• Pourquoi les théories conspirationnistes d’extrême-droite sont-elles à ce point obsédées par la pédophilie ? – Ali Breland – solitudes intangibles
    http://solitudesintangibles.fr/pourquoi-les-theories-conspirationnistes-dextreme-droite-sont-e

    Le texte qui suit, publié en août 2019 dans la revue américaines Mother Jones , traite des différentes paniques morales autour de la pédophilie dans le contexte états-unien, ainsi que de plusieurs théories du complot y afférant. Ces théories du complot pédophile sont ici analysées comme relevant d’un discours réactionnaire de défense de la famille traditionnelle contre une menace extérieure, bien qu’on puisse parfois noter une porosité entre ce complotisme et des discours plus larges ordonnant de « toujours croire les victimes » et « protéger l’innocence des enfants ».

    Si les exemples cités dans l’article proviennent des États-Unis, des rumeurs analogues peuvent circuler en France. En 2014, dans un contexte de polémique et de fantasmes autour de la « théorie du genre », des enfants étaient retirés des écoles de peur que la masturbation, la sodomie ou le travestissement leur soient enseignés, suite à des rumeurs propagées par des associations religieuses et des réseaux d’extrême-droite proches d’Alain Soral. Plus récemment, en août 2020, à Paris, la pizzeria Pizza Girl était accusée sur les réseaux sociaux, à partir d’interprétations délirantes, d’être la vitrine d’un réseau pédophile. Si les rumeurs liées à un complot pédophile émanent le plus souvent de l’extrême-droite, des milieux complotistes et/ou religieux intégristes et sont associées à la défense de la famille traditionnelle et à la nostalgie d’une stabilité sociale fantasmée, elles se retrouvent parfois à gauche et dans les mouvements féministes. Ainsi, en septembre 2020, une plaque rendant hommage à Guy Hocquenghem dans la rue où il avait habité, était retirée par la mairie de Paris, suite à la pression d’une coalition allant de militantes féministes « intersectionnelles » à l’Association Enfants Prévention Actions Pédocriminalité Inceste (EPAPI) et l’Association internationale des victimes de l’Inceste (AIVI), dont les principaux combats sont la dénonciation d’une justice considérée comme complice des pédophiles, et, dans le cas de l’AIVI la lutte contre les cours d’éducation sexuelle à l’école, qui relèveraient de la « perversion » et viseraient à « attaquer l’enfance afin de la formater vers une quête de jouissance sexuelle précoce »1.

    Dans le communiqué signé par cette coalition, Guy Hocquenghem était décrit comme un proche de Gabriel Matzneff et « l’un des pires apologistes de la pédocriminalité que la France ait jamais compté ». S’il serait tout à fait possible, et souhaitable, de chercher à tirer le bilan des discours tenus dans les années 70 à propos de la libération sexuelle, qui ont parfois sous-estimé certains abus de pouvoir, et trop souvent considéré qu’il ne pouvait y avoir viol s’il n’y avait pas de violence, la manière de désigner ici Guy Hocquenghem comme « l’un des pires apologistes de la pédocriminalité » pour sa critique, en compagnie de nombreux autres intellectuels et militants homosexuels, des lois qui réprimaient alors les rapports sexuels entre majeurs et mineurs relève d’un anachronisme grossier.

    Il faut en effet rappeler que, si la majorité sexuelle est aujourd’hui de 15 ans, jusqu’en 1982, des homosexuels majeurs dont le partenaire avait à peine moins de dix-huit ans (et moins de vingt-et-un ans jusqu’en 1974) étaient, en vertu de lois datant du régime de Vichy, fréquemment interpellés par la police sur demande des parents du mineur. Guy Hocquenghem a signé plusieurs pétitions contre ces lois et les signataires ont en partie obtenu gain de cause. En effet, cette campagne a débouché en 1982 sur le remplacement du crime d’« attentat à la pudeur sur mineurs » par le délit d’ « atteinte sexuelle sur mineurs », passible du tribunal correctionnel et non plus des assises, ainsi que sur l’alignement des majorités sexuelles à 15 ans, mettant fin à une discrimination entre hétérosexuels et homosexuels. Le débat sur l’âge auquel un adolescent pouvait entretenir une relation avec un adulte s’est alors progressivement clos, et, sauf à considérer que les lois actuelles encourageraient la « pédocriminalité », il semble erroné de considérer comme « pro-pédophile » la critique des lois en vigueur dans les années 1970 par Guy Hocquenghem ou d’autres intellectuels et militants de l’époque, fût-elle formulée de façon provocante voire outrancière.

    #panique_morale #pédophilie #Guy_Hocquenghem #histoire #théories_du_complot

    • ah ! je t’ai dit que j’avais un faible pour les théories du pédocomplot ? Juste, comme on le dit parfois, les paranos ont aussi des ennemis hein... Et pour moi, une autre explication à ces régulières flambées de pédo-complots, c’est bel et bien que tout ça se balade encore tranquillou en sifflotant sur la riviera ; ou pour le dire autrement, que ça se passe, tous les jours, chaque jours, même pas près de chez nous mais littéralement, chez nous. L’impunité au bout d’un moment, ça rend ouf hein... en tout cas, bon terreau... Pour le dire autrement, je suis pas d’extrême-droite, mais je suis bel et bien sûr d’habiter un monde, à tout le moins, extrêmement complaisant avec les actes pédocriminels (encore une fois, malgré les cris d’orfraie, rien ne change, à part les saisons). C’est plutôt ce que j’ai l’impression d’entendre chez Aivi même si je ne les suis pas de très près (sur cuicui).

      Autre chose non-dite ici : visiblement l’influence de foucault et guytoune empêche aujourd’hui une loi, qui semble de salubrité publique, sur l’âge du consentement. Désolé, j’ai pas tous les éléments en tête, mais sûr que c’est pour ça que y a baston... il y a notamment l’histoire récente d’une gamine de douze ans et de pompiers, où la gamine a été rendue responsable des multiples tournantes par... la justice. Et les pompiers de repartir siffloter... petit problème hein...

      Et puis bon il va falloir l’accepter (ça fait au moins 40 ans que c’est dit, au moins depuis les #sex_wars) la révolution sexuelle a été un cauchemar pour pleins de meufs et pleins de gamins. Maintenant y a une plaque qui tombe... bon. Je trouve pas ça malin, parce que rien à foutre des plaques, mais 1.on ne va pas mettre ces assos et l’extrême droite sur le même plan (enfin je crois pas) et 2.cette aporie Morale Vs Libération ça fait chier. Faut vraiment qu’on trouve autre chose. En un mot dépasser, justement, les sex wars avec les puritaines qui se tapent aux positives prostiputes, endlessly...

    • Cet article un peu long mais bien documenté me parait fort utile. Par exemple pour qui s’intéresse à Qnon, mais aussi aux usages réacs du féminisme, entre autres choses.

      On tombera facilement d’accord sur la nécessité impérative de ne pas abandonner et de protéger les vulnérables, et les enfants sont un archétype de la proie vulnérable. Et oui, j’ai vu cette histoire de pompiers (militaires) violeurs d’une fille de 12 ans exonérés de toute responsabilité par la justice et j’ai trouvé ça glaçant.

      Sauf que, la majeure partie de la pédocriminalité a lieu en famille et dans des institutions, et que ça commence à bien faire d’imputer à Hocquenghem une « permissivité » qui n’était pas de son fait. Polémiste, discutable, il a pris parti de manière située : avoir été amant d’un « vieux » alors qu’il était mineur.
      https://seenthis.net/messages/878605

      Je me souviens des années 70 comme d’un moment moins barbare (localement), et moins moral (mondialement).

      Nul besoin d’être facho pour être intoxiqué par des formes plus ou moins diffuse du « en finir avec 68 », et du enterrons la Commune (cf la panthéonisation de Rimbaud https://seenthis.net/messages/878467 mais on va voir pire d’ici mars et ensuite), et pas non plus pour accepter sans broncher que l’on célèbre il y a peu « les 150 ans de la République ». Il n’est pas nécessaire d’être facho pour que paniques morales et restauration permanente conjuguent leurs effets.

      Un autre extrait

      Les théories conspirationnistes centrées sur la vulnérabilité des enfants ne sont ni nouvelles ni spécifiquement américaines. Les allégations de meurtres d’enfants chrétiens par des Juifs, et d’utilisation de leur sang dans des rituels remontent au minimum au XIIème siècle et ont ressurgi de temps à autre depuis lors. Bien avant cela, les chrétiens étaient soupçonnés d’accomplir des rites similaires. « Blesser des enfants est l’une des pires choses dont on puisse accuser une personne. C’est un moyen facile de diaboliser votre ennemi », explique Kathryn Olmsted, professeur d’histoire à l’université de Californie-Davis, qui a étudié les théories du complot.

      Pourquoi les théories du complot sur la maltraitance des enfants explosent-elles dans la conscience du public à certains moments ? Les raisons invoquées pour expliquer la résonance particulière du Pizzagate et de QAnon tendent à se concentrer sur les pathologies de l’écosystème médiatique – bulles épistémiques, polarisation, croissance incontrôlée des médias sociaux. Mais, des années avant la fracture de la culture de masse et à l’aube de Reddit et 4chan, les accusations de McMartin ont alimenté un spectacle national au sein duquel des dizaines de personnes ont été accusées à tort de crimes sexuels contre des enfants.

      La continuité entre l’affaire McMartin et le Pizzagate suggère une explication plus large des théories du complot pédophile. Elles ne sont pas le simple produit de dysfonctionnements au sein de notre culture médiatique, mais une conséquence du fonctionnement normal de la politique réactionnaire.

      Richard Beck, dans We Believe the Children : A Moral Panic in the 1980s, situe les racines de la théorie de la conspiration de McMartin dans le progrès social de la décennie précédente – en particulier dans les gains obtenus par les femmes. « Dans les années 1980, il y a eu une forte et vicieuse réaction anti-féministe qui a permis aux théories du complot de s’implanter », me dit Beck. « Dans les années 1970, les femmes des classes moyennes et supérieures avaient commencé à travailler à temps plein et à ne plus être des femmes au foyer ». C’était l’aube de ce que l’économiste Claudia Goldin a appelé « la révolution tranquille ». Grâce notamment à une liberté plus grande permise par la contraception, les horizons professionnels s’étaient suffisamment élargis à la fin des années 1970 pour que les femmes deviennent, selon les termes de Goldin, « des participantes actives qui négocient de manière assez efficace au sein du ménage et sur le marché du travail ». Elles construisaient désormais leur identité en dehors du contexte de la famille et du ménage.

      La famille patriarcale était assiégée, comme l’observaient les conservateurs, et les crèches étaient devenues la représentation physique des forces sociales qui les accablaient. « Vous avez eu cette résurgence des conservateurs sous l’impulsion de Reagan », dit Beck, « et les crèches étaient considérées au minimum comme suspectes, sinon comme une force délibérément mauvaise issue du féminisme ».

      La crèche occupait une place importante dans la diabolisation mise en place par la droite. Dès les années 1960, les conservateurs mettaient en garde contre le fait que les garderies « étaient un complot communiste visant à détruire la famille traditionnelle », comme l’écrit la sociologue Jill Quadagno dans The Color of Welfare.

      #famille

    • euh...

      Plus récemment, dans une pétition s’opposant à la nomination de Gérald Darmanin et d’Eric Dupond-Moretti signée par l’essentiel des représentantes du féminisme institutionnel2, le reproche principal fait à ce dernier était d’avoir, en tant qu’avocat, défendu ses clients, quelle que soit la gravité des faits dont ils étaient accusés … Encore plus surprenant, les acquittés d’Outreau, dont l’innocence avait été démontrée et reconnue après des années de prison, et qui avaient reçu les excuses du procureur, du juge, du gouvernement et du président de la République, étaient désignés dans cette pétition comme des « pédocriminels » ayant échappé à la condamnation à cause d’un avocat sans scrupule… Les signataires reprenaient ici une théorie complotiste, populaire notamment dans les réseaux soraliens.

      Pour moi, le problème avec moretti c’est qu’il est lié au sap :

      https://seenthis.net/messages/869860

      C’est peut-être grossier mais je dirais que le type a fait carrière , s’est acheté un appart, des voitures, un terrain de chasse, des chevaux, en défendant des assassins de femmes et des violeurs. C’est son truc. Du coup euh... ce type est un porc c’est tout, y a pas de morale à dire ça, c’est une crapule. Et il y en a pleins des comme lui, toute une putain d’armée.

      Enfin peut-être que je me goure (je suis pas ironique), je suis effectivement « les féministes » et à fond, sur ce coup-là, mais pour les histoires de viol etc., qui d’autre franchement ?

      Juste ce que j’ai compris d’outreau moi, ou ce que je trouve bien dégueu, ce avec quoi moretti s’est fait son blé, c’est qu’on retient (très fort) qu’il y a eut de « fausses accusations » mais beaucoup moins fort qu’il y a bel et bien eut des victimes. Et en mode organisé hein...

    • Je soutiens pas ce texte dans tout ce qu’il dit. Par exemple, il me semble préférable d’accorder foi aux dires des agressées ; c’est plus compliqué à « jauger » pour les enfants ; c’est pas les mêmes enjeux de recueils. Et j’aime pas du tout du tout Eric D-M. C’est un éclairage. Des bises.

  • Violences conjugales : Aurélie Filippetti porte plainte pour diffamation contre Thomas Piketty

    https://www.lesinrocks.com/2019/11/30/actualite/societe/violences-conjugales-aurelie-filippetti-porte-plainte-pour-diffamation-c

    Après avoir été apostrophé au sujet de faits de violence envers son ex-conjointe Aurélie Filippetti, l’économiste avait indiqué que cette dernière avait été violente envers ses filles. L’ex-ministre a déposé plainte pour #diffamation, ce jeudi, auprès du procureur de la République.

    Cela faisait dix ans qu’elle ne s’était pas exprimée publiquement sur cette affaire. « Suite aux déclarations publiques de Thomas Piketty, j’ai déposé ce jour une plainte en diffamation devant le procureur de Paris », a simplement indiqué Aurélie Filippetti sur sa page Facebook ce jeudi 28 novembre.

    https://twitter.com/WCM_JustSocial/status/1197607748629934080

    https://archive.org/details/pikettyinterpellesurlesviolencesconjugalescommisesalencontreaureliefilippet

    https://archive.org/details/lexministreaureliefilippettiporteplaintecontrethomas

    Une semaine plus tôt, invité lors d’une conférence à l’ #Institut_d'Etudes_Politiques (#IEP, #Sciences_Po) de Toulouse, l’économiste Thomas Piketty, ex-conjoint d’Aurélie Filippetti, avait été interpellé par une étudiante : « Vous avez reconnu en 2009 avoir battu votre ex-conjointe. Et du coup je voulais savoir ce que vous pensiez du fait de faire cette conférence alors que dans trois jours, le 23 novembre, on va avoir la #Marche_contre_les_violences_faites_aux_femmes.. ? A l’IEP c’est la semaine des #violences_sexistes et sexuelles... », a déclaré la jeune femme devant l’étonnement de l’assemblée. Une scène diffusée sur Twitter et à laquelle Aurélie Filippetti avait répondu d’un simple « merci ».

    « C’est votre intervention que je trouve indécente », avait alors rétorqué l’auteur de Le capital au XXIe siècle à l’étudiante, avant de poursuivre : « La relation dont vous parlez a été une relation avec une personne extrêmement violente vis-à-vis de mes filles. J’ai trois filles, qui étaient petites à l’époque, et cette personne a été extrêmement violente vis-à-vis d’elles. Je l’ai mise hors de chez moi, je l’ai poussée dehors, ce que je regrette, et je vous assure qu’après le comportement qu’elle a eu avec mes filles beaucoup de personnes se seraient beaucoup plus énervées. »

    Ce sont ces mots qui sont visés dans la plainte déposée par l’ancienne #ministre_de_la_Culture, fait savoir aux Inrocks son avocat Me Vincent Tolédano. « Aurélie Filippetti a été très choquée des propos de #Thomas_Piketty, en tournée de promotion de son nouveau livre, jeudi dernier, à Toulouse, deux jours avant la marche contre les violences faites aux femmes. Accuser sa victime de violences sur mineurs est tout simplement insupportable », nous précise-t-il.

    « C’est un mensonge total », se défend #Aurélie_Filippetti dans une interview au Corriere della Serra, publiée ce vendredi 29 novembre, où elle évoque des actes de violence répétés. « En 2009, je l’avais dénoncé pour des violences qui ne concernaient pas que ce soir-là mais se répétaient. Et je n’ai retiré la plainte qu’après sa déclaration écrite », précise-t-elle dans les colonnes du journal italien. « Il fait porter la responsabilité sur la femme, sur moi, la victime », regrette l’ex-ministre. Elle ajoute : « C’est fou, pour se défendre, il a décidé d’inventer une histoire, d’un bout à l’autre. Il aurait pu simplement dire : ’Je préfère ne pas parler de ce sujet’, mais il a inventé toute une histoire parce qu’il n’a pas encore pris conscience de sa propre violence. »

    [...]

    Le 16 septembre 2009, le procureur de la République de Paris, a avisé Thomas Piketty de sa décision « de ne pas exercer dans l’immédiat des poursuites », suite au retrait de plainte d’Aurélie Filippetti contre son ancien compagnon, pour violences volontaires -, sa décision de classement étant « révocable à tout moment », souligne Me Vincent Tolédano, l’avis constituant toutefois « un avertissement » et un « rappel à la loi ».

    #Violences_conjugales

    • L’article de l’OBS paru à l’époque, le 26 septembre 2009

      Violences conjugales : avertissement et rappel à la loi pour Piketty
      https://www.nouvelobs.com/societe/20090924.OBS2364/violences-conjugales-avertissement-et-rappel-a-la-loi-pour-piketty.html

      L’enquête préliminaire ouverte à Paris à la suite d’une plainte pour violences entre conjoints déposée par la député PS de Moselle Aurélie Filippetti à l’encontre de l’économiste Thomas Piketty a débouché, mercredi 23 septembre, sur « un avis de classement, avertissement et rappel à la loi ».

      « M. Piketty ayant reconnu les faits de violence à l’encontre de Mme Filippetti et s’étant excusé, Mme Filippetti, dans l’intérêt des familles et des enfants, n’a pas donné suite à la procédure », a-t-on fait valoir dans l’entourage de la député socialiste.

      Sollicité par l’AFP, Thomas Piketty n’a pas souhaité faire de commentaire.

      Au cours de cette enquête, l’ économiste, conseiller économique de la candidate socialiste Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle 2007, avait été pendant plusieurs heures entendu en garde à vue par les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
      (Avec AFP)

    • L’ex ministra Filippetti : « Piketty mi picchio più volte e ora mi dà la colpa »

      L’ancienne ministre Filippetti : « Piketty m’a frappé à plusieurs reprises et maintenant il m’en veut »

      https://www.corriere.it/esteri/19_novembre_29/ex-ministra-filippetti-piketty-mi-picchio-piu-volte-ora-mi-da-colpa-c4e807e

      La traduction (google traduction, désolé) de l’interview :

      Que contestez-vous dans le récit de Piketty ?

      "Tout. En 2009, je l’avais dénoncé pour des violences qui ne concernaient pas que ce soir-là mais se répètent. Et je n’ai retiré la plainte qu’après sa déclaration écrite ».

      Que contient cette déclaration de 2009 ?

      "Il a reconnu des épisodes répétés de violence et s’est excusé. C’est un document officiel déposé auprès de l’avocat Jean-Pierre Mignard, qui s’est alors prêté à un rôle de médiateur entre nous. À ce stade, ayant obtenu la reconnaissance des faits et des excuses, j’ai dû retirer la plainte pour éviter une nouvelle couverture médiatique. Il n’a pas du tout été totalement absous comme il essaye de le faire croire. Le procureur lui a quand même donné un avertissement et un rappel de la loi ".

      Combien de temps a duré l’enquête ?

      "Ce n’était pas une chose simple. Il a été mis en garde à vue, interrogé, l’enquête a duré plusieurs mois. Il y a une semaine, à la veille des manifestations en France contre la violence à l’égard des femmes, une étudiante de l’Université de Toulouse l’a interrogé sur ses actions passées. J’ai vu la vidéo, j’ai su ce qu’il avait publiquement répondu dans cet amphithéâtre, puis j’ai contacté l’avocat et jeudi j’ai présenté le procès en diffamation ».

      Piketty dit qu’il vous a poussé, que vous êtes tombez entre la porte et le montant de la porte.

      "Attention, rien de tout cela ne s’est passé. Ce sont des choses douloureuses pour moi. Blame it sur la femme, sur moi, la victime. C’est fou, pour se défendre, il a décidé d’inventer une histoire, de haut en bas. Il aurait pu simplement dire : "Je préfère ne pas parler de ce sujet", mais il a inventé toute une histoire parce qu’il n’a pas encore pris conscience de sa propre violence ".

      #Piketty vous accuse d’être violente avec ses trois jeunes filles.

      "C’est totalement faux, à tel point que c’est moi qui ai porté plainte contre lui pour actes de violence à l’époque, et non pas lui qui m’a dénoncé pour actes de violence à l’encontre de ses filles. C’est un mensonge total. Je suis la victime qui s’est tournée vers la police. Il essaie de complètement changer les choses. "

      Pensez-vous que votre ancien compagnon a été pris au dépourvu par l’étudiante ?

      "Je ne sais pas. Certains personnages masculins sont convaincus qu’ils sont au-dessus des lois. Ce qui est incroyable, c’est que je peux dire quelque chose comme ça, encore maintenant, après tout ce qui s’est passé avec le mouvement #MeToo et la prise de conscience de la violence à l’égard des femmes. Nous étions à deux jours de la grande manifestation contre les violences faites aux femmes, alors que la #France était totalement mobilisée sur ces questions. Il est terrible que la négation des faits aille si loin ".

      À la lumière de ce qui s’est passé ensuite, avez-vous regretté d’avoir retiré votre plainte il y a dix ans ?

      « Nous ne pouvons pas juger le choix d’alors avec la mentalité d’aujourd’hui. À l’époque, on avait tendance à minimiser la violence, comme il le fait encore aujourd’hui : quand il suggère que cela ne s’est produit qu’une fois, quand il parle d’une poussée au lieu de coups répétés, il minimise. Cependant, même alors, l’affaire a éclaté, mais sans conséquences majeures, peut-être parce que la société n’était pas prête. Il n’y avait pas encore de mouvement #MeToo ».

      Vous ne vous parlez plus ?

      "Non, jamais, c’est impossible. Son comportement à Toulouse est symptomatique de la violence sous-jacente. Ses phrases sont un autre acte violent. Contre moi et aussi contre ma fille, qui à l’époque avait 11 ans et se souvient très bien de tout ».

    • Les archives de 2009 montrent que Thomas Piketty qualifiait cette affaire d’ « histoires de caniveau ».

      On notera aussi qu’à l’époque le Nouvel Observateur (OBS) avait traité le sujet de manière légère (3 articles pour en tout 2800 caractères), à comparer avec l’article de Médiapart sur le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles infligés par Christophe Rugia (57000 caractères)

      Le nouvel observateur semble avoir été le seul a relayer les conclusions de l’enquête via la dépêche AFP du 26 septembre 2009, comme on peut le voir sur cette recherche Google :

      Et le 4 mars 2019 Daniel Schneidermann se demande s’il faut en parler dans la mesure où ça ne serait qu’une affaire privée.

      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/la-deputee-leconomiste-et-les-violences-conjugales

      Filippetti a porté plainte pour violences conjugales 04 mars 2009
      https://www.nouvelobs.com/politique/20090303.OBS7099/filippetti-a-porte-plainte-pour-violences-conjugales.html

      La députée socialiste Aurélie Filippetti a déposé une plainte contre son compagnon, l’économiste Thomas Piketty, pour violences entre conjoints, a-t-on appris mardi 3 mars. Une enquête préliminaire a été ouverte, a indiqué une source proche du dossier.
      Cette plainte a été déposée le 6 février par la porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, Aurélie Filippetti. Tout comme Thomas Piketty, elle est proche de Ségolène Royal.

      « Une affaire privée »

      Aurélie Filippetti fut pendant la campagne présidentielle de 2007 conseillère spéciale de la candidate pour les questions liées à l’environnement, la culture et l’éducation. Tandis que son compagnon occupait un poste de conseiller économique.
      Contactée par l’AFP, la députée âgée de 35 ans, a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire. « C’est une affaire privée », a-t-elle déclaré.
      "Ce sont des histoires de caniveau", a pour sa part affirmé à l’AFP Thomas Piketty, 37 ans.
      L’enquête préliminaire, ouverte à la mi-février, a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). (avec AFP)

      Le compagnon de Filippetti placé en garde à vue 17 mars 2009
      https://www.nouvelobs.com/politique/20090317.OBS9255/le-compagnon-de-filippetti-place-en-garde-a-vue.html

      L’économiste Thomas Piketty a été placé, mardi 17 mars, en garde à vue à Paris dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après la plainte de sa compagne, la députée socialiste Moselle Aurélie Filippetti, pour violences entre conjoints, a indiqué une source judiciaire.
      Proche du Parti socialiste, Thomas Piketty, a été conseiller économique de Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle 2007.
      Thomas Piketty a été placé en garde mardi matin dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) chargée de l’enquête, où il était convoqué.
      Le parquet de Paris a ouvert à la mi-février une enquête préliminaire à la suite d’une plainte déposée par Aurélie Filippetti, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, à l’encontre de son conjoint.

    • La retranscription des échanges, notamment parce que l’intervention finale d’Olivier Brossard, le directeur de l’Institut d’Études Politiques de Toulouse, est bien gerbante (tout comme tous les mensonges de Thomas Piketty, mis en gras) :

      Étudiante féministe

      Mon intervention s’adressera à vous mais aussi aux organisateurs et organisatrices de cet évènement ainsi qu’à l’assemblée.

      J’aimerai recontextualiser un peu cette conférence. Vous avez reconnu en 2009 avoir battu votre ex-conjointe. Et du coup je voulais savoir ce que vous pensiez de faire cette conférence alors que dans trois jours le 23 novembre on va avoir une marche contre les violences faites aux femmes. Cette semaine à l’IEP (de Toulouse) c’est la semaine des violences sexistes et sexuelles contre les femmes, donc je voulais savoir ce que vous en pensiez je voulais aussi savoir ce que vous pensiez des pensées autour des violences économiques envers les femmes.

      Thomas Piketty

      Ouais, je peux vous répondre ?

      Étudiante féministe

      Est-ce que vous pouvez me laisser finir s’il vous plaît ?
      Et du coup, je voulais savoir, pour les organisateurs et les organisatrices, si vous ne trouviez pas ça quelque peut indécent d’inviter quelqu’un qui...

      Thomas Piketty

      Alors moi je vais.... Attendez, je vais vous répondre. Je vais vous répondre et je vais vous dire pourquoi c’est votre intervention que je trouve indécente. Parce que si vous voulez le concours de la police ou de la magistrature pour faire des enquêtes, moi je vous invites à le passer et à faire ces enquêtes.

      En l’occurrence, vous parlez d’une affaire qui a été classée sans suite à l’issue d’une enquête dont... je vous mets au défi de trouver des éléments d’information qui pourraient justifier, enfin indiquer qu’il y aurait pu avoir des choses qui auraient été mal enquêtées, dissimulées etc.

      Moi ce que je peux vous dire c’est que la relation dont vous parlez a été une relation avec une personne plutôt extrêmement violente vis-à-vis de mes filles. J’ai trois filles, qui maintenant sont grande, mais qui étaient petites à l’époque, et cette personne a été extrêmement violente vis-à-vis d’elles. Je l’ai mis dehors de chez moi, je l’ai poussée dehors, ce que je regrette, mais je vous assure que vu le comportement qu’elle a eu avec mes filles beaucoup de personnes seraient beaucoup plus énervées que ça.

      Je regrette l’avoir poussé dehors de chez moi, elle est tombée juste dans l’entrebâillement de la porte, ce qui ne l’a pas empêche d’aller travailler le lendemain et le lendemain. Je le regrette néanmoins, mais je peux vous dire que par rapport aux violences faites par rapport à mes filles, le fait de la mettre hors de chez moi était une réaction [inaudible].

      Donc voilà vous savez tout de l’affaire. Moi je suis, je peux en parler plus longuement si vous voulez. Tout ce que je peux vous dire c’est que voilà, moi j’ai trois filles qui ont 16 ans, 19 ans, 22 ans. Il n’y a rien de plus éloigné de moi que l’idée de violence, avec que ce soit... conjointe ou qui que soit. Moi vraiment je vous invites... Je veux dire vous avez raisons d’être soucieuse de ces questions. Je le suis au moins autant que vous, mais simplement aller prendre la parole comme ça sans aucune information. Vous ne disposez d’aucune information précise sur cette affaire. Moi vraiment je vous invite, si vous pensez que les enquêtes ont été mal menées, allez passer le concours de la police, de la magistrature et faites de meilleurs enquêtes. Voilà.

      Thomas Piketty est applaudit par la salle. L’étudiante féministe souhaite reprendre la parole.

      Thomas Piketty

      Écoutez, je vous ai répondu. Je crois que ça suffit maintenant.

      Olivier Brossard Professeur de sciences économiques,
      Directeur de Sciences Po Toulouse

      Faites un peu d’introspection. Réfléchissez quand même un tout petit peu à ce que vous faites. C’est vous qui êtes indécente là. Stop, on s’arrête là. Une dernière question.

    • Une semaine plus tôt, invité lors d’une conférence à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Toulouse, l’économiste Thomas Piketty, ex-conjoint d’Aurélie Filippetti, avait été interpellé par une étudiante : « Vous avez reconnu en 2009 avoir battu votre ex-conjointe. Et du coup je voulais savoir ce que vous pensiez du fait de faire cette conférence alors que dans trois jours, le 23 novembre, on va avoir la Marche contre les violences faites aux femmes.. ? A l’IEP c’est la semaine des violences sexistes et sexuelles... », a déclaré la jeune femme devant l’étonnement de l’assemblée. Une scène diffusée sur Twitter et à laquelle Aurélie Filippetti avait répondu d’un simple « merci ».

      « C’est votre intervention que je trouve indécente », avait alors rétorqué l’auteur de Le capital au XXIe siècle à l’étudiante, avant de poursuivre : « La relation dont vous parlez a été une relation avec une personne extrêmement violente vis-à-vis de mes filles. J’ai trois filles, qui étaient petites à l’époque, et cette personne a été extrêmement violente vis-à-vis d’elles. Je l’ai mise hors de chez moi, je l’ai poussée dehors, ce que je regrette, et je vous assure qu’après le comportement qu’elle a eu avec mes filles beaucoup de personnes se seraient beaucoup plus énervées. »

      Je grasse parce qu’il ne faut pas que cette merde de remise en cause du propos d’une féministe passe inaperçue. Il peut lui répondre que c’est pas lui, qu’il a eu raison, tout ce qu’il veut sauf de dire que des féministes qui abordent la question des violences masculines sont indécentes.

      #violences_masculines #on_te_croit #violences_conjugales

    • @antonin1 apparemment les masculinistes aiment ce mot qui parlent d’eux puisque le directeur de #sciences_po_Toulouse, comme le note @gastlag parle aussi d’indécence dans sa morgue méprisante

      Olivier Brossard Professeur de sciences économiques,
      Directeur de Sciences Po Toulouse

      Faites un peu d’introspection. Réfléchissez quand même un tout petit peu à ce que vous faites. C’est vous qui êtes indécente là. Stop, on s’arrête là. Une dernière question.

      La #bienséance_masculine c’est exposer ses couilles l’avant veille des manifs contre les violences faites aux femmes.

    • À priori c’est pas que c’est eux qui l’emploient d’eux-mêmes, c’est l’étudiante qui a employé de mot en tout premier en disant « ne trouvez vous pas indécent d’inviter… » et du coup eux ensuite répondent « c’est vous qui êtes indécente » en reprenant sa phrase (genre « aaah c’est toi qui l’est, cassééée »).

    • @rastapopoulos c’est fort possible qu’ils aient repris cette expression puisqu’elle était lancé, mais ca n’attenue pas leur choix de la renvoyer ainsi, et ca montre leur manque de réflexion sur le sujet. Comme le souligne @antonin1 cette étudiante à fait son travail de militante et il n’y a aucune indécence à posé cette question.

      #couilles_de_cristal #sauflamisme (cf - toutes les femmes sont discriminés sauf-la-mienne ) #macho_de_gauche

    • Oui je sais parfaitement que l’étudiante lui pose cette question, et je suis d’accord avec ce terme concernant l’attitude de Piketty. Parce qu’il est réellement indécent de venir parader l’avant veille d’une manif sur les violences faites aux femmes alors qu’il a frappé sa femme. Et renvoyer ce terme marque bien le peu de cas que ces deux hommes font des femmes, à commencer par l’étudiante qui se fait humilier alors que la salle applaudit les deux grands hommes, l’un directeur, l’autre orateur invité qui viennent d’asséner une fin de non recevoir à sa deuxième question avec un mépris abjecte que je ne pourrais pas comparer à un jeu d’enfant mais à la fraternité des salopards qui font taire les femmes.

    • Piketty intervenait peut-être en s’imaginant que cette histoire était passé sous le radar de plein de monde (brava la féministe qui a malmené le grand homme). Mais on ne peut pas lui reprocher d’exister la semaine d’avant le 25 novembre !

      On pourrait lui reprocher de sortir un disque le 25 novembre (si si, ça a été fait, devinez par qui) ou de se mettre du rouge à lèvres contre les violences masculines.

      J’espère que Piketty se prendra la même chose que Baupin, avec une justice incapable de mettre des mecs devant leurs responsabilités mais qui au moins sait rétablir la vérité quand elle est malmenée en public.

      Je garde l’idée des couilles de cristal pour comparer avec la stigmatisation des snowflakes par Couturier.
      https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-vendredi-06-avril-2018

    • Piketty intervenait peut-être en s’imaginant que cette histoire était passé sous le radar de plein de monde (brava la féministe qui a malmené le grand homme). Mais on ne peut pas lui reprocher d’exister la semaine d’avant le 25 novembre !

      He ben moi oui, je peux tout à fait reprocher à Piketti ou à n’importe qui d’oublier pif pof qu’il ait tabassé sa femme et de continuer à se pavaner comme si de rien. Et je me carre de son existence dans les amphis invité par sciences po alors que les féministes étudiantes s’organisent pour la manif. Nan mais oh, des fois les grands hommes feraient bien de se la mettre dans la glace et de voir qu’ils sont tout petit petit.

  • « Tu me fais violence ! » | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-vacarme-2015-3-page-28.htm

    La rhétorique de la blessure et du traumatisme pour parler de toute violence dans les milieux queer produit non seulement un devenir victimaire généralisé mais une atomisation des communautés et des luttes. L’appel à la constitution d’espaces protégés et rassurants fonctionne de concert avec une gentrification qui masque toutes les problématiques de classe et de race locales et globales. On peut en rire ou chercher à comprendre comment la vigilance linguistique, d’un enjeu légitime et essentiel, finit par se retourner en police des consciences. Un appel à reconsidérer la situation intellectuelle et politique de la violence faite aux corps des autres.

    • Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cet article mais je le trouve intéressant.

      Par exemple, les féministes des années 1980, des blanches égocentriques à qui tout faisait violence ? Non, les analyses sur le continuum de violences que les hommes infligent aux femmes sont super importantes et on ne peut pas les envoyer chier d’un revers de main en raison de dérives libérales et individualistes, avec psychologisation et développement personnel. Dworkin est une théoricienne qui apporte des analyses systémiques vitales pour comprendre que ce que vivent les femmes. Elle n’est pas (qu’) une victime.

      Pareil pour les analyses produites par des militant·es anti-racistes : leur doigt pointé sur des exclusions structurelles n’est pas une chouinerie perso. Des stéréotypes, des comédien·nes de couleur sous-employé·es, des conditions matérielles pour les personnes non-blanches... c’est un continuum qui va du symbolique au très matériel. Et R. Diallo avec son histoire de pansement ne chouine pas sur le fait qu’elle souffre de devoir mettre un pansement couleur chair blanche, elle pointe ce truc que dans toutes les dimensions de la vie rappel est fait qu’il existe une couleur de peau « normale ».

      Mais les excès, quand des personnes sans vision de classe ni culture politique s’en emparent, il est bien toxique et étouffant.

      Ma limite, c’est que je veux bien qu’on me dise que j’ai fait un truc préjudiciable à telle classe de personnes mais je veux bien qu’on le fasse poliment et sans postuler d’emblée que je l’ai fait exprès et de manière malveillante et pas Machin·e en tant qu’individu avec sa susceptibilité acérée par la fréquentation de milieux nombrilistes auto-proclamé·e porte-parole de sa classe, sans analyse systémique et dans la seule volonté de se ménager son petit coin (radical ou pas) qui lui convient.

      Et c’est un travail super fin que de faire la part entre ce qui ressort de la conscience de classe revendicative et ce qui est nombriliste... très difficile. Gaffe donc à ne pas l’utiliser pour ce qu’il n’est pas : le déni que la société est divisée en classes auxquelles sont accordées la possibilité d’en exploiter et opprimer d’autres.

      Il y a quinze ou vingt ans, des livres comme States of Injury (1995) de Wendy Brown ou The Melancoly of Race : Psychoanalysis, Assimilation and Hidden Grief (2001) d’Anna Cheng invitaient les lecteurs et lectrices à une réflexion sur la manière dont l’expression de doléances se transformait en celle de douleurs, dont la politique en venait à requérir l’invocation d’une blessure et dont la rhétorique néolibérale de la douleur individuelle masquait la violence des fondements de l’inégalité sociale. Il semblerait que les nouvelles générations de personnes queer n’aient retenu qu’une partie du propos ; au lieu de voir que c’est précisément en psychologisant la différence politique, en individualisant les exclusions structurelles et en vidant de sa substance le changement politique que le néolibéralisme opère, certain-e-s activistes d’aujourd’hui semblent avoir mis en équation militantisme et description de blessures individuelles et de douleurs psychiques. Soyons clair : dire que l’on se sent blessé-e parce qu’une autre personne queer emploie un terme qui a fait l’objet d’un retournement, comme « travelot », et organiser une action contre l’utilisation de ce mot, ça n’est pas du militantisme. C’est de la censure.

      Et chacun·e qui se vit en victime, ça sert l’air de rien à invisibiliser les personnes qui ont effectivement vécu la violence et l’exploitation.

      Les groupes de jeunes queer en particulier mettent en place un univers fondé sur le traumatisme et incitent les jeunes LGBT à se percevoir comme « menacés » ou « précaires », qu’ils/elles se ressentent vraiment ainsi ou pas, et que leur coming out en tant que lesbienne, gay, bi ou trans ait eu des conséquences violentes ou pas !

      le programme politique que représente la revendication d’espaces safe a fonctionné de concert avec les politiques urbaines d’accroissement de la surveillance des quartiers pauvres et de gentrification des autres. Safe Space retrace le développement des politiques LGBT aux États-Unis de 1695 à 2005 et explique la manière dont l’activisme LGBT, d’un mouvement de coalition populaire et multi-racial qui avait construit des liens solides avec les groupes de lutte contre la pauvreté et les organisations antiracistes, est devenu un mouvement mainstream anti-violence qui aspire à une reconnaissance institutionnelle.

      Lorsque les communautés LGBT font de la « sécurité » leur priorité absolue (et ce en pleine ère militariste et sécuritaire) en se fondant sur une surenchère de récits de traumatisme, elles laissent complètement tomber la lutte contre les formes toujours plus agressives d’exploitation, contre le capitalisme mondialisé et contre les systèmes politiques corrompus.

      nous nous évinçons les un-e-s les autres de projets qui devraient nous unir, et nous réunissons en petits réseaux érotiques pétris d’autosatisfaction.

      18
      Je crois qu’il est temps de prendre nos responsabilités et de cesser les généralités abusives : tou-te-s les jeunes LGBT ne sont pas suicidaires, toutes les personnes LGBT ne subissent pas des formes de violence et de harcèlement, et de fait la classe et la race restent des facteurs bien plus cruciaux lorsqu’il s’agit de rendre compte de la vulnérabilité à la violence, à la brutalité policière, au harcèlement, de l’accès réduit à l’éducation et des difficultés rencontrées dans le monde du travail.

      fédération d’inquiétudes identitaires

    • La liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre
      https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-vendredi-06-avril-2018


      La génération « snowflakes », couvée par ses parents, ne supporte pas la contradiction. Cela rend, dans les universités britanniques, le débat difficile.

      #Brice_Couturier #dextrogène

  • L’Italie n’est pas près d’avoir un gouvernement, mais ce n’est pas le plus grave
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-lundi-05-mars-2018

    Les marchés financiers, de manière générale, n’aiment pas <b>l’incertitude</b>. Or, rarement situation politique aura été aussi incertaine que celle de …

    #Front_National

  • Devons-nous censurer les chefs-d’oeuvre du passé en raison de leur caractère sexiste ?

    https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-mardi-13-fevrier-2018


    Dans la foulée de l’affaire Weinstein, certains exigent des censures difficilement admissibles. L’affaire de ce producteur de cinéma américain qui a abusé de son pouvoir pour agresser sexuellement des femmes provoque de nombreux débats dans le monde anglo-saxon, directement concerné. Or l’intelligentsia n’est pas épargnée. Même si on en parle moins ici, l’affaire Weinstein se double, aux Etats-Unis, d’une affaire Leon Wieseltier, du nom de ce philosophe et tout-puissant rédacteur en chef littéraire de la revue The New Republic. Lui aussi a profité de sa position de magnat de la littérature et de l’édition pour abuser sexuellement de plusieurs femmes. A peu près personne ne trouve des excuses à ces prédateurs sexuels. La justice doit passer. Ces affaires provoquent une prise de conscience nécessaire. Mais la censure des œuvres du passé, lorsqu’elles contreviennent à l’idée que nous nous faisons aujourd’hui des relations entre les sexes, c’est une autre affaire. Pourtant, selon plusieurs commentateurs, elles sont liées.

    #art #censure #sexisme

  • Dès 1998 Richard Rorty avait envisagé l’élection d’un « homme fort » dans le style de Trump

    https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/trump-fragilise-par-les-divisions-quil-lui-meme-provoquees

    « Les adhérents des syndicats, comme les ouvriers non organisés et non qualifiés réaliseront tôt ou tard que leurs gouvernements n’essaient même pas d’empêcher leurs salaires de fondre et leurs emplois d’être délocalisés. A la même époque, ils réaliseront que les cols-blancs des banlieues résidentielles – eux-mêmes terrifiés à l’idée d’être dégraissés – ne vont pas se laisser taxer afin de fournir des aides sociales à d’autres qu’à eux-mêmes. Et à ce moment-là, quelque chose craquera. L’électorat périphérique décidera que le système a échoué et commencera à se chercher un homme fort pour qui voter. Quelqu’un qui leur assurera qu’une fois élu, les bureaucrates pleins de suffisance, les avocats tricheurs, les vendeurs d’obligations surpayés et les professeurs postmodernistes ne mèneront plus la danse. Lorsque cet homme-là sera élu, personne ne peut prédire ce qui se produira. »

    https://www.nytimes.com/2016/11/21/books/richard-rortys-1998-book-suggested-election-2016-was-coming.html?_r=0