• J – 119 : Voilà bien le jeune auteur impatient que je suis, je viens de recevoir le fichier pdf de la couverture du livre et je l’imprime en toute hâte, le découpe en suivant les hirondelles et le plie en suivant avec soin les indications de pliage, le livre sort dans un peu de deux mois, dans un petit mois sans doute, mon éditeur, j’aime bien dire mon éditeur, en recevra quelques centaines pour les envoyer à la presse et aux éventuelles librairies qui en font la demande et je crois que l’usage veuille que je sois convié à cette distribution mettre un peu de ma salive sur l’envers des timbres, un petit mois de rien du tout, mais je suis comme un enfant, bricolant avec une paire de ciseau ce faux livre pour me rendre compte qu’il est tout petit et tout fin, je serais presque vexé.

    Je monte dare-dare dans ma chambre et cherche dans la bibliothèque un livre qui ferait à peu près deux cents pages aussi, pour le comparer. Et je suis à la fois rassuré que les collègues ne font pas mieux, qu’ils ne font pas des livres plus grands ou plus épais quand ces derniers font 200 pages, et déçus, finalement, que les collègues comme je les appelle immodestement ne fassent pas mieux, eux.

    Il est décidément temps que le livre sorte et que je passe à autre chose, parce que là, à force de retenir pareillement de respirer, je vais finir par ne pas la voir cette fameuse sortie du livre.

    On ne se refait pas. Je crois que je serai toujours ce gamin dans l’attente de quelque chose.

    Exercice #70 de Henry Carroll : Montrez que la photoigraphie est une forme de magie.

    #qui_ca