Une géographie inattendue : le système mondial vu par Paul Vidal de la Blache

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  • Une #géographie inattendue : le système mondial vu par #Paul_Vidal_de_la_Blache - Cairn.info

    https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2008-1-page-75.htm

    Alors que je suis en train de faire une recherche sur quelques uns de nos précurseurs géographes, je découvre cet article qui a l’air de dire que Vidal de la Blache st aussi un peu à l’origine de la vision systémique du monde (alors que je pensais que c’était plutôt reclus, mais bon, ils ont pu contribuer chacun à leur manière.

    Je viens aussi de relire quelques commentaires synthétiques qui accompagnent certaines planches de son atlas de 1894, entre autre dans l’édition de 1941, dans lequel un certain Emm/ de M. qui pourait être #Emmanuel_de_Martonne (autre géographe emblématique), mais aussi Emmanuel de Margerie (auteur aussi cité comme contributeur de l’atlas dans un document célébrant le cinquantenaire de la librairie Armand Colin 1870-1920) écrit des trucs salement raciste sur l’Afrique et ses habitants (je vous passe les détails pour le moment). Il y a une incertitude quand à l’auteur, mais si c’est de Martonne, c’est décevant.

    Considérer Paul Vidal de la Blache comme un « précurseur » de l’analyse géographique des réseaux mondiaux de circulation, des interdépendances planétaires, du système mondial, pourrait paraître exagérément hagiographique. Il a déjà pourtant été reconnu que Vidal de la Blache était sensible à la dimension mondiale des phénomènes géographiques. Paul Claval, dans un ouvrage maintenant ancien, opposait ainsi Vidal à ses successeurs dans la saisie des « réalités globales » (opposition qu’il ne va d’ailleurs pas cesser de reconduire) ; lorsqu’il évoque l’érosion de la part de la Grande-Bretagne dans le commerce mondial, il utilise les chiffres cités par Vidal lui-même dans son ouvrage sur les États et nations de l’Europe :

    Ces chiffres sont empruntés à Vidal de la Blache […] : le petit ouvrage sur l’Europe publié par le grand géographe en 1889 nous paraît extrêmement précieux, car on y voit comment un observateur averti percevait le système des relations internationales à la fin du siècle dernier. Le déclin relatif de l’Angleterre est déjà sensible à cette époque.

    Voir aussi :

    Un système multi-scalaire, ses espaces de référence et ses mondes. L’Atlas Vidal-Lablache

    https://cybergeo.revues.org/3944

    Un système multi-scalaire, ses espaces de référence et ses mondes. L’Atlas Vidal-Lablache

    Marie-Claire Robic

    À la différence de productions qui lui sont contemporaines, monoscalaires mais ethnocentrées (Levasseur) ou cosmopolites (Reclus), ou multiscalaires à emboîtements des niveaux d’échelles (Geddes), l’atlas de Vidal de la Blache a une structure complexe, multiscalaire et polymorphe car il use d’« espaces de référence » différents d’une planche à l’autre. Cette structure est rendue possible par un assemblage iconographique et textuel qui repose sur une unité composite, la planche d’atlas, formant une composition devenue canonique : cartes, cartons, légende. L’étude de l’ensemble du dispositif iconographique et de l’apparat textuel montre que l’ouvrage est multiscalaire à double titre. D’abord parce que, conformément à l’épistémologie vidalienne, chaque région du monde est dotée de ses propres espaces de référence, qui lui donnent sa dimension spécifique. D’autre part parce que la Terre est en principe l’unité de référence ultime, la méta-échelle englobante. Cette méta-échelle recouvre en fait trois « mondes » dissociés, économique, impérial et de la civilisation, formant trois méta-échelles intermédiaires. Au-delà du souci d’universalité, les métropoles de l’un et de l’autre de ces mondes (la France et l’Europe) restent centrales dans ce système de représentation.