/2017

  • « Jean-Jacques Urvoas a informé Thierry Solère d’une enquête le concernant »

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/12/13/jean-jacques-urvoas-a-informe-thierry-solere-d-une-enquete-le-concernant_522

    « À l’époque où il était ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas (Parti socialiste) a transmis au député des Hauts-de-Seine Thierry Solère, alors membre du parti Les Républicains (Les Républicains), une note confidentielle sur une enquête policière le concernant, révèle Le Canard enchaîné dans son édition du mercredi 13 décembre. »

    On notera qu’Urvoas a utilisé la messagerie chiffrée #Telegram (celle que BFM TV et les médias équivalents appellent « la messagerie des djihadistes ») alors que, comme la plupart des politiciens, Urvoas a toujours prétendu que le #chiffrement, c’est mal, cas ça empêche les écoutes.

    #copinage #corruption #classe_politique

  • Les #contrôles d’identité et les fouilles de l’état d’urgence déclarés contraires à la #Constitution
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/12/01/les-controles-d-identite-et-les-fouilles-de-l-etat-d-urgence-declares-contra

    Entre juillet 2016 et novembre 2017, date à laquelle l’état d’urgence a pris fin, environ 5 000 arrêtés préfectoraux – d’une durée maximale de 24 heures – ont été pris autorisant ces contrôles. L’efficacité d’un tel outil n’a jamais été évaluée, par exemple en nombre d’objets dangereux qu’il a permis de découvrir. Son effet dissuasif est par ailleurs difficile à mesurer.

    Reste qu’il a été massivement déployé sur le territoire et à des occasions très diverses comme, par exemple, la Fête de la cerise de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (Loiret), autour des bureaux de vote à Paris pendant l’élection présidentielle ou encore afin de lutter contre la recrudescence des vols avec effraction en Seine-et-Marne. Huit départements sont à l’origine de 90 % de ces mesures, au premier rang desquels figurent la Saône-et-Loire, le Nord, la Seine-et-Marne et le Calvados.

    La Ligue des droits de l’homme (LDH), à l’origine de la question prioritaire de constitutionnalité examinée par le Conseil constitutionnel, avait contesté un de ces arrêtés, pris à Paris le 4 avril 2017 pour autoriser les contrôles dans « les transports en commun de voyageurs par voie ferrée de Paris ». Il a été « systématiquement et quotidiennement renouvelé » jusqu’au 20 juin, soulignait la LDH, « en justifiant invariablement cette décision par les mêmes circonstances générales », à savoir le « niveau élevé de la menace terroriste ».

  • Seine-et-Marne : un enseignant condamné à dix-huit mois de prison avec sursis pour « atteinte sexuelle » sur une collégienne
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/11/27/seine-et-marne-un-enseignant-condamne-a-dix-huit-mois-de-prison-avec-sursis-

    L’enseignant a entretenu pendant cinq mois une relation sexuelle avec cette collégienne de 14 ans qui avait été son élève. Le beau-père de l’adolescente avait emmené de force le professeur au commissariat, le 5 novembre, après avoir appris leur histoire, présentée comme une « relation amoureuse » par la jeune fille, avait fait savoir mi-novembre le procureur de Fontainebleau, Guillaume Lescaux. Le beau-père sera jugé ultérieurement pour violences et séquestration envers l’enseignant.

    Selon Le Parisien, qui avait révélé l’affaire, le professeur et l’élève se seraient rapprochés en février, en dialoguant via le réseau social Instagram, et auraient débuté une relation en juin. La collégienne avait été dans sa classe l’année précédente. « C’est une enfant, une fleur bleue, elle croit au grand amour, il le sait en tant que professeur, il s’est servi de ça pour séduire ma fille », a déclaré la mère de l’adolescente. « Pour moi, c’est un prédateur sexuel », a-t-elle ajouté, se disant « très déçue » que l’enquête n’ait pas été approfondie.

    L’avocate de l’adolescente, Margaux Mazier, a dit regretter que l’affaire ait été « bouclée en quarante-huit heures » :

    « Il n’y a pas eu d’investigation pour savoir si des adultes du collège connaissaient cette situation sans en informer les autorités compétentes, ce qui semble être le cas. »

    Pour l’avocate, « on a considéré qu’il s’agissait d’une simple histoire d’amour » alors que, selon elle, « il la suivait dans la rue, dormait devant chez elle ». La partie civile demande un supplément d’information, ce qui pourrait conduire au renvoi de l’audience.

  • Sarcelles : un policier tue trois personnes avant de se donner la mort
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/11/19/sarcelles-un-policier-tue-trois-personnes-avant-de-se-donner-la-mort_5217090

    Un policier de 31 ans a tué samedi 18 novembre en début de soirée à Sarcelles (Val-d’Oise) trois personnes avec son arme de service et en a blessé trois autres avant de se suicider, selon l’Agence France-presse (AFP), qui cite une source policière, et confirme une information du Parisien.

    D’après les premiers éléments de l’enquête, ce fonctionnaire de police en poste à Paris a tué trois personnes, dont son beau-père, et blessé sa belle-mère, sa compagne et la sœur de cette dernière dans ce qui s’apparente à un « drame familial » , avant de retourner l’arme contre lui.
    Deux passants victimes

    Le drame s’est produit vers 20 h 45 dans le vieux Sarcelles, à environ 300 mètres de la mairie de cette commune située au nord de Paris. L’homme a d’abord tué deux personnes qui se trouvaient « sur la voie publique », selon la source policière. « Ce sont des gens du voisinage, je les connais bien car j’ai habité dix ans dans cette rue, ils n’avaient aucun lien » avec le policier, a affirmé à l’AFP le maire de Sarcelles François Pupponi, présent sur place.

    Selon l’élu, le policier a ensuite tiré sur sa petite amie qui lui aurait annoncé peu de temps auparavant son intention de rompre. Grièvement blessée au visage, elle se trouvait dans une voiture stationnée devant un pavillon. Le gardien de la paix a été retrouvé mort dans le jardin.

    #domination_masculine #violence_masculine #violence_policière #terrorisme

    • L’e-monde dit "drame familiale" au lieu de violence policière et tuerie en pleine rue.
      Plus loin je tombe sur le titre : Paris à nouveau capitale des arts « primitifs » alors que c’est plutot Paris à nouveau capitale du trafique d’art pillé dans les nombreux pays ou nous faisons la guerre.

  • Danseuse enceinte licenciée : le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon condamné pour discrimination
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/11/10/le-directeur-du-ballet-de-l-opera-de-lyon-condamne-pour-discrimination_52131

    Le droit est-il soluble dans l’art ? Non, a répondu, jeudi 9 novembre, le tribunal correctionnel de Lyon, en condamnant le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende, pour discrimination et harcèlement.

    Yorgos Loukos, 67 ans, a été jugé coupable d’avoir écarté une danseuse de la troupe pour cause de maternité. Les juges ont estimé que la rupture de contrat relevait d’une infraction pénale, sans s’arrêter aux critères de libre choix artistique, invoqués par la défense. Ils ont condamné le directeur au versement de 20 000 euros de dédommagement à l’ancienne danseuse.

    La décision fera date dans le monde de la danse, où les directeurs de ballet règnent en maîtres sur la carrière des danseurs. Pour l’avocat Thierry Monod, spécialiste en droit du travail, elle pourrait inspirer d’autres actions judiciaires, dans un univers très dur, sous des apparences de camaraderie complice. « Les artistes sont des personnes sensibles, fragiles, pas très procédurières, ils attendent que la parole se libère », a expliqué le défenseur de Karline Marion, 36 ans, danseuse congédiée en janvier 2014, au retour d’un congé maternité, après cinq ans au sein du ballet de Lyon.

    Le directeur de ballet a justifié son choix en évoquant des « faiblesses stylistiques », un « manque de spontanéité », une « contradiction avec la modernité du répertoire », dans le rapport qu’il a adressé à la mairie de Lyon, employeur des trente danseurs du ballet.
    Termes sexistes

    Membre de la troupe de Maurice Béjart à ses débuts, Juliette dans la pièce de Prokofiev, Cendrillon pour la chorégraphie de Maguy Marin, choisie pour des pièces exigeantes de Merce Cunningham ou Jiri Kylian, la danseuse expérimentée a pensé que cette décision cachait un motif inavoué : sa grossesse, au moment précis où le renouvellement de son sixième contrat devait obligatoirement revêtir une durée indéterminée.

    La danseuse a choisi d’enregistrer le directeur à son insu. Les conversations retranscrites révèlent un homme au ton paternaliste, l’appelant « ma petite », « ma chérie », utilisant des formules brutales, lorsqu’il lui conseille d’abandonner une tournée pour rester à Lyon « faire sa gym ». Il lui suggère de s’occuper de son enfant, en l’appelant son « truc ». Une enquête interne a confirmé des termes sexistes au sujet de femmes enceintes.

    Campé à la barre, menton haut, mains dans le dos, tel un maître de ballet qui verrait s’agiter la chorégraphie judiciaire autour de lui, Yorgos Loukos a tenté d’excuser ses propos maladroits : « On est comme des sportifs, ensemble du matin au soir. » Voix forte, débit saccadé à la Karl Lagerfeld, il a justifié son choix : « Je savais qu’elle avait 35 ans, elle était pas mal mais elle n’était pas la meilleure. Tous les ans, toutes les compagnies du monde changent de danseurs. »
    « L’art et le droit se combinent mal »

    Pour le procureur de la République, « une grossesse va naturellement, légitimement, générer des contraintes en termes de ressources humaines, mais l’employeur doit y faire face, s’organiser ». « Qu’on ne vienne pas me dire que c’est de l’art ou de la danse, le code du travail s’applique aussi à l’Opéra de Lyon », a lancé Fabrice Tremel.

    « L’art et le droit se combinent mal ; dans l’art vous n’avez pas de critères définis, une sélection en matière artistique, ce n’est que subjectif », a plaidé Frédéric Doyez. L’avocat de la défense déplore la méthode déloyale de l’enregistrement, aux dialogues volontairement orientés. Selon Me Doyez, la danseuse n’aurait pas supporté la sanction artistique et se serait vengée en portant plainte. « La danse tient à des critères tellement intimes, que c’est dur à accepter », dit-il. Pour lui, le directeur de ballet, qui a contribué à la renommée internationale de l’Opéra de Lyon, s’est uniquement demandé : « Est-ce que c’est bon pour la compagnie ou pas ? »

    L’avocat a annoncé que son client allait faire appel du jugement.


  • http://berth.canalblog.com/archives/2010/05/26/17994551.html

    FN et identitaires : je t’aime moi non plus.
    Ils se sont amusés comme des fous, les #identitaires, à #Poitiers. Installés au sommet du chantier de la future #mosquée, ils avaient, en 2012,déployé une banderole faisant notamment référence à l’an 732, à #Charles_Martel, etc. C’était clair, et pas raciste pour un sou.
    A l’époque, le #FN n’avait pas de mots assez durs pour ces horribles radicaux. Les identitaires ? On ne mange pas de ce pain-là, eux c’est eux, nous c’est nous, et tout ça. Le procès qui s’ouvre vendredi à Poitiers va permettre de montrer à quel point cette indignation était sincère.
    Sur les six prévenus prochainement jugés pour diverses joyeusetés (dégradation, incitation à la haine raciale...), cinq sont, en effet, aujourd’hui au mieux avec le Front National. Benoit Vardon , frère de philippe, conseiller régional FN en Paca, est désormais... prestataire de services pour Nicolas Bay , chef des troupes frontistes à Bruxelles. Damien Rieu vient d’être recasé au service communication de la mairie FN de Beaucaire. Quant à Julien Langella , il s’est, lui, aussi, réfugié au service com’ d’une mairie lepéniste, à Cogolin.
    Les deux derniers sont plus proches du FN que jamais : Arnaud Delrieux et Maxime Frier , propriétaires d’un bar à Lyon - La Traboule, bien connue des patriotes locaux -, se sont affichés, en fevrier, avec 200 frontistes lors d’une fête endiablée. A leurs côtés, deux intimes de la patronne : Frédéric Chatillon et Axel Loustau .
    Pas de doute, la #dédiabolisation est en marche.
    Jérôme Canard.

    La mare aux canards 18/10/2017
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/10/21/generation-identitaire-poursuivie-pour-l-occupation-de-la-mosquee-de-poitier
    http://www.lautrequotidien.fr/gratuit/2016/9/7/les-nouveaux-masques-de-lextrme-droite-ksxb8
    @lahorde
    http://editionslibertalia.com/catalogue/ceux-d-en-bas/charles-martel-et-la-bataille-de-poitiers

  • Rémunérations, missions « inutiles »… le « malaise profond » des CRS
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/10/23/remunerations-conditions-materielles-missions-inutiles-des-crs-font-part-d-u

    A Calais, certains CRS, comme Jacques Merinhos, ont le sentiment désagréable de ne pas « servir à grand-chose » : « On nous demande de bloquer les migrants pour les empêcher de monter dans les camions, mais on n’apporte aucune solution. » « Notre mission est très mal définie et complètement inutile », lance Guillaume Boyer, après y avoir effectué cinq séjours en un an. Photographie à l’appui, l’agent, attablé dans l’hôtel-restaurant où il loge avec les collègues de sa compagnie, veut montrer l’absurdité de la situation. On aperçoit sur le cliché un groupe de migrants en train de jouer au football, près de la rocade menant au port. « Vous voyez, s’ils décident de traverser la route et de poser leur ballon, on va devoir intervenir. Puis, ils vont retourner jouer au ballon et, nous, on va se remettre à côté d’eux », explique-t-il, à la fois las et agacé.

  • Fraude fiscale dans des pharmacies : deux millions d’euros d’amende requis contre le fabricant de logiciel
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/10/21/fraude-fiscale-dans-des-pharmacies-deux-millions-d-euros-d-amende-requis-con

    L’affaire avait émergé en 2008 dans une pharmacie du Gard dont les exploitants étaient suspectés de frauder la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) en falsifiant des ordonnances et en surfacturant certaines prestations. L’enquête des gendarmes et du fisc avait permis de révéler un système de fraude fiscale. La pharmacienne et son mari avaient reconnu qu’ils dissimulaient environ 9 000 euros chaque mois grâce à un logiciel informatique de la société Alliadis permettant automatiquement de minimiser les recettes de l’officine.

    Le parquet a requis une amende de deux millions d’euros contre Alliadis estimant que la complicité de fraude était constituée, avec pour toile de fond « un système quasi mafieux, du plus haut au plus bas ». Il a également réclamé trois ans de prison avec sursis et une amende de 30 000 euros pour le couple de pharmaciens. Ce dernier a par ailleurs payé ses dettes fiscales après un redressement de 137 000 euros.

    Vendredi 20 octobre, ils ont réitéré avec une certaine franchise leurs aveux et indiqué que la fraude était grandement facilitée par ce logiciel puisqu’il suffisait de quelques manipulations informatiques pour effacer les opérations en liquide. La société Alliadis comparaissait aux côtés du couple. « On a été trop naïfs, a reconnu le mari. Mais quand on a la possibilité d’effacer… » (...)

    Les débats ont également mis en exergue l’importance de l’argent occulte dans certaines officines. Ce qui constituerait, selon le couple de pharmaciens, un argument de vente dans les transactions des établissements.
    (...) dans le prolongement de cette affaire, des poursuites pénales pour fraude fiscale ont été engagées contre 150 pharmaciens en France. (...)
    Alliadis appartient à un groupe présent sur cinq continents, emploie 8 000 personnes et affiche un chiffre d’affaires de plus de 900 millions d’euros.

    #pharmaciens #surfacturation #falsfication #fraude_fiscale #Fraude_contre_la_CPAM

  • Dix-huit mois de prison avec sursis pour avoir violé sa fille de ses 9 ans à ses 15 ans
    Un père de famille a été condamné en juillet dernier à dix-huit mois de prison avec sursis et de 3000 euros d’amende pour avoir violé à plusieurs reprises sa fille, de ses 9 ans à ses 15 ans. Sa femme a écopé de neuf mois de prison avec sursis et de 1000 euros d’amende pour ne pas être intervenue pendant ces 6 ans, alors qu’elle était au courant des faits. Le père a dû également reverser 500 euros à son fils, coupable de violences sur celui-ci.

    http://www.revolutionpermanente.fr/Dix-huit-mois-de-prison-avec-sursis-pour-avoir-viole-sa-fille-d

    VS

    Voiture de police incendiée à Paris : jusqu’à sept ans de prison prononcés

    Concernant les six autres prévenus, les peines sont les suivantes : cinq ans de prison dont deux et demi avec sursis pour Nicolas Fensch, l’homme qui a frappé le policier avec une tige en fer ; cinq ans de prison dont deux et demi avec sursis pour Ari Rustenholz, reconnu coupable d’avoir frappé par deux fois l’arrière de la voiture avec un plot métallique ; quatre ans dont deux avec sursis pour Kara Brault, pour avoir lancé un plot métallique dans le pare-brise avant ; deux ans dont un avec sursis pour Thomas Richaud, auteur de coups de poing et de coups de pied sur le véhicule ; un an avec sursis pour Leandro Lopes, pour « participation à un groupement en vue de la préparation de violences volontaires » ; et sept ans pour Joachim Landwehr, reconnu coupable d’avoir lancé le fumigène ayant causé l’incendie de la voiture...

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/10/11/voiture-de-police-incendiee-7-des-9-prevenus-juges-coupables-jusqu-a-7-ans-d

  • Procédures « bâillons » : la cour d’appel de Paris au soutien de la liberté d’expression des chercheurs

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/10/03/procedures-baillons-la-cour-d-appel-de-paris-au-soutien-de-la-liberte-d-expr

    La société Chimirec a perdu, vendredi 28 septembre, le procès en appel qu’elle avait intenté à l’universitaire Laurent Neyret pour diffamation, à la suite d’un article publié dans une revue juridique

    En publiant dans une revue juridique, en juin 2014, un commentaire de cinq pages sur le jugement de condamnation rendu par le tribunal de Paris à l’encontre de la société Chimirec, pour diverses pratiques contraires à la réglementation sur le traitement des déchets, l’enseignant-chercheur Laurent Neyret n’imaginait pas qu’il allait se retrouver à son tour devant la justice. Spécialiste du droit de l’environnement – il est notamment à l’origine de la notion de « préjudice écologique » entrée dans le code civil en août 2016 –, Laurent Neyret analysait dans la première partie de cet article les charges retenues par le tribunal à l’encontre de la société et des dirigeants de Chimirec, accusés d’avoir indûment perçu des subventions publiques pour dépollution, livré des huiles polluées et falsifié des documents administratifs, ainsi que les peines d’amendes prononcées d’un montant de 100 000 euros à 180 000 euros.

    Laurent Neyret développait, dans une seconde partie, une argumentation en faveur d’un alourdissement des sanctions en cas d’infractions environnementales en considérant que celles-ci n’étaient pas suffisamment dissuasives. L’article titré « Trafic de déchets dangereux : quand les dépollueurs se font pollueurs » lui ayant fortement déplu, la société Chimirec décidait de poursuivre le juriste pour « diffamation » devant le tribunal correctionnel de Paris.

    Bonne foi

    L’affaire avait suscité l’émoi de la communauté des chercheurs, de plus en plus souvent confrontée à une forme d’intimidation judiciaire de la part de certaines entreprises, l’objectif poursuivi étant de décourager les travaux de recherche en faisant planer sur leurs auteurs le risque de poursuites. Devenue familière de ces procédures dites « bâillons », la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, juge des libertés publiques, se montre particulièrement attentive.

    Par un jugement du 13 janvier 2017, elle a débouté la société et les dirigeants de Chimirec, en reconnaissant l’excuse de la bonne foi à Laurent Neyret. Elle a surtout considéré que la procédure intentée était abusive et a condamné les plaignants à verser respectivement 12 000 et 8 000 euros de dommages et intérêts à l’auteur de l’article et à la revue juridique qui l’avait publié. Dans son jugement, le tribunal relevait que Chimirec et ses dirigeants avaient fait preuve d’une « particulière témérité » dans l’exercice de leur droit « en choisissant d’agir en diffamation contre le commentaire d’une décision de justice par un enseignant en droit, alors même qu’il apparaît que ledit article s’est à l’évidence basé factuellement sur la motivation même de cette décision ».

    « Liberté d’expression »

    La société Chimirec a fait appel de cette condamnation civile. A l’appui de sa demande, elle a notamment fait valoir qu’elle avait été entre-temps relaxée partiellement de certains délits qui lui étaient reprochés. Mais dans son arrêt, rendu jeudi 28 septembre, la cour d’appel de Paris confirme le jugement prononcé et va plus loin que le tribunal dans la protection du chercheur. Elle considère que « dès lors que sont ni établies, ni même évoquées, une animosité personnelle de l’auteur [à l’égard de Chimirec et de ses dirigeants] ou l’existence de propos étrangers à la question de droit traitée, le seul fait d’examiner le caractère diffamatoire d’un article tel que celui rédigé par Laurent Neyret est une atteinte à sa liberté d’expression ».

    La cour ajoute que cette liberté doit être d’autant plus préservée que l’analyse des décisions judiciaires demandées à un professionnel du droit « n’a pas pour objet d’être seulement didactique mais doit nourrir le débat sur les orientations de la jurisprudence, qu’il s’agisse d’y adhérer ou de proposer des évolutions souhaitées ». Les juges de la cour d’appel relèvent au passage, et non sans ironie, que l’arrêt qui relaxe partiellement Chimirec, mérite « à son tour d’être commenté ».

    La vigilance des juges face à ce type de procédures ne rassure toutefois pas complètement les universitaires. Comme le soulignait le professeur de droit Denis Mazeaud en février 2017 dans la revue La Gazette du Palais au lendemain du jugement de relaxe de Laurent Neyret, « ce qui doit retenir l’attention, c’est le message subliminal adressé à tous les enseignants-chercheurs qui n’ont pas peur de déranger, de s’engager, de faire leur métier (…) et d’exprimer leurs opinions sans concession en toute liberté et en parfaite indépendance. Attention, leur est-il dit, il pourrait vous en coûter très cher et pas seulement en frais d’avocat ! »

    La protection des universitaires

    À la suite de deux poursuites intentées contre des universitaires, dont Laurent Neyret, le ministère de l’enseignement supérieur a adressé au printemps 2017 une circulaire aux universités sur la protection fonctionnelle des chercheurs et enseignants-chercheurs attaqués en diffamation. Cette initiative de l’ancien secrétaire d’Etat Thierry Mandon, destinée à « attirer l’attention sur la question des libertés publiques » faisait suite au rapport de la commission sur les procédures dites « bâillon », présidée par le juriste Denis Mazeaud. La circulaire rend « quasi-automatique » la protection fonctionnelle pour les enseignants-chercheurs visés par une procédure en diffamation, sauf en cas de « faute lourde. » Elle précise également les modalités de prise en charge des frais d’avocat. Le rapport Mazeaud suggérait d’inscrire cette protection dans la loi.

    • On a pu également entendre ceci : « Je mets au défi quiconque de dire que la justice couvre les violences policières ». Relevons donc le défi. Quand le procureur de Pontoise explique qu’Amada Traoré est mort d’une infection, ça n’est évidemment pas la police qui couvre la justice.

      Je pense que c’est le contraire qui veut être dit, ça n’est évidemment pas la justice qui couvre la police et non le contraire.

    • Quelque chose me gène dans cette affaire, c’est que les jeunes « antifa » comme Antonin Bernanos ( son frère Angel, Leandro Lopes Bryan Morio) : il se prétend antifa mais comme la grande majorité, vient quand même des « beaux quartiers », n’a aucun problème a être soutenu même par la presse, alors que le cas d’Adama Traoré est bien plus grave, c’est tout le contraire, il vient des banlieues là ou les jeunes sont sacrifiés dans l’indifférence générale de ces jeunes bourgeois jouant à l’antifa « no pasaran » a toutes les sauces et qui se livrent régulièrement a des violences gratuites.
      La justice fait son travail (a géométrie variable) il a récidivé plusieurs fois et ici qui va le croire vu son passé ?http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/27/au-proces-de-la-voiture-de-police-incendiee-antonin-bernanos-et-le-mysterieu A Nantes sous prétexte d’interdire une réunion du FN ils ont cassé, souvent ils arrivent pendant une manif légitime et là encore ils cassent !
      Des black-blocs, des méthodes de quasi fasciste. Sinon le pire est que leur réseau est quand même subventionné par le UNITED Union Européenne : https://s04.justpaste.it/pdf/psl2-justpaste-it-554216.pdf
      Ou le CICP a Paris rue Voltaire alors ou est leur insoumission politique, indépendance des pouvoirs si ceux qui les financent sont les mêmes qui financent leur présumés ennemis ? Après bien sur qu’il soit coupable ou pas la justice fera t’elle son travail de façon indépendante ?

  • Deux ans de prison pour la mère d’un djihadiste
    http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN1C327G-OFRTP
    https://s3.reutersmedia.net/resources/r/?m=02&d=20170928&t=2&i=1203343969&w=&fh=545px&fw=&ll=&pl=&sq=&r=LYN
    Elle envoie de l’argent à son fils : elle est accusé de financer le terrorisme.

    Belabbas Bounaga, délinquant condamné plusieurs fois, notamment pour trafic de drogue, s‘est radicalisé en prison en 2014 et 2015, avant d’être envoyé par sa mère en Algérie chez son père dans l‘espoir de le ramener dans le droit chemin.

    Il est resté six mois en Algérie, où sa mère lui a fait parvenir 1.000 euros. Puis il est parti en Malaisie, où elle lui a envoyé des mandats pour un total de 2.800 euros en avril 2016, notamment après une hospitalisation de son fils sur place.

    Quelques mois plus tard, il était en Syrie. Mais Nathalie Haddadi jure qu‘elle ignorait tout de ses projets. “J‘ai donné de l‘argent à mon fils pour qu‘il mange, qu‘il se soigne”, avait-elle confié à France 3 avant le procès.

    #jurisprudence #terrorisme #criminalisation

  • Le gouvernement choisit la surenchère sécuritaire pour sortir de l’état d’urgence
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/25/le-gouvernement-choisit-la-surenchere-securitaire-pour-sortir-de-l-etat-d-ur

    Le projet de loi sécurité intérieure, en discussion lundi à l’Assemblée nationale, copie largement les mesures d’exception auxquelles il est censé …

  • Comment la France s’apprête à devenir un Etat policier où chacun est transformé en potentiel suspect | Barnabé Binctin
    https://www.bastamag.net/Comment-la-France-s-apprete-a-devenir-un-Etat-policier-ou-chacun-est-trans

    « Etat policier », « despotisme doux », « césarisme » : juristes, avocats et grandes organisations de défense des droits humains critiquent très sévèrement le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui doit être votée à l’Assemblée nationale, la semaine prochaine. (...) Source : Basta !

  • Le procès de Céline Boussié devient celui de la maltraitance des enfants handicapés
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/20/quand-le-proces-de-celine-boussie-devient-celui-de-la-maltraitance-des-enfan

    Employé à l’IME entre 2003 et 2007, un psychomotricien fait part à la barre de son « malaise » lorsqu’il est arrivé à l’institut. Après plusieurs minutes d’un témoignage crispé et louvoyant, le témoin ose en dire davantage, évoquant « l’indigence des soins accordés aux enfants » et leur « condition de vie indigne ».

    Mais pourquoi s’être tu ? Pour l’ancien employé, délégué syndical à la CGT-Santé, il s’agit de « tout un système ». D’un côté, des parents « impuissants face aux menaces de la direction de leur rendre leur enfant ». De l’autre, des employés « terrorisés à l’idée de perdre leur emploi », dans une zone où l’IME est l’un des principaux employeurs.

    Le psychomotricien, qui fait valoir son jeune âge pour justifier son absence de dénonciation à l’époque, fait partie des salariés qui ont quitté leur poste sans rien dire, « pour pouvoir continuer sa carrière ailleurs ». Selon Loïc Padonou, le second avocat de Céline Boussié, dix-huit employés du centre ont démissionné entre 2010 et 2011. « Moi, je n’ai pas osé dénoncer, je n’avais pas les capacités de supporter ce que Céline a vécu », commente le professionnel, évoquant « un combat juste ».
    « Aveu judiciaire »

    Licenciée en mai 2014 pour inaptitude à tout poste, « comme pas mal d’autres employés », Céline n’a pas retrouvé d’emploi et vit avec le RSA. « Etre lanceur d’alerte, c’est un suicide professionnel, social et familial », résume la mère de famille. Elle raconte les menaces répétées, « qui perdurent encore aujourd’hui », le placement sous protection policière pendant plusieurs mois, les déménagements successifs, etc.

    #justice #lanceurs_d'alerte #handicap #maltraitance

  • Hausse de l’emprisonnement des mineurs en France malgré une délinquance stable
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/12/de-plus-en-plus-de-mineurs-detenus-en-france_5184209_1653578.html

    La justice emprisonne de plus en plus de mineurs. Au 1er août, 885 mineurs étaient écroués, dont les deux tiers en détention provisoire, selon la direction de l’administration pénitentiaire. Jamais depuis quinze ans de tels chiffres n’avaient été atteints. Ce mouvement de hausse a été particulièrement rapide ces derniers mois puisque en un an le nombre de mineurs détenus a progressé de 16,6 %, tandis que la population carcérale augmentait de 0,4 %.

    Le phénomène étonne jusqu’au ministère de la justice où ni la direction des affaires criminelles et des grâces ni celle de la protection judiciaire de la jeunesse, pas plus que la direction de l’administration pénitentiaire, ne sont en mesure de donner une explication. « Est-ce que cela vient d’une aspiration plus sécuritaire de la société ? Ce n’est pas à moi de l’interpréter », commente Madeleine Mathieu, la directrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Aucune directive de politique pénale ni réforme n’est venue durcir le sort des adolescents ces dernières années.

    #prison #mineurs

  • Oise : l’auteur de la fusillade à Noyon était un policier, qui a tué sa femme et ses deux enfants
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/10/oise-une-famille-de-quatre-personnes-dont-deux-enfants-tuee-par-balle-a-noyo

    Le triple assassin

    « n’aurait pas supporté l’annonce par son épouse de son intention de le quitter », a fait savoir la procureure de Compiègne.

    #féminicide #infanticide #domination_masculine #police

  • Un document signé Jacques Foccart établit la pratique des assassinats ciblés de l’Etat français

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/05/enquete-sur-un-permis-de-tuer-signe-jacques-foccart_5181120_1653578.html

    Un document extrait des archives du conseiller du général de Gaulle montre comment, pendant la guerre d’Algérie, un ingénieur allemand s’est retrouvé dans la mire des services extérieurs.

    Au cœur de l’été 1958, dans le plus grand secret d’un pouvoir gaulliste tout juste sorti de sa traversée du désert grâce au putsch d’Alger du 13 mai, la France n’entend négliger aucun moyen, même les plus illégaux, pour mener une guerre qui va encore durer quatre ans. Si certaines forces françaises ont recours à la torture sur le sol algérien, le dernier gouvernement de la IVe République, dirigé par le général de Gaulle, ordonne, de son côté, des opérations clandestines dans le reste du monde contre ceux qui menacent ses intérêts en Algérie. Assassinats ciblés, attentats, avertissements sous forme d’agressions, ces pratiques sont monnaie courante – « des centaines », dira Constantin Melnik, coordinateur des services de renseignement de 1959 à 1962.

    Considérant agir en toute légitimité même s’il est en totale infraction avec le droit international ou domestique, l’Etat français, que ce soit en 1958 ou en 2015, sous la présidence de François Hollande, s’est toujours réservé cette liberté, marquant ainsi les limites du contrôle de l’usage de la force, y compris dans les plus grandes démocraties. Levant un tabou, M. Hollande l’a même confirmé, oralement, dans plusieurs ouvrages, fin 2016. Mais il n’existait aucune trace écrite de ces décisions, du moins jusqu’à la découverte d’un document unique dans le fonds d’archives de Jacques Foccart, l’homme des services secrets et des basses œuvres du gaullisme, également connu comme le père de la Françafrique.

    Daté du 1er août 1958 et annoté de la main de Foccart, ce document non seulement livre les détails d’une condamnation à mort « d’un sujet allemand, (…) dont l’action est très néfaste aux intérêts français en Algérie », mais donne également les identités de la cible et de tous ceux ayant concouru au feu vert donné à son élimination physique. La lecture de cette pièce offre, enfin, une connaissance du processus d’autorisation qui fait intervenir les plus hautes autorités du pays et pose, même soixante ans plus tard, la question de la responsabilité d’un Etat.

    « Le traiter discrètement par toxique indétectable »

    Le Monde a reconstitué l’histoire de cet homme et les raisons qui ont conduit la France à vouloir le tuer. Cette plongée permet de découvrir un épisode méconnu de la guerre d’Algérie : l’action d’un réseau germanophone de soutien au FLN, qui a organisé la désertion de plus de 4 000 légionnaires, via Tétouan, au Maroc. Elle lève aussi le voile sur une guerre secrète qui a opposé la France et l’Allemagne de l’Ouest (la RFA), sur fond de fin de l’empire colonial français, alors qu’au grand jour ces deux pays unissaient leurs voix pour bâtir une Europe pacifique après deux conflits mondiaux meurtriers.

    Intitulée « Fiche relative à la désignation d’un objectif », la note est directement adressée par le service action du Sdece (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) à Jacques Foccart, qui est, à Matignon, conseiller technique du général de Gaulle – président du conseil pendant six mois avant de faire entrer la France dans la Ve République et de s’installer à l’Elysée. « Schulz-Lesum, sujet allemand, résidant à Tétouan, dit la note, est le chef d’une organisation de désertion de légionnaires français. (…) A la suite d’une mission de reconnaissance, un contact commercial a été établi avec Schulz-Lesum. Ce contact entretenu par correspondance doit nous permettre d’attirer l’objectif dans un lieu favorable au Maroc et de le traiter discrètement par toxique indétectable et à effet différé. »

    La « fiche relative à la désignation d’un objectif », annotée de la main de Jacques Foccart, qui commandite l’élimination de l’ingénieur allemand Wilhelm Schulz-Lesum. DR
    « Reçu le 3 août 1958, ai donné accord de principe », écrit, dans un premier temps, Jacques Foccart. Dans un second temps, de la même encre bleue, il ajoute, « accord de l’amiral Cabanier le 4 août, transmis aussitôt au colonel Roussillat », avant d’apposer son paraphe, identifiable sur de nombreux autres documents officiels. On relève que le ministre de la défense n’apparaît pas dans le circuit de décision. Le document mentionne que c’est le chef d’état-major général de l’armée, Paul Ely, qui a demandé cette élimination au Sdece. L’amiral Cabanier n’est autre que le chef d’état-major de la défense nationale attaché au général de Gaulle à la présidence du conseil. Le colonel Robert Roussillat est alors le chef du service action du Sdece, chargé de mettre en œuvre cette décision.

    Désertions de légionnaires

    Selon l’historien autrichien Fritz Keller, qui est l’un des rares à mentionner son nom dans ses travaux sur les réseaux d’aide au FLN, la cible, Wilhelm Schulz-Lesum, est née en 1896. D’après le Sdece, il serait alors « à Tétouan, depuis de nombreuses années ». Ingénieur de formation et officiellement responsable d’une société d’import-export, il agit, en réalité, pour le compte des autorités ouest-allemandes. Ses contacts avec la diplomatie de Bonn au Maroc et en Espagne sont avérés et fréquents.

    Son rôle est au cœur d’un rapport transmis, le 31 octobre 1957, par le chef des Renseignements généraux (RG) à Oran au général Salan, commandant la 10e région militaire. Largement nourrie par les informations des RG de Sidi Bel Abbès, où est implanté le quartier général de la Légion, cette enquête est adressée, en copie, au chef du Sdece. « Il s’avère que l’officine mise sur pied en vue de favoriser la désertion des légionnaires allemands existe effectivement. Elle a pour responsable un certain Schulz-Lesum, non identifié, ingénieur à Tétouan, représentant de l’ambassade allemande de Madrid, titulaire de nombreuses décorations honorifiques de la République fédérale de Bonn », y est-il précisé.

    En 1957, les Français assurent que le dénommé Schulz-Lesum est chargé de réceptionner les légionnaires déserteurs à Tétouan et de les diriger sur Madrid via Ceuta et Algésiras. Pour ce faire, il leur fournit des titres de transport et une attestation d’identité contre l’engagement de rembourser la totalité des frais de rapatriement. « Il ressort que des contacts auraient été décelés entre légionnaires allemands et émissaires du FLN à Saïda [Algérie]. Ces contacts seraient pris dans cette ville à l’intérieur du Café des Sports », poursuit le rapport des RG de Sidi Bel Abbès.

    « Révolutionnaire au prestige extraordinaire »

    Le service de rapatriement des légionnaires déserteurs a été créé en octobre 1956 par le Conseil national pour la révolution algérienne (CNRA), et son installation à Tétouan a été confiée à Abdelhafid Boussouf, alias « Si Mabrouk », ex-chef de la wilaya (circonscription administrative) V, perçu par le Sdece comme un « révolutionnaire au prestige extraordinaire, plus proche des combattants du maquis que de l’aile bourgeoise du Front ». En 1953-1954, la Légion comprend 55 % d’Allemands, chiffre qui descend à 35 % entre 1956 et 1962, selon l’historienne Mathilde von Bulow, auteure d’un ouvrage sur l’Allemagne de l’Ouest au temps de la guerre froide et de la guerre d’Algérie. Un bon tiers a moins de 21 ans, et beaucoup ont même moins de 18 ans.

    Le but, pour le FLN, est de structurer un phénomène de désertions croissant. Le 23 août 1955, le général Lorillot, prédécesseur de Salan au commandement de la 10e région militaire, écrit ainsi au ministre de la défense pour lui faire part de « l’augmentation sensible des désertions dans les unités de la Légion étrangère ». Mais il se veut alors rassurant. Cela ne serait dû, selon lui, qu’à « la fin des opérations actives en Indochine », à « la modicité de la solde en Afrique du Nord par rapport aux soldes en Extrême-Orient » et « à la situation de demi-repos (…) propice aux tentatives de fugue ». Néanmoins, il estime nécessaire de « suivre de très près les questions de sécurité interne ».

    L’inquiétude s’accroît pourtant vite. Le 22 octobre 1956, l’interception de l’avion transportant cinq chefs du FLN permet aux Français de trouver sur l’un des leaders, Mohamed Boudiaf, un extrait d’interrogatoire réalisé par les autorités espagnoles d’un légionnaire allemand déserteur âgé de 23 ans, Ludwig Trapp. On peut y lire des informations précieuses sur l’organisation et la sécurité interne de la Légion, ses lieux d’implantation en Algérie. Le 14 décembre 1956, le ministre résident en Algérie assure au secrétaire d’Etat aux affaires étrangères que « les ingérences espagnoles dans la rébellion en Afrique du Nord sont indéniables ».

    Réseaux de solidarité

    Le même 14 décembre 1956, le légionnaire Manfried Kober, de la 5e compagnie du 1er régiment étranger d’infanterie, rejoint ainsi dans le maquis une unité du FLN avec vingt camarades, avec armes et équipements. Ils sont pris en charge pendant vingt et un jours, avant d’être acheminés vers le Sud marocain, en territoire espagnol. Par bateau, ils font ensuite le trajet Ifni-Tétouan. Schulz-Lesum leur fait gagner Tanger, puis Madrid par avion. Kober est accueilli par le consul d’Allemagne dans la capitale espagnole, qui lui remet une somme d’argent, un passeport et un billet d’avion.

    A Berlin, Kober est reçu par un pilier de cette filière de rapatriement, membre du « Nordafrikanischer Club », un certain Lindemann, qui lui demande le remboursement des 600 marks, prix de son retour au pays. L’hebdomadaire Jours de France, en juillet 1957, évoque l’existence de ce réseau allemand, à Berlin. Dirigé par Hans-Peter Rullman, converti à l’islam et membre d’un mouvement pour la réunification de l’Allemagne patronné par la CDU (Union chrétienne démocrate) du chancelier Adenauer, il se livre à l’achat et à la livraison d’armes pour la « résistance algérienne ». Mais son activité principale reste l’organisation de la désertion des légionnaires allemands en Afrique du Nord.

    M. Lindemann, qui prétend avoir 3 200 désertions à son actif, affirme même envoyer des émissaires qui, une fois introduits dans la Légion, endoctrinent des jeunes recrues et les incitent à déserter. De nombreux réseaux de solidarité se montent par ailleurs en Allemagne, dans les milieux étudiants, catholiques, protestants, communistes, trotskistes et syndicaux. Hans-Jürgen Wischnewski, député SPD (Parti social-démocrate), est la figure politique de ce mouvement de soutien. Adenauer, qui ne veut pas laisser la main au parti de l’opposition SPD, laisse faire, persuadé qu’un jour l’Algérie sera indépendante.

    Tétouan, centre de transit

    Le FLN a confié à Abdelkader Chanegriha la coordination de quatre brigades spéciales, chargées du franchissement de la frontière. Deux voies principales d’exfiltration sont empruntées jusqu’à Nador par les déserteurs allemands, vers le sud, puis à l’ouest, suivant l’itinéraire El Aricha, Berguent, Oujda, à pied, puis de Nador à Tétouan, en taxi. Une seconde officine existe à Mascara, le trajet des légionnaires étant alors Dublineau, Tlemcen, Oujda, puis de Nador à Tétouan. « A Nador, ils seraient pris en compte par le gouverneur civil de ce centre puis dirigé sur Tétouan où Schulz-Lesum se chargerait de leur acheminement sur l’Allemagne », conclut le rapport des RG de Sidi Bel Abbès. Le centre de transit de légionnaires déserteurs à Tétouan est établi dans le quartier de Malaga, à une centaine de mètres du cinéma Le Victoria.

    La base de Nador, située au bord de la mer, à l’extrémité est de l’ex-Maroc espagnol, à près de 100 kilomètres de la frontière algéro-marocaine, est le siège de l’état-major rebelle du Comité de libération du Maghreb arabe, mais aussi la plaque tournante du trafic d’armes et du regroupement des Algériens et Marocains partant combattre dans les maquis d’Algérie. « Il existe des ateliers à Nador où des spécialistes (parfois d’anciens légionnaires) fabriquent des grenades et des mines, dit le renseignement militaire. Une usine de fabrication de grenades et de mines se serait récemment montée à Tétouan, à l’embranchement de l’ancienne et de la nouvelle route de Ceuta, sous la direction de deux ingénieurs allemands. »

    Contacté en Algérie par Le Monde, Mohammed Lemkami, ex-membre des renseignements du FLN, se souvient des activités de ces Allemands de Tétouan, notamment de Winfried Müller, devenu officier de l’Armée de libération nationale (ALN) sous le nom de Si Mustapha Müller, dont seul le nom restera dans l’histoire du rapatriement des légionnaires. Son bac en poche en 1954, Lemkami devient instituteur dans son village natal de Khemis, à 45 kilomètres de Tlemcen. Petite main du FLN, il participe peu à peu à des missions de convoyage d’armes à la frontière algéro-marocaine et escorte des chefs de l’ALN avant d’intégrer le ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG, le service de renseignement du FLN), créé en 1957 par Boussouf.

    « Ils ont été efficaces »

    « Les contacts avec les légionnaires se faisaient à l’intérieur du pays et ont été initiés par le FLN, se souvient-il. Parfois, en un seul jour, une petite dizaine d’entre eux désertaient, parfois personne. Certains légionnaires venaient avec leurs armes. Ils nous donnaient des informations sur les activités de la Légion, qui était la plus crainte au sein de l’armée française. On leur faisait passer la frontière et on les conduisait dans une ferme à Tétouan. C’est là que le réseau de Si Mustapha Müller prenait le relais pour les rapatrier. Ils ont été efficaces, car il y avait beaucoup d’Allemands et d’Autrichiens dans la Légion. »

    Mohammed Lemkami œuvre alors également au sein du contre-espionnage du MALG. « En 1957, on a intercepté deux hommes du Sdece à la frontière marocaine, se remémore-t-il. Ils se faisaient passer pour des légionnaires déserteurs. S’ils ne répondaient pas à nos questions, ils mourraient, alors ils nous ont donné tout ce qu’ils savaient sur le Sdece au Maroc et en Algérie. Ils nous ont donné les noms des Marocains et des Algériens qui travaillaient pour eux. » Le renseignement est une priorité du FLN. Le Sdece signale, le 29 août 1958, qu’un légionnaire artificier ayant participé à la pose de mines et du réseau électrifié dans la région de Port-Say « aurait déserté et aurait donné tous les plans du réseau ».

    Pour ses activités, Wilhelm Schulz-Lesum est décoré, en 1957, par le président allemand, Theodor Heuss, de la croix fédérale du mérite. Le 2 avril 1958, la présidence autrichienne l’honore également pour son rôle dans le retour de légionnaires autrichiens, qu’il négocie avec l’ambassadeur d’Autriche à Madrid. Dès le 7 février 1957, le Sdece a informé la présidence du Conseil sur « la position autrichienne [qui] risque d’être influencée par l’esprit anti-colonialiste de certains secteurs socialistes. Dans ces conditions, il y a lieu de prévoir soit l’abstention de l’Autriche, soit l’alignement sur l’attitude des Etats-Unis ». Karl Blecha, futur ministre de l’intérieur autrichien, alors président de l’Union des étudiants socialistes, se rend, en 1958, en Afrique du Nord pour rencontrer des membres du FLN.

    Maquiller les opérations

    Reimar Holzinger, un socialiste autrichien né en 1921, qui a rencontré Si Mustapha Müller en 1955, est devenu son alter ego et s’occupe de l’exfiltration des déserteurs autrichiens. Il prend également en charge les Hongrois qui ont intégré la Légion après les événements de 1956 à Budapest. Bruno Kreisky, alors ministre des affaires étrangères autrichien, soutient le gouvernement algérien en exil et le réseau Holzinger. « Quand un Autrichien désertait, le service de rapatriement contactait l’ambassade d’Autriche à Madrid, laquelle se chargeait d’organiser le transfert en bateau de Barcelone à Gênes et de là vers l’Autriche », a rapporté Holzinger à l’historien Fritz Keller.

    C’est dans ce contexte que le service action du Sdece va tenter de mettre en œuvre l’ordre d’éliminer Wilhelm Schulz-Lesum. Pour maquiller ce type d’opération, la France étant déjà critiquée au sein de l’ONU pour sa politique algérienne, le Sdece fait croire qu’un groupe mystérieux appelé La Main rouge opère de manière autonome et mène, seul, des actions contre les soutiens actifs au FLN. Un grand nombre d’opérations étant perpétrées en Allemagne de l’Ouest, il s’agit aussi de ne pas heurter l’allié allemand. Selon un ancien du 11e régiment parachutiste, bras armé du Sdece, l’opération d’approche mentionnée dans la note Foccart auprès de Schulz-Lesum était la spécialité d’un groupe d’agents du Sdece mené par Jean-Pierre Lenoir, expert dans la traque des trafiquants d’armes et très actif en Espagne.

    Le rôle de faux nez joué par La Main rouge n’a guère trompé les autorités allemandes, qui mènent, de leur côté, un double jeu. Dans leur Histoire des services secrets allemands (Nouveau monde, 2009), Michael Mueller et Erich Schmidt-Eenboom indiquent que le BND, l’équivalent allemand du Sdece, disposait d’un bureau au siège des services français, à Paris, et qu’il prêtait main-forte dans la traque aux réseaux de soutien au FLN, y compris sur le sol allemand.

    Quand l’Allemagne équipait le FLN

    Mais, à la fin des années 1950, pour s’attirer les faveurs de pays arabes tout juste sortis du joug colonial, la RFA envoie aussi ses agents du BND former les services de sécurité de la Syrie, du Soudan et de l’Egypte, pays où les renseignements allemands dialoguent avec le FLN et son gouvernement provisoire. La RFA considérait favorablement le rapatriement de légionnaires allemands, estimant que leur présence dans cette force coloniale française était une atteinte à sa souveraineté et à son image. En 1958, un agent expérimenté du BND, Richard Christmann, lui-même ex-légionnaire, se rend d’ailleurs à Sidi Bel Abbès pour rendre compte des activités du réseau.

    Les menaces du Sdece n’ont pas été sans effet. Le BND semble avoir prévenu Wilhelm Schulz-Lesum du danger. Lorsque la sentence mortelle est prononcée à son encontre, le 4 août 1958, dans le secret du bureau de Foccart, l’homme est déjà en partance vers Madrid. Le Sdece relève d’ailleurs, le 4 juin 1958, que les déserteurs sont désormais accueillis, à Tétouan, par un autre Allemand, Otto Berger, également agent consulaire de la République fédérale allemande.

    Tétouan, terre d’espions et point d’observation régional au cœur de l’empire colonial français en train de s’affaiblir, intéresse alors tous les services secrets étrangers. D’après l’historien Kader Benamara, qui a travaillé avec M. Keller sur les réseaux de solidarité autrichiens en faveur du FLN, « Si Mustapha Müller avait été contacté par la CIA pour connaître le rôle du Parti communiste au sein de la rébellion algérienne ». Le FLN était, selon le renseignement militaire français, équipé d’« appareils portatifs de fabrication américaine » fournis par l’Allemagne.

    « Déviance titiste »

    Le même Müller avait déserté, pendant la seconde guerre mondiale, la Wehrmacht pour rejoindre l’Armée rouge, au sein de laquelle il a joué un bref rôle de propagandiste communiste à destination des soldats allemands. Exclu d’une école de cadres communistes, en 1950, pour « déviance titiste », il tente, en vain, d’entrer dans la Légion étrangère, le 2 février 1951, à Landau, en Allemagne, puis débarque à Paris, en 1953, où il devient chef du protocole d’un diplomate sud-américain dont la femme ne saura jamais que sous son lit étaient cachés des lots de grenades destinés aux amis du FLN. Repéré par les services français, il fuit vers le Maroc en 1956, où il noue vite des relations étroites avec les représentants consulaires et diplomatiques de la République fédérale allemande.

    Les Soviétiques, proches alliés du FLN, étaient également présents à Tétouan et n’ont pas perdu le contact avec Müller. Un télégramme du 26 mai 1959 du consulat général de France de Tétouan à son ministère à Paris indique, laconique, qu’un « service commercial russe aurait loué des bureaux par l’intermédiaire de M. Garcia Rivera, vente de produits agricoles ». La tête de Müller est mise à prix 50 000 marks, mais il est moins facile à atteindre que Schulz-Lesum. Il échappe à un explosif caché dans un livre envoyé du Caire qui l’attend à la poste de Tétouan. Quatre gardes du corps le suivent en permanence et des chiens protègent sa maison, à Tétouan, des agents de La Main rouge.

    La vindicte est retombée

    Comme bon nombre d’opérations commandées au Sdece à cette époque, finalement avortées ou abandonnées, celle ayant visé Wilhelm Schulz-Lesum paraît ne pas avoir été menée à son terme. Après des recherches en Algérie, au Maroc, en Allemagne et en Autriche, Le Monde a finalement retrouvé sa trace, en juin 1965, à Madrid, où l’ingénieur de 69 ans a renoué avec ses premiers centres d’intérêt. Il y dépose, le 1er juin 1965, un brevet technique sur un extincteur d’incendie. Il a retrouvé une vie normale. La vindicte française est retombée.

    Trois ans plus tôt, en effet, le 15 septembre 1962, Si Mustapha Müller a annoncé la fin des activités du service de rapatriement de légionnaires déserteurs « eu égard au rétablissement de l’indépendance de l’Algérie et compte tenu de l’accord franco-algérien d’Evian ». Parmi les 4 111 légionnaires déserteurs rapatriés par le réseau figurent 2 783 Allemands, 489 Espagnols, 447 Italiens, 137 Hongrois, 87 Yougoslaves, 41 Belges, 35 Suisses, 31 Autrichiens, 16 scandinaves, 19 Hollandais, 7 Luxembourgeois, 3 Grecs, 9 Britanniques, 2 Américains, 3 Latino-Américains, 1 Coréen et 1 Bulgare.

    Wilhelm Schulz-Lesum redevient l’un des acteurs anonymes d’une aventure collective tombée dans l’oubli, qui fut résumée, en avril 1961, par le journal américain de Francfort The Overseas Weekly sous un titre évocateur : « Le service qui a volé une brigade entière de la Légion étrangère sans tirer un coup de fusil ».