commence avec le père et le fils qui parlent du moment où le père a perdu sa virginité. Ce n’était pas explicite mais c’est là », assure-t-il. « Nous pouvons enseigner l’histoire aux élèves (…), nous pouvons leur dire exactement ce qui s’est passé, mais nous n’avons pas besoin de nudité et de tous ces autres trucs », poursuit-il. M. Cochran fait notamment référence, dans son réquisitoire contre l’ouvrage, aux dessins – les seuls figurant des personnages humains – représentant la lame de rasoir utilisée par la mère de l’auteur pour se couper les veines, et le corps à demi-nu de cette dernière, étendu dans une baignoire après son suicide.

      M. Cochran va plus loin, fustigeant l’intégralité du programme d’études de l’école, qu’il estime conçu pour « normaliser la sexualité, la nudité et normaliser un langage vulgaire ». « Si j’essayais d’endoctriner les enfants de quelqu’un, je ne m’y prendrais pas autrement », conclut-il.

      Comme le souligne le quotidien britannique The Guardian, la phrase trouve un écho particulier dans un contexte où des groupes conservateurs multiplient les campagnes aux Etats-Unis pour expurger les bibliothèques des écoles des livres qu’ils jugent inadaptés – voire dangereux – pour les enfants. Ces livres, dénoncés comme étant « à caractère sexuel » ou « propagent des idéologies radicales », traitent la plupart du temps du racisme, de la cause LGBT (ou tout simplement de l’orientation sexuelle) ou des minorités en général.
      Le Tennessee est « manifestement devenu fou »

      L’auteur de Maus, Art Spiegelman, a réagi sur la chaîne américaine CNBC, se disant « assez déconcerté » par la décision de la McMinn County School. « Je suis resté bouche bée en me disant “Quoi ?” », détaille l’auteur de 73 ans, qui a qualifié le conseil d’administration de l’école d’« orwellien ».

      « J’ai rencontré tellement de jeunes gens qui… ont appris des choses grâce à mon livre »,a regretté M. Spiegelman, pour qui l’Etat du Tennessee est « manifestement devenu fou ». Selon lui, « les choses sont en train de vraiment, vraiment mal tourner là-bas ».

      L’Etat du Tennessee, rappelle CNBC, a, depuis 2000, toujours été remporté par les candidats républicains à la présidence des Etats-Unis. En 2020, Donald Trump avait remporté le comté de McMinn avec près de 80 % des suffrages exprimés.

      D’autres auteurs de bandes dessinées, comme le britannique Neil Gaiman, auteur de la série Sandman, ont vivement réagi sur Twitter. « Il n’y a qu’un seul type de personnes qui voteraient pour interdire Maus, quel que soit le nom qu’elles se donnent ces temps-ci », a-t-il écrit sur le réseau social.

      Le Monde

    • Rat rouge et ligne noire
      https://cqfd-journal.org/Rat-rouge-et-ligne-noire
      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/redrat.html

      Un dicton dit : « Dieu a créé le monde et les Néerlandais ont créé les Pays-Bas ». Et dans ce pays que l’on imagine bien tranquille, un Néerlandais, lui, a créé un rat !
      Au travers d’instants de vie et de luttes, on découvre les péripéties d’un petit rongeur à la naïveté touchante qui évolue dans un monde qui le dépasse.
      Dans cette #bande_dessinée culte, Johannes van de Weert emploie talentueusement la ligne claire et le zoomorphisme pour nous brosser avec humour une fresque méconnue et haute en couleur de trois décennies d’histoire politique et sociale.
      Voici Les aventures de Red Rat

    • Un article concernant la mise à l’index de livres et les pressions subies par les enseignant·es dans certains états :

      Aux États-Unis, l’effrayante chasse aux livres “woke”

      Dans l’opulente banlieue de Southlake, près de Dallas, une guerre fait rage. Le champ de bataille : les écoles, où des conservateurs cherchent à bannir tout ouvrage faisant référence à l’esclavage ou aux discriminations. Une lutte qui pourrait bien embraser le pays, à l’approche des élections de mi-mandat.

      D’abord, les républicains, au pouvoir au Parlement du Texas, ont adopté une loi, en vigueur depuis septembre dernier : elle stipule que les enseignants de l’État doivent s’efforcer de présenter à leurs élèves des « perspectives contradictoires » sur les débats de société. Puis les autorités scolaires de Southlake ont recommandé aux bibliothécaires et aux instituteurs de proscrire les livres « représentant un discours singulier dominant, qui ne peut être contrebalancé par d’autres contenus ». Et en guise d’exemple, une responsable du district scolaire, l’entité chargée de la gestion des écoles locales, a suggéré que des points de vue alternatifs devaient être offerts quand l’Holocauste était abordé en cours…

      Aussitôt, et de peur de subir les foudres de parents d’élèves majoritairement républicains, les enseignants se sont mis à passer leurs livres en revue. Lesquels étaient donc « acceptables » ou pas ? Parmi ceux subitement devenus problématiques, The Hate U Give, sur l’éveil militant d’une jeune Noire, dont l’ami a été tué par un policier blanc lors d’un contrôle. Ou A Good Kind of Trouble, un roman pour enfants dont le personnage principal rejoint le mouvement Black Lives Matter.

      Certains sont allés jusqu’à couvrir des livres de draps ou à les placer derrière un ruban jaune et noir… utilisé pour délimiter les scènes de crime. « Les autorités se plient aux volontés de parents extrémistes qui veulent contrôler tous les aspects de la vie de leur enfant », commente Aaliya Mithwani, une lycéenne d’origine sud-asiatique, membre de la Southlake Anti-Racism Coalition (Sarc), une association locale de lutte contre le racisme.

      “Pro-libertés” cherchent livres à interdire
      Cette réalité n’est pas propre à Southlake. Dans tout le pays, la chasse aux livres supposés « offensants » est devenue le sport favori des groupes conservateurs. À Katy, dans le sud-est du Texas, les autorités du district scolaire ont banni cinq livres LGBT à la suite de plaintes de parents. Dans le Tennessee, des mères se disant « pro-liberté » ont tenté d’en faire interdire des dizaines d’autres – dont un consacré à la marche de Washington orchestrée par Martin Luther King en 1963 pour l’égalité raciale. En Pennsylvanie, un district scolaire a refusé aux enseignants la possibilité d’utiliser des centaines d’ouvrages, de documentaires et d’articles recommandés par une commission de promotion de la diversité.

      Même Beloved, célèbre roman de Toni Morrison (Prix Pulitzer 1988 et Nobel de littérature 1993) évoquant l’esclavage et contenant un langage violent, a suscité en Virginie un débat quant à l’opportunité de le mettre entre les mains des enfants… Et la polémique a contribué à l’élection du républicain Glenn Youngkin comme gouverneur de cet État, jusqu’ici dirigé par les démocrates.

      Ce combat de la droite conservatrice n’est pas nouveau, mais il monte en puissance depuis la mort de George Floyd, tué par un officier de police blanc en 2020. Alors que les institutions et les entreprises américaines entamaient un examen de conscience sur leur rôle dans la perpétuation du racisme, Donald Trump menait la charge contre les efforts de diversité et d’inclusion dans les écoles – et au-delà. Aux derniers jours de sa présidence, il a créé une commission pour promouvoir « l’éducation patriotique » face au « 1619 Project », une initiative du New York Times visant à faire connaître l’héritage de l’esclavage, et accusée par la droite trumpiste de ternir le passé du pays et de culpabiliser les Blancs.

      À travers les États-Unis, des parents en colère sont à leur tour partis en croisade contre la « théorie critique de la race ». Ce concept universitaire sur le racisme institutionnel est devenu un terme fourre-tout pour dénoncer la moindre initiative de discussion sur la diversité en milieu scolaire, présentée comme source de division de la société sur la base de l’identité. Au Texas, le raidissement s’est traduit par la ratification, en juin, d’un texte encadrant l’enseignement de la race et du genre dans les écoles primaires et secondaires. Approuvée par le gouverneur Greg Abbott – qui cherche le soutien de la droite dure pour se faire réélire en 2022 –, la loi interdit notamment d’inculquer aux enfants qu’ils « devraient ressentir un malaise, une culpabilité, une anxiété ou toute autre forme de détresse psychologique en raison de la race et de leur sexe ». Elle empêche aussi les établissements publics d’intégrer des activités militantes ou politiques à leurs cursus.

      Fin octobre, un parlementaire texan est allé plus loin : il a envoyé une liste de huit cent cinquante ouvrages aux responsables de districts scolaires pour leur demander s’ils étaient en possession de ces livres. Et si oui, combien d’exemplaires ils avaient, et le montant dépensé pour les acquérir. Figurent dans son énumération de seize pages, des titres sur les relations raciales, la communauté LGBT, la sexualité, le féminisme et d’autres ouvrages susceptibles de « créer un malaise » chez les jeunes – la très subjective notion de « malaise » pouvant évidemment être invoquée pour tuer dans l’œuf toute conversation sur l’esclavage ou le droit des minorités.

      « Cette situation crée un climat où les enseignants ont peur d’aborder les sujets qui dérangent, de crainte d’être sanctionnés ou poursuivis en justice. Or, l’Histoire n’est pas toujours agréable à entendre ! » regrette Ovidia Molina, présidente de la Texas State Teachers Association, une association d’enseignants texans. Elle redoute une démotivation des enseignants, déjà mal payés et peu considérés au Texas. « Certains comptent démissionner avant la fin de l’année scolaire. Ils font face à une ambiance de censure. Les bibliothécaires redoutent désormais de répondre à des questions sur des livres, car ils ne savent pas si cela va leur attirer des ennuis. »

      À l’assaut des conseils d’école
      À Southlake, les tensions ont éclaté sur fond de mutation démographique et sociologique : cette ville, essentiellement blanche, a en effet vu arriver ces dernières années des familles noires aisées, attirées par la qualité de vie et les écoles publiques de haut niveau ; et la diffusion publique en 2018 d’une vidéo montrant des élèves scandant une insulte raciste y avait suscité une vive indignation. Le « school board » local (un conseil chargé de superviser la gestion du district scolaire) avait alors proposé un plan de « compétence culturelle » pour promouvoir la diversité et l’inclusion. Il n’en aura pas fallu davantage pour qu’une opposition organisée se mette en place.

      Des parents en colère ont réclamé la mort du projet aux réunions du conseil. Des poursuites judiciaires ont été engagées. Un groupe d’action politique, qui revendique un enracinement « judéo-chrétien », Southlake Families, a levé des dizaines de milliers de dollars pour faire élire des conservateurs au « board », du jamais-vu dans ces élections d’ordinaire apolitiques et ronronnantes. En novembre, le groupe a réussi son pari. « Nous, parents qui croyons aux libertés offertes par la Constitution, ne voulons pas que les écoles s’interposent entre nous et nos enfants », expliquait alors Andrew Yaeger, le nouveau membre du conseil, porté par les voix conservatrices.

      Dans sa ligne de mire notamment : un dispositif censé lutter contre les « micro-agressions », c’est-à-dire l’ensemble des comportements anodins traduisant des préjugés négatifs envers des groupes marginalisés (un Blanc faisant remarquer à une personne de couleur qu’elle « s’exprime bien », par exemple). « Beaucoup de parents m’ont dit qu’ils retireraient leurs enfants de nos établissements si cette trajectoire woke se poursuivait. Or, s’ils partent, nous perdrons des aides publiques et nous devrons faire des coupes budgétaires », poursuit-il.

      Tous, évidemment, ne sont pas de cet avis. Alex Heymann par exemple, jeune militante antiraciste, veut croire que la situation évoluera : « Il y a toujours eu à Southlake des insultes racistes balancées dans les écoles, des profs étrangers moqués à longueur de journée pour leur accent. Beaucoup de parents et d’élèves sont incapables de reconnaître que le racisme et l’homophobie sont une réalité, et qu’eux-mêmes jouent un rôle dans le phénomène. Pour rendre le monde meilleur, il faut commencer par affronter nos propres préjugés. C’est difficile et, oui, cela met mal à l’aise. » Tout laisse supposer en tout cas qu’au Texas comme ailleurs la bataille pour le contrôle des écoles et des programmes scolaires sera un thème majeur des élections de mi-mandat de novembre 2022.

      Un autre sur la censure de « Maus » la BD de Art Spiegelman

      “Maus” censuré dans une école du Tennessee : jusqu’où ira la purge ?

      Aux États-Unis, des groupes conservateurs tentent localement d’expurger les programmes scolaires et bibliothèques des livres et œuvres évoquant le racisme ou les minorités. Le roman graphique d’Art Spiegelman est le dernier à en faire les frais.

      Dérisoires, pitoyables, pathétiques… Les adjectifs sont légion pour qualifier les raisons invoquées par le « school board » du comté de McMinn, dans le Tennessee, de bannir Maus, le roman graphique d’Art Spiegelman, du programme scolaire des collégiens de la région. Elles se résument à huit jurons et une scène de nudité féminine. Et encore, quand on parle de nudité, rappelons qu’il s’agit de celle d’un animal puisque, dans Maus, les Juifs sont représentés par des souris et les Allemands par des chats.

      Spiegelman, qui a reçu en 1992 un prix Pulitzer spécial pour ce livre témoignage d’une incroyable puissance évocatrice de la Shoah, s’est dit « abasourdi » par cette décision. Dans une interview à la chaîne de télévision américaine CNBC, il l’a qualifiée d’« orwellienne ». À juste titre car, derrière la prétendue défense des intérêts des enfants, c’est bien d’une censure dont il s’agit. Un négationnisme qui ne dit pas son nom et participe d’un mouvement de fond de manipulation de l’information et des programmes scolaires à l’œuvre dans certaines régions conservatrices des États-Unis. Et qui conduit à la mise à l’index de certains ouvrages pour les enseignants dès lors qu’il s’agit d’enseigner l’Histoire, la question du racisme ou celle des minorités visibles.

      Une décision prise à l’unanimité

      À McMinn, la décision a été prise à l’unanimité par les parents et les administrateurs, malgré l’intervention de professeurs expliquant la portée de l’œuvre et son importance dans leur programme d’enseignement. Dans le Kansas, des romans LGBT ont été retirés d’une bibliothèque scolaire après l’intervention d’un groupe conservateur. En Pennsylvanie, des élèves ont réussi à renverser la décision du district d’interdire l’étude d’ouvrages sur le racisme, parmi lesquels un livre pour enfants sur Rosa Parks et l’autobiographie de Malala Yousafzai. Au Texas, les Républicains ont fait passer une loi stipulant que les enseignants doivent présenter à leurs élèves des « perspectives contradictoires » sur les débats de société. En guise d’exemple, un responsable du district de Southlake a suggéré que des points de vue alternatifs devaient être offerts quand… l’Holocauste était abordé à l’école.

      Sources :
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/aux-etats-unis-les-conservateurs-ouvrent-la-chasse-aux-livres-woke-7008310.
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/maus-censure-dans-une-ecole-du-tennessee-jusqu-ou-ira-la-purge-7008468.php

  • #Personne_ici_ne_sait_qui_je_suis

    Mille accents s’entremêlent dans les cours de français donnés dans ce centre social de quartier.
    Demandeurs d’asile, salariés, réfugiés, femmes et hommes des quatre coins du monde, lettrés ou jamais scolarisés, jeunes et personnes âgées, tous viennent apprendre une langue et tromper la solitude de l’étranger en France.
    Ce livre leur donne la parole.

    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/personne_ici.html

    #BD #livre #bande_dessinée #Coline_Picaud

    #ateliers_socio-linguistiques #FLE #migrerrance #solidarité #attente #santé_mentale #migrations #étrangers #réfugiés #migrations #Grenoble #langue #apprentissage #parcours_migratoires #itinéraires_migratoires

    –-

    Les autres BD de Coline Picaud signalées sur seenthis :
    https://seenthis.net/tag/coline_picaud

  • Devenir #Gilet_jaune. Histoire sensible d’une lutte

    « Pendant plus d’un an, je vais vivre entièrement auprès de ceux qu’une semaine auparavant je ne connaissais pas, et qui ne me ressemblent pas.
    Je suis de toutes les manifs, de toutes les AG.
    Je reconsidère ce que je croyais être mes certitudes politiques.
    Je rencontre des amis.
    Je me fâche avec d’autres.
    J’éprouve de la peur. De la joie.
    Je m’interroge sur la violence, celle des manifestants, celle de l’État.
    Je rencontre un homme, nous devenons amoureux.
    Je deviens Gilet jaune. »

    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/devenir_gilet_jaune.html
    #gilets_jaunes #livre #Marion_Honnoré

  • À Grenoble, une écologie sauce tartuffe - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    https://cqfd-journal.org/A-Grenoble-une-ecologie-sauce
    paru dans CQFD n°201 (septembre 2021), par Emilien Bernard, illustré par Nardo

    Du 16 au 28 septembre aura lieu la primaire écologiste, chargée de désigner le candidat « vert » à l’élection présidentielles 2022. Parmi les cinq aspirants déclarés, un certain Éric Piolle, maire de Grenoble depuis 2014, ancien ingénieur informatique ayant le vent médiatique en poupe et se rêvant un destin national. Et tant pis si son bilan écologique municipal est proche du néant, comme le détaille un journaliste du canard local farouchement indépendant Le Postillon dans son livre Le Vide à moitié vert – La gauche rouge-verte au pouvoir : le cas de Grenoble. On lui a posé quelques questions.

    https://seenthis.net/messages/297717
    https://seenthis.net/messages/928778
    Grenoble : le « modèle » vert et rouge
    https://cqfd-journal.org/Grenoble-le-modele-vert-et-rouge

  • La vague verte des maires écologistes est-elle aussi une vague culturelle ?

    Soft Power s’installe à #Grenoble le temps d’une enquête. L’enjeu : presque 7 ans après l’arrivée d’Eric #Piolle à la mairie, dresser le bilan de la politique culturelle des maires écologistes. Et, à partir de l’expérience Piolle, essayer de saisir en creux, le rapport des Verts à la culture.

    https://www.franceculture.fr/emissions/soft-power/soft-power-le-magazine-des-internets-emission-du-dimanche-14-fevrier-2


    #Eric_Piolle #politique_culturelle #culture #Verts

    • vague anti sociale ?

      Le vide à moitié vert
      La gauche rouge-verte au pouvoir : le cas de Grenoble

      Avant j’adorais l’espoir. C’est sympa, l’espoir. Et puis, en 2014, Eric Piolle a été élu maire de Grenoble. Comme c’était le premier maire écolo d’une ville de province de plus de 100 000 habitants, il est devenu « l’Espoir » pour toute une partie de la gauche. Moi, j’ai continué mon boulot de journaliste critique.

      Depuis six ans, le journal indépendant Le Postillon gratte derrière la communication municipale lénifiante des écologistes et du Parti de gauche au pouvoir. Ce livre révèle les actions et prétentions déconcertantes du maire Eric Piolle. C’est un cas d’école qui permet aussi de saisir comment l’écologie au pouvoir ne peut être que dévoyée.

      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/le_vide_a_moitie_vert.html
      #grenoble #social-washing

  • On n’a pas signalé ces deux captations d’interventions d’Aude Vidal sur son livre sur Égologie, dont une très longue par @latelierpaysan ici présent !

    Aude VIDAL - ÉGOLOGIE : écologie, individualisme et course au bonheur
    https://www.youtube.com/watch?v=ouEdpD9w5x0

    L’Atelier paysan s’attaque à l’autonomie technique des paysan-nes en leur proposant une alternative concrète : les former à autoconstruire leur matériel agricole.
    Est-ce suffisant pour enrayer l’industrie de la machine, qui impose de remplacer les paysan- nes par des robots, des drones, des capteurs informatiques ?
    Quelles sont les conséquences de ces « solutions technologiques » pour les communautés paysannes, pour l’environnement, pour le modèle alimentaire ?

    Aude Vidal nous parle ici des « alternatives », dans la suite de son ouvrage Egologie : les
    expérimentations écologistes sont-elles le laboratoire d’innovations sociales plus
    respectueuses de l’être humain et de son milieu ? ou accompagnent-elle un recul sur soi et ce sur quoi il est encore possible d’avoir prise dans un contexte de dépossession démocratique et économique ?

    Une belle manière pour l’Atelier paysan de questionner la limite des alternatives : l’expansion de pratiques alternatives peut-elle provoquer de la transformation sociale ? Les pratiques sociales parviennent-elles à infléchir les rapports sociaux ?
    A l’Atelier paysan, dont l’activité centrale est de proposer des alternatives concrètes et immédiates aux paysannes et paysans, nous pensons que non. Nous avons l’intuition qu’il nous faut dans le même temps tenter d’exercer un rapport de force avec les dominants (pour nous l’industrie de la machine et la techno-science).

    Et une autre plus récente :
    https://www.youtube.com/watch?v=lxqPsK2mkAY

    #Aude_Vidal #écologie #politique #écologie_politique #individualisme #libéralisme #bien-être #développement_personnel

    • Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur

      #Développement_personnel, habitats groupés, jardins partagés... : face au désastre capitaliste, l’écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ».
      Mais en considérant la société comme un agrégat d’individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l’écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l’individualisme ?

      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/egologie.html

      #livre

      #souveraineté_alimentaire #liberté_individuelle #alternatives #Nicolas_Marquis #capitalisme #jardins_partagés #classes_sociales #jardinage #justice_environnementale #dépolitisation #égologie

    • Du bien-être au marché du malaise. La société du développement personnel

      Des ouvrages qui prétendent nous aider dans notre développement personnel, à « être nous-mêmes » ou à « bien communiquer », et des individus qui déclarent que ces lectures ont « changé leur vie » : voilà la source de l’étonnement dont ce livre est le résultat. Comment comprendre ce phénomène ? Comment est-il possible que tant de personnes puissent trouver du sens au monde si particulier du « développement personnel », au point d’en ressentir des effets concrets ?

      Nicolas Marquis prend au sérieux cette expérience de lecture, en cherchant à comprendre ce qui se passe très concrètement entre un lecteur qui veut que quelque chose change dans son existence et un ouvrage qui prétend l’aider en lui parlant de ce qu’il vit personnellement. En procédant à la première enquête sur les lecteurs, il montre en quoi le développement personnel est l’une des institutions les plus frappantes des sociétés individualistes : son succès permet de comprendre les façons dont nous donnons, au quotidien, du sens à notre existence.


      https://www.cairn.info/du-bien-etre-au-marche-du-malaise--9782130628262.htm

    • Le Syndrome du bien-être

      Vous êtes accro à la salle de sport ? Vous ne comptez plus les moutons mais vos calories pour vous endormir ? Vous vous sentez coupable de ne pas être suffisamment heureux, et ce malgré tous vos efforts ? Alors vous souffrez sûrement du #syndrome_du_bien-être. Tel est le diagnostic établi par Carl Cederström et André Spicer.
      Ils montrent dans ce livre comment la recherche du #bien-être_optimal, loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts, provoque un sentiment de #mal-être et participe du #repli_sur_soi. Ils analysent de multiples cas symptomatiques, comme ceux des fanatiques de la santé en quête du régime alimentaire idéal, des employés qui débutent leur journée par un footing ou par une séance de fitness, des adeptes du quantified self qui mesurent – gadgets et applis à l’appui – chacun de leurs faits et gestes, y compris les plus intimes... Dans ce monde inquiétant, la bonne santé devient un impératif moral, le désir de transformation de soi remplace la volonté de changement social, la culpabilisation des récalcitrants est un des grands axes des politiques publiques, et la pensée positive empêche tout véritable discours critique d’exister.
      Résolument à contre-courant, ce livre démonte avec une grande lucidité les fondements du culte du corps et de cette quête désespérée du bien-être et de la santé parfaite.

      https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/le-syndrome-du-bien-etre

      #André_Spicer
      #Carl_Cederström

    • Rigolez, vous êtes exploité

      « Vous êtes éreinté ? Votre activité professionnelle vous plonge dans la #dépression ? Vous songez à mettre fin à vos jours ? Nous avons la solution : ri-go-lez ! » Voilà en substance le message de la direction des #ressources_humaines (DRH) du centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse au personnel de l’établissement. La solution arrive à point nommé, car la situation menaçait de devenir dramatique…

      Un peu comme France Télécom hier ou la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) aujourd’hui, le #CHU toulousain est confronté à une recrudescence de #suicides de salariés. Le rapport d’un cabinet de conseil établi en 2016 est formel : les quatre personnes ayant mis fin à leurs jours en quelques semaines la même année (dont une dans les locaux du CHU) l’ont fait à cause de leurs #conditions_de_travail. L’année suivante, dans un des 26 000 documents internes révélés par la presse (1), une infirmière en gynécologie décrit ainsi son quotidien : « Mise en danger de la vie des patientes, mauvaise prise en charge de la douleur, dégradation de l’image des patientes (patientes laissées plusieurs minutes souillées de vomis) (…) mauvaise prise en charge psychologique (annonce de cancer faite récemment, pas le temps de discuter). (…) Une équipe épuisée physiquement (même pas cinq minutes de pause entre 13 h 30 et 23 heures) et moralement (sentiment de travail mal fait et de mettre en danger la vie des patients). »

      Les choses n’ont guère progressé depuis. En février 2019, un patient meurt d’une crise cardiaque dans le sas des urgences. L’infirmier de garde cette nuit-là, en poste depuis 10 heures du matin, avait la charge de plus de quinze patients. Il n’a pas eu le temps de faire les gestes de premiers secours (2). Début mai 2019, rebelote au service de soins intensifs digestifs, en pleine restructuration, où un problème informatique a mené à la mort d’un patient.

      Depuis 2015, une soixantaine de préavis de grève ont été envoyés à la direction par les syndicats. Au moins quatorze grèves ont eu lieu (cinq rien qu’en 2019), sans compter les quelque vingt mobilisations collectives, la douzaine d’actions d’envergure et les chorégraphies parodiques de soignants vues six millions de fois sur les réseaux sociaux. « À l’hôpital des enfants, le nombre d’arrêts-maladie des quatre premiers mois de 2019 est de 20 % supérieur à celui de la même période en 2018, nous explique Mme Sandra C., vingt ans d’hôpital public à son actif, dont dix-sept à l’hôpital des enfants de Toulouse. Nous avons l’impression d’être traités comme des numéros par une direction dont le seul but est de faire appliquer les réductions de coûts et la baisse du personnel. Nous avons besoin d’au moins six cents embauches dans tout le CHU, et vite. »

      Embaucher ? Impossible !, rétorque la direction, largement convertie au lean management, le « management sans gras », une doctrine d’optimisation du rendement élaborée par les ingénieurs japonais du groupe Toyota après la seconde guerre mondiale et peaufinée ensuite dans les éprouvettes néolibérales du Massachusetts Institute of Technology (MIT). L’objectif ? Faire produire plus avec moins de gens, quitte à pousser les équipes à bout.

      Des conditions de travail déplorables, des contraintes de rentabilité qui interdisent d’améliorer le sort du personnel, des salariés qui préfèrent mettre fin à leurs jours plutôt que d’endurer leur activité professionnelle ? Il fallait réagir. C’est chose faite grâce à une initiative de la DRH : des séances de rigologie, cette « approche globale permettant une harmonie entre le corps, l’esprit et les émotions », comme on peut le lire dans le « Plan d’actions 2018 pour la prévention des risques psychosociaux et la qualité de vie au travail » du pôle hôpital des enfants du CHU de Toulouse.

      Yoga du rire, méditation de pleine conscience, techniques variées de relaxation et de respiration, sophrologie ludique… la rigologie vise à « cultiver les sentiments positifs et sa joie de vivre ». Sur la page d’accueil du site de l’École internationale du rire (« Bonheur, joie de vivre, créativité »), l’internaute tombe sur la photographie d’un groupe de salariés hilares faisant le symbole de la victoire. S’ils sont heureux, suggère l’image, c’est qu’ils ont tous décroché leur diplôme de « rigologue » à la suite d’une formation de sept jours en psychologie positive, yoga du rire et autres techniques de « libération des émotions », facturée 1 400 euros. Un rigologue estampillé École du rire, le leader du marché, se fera rémunérer entre 1 000 et 3 000 euros la journée. Il pourra éventuellement devenir chief happiness officer, ces responsables du service bonheur dont les entreprises du CAC 40 raffolent (3).

      La souffrance au travail est devenue un marché, et le service public apparaît comme un nouveau terrain de jeu du développement personnel. Ainsi des policiers confrontés à une vague de suicides (vingt-huit en 2019), auxquels le directeur général de la police nationale a envoyé, fin mai, une circulaire incitant les encadrants à favoriser « les moments de convivialité et de partage » comme les barbecues, les sorties sportives ou les pique-niques en famille (4). Ainsi des agents de la SNCF, une entreprise qui compte depuis le début de l’année 2019 un suicide de salarié par semaine. La direction lilloise de la société ferroviaire en pleine restructuration a fait appel au cabinet Great Place to Work (« super endroit pour travailler »), qui lui a conseillé de… distribuer des bonbons aux agents en souffrance, de mettre en place des goûters-surprises ou encore des ateliers de maquillage (5).

      « Au départ, nous explique Mme Corinne Cosseron, directrice de l’École internationale du rire et importatrice du concept de rigologie en France, je me suis formée pour plaisanter, comme un gag, au yoga du rire, une technique mise au point par un médecin indien, qui s’est rendu compte que ses patients joyeux guérissaient mieux que les sinistres. Le rire permet de libérer des hormones euphorisantes qui luttent contre la douleur », explique cette ancienne psychanalyste qui évoque les endorphines (« un antidouleur naturel qui agit comme une morphine naturelle »), la sérotonine (« la molécule du bonheur »), la dopamine (celle de la motivation) ou encore l’ocytocine (« l’hormone de l’amour »). « C’est un grand shoot gratuit. Beaucoup de grandes entreprises ont commencé à faire appel à nous (SNCF, Total, Suez, Royal Canin, Danone, etc.), car le rire répare point par point tout ce que les effets du stress détruisent. Non seulement le salarié va aller mieux (il ne va pas se suicider, il n’ira pas voir chez le concurrent), mais, en plus, l’entreprise va gagner en productivité. Donc c’est du gagnant-gagnant. »

      Novateur, le CHU de Toulouse a vu se mettre en place des séances de « libération émotionnelle » et de « lâcher-prise » dans le service des soins palliatifs dès 2017. Dans le cadre de ses propositions d’actions 2018-2019 pour prévenir les risques psychosociaux et pour la qualité de vie au travail, la DRH propose désormais d’élargir son offre à d’autres unités sous tension, comme l’hôpital des enfants, où, au mois de mars dernier, deux grèves ont éclaté pour protester contre le projet de réduction du nombre de lits et d’intensification du travail des soignants.

      On soumet ce projet de lâcher-prise à M. Florent Fabre, 31 ans, infirmier au service des urgences psychiatriques. Sa première réaction est de laisser éclater un long rire, générant probablement un apport non négligeable en bêta-endorphines — ce qui lui permet de dire avec une voix parfaitement détendue : « C’est grotesque et indécent. » Pour ce soignant, qui a participé à la lutte victorieuse des salariés de son service, lesquels ont arraché deux postes supplémentaires d’infirmier à l’issue de deux mois de grève durant le printemps 2019, « le niveau du mépris social affiché par la direction du CHU ainsi que par les cadres régionaux de l’agence régionale de santé est totalement aberrant. Dès lors qu’il s’agit d’entendre qu’il y a un vrai manque de soignants, le dialogue se rompt. La santé des agents hospitaliers est le moindre de leurs soucis ». Contactée, la direction du CHU a refusé de répondre à cet appel à embaucher, qu’elle qualifie de « théories de la CGT [Confédération générale du travail] ». « On assume totalement ce document de proposition de rigologie », nous a précisé le directeur de la communication avant de nous raccrocher au nez. On ne rigole plus.

      « Mais, s’agace Mme Maguy Mettais, la pharmacienne chargée de la prévention des risques psychosociaux, avez-vous déjà testé la rigologie ? Ça serait peut-être intéressant que vous essayiez une séance, non ? C’est génial, vous verrez. » Adeptes du journalisme total, nous acceptons la proposition. « Alors, vous mettez les mains droit devant vous et vous expirez en faisant “chah” ! On le fait ensemble ? C’est parti ! Après on met les bras sur le côté et on fait “chou” ! Et un dernier, les bras levés vers le ciel et on va faire un grand “chiii” sur le temps d’expiration. » Docile, nous nous exécutons, pour la bonne cause. « Au final, ce qui est rigolo, c’est que ça fait chah-chou-chi… Comme si ça faisait “salsifis” [elle éclate de rire]. Voilà, j’avais envie de vous le faire découvrir, ça peut être bien avant d’écrire votre article. »

      https://www.monde-diplomatique.fr/2019/07/BRYGO/60014

      #rire #thérapie_du_rire

      –—

      Pour rappel, les #formations dédiées au personnel de l’#Université_Grenoble_Alpes :
      1. Gestion de #conflits (formation mise sous le thème « #efficacité_professionnelle »)
      2. Mieux vivre ses #émotions dans ses #relations_professionnelles (aussi mise sous le même thème : #efficacité_professionnelle)
      https://seenthis.net/messages/882135

      #QVT #qualité_de_vie_au_travail

    • La démocratie aux champs. Du jardin d’Éden aux jardins partagés, comment l’agriculture cultive les valeurs

      On a l’habitude de penser que la démocratie moderne vient des Lumières, de l’usine, du commerce, de la ville. Opposé au citadin et même au citoyen, le paysan serait au mieux primitif et proche de la nature, au pire arriéré et réactionnaire.
      À l’opposé de cette vision, ce livre examine ce qui, dans les relations entre les cultivateurs et la terre cultivée, favorise l’essor des valeurs démocratiques et la formation de la citoyenneté. Défi le alors sous nos yeux un cortège étonnant d’expériences agricoles, les unes antiques, les autres actuelles ; du jardin d’Éden qu’Adam doit « cultiver » et aussi « garder » à la « petite république » que fut la ferme pour Jefferson ; des chambrées et foyers médiévaux au lopin de terre russe ; du jardin ouvrier au jardin thérapeutique ; des « guérillas vertes » aux jardins partagés australiens.
      Cultiver la terre n’est pas un travail comme un autre. Ce n’est pas suer, souffrir ni arracher, arraisonner. C’est dialoguer, être attentif, prendre une initiative et écouter la réponse, anticiper, sachant qu’on ne peut calculer à coup sûr, et aussi participer, apprendre des autres, coopérer, partager. L’agriculture peut donc, sous certaines conditions, représenter une puissance de changement considérable et un véritable espoir pour l’écologie démocratique.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_democratie_aux_champs-9782359251012démocratiques

    • La #durabilité en pratique(s) : gestion et appropriation des #principes_durabilistes véhiculés par les #écoquartiers

      Dans cette contribution, il est question de la durabilité comme objet, dans sa dimension heuristique, en tant que moyen de compréhension voire d’explication des initiatives individuelles, collectives et politiques ainsi que des dynamiques. Il s’agit tout d’abord de se pencher sur la manière dont la durabilité est mobilisée et signifiée, aussi bien sur l’horizon du pensable qui l’accompagne que sur les « manières de faire » qu’elle véhicule, parmi des acteurs divers, pris dans des jeux d’échelles, d’intérêts et dans des engagements parfois contradictoires. Politiquement, la mise en œuvre de la durabilité se décline dans des contextes, pour des raisons et à des finalités diverses que peuvent être la transformation des comportements individuels, la modification de la législation et des cadres réglementaires nationaux et locaux, la redéfinition des stratégies communautaires, etc. Entre pratiques, éthique, fiscalité individuelle d’un côté et enjeux techniques, politiques et sociétaux de l’autre, ces multiples mobilisations de la durabilité rendent cette notion évasive, voire équivoque. Au-delà d’un recensement et d’une classification de cette multiplicité d’usage et de traduction « en pratiques » de la durabilité, c’est sur la base des multiples tensions qui caractérisent ces manières de voir, comprendre, mobiliser et opérationnaliser la durabilité que nous cherchons à venir éclairer les pratiques leurs implications mais aussi leurs conséquences. Pour ce faire nous nous appuyons sur les 37 entretiens (15 avec les concepteurs, 22 avec les habitants) réalisés lors d’une enquête menée en 2012 et 2013 sur l’écoquartier de Lyon Confluence dans le cadre de la thèse de doctorat de Matthieu Adam. Nous analysons les discours portant sur la durabilité. Ceux-ci ont toujours une portée normative et performative mais peuvent aussi être considérés en tant qu’embrayeur de sens permettant de saisir les modalités de réactions, passives (acceptation) et/ou actives (refus, adaptation, contre-proposition, etc.) face à cette quête de durabilité. En analysant les pratiques, les manières d’être, les attitudes ainsi que les représentations d’une part liées à l’injonction de durabilité et d’autre part à sa mise en pratique, nous mettrons au débat des éléments portant tant sur les décalages entre intentions et actions que sur les moyens utilisés pour tenter de les lever. De plus, en changeant de focale, l’analyse fine des discours permet de tirer des enseignements sur le développement durable en tant que valeur et idéologie dominante du projet urbain mais aussi en tant que modalités pratiques quotidiennes.

      https://books.openedition.org/cse/124

      #Georges-Henry_Laffont #Matthieu_Adam

  • Groupe Grothendieck, Avis aux chercheurs, aux professeurs, aux ingénieurs, 2020
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/01/08/groupe-grothendieck-technoscience
    et à la base
    https://lundi.am/Avis-aux-chercheurs-aux-professeurs-aux-ingenieurs

    BIEN QU’AUJOURD’HUI le projet technoscientifique insuffle ses directives et sa façon de voir le monde dans nombre de catégories de l’activité humaine, son cœur, sa capacité à agir, se trouve principalement dans la recherche scientifique et plus précisément dans les mastodontes des instituts de recherche dits « publics ». En France ce sont surtout le CNRS et le CEA qui agrègent la plupart des forces pour la bataille technoscientifique.

    La décision d’arrêter au plus vite la recherche et de fermer ces instituts est une priorité sociale et politique. Nous ne pouvons nous réapproprier ces « moyens de production » qui ne sont pas fait pour le peuple mais contre lui. Les pseudo-bienfaits obtenus par la consommation des sous-produits du système ne compensent ni ne règlent les méfaits et les nuisances de ce même système. La satisfaction n’engendre pas automatiquement la liberté.

    Cette décision d’arrêter, elle ne peut venir que d’en bas, des ingénieurs, chercheurs, professeurs, techniciens, c’est-à-dire des personnes qui font réellement tourner la machine, l’entretiennent, la perpétuent et propagent son idéologie. Ni un salaire, ni un statut, ni la jubilation d’une découverte ne peuvent justifier la perpétuation d’une telle barbarie. Voyons ce projet comme quelque chose de massif avec ses routines étatiques et son cheptel humain. Les gestes individuels du « si tout le monde faisait comme moi » n’y changeront pas grand chose parce qu’ils agissent à un niveau inférieur au politique. C’est-à-dire au niveau de l’éthique et cela n’est pas suffisant, pour enrailler le processus d’expansion. C’est au niveau de la communauté des humains, de la société, qu’il faut agir. Les combats se situent donc sur le terrain de l’action effective, des luttes d’idées et de l’organisation en groupes, collectifs, où toutes autres structures ouvertes, combatives et déterminées. Si nous agissons, personne ne peut prédire les issues des combats à venir.

    Groupe Grothendieck, automne 2020.

    L’université désintégrée
    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/universite_desintegree.html

    Le groupe Grothendieck est composé d’étudiants, d’étudiantes, de démissionnaires de l’Université, de non-experts experts de leur vie, d’anti-tout jamais contents, de fouineuses d’informations, de perturbatrices de conférences guindées, de doctorants (bientôt chômeurs) fans d’Élisée Reclus…
    Il nous fallait un nom. En forme d’hommage, Grothendieck, de par son parcours, ses écrits et ses engagements, nous semblait refléter assez bien ce que nous avions envie de faire, bien loin des mouvements réformistes corporatistes.

    Sommaire

    Introduction : « Welcome in the Alps »

    I Le modèle grenoblois : De la place forte militaire au bassin industriel / Les militaires dans le Triangle de Fer / Une armée de chercheurs au service de l’industrie militaire / Louis Néel, le cerveau du modèle grenoblois / Une « Silicon Valley à la française » ?

    II Les deux campus : La vitrine à l’américaine : le campus de Saint-Martin-d’Hères / La salle des machines du laboratoire grenoblois : la Presqu’île scientifique

    III L’actualité du Triangle de Fer : Chefs et fonctionnement de l’UGA / L’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) dans le Triangle de Fer / Laboratoires et équipes mortifères à Grenoble

    Conclusion : ce que chercher veut dire : La main invisible de l’armée / Thanatophilie de la recherche publique / Refus total contre refus parcellaire

    Principales institutions citées / Quelques livres pour aller plus loin / Chronologie / Le groupe Grothendieck / Notes

    #technoscience #recherche #critique_techno #armée #pouvoir #liberté #politique #Grothendieck #Alexandre_Grothendieck

    • Hommage ou appropriation, ça se discute. Surtout si c’est pour recycler le compte frelaté de pmo :)

    • Si on parle de cachotteries je n’en sais rien… mais en tout cas le livre explique clairement que le groupe part d’étudiantes et d’étudiants. Et s’est formé suite à la répression d’un rassemblement contre la venue de l’armée sur le campus. En revanche illes indiquent clairement suivre la voie de la méthode d’enquête critique utilisée par PMO, et illes ont fait leur recherche sur le même domaine : l’histoire grenobloise puisque c’est de là qu’illes parlent.

      Pour les étudiants conscientisés, le message envoyé par les instances universitaires est assez clair : « Lʼarmée, au même titre que les autres institutions dʼÉtat, est la bienvenue à la fac et dʼailleurs,nous collaborons volontiers avec elle. » Vers la fin de lʼaprès-midi, le bâtiment offre une brèche dans laquelle sʼengouffre le cortège étudiant et antimilitariste aux cris de « Frontex, dégage ! ». Dans la salle du colloque, la présentation sʼarrête,quelques apostrophes volent de part et dʼautre. Cinq minutes plus tard, une vingtaine de flics accompagnés des cowboys de la BAC prennent tout le monde par surprise et tapent à la volée les étudiants et étudiantes coincés dans la salle. Une sortie par une salle attenante permet de fuir lʼassaut policier, tout le monde court. Une manifestante se fait attraper et frapper au sol par la police. Elle finira sa journée à lʼhôpital, traumatisée plus que blessée par cette violence sauvage. Au total, quatre blessés légers sont à dénombrer du côté des manifestantes et des manifestants.

      Cet évènement est lʼélément déclencheur de lʼécriture de ce livre. Fréquentant le campus depuis de nombreuses années, nous savions quʼil y avait des liens aussi bien historiques quʼéconomiques entre la fac et lʼarmée, mais nous en étions restés à des suppositions. […] La violence subie lors de la première manifestation dénonçant lʼassociation de lʼuniversité avec des institutions policières et militaires, ainsi que le silence méprisant dont a fait preuve la direction de la fac aux communiqués qui ont suivi le colloque, nous ont donné lʼélan pour fouiller et dénoncer les intrications entre la recherche, lʼuniversité, lʼarmée et le tissu industriel à Grenoble.

      Comment caractériser ces liens ? Les historiens étasuniens, forts du contexte national de la Guerre froide et des politiques publiques en matière dʼarmement, ont été les premiers à parler de « complexe militaro-industriel6 ». Le terme connut un énorme succès aux États-Unis et fut complété dʼun troisième terme dans les années 1970 : cʼest le complexe scientifico-militaro-industriel. En France, des auteurs et autrices comme Roger Godement ou Andrée Michel en popularisèrent lʼuti-lisation7. Préférant les allégories aux sigles barbares dont ce petit livre est déjà bien truffé, nous utiliserons lʼexpression « Triangle de Fer »*, développée dans le livre The Valley8, qui désigne les liens quʼentretenaient dans la Silicon Valley des années 1930 lʼUniversité de Stanford, lʼUS Army et les proto-start-up comme Hewlett-Packard, pour lʼappliquer au cas français actuel.

      Le Triangle de Fer, est structuré autour de trois acteurs : lʼarmée, les industriels et lʼUniversité (au sens large : facultés, écoles dʼingénieurs, recherche publique et enseignement public supérieur). Dans ce livre, nous nous attacherons à montrer les relations entre université et armée, et université et industrie dans la région grenobloise. […]

      Quʼon se le dise : aucune révélation top secrète, aucun plan confidentiel dʼun complot militaire, aucun tuyau dʼune source anonyme nʼapparaîtront dans ce livre. Contrairement à lʼépoque de Roger Godement – qui, pour parvenir à un résultat fourni, devait compiler informations livresques souvent en anglais, sources officieuses du sérail militaire, et articles tirés de revues obscures – aujourdʼhui rien nʼest plus simple que de se les procurer. Malgré les secrets dʼÉtat et la discrétion des labos, une partie des informations est accessible au commun des mortels : articles de journaux locaux ou nationaux, sites internet, livres, déclarations radio ou télé, thèses accessibles en ligne... Ils se vantent, ils se répandent en propagande, on en profite ! Pas besoin du chapeau de détective ou de la carte de presse du journaliste dʼinvestigation : un peu de curiosité et de perspicacité suffisent à révéler les histoires et détricoter le fil des servitudes entre organismes, financements et responsabilités. Même sʼil est vrai que la carte de presse dʼun journaliste nous aurait, sans doute, permis de fouiner plus profondément, lʼessentiel a été fait.

      Cette façon de travailler, nous lʼempruntons à lʼ« enquête critique », une méthode initiée par le site Pièces et main dʼœuvre et utilisée par des collectifs de militants depuis pas mal dʼannées dans la région grenobloise. À chaque information collectée, à chaque paragraphe écrit, nous revenions à nos questions de base : Qui commande ? Dans quelle structure ? Avec quels moyens financiers ? Quels moyens matériels ? Quelles forces politiques ? Dans quels buts ? Avec quels soutiens ?Toutefois, ne souhaitant pas reproduire la séparation disciplinaire que lʼon apprend à la fac, ce texte est à la fois un récit de la technopole grenobloise, une critique sociale du désastre, un tract politique véhément contre la recherche scientifique et une réflexion philosophique sur ses conséquences. Nous resterons à un niveau local, celui que nous connaissons le mieux,sans pour autant cesser de faire des va-et-vient avec les enjeux globaux. Car nous partons du présupposé que lʼimplantation du Triangle de Fer est partout présente dans les pays industrialisés. Que la ville de Grenoble soit certifiée « ville verte,propre, apaisée et solidaire » (on en passe) ne change rien à la prégnance du système dans nos vallées, bien au contraire ! Mais sʼil vous prenait lʼenvie de faire de même dans votre ville,il est probable que vous y découvririez le même style de petites pépites.

      Ce travail doit beaucoup aux militants techno-critiques de la région grenobloise et à leur lutte contre les « nécrotech-nologies » (nano et biotechnologies, biologie de synthèse, interactions homme-machine, etc.), et aux travaux de fond quʼils et elles ont mené sur la technopole grenobloise. Nous espérons que la critique produite dans ce livre soit féconde à Grenoble ou ailleurs. En débats quʼelle soulèvera peut-être ; en initiatives du même genre dans dʼautre villes, sur dʼautres campus, par des étudiants et des étudiantes ne se laissant pas duper par les consensus faux et mous de leur directeur et de ses ouailles ; et surtout féconde en combats face à un pouvoir qui montre les crocs contre sa population et tue sans vergogne dans bien des régions du monde. Parce que lʼaction de la cri-tique reste et restera avant tout la critique en action, il nous faudra, nous, vous, servir du texte, de la méthode, pour demander des comptes en haut, et peut-être nous organiser pour que les choses changent, à Grenoble et dans les autres facs. La lutte ne fait que recommencer !

  • Après plus de dix ans de guerre d’usure, Center Parcs abandonne son projet à Roybon
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/08/enlise-dans-de-multiples-recours-center-parcs-abandonne-son-projet-a-roybon_

    Depuis son lancement en 2007, le projet de domaine en Isère est bloqué par d’interminables procédures judiciaires, et son terrain occupé par des zadistes. Le groupe Pierre et Vacances jette l’éponge.

    #Zad #tourisme

  • Le Revenu garanti : une utopie libérale
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Le-Revenu-garanti-une-utopie-liberale

    Au contraire, le « Et vous, vous feriez quoi avec 1 000 € ? » renvoie chacun·e à ses goûts, aspirations ou contraintes, un peu comme dans le grand marché qui fait office de société dans la pensée libérale. J’ai déjà tenté de montrer, dans Égologie et La Conjuration des ego, combien même les critiques du capitalisme, du sexisme ou du productivisme ont bien intégré le fond libéral et individualiste de nos sociétés, au point qu’il leur est difficile de penser dans d’autres termes. (...) Les théories libérales postulent pourtant que chacun·e n’a qu’à s’emparer de son destin, quels que soient les moyens à sa disposition. Mais la liberté est mal partagée et les chances ne sont pas égales. Tout occupé·es par nos libertés individuelles, nous laissons en revanche s’éroder nos libertés collectives, comme la démocratie, l’autonomie collective ou les libertés civiles… Ce biais libéral individualiste contredit souvent nos plus belles aspirations et il faut savoir s’en échapper, remettre en question nos stratégies, nos modes d’action et les objets dans lesquels nous mettons nos espoirs d’un monde meilleur.

    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/revenu_garanti.html

    Sommaire
    Le revenu garanti : une fausse bonne idée ?
    Une utopie productiviste
    – Faut-il se réjouir des gains de productivité ?
    – Fin du travail pour qui ?
    – C’est mon choix
    Une utopie étatiste
    – État social et auto-organisation populaire
    – Faire circuler les richesses pour créer des communautés politiques
    – De meilleures allocs pour plus d’État ?
    Une utopie antiféministe et chargée de mépris de classe
    – Emploi, inégalités de genre... et revenu garanti ?
    – S’attaquer aux nuisances du travail rémunéré
    – Quand le revenu garanti fait office de salaire maternel
    – Mépris de classe et critique du travail... de l’autre
    – Une institution ambiguë
    Contre le solutionnisme
    – Une critique à sens unique du travail
    – Un solutionnisme écolo-alternatif

    #revenu_garanti #libéralisme #capitalisme #individualisme #travail #Aude_Vidal

  • Mais pour toi demain, il fera beau

    Récit d’émancipation sociale et féminine Mais pour toi demain, il fera beau serpente entre les lignes du destin et de l’Histoire. Cette bande dessinée de reportage relate la jeunesse de Gracia, fille d’immigrés siciliens à Grenoble. #Auberges_de_jeunesse, amour, littérature, sardinières et marins, exil, antimilitarisme s’entremêlent comme le chaos bien ordonné de nos vies.
    Après Disgrazia !, Coline Picaud continue à enquêter sur son histoire familiale et plus particulièrement sur celle, à la fois ordinaire et extraordinaire, de sa grand-mère.


    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/mais_pour_toi_demain_il_fera_beau.html
    Nouvelle #BD de #Coline_Picaud sur son histoire familiale, qui est aussi l’histoire de #Grenoble...

    #migrations #histoire #France #migrants_italiens #Sicile #Siciliens #bande_dessinée #livre


    #Tunisie

    ping @odilon, car j’ai beaucoup aimé ses autres BD, surtout « De l’autre côté » :
    https://seenthis.net/messages/545733

  • De tout bois #10, revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon
    https://grenoble.indymedia.org/2018-12-02-De-tout-bois-10-revue-de-lutte

    Les éditions Le monde à l’envers publient le 10ème numéro de « De tout bois », revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon. De tout bois #10 Revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon automne 2018 979-10-91772-26-6 ISSN 2426-3486 Publication trimestrielle, 20x28cm, 36 pages, 2 euros Cette revue se donne pour but de faire vivre la lutte contre le Center Parcs de Roybon (Isère) et d’en laisser des traces. Au-delà du cas particulier de cette lutte, la revue De tout bois tâche de (...)

    #Articles

    / #Infos_locales, Ville / Environnement, Révoltes / Luttes sociales, #Média, #Outils_théoriques, Actions (...)

    #Ville_/_Environnement #Révoltes_/_Luttes_sociales #Actions_directes
    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/de_tout_bois.html
    http://lemondealenvers.lautre.net

  • Des BD, des bd, encore des bd

    Comme il est question de bd aujourd’hui sur seenthis, pourriez-vous me recommander des albums ou auteurices que vous estimez. J’en ai lu quelques une bien-sûr mais ma culture bd est très très limitée et comme la médiathèque de chez moi est bien fournie, je devrais pouvoir y trouver des petits trésors. Merci.

  • Chères toutes et tous @aude_v ( https://seenthis.net/people/aude_v ) est revenue. Et elle est en forme !

    https://seenthis.net/messages/702409

    En tout cas, à moi cela fait plaisir !

    C’est l’occasion de rappeler qu’Aude tient ce très chouette blog ( http://blog.ecologie-politique.eu ) et qu’elle a publié l’année dernière ce très beau petit (par la taille) livre, Egologie (http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/egologie.html ) et que cela envoie du bois, c’est mal dire.

  • Lisez les Panthères en dehors de Panthère Première ! Hyperactives et multiformes, elles mènent d’autres projets en solo ou en collectif.

    À l’automne, Claire Richard a publié chez L’Échappée Young Lords. Une histoire des Black Panthers latinos.
    Et pour rencontrer l’auteure et discuter du livre, c’est le 26 janvier à l’Alimentari, à Montreuil.
    Courez-y, c’est palpitant, c’est radical, c’est beau.
    http://www.lechappee.org/young-lords

    Aude Vidal a coordonné On achève bien les éleveurs. Résistances à l’industrialisation de l’élevage, paru à l’automne chez L’Échappée et illustré par Guillaume Trouillard. On y trouve des entretiens avec Jocelyne Porcher, Jean-Pierre Berlan, le Groupe Marcuse, les fermiers du Pic-Bois, et d’autres qui nous racontent comment les logiques technocratiques s’immiscent dans l’agriculture et les rapports humain-animal.
    http://www.lechappee.org/on-acheve-bien-les-eleveurs

    Mais on peut aussi lire son petit opus bien envoyé, Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur. Go les bobos !
    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/egologie.html

  • [Zad Roybon] Fête des trois ans
    https://grenoble.indymedia.org/2017-12-02-Zad-Roybon-Fete-des-trois-ans

    Nous sommes heureuses-x de vous annoncer… que l’occupation de la forêt roybonnaise fête ses trois ans bientôt ! Venez fêter ça le 16 décembre, toute la journée ! Journée co-organisée par plusieurs composantes de la lutte contre le Center Parcs de Roybon, et aussi dans le cadre du « mois d’urgence des luttes » déclaré en commun avec plusieurs lieux et personnes en luttes (parmi lesquelles l’Amassade en Aveyron, Bure, Notre-Dame-des-Landes, …). https://zadroybon.wordpress.com/201... Au programme : 9h : (...)

    #Agenda

    https://zadroybon.wordpress.com/2017/11/21/preparons-leur-un-hiver-ardent
    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/de_tout_bois.html
    https://lenumerozero.lautre.net/Non-S-opposer-aux-grands-projets-d-amenagement-Ne-pas-proposer-
    https://zadroybon.wordpress.com