À mon avis, c’est plutôt inspiré du système américain. Ta mutuelle détermine quels médecins tu as le droit de voir. Tu es toujours libre d’aller voir les autres, mais ça va être (encore) plus cher. Résultat, là-bas, tu peux te retrouver à devoir accoucher à l’autre bout de la ville, parce que la maternité à côté, qui est mieux et moins chère dans l’absolu, n’a pas signé d’accord avec ta mutuelle. Et si l’oncologue choisi par ta mutuelle est moins bien ou réticent à prescrire le traitement qui pourrait sauver ta peau, et bien tu crèves.
C’est très rigolo comme système qui prétend préserver la liberté de choix.
Dans un désert médical comme le mien, les médecins compétents pour les trucs sortants légèrement de l’ordinaire sont déjà très loin. Si on rajoute le paramètre mutuelle, ça va être encore plus compliqué.
Ensuite, tu peux aussi imaginer que tu vas en avoir pour ton argent : si tu as pris la grosse garantie, tu auras accès aux médecins pointus et doués et si tu as pris l’entrée de gamme de ta mutuelle, tu auras le dispensaire et les étudiants en médecine.
Donc, j’y crois moyen. C’est de la balkanisation médicale en délégation au privé, alors qu’il faudrait au contraire une couverture maladie universelle et inconditionnelle assortie d’un plus grand contrôle des médecins (qu’on arrête un peu de faire n’importe quoi sous prétexte de liberté d’exercer), de la fin du paiement à l’acte et de la mise en place de paiements forfaitaires, avec des modulations tarifaires en fonctions des besoins réels des territoires et populations, la déjudiciarisation des erreurs médicales (qui nous coûte collectivement un bras en procédures à la con et assurances prohibitives) pour un contrôle et une prise en charge collective, un numérus clausus collégial, basé sur les prévisions des besoins réels des populations et non sur des données comptables, de vraies politiques de prévention, la mise sous tutelle administrative des labos et de leurs médicaments, la fin des collusions d’intérêts entre organismes de contrôle et labos pharma, et aussi un fort recrutement de futurs médecins dans toutes les couches sociales. Bref, on étatise plus pour gaspiller moins.