Insee − Institut national de la statistique et des études économiques

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  • Peu de mobilité dans l’échelle des revenus entre 2003 et 2019
    Tristan Loisel, Michaël Sicsic (Insee)

    La comparaison des revenus des mêmes personnes sur la période 2003-2019 à partir de données fiscales révèle que la position des individus dans l’échelle des revenus en 2019 est proche de leur position en 2003 : la corrélation entre ces deux positions est de 71 %. L’inertie est particulièrement forte en bas et en haut de la distribution : parmi les 20 % les plus aisés et les 20 % les plus modestes, près des deux tiers des individus restent dans la même catégorie. L’inertie serait ainsi plus élevée qu’aux États-Unis.

    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6960027

  • Des prix de vente de l’électricité aux clients professionnels attendus en forte hausse en 2023 - Insee Focus - 290
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6794043


    Note : les données sont provisoires pour 2022 et prévisionnelles pour l’année 2023.
    Lecture : le prix moyen de l’électricité vendue au secteur non marchand serait de 249 euros en 2023.
    Champ : France métropolitaine, clients professionnels.
    Source : Insee, enquête sur l’impact prévisionnel des hausses de prix de l’électricité sur les dépenses en 2023.

    Les prix des matières premières et de l’énergie ont vivement augmenté en Europe occidentale depuis fin 2021. Fin décembre 2022, les fournisseurs d’électricité estiment que les prix de vente de l’électricité aux clients professionnels devraient augmenter de 84 % en 2023 (en moyenne annuelle par rapport à 2022), avant prise en compte de mesures telles que l’« amortisseur électricité », le « guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité » ou le « plafonnement pour les très petites entreprises ». Cette hausse varierait selon les secteurs d’activité des clients et selon la puissance d’alimentation souscrite.

  • Thread by C_A_Gustave on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1619421520631300096.html

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    L’INSEE a actualisé les données de mortalité, avec l’année 2022 complète.
    Cela me permet de mettre à jour un précédent thread et de revoir les estimations faites...
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6206305
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    Les données de mortalité (et excès de mortalité) sont précieuses en cette période de pandémie car :
    A) Aucun pays ne peut documenter la totalité de ses cas de CoVID, et donc des décès qui en découlent
    B) Les définitions des décès CoVID varient+++ dans le temps et entre pays
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    Il en résulte une SOUS-estimation importante de la mortalité réellement induite par la pandémie.
    Le décompte officiel est à ~6,8 millions de décès depuis 2020, alors que l’excès de mortalité constaté sur la même période varie de 16,6 à 29,9 millions
    economist.com/graphic-detail… Image
    The pandemic’s true death toll
    Our daily estimate of excess deaths around the world
    https://www.economist.com/graphic-detail/coronavirus-excess-deaths-estimates
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    Encore récemment, avec l’exemple de la Chine, l’OMS rappelait le handicap de définitions trop restrictives des décès CoVID, et l’importance de suivre l’excès de mortalité pour évaluer l’impact réel de cet aspect le plus sévère de la pandémie
    bbc.com/news/world-asi… ImageImage
    China Covid : WHO warns about under-representing Covid deaths
    The health body says it is worried about the risk to life and again urges Beijing for better data.
    https://www.bbc.com/news/world-asia-china-64167052
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    Ou encore plus récemment quand le directeur de l’OMS rappelait le bilan des 8 dernières semaines (>170000 décès recensés), en précisant que la réalité était très supérieure
    who.int/publications/m… Image
    Virtual Press conference on global health issues transcript - 24 January 2023
    CL Christian Lindmeier TAG Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus HB Dr Hanan Balkhy JH Dr Joachim Hombach MK Dr Maria Van Kerkhove MR Dr Mike Ryan TA Dr Tim Armstrong BG Belisa Godinho HE Helen Bransw…
    https://www.who.int/publications/m/item/virtual-press-conference-on-global-health-issues-transcript---24-january-2023
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    A cela s’ajoute le débat sans fin sur « mort DU ou mort AVEC le CoVID ».
    Exemple d’un patient diabétique (maladie chronique), qui contracte la CoVID, décompense son diabète (acidose sévère, coma hyperosmolaire, défaillance multiviscérale...), et décède...
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    Est-il mort « du CoVID » ou bien « avec le CoVID » ?
    Il vivait avec son diabète depuis plusieurs années. Sa route n’a pris fin qu’au moment où il a rencontré SARS-CoV-2.
    Certains diront « mais s’il n’était pas diabétique, il ne serait pas mort à ce moment »...
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    Mais s’il n’avait pas rencontré SARS-CoV-2, il ne serait pas mort non plus à ce moment, et aurait continué à vivre avec son diabète, comme il le faisait depuis de nombreuses années...
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    Il y a donc un choix à faire pour la cause du décès, et ce choix varie+++ d’un pays à l’autre, d’une période à l’autre, mais aussi d’un praticien à l’autre...
    L’excès de mortalité est beaucoup moins subjectif et moins sujet aux biais de ce genre...
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    Cependant, d’autres problèmes se posent avec la méthode de l’excès de mortalité.
    Tout d’abord, cet excès ne représente que ce qui dépasse d’un niveau de référence.
    On peut donc sous-estimer la mortalité spécifique totale d’une cause de mortalité donnée
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    Ensuite, le niveau de référence peut varier++ selon les sources.
    Parfois, mortalité observée durant l’année qui a précédé le début de la pandémie.
    Parfois une moyenne sur plusieurs années précédentes +/- associée à une projection si les conditions restaient inchangées...
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    Parfois il inclut les années pandémiques.
    Cas du UK 🇬🇧 qui inclut 2021 dans le niveau de référence de mortalité.
    Ceci conduit à inclure une partie de la surmortalité++ de la pandémie, et donc à SOUS-estimer la surmortalité des années suivantes
    ons.gov.uk/peoplepopulati… Image
    https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/birthsdeathsandmarriages/deaths/bulletins/monthlymortalityanalysisenglandandwales/november2022#excess-mortality-in-england-and-wales
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    En France, on a tout d’abord les données INSEE comparées à l’année 2019.
    La comparaison « brute » ne tient pas compte de l’évolution démographique, et donc de l’évolution « attendue » des décès.
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6206305#graphique-figure2
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    Sur les données consignées par l’INSEE, on remarque que 2020 🔴 a été associée à une surmortalité massive par rapport à 2019 🔵.
    Mais on note que 2021 🟡 et 2022 🟣 suivent une tendance similaire et sont même > à 2020... ImageImage
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    La répartition de cette surmortalité sur l’année 2022 est assez évocatrice, puisqu’elle est divisée en 5 vagues, qu’on peut superposer aux 5 vagues de CoVID de l’année 2022.
    La concordance est indiscutable 🤷‍♂️ ImageImage
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    Comme en 2021, on observe à nouveau une importante SURmortalité en 2022, avec des vagues d’excès parfaitement superposables aux vagues de CoVID.
    Mais quelle est l’ampleur de cet excès ?
    Il faut se pencher sur l’évolution ATTENDUE en l’absence de pandémie...
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    3 facteurs entrent notamment en jeu :
    A) La démographie.
    L’évolution de la répartition des âges (vieillissement de la population), ainsi que du nombre d’habitants, tend à faire ↗️ lentement la mortalité année après année, indépendamment de tout autre facteur...
    18/41
    B) Les quotients de mortalité.
    Ils tendent au contraire à ↘️ d’année en année, sous l’impulsion des progrès de la médecine, de l’hygiène, de niveau socio-économique...
    Cela tend à faire ↘️ la mortalité attendue...
    19/41
    C) « L’effet moisson ».
    La pandémie induit des décès précoces. Or on ne meurt qu’une seule fois. Ces décès qui surviennent plus précocement en raison de la pandémie, son autant de décès qui ne surviendront pas au moment où ils étaient « attendus »...
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    Il en résulte donc une évolution de mortalité « attendue » (hors pandémie), qu’on peut alors retrancher à la mortalité « observée », et en déduire l’excès de mortalité induit par la pandémie
    insee.fr/fr/statistique… Image
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6445335
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    En l’occurrence pour 2020, l’INSEE avait calculé une ↗️ de mortalité ATTENDUE (hors pandémie) de +9000 décès :
    +14000 par vieillissement de la population
    +1600 pour le jour supplémentaire en février
    –6900 par évolution des quotients de mortalité Image
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    Au lieu des +9000 décès attendus, nous avons observé, malgré la lutte contre la transmission de SARS-CoV-2, un excès de +46700 décès !
    Ceci est < au total des décès CoVID car c’est uniquement ce qui « dépasse » du niveau habituel de mortalité... Image
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    En 2021, avec la même méthode, l’INSEE attendait un excès de +9300 décès par rapport à 2019 :
    +23100 par vieillissement de la population
    – 13800 par évolution des quotients de mortalité.
    En réalité, on a observé un excès +39100 décès ! ImageImage
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    Pour l’anecdote, dans un précédent thread j’avais été un peu plus « optimiste » que l’INSEE, car avec la tendance des années AVANT pandémie, j’arrivais à un nombre de décès attendus en 2021 > à celui de l’INSEE, et donc un excès de mortalité < à celui de l’INSEE 🔽 ImageImage
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    Qu’en est-il pour 2022 ?
    Les données 2022 ne sont pas encore consolidées.
    De plus, l’analyse par l’INSEE ne sera pas publiée avant le printemps 2023 car elle nécessite une analyse démographique étendue pour calculer les décès attendus...
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6445335
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    Ce que je vais faire ci-après, est donc uniquement une estimation/approximation.
    Comme évoqué précédemment, pour l’année 2021, mon estimation était un peu trop « optimiste » avec un excès de mortalité à ~+25000, quand le vrai excès INSEE était finalement à +39100 😅
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    Comment faire l’estimation pour 2022 ?
    Tout d’abord, reprendre les données de mortalité cumulée pour 2022.
    L’INSEE recense 673637 décès en 2022.
    Il s’agit là des décès OBSERVÉS ; ceci inclut donc l’excès de mortalité 2022 dû à la pandémie (qu’on cherche à calculer)... Image
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    On peut alors reporter ce cumul des décès observés en 2022 🔴, sur le graphe INSEE qui compare les décès observés 🔵, avec les décès attendus (hors pandémie) 🟢...
    insee.fr/fr/statistique… Image
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6445335
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    Ensuite, il nous faut estimer les décès attendus pour 2022 (hors impact de la pandémie).
    L’extrapolation linéaire à partir des données INSEE de 2010 à 2021 donne la tendance usuelle (hors pandémie), et aboutit à 628982 décès attendus en 2022.
    Cf. point 🟢 foncé Image
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    On peut donc estimer la surmortalité 2022 à :
    673637 - 628982 = +44655 décès en excès !
    C’est quasiment la même surmortalité qu’en 2020 !
    Toujours nettement ↗️ par rapport à ce qu’on observerait sans la CoVID.
    Cet écart est de plus apparu/persistant avec la pandémie 🤷‍♂️ Image
    31/41
    Pourquoi ?
    Certains évoquent la canicule de l’été 2022.
    Plusieurs problèmes avec cette hypothèse.
    Tout d’abord, les autorités ne lui attribuent que 2800 décès en excès (2000 à 3500), ce qui
    n’explique pas le gap majeur à +44655.
    H/T @Panda31808732
    Bulletin de santé publique canicule. Bilan été 2022.
    Bulletin de santé publique canicule. Bilan été 2022.
    https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/fortes-chaleurs-canicule/documents/bulletin-national/bulletin-de-sante-publique-canicule.-bilan-ete-2022
    32/41
    De plus, comment peut-on penser que la canicule de 2003, plus intense et plus durable, sans
    « plan canicule », ait fait 19000 morts ; et que la canicule 2022, moins intense et moins
    durable, avec un « plan canicule », puisse en faire >2x plus ? 🤷‍♂️
    meteofrance.com/actualites-et-… Image
    https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/canicule-intense-et-durable-de-juillet-2022-que-faut-il-retenir
    33/41
    On ne peut pas négliger l’impact de la CoVID durant l’été 2022, puisque la vague estivale
    2022 (BA.5) est :
    A) Synchrone avec la vague de surmortalité
    B) Nettement plus massive que les vagues de 2020/2021 en termes de contaminations 🤷‍♂️
    ImageImage
    34/41
    Ne pas oublier que si Delta pouvait avoir un « excès » de virulence par rapport au variant
    originel, Omicron n’est pas devenu « non-virulent ».
    Il a la même virulence que le SARS-CoV-2 qui a conduit le monde au confinement en 2020
    Cf. tweets 20 à 23 🔽
    Unroll available on Thread Reader
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    Or contrairement à 2020 ou 2021, l’année 2022 a été caractérisée par la diffusion du lignage
    Omicron, doté d’un échappement immunitaire ↗, et associé à une transmissibilité ↗↗↗.
    2022 a donc connu une prévalence d’infections 🟡 beaucoup plus élevée que 2020 ou 2021 Image
    36/41
    Ainsi, la ↘↘ de létalité obtenue via la vaccination, a été +/- « rongée » par la ↗↗ des
    contaminations.
    Au bilan, il en résulte une mortalité qui ne change pas beaucoup. 🤷‍♂️
    Sans compter que l’adhésion aux rappels vaccinaux a ↘↘ malgré leur nécessité.
    37/41
    En clair, il faut bien plus d’infections pour atteindre le même nombre de morts. Cela permet
    de rouvrir pleinement l’activité économique (fin des restrictions).
    Par contre, comme on laisse les infections ↗↗↗, toujours autant de vies sont perdues
    chaque année.
    38/41
    Le dépistage des infections par SARS-CoV-2 a ↘↘↘ en 2022, rendant le recensement des
    décès induits par la CoVID beaucoup moins exhaustif.
    Or sans test, il est impossible de classer un décès dans la catégorie CoVID (définition étiologique) 🤷‍♂️
    39/41
    C’est le « nouveau normal », qui va mécaniquement impacter l’espérance et qualité de vie dans
    les pays similaires à la France.
    Je rappelle que le titre du rapport 2022 de la DREES ne portait que sur les données allant
    jusqu’à 2019 🤡
    40/41
    Il faut également bien comprendre que nous sommes actuellement dans une période
    « favorable » ou « protégée » car :
    A) Les primo-vaccinations sont encore +/- récentes
    B) Pas encore de variant totalement résistant à l’immunité acquise
    C) Pas de variant à virulence ↗↗
    41/41
    Le bilan de nette surmortalité qu’on observe toujours en 2022 est donc un résultat en
    conditions « favorables » !
    La pandémie est peut-être finie dans votre esprit car vous l’associez aux « restrictions », mais
    son impact sur nos vies ne fait que commencer.

    • • •

    https://threadreaderapp.com/thread/1619421520631300096.html
    https://twitter.com/C_A_Gustave/status/1619421520631300096

  • En 2020, une forte augmentation de la précarité qui affecte tous les territoires bretons [ou pas] - Insee Analyses Bretagne - 112
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6537190

    10 % d’allocataires du RSA supplémentaires au plus fort de la crise

    Les deux confinements de 2020 ont fortement perturbé le monde du travail. Les conséquences de la crise ont été amorties pour un certain nombre de personnes en emploi, avec le dispositif d’activité partielle qui a concerné près de 4 salariés du privé sur 10 au plus fort de la crise. Néanmoins, ces amortisseurs n’ont pas pu jouer pour un certain nombre de personnes, notamment celles en contrat court ou non salariées, ainsi que les jeunes arrivant sur le marché du travail. Le nombre de bénéficiaires du RSA a ainsi bondi entre le début et la fin de l’année 2020.

    Le premier confinement, du 17 mars au 10 mai 2020, a déclenché une hausse du nombre d’allocataires percevant le RSA, avec près de 4 000 bénéficiaires supplémentaires en Bretagne entre fin février et fin juin (figure 2).

    Lors du deuxième confinement, du 30 octobre au 14 décembre 2020, le pic du nombre d’allocataires du RSA a été atteint avec près de 66 000 allocataires, soit une hausse de 10 % par rapport à l’avant-crise. En 2020, cette augmentation a été plus marquée qu’au niveau national, alors que dans le même temps l’emploi a plutôt mieux résisté.

    Depuis début 2021, une décrue du nombre de foyers allocataires s’est amorcée. En juin 2022, le nombre de bénéficiaires du RSA est légèrement inférieur à son niveau d’avant-crise.

    Toutefois, en Ille-et-Vilaine, la croissance du nombre de bénéficiaires du RSA a été plus rapide et le reflux plus lent. Le niveau d’avant-crise est loin d’être retrouvé. Il reste un solde d’environ 1 000 allocataires du RSA entre les niveaux de juin 2022 et janvier 2020. Une explication possible tient aux difficultés d’approvisionnement réduisant l’activité dans l’industrie automobile, bien implantée dans le département ; près de 8 emplois intérimaires sur 10 dans le secteur ont disparu depuis fin 2019 [Insee, 2022]. Les personnes qui occupaient avant la crise un de ces emplois ont pu basculer vers le RSA, éventuellement après une période de chômage en fonction de leur durée de cotisation. Plus globalement, le dynamisme économique du département peut également entraîner un taux élevé de rotation de la main-d’œuvre, notamment chez les jeunes travailleurs, les rendant plus susceptibles de remplir les conditions pour bénéficier du RSA.

    La prime d’activité est une allocation cumulable avec des faibles revenus. Il peut exister un effet « miroir » entre la prime d’activité et le RSA, puisque les personnes peuvent sortir du dispositif de la prime d’activité en perdant leur emploi, et ainsi basculer vers celui du RSA (figure 3). En Bretagne, le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité a augmenté, quoique très peu, entre fin 2019 et fin 2020. L’augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA n’est donc pas due à un effet de basculement d’un dispositif vers l’autre. Mi-2022, le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité est légèrement inférieur à son niveau d’avant-crise en Bretagne.

    Enfin, le nombre de bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé, dernière prestation de solidarité et d’insertion, logiquement moins sensible à la crise, n’a pas fortement évolué en 2020 et 2021.

    #pandémie #salaire #revenu #RSA #prime_d'activité #emploi_saisonnier #intérim #AAH (aux ouvertures de droit fortement contingentées par les MDPH)

    • euh, pas tout à fait, la PA privilégie qui gagne le plus de salaire (jusqu’à un seuil), en particulier le smicard temps plein (et bien moins la smicarde à temps partiel), mais continue à compenser le fait d’être salarié au rabais
      la PA augmente avec le revenu d’activité de manière plus marquée qu’avant sa réforme de 2020 (en réponse à la mobilisation Gilets jaunes), mais c’était déjà son principe. une traduction 2015 par le gvt de ce chien crevé de Hollande, digne successeur de Jospin-je-préfère-une-société-de-travail, et lui-aussi adepte du « travailler plus pour gagner plus », légitimé avec des larmes de friqués par les analyses en terme de « trappes à inactivité ».
      Ce qu’a changé la prime d’activité, comme c’était déjà le cas pour le passage du RMI au RSA, c’est de « soutenir » les personnes à bas salaires stables, chômeurs en activité à temps réduit (inscrits ou pas) éventuellement en CDI, plutôt que les salaires variables et discontinus (là aussi on vise les vieux et les femmes, tandis que les jeunes continuent à courir le contrat)

      on peut donc encore percevoir une faible prime d’activité avec de faibles revenus d’activité. ça vaut ce que ça vaut mais le mode de calcul étant incompréhensible, je viens de faire une simulation sur le site de la CAF : avec 1050e de salaires sur les trois derniers (350/mois), 930 d’APL (en partant du montant maximum versé au RSAste isolé titulaire d’un bail dans une métropole chère), leur page dit 212 e par mois de PA. cela ne dit rien de la réduction du RSA engendrée par le fait de déclarer un tel salaire, mais en gros la prime d’active compense cette baisse du revenu minimum, et donne un surplus de revenu à proportion croissante avec le montant du salaire.

      profuses conditionnalités des minima. comme l’écrivait Yolande Benarrosh durant les années 80 " intègre-toi, tu seras protégé" (je ne retrouve pas l’article qui fut publié dans le CASH, journal des chômeurs et précaires...)

      Par ailleurs, le SMIC mensuel net est un faible revenu (cf. salaire médian et coût de la vie), bien que supérieur à tous les SMIC horaire qui règlent nombre de salaire et nombre d’emplois discontinus dont le salaire annuel tombe sous les 12 SMIC mensuels.

      j’ai relayé ici ce papier Insee (il y en a une série du genre par régions qui permet de se faire une idée des variations récentes emploi/revenu ), car, tout autrement que @touti, j’ai une propension à perdre du temps à des choses laides en me disant qu’elles pourraient être utiles.

  • Un quart d’enfants pauvres en Provence-Alpes-Côte d’Azur - Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur - 104
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/6467107

    Un quart d’enfants pauvres en Provence-Alpes-Côte d’Azur

    Nicolas Chauvot, Pascale Rouaud, Carole Zampini (Insee)

    En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 260 000 enfants sont pauvres en 2018, soit un quart des habitants de moins de 18 ans. C’est la deuxième région de province la plus touchée après les Hauts-de-France. Les niveaux de vie des enfants y sont plus inégaux qu’ailleurs. La situation socioprofessionnelle de leurs parents et plus encore leurs conditions de logement sont moins favorables.

    Les grandes villes concentrent la pauvreté des enfants, et ce constat est encore accentué si l’on considère des aspects non monétaires, comme la suroccupation des logements ou la pollution de l’air. A contrario, dans les couronnes et les territoires plus éloignés des villes, les conditions de vie des enfants sont meilleures.

    • Ça n’a pas de sens de compter les enfants pauvres, ils ne gagnent pas leur propre argent. Ce sont des enfants dont les parents sont pauvres… et plus particulièrement les mères, les mères isolées étant très lourdement sur-représentées.

      Et sinon, tout est monétaire  : ton logement, c’est de la merde  ? C’est uniquement une question d’argent et plus spécifiquement de répartition de la richesse.

      Tu trouves qu’il y a trop de pauvres  ?
      Gave-toi moins.
      Répartis mieux.

      Paie tes impôts.

      De rien.

    • Niveau de vie et pauvreté des enfants − Revenus et patrimoine des ménages | Insee
      https://www.insee.fr/fr/statistiques/5371239?sommaire=5371304

      Un enfant entraîne un coût financier alors qu’il ne contribue pas directement aux ressources du ménage : avant prestations et impôts directs, le niveau de vie des familles est donc inférieur à celui des ménages sans enfant. De plus, dans les familles nombreuses, les adultes ont en moyenne des revenus d’activité plus faibles. À la naissance d’un enfant, un des deux conjoints passe parfois à temps partiel ou arrête de travailler, que ce soit pour se consacrer plus à l’enfant, pour des raisons financières ou organisationnelles. Le cas échéant, cela diminue les revenus du ménage.

      Bien que les transferts sociaux (prestations familiales, aides au logement et minima sociaux) et fiscaux (quotient familial de l’impôt sur le revenu) atténuent sensiblement les différences de revenus entre ménages sans et avec enfants, ces derniers sont plus exposés à la pauvreté. En 2018, 21,0 % des enfants de moins de 18 ans sont pauvres, contre 14,8 % de la population globale (figure 2). 2,9 millions d’enfants vivent dans des ménages dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.

  • Menacée de fermeture, la maternité des Lilas a un an pour présenter un projet viable Les Echos
    https://www.lesechos.fr/pme-regions/ile-de-france/menacee-de-fermeture-la-maternite-des-lilas-a-un-an-pour-presenter-un-proje

    Ils ont obtenu un an de sursis. Le Collectif de la Maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), composé de soignants et d’usagers, manifestait vendredi 29 avril devant le ministère de la Santé pour défendre cette emblématique clinique associative à but non lucratif, menacée de fermeture. Reçus au ministère, des représentants du syndicat ont obtenu une prolongation de son autorisation d’exercer jusqu’à juin 2023, sous condition de présenter un projet viable.

    En effet, l’autorisation d’exercer de cette maternité connue pour ses accouchements physiologiques, dans la position que choisissent les femmes, avec ou sans péridurale, ne courait que jusqu’au 2 juin 2022. « Elle était liée au projet d’adossement à la clinique Floréal, à Bagnolet. Mais le groupe Almaviva https://capitalfinance.lesechos.fr/deals/nos-exclus/almaviva-va-sallier-a-un-investisseur-du-koweit-1332446 , qui a repris cette dernière, a abandonné le projet en février, nous laissant sur le carreau », explique Myriam Budan, directrice de la maternité des Lilas. Aujourd’hui, un projet de fusion avec la clinique Vauban, à Livry-Gargan, est à l’étude.

    femmes #maternité #féminisme #santé #inégalités #sexisme #france #accouchement #enfants #discrimination #grossesse #Almaviv #mortalité_infantile

    • La mortalité infantile augmente en France #EnMarche Reporterre
      https://reporterre.net/La-mortalite-infantile-augmente-en-France

      Une étude montre que, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la mortalité infantile a augmenté en France depuis 2012. Parmi les causes de ce phénomène, la pauvreté et le manque d’accès aux soins.

      C’est une annonce qui va à l’encontre du sens de l’histoire. Le 1ᵉʳ mars, une étude parue dans la revue scientifique The Lancet https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666776222000321 alertait sur une « augmentation historique de la mortalité infantile en France », soit la mortalité des nourrissons avant leur premier anniversaire.


      Cet indicateur, qui n’avait cessé de baisser depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’est tassé entre 2005 et 2012 avant de commencer à augmenter de 7 % entre 2012 et 2019. En recensant 3,56 décès pour mille naissances en 2017 contre 3,32 en 2012, la France descend à la 27ᵉ place dans le classement de l’OCDE https://data.oecd.org/fr/healthstat/taux-de-mortalite-infantile.htm , ex æquo avec la Pologne. En 1989, elle occupait la 9ᵉ position, juste derrière l’Allemagne.

      « Un point d’alerte sur la santé publique qui a vraiment du sens »
      Autant d’indices qui poussent les auteurs de l’étude à tirer la sonnette d’alarme. « La mortalité infantile est un point d’alerte sur la santé publique qui a vraiment du sens. Une baisse est le symbole d’un système sanitaire qui se porte bien. Au contraire, une hausse dénote d’un dysfonctionnement », dit à Reporterre Grégoire Rey, directeur du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès à l’Inserm et co-auteur de l’étude.

      En 1976, dans son ouvrage La Chute Finale (Robert Laffont), qui prédisait l’effondrement socioéconomique de l’URSS, l’anthropologue Emmanuel Todd, s’était appuyé sur cet indicateur, alors en berne, pour démontrer que le système soviétique était en bien plus grande difficulté que ne le laissaient paraître les autorités. Dans le cas français, les auteurs de l’étude se contentent de poser un constat sans en affirmer les causes — ce travail fait l’objet d’une recherche en ce moment même au sein de l’Inserm.

      Un lien entre lieu de naissance et surmortalité
      D’autres démographes se risquent pourtant à corréler la hausse de la mortalité infantile avec l’augmentation de la précarité. Outre les cas particuliers de la Guyane et de Mayotte, où les chiffres sont gonflés par les nombreuses femmes surinamiennes et comoriennes qui viennent accoucher après un voyage souvent périlleux, c’est dans les Antilles, à la Réunion et en Seine-Saint-Denis que l’on retrouve les taux les plus élevés de mortalité infantile.

      Selon les données les plus récentes de l’Insee https://www.insee.fr/fr/statistiques/2012741 [1], dans ce dernier département, très pauvre, le taux de mortalité infantile est de 5,3, soit près de deux points au-dessus de la moyenne métropolitaine. En Martinique et en Guadeloupe, il est même deux fois plus élevé que dans le reste du pays. « Aujourd’hui, même si on manque de données socioéconomiques [2], on peut affirmer que le lieu de naissance a une influence sur la mortalité infantile », dit à Reporterre Magali Barbieri, démographe à l’Institut national des études démographiques (Ined).
      https://www.francetvinfo.fr/pictures/1OvN-1YpJ-BAfaqNp2K-lfG6A9U/908x510/2017/01/17/phpfbzhdV_1.jpg
      Pauvreté et disparition des maternités
      « Les femmes migrantes sont surexposées aux situations sociales très difficiles comme l’isolement ou les violences domestiques. À cela s’ajoute des problèmes de communication et un manque de familiarité avec les institutions médicales, explique la chercheuse. Pendant leur grossesse, elles n’ont donc pas les capacités de bien s’insérer dans un parcours de soin adéquat. » La hausse de la mortalité infantile semble ainsi traduire un déficit de moyens de l’action sociale et de la prévention médicale.

      Si en France, il reste encore à l’état d’hypothèses parmi d’autres, le lien entre la pauvreté et la recrudescence de la mortalité infantile a clairement été établi en Grande-Bretagne, confronté à une situation similaire. Une étude publiée en 2019 https://bmjopen.bmj.com/content/bmjopen/9/10/e029424.full.pdf dans la revue médicale BMJ Open conclut par exemple que « l’augmentation sans précédent de la mortalité infantile entre 2014 et 2017 a touché de manière disproportionnée les régions les plus pauvres du pays, laissant les régions les plus riches intactes ». En tout, un tiers de l’augmentation de la mortalité infantile pourrait être imputée à l’augmentation de la pauvreté des enfants. Concrètement, cela s’expliquerait par les « réductions durables des prestations sociales accordées aux familles avec enfants depuis 2010 ».

      Si la hausse de la mortalité infantile apparaît comme un symptôme d’une pauvreté plus large, certaines décisions en matière de pure politique de santé ont aussi pu jouer dans le regain de la mortalité néonatale [3]. « Il est encore trop tôt pour avoir un chiffrage précis mais on peut estimer que la fermeture de nombreuses petites maternités explique en partie la stagnation et peut être aujourd’hui, la reprise de la mortalité infantile », assure Gérard-François Dumont, démographe et enseignant chercheur à la Sorbonne.

      40 % de maternités en moins en 20 ans
      Selon une étude du géographe Emmanuel Vigneron https://reporterre.net/La-fermeture-des-maternites-symbole-de-l-abandon-des-petites-villes , la logique de réduction des coûts aurait entraîné la disparition de 338 maternités sur 835 entre 1997 et 2019. Une situation qui, conjuguée au manque croissant de pédiatres, mettrait en danger la vie des enfants à naître, mais aussi des femmes qui accouchent. « Éloigner les maternités du domicile, c’est prendre le risque d’avoir des accouchements en urgence, ce qui peut se traduire malheureusement par la mort de bébés qui n’aurait pas eu lieu dans une situation normale », précise Gérard-François Dumont.

      Si les politiques sociales et de santé et de ces dernières décennies expliquent assurément une partie du problème, la communauté scientifique invite néanmoins à la prudence. Le phénomène étant inédit dans un pays développé, il reste peu étudié et pâtit d’un manque de données. D’autres facteurs sur lesquels nous avons moins de prise peuvent aussi entrer en jeu. Les auteurs de l’étude parue dans The Lancet estiment par exemple que les changements de définition de ce qu’est un « enfant viable à la naissance » qui ont eu lieu sur la période d’étude ont pu gonfler artificiellement les chiffres.

      Magali Barbieri, de son côté, évoque « l’augmentation du nombre de naissances multiples » liée aux stimulations hormonales auxquelles ont recours de plus en plus de femmes ou celle du nombre « d’accouchements de femmes âgées de plus de quarante ans ». En effet, ces deux derniers types de naissance sont plus difficiles pour des raisons strictement médicales. Les risques de mortalité infantile sont donc accrus.

      « On ne peut pas satisfaire de cette situation »
      Quoi qu’il en soit, le message des chercheurs est unanime. « Nous n’étions déjà pas satisfaits du taux de mortalité infantile, plus élevé que chez certains de nos voisins, notamment scandinaves où le taux de mortalité infantile oscille autour de deux enfants pour mille. On ne peut pas satisfaire de cette situation », insiste Grégoire Rey, qui appelle l’État à prendre conscience du problème et à investir dans la recherche pour répondre à ce nouveau défi.

      « L’urgence est d’obtenir des statistiques locales sur les causes, notamment celles relevant d’un problème socioéconomique, afin de pouvoir mener des politiques différenciées selon les territoires », estime de son côté Gérard François Dumont. À ce jour, si elle a fait grand bruit dans le petit monde des démographes, cette étude n’a entraîné aucune réaction des services de l’État.

      #naissance #femmes #mortalité #France #emmanuel_macron #macron #mortalité #Emmanuel_Todd #Todd #néolibéralisme #capitalisme

  • INFERTILITÉ TOTALE EN 2045

    Dans un livre récemment paru, le duo de scientifiques Shanna H. Swan et Stacey Colino montre que le nombre de spermatozoïdes produits dans les pays occidentaux a chuté de 59 % entre 1973 et 2011. Si la trajectoire actuelle se poursuit, ce chiffre pourrait atteindre zéro dès 2045. 

    La pandémie va-t-elle faire chuter le taux de fécondité  ? D’après l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), en tout cas, le nombre de naissances enregistrées en France en janvier a chuté de 13 % par rapport à janvier 2020. Une baisse inédite depuis 1975, dans un contexte « de crise sanitaire et de forte incertitude, [qui] a pu décourager les couples de procréer ou les inciter à reporter de plusieurs mois leurs projets de parentalité », selon l’Institut d’études statistiques. Certes, le nombre de naissances en France est en baisse constante depuis six ans, mais l’Insee note que la chute observée en janvier est « sans commune mesure avec les baisses qui ont pu être observées dans le passé ».
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/000436391

    Une tendance qui reste à confirmer, donc… et à laquelle pourrait bien s’ajouter un autre phénomène encore plus global. Celui de la présence, dans notre organisme, de certaines substances chimiques aux effets nocifs sur la fertilité. C’est ce que met en évidence le duo de scientifiques Shanna H. Swan et Stacey Colino dans un nouveau livre récemment paru en anglais, Count Down – How Our Modern World Is Threatening Sperm Counts, Altering Male and Female Reproductive Development, and Imperiling the Future of the Human Race.
    https://www.simonandschuster.com/books/Count-Down/Shanna-H-Swan/9781982113667

    Dans une étude qu’elle avait co-signée en 2017, Swan montrait en effet que le nombre de spermatozoïdes produits dans les pays occidentaux avait chuté de 59 % entre 1973 et 2011. Si cette courbe poursuit sa trajectoire actuelle, prévient-elle aujourd’hui, ce chiffre pourrait atteindre zéro dès 2045. Dans le détail, Count Down démontre que ce sont les « substances chimiques du quotidien » que l’on trouve dans les emballages alimentaires, les jouets, les cosmétiques ou encore les pesticides qui affectent durablement notre système endocrinien. Les phtalates et le bisphénol A sont plus particulièrement visés par les deux auteurs « car ils font croire au corps humain qu’il dispose de suffisamment d’hormones – testostérone ou œstrogènes – et qu’il n’a donc pas besoin d’en fabriquer davantage ». La taille et la forme des organes génitaux seraient aussi affectées.
    https://academic.oup.com/humupd/article/23/6/646/4035689
    https://usbeketrica.com/fr/article/la-baisse-de-la-fertilite-masculine-menace-l-humanite
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/feb/26/falling-sperm-counts-human-survival
    https://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/environnement/phtalates/quels-risques-pour-sante
    https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-bisphenol-6185
    https://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/pollution-penis-shrink-sperm-count-b1821863.html

    « Les phtalates abaissent les taux de testostérone et ont donc une influence particulièrement mauvaise côté masculin, par exemple en provoquant la diminution du nombre de spermatozoïdes, détaille Swan dans son interview au Guardian. Le bisphénol A, lui, imite les œstrogènes et est donc particulièrement nocif côté féminin, augmentant les risques de problèmes de fertilité. Mais il peut également faire chuter la qualité du sperme, la libido et provoquer des taux plus élevés de dysfonction érectile. »

    « Une grande partie de l’exposition à ces matières se produit in utero, lorsque le fœtus se forme pour la première fois » Shanna H. Swan

    Le constat est d’autant plus inquiétant que l’exposition à ces substances commence… avant même la naissance. « Une grande partie de l’exposition à ces matières se produit in utero, lorsque le fœtus se forme pour la première fois, renchérit Swan. Les effets se poursuivent ensuite pendant l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. C’est un phénomène cumulatif : un fœtus femelle, in utero, développe déjà les ovules qu’il utilisera pour avoir ses propres enfants. »

    Preuve de l’étendue du problème, une enquête publiée par Santé publique France en 2019 révélait que la présence de bisphénols et de phtalates dans le corps est généralement plus importante chez les enfants que chez les adultes. « L’alimentation participerait à 90 % de l’exposition totale », précisait à l’époque Santé publique France. Seules manières de minimiser les risques à l’échelle individuelle, selon Shanna H. Swan : manger, « dans la mesure du possible », des aliments non transformés comme « des carottes ou des pommes de terre cuisinés naturellement »  ; éviter les poêles qui contiennent du téflon ou des molécules toxiques  ; et « ne pas passer de matières plastiques au micro-ondes ».
    https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/esteban

    https://usbeketrica.com/fr/article/l-occident-pourrait-devenir-totalement-infertile-en-2045
    https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-lundi-18-avril-2022
    https://www.facebook.com/franceinter/posts/5333622433339500
    --

  • Présidentielle 2022. La fédération du Parti Communiste du Nord attaquée, des tags anti-Roussel sur les murs de Lille _ france3-regions -
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/presidentielle-2022-la-federation-du-parti-communiste-d

    Alors que certains électeurs affirment que la candidature du communiste Fabien Roussel a empêché Jean-Luc Mélenchon d’accéder au second tour, les locaux de la fédération PCF du Nord ont été vandalisés à Lille. Des tags anti-Roussel ont fleuri sur certains murs de la ville.

    Le candidat du Parti Communiste à l’élection présidentielle et député du Nord Fabien Roussel a recueilli 2,28% des suffrages exprimés au soir du premier tour, soit 802 615 voix. Parallèlement, le candidat de la France Insoumise s’est hissé sur la troisième marche du podium avec 21,95%, à 421 420 voix de Marine Le Pen, arrivée deuxième derrière Emmanuel Macron. 

    Pour certains, la candidature du communiste a privé Jean-Luc Mélenchon d’accéder au second tour. "Les voix de Fabien Roussel nous ont manqué, incontestablement", a déclaré dans ce sens le député LFI du Nord Adrien Quatennens ce lundi matin.

    D’autres ont semble-t-il décidé d’exprimer leur déception non pas par des mots mais par des actes. Vraisemblablement mécontents de la participation du député du Nord à cette présidentielle, certains ont tagué des messages visant directement Fabien Roussel sur les murs de Lille.

    Un groupe d’un peu plus de 5 personnes s’en est même pris physiquement aux locaux de la fédération PCF du Nord, située rue d’Inkermann entre la place de la République et le théâtre Sébastopol.

    La porte de la fédération PCF du Nord vandalisée, une plainte déposée 
    Il était environ 21h30, dimanche 10 avril. Soit un peu plus d’une heure après la parution des premières estimations. "Nous étions dans la fédération du PCF lorsque 5 ou 7 personnes sont arrivées", raconte Karine Trottein, secrétaire fédérale du parti dans le Nord. 

    Elle est à la tête de la plus grande fédération PCF de France, avec 2 400 adhérents au compteur. « Ils ont ensuite pénétré dans le sas, nous ont insulté et nous ont exigé de leur ouvrir. Comme nous n’avons pas ouvert, ils ont cassé la porte avec une bombe de protoxyde d’azote ».

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/HeZzlN5mpDePJqIuLK735iZxexg/0x0:1920x1080/800x450/regions/2022/04/11/6254566b8f4ca_sergio-c41827-00-00-04-00.jpg

    Résultat : la vitre de l’entrée de la fédération a été brisée et devra être réparée. Une plainte a été déposée ce jour. "Il y a beaucoup de haine actuellement de la part de militants que je qualifierai de gauchistes vis-à-vis de Fabien Roussel et du PCF, témoigne la secrétaire fédérale. Depuis hier, on reçoit beaucoup d’appels d’insultes et de menaces". 

    Des tags anti-Roussel à Lille 
    Sur les réseaux sociaux, de nombreux messages ont qualifié le candidat PCF de traître : "honte à lui", écrit un internaute. "Jadot et Roussel, vous êtres des grosses m*****", ajoute un autre. 

    Du virtuel au réel, il n’y a qu’un pas. Ce lundi matin dans les rues du quartier de Wazemmes à Lille, des tags anti-Roussel ont fleuri sur les murs. "Roussel = ennemi du peuple", peut-on lire à l’angle de la rue des Meuniers et de la rue Brûle-Maison. Juste à côté, un second message contenant des insultes à l’encontre du candidat communiste recouvre le mur.
    . . . . . .

    #élections #pcf #emmauel_macron #fabien_roussel

    • La mortalité infantile augmente en France #EnMarche Reporterre
      https://reporterre.net/La-mortalite-infantile-augmente-en-France

      Une étude montre que, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la mortalité infantile a augmenté en France depuis 2012. Parmi les causes de ce phénomène, la pauvreté et le manque d’accès aux soins.

      C’est une annonce qui va à l’encontre du sens de l’histoire. Le 1ᵉʳ mars, une étude parue dans la revue scientifique The Lancet https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666776222000321 alertait sur une « augmentation historique de la mortalité infantile en France », soit la mortalité des nourrissons avant leur premier anniversaire.


      Cet indicateur, qui n’avait cessé de baisser depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’est tassé entre 2005 et 2012 avant de commencer à augmenter de 7 % entre 2012 et 2019. En recensant 3,56 décès pour mille naissances en 2017 contre 3,32 en 2012, la France descend à la 27ᵉ place dans le classement de l’OCDE https://data.oecd.org/fr/healthstat/taux-de-mortalite-infantile.htm , ex æquo avec la Pologne. En 1989, elle occupait la 9ᵉ position, juste derrière l’Allemagne.

      « Un point d’alerte sur la santé publique qui a vraiment du sens »
      Autant d’indices qui poussent les auteurs de l’étude à tirer la sonnette d’alarme. « La mortalité infantile est un point d’alerte sur la santé publique qui a vraiment du sens. Une baisse est le symbole d’un système sanitaire qui se porte bien. Au contraire, une hausse dénote d’un dysfonctionnement », dit à Reporterre Grégoire Rey, directeur du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès à l’Inserm et co-auteur de l’étude.

      En 1976, dans son ouvrage La Chute Finale (Robert Laffont), qui prédisait l’effondrement socioéconomique de l’URSS, l’anthropologue Emmanuel Todd, s’était appuyé sur cet indicateur, alors en berne, pour démontrer que le système soviétique était en bien plus grande difficulté que ne le laissaient paraître les autorités. Dans le cas français, les auteurs de l’étude se contentent de poser un constat sans en affirmer les causes — ce travail fait l’objet d’une recherche en ce moment même au sein de l’Inserm.

      Un lien entre lieu de naissance et surmortalité
      D’autres démographes se risquent pourtant à corréler la hausse de la mortalité infantile avec l’augmentation de la précarité. Outre les cas particuliers de la Guyane et de Mayotte, où les chiffres sont gonflés par les nombreuses femmes surinamiennes et comoriennes qui viennent accoucher après un voyage souvent périlleux, c’est dans les Antilles, à la Réunion et en Seine-Saint-Denis que l’on retrouve les taux les plus élevés de mortalité infantile.

      Selon les données les plus récentes de l’Insee https://www.insee.fr/fr/statistiques/2012741 [1], dans ce dernier département, très pauvre, le taux de mortalité infantile est de 5,3, soit près de deux points au-dessus de la moyenne métropolitaine. En Martinique et en Guadeloupe, il est même deux fois plus élevé que dans le reste du pays. « Aujourd’hui, même si on manque de données socioéconomiques [2], on peut affirmer que le lieu de naissance a une influence sur la mortalité infantile », dit à Reporterre Magali Barbieri, démographe à l’Institut national des études démographiques (Ined).
      https://www.francetvinfo.fr/pictures/1OvN-1YpJ-BAfaqNp2K-lfG6A9U/908x510/2017/01/17/phpfbzhdV_1.jpg
      Pauvreté et disparition des maternités
      « Les femmes migrantes sont surexposées aux situations sociales très difficiles comme l’isolement ou les violences domestiques. À cela s’ajoute des problèmes de communication et un manque de familiarité avec les institutions médicales, explique la chercheuse. Pendant leur grossesse, elles n’ont donc pas les capacités de bien s’insérer dans un parcours de soin adéquat. » La hausse de la mortalité infantile semble ainsi traduire un déficit de moyens de l’action sociale et de la prévention médicale.

      Si en France, il reste encore à l’état d’hypothèses parmi d’autres, le lien entre la pauvreté et la recrudescence de la mortalité infantile a clairement été établi en Grande-Bretagne, confronté à une situation similaire. Une étude publiée en 2019 https://bmjopen.bmj.com/content/bmjopen/9/10/e029424.full.pdf dans la revue médicale BMJ Open conclut par exemple que « l’augmentation sans précédent de la mortalité infantile entre 2014 et 2017 a touché de manière disproportionnée les régions les plus pauvres du pays, laissant les régions les plus riches intactes ». En tout, un tiers de l’augmentation de la mortalité infantile pourrait être imputée à l’augmentation de la pauvreté des enfants. Concrètement, cela s’expliquerait par les « réductions durables des prestations sociales accordées aux familles avec enfants depuis 2010 ».

      Si la hausse de la mortalité infantile apparaît comme un symptôme d’une pauvreté plus large, certaines décisions en matière de pure politique de santé ont aussi pu jouer dans le regain de la mortalité néonatale [3]. « Il est encore trop tôt pour avoir un chiffrage précis mais on peut estimer que la fermeture de nombreuses petites maternités explique en partie la stagnation et peut être aujourd’hui, la reprise de la mortalité infantile », assure Gérard-François Dumont, démographe et enseignant chercheur à la Sorbonne.

      40 % de maternités en moins en 20 ans
      Selon une étude du géographe Emmanuel Vigneron https://reporterre.net/La-fermeture-des-maternites-symbole-de-l-abandon-des-petites-villes , la logique de réduction des coûts aurait entraîné la disparition de 338 maternités sur 835 entre 1997 et 2019. Une situation qui, conjuguée au manque croissant de pédiatres, mettrait en danger la vie des enfants à naître, mais aussi des femmes qui accouchent. « Éloigner les maternités du domicile, c’est prendre le risque d’avoir des accouchements en urgence, ce qui peut se traduire malheureusement par la mort de bébés qui n’aurait pas eu lieu dans une situation normale », précise Gérard-François Dumont.

      Si les politiques sociales et de santé et de ces dernières décennies expliquent assurément une partie du problème, la communauté scientifique invite néanmoins à la prudence. Le phénomène étant inédit dans un pays développé, il reste peu étudié et pâtit d’un manque de données. D’autres facteurs sur lesquels nous avons moins de prise peuvent aussi entrer en jeu. Les auteurs de l’étude parue dans The Lancet estiment par exemple que les changements de définition de ce qu’est un « enfant viable à la naissance » qui ont eu lieu sur la période d’étude ont pu gonfler artificiellement les chiffres.

      Magali Barbieri, de son côté, évoque « l’augmentation du nombre de naissances multiples » liée aux stimulations hormonales auxquelles ont recours de plus en plus de femmes ou celle du nombre « d’accouchements de femmes âgées de plus de quarante ans ». En effet, ces deux derniers types de naissance sont plus difficiles pour des raisons strictement médicales. Les risques de mortalité infantile sont donc accrus.

      « On ne peut pas satisfaire de cette situation »
      Quoi qu’il en soit, le message des chercheurs est unanime. « Nous n’étions déjà pas satisfaits du taux de mortalité infantile, plus élevé que chez certains de nos voisins, notamment scandinaves où le taux de mortalité infantile oscille autour de deux enfants pour mille. On ne peut pas satisfaire de cette situation », insiste Grégoire Rey, qui appelle l’État à prendre conscience du problème et à investir dans la recherche pour répondre à ce nouveau défi.

      « L’urgence est d’obtenir des statistiques locales sur les causes, notamment celles relevant d’un problème socioéconomique, afin de pouvoir mener des politiques différenciées selon les territoires », estime de son côté Gérard François Dumont. À ce jour, si elle a fait grand bruit dans le petit monde des démographes, cette étude n’a entraîné aucune réaction des services de l’État.

      #naissance #femmes #mortalité #France #emmanuel_macron #macron #mortalité #Emmanuel_Todd #Todd #néolibéralisme #capitalisme

    • Les lycéens, ça coute moins cher que les ouvriers
      Paris-Roubaix : Pourquoi des lycéens sont chargés de retaper les pavés de l’enfer du Nord François Launay
      https://www.20minutes.fr/sport/3270107-20220412-paris-roubaix-pourquoi-lyceens-charges-retaper-paves-enfe

      Depuis vingt ans, les élèves du lycée horticole de Raismes retapent les secteurs pavés endommagés du Paris-Roubaix.

      Un partenariat né de la volonté de sauver une course menacée de perdre une partie de son patrimoine.

      Chaque année, trois semaines avant la course, ils reviennent faire leurs gammes sur les secteurs pavés. Pour bichonner et réhabiliter le parcours mythique de Paris-Roubaix, des centaines de jeunes de deux lycées horticoles du Nord se répartissent le boulot.


      De Troisvilles à Orchies pour le lycée horticole de Raismes, d’Orchies à Roubaix pour le lycée horticole de Lomme. Leur mission : retaper les secteurs abîmés, histoire d’éviter au maximum des chutes aux coureurs le jour de la course. Une idée et un partenariat qui date de 2002. Vingt ans après, Jean-Marie Dubois, proviseur du lycée horticole de Raismes à l’époque et grand passionné de la course, se souvient.

      « La course était menacée de disparition à court terme »
      . . . . . . . .

  • À Lille-Vauban, des services sociaux fermés pour cause d’agents en souffrance Nadia Daki
    https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2022/03/21/a-lille-vauban-des-services-sociaux-fermes-pour-cause-dagents-en-souffran

    Les travailleurs sociaux de l’Unité territoriale de prévention et d’action sociale (UTPAS) de Lille-Vauban, service du Département du Nord, reprennent aujourd’hui leur poste après trois semaines d’arrêt. Le public sera accueilli uniquement sur rendez-vous durant cette semaine de reprise. Le libre accès devrait être peu à peu rétabli dans le courant de semaine prochaine. Certains salariés disent revenir dans leurs bureaux avec une boule au ventre, trois semaines après avoir exercé leur droit de retrait total. Tous ont en tête l’événement tragique qui est survenu au 4e étage de l’unité. Le 25 février dernier, une réunion se tient là entre une partie du personnel, des cadres et une responsable hiérarchique dépêchée expressément. Ordre du jour : tenter de trouver une solution aux problèmes d’encadrement pointés dans l’antenne.


    L’UTPAS de Lille-Vauban, rue Desmazières, tout près du jardin Vauban. Son personnel est en charge de l’aide sociale à l’enfance et de la protection maternelle et infantile notamment. Photo : Pierre Leibovici. _

    Les salariés dénoncent des pratiques managériales brutales, un manque de considération voire du mépris, une surcharge de travail, un dysfonctionnement général du service. Le malaise est sensible et l’échange est vif. Brusquement, une des travailleuses sociales se lève. « Je l’ai vue ouvrir la fenêtre après qu’on lui a demandé sèchement de se taire, se souvient Nadège (Prénom modifié) , assistante sociale, présente ce jour-là. Je pensais qu’elle avait besoin de prendre un peu l’air. D’un coup, son regard s’est voilé et elle ne répondait plus aux sollicitations. Il s’en est fallu de peu qu’elle ne se défenestre. » La travailleuse sociale est rattrapée de justesse par un collègue.

    « Nous étions tous bouleversés et choqués, poursuit Nadège. Mais ce qui est très grave, c’est que la hiérarchie nous a demandé de la calmer, de ne pas appeler les secours et de reprendre la réunion. » Les salariés alerteront quand même les pompiers ainsi que le Samu... Quelques jours plus tard, une cellule d’écoute est mise en place par le Département et la médecine du travail est sollicitée ; 38 travailleurs sociaux sur un effectif total de 54 personnes font valoir leur droit de retrait total. Pendant trois semaines, les habitants des quartiers de Bois-Blancs, de Wazemmes et de Vauban-Esquermes désirant solliciter les services de l’UTPAS (l’aide sociale à l’enfance, la protection maternelle et infantile et le service social départemental) ont donc trouvé portes closes. Seul un accueil téléphonique était assuré.

    De multiples alertes
    « On se sent tous coupables vis-à-vis de notre collègue, poursuit Nathalie(Prénom modifié) , également assistante sociale. Elle avait eu une altercation assez violente il y a quelques mois avec la hiérarchie. On aurait déjà dû réagir. Nous sommes tous dans le même état qu’elle, on aurait pu tous vriller à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre. » Ce que regrettent les équipes, c’est que les alertes adressées à leur employeur n’aient pas été prises en compte. « Cela fait plus d’un an que nous faisons remonter les problèmes à la direction », souligne Olivier Treneul, porte-parole du syndicat Sud. Contacté, le Département nous a indiqué qu’il « ne communiquera pas sur ce dossier ».

    Dans un rapport d’enquête du #CHSCT (Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail) rédigé par les représentants de Sud, que Mediacités a pu consulter, on apprend que plusieurs personnes sont en arrêt maladie ; certaines sont suivies par une psychologue du travail. Beaucoup témoignent du mépris et de l’isolement auxquels elles ont dû faire face. Stéphanie(Prénom modifié), assistante sociale, et ses collègues datent le début des difficultés à 2020 avec l’arrivée d’un nouveau chef de service, et leur amplification un an plus tard avec celle d’une nouvelle responsable. « Dès lors, l’organisation des services a été modifiée sans que nous soyons consultés au préalable, ni même informés des changements, explique-t-elle. Et des injonctions paradoxales ont compliqué notre travail quotidien. »

    Le service au public directement affecté
    Lorsque les familles sollicitent une aide financière par exemple, le travailleur social de l’UTPAS leur demande un certain nombre de pièces et accompagne le dossier d’une note à l’intention de sa hiérarchie. « Pour une même aide, les pièces exigées n’étaient pas les mêmes selon le bon vouloir des supérieurs, se désole Stéphanie. Parfois, on nous disait que telle pièce était nécessaire et parfois on nous reprochait d’avoir versé cette même pièce au dossier. Il arrivait aussi qu’on nous demande d’être très intrusifs dans la vie des gens sur des aspects qui n’étaient pas en lien direct avec la situation. Personne ne vient solliciter une aide avec fierté ou par gaité de cœur. Nous qui les recevons sommes convaincus du bien-fondé de leur demande. »

    « Toutes nos préconisations étaient systématiquement remises en question »
    Les travailleurs sociaux rapportent une autre pratique entravant leur travail : les multiples corrections de leurs notes par la direction. « Toutes nos préconisations étaient systématiquement remises en question, regrette Nadège. La responsable corrigeait nos écrits comme si nous étions à l’école, en pointant les fautes d’orthographe et de syntaxe. Elle avait toujours quelque chose à redire. Et ces allers-retours sur la forme retardaient de deux, voire trois semaines, la décision d’accorder une aide alors qu’avant, cela pouvait être réglé en quelques jours. »

    Cécile (Prénom modifié), assistante sociale, a trouvé une parade. « Mes écrits étaient systématiquement retoqués. Je me sentais infantilisée. La responsable voulait qu’on écrive tous dans son style. Cela fait plus de dix ans que j’exerce ce métier, mes notes n’avaient jamais posé de problème auparavant. Même les juges qui les lisaient ne me faisaient jamais de remarques. Pour éviter de rallonger le délai de traitement, je sous-traitais, c’est-à-dire que dès que j’avais une famille qui sollicitait une aide, je l’envoyais à ma collègue dont les écrits passaient mieux. »

    Un risque pour les populations les plus fragiles
    Plus inquiétantes encore : les répercussions directes sur les enfants placés ou à placer, publics les plus fragiles. Car ces navettes syntaxiques étaient aussi la règle lors d’une demande de protection d’un mineur. « Les rapports de signalement sont susceptibles d’être lus par les familles ou les enfants. Lorsque je les rédigeais, je veillais à ce qu’ils soient accessibles et je choisissais des mots facilement compréhensibles. Ça ne convenait pas à la responsable », rage Nathalie. Les témoignages sont accablants quant à l’issue de ces rapports. « La hiérarchie allait jusqu’à nous demander de changer nos préconisations de mise à l’abri d’enfants arguant qu’elle n’était pas d’accord avec nos conclusions alors qu’elle n’avait jamais rencontré les familles. Cela faisait plusieurs mois qu’on se disait tous qu’il y allait avoir un drame, soit chez nous avec une collègue en souffrance, soit du côté des publics concernés par la #protection de l’enfance. »

    Dans le rapport d’enquête que Sud a rédigé pour le CHSCT et qu’il a remis au Département, une travailleuse sociale raconte : « La hiérarchie nous demande de taire en audience des graves éléments de danger transmis par un partenaire et refuse d’assumer cette décision en audience. » Ou encore : « un rapport peut être retoqué jusqu’à 11 fois, certaines corrections de la responsable interviennent sur ses propres modifications. »

    Face à ces situations, les salariés décrivent une perte du sens de leur travail. Sabine(Prénom modifié), également assistante sociale, a préféré se mettre en arrêt maladie. « Comment aider des gens qui ne vont pas bien quand soi-même on va mal, se demande-t-elle. On est obligé de se battre en permanence pour exercer notre métier. Et on doit rappeler sans cesse à l’institution les besoins des populations alors que c’est la raison d’être d’un service #médico-social. » Le personnel de l’antenne demandait une mesure d’éloignement des cadres qu’ils estiment responsables des dysfonctionnements. « Dans un premier temps, le Département a refusé arguant qu’il ne prendrait pas de décision en urgence. Mais finalement, jeudi 17 mars, il nous a indiqué que ces deux personnes ne remettraient plus les pieds dans la structure », précise Olivier Treneul, de Sud.

    « Il y a une violence systémique et un vrai problème de management au sein du Département. »
    Après trois semaines de fermeture, les travailleurs sociaux redoutent une surcharge de travail considérable. « Nous étions déjà en épuisement professionnel. Depuis le 25 février, nous sommes nombreuses à avoir des difficultés à dormir. Tout ce qu’on souhaite, c’est de reprendre le travail dans de meilleures conditions », espèrent Sabine et ses collègues. L’éloignement des deux cadres incriminés calme les tensions mais ne règle pas le problème, assure Olivier Treneul. « Le sentiment de soulagement des collègues ne fait pas disparaître leur colère car l’employeur ne reconnaît pas l’alerte #DGI [danger grave imminent, NDLR]  ; il prend une mesure de mise à distance de ce danger. Il y a une violence systémique et un vrai problème de management au sein du Département. Depuis plusieurs années, ces violences se renouvellent et se multiplient. Et l’employeur minimise et nous inonde de discours bienveillants et idylliques. » On attend à présent une prise de position officielle du #département_du_Nord.

    #59 #violence #hiérarchie #encadrement #harcèlement #travail  #violence #surveillance #infantilisation #mépris

    • Dans les Hauts-de-France, les mères isolées s’enfoncent dans une « trappe de pauvreté » Pierre Leibovici
      https://www.mediacites.fr/lu-pour-vous/lille/2022/03/22/dans-les-hauts-de-france-les-meres-isolees-senfoncent-dans-une-trappe-de-

      Couples séparés, mères appauvries. Tel est le bilan que l’on peut tirer de l’étude de l’Insee sur les conditions de vie des mères isolées dans les Hauts-de-France, publiée mardi 8 mars https://www.insee.fr/fr/statistiques/6051322 . Premier enseignement : en dix ans, le nombre de familles monoparentales avec enfants a bondi de 10 %, pour atteindre 172 000. Elles représentent désormais près d’un quart (23 %) des familles avec enfant mineur dans la région.


      Photo : Marko Milivojevic / Pixnio.

      Si les séparations conjugales sont de plus en plus fréquentes dans les Hauts-de-France — comme dans les autres régions du pays —, que se passe-t-il pour les enfants ? Dans 85 % des cas, révèle l’Insee, ils sont élevés par leur mère. « En France, les familles monoparentales sont une réalité essentiellement féminine », confirme Céline Bessière, sociologue et autrice avec Sibylle Gollac du Genre du capital — Comment la famille reproduit les inégalités (éd. La Découverte) . Un constat d’autant plus vrai que la famille est nombreuse : « les hommes sont responsables de 17 % des familles monoparentales de 1 enfant et de 8 % de celles de 4 enfants et plus », précise l’Insee dans son étude régionale.

      Une mère isolée sur deux est en situation de pauvreté
      Or, dans les Hauts-de-France, les mères isolées sont bien plus frappées par la pauvreté que les pères dans la même situation : 49 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté en 2018, contre 33 % des hommes. « En plus d’être la région de France métropolitaine où le taux de pauvreté des familles monoparentales est le plus élevé, les Hauts-de-France affichent l’écart de pauvreté entre mères et pères isolés le plus prononcé », ajoutent Catherine Barkovic et Noémie Cavan, à l’origine de l’étude publiée par l’Insee.

      « Esclave entre tous est l’ex-femme du prolétaire », résume la sociologue Céline Bessière, reprenant le titre d’un chapitre de son livre. Elle détaille : « il n’est pas surprenant de trouver une telle proportion de femmes pauvres parmi les parents isolés dans les classes populaires, car elles sont prises dans une trappe de pauvreté. »

      « L’appauvrissement à l’issue de la séparation est une réalité partagée par les femmes des Hauts-de-France, comme par l’ex-épouse de Jeff Bezos »

      Bien avant la rupture, les mères isolées ont souffert de profondes inégalités de richesse au sein du couple — largement invisibilisées par un débat essentiellement focalisé sur l’égalité salariale. « L’écart moyen de revenus est de 42 % entre les hommes et les femmes qui sont en couple. Cet écart tombe à 9 % pour les célibataires », tranche Céline Bessière. L’explication est connue : les femmes assurent l’essentiel du travail domestique, non rémunéré, quand leurs compagnons continuent le plus souvent à travailler à temps plein et à percevoir un salaire.

      Lueur d’espoir
      « L’appauvrissement commence dans la conjugalité et s’aggrave au moment de la séparation », décrit la co-autrice du Genre du capital. « Ce processus traverse toutes les classes sociales, il est le même pour les mères isolées des Hauts-de-France que pour Mackenzie Bezos, l’ex-femme de Jeff, le fondateur d’Amazon. Bien sûr, les femmes issues de classes populaires se retrouvent dans des situations matérielles beaucoup plus dramatiques. »

      C’est ce que confirme l’Insee dans la région. Au-delà du faible niveau de revenus, de nombreuses mères isolées sont contraintes de quitter leur logement à l’issue d’une séparation. Un quart d’entre elles sont ainsi propriétaires de leur logement, contre 70 % des couples avec enfants. « C’est un cliché de penser que les femmes restent dans leur logement d’origine après une rupture, poursuit Céline Bessière. Si elles étaient copropriétaires avec leur conjoint, la plupart d’entre elles ne peuvent assurer seules le remboursement d’un emprunt immobilier. » Parties du domicile conjugal, 45 % des mères isolées rejoignent un logement social dans les Hauts-de-France, toujours selon l’Insee.

      Pour cette étude, l’institut statistique ne s’est pas penché sur un dernier phénomène qui frappe les mères isolées, dans les Hauts-de-France comme ailleurs : le non-versement des pensions alimentaires. Un rapport https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2016-071R.pdf , publié en 2016 par l’Inspection générale des affaires sociales, concluait que « le taux d’impayés des pensions alimentaires se situe [en] moyenne autour de 35 % ». Pour rétablir ce droit essentiel pour les époux séparés, Céline Bessière pointe l’importance de « l’intermédiation de la Caisse des allocations familiales (CAF) entre les époux ». Elle apporte une lueur d’espoir. Depuis le 1er mars 2022, la CAF verse automatiquement la pension alimentaire fixée par un juge sur le compte du père ou, bien plus souvent, de la mère bénéficiaire.

      #Femmes #pauvreté #divorce #pauvreté #classes_sociales #couples #Hauts-de-France

    • #Bruxelles : 48 travailleurs de Filigranes portent plainte pour harcèlement Vanessa Lhuillier
      https://bx1.be/categories/news/48-travailleurs-de-filigranes-portent-plainte-pour-harcelement

      Départs soudains, burn-out, turnover de 30%. La librairie Filigranes, avenue des Arts à Bruxelles, est peut-être le paradis pour les amateurs de livres, mais visiblement pas pour son personnel. Une plainte anonyme collective signée par 48 employés a été déposée auprès de la caisse d’assurance sociale Securex. Les travailleurs remettent en cause l’organisation du travail, mais également la méthode de management du créateur de la librairie, Marc Filispon. Ils l’accusent de harcèlement moral et sexuel. Le fondateur de la librairie se défend.


      – Photo : Belga/Laurie Dieffembacq

      “Au début, tout se passait bien entre lui et moi. Et puis, son comportement a changé lorsqu’avec d’autres salariés, nous avons porté plainte, car nous n’étions pas dans la bonne commission paritaire. J’ai été insultée, humiliée devant des clients. Un jour, je lui ai dit qu’en tant qu’employés, nous devions respecter le règlement de travail, mais que lui, en tant qu’employeur, il devait respecter la loi. Deux jours plus tard, je suis arrivée au travail à 8h et à 8h20 j’étais dehors avec mes affaires car on m’avait licenciée. C’était hyperviolent. Après 5 ans, du jour au lendemain, je n’étais plus compétente pour mon poste de cheffe de rayon.” 

      Cela fait presque 5 ans que Sophie a été licenciée brutalement pour s’être opposée à certaines méthodes de management chez Filigranes. Pourtant, elle rêve encore de Marc Filipson et est toujours inquiète des répercussions de son témoignage. “Marc Filipson a écrit à mes employeurs suivants pour leur dire de ne pas travailler avec moi. Il a empêché d’autres employés de sa librairie de me parler. Aujourd’hui, je suis représentante dans le domaine de la BD et je ne peux pas entrer à Filigranes.”

      48 travailleurs ont porté plainte
      Des témoignages comme celui de Sophie, nous en avons recueillis plusieurs. La plupart préfèrent rester anonyme. Ces employés sont soit en burn-out, soit démissionnaires, soit partis depuis quelques années déjà. A chaque fois, les discours sont les mêmes. Ils se plaignent de certaines conditions de travail comme le fait de ne pas pouvoir être payé pour ses heures supplémentaires, de devoir participer obligatoirement à des soirées caritatives, des changements d’horaires en dernière minute ou encore de l’absence de consignes claires par écrit. Certains mails que nous avons pu consulter restent évasifs sur la participation aux soirées caritatives ou annoncent des changements d’horaires moins de 15 jours à l’avance comme prévu par la loi.

      Et puis, ils se plaignent aussi du comportement du fondateur de Filigranes, Marc Filipson. De nombreuses personnes qui ont travaillé un jour chez Filigranes, rapportent des comportements inacceptables de sa part. “C’est un manipulateur qui sait très bien où appuyer pour faire craquer les gens. Cela lui plait aussi quand on a du répondant et qu’on ne se laisse pas faire.”

      La librairie employait 95 équivalents temps plein en 2021. 48 d’entre eux ont déposé une plainte collective anonyme auprès du secrétariat social Securex, et plus spécifiquement à la cellule psychosociale en charge de la protection du bien-être au travail. Dans cette plainte, les salariés se plaignent des heures supplémentaires qui parfois ne peuvent ni être récupérées ni payées, des changements d’horaires en dernière minute, de contacts répétés en dehors des horaires de travail, d’une surveillance par l’utilisation de carte pour accéder au logiciel de gestion, d’un manque de personnel… Ils précisent aussi que 5 personnes sont parties en burn-out sur les 6 derniers mois à cause notamment des coups de colère du patron, des insultes, des intimidations, d’incohérence dans les consignes, de remarques concernant la tenue vestimentaire ou le physique des employés, de contacts physiques non souhaités.

      Suite à la plainte déposée chez Securex, Filigranes disposait de 3 mois pour répondre. La veille de la date fatidique, cela a été fait. Le conseil d’administration de Filigranes dit vouloir creuser la question des heures supplémentaires et regrette que les employés se soient sentis obligés de participer aux soirées caritatives. Il précisera de manière claire que cela n’est pas le cas.

      Concernant les contacts en dehors des heures de travail, la lettre ne parle que d’une employée. Or, plusieurs personnes nous ont relaté les mêmes faits. Par rapport aux congés, la tâche revient aux chefs de rayon et vu l’activité de Filigranes, il est logique de ne pouvoir prendre des congés en novembre et décembre, mois qui représentent la majeure partie du chiffre d’affaires. Le conseil d’administration comprend “mal les doléances des travailleurs sur ce point, qui ne semblent pas mesurer l’importance de leur présence au sein du rayon”. Tous les chefs de rayon devront appliquer les mêmes règles pour éviter les sentiments d’inégalité.

      “Il nous oblige à l’appeler par son prénom et à le vouvoyer alors que nous, il nous tutoie et ne connaît pas nos prénoms. Dès que nous voulons prendre une initiative, il nous dit de foncer et, ensuite, il nous hurle dessus, car nous avons mal fait. Plus je travaillais et plus les choses étaient mal faites selon lui. Il tente toujours de diviser les équipes en nous demandant de dénoncer nos collègues. Sur la même journée, il peut vous demander de lui faire un câlin et ensuite vous hurler dessus sans raison.”

      “La famille Filigranes”
      Plusieurs anciens employés expliquent que vers 2010, Filigranes était comme une famille. “J’étais mère célibataire sans enfant une semaine sur deux et ces semaines-là, on faisait la fête à la fermeture, se souvient Sophie. Je ne connaissais personne à Bruxelles et Filigranes était ma deuxième famille. Marc faisait la fête avec nous et il ouvrait lui-même les bouteilles le soir. Cette ambiance, cela faisait qu’on acceptait plus de choses qui n’étaient pas toujours réglos. Les heures supplémentaires en dernière minute, les enveloppes pour avoir animé une soirée ou travaillé plus, tout cela était compensé par cette ambiance. Mais lorsque nous avons demandé à changer de commission paritaire, tout s’est arrêté.”

      En 2016, les employés de Filigranes étaient sur la commission paritaire 201 qui correspond au petit commerce indépendant. L’entreprise ayant grandi, les salariés ont voulu passer sur la commission paritaire 311 qui correspond à celle pour les grands commerces. Ce changement engendre des modifications dans les salaires ainsi que l’octroi d’avantages extra-légaux. “Cela lui a coûté de l’argent et c’est devenu plus difficile pour lui, reconnait Sophie. Comme Filigranes était en tort, certains employés ont porté plainte pour toucher leur différence de salaire de manière rétroactive. Et puis, il aurait dû y avoir une représentation syndicale, mais cela n’a pas été fait.”

      Pas de représentant syndical
      Plusieurs tentatives de mettre en place une représentation syndicale dans l’entreprise ont échoué. Pour qu’elle existe, il faut que 25% du personnel soit syndiqués. Entre le turn-over et la peur de certains, le taux n’était pas atteint. En janvier 2020, une nouvelle tentative a été lancée et des élections auraient dû avoir lieu. Seulement, avec le confinement, il n’y a pas eu de candidat qui s’est déclaré dans les temps. Des discussions sont toujours en cours avec les syndicats et la direction de Filigranes pour tenter de trouver une solution.

      Certains employés nous disent aussi n’avoir jamais eu aucun problème avec Marc Filipson. Ils reconnaissent son côté volubile, mais n’ont jamais été victime d’abus. “Souvent, il y a une période de séduction avec Marc, nous explique un employé qui a donné sa démission récemment. Il veut se mettre les gens dans sa poche et à un moment, vous ne savez pas toujours pourquoi, vous rentrez dans le collimateur. Moi, il m’a dit qu’il n’aimait pas les barbus. Quand j’ai demandé si on serait payé pour les chroniques qu’on nous demandait d’écrire dans le magazine de la librairie alors qu’on était en chômage temporaire durant le confinement, il a voulu me virer. Quand je suis revenu travailler à la librairie, j’ai dû m’excuser d’avoir posé la question.”

      Les travailleurs se plaignent aussi d’être filmés ou surveiller depuis la mise en place d’un nouveau logiciel de gestion. Pour le conseil d’administration, cela a été mis en place pour responsabiliser les travailleurs et les caméras n’ont pas vocation de surveiller les travailleurs et ne sont en principe pas utilisés à cet effet.

      “Pendant le confinement, Marc avait créé un groupe Whatsapp pour toute l’entreprise. C’était des messages tous les jours à toute heure. C’était insupportable, explique une responsable de rayon. Lors de votre jour de congé, il peut vous appeler 8 fois. Idem pendant votre pause. Comme il est là tous les jours, il considère que vous devez faire pareil,” ajoute un autre témoin.

      Des colères vives
      Plusieurs personnes ont également rapporté certaines discussions vives dans le bureau de la direction en présence de la directrice des ressources humaines. “Il m’a bloqué dans un coin pour me crier dessus durant 20 minutes. Je suis ressortie tremblante et en pleurs.” “Il a fait pression sur moi en utilisant la dépression de ma compagne devant tout le personnel de mon département. On dirait qu’il a des bouffées délirantes.” “Je lui ai demandé des excuses car personne ne pouvait parler comme ça à un autre être humain. Il a reconnu qu’il n’aurait pas dû avant de continuer à m’engueuler. Il est devenu tout rouge. J’ai cru qu’il allait me frapper. S’il l’avait fait, j’aurais été porter plainte directement.”

      Des arrêts maladie de longue durée
      Plusieurs personnes ont peur de Marc Filipson et finissent par se mettre en arrêt maladie. “Quand je suis allée voir ma psy, elle m’a envoyée chez un généraliste et une psychiatre pour obtenir un arrêt. La psychiatre m’a dit qu’elle avait déjà eu beaucoup de travailleurs de chez Filigranes qui rapportaient les mêmes faits.” “Mon médecin m’a fait un certificat juste pour Filigranes où je travaillais deux jours par semaine en disant que cet emploi était dangereux pour ma santé mentale, que je ne devais plus y retourner.”

      Une autre employée : “Pendant des mois, je ne parlais plus que de Marc. J’en rêvais. Ma consommation d’alcool augmentait. J’étais dans le déni jusqu’au jour où j’ai été arrêté pour burn-out. Je l’ai dit à Filigranes et on m’a répondu que je lâchais mon équipe. Je suis allée à la médecine du travail. Trop souvent, les personnes qui partent n’ont plus la force de faire les démarches légales. Elles veulent juste ne plus jamais entendre parler de cette entreprise. Moi, j’ai voulu qu’il y ait une trace pour que cela s’arrête. Ce management doit changer.”

      Par rapport au bien-être, deux personnes seraient actuellement en burn-out. Cependant, beaucoup de personnes en arrêt pour épuisement ont démissionné ces dernières semaines.

      Les chefs de département parlent aussi d’une pression qui vient de la direction pour la répercuter sur les libraires. Certains font tampon et disent encaisser les remarques ce qui nuit à leur santé mentale et physique. “Pendant un moment, il y a eu un coach pour nous expliquer comment diriger une équipe, explique Sophie. Son travail consistait surtout à nous expliquer comment parler avec Marc. Les personnes en contact direct avec lui que cela soit à la communication ou les directeurs opérationnels changent très souvent parce que la pression est trop importante.”

      Filigranes reconnait le manque de personnel dans certains rayons. L’entreprise dit avoir des difficultés pour recruter du personnel qualifié. Il lui a fallu plus d’un an pour trouver un directeur opérationnel comme demandé par le personnel afin d’éviter les contacts directs avec la direction. Son rôle sera d’assurer la gestion journalière entre la direction et les membres du personnel.

      Des cas de harcèlement sexuel
      Certains membres du personnel anciens ou actuels font également état de remarques sur le physique. “Il a dit à un collègue lors de mon embauche que tant que je souriais, tout irait bien”, se souvient Sophie. “On m’a demandé d’engager plutôt des étudiants mignons et homosexuels”, ajoute un responsable de rayon. “Marc Filipson passe souvent à la caisse et met la main aux fesses des caissiers. Il a un problème. On doit dire à nos jeunes de faire attention et de ne pas se trouver seul avec lui.“

      Ces graves accusations, David affirme en avoir été la victime. Il a commencé à travailler chez Filigranes en 2009 en tant que libraire. “Tout se passait bien à cette époque. Je suis devenu chef de rayon assez rapidement. J’avais déjà de l’expérience comme libraire spécialisé dans les beaux-arts en France et Marc Filipson ne connaissait pas trop cette matière. Rapidement, je me suis rendu compte qu’il y avait des approximations dans la gestion, mais les gens restaient car ils avaient des compensations. C’était l’esprit famille de Filigranes. Il faut se rendre compte que pour Marc, verser un salaire est une faveur. Tout le monde doit se sentir investi et personnellement, j’aimais bien faire les interviews des auteurs, le soir lors des rencontres avec les clients. D’un point de vue professionnel, tout allait bien. Dans le privé, c’était plus complexe.“

      David a alors près de 40 ans. Il ne cache pas son homosexualité et dit de lui-même qu’il avait une réputation de grande gueule. “Marc trouvait cela très drôle de me mettre la main à l’entrejambe. Après quelques fois, je lui ai demandé d’arrêter. Je lui ai dit que je porterais plainte s’il continuait. J’ai été très ferme et il a arrêté jusqu’à une fête du personnel où il était ivre.” Lors de cette soirée, le patron de Filigranes a proposé à David de le retrouver dans les toilettes pour une relation intime. “J’ai refusé. Le lendemain, il est venu vers moi avec des billets de 100 euros, soi-disant pour mes vacances. Je pense surtout qu’il a voulu acheter mon silence.” 

      C’était en 2015. David n’a pas porté plainte. “Nous étions avant #metoo. La parole n’était pas aussi libre que maintenant. A l’époque, je me suis demandé si je ne l’avais pas provoqué, si tout n’était pas de ma faute. Je n’ai donc rien dit. Aujourd’hui, je parle pour qu’il ne le fasse plus. J’ai été ferme et il a arrêté mais tout le monde n’a pas cette force de caractère. Il se sent totalement intouchable et ne se rend pas compte de ce qu’il fait. C’est la même chose au niveau du travail où il pense qu’il ne doit pas respecter les lois.”

      Après 3 ans chez Filigranes, comme beaucoup d’autres, David souhaitait déjà partir mais il aimait son travail et avait une position privilégiée. En octobre 2019, finalement, il quitte l’entreprise. “On me donnait des consignes que je ne pouvais pas appliquer. Je ne voulais pas de cette hiérarchie verticale et devenir un tyran par rapport aux libraires dans mon rayon. Je ne faisais plus que de la gestion. Je suis donc parti. Je n’étais pas en burn-out. Cependant, j’ai fait un long travail psy pour me dire que je n’étais pas coupable, que je n’avais pas mal géré mon équipe, que ce n’était pas un échec. Je n’ai pas mal travaillé.”

      “Un patron exigeant mais des remarques souvent parfaitement justifiées”
      Enfin, le conseil d’administration défend Marc Filipson. “C’est grâce à sa personnalité hors du commun et sa vision extraordinaire que Filigranes est ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une des plus grandes libraires d’Europe, peut-on lire dans la réponse envoyée à Securex. Vis-à-vis des travailleurs, il est clairement un patron exigeant mais ses remarques sont souvent parfaitement justifiées. Son franc-parler et sa personnalité exubérante l’amènent cependant parfois à ne pas utiliser toutes les formes requises, ce sur quoi il a conscience qu’il doit travailler. […] Il a dès lors été particulièrement heurté de lire que des travailleurs auraient rapporté l’existence d’insultes, de menaces ou humiliations, de remarques sexistes, racistes ou grossophobes… M. Filipson est quelqu’un de très ouvert, tolérant et ne se reconnaît pas du tout dans ces reproches.”

      Nous avons joint Marc Filipson qui n’a pas souhaité échanger avec nous par rapport à ces critiques. “Le conseil d’administration et mes avocats ont répondu à cette plainte. Il n’y a jamais eu ni harcèlement moral ni sexuel chez Filigranes.”

      Une analyse de risque
      Le conseil d’administration réfléchira à la nécessité de mettre en place un coaching collectif pour harmoniser les relations de travail et ouvrir à la communication bienveillante. Il demande aussi à Securex de réaliser avec lui, une analyse de risque pour évaluer l’impact des mesures sur le bien-être des travailleurs.

      #librairie #violence #hiérarchie #encadrement #harcèlement #harcèlement_sexuel #travail #discrimination #violence #salaire #surveillance #racisme #grossophobie #infantilisation #mépris #Belgique

      #NDLR  : La librairie a du mal à recruter du personnel, normal sa réputation est faite.
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      Le cas "Filigranes" : Kairos prévenait il y a deux ans... les médias n’en avaient cure - Kairos
      https://www.kairospresse.be/le-cas-filigranes-kairos-prevenait-il-y-a-deux-ans-les-medias-nen-avaie

      Il y a presque deux ans, nous publiions un article sur « la plus grande librairie d’Europe » et son patron, sise au cœur de Bruxelles, dénonçant à l’appui de témoignages les comportements pour le moins douteux(1) de ce dernier, mais aussi les passe-droits politiques dont il bénéficiait. Cela nous aura valu des remerciements discrets de certains libraires (aussi d’un éditeur parisien), mais également des demandes d’explications de la part de la Communauté française (qui n’a toutefois rien fait suite aux atteintes dénoncées dans l’article…), après une plainte reçue portant sur un passage de l’article qui ne leur aura pas plus. Aujourd’hui, alors que la moitié du personnel porte plainte contre Marc Filipson (48 des 95 employés), certains médias se réveillent. Là encore, cette situation démontre comment la presse ne joue pas son véritable rôle et ne l’ouvre que quand elle ne peut plus la fermer… A l’époque, une des employées avait tenté d’alerter les médias : en guise de réponse, elle n’avait eu que le silence. 

      Ci-dessous, l’article de Juin 2018. 

      Tout paraît en général calme, bon-enfant, serein. Mais la violence du management moderne se révèle rarement dans la présentation et la façade commerciale, au contraire, puisque le spectacle de l’harmonie en est son garant. Elle sévit donc dans un entre-deux, dans les injonctions, les menaces, infligeant souffrances et « burn-out », révélés au détour d’un témoignage anonyme ou de celui qui, parti, exprime tout ce qu’il a vécu et ne pouvait plus garder pour lui seul. Aujourd’hui, des libraires de « la plus grande librairie de plain-pied d’Europe », sise à Bruxelles, là où les politiciens belges et autres personnages médiatiques vont faire leurs emplettes le dimanche, nous révèlent ce qui se cache derrière la couverture. 

      Bienvenue à la librairie Filigranes, fournisseur breveté de la Cour de Belgique, ouverte 7 jours sur 7, 2600 m² de surface, bar, champagne et caviar, petite restauration, piano, produits bios, jeux, vins… et livres, « où l’on peut flâner dans les rayons, lire en buvant un café ou écouter les auteurs lors des présentations et séances de dédicaces ». Son patron, Marc Filipson, instituteur de formation, « insatisfait par son salaire, quitte l’enseignement lorsqu’une opportunité se présente », et reprend une petite Librairie en 1983, « La Providence ». Mais c’est en 1988 que l’aventure de Filigranes commence vraiment, alors qu’il déménage avenue des Arts, dans une surface de 180 m². Année 2000, Filigranes passe à 1000 m² ; 2007, 1700 m² ; 2013, pour ses 30 ans, elle passera à 2600 m². C’est l’emballement.

      Pour celui qui dit « J’aime vendre, je me fous de ce qu’on peut dire » (Le Soir, 21/02/2016), le livre est un produit comme un autre. « Tout chez moi part du plaisir de vendre, j’ai toujours été un commerçant, j’ai toujours aimé vendre », ajoute MF, mais malheureusement, « il y a les mauvais choix en interne, ces collaborateurs bourrés de qualités sans doute, mais qui ne conviennent pas pour le job » (L’Echo, 23/12/2017). Filipson engage donc des libraires talentueux, « mais ce qu’il veut, c’est autre chose : des vendeurs, des gendarmes, des robots… ». L’homme, dans ses diverses interviews, ne parlera pas de sa gestion du personnel, lui qui pense juste « être trop bon ». Ce qui est curieux, c’est que depuis 1987, Filipson n’ait pas pensé à déposer une copie du règlement de travail au bureau régional du Contrôle des lois sociales, en vertu de la loi du 12 avril 1965. Clairement en infraction, lorsqu’on demande à l’administration centrale du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, pourquoi depuis plus de trente ans cette obligation n’a jamais été respectée et qu’ils ne trouvent aucune trace de règlement du travail chez eux, ils nous disent « c’est qu’il n’y a eu aucune plainte ». En trente ans ? Étrange. En tous cas, selon nos témoignages, une plainte a bien été déposée à l’inspection du travail en 2017. Le risque pour Filigranes : une amende, ou bien plus. 

      Enfin, cette absence de règlement officiel rend tout à fait plausible ce que nous disaient les libraires actuels ou ayant travaillé chez Filigranes, que nous avons rencontrés, à savoir qu’il n’y avait pas d’horaires fixes, pas de barèmes imposés par une commission paritaire plus adaptée, des démissions forcées, des arrêts maladie nombreux, un turn-over énorme (une centaine de personnes en 6 ans), avec beaucoup de licenciements injustifiés. Et si auparavant le renvoi pouvait se faire aisément et sans justificatif en Belgique, maintenant il est obligatoire de motiver la décision, au risque d’un contrôle si on ne le respecte pas, « mais il n’y en a jamais, nous dit une employée », le C4 indiquant « incompatibilité d’humeur, restructuration, divergences… ». Les institutions en seraient d’ailleurs informées : « l’Onem indemnise souvent quand un collègue démissionne, car l’organisme et le syndicat sont au courant ». Et quand l’employé au bout du rouleau se voit refuser un C4 « à l’amiable » accordé de manière aléatoire, il démissionne, la plupart du temps avec aucun plan de secours et au risque de se voir refuser les indemnités de chômage… 

      Par ailleurs, la commission paritaire ne semblait pas la bonne jusqu’il y a à peine quelques mois, définissant dès lors de mauvaises conditions imposées par l’employeur sans cadre légal en termes de salaires, congés, heures supplémentaires(2)…

      SOUFFRIR POUR RÉUSSIR 
      Mais « comme le disent des coachs, aujourd’hui, pour réussir il faut avoir souffert », n’est-ce pas (Le Soir, 20/02/2016) ? Et pour ce faire, un coach, « Marcus, roi de Filigranie »(3), en engagera un, organisant à l’époque « des séances obligatoires de coaching de 8 heures pour faire accepter les visions du management de Marc Filipson ».

      C’est vrai, faut savoir se vendre. Point de morale dans ce cas. Ainsi, quand Zemmour passera par la Belgique, on l’invitera en grande pompe pour venir débattre à la librairie. Ce sera annulé ? Pas grave, le buzz aura été fait et on aura parlé de qui ? De Filigranes, et donc de Filipson. « Depuis cette demande d’interdiction [de la venue de Zemmour à Filigranes] par l’élue Écolo, le livre se vend à nouveau par brouettes, alors que, début décembre, quasiment plus personne ne l’achetait »(4). Le jour même « Zemmour fut introduit avec humour par Marc Filipson », au déjeuner conférence du Cercle de Lorraine, réunissant patrons, noblesse, médias et politiques. Ce n’est pas un problème si l’invité déclarait que les « musulmans dans le peuple français nous conduira au chaos et à la guerre civile ». « Après cela, il fut tout de même invité à venir manger la galette des rois chez Filigranes en conviant la presse, alors même que la librairie avait reçu des menaces et que les employés lui avaient demandé d’en tenir compte ». Mais la cupidité, ou l’âme commerçante, a tout de même ses limites, et on se demanderait s’il n’y a pas là quelques prédilections pour la Kippa plutôt que la Burka. Zeymour donc, mais pas Dieudonné. 

      L’homme sait ce qui rameute, mais quand on ose questionner le choix d’inviter Nabila en grande pompe dans sa librairie, ce serait là « snober » l’auteure : « Face à un phénomène comme Nabila qui a vendu plus de 65.000 exemplaires de son livre, on ne peut pas juste répondre que c’est une littérature en dessous de tout. Nos enfants, adolescents, lisent “Harry Potter”, mais aussi Nabila. Il faut accepter cela et se poser la question de savoir pourquoi, à 24 ans, on décide d’écrire déjà son autobiographie ». (RTBF, 8 juin 2016). Un peu de philosophie… ou de marketing : le jour où il invita la Youtubeuse Enjoy Phoenix, plus de 4.500 personnes attendaient devant la libraire. Et quand on aime vendre, c’est plus intéressant d’avoir 4.500 potentiels acheteurs de torchons que 10 personnes qui savent ce qu’est un livre et viennent pour ça. Pour Nabila, la devanture du magasin et une partie de l’intérieur avaient été redécorés pour l’occasion. C’est peut-être aussi pour ça que « nos enfants, adolescents, lisent Nabila »… C’est là une logique récurrente empruntée aux médias de masse : participer à créer le phénomène en feignant qu’on ne fait juste que le relayer. 

      Et pour se faire voir, vendre, affecter la générosité, rien de tel que la charité, ce pantomime dont raffolent ceux qui ne veulent surtout rien changer à la société qui génère la misère qu’ils pallient à coups de piécettes, ou d’achat de livres et de coupes de champagne. Les soirées caritatives, celles que la bonne bourgeoisie et les notables affectionnent, car elles ne remettent jamais en question l’inégalité dont ils profitent, laissent aux associations 10 % des gains de la soirée et 100 % des bénéfices du bar. Les libraires, c’est leur soirée « Mère Thérésa ». Certes, « ils peuvent récupérer ces heures une fois (alors que c’est du travail en soirée qui devrait valoir au moins le double), mais surtout pas quand ça les arrange… Mais le mieux est de le faire officiellement bénévolement en annonçant qu’on offre son travail pour ces soirées-là. Mais surtout, ce n’est absolument pas une question de choix : la plupart des employés croient que c’est “obligatoire” et quand ils s’y refusent ça ne se passe pas très bien (…) Il y a une forme de chantage affectif/jugements de valeur de notre professionnalisme et notre « solidarité » »… Rien n’est « imposé » donc, mais tout est suggéré. Les clients achètent donc leurs livres, assurés de faire une bonne action en ne faisant rien. 

      L’homme a aussi ses relations politiques. Alors que Filigranes ouvre 7 jours sur 7, 365 jours de l’année, il le faisait bien avant que la portion de rue qu’il occupe soit déclarée zone touristique. Le Soir se demandait il y a peu « Mais pourquoi faire passer en zone touristique une portion de rue occupée à la très grande majorité par des immeubles de bureaux ? L’échevine du Commerce de la Ville de Bruxelles répondant sans hésiter “C’est une demande de Filigranes” » (Le Soir, 13/05/18). Selon nos informations auprès des syndicats, « quatre jours après la demande de Filigranes de passer en zone touristique, celle ci à été acceptée ». Cette demande ne semble en outre pas là pour entériner une pratique (ouvrir 7/7 jours, 365 jours/ an) déjà à l’œuvre, mais « parce qu’avec la nouvelle commission paritaire, il doit désormais payer les gens double les week-ends et jours fériés, ce qui n’est pas le cas si le commerce est situé en zone touristique ». Ce qui devient embêtant avec la nouvelle commission paritaire (CCP311), c’est que le travail du dimanche et en soirée, qui demeure assez flou, est soumis à négociation avec le syndicat et sur base uniquement volontaire, là où l’ancienne commission paritiaire (201) permettait à Filigranes d’obtenir une dérogation pour « commerce de journaux ». Le passage en zone touristique autorise par ailleurs l’ouverture, après négociation, à une quarantaine de dimanches par an… pas commode pour le 365/365.

      LE CAS FILIGRANES : PARADIGME DES TECHNIQUES MANAGÉRIALES « FAMILIALES » 
      Filigranes n’est pas une exception, et c’est bien là l’intérêt. Il y a des fonctionnements qui attirent, repoussent, créent, suscitent des types de personnalité et des formes relationnelles particulières dans un certain contexte social. Ainsi, la forme que prend l’organisation du travail dans une société capitaliste, la crainte de perdre son emploi dans un monde compétitif où il faut se vendre et où le chômage est structurel, la valorisation attachée au fait de ne pas être « sans », les crédits, le loyer… tout cela brise à la racine les possibles élans de solidarité, le rapprochement, le souci pour la souffrance au travail de l’autre, générant des « petits chefs », des dégoûtés, des dégoûtants, des soumis, des souffrants. Dans un système du « Marche ou crève », la plupart, malheureusement, tentent de tirer leur épingle du jeu, une minorité se révolte et se voit vite signifier son renvoi, mais la majorité encaisse, souffre, déprime, somatise. Restent ceux qui tirent parti du traitement inique collectivement organisé, tirant profit du peu de pouvoir qu’ils prennent par procuration à celui qui a le monopole de la brimade. Ceux-là, la perversité patronale sait les instrumentaliser, en tirer profit ; elle sait qui est faible, qui a besoin d’un « père », mais elle sait aussi qu’il faudra, quand les velléités du prétendant iront trop loin, voulant être chef à la place du chef, le virer. D’autres y croient, n’ont « pas vu », voulaient bien faire. Ophélie(5), responsable d’un des rayons rentables du magasin depuis 6 ans, a été licenciée en arrivant un matin à 8 h : « on a décidé de mettre fin à ton contrat parce que tu n’es plus un bon chef de rayon. Tes collègues ne portent pas leur badge, X prend des pauses trop longues… On te paiera 6 mois de salaire ». Les virés constituent alors des exemples : « les gens ont peur de perdre leur boulot, ils ne connaissent pas leurs droits ». Le licenciement abusif est exceptionnel en Belgique. Et puis, comme « la Filigranie a tant grandi qu’elle est maintenant une des provinces les plus lucratives de l’Empire des Lettres »(6), on laisse faire…
       
      COMME SI TOUT ÉTAIT NORMAL…  
      Si Marc Filipson tient dans la main le livre « Divertir pour dominer », sur la photo publiée dans l’interview faite par l’inénarrable Béatrice Delvaux ce 20 février 2016, c’est surtout la division et le contrôle que semble affectionner le patron : « caméras pointées sur le poste de travail des employés », « sa fille placée comme relais autoritaire », faisant l’aller-retour deux fois par mois de Londres, « salaires variables pour des mêmes fonctions », « contrôle des “Like” sur Facebook et convocation dans le bureau du patron si certains lui déplaisent ». Mais le plus pernicieux peut-être est la forme « soft » que prend ce type de management où l’on use et abuse des positions hiérarchiques, mais où on fait aussi croire qu’on est « une grande famille ». C’est la technique du Teambuilding, bouleversement pervers des relations hiérarchisées qui, sorties de leur contexte, font « oublier » au subalterne sa position quand il revient dans le contexte de travail. Une fois dans la réalité professionnelle, les « liens » créés à l’extérieur rendent plus difficile la contestation. 

      En somme, on retrouve dans cette étude de cas qu’est Filigranes, la forme spectaculaire que prend notre société dans son ensemble : on tente de tout lisser, faisant le nécessaire pour qu’on ne puisse percevoir que ce qu’on voit est le résultat diamétralement opposé de ce qui se passe en coulisse. Ce serait comme en vacances dans un hôtel dans un de ces pays dont on affectionne le climat, mais dont on tente d’oublier la politique, ce contraste entre le buffet all-inclusive et l’esclavage dans la cuisine dont il procède. C’est donc Filigranes, mais c’est presque partout : c’est le jeu du « comme si ». On fait comme si tout allait bien. Mais le problème, c’est que ça en rend beaucoup malades… 

      « Je me fous de tout ce qu’on peut dire de moi. Je suis un provocateur, c’est plus fort que moi » (Le Soir, 21/02/2016), disait Marc Filipson. Très bien ! Nous sommes ainsi sûrs qu’il accueillera avec sagesse et ouverture notre article de ce Kairos estival, que vous trouverez d’ailleurs dans les rayons de la librairie… Filigranes. Enfin, dépêchez-vous, ils risquent de partir vite ! 

      Alexandre Penasse *

      TÉMOIGNAGE DE SAMANTHA 
      J’ai travaillé durant près de 9 ans au sein de la Librairie Filigranes, pour terminer en 2014 au poste de directrice. À la suite de nombreux désaccords concernant la politique extrême de Mr Filipson en matière de gestion du personnel, nous avons décidé de mettre fin à mon contrat. Si je vous écris, ce n’est nullement dans un esprit de vengeance, mais simplement parce que derrière la façade lisse présentée aux médias se cache une tout autre vérité. La réalité est bien loin de la situation idéale décrite dans la presse. Au-delà des chiffres disponibles sur le site www.bnb.be et qui prouvent que Filigranes ne va pas bien, il est également temps de dénoncer les pratiques managériales extrêmes mises en place par Mr Filipson, s’appuyant sur un climat de tyrannie et de peur. Personne ne fait état des centaines de licenciements et de départs volontaires dus à la seule personnalité de Mr Filipson, ni du climat malsain qui règne dans cette entreprise. Entre allusions sexuelles, gestes déplacés, insultes et crises de colère, personne n’est à l’abri. Et il n’est jamais fait état de la pression et du harcèlement subis par les employés, menacés de licenciement au moindre désaccord exprimé ! À grands coups de communiqués de presse racoleurs et infondés ( la soi-disant association avec le Pain quotidien, la soi-disant installation à New York et Miami, le soi-disant lancement d’un site e‑commerce), Mr Filipson tente simplement de noyer le poisson en présentant une entreprise soi-disant débordante de projets. Les chiffres vont mal, les employés vont mal, et Mr Filipson, au travers de la presse, tente d’en faire assumer la responsabilité par ses anciens employés. 

      À l’époque, Samantha a envoyé ce courrier à plusieurs médias, sans réponse. 
      Notes et références
      1.  Nous n’avions pas révélé avec toute la précision les propos relatifs aux témoignages de harcèlements sexuels, par crainte d’être attaqué par un personnage puissant, mais ce qui avait été dit se révélait extrêmement grave.
      2. Suite à l’intervention de certains employés, une nouvelle commission paritaire a donc été imposée à la direction, la CP311, ce qui permit de travailler 35 heures par semaine (au lieu de 38 pour le même salaire), des augmentations salariales, des congés supplémentaires, des week-ends off, et de toucher des primes (ancienneté, petite enfance, formation, etc.) au cours de l’année.
      3. Filiber, le journal de Filigranes, fin d’année 2017.
      4. Alexis Chaperon, CEO de Filigranes, La Libre, 02/01/2015.
      5. Prénom fictif.
      6. Filiber, Ibid.

    • #Mdr ! Sanctions antiRusse : La Russie vole plus de 400 Airbus et Boeing : un casse à 10 milliards de dollars ! Léo Barnier

      L’espoir des loueurs occidentaux de voir revenir leurs avions basés en Russie fond comme neige au soleil. A trois jours de la date posée par les autorités européennes pour reprendre possession de ces appareils, moins de 100 d’entre eux ont été récupérés sur plus de 500 en service dans les compagnies russes. Vladimir Poutine est donc en passe de réussir le casse du siècle dans l’aviation en confisquant plus de 400 avions, soit près de 10 milliards d’actifs. Mais sans soutien opérationnel des industriels occidentaux et sans possibilité d’acheter des pièces détachées, ce casse pourrait se transformer très vite en cauchemar pour la Russie.


      Aeroflot devrait être plus protégée que ses consœurs. (Crédits : Maxim Shemetov)

      L’horloge tourne, mais les avions ne reviennent pas. A la demande des autorités européennes, les loueurs occidentaux ont jusqu’au 28 mars pour reprendre possession de leurs avions loués en Russie. Et le compte n’y est pas pour l’instant. Sur plus de 500 appareils placés par des sociétés de leasing étrangères auprès des compagnies russes, environ 80 ont, selon nos informations, réussi à être récupérés. S’il reste encore trois jours, il est peu probable que le total dépasse la centaine d’avions. Un coup dur à court terme pour les loueurs, mais aussi à moyen terme pour les compagnies russes.

      Dix milliards de dollars dans la balance
      Lors d’un échange organisé par Eurocontrol le 25 mars, Henrik Hololei, directeur général de la direction Mobilité et transports de la Commission européenne, n’a pas hésité à déclarer que ces appareils « ont désormais été volés à leurs propriétaires légitimes ». Le fonctionnaire bruxellois réagit ainsi à la loi validée il y a deux semaines par Vladimir Poutine autorisant les compagnies russes à faire réimmatriculer en Russie les avions loués auprès de sociétés étrangères, et à obtenir des certificats de navigabilité russes pour continuer à les exploiter sur les lignes intérieures.

      Cette décision a pour objectif de contourner la suspension des certificats de navigabilité par différentes autorités de l’aviation civile à travers le monde, mais aussi « de permettre aux compagnies aériennes russes de conserver la flotte d’avions étrangers et de les exploiter sur des liaisons intérieures », comme indiqué sur le site de la Douma d’État (l’Assemblée législative russe).

      Le décompte exact est difficile à tenir, mais les proportions sont là. Au total, cette flotte louée en Russie par des compagnies étrangères est évaluée autour de 550 appareils et représente environ 12 milliards dollars d’actifs selon un expert du secteur. En s’accaparant au moins les quatre cinquièmes de cette flotte, le Kremlin met donc la main sur l’équivalent de près de dix milliards de dollars.

      Une récupération difficile
      Henrik Hololei a précisé que les autorités européennes avaient suivi avec attention tous les déplacements de ces appareils dans des pays tiers, afin de les immobiliser sur place en collaboration avec les autorités locales et de les récupérer avec succès.

      La situation s’est avérée bien plus complexe pour les avions qui n’ont pas quitté le territoire russe. A priori, certains loueurs ont tenté de récupérer leurs avions sur place. Outre les difficultés pour se rendre en Russie, leurs équipes ont aussi été bloquées par l’obligation de faire valider les plans de vol par les autorités russes pour sortir du territoire.

      La capacité des loueurs à reprendre possession de leurs appareils a aussi été suspendue à la coopération des compagnies russes. Mis à part Aeroflot, compagnie d’État soutenue par le pouvoir, les petits opérateurs privés sont dans une situation bien plus délicate. Ils peuvent difficilement s’opposer au Kremlin, qui n’avait pas hésité à sacrifier la première compagnie privée du pays Transaero au profit d’Aeroflot en 2015. Mais de l’autre ils savent que de confisquer les appareils des loueurs étrangers risque de les priver de toute possibilité de reconstituer leur flotte si le conflit s’apaise. D’autant que des connaisseurs du secteur voient mal comment les appareils confisqués pourraient voler plus de six mois sans aucun soutien occidental.

      Il est enfin possible qu’il y ait une différence de traitement selon l’actionnariat du loueur. Si les sociétés occidentales n’ont bénéficié d’aucune largesse de la part des autorités russes, le traitement réservé à leurs consœurs chinoises reste une interrogation. Celles-ci sont en effet concernées par l’obligation de récupérer leurs avions édictée par les autorités européennes, car leurs activités internationales passent très largement par des structures irlandaises.

      La suite : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/la-russie-vole-plus-de-400-airbus-et-boeing-un-casse-a-10-milliards-de-dol

      #ukraine #sanctions anti #Russes #blocage des #frontières #Irlande #paradis_fiscal #leasing #avions #aviation #transport balle dans le pied

  • Au cœur des agglomérations, des villes confrontées à un parc important de logements vacants - Insee Flash Occitanie - 79
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/3571670
    C’est marrant comme le problème du #prix est des conditions économiques d’accès au #logement est éludé.

    Ainsi, les dynamiques démographiques n’expliquent qu’en partie l’évolution de la vacance. D’autres facteurs, qui souvent se combinent entre eux, y contribuent également : perte d’attractivité d’un territoire, vacance frictionnelle liée à des délais de location ou de vente, attrait pour la construction neuve plus confortable aux dépens des constructions anciennes, prix de l’immobilier, logements non soumis à la location ou à la vente par choix de leurs propriétaires…

  • Légère hausse des naissances et rebond de l’espérance de vie en France en 2021, malgré le Covid-19
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/18/legere-hausse-des-naissances-et-rebond-de-l-esperance-de-vie-en-france-en-20

    Le premier confinement a entraîné une chute de la fécondité, qui a ensuite été compensée. Dans son bilan annuel, publié mardi, l’Insee pointe également un rebond de l’espérance de vie, à 85,4 ans pour les femmes et 79,3 pour les hommes, après les mauvais chiffres de 2020.

    Après le choc démographique de 2020, marqué par la surmortalité liée au Covid-19, c’est sur une note positive que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a choisi de mettre l’accent dans son dernier bilan annuel, présenté mardi 18 janvier. En 2021, « la fécondité se maintient » malgré le contexte pandémique, titre ainsi l’institut de statistiques. Selon les estimations arrêtées fin novembre, 738 000 bébés sont nés en France, soit 3 000 de plus qu’en 2020, nombre en hausse de 0,4 %. La population française s’élève à 67,8 millions d’habitants au 1er janvier 2022.

  • Au nom du père - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=2zZRFJ1oXHA

    Sur la transmission du nom de famille

    #inertie #patronyme

    L’article du philosophe William MacAskill évoqué dans la vidéo : https://www.theatlantic.com/sexes/archive/2013/03/men-should-consider-changing-their-last-names-when-they-get-married/273718

    Un article de la sociologue Virginie Descoutures sur le nom des femmes et sa transmission : https://www.cairn.info/journal-mouvements-2015-2-page-43.htm

    Les statistiques de noms donnés aux enfants en France pour 2014 : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1379722

    Et la même chose pour 2017 : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/double-noms

    Par curiosité, j’ai cherché des données sur la transmission du nom du père au Royaume-Uni et je n’ai pas réussi à en trouver. Si vous en trouvez (ou si vous trouvez pour d’autres pays ou pour d’autres années en France, ce sera toujours intéressant), envoyez-moi le lien et j’ajouterai ça ici.

    Sommaire

    0:00 - Intro. Un point aveugle moral
    2:59 - Une norme hégémonique
    4:27 - Que dit la loi ? Égalité formelle et non réelle
    6:58 - Le poids du statu quo
    9:05 - Quelle norme alternative ?
    11:05 - Le cas du Royaume-Uni et de Will MacAskill
    12:53 - La norme actuelle satisfait-elle le principe de tort ?
    14:49 - Conclusion. Quel avenir ?

    Ah et n’oublions pas la vidéo drôlatique sur les noms dans les RPG : https://youtu.be/gzBZFArR4mc

  • Résultat des élections 2021 : qu’ils partent tous et qu’il en reste aucun !
    https://ricochets.cc/Resultat-des-elections-2021-qu-ils-partent-tous.html

    Une élection sans électeurs, c’est comme une démocratie sans instances politiques démocratiques. ÉLECTIONS : QU’ILS S’EN AILLENT TOUS ➡️Avec 65% d’abstention au second tour, c’est un record. Les élus du scrutin Régional de 2021 n’ont aucune légitimité. Ils ne représentent qu’une portion de 35% des inscrits qui sont allé glisser un bulletin dans une urne. La culpabilisation des abstentionnistes ne sert à rien. Pourquoi aller désigner des maitres qui n’écoutent jamais, ne rendent aucun compte une fois élus, et (...) #Les_Articles

    / Autoritarisme, régime policier, démocrature..., #Politique,_divers

    #Autoritarisme,_régime_policier,_démocrature...
    https://www.linternaute.com/actualite/politique/1188605-participation-abstention-suffrage-exprime-definition-et-explica
    https://www.liberation.fr/france/2018/07/06/non-inscrits-et-mal-inscrits-comment-les-ramener-aux-urnes_1664385
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/4317766
    https://www.vie-publique.fr/fiches/23931-abstention-vote-blanc-et-vote-nul-quelles-differences
    https://elections.interieur.gouv.fr/regionales-2021/84/84.html
    https://reporterre.net/Dans-les-regions-pourquoi-voter-pour-des-institutions-devenues-inaccessi

  • La nouvelle #définition du #rural encore perfectible, estime le chercheur Olivier Bouba-Olga
    https://www.banquedesterritoires.fr/la-nouvelle-definition-du-rural-encore-perfectible-estime-le-ch

    Définir le rural en plein et non plus en creux ? C’est ce à quoi s’emploie l’#Insee dans sa dernière édition de « La France et ses territoires » parue le 29 avril 2021 (voir notre article du 29 avril 2021), conformément à l’une des mesures de l’Agenda rural de 2019. Jusque-là, définir le rural revenait simplement à identifier ce qui n’était pas urbain. Ainsi, l’Insee définissait les communes rurales comme étant celles qui n’appartenaient pas à une unité urbaine (c’est-à-dire des regroupements de plus de 2.000 habitants dans un espace présentant une certaine continuité du bâti). Pour mettre fin à cette approche « en creux », un groupe de travail associant des personnalités d’horizons divers (statisticiens publics, associations d’élus, universitaires) a planché sur le sujet. À l’issue de leurs travaux, il a été décidé de définir les communes rurales à partir de la grille de densité : sont ainsi considérées comme rurales toutes les communes peu denses ou très peu denses. Cette nouvelle définition, validée lors du comité interministériel des #ruralités du 14 novembre 2020, permet de mettre en exergue une population rurale bien plus importante que ce qui était considéré auparavant. « Les territoires ruraux désignent désormais l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité, détaille ainsi l’Insee. Ils réunissent 88% des communes en France et 33% de la population en 2017. » En effet, avec cette nouvelle définition, le poids du rural en France est largement réévalué. Le « rural » passe de 4,5% de la population (si l’on retient comme zonage celui en aires urbaines, et que l’on considère que le rural correspond aux communes isolées hors influence des pôles), à 32,8% si l’on retient comme critère les communes très peu denses et peu denses. Le nombre de ruraux passe ainsi en nombre absolu, selon les données du recensement millésime 2017, d’environ 3 millions à près de 22 millions de personnes !

    Insee, La France et ses territoires 2021, https://www.insee.fr/fr/statistiques/5040030

    Olivier Bouba-Olga, Qu’est-ce que le « rural » ? Analyse des nouveaux zonages, https://territoires.nouvelle-aquitaine.fr/sites/default/files/2021-03/note_d%C3%A9finition_rural.pdf

    Étude de l’#ANCT : Les fonctions de centralité d’équipements et de services dans les dynamiques territoriales https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/sites/default/files/2020-11/0233_ANCT-etude_petite%20centralit%C3%A9_HD_sans_tr

  • Attractivité et compétitivité des territoires : quelle est au juste l’attractivité économique d’une planète morte ?
    https://ricochets.cc/Attractivite-et-competitive-territoires-quelle-est-au-juste-l-attractivite

    Il faut être un territoire attractif pour les investisseurs, développer l’attractivité économique, ne pas taxer les entrepreneurs qui réussissent, soigner la compétitivité du pays et rechercher l’agilité... Le mantra capitaliste est décliné à toutes les sauces pour créer de la richesse pour les riches et de la Valeur pour le Capital accumulé auparavant, euh pardon ...pour créer des emplois et que les richesses ruissellent en très fines gouttelettes vivifiantes du haut de la pyramide vers les gueux du bas. (...) #Les_Articles

    / #Catastrophes_climatiques_et_destructions_écologiques, #La_civilisation,_la_civilisation_industrielle, Travail, emploi, entreprise..., Humour, ironie, (...)

    #Travail,_emploi,_entreprise... #Humour,_ironie,_satire...
    https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2010-1-page-27.htm
    https://fb.watch/5c0SQa6Yp-
    https://www.eterritoire.fr/blog/2014/11/29/la-france-qui-reste-attractive-quelques-exemples-a-suivre
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281062
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/29/la-pollution-chimique-gagne-l-ensemble-des-oceans_6078512_3244.html
    https://reporterre.net/Record-de-CO2-dans-l-air-vers-un-retour-en-arriere-de-15-millions-d-anne
    https://www.liberation.fr/environnement/la-foret-amazonienne-bresilienne-emet-desormais-plus-de-co2-quelle-nen-ab
    https://reporterre.net/Le-changement-climatique-a-modifie-l-axe-de-rotation-de-la-Terre
    https://lespunaises.info/2021/04/30/la-fonte-des-220-000-glaciers-du-monde-saccelere

  • Sebastian Roché : « Les gens croient en l’efficacité de la police lorsqu’ils ne la voient pas agir »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/16/sebastian-roche-les-gens-croient-en-l-efficacite-de-la-police-lorsqu-ils-ne-

    Avec deux autres universitaires, le sociologue, spécialiste des questions de police et de sécurité, a déchiffré près de dix années d’enquêtes de victimation, un indicateur jugé fiable de l’état de l’opinion à l’égard de la police.

    Le sociologue Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po Grenoble, s’est penché sur les enquêtes de victimation, menées auprès de la population, pour connaître l’état de l’opinion à l’égard de la police. A rebours des idées reçues, il démontre que c’est l’absence de contact avec les forces de l’ordre qui garantit, aux yeux des Français, son efficacité.

    La police est-elle, comme le soulignent de fréquents sondages, une institution très majoritairement appréciée ?
    Les instituts de sondage continuent de fonctionner avec une approche trop simplificatrice. En se contentant de demander « Avez-vous confiance en la police ? », on n’obtient pas de réponse sur la légitimité de la police mais sur l’utilité de l’existence d’une telle organisation. Or, très peu de gens rejettent radicalement le fait qu’il puisse y avoir une police. Une telle question ne dit rien de la confiance dans ses pratiques. Pour donner une image fidèle de la situation, la confiance doit être mesurée à trois niveaux : le caractère juste de son action, le fait qu’elle ne cause pas de dommages, et des modes d’action efficaces. Il faut mieux évaluer ces modes d’action, les replacer dans des contextes précis.

    Quelles sont les raisons habituelles de la confiance dans la police ?
    Les gens croient dans son efficacité lorsqu’ils ne la voient pas agir, n’ont pas de contact avec elle, et n’ont pas besoin d’elle parce qu’ils ne sont pas exposés à des troubles. Les responsables politiques et policiers affirment que leur mandat consiste à lutter contre la délinquance. Les victimes de cette délinquance et des incivilités imputent donc la responsabilité de ce qui leur arrive à ceux qui se disent responsables. Sans prévention des troubles, la confiance chute dans tous les types de contextes ou de populations.

    La visibilité de l’action policière n’entraîne-t-elle pas une hausse de la confiance dans son efficacité ?
    C’est exactement l’inverse qui se produit : plus les Français voient la police conduire des interventions autour de chez eux, moins ils la trouvent efficace. Et, ce n’est pas parce qu’on est victime ou à cause des incivilités dans le quartier : ces paramètres sont déjà pris en compte.

    Comment expliquer une conclusion aussi contre-intuitive ?
    Les résultats nous poussent à penser qu’une faible confiance provient des modes d’action, des façons de faire la police. En France, le ministère de l’intérieur privilégie une stratégie agressive : des interventions très visibles, qui mobilisent des effectifs nombreux, souvent lourdement équipés. La littérature internationale indique que ce mode d’action érode souvent la légitimité.

    N’est-ce pas au contraire la preuve que, dans certains quartiers, le travail de la police gêne ?
    Non, hélas. Il existe en fait une demande de police dans les quartiers défavorisés, qui sont très loin de la rejeter par principe. Ce travail suggère que ce qui n’est pas admis, en revanche, c’est la « mauvaise police » : les démonstrations de force, les raids, l’usage détourné des contrôles d’identité. Le contraire de la police de proximité.

    La confiance dans la police varie-t-elle en fonction des territoires ?
    Une fois pris en compte les effets de la victimation, des incivilités et des modes d’intervention, nous montrons que la confiance est plus faible dans les quartiers qui cumulent les désavantages en matière d’éducation, de transports, de revenus… Cette variable est beaucoup plus importante que l’origine ethnique ou les revenus du ménage. Elle renvoie aux politiques scolaires et économiques. Elle abrite aussi un effet de mémoire collective : les quartiers pauvres ont le plus subi les violences policières et s’en souviennent.

    Point positif, l’accueil en commissariat : deux tiers des Français s’en disent satisfaits…
    Nous pensions que ce contact pouvait améliorer la légitimité de la police chez les victimes. Ce n’est finalement pas le cas. Ici, le traitement de la plainte est probablement en cause : les auteurs ou les biens volés sont rarement retrouvés. Pire, pour les victimes de violences, aller au poste de police entraîne un affaissement supplémentaire de la confiance si elles ont un statut économique modeste.

    Votre étude ne couvre pas les questions liées aux contrôles d’identité et aux violences policières…
    Ces données ne figurent pas dans cette enquête, les ministères en charge ne s’y sont pas intéressés. Mais, on sait que le contrôle d’identité dégrade, et très nettement, la confiance dans la police.

    #police #violence_d'_État #violences_policières

  • Mortalité 2020 : « C’est la pyyyyyraaaamide des âges ! » Oui, mais en fait non - paldama’s substack
    https://paldama.substack.com/p/mortalite-2020-cest-la-pyyyyyraaaamide

    Un debunking rapide (et sans grossièretés) du « pre-print » de Toubiana et al

    Il revient sans cesse, ce refrain de la pyramide des âges :
    « Mais vous ne tenez pas compte de la pyramide des âges dans votre calcul. La population vieillit, et comme le taux de mortalité est une fonction exponentielle de l’âge, et la mortalité ‘‘attendue’’ en 2020 aurait été, même sans la COVID19, beaucoup plus forte que les années précédentes. Il n’y a donc pas de surmortalité significative en 2021… »

    Honnêtement, je suis fatigué de répondre à ces arguments, alors je vais tenter de vous convaincre, en quelques graphiques et tableaux (que vous pouvez reproduire à la maison !), que ce « pre-print » raconte à peu près, totalement, n’importe quoi.

    • la note de bas de page numéro 1 dit :

      l’Insee n’a pas encore publié les chiffres pour 2019, que les auteurs ont manifestement calculé à partir des fichiers des décès individuels. Cela dit, aucune chance que les taux de mortalité par âge aient brutalement évolué en 2019, au point de faire varier la moyenne.

      On dispose tout de même du bilan démographique de 2019 sur le site de l’INSEE (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4281618?sommaire=1912926)

      Et on peut y lire ceci :

      En 2019, le solde naturel, différence entre les nombres de naissances et de décès, s’établit à + 141 000. En 2016, le solde naturel avait atteint son niveau le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (figure 2), il n’a cessé de baisser depuis lors et atteint un nouveau point bas en 2019. Cette baisse est due à la fois au plus grand nombre de décès et au recul des naissances.

      il y a un tableau et un graphique qui illustrent ce propos. en 2019 il y a eu 611000 décès et non pas 599 408 comme le dit cet billet de blog.
      A partir de là, comment faire confiance à un débunkeur qui utilise une donnée sortie de son cul ?

  • Que vaut l’étude de Toubiana et Mucchielli sur la « très faible » surmortalité due au Covid ?
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/04/01/que-vaut-l-etude-de-toubiana-et-mucchielli-sur-la-tres-faible-surmortalite-d

    L’épidémiologiste Laurent Toubiana, proche des « rassuristes », affirme que la surmortalité en 2020 a été nulle pour les moins de 65 ans et de 4 % pour les plus de 65 ans. Mais son analyse comporte des biais sur le fond et la forme.

    C’est « une étude édifiante », affirme Sud Radio, qui aime donner la parole aux antirestrictions et l’a publiée en avant-première. Vendredi 26 mars, l’épidémiologiste Laurent Toubiana a cosigné, avec trois autres auteurs, une analyse affirmant que « le Covid-19 a eu un impact relativement faible sur la mortalité en France ». On y lit que l’épidémie due au SARS-CoV-2 :
    • n’a pas eu d’incidence sur la mortalité des moins de 65 ans ;
    • a entraîné une surmortalité de seulement 3,66 % chez les plus de 65 ans (depuis rectifiée à 4,1 %) ;
    • est loin des prédictions « catastrophiques » (500 000 morts) annoncées ;
    • a été gérée avec des mesures sanitaires « disproportionnées ».

    Que peut-on dire de la fiabilité de cette étude ? Eléments de réponse.

    Une étude qui pose question sur la forme
    Avant même d’aborder le contenu, signalons que le texte sur lequel s’appuie Sud Radio ne répond pas aux normes habituelles d’une publication scientifique reconnue.
    • Un « preprint » à l’autorité scientifique limitée
    Premier élément à rappeler : le texte publié est un « preprint » (ou prépublication), c’est-à-dire un article qui n’a pas été évalué par ses pairs, étape indispensable pour pouvoir parler de « publication scientifique ».

    L’étude porte sur des questions de démographie, mais seul Laurent Toubiana, épidémiologiste de métier, a une formation en démographie. Ses coauteurs, Laurent Mucchieli et Jacques Bouaud, sont respectivement sociologue de la criminalité et expert en systèmes informatiques d’aide à la décision médicale.

    Plus troublant, le quatrième signataire, Pierre Chaillot, attaché statisticien, est présenté comme chercheur à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Or, l’institut assure au Monde n’être « associé en aucune façon à cette étude » et affirme que « la mention de l’affiliation de son auteur à l’Insee est à la fois erronée et trompeuse ». M. Chaillot précise qu’il appartient au corps de l’Insee mais est en détachement dans une collectivité territoriale depuis 2019. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), institut d’appartenance de Laurent Toubiana, s’est également désolidarisé de l’article.

    Des concepts démographiques confondus
    Ce manque d’expertise des auteurs conduit à un manque de rigueur dans les termes et méthodes employés, estime France Meslé, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED) et membre de l’unité de recherche mortalité, santé, épidémiologie :
    « Il y a une confusion permanente entre mortalité [le rapport entre le nombre annuel de décès et la population totale] et nombre de décès ; le calcul de la différence entre décès attendus et décès observés n’est pas clair ; la méthodologie est très peu expliquée. »

    Des biais dans l’approche
    • L’impossible comparaison avec le scénario du pire
    Cette étude entend démontrer que les mesures de restrictions sanitaires étaient disproportionnées et que le risque lié à la pandémie était surévalué. Pour cela, elle cite la prévision de « 500 000 morts » (en réalité, entre 400 et 500 000) avancée mi-mars 2020 par l’épidémiologiste Neil Ferguson, de l’Imperial College à Londres. « Ils sont où aujourd’hui, ces morts ? », s’interroge M. Toubiana.
    Il ne précise pas que cette estimation était un scénario du pire, qui se fondait sur les hypothèses de mortalité les plus élevées qui auraient pu être observées en l’absence de mesures radicales de prévention. Or, ce scénario ne s’est pas produit, puisque, justement, deux confinements ont été mis en place (au printemps puis à l’automne 2020), empêchant de mesurer la précision de ces prédictions. Une incohérence qui n’en est pas une, estime l’épidémiologiste, qui nie farouchement l’efficacité, pourtant documentée, du confinement.

    • Un calcul sur l’année qui lisse les deux pics épidémiques
    L’objet de cette étude est d’analyser la mortalité sur l’ensemble de l’année 2020. Or, cette analyse sur un an tend à lisser le nombre de décès. « En 2019, la mortalité était inférieure à la moyenne des dernières années en raison de l’absence d’épidémie de grippe. C’est aussi vrai pour janvier-février 2020 », rappelle France Meslé, de l’INED. Or, c’est au printemps et dans une moindre mesure en novembre 2020 que la surmortalité liée au Covid-19 a été la plus forte. Le pays a dépassé les 2 000 morts presque tous les jours entre le 16 mars et le 19 avril, et très fréquemment du 21 octobre au 16 décembre 2020, et a même connu 2 800 décès par jour, quand la moyenne en temps normal tourne entre 1 400 et 1 900.

    « Bien entendu, c’est ce qu’on appelle le théorème de Shannon », convient Laurent Taubiana :
    « Si on veut voir un phénomène court, on choisit un échantillonnage court. Là, on a choisi non pas l’élément fugace, mais sur une année entière. Cette année-là, il y a eu deux épidémies, c’est exceptionnel, et j’essaie de voir au total ce qu’elles ont produit comme morts, sur l’année. »
    A ses yeux, le Covid est « un virus pas très méchant, qui n’a touché que les personnes sensibles ».

    Quelques conclusions qui font l’unanimité…
    Certaines des conclusions de l’étude corroborent celles des chercheurs spécialisés sur la question.
    • Pas de surmortalité pour les moins de 65 ans
    L’étude de M. Toubiana affirme que l’épidémie n’a pas eu d’effet sur le nombre de décès chez les moins de 65 ans. C’est vrai. L’Insee en faisait déjà part à la mi-janvier 2021 ; la surmortalité est de + 2 % pour les 50-64 ans, mais de – 1 % pour les 25-49 ans et même de – 6 % pour les moins de 25 ans. Un phénomène qui s’explique à la fois par la faible létalité du Covid-19 chez les populations jeunes, mais aussi par la chute des autres causes de décès comme les morts sur la route, en baisse de 21,4 % par rapport à 2019, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.

    • Une partie des décès s’explique par le vieillissement de la population
    L’étude évoque « l’évolution de la structure de la population française marquée par un vieillissement et donc une augmentation tendancielle de la mortalité ». Là aussi, c’est vrai : la tendance en France est structurellement à la hausse depuis plusieurs années. Comme l’expliquait au Monde Sylvie Le Minez, chef du département des études démographiques et sociales à l’Insee, ce phénomène s’explique par « l’arrivée des générations du baby-boom, beaucoup plus nombreuses que les autres, dans des âges où l’on meurt plus souvent ». L’année 2019 détenait déjà le record de l’année la plus meurtrière de l’après-guerre. « C’est un effet important, qui a été minimisé par le démographe Gilles Pison. Il l’estime à 13 000, moi à 17 000 », précise au Monde Laurent Toubiana.

    … mais une interprétation générale qui fait débat
    • Plusieurs chiffres concurrents pour la surmortalité
    L’étude portée par M. Toubiana compare la mortalité de 2020 à celle qui aurait dû être la mortalité en 2020 sans Covid-19. « Ma référence pour ce calcul, c’est ce que j’ai pu lire ou faire à l’époque de la canicule, et notamment les travaux de Denis Hémon et Eric Jougla sur la surmortalité liée à la canicule en 2003 », précise M. Toubiana, qui juge les autres méthodes « peu classiques ».

    En démographie, la surmortalité s’obtient en comparant deux séries entre elles (par classe d’âge, par sexe, par année, etc.), mais il existe plusieurs manières de calculer celle-ci. « On peut discuter à l’infini là-dessus. Que prend-on comme niveau de mortalité normal ? La moyenne de ces dernières années ? 2019 ? Avec ou sans la grippe, qui est un accident épidémique ? », interroge France Meslé.

    Le mode de calcul retenu par cette étude minimise l’impact de l’épidémie. Selon l’Insee, qui prend un autre point de comparaison (en l’occurrence, l’année 2019), la surmortalité globale en 2020 a été de 9 %. « L’année 2019 n’avait pas été une année à forte mortalité. Pour éviter ce biais, j’ai fait une intégration sur trois ans », se justifie Laurent Toubiana. Après avoir réajusté un calcul, il a néanmoins relevé le taux de surmortalité de quelques dixièmes de points, à 4,1 %.

    • Des experts divisés sur la gravité de l’épidémie
    D’une manière générale, les conclusions de Laurent Toubiana et de ses collègues ne font pas l’unanimité. Leur ligne consistant à minimiser la gravité de l’épidémie n’est pourtant pas isolée. Dans une tribune au Monde, l’historien et démographe Hervé Le Bras, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) invitait lui aussi à « nuancer la gravité de l’épidémie », estimant que « la crainte engendrée par le virus semble en relation inverse de sa létalité ».

    Mais d’autres experts ont de la situation une lecture plus noire. L’Insee, qui a publié le 29 janvier un bilan consolidé de son analyse de l’année 2020, évoque au contraire « une hausse des décès inédite depuis soixante-dix ans », une mortalité « exceptionnelle », dont l’augmentation est « notamment très supérieure à celle observée lors des épisodes grippaux et caniculaires sévères des années précédentes » Dans une étude de mars 2021, l’INED évoque elle aussi une augmentation nette du nombre de décès, et un bilan « accablant » de 68 000 décès liés au Covid-19 en 2020, « en dépit des mesures prises pour freiner la propagation du virus. » Au 31 mars 2021, le Covid-19 a été associé à 95 000 morts en France.

    • On m’a cité le cas d’une personne qui a contracté le Covid durant son hospitalisation pour alors qu’il était déjà en train d’y finir ses jours pour un cancer. Il a été déclaré mort du Covid. Je ne pense pas que ce soit un cas isolé. Je pense que, ne serait-ce que 1 à 5% de déclarations de décès de ce genre suffit à rendre les statistiques (officielles ou non) complètement hors sol.

    • On peut bien mesurer l’effet positif :
      https://seenthis.net/messages/909432

      Ça ne dit pas qu’on ne peut pas mesurer le non effet, ça dit qu’il ne faut pas comparer les chiffres prévus (beaucoup plus de morts) avec les morts qu’il y a réellement eu. En revanche on peut estimer (mais ça reste alors une hypothèse) de manière plus précise encore qu’avant, les morts qu’il y aurait eu si on n’avait pas confiné : puisqu’on a désormais pas mal beaucoup de données de comparaison entre les pays et régions qui ont eu des politiques de santé différentes. Et quand il n’y a pas eu confinement (et/ou pas masque obligatoire, etc) : il y a clairement eu beaucoup de morts en plus.

    • C’est un peu rapide de dire que c’est du pipeau, là aussi sans aucune source, alors que justement des chercheureuses s’évertuent depuis des mois à mettre en place des méthodologies permettant justement de comparer. Cf l’article lié précédemment, qui est un exemple parmi d’autres à Oxford.

      mais aussi nous assurer qu’elles soient comparables entre elles.

      Quelques semaines plus tard, nous avons lancé le Oxford Covid-19 Government Response Tracker, dans cette optique. Il constitue désormais la plus grande base de données mondiale relative aux politiques en matière de pandémie.

      À ce jour, nous avons pu cataloguer 20 types de réponses différentes à l’épidémie, et en suivre l’évolution grâce à l’aide de plus de 600 personnes collectant des données tout autour du monde : les informations recueillies proviennent de 186 pays, et concernent notamment les politiques relatives au confinement, à la santé, à l’économie, et maintenant à la vaccination.

      Comme si des milliers de données sur 186 pays pendant 1 an, ne permettaient pas aussi de prendre en compte les différences socio-économiques (comment est le système scolaire, le système de santé, économie majoritairement capitaliste ou vivrière, etc), pour pondérer les différences de résultats. Ça ne parait pas totalement insurmontable de pouvoir faire ces distinctions et d’en déduire des grandes lignes de choses qui fonctionnent mieux que d’autres.

    • @rastapopoulos Ok, allons-y pour les "grandes lignes"

      Quel est le reproche fait ? Le voici : "Il ne précise pas que cette estimation [500.000 décès] était un scénario du pire, qui se fondait sur les hypothèses de mortalité les plus élevées qui auraient pu être observées en l’absence de mesures radicales de prévention. Or, ce scénario ne s’est pas produit, puisque, justement, deux confinements ont été mis en place (au printemps puis à l’automne 2020), empêchant de mesurer la précision de ces prédictions."

      Il est bien dit que le pire ne s’est pas produit car les confinements empêchent de mesurer la précision des prédictions. Mais paradoxalement, les confinements n’empêchent pas d’en calculer l’impact. Ça c’est de la pure mauvaise foi ou bien de la bêtise, voire les deux à la fois.

      D’ailleurs plus loin on lit "Le mode de calcul retenu par cette étude minimise l’impact de l’épidémie. "

      Alors, d’un coté on lui reproche d’avoir pris les hypothèses maximales, de l’autre on lui reproche de minimiser le résultat. Et parce que sa méthode et son calcul sont valides scientifiquement, on dénigre une deuxième fois en lui reprochant l’inverse de ce qu’on lui reprochait au départ.

      Et je voudrais bien savoir en quoi dénigrer une information tout en disant que ses résultats sont justes c’est du journalisme ? Parce que je rappelle qu’on nous dit ça (extrait ci-dessous) en début d’article et qu’on conclue que c’est vrai à la fin de l’article. Sauf pour le 4ème point ou tout le monde n’est pas unanime. Et ou eux préfèrent les "autres experts [qui] ont de la situation une lecture plus noire" Sachant que ceux qui avaient fait l’hypothèse de 500.000 morts (les mêmes ?) pourtant, ils ne les aiment pas non plus.

      "On y lit que l’épidémie due au SARS-CoV-2 :
      • n’a pas eu d’incidence sur la mortalité des moins de 65 ans ;
      • a entraîné une surmortalité de seulement 3,66 % chez les plus de 65 ans (depuis rectifiée à 4,1 %) ;
      • est loin des prédictions « catastrophiques » (500 000 morts) annoncées ;
      • a été gérée avec des mesures sanitaires « disproportionnées »."

    • hier j’ai regardé le documentaire d’Arte "La fabrique de l’ignorance", ça parle de comment les lobbies manipulent l’opinion avec la recherche scientifique. C’est 1 heure et demie d’historique depuis les premiers pas du lobby du tabac. ça vaut le coup d’être vu. Puis de réfléchir à d’où proviennent nos informations et dans quel état d’esprit on les lit. On papote ici autour d’un article du Monde et en 2021 il est devenu possible dans un chapeau du Monde de dénigrer quelqu’un avec un qualificatif comme « rassuriste » sans que ça ne choque le lectorat. Si je ne suis pas « rassuriste » alors je suis quoi ? "Lecture noiriste " comme on me le propose vaguement en fin d’article ? Mais qui veut que j’ai peur d’être rassuré ? Qui est ce fou qui veut que j’aie peur de vivre ? A qui appartient cette science qui me dit sans cesse "craint la mort !" ? Hier c’était la religion qui me disait cela "aies peur de Dieu", puis ce fut l’Etat ; "aies peur de l’étranger", c’est désormais la science "aies peur de la mort" ...
      Ou bien est-ce plus simplement Louis Dreyfus qui me permet de lire ce discours et de m’en convaincre ?

    • pour info, je découvre ça ce matin dans les références d’un article (https://interestingengineering.com/sunlight-neutralizes-sars-cov-2-8-times-faster-than-assumed) :

      However, the freely available epidemiological data (as of May 29, 2020 (54)) demonstrates that lock‐down measures preventing healthy individuals from remaining outdoors have not resulted in an obvious and statistically significant difference on infections per million inhabitants when compared to countries where healthy individuals were free to stay outdoors, with potential exposure to sunlight radiation.

      https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/php.13293

    • la note de bas de page numéro 1 dit :

      l’Insee n’a pas encore publié les chiffres pour 2019, que les auteurs ont manifestement calculé à partir des fichiers des décès individuels. Cela dit, aucune chance que les taux de mortalité par âge aient brutalement évolué en 2019, au point de faire varier la moyenne.

      On dispose tout de même du bilan démographique de 2019 sur le site de l’INSEE (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4281618?sommaire=1912926)

      Et on peut y lire ceci :

      En 2019, le solde naturel, différence entre les nombres de naissances et de décès, s’établit à + 141 000. En 2016, le solde naturel avait atteint son niveau le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (figure 2), il n’a cessé de baisser depuis lors et atteint un nouveau point bas en 2019. Cette baisse est due à la fois au plus grand nombre de décès et au recul des naissances.

      il y a un tableau et un graphique qui illustrent ce propos. en 2019 il y a eu 611000 décès et non pas 599 408 comme le dit cet billet de blog.
      A partir de là, comment faire confiance à un débunkeur qui utilise une donnée sortie de son cul ?