« De l’homme considéré comme un être-pour-le-vote », par Gérard Briche

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  • l’être-pour-le-travail est redoublé par un être-pour-le-vote.

    « De l’homme considéré comme un être-pour-le-vote », par Gérard Briche - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-de-l-homme-considere-comme-un-etre-pour-le-vote-par-ger

    En effet, la suppression des privilèges a eu pour conséquence d’abolir ce qui était une « soustraction aux contraintes » d’une partie de la société. Ainsi, la contrainte de travailler ne s’appliquait pas aux nobles auxquels cela leur était interdit, sous peine de perdre leur qualité et de « tomber dans la roture » (ce qui du reste scandalisait une partie des philosophes des Lumières). La liberté de tous de pouvoir travailler, comme l’égalité de tous devant la nécessité de travailler, avait légitimement l’aspect d’une mesure démocratique. Chacun était désormais libre de mettre en œuvre ce dont il disposait pour augmenter la richesse sociale. Il est vrai que pour ceux qui possédaient des moyens de production, cette « nécessité de travailler » prenait la forme d’une « nécessité de faire travailler » ceux qui n’avaient en revanche que leur puissance de travail. Le progrès démocratique que constituaient la liberté et l’égalité de tous fut aussi le déchaînement des forces productives sociales, illustré par l’accroissement rapide de la richesse au XIXe siècle.

  • « De l’homme considéré comme un être-pour-le-vote », par Gérard Briche - Critique radicale de la valeur
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    « Voter est un droit ; c’est aussi un devoir civique » : heureusement, cette formule n’est pas adossée à des dispositions judiciaires (le refus de vote n’est pas un délit, en tout cas pas en France). Mais c’est l’un des arguments fallacieux utilisés pour justifier la participation aux élections, voire pour la présenter comme une obligation citoyenne. Certes, le suffrage universel, dans ses modalités actuelles, n’a été obtenu qu’au terme d’un processus conflictuel de plusieurs dizaines d’années. Mais le considérer comme un « acquis démocratique » qu’il serait insultant pour ceux qui se sont battus pour lui de ne pas exercer, relève, pour le moins, d’une vision un peu courte de la Révolution française et de ses effets.