• En quête du « gène juif »
    par Sylvain Cypel

    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/en-quete-du-gene-juif,3600

    Derrière cette poussée d’adhésion aux thèses suprémacistes blanches, qui restent limitées en Israël aux cercles coloniaux les plus activistes, se profile un phénomène qui, lui, y est en forte expansion : l’idée de la préservation de la pureté raciale. Cette idée-là est évidemment connectée au désir profond de l’entre-soi, conçu comme un véritable idéal de vie. Le 9 février 2016, Netanyahou annonçait ainsi un « plan pluriannuel pour entourer Israël de clôtures sécuritaires ». Sachant que cette idée recevrait un accueil très favorable de l’opinion, il poursuivait : « En fin de compte, l’État d’Israël tel que je le vois sera entièrement clôturé. On va me dire : est-ce donc ce que vous voulez, protéger la villa ? La réponse est oui. Va-t-on entourer tout l’État d’Israël de barrières et de clôtures ? La réponse est oui. Dans l’environnement où nous vivons, nous devons nous défendre face à des bêtes sauvages
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    . » La métaphore de la « villa dans la jungle », d’un Israël seul État civilisé entouré d’animaux sauvages, avait déjà été émise, après l’échec des négociations de paix de Camp David à l’été 2000, par le premier ministre travailliste d’alors, Ehud Barak.
    Épouser une Norvégienne ?

    Cette conception est à la source du repli sur soi exclusif de la présence des autres. Elle peut déboucher sur des propensions racialistes puisées à d’autres motifs que le seul besoin de sécurité, et qui sont, la plupart du temps, d’inspiration religieuse et plus encore dérivées de l’intrication entre le mysticisme et le nationalisme. Dans la religion juive telle qu’elle est pratiquée en Israël, où un rabbinat très traditionaliste s’est vu octroyer par les pouvoirs publics la gestion de toute la vie familiale (naissance, mariage, divorce, décès, etc.) et où le mariage civil est légalement inconnu, les « mariages mixtes », c’est-à-dire les unions entre Juifs et non-Juifs, sont impossibles.

    • @raspa Ça aborde le sujet de notre discussion par un angle totalement autre, c’est intéressant.
      1- Sur les règles autoritaires absurdes et anti-pédagogiques, ça a fait bondir mon petit cœur de professionnelle, tu imagines bien (genre, sérieux, tu perds des points si tu fais répéter la consigne ? C’est odieux pour les mômes, c’est hyper arrogant de la part des profs de penser que le monde entier va comprendre tout de suite à partir d’une unique formulation de consignes... Si les publicitaires font plusieurs pubs via plusieurs canaux avec plusieurs façons d’aborder le même message / slogan, c’est pas pour rien !
      Et après, on doit rassurer les gens en animation, leur dire qu’on peut répéter / reformuler autant de fois que nécessaire tant que c’est pas clair. Juste, ça fait partie du job. Mais les gens ont énormément besoin de se sentir légitimes, autorisés à nous demander ça : ce « droit » est loin d’être une évidence. Encore ce matin ça a pas loupé, dans un contexte pourtant hyper safe, sympa, convivial...). Et l’injonction à la participation, boudiou...
      Surtout, l’article a mis en lumière des choses (mal) vécues mais pas analysées quand je bossais en école maternelle.

      2- Le côté étiquette qu’on retrouve dans toutes les formes de « minorité », discriminée ou non. Les mômes sont fatigué.e.s et dissipé.e.s à 17h30 => c’est parce que ce sont des hauts potentiels, sur le même schéma de rattachement à l’identité (réelle ou supposée) que tous les clichés/préjugés habituels, « t’aimes le beurre c’est parce que t’es Breton », « tu es Noire alors t’as le rythme dans la peau », « t’as la peau douce c’est normal t’es une meuf ». Alors que juste, non, rien à voir.

      Et sur le comment on colle ces étiquettes : que la détection se fait dans les classes aisées et pas dans les autres ; que la valorisation des talents ne se fait pas pareil.
      Apparemment, dans « Ouvrir la voix », ça parle à un moment de la sous-détection de la dépression chez les femmes noires (hâte de le voir !). Si dans le lot d’étiquettes qui colle à ta « boîte sociale » il n’y pas la bonne étiquette, ben ça reste invisible. Dans cet exemple c’est l’étiquette « diagnostic de dépression » pour la boîte « femmes noires en France », ou « enfant haut potentiel » pour la boîte « enfant de famille de classe populaire » qui n’existe pas (alors que si ça se trouve, à l’inverse, il y a beaucoup trop d’étiquettes « enfant haut potentiel » dans les classes blanches aisées par rapport à la réalité).
      C’est très médicaux comme exemples, parce que ma prise de conscience de ça est liée à ma lecture déjà ancienne de cet excellent article dans le n°4 de la revue XXI : http://www.revue21.fr/tous_les_numeros/#n-04_maladies-a-vendre