L’esprit du flamenco
par Bruno Le Dantec,
paru dans CQFD n°150 (janvier 2017).
▻http://cqfd-journal.org/L-esprit-du-flamenco
« Quand je chante bien, j’ai un goût de sang dans la bouche. »
Tia Anica La Piriñaca
▻https://www.youtube.com/watch?v=73o6A1ZoXi4
Transmis par de véritables lignées d’artistes en haillons, l’art flamenco puise sa vitalité et son infinie richesse dans les bas-fonds d’une société encore aujourd’hui imprégnée d’une mentalité préindustrielle. Il y a une insolence d’aristo dans ce chant de mendiants. Carmen Amaya, Terremoto de Jerez, el niño Miguel, Rancapino, El Torta… Une énergie primitive irrigue la virtuosité de femmes et d’hommes qui ont baigné dans ce jus depuis tout petits et considèrent le flamenco non comme un métier, mais comme un art de vivre. « Celui qui sait lire et écrire ne peut pas bien chanter », affirme El Agujetas [le Crampes] dans un sourire carnassier plein de dents en or.