La frontière qui définit les indésirables
Nous sommes nées en 1994 et 1995, après Maastricht, dans une Europe dont la construction politique était déjà avancée ; nous avons grandi avec Shenghen ; pour nous, comme pour la plupart des français de notre génération, l’Europe n’a jamais été une question – à la rigueur, quelle Europe, ou l’Europe comment – . Nous avons toutes les deux eu une expérience avec Interrail, ce pass qui permet de faire des tours d’Europe en train, et nous avons l’habitude de voyager d’un pays à l’autre sans jamais nous soucier d’un quelconque visa. Pour nous, la frontière est une notion très abstraite ; nous l’avons étudiée en cours, en histoire et en géographie, mais sa représentation dans notre esprit était extrêmement floue. On nous parle de frontière fermée : comment une frontière peut-elle être fermée ? La ligne noire qui délimite les pays sur la carte ne peut apparaître en vrai : prend-t-elle la forme seulement de postes de contrôle, auquel cas elle n’est pas fermée partout ; y-a-t-il des grillages, des murs, des barbelés, pour signifier dans l’espace la séparation immatérielle des territoires ?
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