• Faut-il tuer ces rats que Paris ne saurait voir ? (Et qui éliminent des tonnes de déchets accumulés par les humains !)

    On s’acharne contre ceux que l’on appelle des animaux « liminaires ». Ni domestiques ni sauvages, ils vivent avec nous en ville. Mais pourquoi l’espace urbain serait-il réservé aux êtres humains ?

    Nous devons à Sue Donaldson et à Will Kymlicka, connus l’une pour ses études sur les droits des animaux, l’autre pour ses travaux sur le multiculturalisme, d’avoir remis en cause la distinction binaire entre les animaux domestiques et les animaux sauvages en définissant une troisième catégorie, celle des animaux « liminaires ». Dans Zoopolis, dont la traduction française vient de paraître aux éditions Alma, les deux philosophes observent qu’il existe « une grande variété d’espèces non domestiques qui se sont adaptées aux espaces habités par les humains », soit que ces animaux trouvent quelque avantage à vivre parmi nous (nourriture, abri, protection contre les prédateurs, etc.), soit que nous ayons occupé, encerclé ou détruit leur habitat naturel.

    Prisonniers de la distinction que nous avons établie entre les animaux domestiques et les animaux sauvages, nous considérons que les animaux sauvages doivent vivre dans la nature sauvage et traitons les animaux liminaires comme des intrus. « Comme ils ne font pas partie de notre société, nous sommes persuadés de pouvoir éliminer en toute impunité ces prétendus nuisibles par des méthodes semblables à celles du nettoyage ethnique », accusent Donaldson et Kymlicka, dans des pages où le traité de philosophie politique qu’est Zoopolis se sublime en un remarquable plaidoyer.

    Les rats ne sont d’ailleurs pas les seuls animaux à subir la violence aveugle des services municipaux ; les lapins, qui avaient fait garenne sur le terre-plein central aménagé devant le Palais des congrès de Paris, ont disparu depuis plusieurs années déjà ; leurs congénères établis à quelques centaines de mètres de là, sur le rond-point de la place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, ont connu le même sort.

    Plus récemment est venu le tour des lapins ayant élu domicile devant la façade nord de l’Hôtel des Invalides, à quelques pas du tombeau de l’empereur.
    http://www.liberation.fr/debats/2016/12/28/faut-il-tuer-ces-rats-que-paris-ne-saurait-voir_1537886

    #spécisme #animaux #animalrights

  • Pascal Picq : « Le bipède humain a besoin de marcher et de parler pour penser, pour créer » - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/12/28/pascal-picq-le-bipede-humain-a-besoin-de-marcher-et-de-parler-pour-penser

    Si la société et ses « brigades des mœurs » ne sont plus aussi répressives, les femmes savent à quel point il reste dangereux de se promener seule. Dans les questions qui touchent à l’égalité des femmes et des hommes, il est rare que celle de la liberté de marcher en ville ou dans les campagnes soit évoquée ; c’est pourtant bien la plus fondamentale ! La société change, mais les promesses faites aux femmes sont rarement tenues. On pourrait même dire que c’est au travers de la question de la marche que se mesure l’ampleur des entraves séculaires qui s’imposent à elles : les pieds bandés des petites Chinoises, les kimonos étroits et les petits pas des geishas, l’obligation de prendre de l’embonpoint, les colliers des femmes girafes, les lourds anneaux aux chevilles, les crinolines, les chaussures et les coiffures extravagantes… les corsets ! Comme s’il fallait empêcher, contraindre la liberté de la marche, de la démarche des femmes extrêmement troublante.

    #liberté #corps #marche #talons #sexisme