K | Nos vies, pas leurs profits !

https://www.anti-k.org

  • À #Nevers, la fin d’un ancrage à gauche ?
    https://metropolitiques.eu/A-Nevers-la-fin-d-un-ancrage-a-gauche.html

    Pour comprendre les recompositions électorales à l’œuvre lors de la présidentielle de 2022, Élie Guéraut et Achille Warnant se penchent sur le cas de Nevers. La composition sociologique des quartiers, de la ville-centre jusqu’aux mondes périurbains et ruraux qui l’entourent, éclaire la géographie des votes. Cherchant un territoire où s’établir politiquement, c’est finalement vers la Nièvre que se tourne François Mitterrand à la Libération. Après un premier échec, il parvient, à partir des années 1960, à #Terrains

    / #élections, #élections_présidentielles, #villes_moyennes, #Parti_communiste, #Parti_socialiste, Nevers

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_gueraut-warnant2_dossierpres22.pdf

  • Pour qui sonne le glas ? lundi.am - anti-k.org
    https://www.anti-k.org/2021/10/06/pour-qui-sonne-le-glas

    Nous avons publié de nombreux articles sur le passe sanitaire, le monde qu’il charrie et toutes les raisons de s’y opposer. Comme dans la plupart des médias, nous avons pris soin de distinguer le refus de ce dispositif de contrôle du refus de la vaccination, probablement moins par fanatisme vaccinal d’ailleurs que par la nature des arguments convoqués par les « antivax ». Il est de bon ton, y compris par chez nous, de moquer celles et ceux qui se sont convaincus que « Big Pharma » nous injecterait des puces 5G pour contrôler notre cerveau ou que l’Arn messager serait une technologie pédo-sataniste visant à altérer l’espèce humaine (aussi fantaisistes soient-elles, ces croyances sont néanmoins significatives et méritent sûrement plus d’attention que des rires gras). Un lecteur, professionnel de santé qui refuse de se faire vacciner et vient d’être mis à pied, nous a transmis ce texte dans lequel il revient sur sa décision et sur la manière dont elle s’est articulée au fil des mois et des déclarations gouvernementales. L’enjeu ici n’est pas de convaincre mais de retracer les raisons d’un refus, bien loin des caricatures et auto-caricatures du milieu antivax.


    . . . . . . . .
    La menace avait été clairement exprimée par Emmanuel Macron lors de sa communication du 12 juillet, et depuis sa validation partielle par le Conseil constitutionnel il ne devait plus guère faire de doute qu’elle serait mise à exécution. J’étais donc informé des sanctions qu’encouraient les professionnels du secteur sanitaire et social en cas de non respect de l’obligation vaccinale et, comme plus ou moins la moitié des soignants (selon les métiers et les secteurs d’exercice) qui refusaient encore, au milieu de l’été, de se faire vacciner, j’avais plus d’un mois pour me mettre en conformité avec la nouvelle loi. Le couperet annoncé étant tombé, me voilà donc comptant dans les rangs des quelques milliers (leur nombre semble faire partie de ce qui résiste à l’évaluation) d’illuminés privés de leur emploi – et, tout aussi bien, de leurs moyens de subsistance – pour n’avoir pas satisfait à l’obligation vaccinale dans le secteur de la santé.

    On peut débattre de tout sauf des chiffres : j’éviterai donc autant que possible d’en parler, étant moi- même – comme pourrait peut-être le laisser entendre ma profession – plutôt porté sur les lettres, et, mettant à profit le temps de vacance forcée auquel je suis assigné, j’essaierai de me remémorer le mauvais film qui, en quelques mois poisseux, m’a conduit insensiblement du côté obscur de la communauté nationale. Mon dessein n’est pas de revendiquer une vérité susceptible de guider qui que ce soit dans ses actions ou ses pensées, mais d’exposer, avec l’honnêteté dont je suis capable, mes ressentis et mes choix, et peut-être ce qui y a présidé, de manière consciente ou non, en espérant que cela puisse faire écho aux éprouvés, forcément différents, des uns ou des autres. Si elles ne se sont pas appuyées sur une opposition en mesure de bloquer sa mise en œuvre, de nombreuses critiques sont parues pour dénoncer le passe sanitaire, la dérive autoritaire dans laquelle il s’inscrit et le portrait-robot du monde d’après qu’il nous promet [1]. Elles s’accordent en revanche, ou refusent d’émettre un doute quant à l’intérêt supérieur de la vaccination : c’est la ligne brunâtre à ne pas franchir, celle au-delà de laquelle tout n’est que ravage de la pensée critique, infamie, complotisme. Mon inconséquence m’ayant rejeté dans ce marigot, dont on n’a pas manqué de dauber le faible niveau d’instruction de ceux qui y baignent, leurs capacités intellectuelles réduites, ou encore la sénilité de ses représentants (trois empêchements dont j’admets qu’ils puissent chacun m’être opposés, ça vous donne une idée), j’en viens malgré moi à m’interroger sur mon éventuel fond brun – après tout, les sujets que nous sommes sont les produits sociaux de leur temps – démasqué à la faveur de cette crise passion.

    Plan de campagne
    La campagne de vaccination débute en France à la fin du mois de décembre 2020. Elle concerne alors exclusivement les personnes reconnues comme les plus à risque de développer une forme grave de la maladie. Sans être hostile, je note que le sentiment général vis-à-vis de ces nouveaux vaccins est plutôt circonspect qu’enthousiaste : on attend de voir quels seront leurs effets réels sur la pandémie, et, pour certains, qu’ils fassent la preuve de leur innocuité (sans que cela ne soit encore perçu comme une dérive sécessionniste menaçant le bien commun). Je partage alors globalement cette position attentiste, pas tant choisie en fait qu’imposée par l’organisation de la campagne vaccinale. Les annonces à répétition du nombre de vaccins « réservés » par les états, donnant à voir, avec ce que je ressens comme une certaine obscénité, la lutte que ceux-ci se livrent pour l’accès au médicament, dans une course où la puissance de chacun est mise en jeu, me procure un sentiment de vertige et de malaise, lié à la mise à nu d’un certain ordre du monde dans lequel s’inscrivent pleinement ces nouveaux produits de l’industrie pharmaceutique. La lutte contre la pandémie est mondiale, mais les populations n’ont visiblement pas toutes la même légitimité pour accéder aux moyens de s’en protéger. Pire, dans les mois qui vont suivre, certains états ayant thésaurisé des dizaines de millions de doses, se draperont de morale en faisant généreusement don d’une partie de leur excédent de stock à certains pays démunis.
    . . . . . . .
    Voilà le printemps
    Les vaccins deviennent accessible aux soignants. Exerçant dans l’enceinte d’un établissement sanitaire, proposition m’est faite, quoique non soignant, de me faire vacciner. Je décline. La pression monte sans doute d’un cran mais, étant donné mon peu d’appétence pour la chose tel qu’exposé plus haut, je ne peux que profiter du fait qu’elle ne soit pas obligatoire – et qu’il n’est pas question qu’elle le devienne – pour m’y soustraire. De surcroît, aucune évolution notable de la maladie, malgré la survenue des variants, ne suscite en moi le sentiment d’être en danger. Je ne m’estime pas à l’abri pour autant, de ce virus ou d’autre chose (j’ai généralement tendance à penser que vivre comporte des risques, y compris celui de mourir, et l’opinion inverse me provoque plutôt un sentiment d’étouffement, d’une vie à ce point sans horizon qu’elle en perd même celui de sa fin). Voilà en ce qui concerne ma petite personne, mais pour les autres ? Évidemment, je continue à respecter les « gestes barrières », et mets un point d’honneur à ne pas laisser échapper mes postillons, que mon interlocuteur appartienne à mon cercle proche ou non, d’autant plus s’il est âgé. Je le faisais déjà avant. Avec le recul, force est de constater que je suis très mal préparé aux annonces présidentielles de juillet, et que les semaines suivantes ne vont faire que révéler et augmenter une dérive qui était pour ainsi dire jouée d’avance.

    L’annonce, l’été
    Ma première réaction à l’écoute des annonces du 12 juillet est de totale incrédulité. Que des gens acceptent de présenter un passeport sanitaire pour entrer dans un bistrot, un cinéma, aller à la piscine… c’est impensable ; que d’autres prennent sur eux de télécharger une application pour contrôler leurs clients, c’est de la science fiction. Quant aux soignants, excédés qu’ils sont par leurs conditions de travail, le sous-effectif chronique, la suppression des lits, c’est une provocation à la révolte que de les menacer d’une suspension de salaire s’ils refusent de se faire vacciner.
    . . . . . . .
    C’est un peu le rêve d’une société libérale qui, en une intervention d’une demi-heure, par un soirée grise et humide indigne d’une mi-juillet, trouve la formule de son accomplissement le plus condensé : produire de l’exclusion et renvoyer à leur responsabilité ceux qui en sont victimes. Comme si l’exercice du pouvoir n’était l’exercice du pouvoir que s’il se montrait en mesure (ou en démesure) de priver de moyens de subsistance qui prétend s’y soustraire

    #crise_sanitaire #covid-19 #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #variant #covid #pandémie #vaccin #vaccins #vaccination #santé_publique #obligation_vaccinale

  • Couvre-feu : serait-il possible d’avoir un débat collectif sur la manière d’endiguer l’épidémie ?
    https://www.anti-k.org/2020/10/28/couvre-feu-serait-il-possible-davoir-un-debat-collectif-sur-la-maniere-dendi

    2020-10-28 06:00:00 Source Basta ! : Si l’on compare l’épidémie de Covid à celle du #VIH, en quoi diffèrent-elles ? Gabriel Girard [1] : [...] Lire la …

    #MST

  • Combattre pour le retrait de la réforme Macron, ou dialoguer avec ce gouvernement, il faut choisir
    https://www.anti-k.org/2020/01/24/combattre-pour-le-retrait-de-la-reforme-macron-ou-dialoguer-avec-ce-gouverne

    Depuis le 5 décembre, grévistes et manifestants exigent le retrait pur et simple du projet de retraites à points. Les [...] Lire la suite

  • Top UN official accuses US of torturing #Chelsea_Manning | US news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/us-news/2019/dec/31/chelsea-manning-us-torture-un-official-wikileak

    Un haut responsable de l’#ONU accuse les #Etats-Unis d’avoir torturé Chelsea Manning – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2020/01/02/un-haut-responsable-de-lonu-accuse-les-etats-unis-davoir-torture-chelsea-man

    Nils Melzer, le rapporteur spécial des #Nations_unies sur la #torture, a fait cette accusation dans une lettre envoyée en novembre mais qui n’a été publiée que mardi.

    Dans la missive, Melzer dit que Manning est soumis à « une mesure de contrainte de plus en plus sévère et illimitée qui remplit tous les éléments constitutifs de la torture ou d’autres peines ou traitements #cruels, #inhumains ou #dégradants ».

    [...]

    ... Melzer a déclaré que la détention de Manning « n’est pas une sanction légale mais une mesure coercitive de durée progressive et sévère, équivalente à de la torture et devrait être interrompu et supprimé sans délai ».

  • Grèves : « Une immense colère sociale monte des tréfonds du pays, bien au-delà de la question des retraites »
    https://www.anti-k.org/2019/12/10/greves-une-immense-colere-sociale-monte-des-trefonds-du-pays-bien-au-dela-de

    © Sputnik . FRANCE 16:46 09.12.2019(mis à jour 17:58 09.12.2019)URL courte Par Jacques Sapir Dans son édito pour Russeurope Express, Jacques [...] …

  • A Nantes, 48 heures de garde à vue pour un homard de carnaval
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170919/nantes-48-heures-de-garde-vue-pour-un-homard-de-carnaval

    Samedi dernier, lors de la manifestation de convergence des luttes à Nantes, trois militants ont été interpellés alors qu’ils chargeaient un homard géant en papier mâché, destiné à rejoindre le cortège. Le procureur demandait l’ouverture d’une information judiciaire pour « association de malfaiteurs ». Le juge d’instruction n’a pas suivi.

    #LIBERTÉS_PUBLIQUES #François_de_Rugy,_homard,_Nantes

    • HALLUCINANT : GUET-APENS POLICIER POUR CAPTURER UN HOMARD GÉANT !
      Nantes révoltées le 14/09/2019
      https://www.anti-k.org/2019/09/15/hallucinant-guet-apens-policier-pour-capturer-un-homard-geant
      C’est un événement à peine croyable qui a eu lieu aujourd’hui à Nantes. Une information à la fois drôle, pathétique, et effrayante. Mais bien réelle. Un énorme piège organisé par la police pour voler un homard en papier.Pour la grande manifestation de ce samedi 14 septembre à Nantes, les organisateurs annonçaient un défilé festif, dynamique, et populaire, dans un esprit de convergence des luttes. Tout l’inverse du discours anxiogène des autorités. Ainsi, pendant plusieurs semaines, un « homard » en papier mâché, à la façon des chars de carnaval, était préparé patiemment. La figure en carton de deux mètres d’envergure devait s’installer en tête du défilé, comme un pied de nez à François De Rugy et aux puissants.

      Ce midi, alors que le « homard » en papier était transporté en direction de la manifestation, un véritable guet-apens policier a eu lieu. Pas moins de 15 agents de la BAC, cagoulés et très énervés ont encerclé le camion et ses occupants. Et en renfort, une compagnie de policiers en tenue anti-émeute. Une véritable armée pour capturer un homard.

      Après avoir détruit la sculpture en papier, les agents ont fouillé, molesté et arrêté les personnes présentes. Clefs de bras, brimades, et menaces du genre : « on va te faire fermer ta gueule ». 3 personnes ont été enlevées , sans motif, et emmenées en cellule. Le véhicule a été saisi, en dehors de toute procédure, par les autorités. Des juristes, peuvent-ils dire sur quelles bases juridiques peut-on saisir un véhicule et enfermer 3 personnes pour une grosse tête de carnaval en papier mâché ?

    • La répression légale est quand à elle déjà en cours contre les manifestant.e.s : la Préfecture annonce 33 interpellations et Ouest-France prétend savoir qu’il y aura 5 comparutions immédiates ainsi que des poursuites pour « associations de malfaiteurs » - une qualification destinée au grand banditisme que la Justice étend de plus en plus souvent aux militant.e.s.

      https://expansive.info/Compte-rendu-acte-44-a-Nantes-Bastion-policier-et-rentree-reussie-1735

    • Suite : Nantes. « Affaire du homard » : les protagonistes épinglent « le vide du dossier »

      https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAxOTEwOTZiZjE4YzFmMWI5OTFkMjc5NzhkMDFjN2EwOGFlNjc?width=1260&fo
      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-affaire-du-homard-les-protagonistes-epinglent-le-vide-du-dossier

      En l’état, les deux "suspects" appréhendés place Mellinet sont tout de même poursuivis pour " « participation à un regroupement établi en vue de la préparation de violences ou de destructions » ". "Le dossier auquel on a accédé grâce au statut de témoin assisté est complètement vide et incohérent", affirme Émilie, 22 ans, interpellée pour le homard. "Tout repose sur un témoignage anonyme parvenu le 26 août aux policiers selon lequel l’ultra-gauche nantaise préparait des actions violentes pour le 14 septembre", reprend Romain, 29 ans. "À partir de ces éléments, un récit fantasmatique a été produit, faisant le lien avec les black blocs et la révolution des parapluies à Hong Kong", fustige Mathilde.

  • Les « beautés » du modèle suédois des retraites

    par Michel Husson

    « Le système suédois de retraites est celui qui est allé le plus loin
    – et depuis longtemps – dans la logique des comptes dits notionnels.
    Même si le système par points proposé pour la France n’en est pas un pur décalque, il se réclame des mêmes principes de contributivité et d’universalité. Le modèle suédois étant par ailleurs paré de tous les mérites, il est éclairant de l’analyser de manière détaillée et
    d’aller voir l’envers du décor [1]. »

    (…)

    « Au-delà des différences techniques entre comptes notionnels (la
    Suède) et système par points, l’expérience suédoise met en lumière
    trois principaux problèmes qui sont aussi des aspects de la réforme à
    surveiller dans le cas français :

    • Le gel de la part des retraites dans le revenu national sans prise
    en compte du vieillissement de la population conduit à
    l’appauvrissement relatif des retraités.

    • L’individualisation fait obstacle à une redistribution prenant en
    compte notamment les carrières heurtées, et particulièrement celles
    des femmes.

    • Le passage d’un système à prestations définies à un système à
    cotisations définies est assorti d’un mécanisme aveugle d’ajustement
    qui reporte les risques sur les retraités, et qui est par nature
    difficilement réglable à court terme. »

    https://www.anti-k.org/2019/08/22/les-beautes-du-modele-suedois-de-retraites

  • L’universalisme, une arme pour la gauche – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2019/08/15/luniversalisme-une-arme-pour-la-gauche

    Les défaites en rase campagne accumulées se sont en effet accompagnées d’un spectaculaire pilonnage intellectuel. Non que les idées de transformation sociale aient déserté le paysage : les intellectuels progressistes ou radicaux continuent d’enseigner dans nombre d’universités, du moins aux Etats-Unis. Mais c’est le sens même de la radicalité politique qui a changé. Sous l’influence des théories poststructuralistes, les concepts de base de la tradition socialiste sont devenus suspects, voire dangereux.

    Pour ne prendre que quelques exemples, affirmer que le capitalisme possède une structure coercitive réelle qui pèse sur chaque individu, que la notion de classe sociale s’enracine dans des rapports d’exploitation parfaitement tangibles, ou encore que le monde du travail a tout intérêt à emprunter des formes d’organisation collectives — autant d’analyses considérées comme évidentes à gauche durant deux siècles —, passe aujourd’hui pour terriblement suranné.

    Amorcée par l’école poststructuraliste, la répudiation du matérialisme et de l’économie politique a fini par prendre force de loi au sein de la plus récente des chapelles de ce courant, mieux connue aujourd’hui dans le monde universitaire sous le nom d’études postcoloniales.

    #universalisme #postcolonialisme

  • Comparution immédiate : 31 minutes et au trou [vidéo] – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2019/05/04/comparution-immediate-31-minutes-et-au-trou-video

    Quand on se représente un procès en général on s’imagine quelque chose de long avec des mois voire des années entre l’interpellation du prévenu et le verdict du procès. Et bien avec la CI vous pouvez vous retrouver arrêté le lundi, interrogé pendant 24 à 48h en garde à vue, jugé en 30mn le mercredi et passer les années qui suivent en prison.

    La comparution immédiate c’est une forme de procès particulièrement accéléré puisqu’elle dure en moyenne 31 mn1. Et cette seule durée doit déjà nous interpeller : on sent bien que quelque chose cloche quand un procès dure moins longtemps qu’un épisode de Secret Story. C’est à dire qu’on consacre aujourd’hui plus de temps à savoir qui a volé le shampoing de Jonathan dans la maison des secrets qu’à déterminer la culpabilité ou non d’un prévenu qui risque de finir en prison.

    https://www.youtube.com/watch?v=mnKDeDaFwsk

    #justice #tribunaux #répression #comparution_immédiate #criminalisation

  • A l’encontre » Histoire. En 1961, « Monsieur H » n’est pas mort dans un accident
    le 30 - avril - 2019, Par Colette Braeckman, source : le soir
    http://alencontre.org/societe/histoire/histoire-en-1961-monsieur-h-nest-pas-mort-dans-un-accident.html

    Voilà un livre qui démarre lentement. Qui ressemble, en ses premières pages, au rapport d’un contrôleur aérien. D’ailleurs, c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une histoire d’avion, d’un crash comme il s’en produit si souvent sur les pistes peu balisées des brousses africaines. Bref un accident, un coup du sort.

    A l’époque, il était question d’une erreur de pilotage, où un équipage peu familier de l’Afrique aurait confondu Ndola en Zambie avec Ndolo, qui était à l’époque l’aéroport de Léopoldville (Kinshasa aujourd’hui). A ceux qui doutaient de cette confusion qui se jouait sur une seule lettre, on ajoutait que, volant trop bas, le DC-6 avait percuté une colline, ou une termitière. Bref, il fallait circuler, il n’y avait rien à voir.

    L’ennui, c’est que le crash du 17 septembre 1961 allait secouer la planète entière et que, près de soixante ans plus tard, alors que disparaissent les derniers témoins, les enquêtes ne sont pas terminées à propos de l’un des plus graves crimes politiques de l’après-guerre.

    Car à bord de l’Albertina, piloté par un équipage suédois, se trouvait le Secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld, un homme politique vénéré en Suède comme un héros national. Celui que l’on appelait alors « Monsieur H » – et qui a donné ce titre au livre que vient de publier notre correspondant aux Etats-Unis, Maurin Picard – était un homme engagé.

    En ces temps de guerre froide, le diplomate voulait que l’ONU soit un instrument de paix ; et que lui-même en soit plus le général que le secrétaire.

    C’est pour cela qu’un dimanche de septembre, neuf mois après l’assassinat de Patrice Lumumba [le 17 janvier 1961, à Lumumbashi], Dag Hammarskjöld avait embarqué à Léopoldville pour une mission en principe secrète. Désireux de préserver l’unité du Congo, qui faisait face à la sécession du Katanga et du Kasaï, le Suédois souhaitait s’entretenir personnellement avec le leader katangais Moïse Tshombe dans la petite ville de Ndola, en Rhodésie du Nord (Zambie aujourd’hui), espérant le convaincre de mettre fin à une sécession condamnée par l’opinion internationale et lui permettant d’annoncer que le Congo avait retrouvé son unité. (...)

    https://plus.lesoir.be/221381/article/2019-04-30/congo-la-mort-de-monsieur-h-netait-pas-un-accident

  • « Les hommes se disent en crise mais ils possèdent 70 % des richesses mondiales et 80 % des terres de la planète ! » – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2019/04/16/les-hommes-se-disent-en-crise-mais-ils-possedent-70-des-richesses-mondiales-

    L’identité masculine serait en péril, menacée par l’ « inquisition féministe » ou le « totalitarisme » de mouvements comme #metoo. C’est ce que répètent écrivains ou éditorialistes réactionnaires, jusqu’à des groupes haineux de « célibataires involontaires », se référant souvent à – ne rigolez pas – la virilité mythifiée des chasseurs préhistoriques. Ce discours ne date pas d’hier : il était déjà tenu dans la Rome antique ou à la fin du Moyen Âge, « dès que les femmes veulent s’affranchir des normes », nous explique Francis Dupuis-Déri, auteur de La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace. « La crise de la masculinité est une rhétorique politique visant à ré-affirmer la domination des hommes. » Entretien.

    Basta ! : Que disent ceux qui affirment qu’il y a une crise de la masculinité ?

    Francis Dupuis-Déri [1] : Les tenants de ce discours – que l’on peut croiser autant dans les grands médias, sur les forums internet que dans les discussions en famille – affirment que les hommes et les garçons vont mal, en tant qu’hommes, à cause de la féminisation de la société, et du féminisme en particulier. Il n’y aurait plus de modèles masculins. Les mères domineraient les pères. Parmi les symptômes de cette crise, on invoque les difficultés scolaires des garçons, le chômage des hommes, les difficultés des hommes à draguer des femmes, la violences des femmes contre les hommes, et tous ces suicides d’hommes poussés à bout par des femmes qui les ont rejetés. Il y a enfin le discours de certains groupes de pères séparés, qui affirment qu’ils vont mal à cause des tribunaux de la famille, qui seraient tous anti-pères.

    On apprend dans votre ouvrage que la crise de la masculinité sévit depuis très longtemps. Des hommes s’en plaignaient déjà dans la Rome antique. Puis en France et en Angleterre à la sortie du Moyen Âge, et ailleurs en Europe ensuite…

    J’ai été très étonné de découvrir, au cours de mes recherches, que la masculinité a toujours été en crise, et ce quelque soit le régime économique, culturel, religieux ou juridique. Dans la Rome antique par exemple, les femmes n’avaient pas de statut juridique autonome, elles appartenaient à leur père, puis à leur mari, au même titre que les esclaves. Elles n’avaient pas le droit d’occuper une fonction publique. Ce qui n’a pas empêché l’homme politique et écrivain Caton l’ancien, en 195 avant J.-C., de se sentir menacé par les femmes qui demandaient alors le droit de conduire des chars et de porter des vêtements colorés.
    En 195 avant J.-C., à Rome, Caton l’ancien se sent menacé par les femmes qui demandaient alors le droit de conduire des chars et de porter des vêtements colorés

    « Les femmes sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public », écrivait-il. Idem sous les régimes monarchistes européens de la fin du Moyen Âge. En France, où les femmes sont écartées du droit de monter sur le trône au 14ème siècle, les hommes s’inquiètent qu’elles portent des pantalons, ou se coupent les cheveux. En fait, il ne faut vraiment pas grand chose pour que les hommes se disent en crise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont – prétendument – continuellement en crise….

    Les arguments fantaisistes ne manquent pas pour appuyer la thèse de la crise de la masculinité. Au Québec, les hommes seraient en crise à cause de leur défaite contre les Anglais. Aux États-unis à cause de la mécanisation. D’autres évoquent enfin la nostalgie du temps des cavernes…

    Parmi les mythes invoqués pour expliquer la crise de la masculinité, il y a effectivement celui de l’âge des cavernes, temps au cours duquel les femmes restaient chez elles, dans leurs grottes, pendant que les hommes allaient chasser. Certains ouvrages de psychologie – qui ont un grand succès – se réfèrent à cet âge des cavernes totalement mythifié, pour expliquer qu’il serait dans la nature des hommes de diriger leur famille et leur couple et même d’user de leur force. Cela expliquerait aussi pourquoi l’homme ne répond pas à sa conjointe quand il regarde le sport à la télévision : il concentre toute son attention sur le téléviseur comme son ancêtre lointain qui observait la savane à la recherche d’un mammouth. En France, on retrouve des références à l’âge des cavernes chez plusieurs polémistes. Alain Soral, parle par exemple de la « division primitive » sexuelle du travail. Éric Zemmour évoque « notre passé d’homme des cavernes », « notre bestialité », « notre virilité ».
    « Certains affirment que la vraie masculinité trouve son origine dans l’âge des cavernes et même dans la chasse au mammouth. Tout cela est ridicule et n’a aucune base scientifique »

    Au Québec, nous avons Yvon Dallaire, psychologue, qui affirme que la vraie masculinité trouve son origine dans l’âge des cavernes et même dans la chasse au mammouth. L’homme aurait appris à être silencieux en chassant le mammouth alors que la femme aurait développé l’art de la parole à l’époque où elle se terrait avec les enfants dans la caverne conjugale. Tout cela est ridicule et n’a aucune base scientifique. Les vestiges archéologiques ne disent rien de la division sexuelle du travail. Qui s’occupe des enfants ? Qui va à la chasse ? Comment sont prises les décisions ? Qui les prend ? Y a -t-il un vote ? On ne saura jamais. On se base sur nos modèles familiaux, et on projette.

    Vous défendez le fait que le discours sur la crise de la masculinité est un discours de dominants, et qu’un « état de crise » surgit à chaque fois qu’une domination est remise en question. Pouvez-vous préciser ?

    La crise de la masculinité est déclarée quand les femmes ne sont pas ce que l’on voudrait qu’elles soient. Quand elles sortent des normes vestimentaires par exemple, ou de coiffure, ou qu’elles décident d’exercer un métier que l’on voudrait réservé aux hommes. C’est une rhétorique politique de culpabilisation des femmes. De par leur non respect des normes, elles provoqueraient de la souffrance, de l’angoisse, de la panique chez les hommes. Ce qui met les hommes dans un tel état peut être tout à fait anodin, comme nous l’avons vu. C’est un discours qui est à rapprocher du masculinisme, qui est clairement un contre-mouvement face au féminisme qui milite pour la liberté et l’égalité des femmes et des hommes.

    Pourtant les faits sont têtus… Les hommes continuent de dominer largement les sphères politique, économique et culturelle. Cela y compris dans des sociétés présentées à tort comme « matriarcales »…

    On entend souvent parler du Québec comme d’une société matriarcale, où les femmes auraient pris le pouvoir. Historiquement, cela s’expliquerait par le fait que les hommes quittaient le domicile familial pendant de longues périodes pour de lointains chantiers de bûcheronnage, laissant leurs femmes gérer seule la maisonnée et développer leur pouvoir. Mais ces prétendues matriarches n’avaient pas de salaire, pas le droit de voter ni d’être élues, pas le droit de divorcer ni d’ouvrir un compte en banque. Les hommes possédaient les banques, les terres agricoles, les moulins, les scieries. Ils étaient maires et curés, médecins et journalistes. Les mères imposaient donc le matriarcat depuis leur cuisine ? C’est vraiment un aveuglement volontaire.
    « En 2016, le club select des milliardaires de la planète comptait 88% d’hommes »

    Encore aujourd’hui au Québec, ce sont les hommes qui commandent la police, les entreprises, les universités, et qui gagnent le plus d’argent. Le pays a été dirigé par 36 premiers ministres, dont 35 hommes. Même si les femmes ont gagné beaucoup d’avantages, notamment dans nos pays occidentaux et qu’elles sont désormais des sujets juridiques, les hommes restent largement avantagés et détiennent encore la majorité des postes de pouvoir. En 2016, le club select des milliardaires de la planète comptait 88% d’hommes. Environ 70% de toutes les richesses mondiales sont entre les mains des hommes, et ils possèdent environ 80 % des terres de la planète !

    Vous expliquez que les gens démunis et peu instruits sont les relais plus que les instigateurs de l’antiféminisme, lesquels sont plutôt blancs et fortunés. Est-ce que cette rhétorique de la crise de la masculinité ne renvoie pas, finalement, au vieux concept du bouc émissaire ?

    Si, bien sûr. Les hommes qui affirment qu’ils sont en crise ne sont pas nécessairement les plus misérables de la société, au contraire. Ils appartiennent plutôt à l’élite intellectuelle et économique. Ils diffusent cette idéologie qui est ensuite reprise par les hommes de classes sociales inférieures. On a vu cela aux États-Unis au moment de l’élection de Donald Trump, où les jeunes hommes blancs déclassés socialement auraient eu besoin de prendre leur revanche, en élisant un homme blanc leur promettant qu’ils allaient être pris en considération. Ce mouvement des jeunes hommes blancs en colère est apparu dans les années 1980 aux États-unis, où le président Ronald Reagan accusait d’ailleurs les femmes d’être responsables du chômage des hommes, en leur prenant un travail qui leur serait normalement destiné.
    « La rhétorique de la crise de la masculinité permet de faire porter la responsabilité de la détresse sociale, réelle, aux femmes ou encore aux immigrés »

    C’est une logique qui permet de faire porter la responsabilité de la détresse sociale, réelle, aux femmes ou encore aux immigrés. Il semblerait plus logique que ces hommes en détresse dirigent leur colère contre le patronat et les banquiers, l’élite politique ou même les chefs syndicaux trop modérés. Qui prend les décisions économiques aux États-unis, comme en France et partout ailleurs dans le monde ? Qui signe les traités commerciaux, qui décide de délocaliser la production industrielle et de fermer les usines ? Ce sont en grande majorité des hommes. Dans ces conditions, il semble pour le moins inapproprié d’accuser les femmes.

    Vous revenez également sur une insulte récurrente des tenants du discours de la masculinité : celle de « féminazie », pour désigner le mouvement féministe. Vous vous insurgez contre cette insulte, évoquant le fait que le terme de « mascunazi » serait plus approprié. Pourquoi ?

    C’est effectivement une insulte que l’on croise régulièrement. On traite aussi régulièrement les féministes de « menace totalitaire », ou génocidaire, établissant un parallèle avec les mouvements politiques les plus meurtriers du 20ème siècle. Les hommes seraient victimes de ce pseudo-totalitarisme féministe. C’est une insulte envers les victimes du nazisme, et envers les victimes des violences masculines qui meurent par centaines chaque année. C’est aussi une insulte absurde, puisque le féminisme est sans doute l’un des mouvements politiques les moins violents du monde. Alors même que les femmes étaient privées de tellement de droits – et qu’elles le sont encore dans bien des régions du monde –, elles n’ont jamais mené de lutte armée. Ailleurs dans le monde, si des êtres humains avaient été privés de tellement de droits, on aurait facilement compris qu’ils mènent une lutte violente.
    « Les hommes seraient victimes d’un pseudo-totalitarisme féministe. C’est une insulte envers les victimes des violences masculines qui meurent par centaines chaque année »

    De plus, les mouvements néo-nazis portent et diffusent le discours de la crise de la masculinité. Anders Behring Breivik, le terroriste norvégien d’extrême droite qui a perpétré les attentats d’Oslo et d’Utoya qui ont fait 77 morts et 151 blessés le 22 juillet 2011, faisait largement état dans son manifeste de sa haine des femmes et des féministes. Et il est entré au tribunal en faisant le geste nazi. Dans ces conditions le terme de « mascunazi » me semble tout à fait approprié. La crise de la masculinité est souvent mêlée à un discours raciste : les hommes efféminés ne seraient plus capables de défendre leur patrie et leurs enfants. Et les femmes, encore elles, ne font plus assez d’enfants. Résultat : on serait « envahis » par des « étrangers » qui, eux, font des enfants. Sexisme et racisme se font souvent écho et l’appel à enrayer le déclin de la nation ou de la race est souvent lancé du même souffle que l’appel à stopper le déclin des hommes.

    Vous évoquez enfin un discours de légitimation des violences faîtes aux femmes, lié à ce mythe de la crise de la masculinité. Pouvez-vous préciser ?

    Ces dix dernières années, on a assisté en Amérique du Nord à des crimes commis par des hommes se revendiquant des « incels », ces célibataires malgré eux [contraction du terme anglais involuntary celibate, ndlr], qui tuent des femmes parce que d’autres femmes ont refusé d’avoir des relations sexuelles avec eux. On sait l’importance de l’impunité et du soutien d’autres hommes dans le passage à l’acte violent. Si l’on se trouve au sein d’un groupe – amis, collègues, pairs – qui tiennent des propos misogynes, estimant que tel comportement des femmes mérite une baffe, on se sent légitime à commettre des violences. Et avec les plateformes web, cet effet est démultiplié. On se retrouve avec des réseaux de discussion de plusieurs milliers de personnes où ceux qui commettent des meurtres contre les femmes sont présentés comme des héros, et des sources d’inspiration qu’il faudrait suivre. Quand des incels commettent des meurtres de masse, ils sont présentés comme des héros. Et on a un autre meurtre de masse commis quatre ans plus tard par un autre homme, qui se revendique du précédent assassin. Il y a une influence, un encouragement mutuel.

    Slogan marketing présent dans les lessives de la marque Lenor (groupe Procter & Gamble) en 2009 / CC Laurent Neyssensas

    Par ailleurs, la violence physique et sexuelle des hommes contre les femmes et les enfants est considérée comme un symptôme de la crise, car elle démontrerait que les hommes sont incapables d’autodiscipline et que la masculinité est hors de contrôle. C’est souvent ce discours qui est repris pour expliquer les meurtres conjugaux. Comme l’ont montré des universitaires féministes comme Mélissa Blais et Patrizia Romito, la psychologisation de la violence des hommes contre les femmes permet de la présenter comme une perte de contrôle de ces hommes en crise, alors qu’il s’agit en réalité d’une prise de contrôle et d’une ré-affirmation de la domination masculine [2].

    Propos recueillis par Nolwenn Weiler

  • Esclavage. Travail forcé : la Cour de cassation remet les pendules à l’heure – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2019/04/22/esclavage-travail-force-la-cour-de-cassation-remet-les-pendules-a-lheure

    L’absence d’un contrat de travail n’empêche pas d’obtenir une réparation intégrale, surtout pour des mineurs réduits au travail forcé. Dans un arrêt du 3 avril 2019, la Cour de cassation donne raison à une jeune femme, esclave domestique pendant sept ans.

    Il est des dossiers qui concentrent à eux seuls la misère humaine, l’inhumanité et la cupidité et les errements judiciaires, errements qui se rattrapent in fine par une belle décision de justice de principe.

    Fatima B., 12 ans, Marocaine, est entrée en France en 1994 avec le passeport de la fille des époux E. G. en vue de la faire travailler à leur domicile. Le couple n’effectue aucune démarche pour régulariser sa situation. Rien n’est fait pour l’inscrire dans une école, l’alphabétiser, lui apprendre le français. Grâce aux livres scolaires de l’un des enfants de la famille, Fatima B. commence néanmoins à s’instruire, seule.

    Des années durant, la jeune fille est contrainte, avec des amplitudes horaires indécentes, sans congés ni jours fériés, ni repos hebdomadaire, de servir l’ensemble des membres de la famille, préparant le petit déjeuner du père le matin tôt avant qu’il se rende à son travail, préparant ensuite celui de toute la famille, faisant la vaisselle, le ménage, s’occupant des enfants, préparant les repas. Elle a l’interdiction d’utiliser les commodités familiales, devant se laver à l’eau froide et avec les produits d’entretien de la maison. Elle est en réalité privée de tout, y compris de chauffage dans le lieu où elle est autorisée à dormir quelques heures. En situation irrégulière, elle se tait, par crainte d’être expulsée vers son pays d’origine.

    Fatima B. est contrainte, avec des amplitudes horaires indécentes, sans congés ni jours fériés, ni repos hebdomadaire, de servir l’ensemble des membres de la famille

    Tout juste majeure, ce qu’elle ignore d’ailleurs, Fatima B. parvient à prendre la fuite en 2001 et porte plainte contre les époux E. G. Une longue bataille judiciaire commence avec le soutien du Comité contre l’esclavage moderne. Sa plainte est tout d’abord classée sans suite. Défendue par son avocat, Rémi Goehrs, elle dépose alors une plainte avec constitution de partie civile auprès du juge d’instruction. L’instruction dure cinq ans et en 2009, les époux E. G. sont enfin renvoyés devant le tribunal correctionnel.

    Contre toute attente, et malgré les réquisitions du procureur de la République en faveur d’une condamnation des époux E. G., ces derniers sont relaxés par le tribunal. C’est en cour d’appel, à Versailles, le 14 septembre 2010, que le couple est finalement, et définitivement, condamné pour avoir fait travailler Fatima B., sans la rémunérer, alors même que sa vulnérabilité et son état de dépendance étaient manifestes1. Si la condamnation pénale réussit, en partie, à réparer la souffrance psychologique causée par ces années de maltraitance, elle ne peut néanmoins en réparer le préjudice économique et moral.
    Arrêt cinglant de la Cour de cassation

    Une nouvelle bataille judiciaire commence afin de faire reconnaître le préjudice résultant de ses sept années de labeur : en 2014, la requête de la jeune femme est jugée irrecevable par le conseil de prud’hommes. Deux ans plus tard, en 2016, la cour d’appel de Versailles statuant en matière sociale prend acte de la condamnation pénale des époux E. G. mais rejette les demandes indemnitaires de Fatima B. au motif qu’elle « n’apporte pas la preuve de l’existence de la relation salariée », ce qui est pour le moins paradoxal s’agissant du travail forcé d’une enfant de 12 à 18 ans !

    Dans un arrêt cinglant de principe du 3 avril 2019, la Cour de cassation fustige les juges de la cour d’appel. Tant le droit international que le droit communautaire priment sur le droit national, rappelle la Cour de cassation, et notamment les principes fondamentaux d’abolition de l’esclavage et d’interdiction absolue du travail forcé consacrés dans l’article 4 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (CESDH). Ces valeurs fondamentales inhérentes aux sociétés démocratiques n’appellent aucune « restriction et ne souffre[nt] d’aucune dérogation ».

    Les Etats peuvent être tenus pour responsables de leurs défaillances à protéger de manière efficace les victimes d’esclavage, de servitude ou de travail forcé

    Cet article 4 de la CESDH impose aux Etats qu’ils s’abstiennent de porter atteinte aux principes fondamentaux mais également qu’ils adoptent des dispositions pénales effectives sanctionnant de telles pratiques. Les Etats peuvent donc être tenus pour responsables de leurs défaillances à protéger de manière efficace les victimes d’esclavage, de servitude ou de travail forcé. C’est en ce sens que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France à deux reprises, en juillet 2005 (Arrêt Siliadin contre France) et en octobre 2012 (Arrêt CN et V contre France), dans des affaires similaires où des jeunes filles mineures avaient été victimes de servitude et de travail forcé.

    La CEDH retient que la loi française en vigueur à l’époque ne permettait pas une protection effective des victimes. Il faut attendre août 2013 pour que la France se penche sur ses obligations légales et qu’une loi soit votée afin d’incriminer ces pratiques contraires aux droits fondamentaux. C’est ainsi que l’esclavage, la servitude et le travail forcé sont désormais pénalement sanctionnés par les articles 224-1 A, 225-14-1 et 225-14-2 du code pénal.
    Droits des enfants

    Tout enfant dispose de droits, assène la Cour de cassation, tels que l’interdiction de sa remise à un tiers en vue de l’exploitation économique de sa personne, l’interdiction de le faire travailler en France avant l’âge de 16 ans (sauf dérogation) ou encore l’interdiction de l’astreindre à un travail comportant des risques pour sa santé, son développement physique, mental, social. Ces droits pourtant élémentaires ont été écartés d’un revers de manche par les juges de la cour d’appel.

    L’absence de contrat de travail n’est pas un obstacle à l’application du principe de réparation intégrale du préjudice subi, préjudice aggravé lorsque la personne est mineure

    L’absence de contrat de travail n’est pas un obstacle à l’application du principe de réparation intégrale du préjudice subi, préjudice aggravé lorsque la personne est mineure, affirme la Cour de cassation. Ce principe s’applique déjà dans nombre de domaines relatifs à la protection des droits des salariés et consiste à replacer celui qui a subi le dommage dans la situation où il se serait trouvé si le comportement dommageable n’avait pas eu lieu.

    La Cour de cassation revêt sa décision de tous les signaux de visibilité particulière : cet arrêt comporte la mention « P.B.R.I ». La haute cour « hiérarchise » en effet ses arrêts en prévoyant des formalités de publicité plus ou moins importantes : « P » désignant les arrêts publiés au Bulletin des arrêts des chambre civiles ou criminelles, « B », au Bulletin d’information de la Cour de cassation (BICC), « R », les arrêts analysés dans le rapport annuel de la Cour de cassation et « I », ceux diffusés sur le site Internet de la haute cour. Ces différentes mentions peuvent être combinées, que ce soit « P+B », « P+B+R » ou encore « P+B+R+I » pour une visibilité maximale. Dernier signe, l’affaire n’a pas été renvoyée devant la même cour d’appel (Versailles) autrement composée mais devant la cour d’appel de Paris.

    Au bout de quinze ans, la bataille de Fatima B. a trouvé écho auprès de la plus haute juridiction française. Aujourd’hui reconnu, son préjudice reste donc à indemniser. La bataille continue.

    Sophie Kerihuel est avocate au barreau de Paris. Elle travaille au sein du cabinet Boussard-Verrecchia.

    1.Le mari a été condamné à 20 000 euros d’amende et la femme à un an d’emprisonnement avec sursis.