Comment un diplomate israélien a travaillé au cœur du Parti travailliste pour mettre à mal Corbyn
Alex MacDonald et Simon Hooper | 9 janvier 2017
►http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/comment-un-diplomate-isra-lien-travaill-au-c-ur-du-parti-travailliste
Des enregistrements secrets vus par Middle East Eye ont révélé comment un diplomate israélien a cherché à créer des organisations et des groupes de jeunesse pour promouvoir l’influence israélienne au sein du Parti travailliste, dans le cadre d’un effort visant à mettre à mal le leadership de Jeremy Corbyn au sein du parti d’opposition.
Dans des conversations secrètes filmées par un journaliste infiltré, Shai Masot, agent politique de haut rang à l’ambassade d’Israël à Londres, a décrit son projet de création d’une branche de jeunesse de l’organisation Labour Friends of Israel (LFI – « Amis travaillistes d’Israël ») et a révélé qu’il avait mis en place d’autres organisations par le passé.
Masot a émis l’idée de faire participer des délégations de membres du Parti travailliste à des voyages en Israël et a indiqué à Joan Ryan, présidente des LFI, qu’il s’était vu accorder 1 million de livres (environ 1,15 million d’euros) pour financer d’autres visites.
Il a également affirmé avoir créé un groupe appelé « City Friends of Israel » en collaboration avec l’AIPAC, une organisation de lobbying pro-israélien influente aux États-Unis.
Qualifiant le leader travailliste Jeremy Corbyn de « fou », Masot a expliqué qu’il avait créé une branche pour les jeunes des Conservative Friends of Israel (« Amis conservateurs d’Israël ») en 2015 et qu’il souhaitait en faire de même au sein du Parti travailliste, mais qu’il n’y était pas parvenu en raison de la « crise » qui a entouré l’élection de Corbyn à sa tête.
Masot a également qualifié les partisans de Corbyn de « tarés » et d’« extrémistes ».
Corbyn est considéré comme favorable au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), que Masot explique avoir été chargé de discréditer et de mettre à mal à un autre moment des enregistrements.
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L’appel du Parti travailliste à la tenue d’une enquête a été appuyé par le Parti nationaliste écossais (SNP) ainsi que par plusieurs députés conservateurs de haut rang.
« Nous ne pouvons pas voir Israël agir au Royaume-Uni avec la même impunité que celle dont il jouit en Palestine », a déclaré Crispin Blunt à MEE.
« Il s’agit clairement de l’ingérence la plus obscure et déshonorante dans la politique d’un autre pays. »
« C’est une affaire aussi sérieuse que celles impliquant les services du renseignement soviétiques, qui se permettaient de suborner la démocratie et de s’immiscer dans son processus de fonctionnement normal », a indiqué Nicholas Soames, un autre député conservateur, dans des propos accordés à Peter Oborne de MEE.
Écrivant de manière anonyme dans le journal Mail On Sunday, un ancien ministre du gouvernement de l’ancien Premier ministre David Cameron a déclaré que la politique étrangère britannique était « prise en otage par l’influence israélienne au cœur de notre politique ».
« Depuis des années, les CFI et les LFI travaillent avec – et même pour – l’ambassade d’Israël pour promouvoir la politique israélienne et contrecarrer la politique du gouvernement britannique et les actions des ministres qui tentent de défendre les droits des Palestiniens. »
L’ambassade d’Israël a tenté de minimiser l’importance de Masot en le qualifiant d’« employé subalterne de l’ambassade » dont les propos étaient « totalement inacceptables »
Elle a précisé qu’il allait « terminer très prochainement son contrat de travail à l’ambassade ».