Nawaat – La gauche contre Marzouki

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    http://nawaat.org/portail/2017/01/09/la-gauche-contre-marzouki

    Or, nous ne sommes plus du tout dans la configuration qui était celle de la Troïka et de la Constituante. Ennahdha est bien ancrée, et durablement semble-t-il, dans l’Etat tandis que la galaxie que j’appelle par commodité « marzoukiste » s’y oppose vigoureusement, cultivant, à juste titre, l’héritage de la révolution contre l’ancien régime. De manière confuse et politiquement brouillonne, incohérente parfois, sans projet ni alternative, idéologiquement difficile à cerner, certes. S’y croisent des personnalités aux principes aussi rigides qu’extravagants et des dirigeants opportunistes et ambitieux auxquels j’hésiterais à prêter un dinar. Mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, je dis bien aujourd’hui, dans les conditions qui sont les nôtres, cette galaxie représente ce qu’en d’autres temps on définissait politiquement comme étant la « démocratie petite-bourgeoise », inscrite dans la dynamique de la révolution et non de la réaction. Et, même si mon propos peut choquer certains militants de gauche ou sembler complètement fantasque à d’autres, je ne suis pas loin de penser que, dans l’équation politique actuelle, cette mouvance est plus « radicale » que les courants de gauche qui occupent les médias.
    J’ajouterais même cette hypothèse : l’acharnement de cette gauche contre la Troïka, alors même qu’elle appartient à un passé révolu et que sa principale composante est engagée dans une nouvelle stratégie, viserait peut-être moins Ennahdha que Moncef Marzouki qui est en mesure – s’il sait y faire – d’étendre son influence sur des secteurs populaires que la gauche pourrait considérer comme son espace « naturel » d’expansion. Aux élections municipales à venir, cette gauche, dépourvue d’une véritable implantation populaire, jouera son véritable enracinement institutionnel, plus décisif sans doute que sa présence actuelle au parlement. Et on peut imaginer que rien ne lui serait plus agréable que d’apparaître comme la seule force d’opposition. Ce n’est là qu’une hypothèse mais ce type de calculs est tout à fait dans la tradition des formations historiques de la gauche tunisienne. Une autre solution existerait pourtant : construire des ponts avec le courant Marzouki et les forces similaires pour tenter de développer en commun une dynamique démocratique qui renoue avec les aspirations exprimées par la révolution.