2017 – – S.I.Lex –

/2017

  • L’émergence de la figure d’un Etat « contributeur aux Communs numériques » – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/12/30/lemergence-de-la-figure-dun-etat-contributeur-aux-communs-numeriques

    Au début du mois de décembre, la DINSIC (Direction Interministérielle des Systèmes d’Information et de Communication de l’État) a publié dans le cadre du Paris Open Source Summit 2017 une « Politique de contribution aux logiciels libres de l’Etat » qui recèle plusieurs aspects intéressants.

  • L’émergence de la figure d’un Etat « contributeur aux Communs numériques » | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/12/30/lemergence-de-la-figure-dun-etat-contributeur-aux-communs-numeriques

    Au début du mois de décembre, la DINSIC (Direction Interministérielle des Systèmes d’Information et de Communication de l’État) a publié dans le cadre du Paris Open Source Summit 2017 une « Politique de contribution aux logiciels libres de l’Etat » qui recèle plusieurs aspects intéressants. J’ai déjà publié, il y a quelques semaines, un billet relatif au… Source : : : S.I.Lex : :

  • Les logiciels produits par les administrations sont passés en Open Source par défaut (et voici pourquoi) | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/12/08/les-logiciels-produits-par-les-administrations-sont-passes-en-open-source

    La loi pour une République numérique adoptée l’année dernière nous réserve encore quelques surprises, plus d’un an après son entrée en vigueur. On en a eu une confirmation cette lors du Paris Open Source Summit 2017 pendant une session consacrée à la thématique « Administration publique ». Cette table-ronde était intitulée "Open Data / Open Source / Open… Source : : : S.I.Lex : :

  • Repenser l’enclosure de la connaissance (avec Bernard Stiegler et Amartya Sen) | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/11/25/repenser-lenclosure-de-la-connaissance-avec-bernard-stiegler-et-amartya-s

    J’ai eu la chance cette semaine de participer à l’événement « Action publique / Public en action / Controverse », organisé par la Cité du Design de Saint-Etienne dans le cadre de la semaine de l’innovation publique. La question des Communs y a été largement débattue, mais ce fut surtout l’occasion pour moi d’approfondir ma compréhension des liens entre les Communs et le design, ou plutôt, d’appréhender ce que l’approche par le design pouvait nous apporter pour la compréhension des Communs. Source : : : S.I.Lex : :

  • Droits communs du travail et droit au travail dans les Communs | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/11/18/droits-communs-du-travail-et-droit-au-travail-dans-les-communs

    Cette semaine, la ville de Roubaix accueillait les ROUMICS (Rencontres OUvertes du Multimédia et de l’Internet Citoyen et Solidaire) qui ont choisi cette année de traiter une problématique particulièrement intéressante : « Vivre des Communs ». Bien que n’ayant pu participer à cet événement, je voulais par ce billet contribuer à la réflexion collective, en m’aventurant notamment… Source : : : S.I.Lex : :

  • Blade Runner 2049 : sauver le monde en partageant des brevets ? | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/11/03/blade-runner-2049-sauver-le-monde-en-partageant-des-brevets

    Blade Runner 2049 semble avoir réussi son pari, en recueillant des avis globalement favorables de la part du public et de la critique. Les inconditionnels du premier film de 1982 retenaient pourtant leur souffle, en redoutant un nouveau massacre de licence par les studios d’Hollywood. C’était mon cas et pour tromper l’angoisse, j’avais écrit en… Source : : : S.I.Lex : :

    • On voit par exemple qu’une firme comme Monsanto a déjà tout à fait intégré la perspective de la catastrophe écologique à son plan de développement (alors même qu’elle contribue depuis des décennies à nous y précipiter). Dans Blade Runner 2049, ce sont des vers transgéniques qui fournissent l’essentiel de l’alimentation de l’Humanité. De son côté, Monsanto a déjà déposé des myriades de brevets sur des semences OGM que la firme commercialise partout dans le monde en les présentant comme la solution pour nourrir toute la planète. Ces plantes ont été rendues dépendantes de désherbants comme le Round Up à base de glyphosate, qui fait tant parler de lui en ce moment et qu’on soupçonne – entre autres méfaits – de participer à la disparition des abeilles.

      Or Monsanto prépare déjà le « coup d’après », car la firme conduirait des études pour créer une « super-abeille » résistante aux pesticides. Sa stratégie est proprement machiavélique : après avoir contribué avec ses substances toxiques à faire disparaître les abeilles « naturelles », Monsanto pourrait tout simplement vendre avec ses semences des abeilles OGM capables de continuer à polliniser des plantations empoisonnées. Et en déposant un brevet sur ces « FrankenBees », la compagnie obtiendrait ainsi un monopole mondial sur une ressource vitale à laquelle est suspendue l’avenir de l’agriculture sur Terre. N’est-ce pas complètement Cyberpunk dans l’esprit et ces « super-abeilles » ne font-elles pas penser quelque part aux « super-humains » que sont les Réplicants de Wallace ? (Il y a d’ailleurs une très belle scène dans le film où des abeilles apparaissent comme un symbole de la « vraie » vie)...
      Si l’on veut vraiment « sauver le monde », il faut sans doute envisager des solutions plus radicales, comme d’interdire purement et simplement le brevetage du vivant sous toutes ses formes et, à l’image de pays comme l’Inde, se doter de mécanismes puissants pour imposer aux grandes firmes d’accorder des « licences obligatoires » sur les médicaments ou d’autres inventions vitales qui ne doivent pas continuer à être privatisées. Comme l’envisage Blade Runner 2049, certains pensent que ce sont les protéines tirées des insectes qui permettront demain de nourrir l’Humanité. Mais comme par hasard, une masse considérable de brevets a déjà été déposée pour « verrouiller » au maximum cette source potentielle de profits.

  • Sur la propriété des données personnelles (et leur valeur marchande)

    https://linc.cnil.fr/vivrons-nous-demain-au-moyen-age

    Alors, nouveau système féodal ? En tout cas, il est intéressant de passer ces analyses au prisme de l’esprit du cadre européen de protection des données : le droit français (en particulier par la modification de l’article 1er de la Loi dite "Informatique et Libertés" suite à la Loi pour une République Numérique, ) et le droit européen (Règlement général à la protection des données) évitent soigneusement cette notion de propriété des #données_personnelles, qui peut paraitre séduisante de prime abord, mais est en réalité probablement une impasse : si l’expression « mes données » est une belle manière d’affirmer la souveraineté de l’individu sur ce qui le concerne au premier chef, tout ce qui vient en droit (et dans une moindre mesure en économie) avec la notion de propriété est extrêmement difficile à mettre en musique quand on parle de données, a fortiori de données personnelles. Par exemple les données génétiques d’un individu peuvent être considérées comme des données « pluripersonnelles » comme le rappelle la nouvelle publication de la CNIL sur le sujet (Le point CNIL : Les données génétiques, à la Documentation française, p. 41) : elles sont héritées et transmissibles, donc partagées avec les ascendants et descendants et peuvent porter atteintes à leurs droits. Comment dès lors "jouir et disposer de la manière la plus absolue" d’elles seul, pour reprendre la définition du droit de propriété du Code civil (article 544) ? 

    Le droit européen et français met plutôt en avant le pouvoir de contrôle des individus et leurs droits fondamentaux, par exemple par l’entremise du principe d’"auto-détermination informationnelle" et par l’existence, réaffirmée par le RGPD, des droits des individus sur les données les concernant (accès, suppression, portabilité, …). Peut-être disposons-nous déjà de la base juridique nécessaires aux Lumières du numérique ?

    Ces données ne seraient donc pas si « personnelles » ? Quid, du coup, de leur valeur ? Peut-on se contenter de dire qu’elle est extorquée par les plate-formes numériques ? Cf. Dominique Cardon dans son bouquin co-écrit avec @antoniocasilli, Qu’est-ce que le #digital_labor ? :

    Les plateformes d’intermédiation ne produisent pas un service substantiel (comme de fabriquer les contenus de programmes), mais procédural : agréger de la méta-information ou opérer de la mise en relation. J’ai parfois l’impression que dans le reproche fait à Google ou Facebook de « ne rien faire » pendant que les internautes « font le travail » peuvent s’entendre encore les présupposés de l’économie industrielle opposant le « vrai travail » au « faux service ». À ne pas prendre au sérieux l’importance cruciale prise aujourd’hui par les procédures d’intermédiation (hébergement, agrégation, classements, algorithmes, etc.), on risque toujours de penser qu’il suffirait d’agir du côté des plateformes, ou d’en créer de nouvelles d’un claquement de doigts, pour se libérer de la captation indue de plus-value par les GAFA (Google-Apple-Facebook-Amazon).

    Sans effet réseau, sans artefact de mise en relation, sans algorithme de recommandation, sans métrique de visibilité, nos productions numériques ne seraient plus du travail extorqué, mais elles auraient aussi perdu leur visibilité, leur réputation, les gratifications de l’échange et les honneurs du commentaire, bref, elles seraient sans aucune valeur, ni monétaire ni symbolique. Ce raisonnement d’économie « industrielle » fait comme s’il existait une valeur « unitaire » des productions individuelles, ou des données, des internautes, alors que, à l’unité, ces productions, ou ces données, sont sans valeur aucune. C’est leur transformation par un mécanisme d’agrégation, de calcul, de comparaison, de filtre, de classement ou de recommandation qui leur confère un sens (pour les internautes) et une valeur (pour les plateformes). Le service rendu par la plateforme, qui consiste à agréger les interactions et à automatiser la révélation d’une « intelligence collective » des productions unitaires grâce à des algorithmes, est négligé ou minoré dans ces travaux, alors que c’est lui qui rend valorisable le travail gratuit des internautes.

    • Evgeny Morozov et le « domaine public » des données personnelles, par @calimaq
      https://scinfolex.com/2017/10/29/evgeny-morozov-et-le-domaine-public-des-donnees-personnelles

      Au début du mois, l’essayiste biélorusse-américain Evgeny Morozov a donné une interview pour l’émission Soft Power, dans laquelle il résume de manière intéressante les positions assez iconoclastes qu’il défend à propos des données personnelles. Là où les militants numériques mettent l’accent sur la défense de la vie privée, Evgeny Morozov explique que l’enjeu principal est d’ordre économique et que le bras de fer avec les géants du numérique (GAFAM et autres) passe par le fait de considérer les données personnelles comme un « bien public » et de les faire relever d’un « domaine public ». C’est une idée qu’il avait déjà avancée dans un article remarqué paru dans le Guardian en décembre 2016, traduit en français par le Monde Diplomatique sous le titre « Pour un populisme numérique (de gauche) ». (https://blog.mondediplo.net/2016-12-15-Pour-un-populisme-numerique-de-gauche)

      (…) l y a beaucoup de choses à dire sur ces différentes propositions, mais je voudrais commencer par souligner l’impression « épidermique » que doit ressentir toute personne qui entend pour la première fois l’expression « domaine public des données personnelles ». En droit de la propriété intellectuelle, le domaine public constitue ce statut auquel les œuvres accèdent à l’issue de la période d’exclusivité, pour devenir librement réutilisables (moyennant le respect du droit moral), y compris à des fins commerciales. Dès lors, dire que l’on veut faire entrer les données personnelles dans un « domaine public » est de nature à susciter un certain malaise, car on voit mal comment les données personnelles, qui touchent à la vie privée des individus et à leur intimité, pourraient relever d’un tel droit d’usage généralisé. Mais ce n’est pas vraiment à cette « métaphore » du domaine public de la propriété intellectuelle qu’Evgeny Morozov rattache ses propositions. Ce qu’il décrit ressemble davantage au régime dit de la domanialité publique, qui régit les biens possédés par les personnes publiques. C’est le système qui s’applique notamment à l’occupation des trottoirs et des places publiques par des commerces (occupation temporaire du domaine public), moyennant des conditions à respecter et le versement d’une redevance.

  • Les Jeux Olympiques de Paris sombreront-ils dans la folie de la propriété intellectuelle ? – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/10/09/les-jeux-olympiques-de-paris-sombreront-ils-dans-la-folie-de-la-propriete

    Alors que le Parlement français vient à peine de faire passer l’essentiel de l’état d’urgence dans le droit commun, c’est donc un autre régime d’exception qui sera certainement instauré en 2024, avec des conséquences inquiétantes à la clé. Cette loi aura en effet pour but d’organiser un certain nombre de transferts d’autorité de l’Etat français vers le CIO. Le réseau de transport devra notamment être réagencé de manière à mettre en place une « Voie Olympique » permettant aux athlètes de circuler entre les différents sites des épreuves. Cela revient donc à dire que certaines voies publiques de circulation vont être « privatisées » durant la période des Jeux, ce qui arrivera aussi dans les nombreuses « fanzones » dont la capitale va sans doute se couvrir. Des dérogations au Code du travail pourraient également (encore…) être apportées afin de faciliter l’emploi de travailleurs jetables pour la construction des édifices olympiques ou pour assurer la logistique des Jeux.

    […]

    En 2012, l’historien Pierre Clastres, spécialisé dans l’histoire des Jeux, avait livré une interview glaçante dans les colonnes de Libération, dans laquelle il revenait sur les aspects les plus inquiétants de la loi olympique pour conclure :

    Le CIO a besoin d’une #dictature ou d’un pays #ultralibéral pour imposer ses règles.

    Cela tombe bien : la France ressemble de plus en plus à la combinaison des deux et on n’ose imaginer ce que donnera la superposition du #régime d’#exception voulu par le #CIO et de l’#état d’#urgence perpétuel auquel nous sommes à présent soumis…

  • Les « biens communs » d’Emmanuel Macron ne sont pas les nôtres ! | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/10/02/les-biens-communs-demmanuel-macron-ne-sont-pas-les-notres

    Il fallait bien que cela finisse par arriver... Emmanuel Macron s’est emparé du vocabulaire des biens communs, lors du sommet européen qui s’est tenu à Tallinn la semaine dernière. Il a prononcé à cette occasion un discours pendant une conférence de presse pour présenter une stratégie sur le numérique pour l’Union européenne, articulée autour de… Source : : : S.I.Lex : :

  • Cinq raisons de refonder les licences libres sur les droits culturels – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/08/23/cinq-raisons-de-refonder-les-licences-libres-sur-les-droits-culturels

    Il me semble que l’on peut aller plus loin et, quitte à rompre avec le droit d’auteur, autant en profiter pour dépasser certaines des limites inhérentes à ce cadre. Le droit d’auteur est en effet intrinsèquement bâti sur un « paradigme individualiste » escamotant la dimension collective à l’oeuvre dans le processus même de création. Par ailleurs, l’évolution de la jurisprudence a rabattu le droit d’auteur sur un « modèle propriétariste », ce qui soulève de nombreux problèmes (et constitue peut-être même à terme une menace mortelle pour les licences libres, dont on voit déjà poindre les premiers signes – voir ici ou là…).

    #Licences_libres #Droits_culturels

  • Le Comité invisible et les Communs : pourrons-nous encore être « amis » ? – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/08/31/le-comite-invisible-et-les-communs-pourrons-nous-encore-etre-amis

    Par Lionel Maurel.

    Très beau texte qui permet à la fois de mieux comprendre les communs comme processus social et de critiquer les formules à l’emporte pièce du Comité invisible.

    Sur tous ces points – et bien d’autres – le livre est indéniablement précieux. Mais c’est pourtant une profonde sensation de malaise qui m’a étreint lorsque je l’ai refermé. Car si en apparence l’ouvrage – comme A nos amis le faisait déjà – met constamment en avant le concept « d’amitié » (en affichant l’objectif de « frayer des chemins » ou « d’organiser des rencontres » entre des « mondes amis fragmentés »), il constitue avant tout une expression particulièrement acerbe d’inimitiés, frappant à peu près toutes les composantes du mouvement social. Communistes, syndicalistes, négristes, écologistes, féministes, municipalistes, acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, militants de la Transition : tout le monde y passe successivement, dans un esprit d’excommunication – j’emploie le mot à dessein – traquant la moindre compromission avec le système économique et politique comme motif de disqualification définitive. Ironiquement, les auteurs critiquent la tendance (hélas bien réelle…) des cercles militants à s’entre-déchirer (« Chaque groupuscule s’imagine gratter quelques parts du marché de la radicalité à ses rivaux les plus proches en les calomniant autant qu’il est possible. »), mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le Comité Invisible tombe aussi complètement dans ce travers avec ce livre. Or le mouvement des Communs n’échappe pas à ce petit jeu de massacre et c’est ce qui me pousse à écrire sur Maintenant, parce qu’il me semble que de telles attaques appellent une réponse que je n’ai pour l’instant lue nulle part.

    Elle [Elinor Ostrom] insiste par contre sur un point, passé sous silence par le Comité invisible alors qu’il est essentiel : celui de l’importance, en tant que facteur de réussite, de l’auto-organisation et de l’auto-détermination des groupes qui gèrent des Communs, (les mots « self-organization » et « self-governance » reviennent ainsi constamment dans l’ouvrage). Elle constate en effet dans ses observations que, dans les hypothèses où des autorités extérieures ne laissent pas suffisamment d’autonomie aux communautés pour établir des règles adaptées à chaque situation particulière, la gestion en commun échoue quasi systématiquement. Et symétriquement, au sein même des communautés, elle remarque que les modèles hiérarchiques sont moins efficaces et que le succès des groupes est conditionné au fait que l’ensemble des membres puissent prendre part aux délibérations concernant les règles à établir et leur mise en oeuvre. Il y aurait d’ailleurs ici un point de rencontre possible avec la tradition anarcho-libertaire dans laquelle s’inscrit le Comité invisible, notamment via la question de l’auto-gestion. Mais leur positionnement est en réalité si extrême que le simple emploi de termes comme « économie », « gouvernance », « gestion » ou « administration » suffit à leurs yeux à disqualifier la démarche.

    #Communs #Lionel_Maurel #Comité_invisible

  • Le Comité invisible et les Communs : pourrons-nous encore être « amis » ?
    https://scinfolex.com/2017/08/31/le-comite-invisible-et-les-communs-pourrons-nous-encore-etre-amis

    Sur tous ces points – et bien d’autres – le livre est indéniablement précieux. Mais c’est pourtant une profonde sensation de malaise qui m’a étreint lorsque je l’ai refermé. Car si en apparence l’ouvrage – comme A nos amis le faisait déjà – met constamment en avant le concept « d’amitié » (en affichant l’objectif de « frayer des chemins » ou « d’organiser des rencontres » entre des « mondes amis fragmentés »), il constitue avant tout une expression particulièrement acerbe d’inimitiés, frappant à peu près toutes les composantes du mouvement social. Communistes, syndicalistes, négristes, écologistes, féministes, municipalistes, acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, militants de la Transition : tout le monde y passe successivement, dans un esprit d’excommunication – j’emploie le mot à dessein – traquant la moindre compromission avec le système économique et politique comme motif de disqualification définitive. Ironiquement, les auteurs critiquent la tendance (hélas bien réelle…) des cercles militants à s’entre-déchirer (« Chaque groupuscule s’imagine gratter quelques parts du marché de la radicalité à ses rivaux les plus proches en les calomniant autant qu’il est possible.« ), mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le Comité Invisible tombe aussi complètement dans ce travers avec ce livre. Or le mouvement des Communs n’échappe pas à ce petit jeu de massacre et c’est ce qui me pousse à écrire sur Maintenant, parce qu’il me semble que de telles attaques appellent une réponse que je n’ai pour l’instant lue nulle part.

    #idées #commun #comité_invisible #livres

    • Excellent je ne sais pas, mais très intéressante argumentation détaillée. Je n’ai pas trop le temps d’aller très loin, comme souvent, surtout là avec la rentrée, mais je crois que je suis assez d’accord avec la première partie, sur la destitution PLUS l’institution, et non pas que la première.

      En revanche ensuite sur la sortie de l’économie (et contre l’ESS) et sur l’auto-organisation et Lordon, je pense qu’il y a pas mal de choses à redire, notamment parce que ce sont des mots d’ordre et des sujets abordés aussi par d’autres et que Calimaq ne se fixe que sur ce qu’en dit le Comité invisible, sans le mettre en perspective avec ces autres sources.

      Sur la sortie de l’économie, on se rapportera notamment à la lecture marxienne et le renouveau de la critique de la valeur, et sur le fait que le mot d’ordre « sortir de l’économie » signifie généralement sortir de l’économie capitaliste, tout comme Marx critiquait l’économie politique, et non pas « sortir de l’échange » ce qui ne voudrait pas dire grand chose. L’économie au sens moderne, c’est l’économie capitaliste intégrée. @ktche

      Et sur l’auto-organisation et Lordon, il parle de la ZAD, qui est idéologiquement proche des zapatistes sur de nombreux sujets (je ne dirais jamais que c’est pareil évidemment, chaque lieu et chaque temps a ses façons, comme dirait l’autre cagoulé), tout en rapprochant Lordon, alors que c’est exactement l’inverse, et que le livre de Lordon a été extrêmement bien critiqué par Jérôme Baschet dans une perspective zapatiste :
      https://seenthis.net/messages/487414

    • Bonjour. Merci @Rastapopoulos pour ce lien vers cette critique de Lordon, au vu des pratiques politiques au Chiapas. C’est particulièrement éclairant concernant la notion « d’Etat général » dont Lordon tire des conclusions extrêmement générales et fatalistes dans son bouquin concernant les possibilités d’émancipation des groupes. Néanmoins, je ne pense pas que cela invalide la manière dont j’utilise Lordon dans mon billet contre le Comité invisible. Ce qui m’intéresse chez Lordon, c’est sa description de la dynamique des groupes et la manière dont la « puissance de la multitude » est à l’origine d’institutions. Et c’est cela que j’utile contre le mot d’ordre du comité invisible « Destituons le Monde », qui condamne radicalement la notion d’institution. Je ne me réfère à aucun moment au concept d’Etat général dans le billet, qui me met à vrai dire mal à l’aise, et si je m’intéresse aux communs, c’est justement parce que je pense que la pratique instituante peut être porteuse d’émancipation, ce que décrit très bien ce texte sur le Chiapas. Et c’est aussi ce que l’on constate à la ZAD de Notre Dame des Landes. Mais ce n’est pas le point de vue du Comité invisible qui refuse complètement d’entrer dans le jeu institutionnel (sur la base d’un fatalisme très lordonien finalement, même s’ils en tirent des conclusions radicalement opposées). Merci en tout cas pour votre commentaire, car cela m’a permis de comprendre cela.

    • J’ai fait une lecture audio de cette critique qui m’a moi aussi éclairée pour certains passages.
      https://archive.org/details/ComiteInvisibleEtCommuns


      Cependant, pour d’autres passages, et particulièrement ceux concernant la zad, j’avoue être en désaccord pour la façon dont c’est présenté et n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir en fin de lecture.
      Là dessus, je trouve le Comité invisible plutôt pertinent dans une partie de ses critiques contre l’institutionnalisation, pour ce que j’en comprends et surtout pour ce je peux observer et entendre à la zad particulièrement ces derniers mois (je reconnais n’avoir lu aucun livre du CI, mais beaucoup d’extraits et beaucoup, beaucoup, de critiques....)

      Présenter les « zadistes » comme une entité qui décide est tout aussi faux qu’affirmer que la zad est gérée aussi par des composantes comme l’acipa et le cedpa. Le texte « Label zad et autres sornettes » paru en novembre 2015, est selon moi le plus représentatif de l’esprit « zad »... qui n’existe pas ;)
      https://nantes.indymedia.org/articles/32327 (aller directement aux point 4, 5 et 6)

      Certes tout le monde a, en principe, la possibilité de s’exprimer, voire, de peser dans les décisions qui seront appliquées comme « collectives », cependant comme n’importe où ailleurs, tout le monde n’est pas d’accord et les principes ont parfois des relents normalisants qui braquent plus souvent qu’à leurs tours.

      La plupart d’entre nous connaissons la zad « de présentation », celle qu’il a fallu nettoyer aussi, et dont certain-e-s voudraient encore plus de « bonne présentation », comme si de ça dépendait le fait de se faire accepter... Je vous passe beaucoup de choses dont je ne me sens pas de parler ici, en particulier sur « l’assemblée du mouvement », bien que l’acipa, elle, ne se gène pas pour le faire et en claquer la porte, mais essayer de trouver un terrain d’entente entre des éleveurs et des anti-spécistes, entre des tendances « viriles » et des féministes aguerries... c’est juste pas possible ! Le seul est unique texte dit collectif est celui que l’on surnomme les 6 points :
      http://zad.nadir.org/spip.php?article4629
      Pour le reste ce sont des émanations de groupes plus ou moins grands, plus ou moins représentatifs et du coup, plus ou moins acceptées. Mais les critiques qui en ressortent ne sont pas sur une modalité de désaccords politiques binaires, évidents pour quiconque habite là bas, mais bien sur la FORME et le FOND employées pour les prises de décision. Et l’institutionnalisation est clairement dénoncée dans des textes qui apparaissent, hélas, ailleurs, n’étant pas toujours acceptés sur le site web de la zad. En voici deux récents que j’ai trouvé (im)pertinents et très significatifs :
      https://nantes.indymedia.org/articles/38183
      https://nantes.indymedia.org/articles/38201

      Tout ça pour dire que les tentatives de calquer des recettes « démocratiques » telles qu’on les connait ne marchent vraiment pas toujours, et que oui, Lordon est déconnecté des néo-zapatistes comme beaucoup le sont des « zadistes »... Et qu’à Nantes où je vis, le #greenwashing a complétement récupéré les entreprises sincères de gens s’étant lancés dans l’EEs ou autres aménagements politiques. Alors oui, vraiment, régulièrement, je comprends les coups de gueules.

  • Cinq raisons de refonder les licences libres sur les droits culturels | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/08/23/cinq-raisons-de-refonder-les-licences-libres-sur-les-droits-culturels

    Ce billet est le troisième d’une série que j’ai entamée cet été. Elle a commencé par l’analyse d’une nouvelle licence « Semences libres » proposée par un projet allemand, dont j’avais relevé qu’elle était la première en son genre à couper les ponts avec la propriété intellectuelle. Cette licence trouve en effet son fondement dans les dispositions… Source : : : S.I.Lex : :

  • La végétalisation des villes et la tragi-comédie des Communs | Calimaq
    https://scinfolex.com/2017/08/15/la-vegetalisation-des-villes-et-la-tragi-comedie-des-communs

    Au début du mois d’août, une nouvelle plateforme « Végétalisons Paris » a été lancée par la municipalité de la capitale. Le site rassemble les informations concernant les différentes initiatives de la mairie de Paris visant à inciter les habitants à investir les espaces publics pour y planter des végétaux. Chacun peut y effectuer les démarches nécessaires… Source : : : S.I.Lex : :

    • Le permis de végétaliser permet à un ou des habitants d’une ville de solliciter une autorisation pour utiliser une portion d’espace public afin d’y faire pousser des plantes. Juridiquement, il s’analyse comme une autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public, qui a grosso-modo la même nature que celles que sollicitent les cafetiers pour installer une terrasse empiétant sur un trottoir ou des manifestants qui veulent défiler dans la rue.

      #Tragédie_des_Communs (vandalisme des ressources communes)

      Si le système de l’occupation temporaire du domaine public comporte certains aspects intéressants, il est peut-être nécessaire d’aller plus loin et de couper les ponts avec cette philosophie des usages « octroyés » par la puissance publique pour aller vers la mise en place de véritables Communs urbains.

  • Et si on libérait (vraiment) les licences libres de la propriété intellectuelle ? – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/08/05/et-si-on-liberait-vraiment-les-licences-libres-de-la-propriete-intellectu

    Cette semaine, on a appris qu’une cour de justice américaine avait reconnu la valeur contractuelle de la licence GNU-GPL, alors que celle-ci a déjà presque 30 années d’existence, et n’a pas attendu cette consécration jurisprudentielle pour produire des effets réels.

    Il faut à cette occasion rappeler que les licences libres ne constituent pas des « alternatives » au droit d’auteur, contrairement à ce que l’on peut parfois entendre. Elles sont au contraire pour les titulaires d’un droit d’auteur une manière légitime d’exercer leurs prérogatives, étant entendu que le droit d’auteur constitue tout autant une faculté d’autoriser que d’interdire. Depuis 2006, le Code de Propriété Intellectuelle français, même s’il ne contient aucune allusion explicite aux licences libres, reconnaît de son côté la possibilité pour les auteurs de mettre gratuitement leurs oeuvres à la disposition du public

    Les licences libres sont donc nées sous la forme d’une véritable « inception » du copyleft au sein même du droit d’auteur, en vertu d’une tactique qui s’apparente à celle du Cheval de Troie ou de la prise de judo (s’appuyer sur la force de l’adversaire pour le maîtriser). C’est finalement ce qui leur donne leur force, mais aussi paradoxalement, une certaine forme de fragilité, car ces instruments restent en réalité dépendants du système juridique auquel elles empruntent leur validité. La juriste Séverine Dusollier avait déjà pointé en 2006 cette contradiction dans un intéressant article intitulé « Les licences Creative Commons : les outils du maître à l’assaut de la maison du maître« . Le titre s’inspire d’une phrase prononcée lors d’un discours en 1979 par l’écrivaine féministe Audre Lordre :

    Les outils du maître ne détruiront jamais la maison du maître.

    Or il arrivera peut-être un moment où « rester dans la maison du maître » risque de devenir dangereux, voir intenable, pour les licences libres. On voit en effet de plus en plus d’évolutions législatives aberrantes qui tendent à « écraser » les licences libres, en « forçant » les auteurs à maintenir leurs oeuvres dans le système classique contre leur volonté. C’est ce qui se passe par exemple en matière de sonorisation des lieux ouverts au public, qui sont soumis à une redevance perçue par la SPRE, même en ce qui concerne les oeuvres sous licence libre pour lesquelles les auteurs ont pourtant autorisé l’usage gratuit. Le risque existe aussi à présent en matière de photographies, suite au vote l’an dernier de la « taxe Google Images » qui pourrait forcer l’entrée en gestion collective des photos sous licence libre pour contraindre les moteurs de recherche à payer pour leur usage. Et des menaces plus redoutables encore se profilent à l’horizon, avec la discussion qui a lieu en ce moment au niveau du Parlement européen autour un « droit inaliénable à la rémunération » susceptible de provoquer un véritable désastre pour la Culture libre.

    La question n’est donc pas simplement philosophique, car elle touche en réalité aux limites de la stratégie du « Cheval de Troie » qui a été employée jusqu’à présent par les fondateurs des licences libres. Si le système réagit en secrétant des « anticorps juridiques » neutralisant la portée effective des licences libres en prenant le pas sur la volonté des auteurs, alors la « maison du maître » finira par l’emporter et le hack juridique initial de Stallman sera devenu inutile. C’est pourquoi il importe à mon sens aujourd’hui de réfléchir à la façon d’aller plus loin, en coupant une bonne fois pour toutes le cordon ombilical qui raccroche les licences libres à la propriété intellectuelle.

    #Propriété_intellectuelle #licences_ouvertes #réglementation_internationale

  • Valérian et le cycle des 1000 réincarnations – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2017/07/30/valerian-et-le-cycle-des-1000-reincarnations

    Comme je l’ai dit en introduction, les critiques sont pour l’instant sévères à propos de Valérian et la cité des 1000 planètes. Si la dimension visuelle et les prouesses techniques du film sont saluées, on reproche à Besson la fadeur du scénario, l’inconsistance des personnages et, encore une fois… des emprunts très appuyés à des oeuvres antérieures. Certaines critiques américaines sont à ce titre intéressantes à lire, car elles relèvent que le Valérian de Besson comporte de nombreuses similitudes avec les films… de la prélogie Star Wars, notamment le premier épisode (La menace fantôme). L’intrigue politique, les passages sous-marins sur la planète Naboo, l’environnement urbain de Coruscant : tout ceci aurait été décalqué dans Valérian avec trop de servilité. Mais on arrive à un étrange paradoxe, car comment savoir à présent si c’est Besson qui s’est un peu trop inspiré de Lucas, ou si ces ressemblances avaient été auparavant importées par Lucas dans la prélogie à partir de la bande dessinée originale ? Les emprunts entre les deux univers se superposent au point de former un conglomérat inextricable où il devient difficile de discerner les inspirations des innovations…