#8 / Les épreuves morales de l’urbanité. Les riverains face aux naufragés de la mondialisation : Urbanités

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  • #8 / Les épreuves morales de l’urbanité. Les riverains face aux naufragés de la #mondialisation

    Dans les grandes métropoles comme #Paris – et plus spécifiquement dans les quartiers du Nord-Est de la capitale – les habitants vivent dans un environnement réceptif aux mouvements de la mondialisation, en ce sens que les grandes secousses du monde y sont directement perceptibles. Les événements internationaux ne sont pas seulement des nouvelles d’un ailleurs accessibles par la médiation de journaux ou d’écrans, ils sont rapidement saisissables à hauteur d’homme. C’est en bas de chez soi que l’on croise les Chinois du Nord qui tentent d’échapper à la spirale du déclassement, les Tunisiens qui ont pris le risque de l’exil après la révolution, les Syriens qui fuient la guerre ou les Roms en quête d’asile. C’est au fil de déplacements quotidiens que l’on coudoie des êtres humains en situation de grande vulnérabilité qui cherchent refuge dans les creux de la ville. Depuis 2009, les habitants du Nord-Est parisien ont ainsi vu des hommes et des femmes de diverses origines -Tunisiens, Tchétchènes, Chinois, Pakistanais, Roms- investir les trottoirs de leur quartier pour improviser, en dehors de toute régulation institutionnelle, un marché de bric et de broc. Sur des draps posés à même le sol, ils transforment en marchandises des objets hétéroclites principalement récupérés dans les poubelles : vêtements élimés, livres d’occasion, chaussures usagées, vieux bibelots, outillage, etc. Comment les habitants ont-ils réagi face à l’appropriation de leur espace de vie par ces marchés ? Comment ont-ils vécu cette soudaine mitoyenneté de la #misère ? Qu’est-ce que l’irruption de ces naufragés de la mondialisation fait aux riverains ? Nous verrons que la vision de ces hommes et de ces femmes vendant à même le sol des objets disparates jetés par d’autres ne cesse de susciter de l’#embarras. Cette confrontation à la #vulnérabilité et au dénuement d’autres humains constitue pour les citadins une « épreuve » (Dewey, 2011) dont nous approfondirons ici l’analyse1. Nous verrons que l’événement que constitue l’éclosion de ces marchés peut produire des sentiments mêlés d’#incompréhension et d’#impuissance, d’#exaspération et de #colère. Le choc de cette irruption peut inciter les riverains à rentrer dans une dynamique d’enquête « profane » – en observant et en questionnant ces nouvelles situations. L’#indignation peut également impulser des engagements contrastés dont nous analyserons les ressorts. Nous montrerons l’ambivalence de ces différentes réactions et engagements et proposerons une réflexion sur les épreuves morales de l’expérience urbaine et les implications sensibles et politiques de ce mode de vie.

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    #globalisation