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  • La start-up Neuralink d’Elon Musk annonce être autorisée à tester ses #implants cérébraux sur des humains
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/la-start-up-neuralink-d-elon-musk-annonce-etre-autorisee-a-tester-ses-i

    Neuralink conçoit des appareils connectés à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. Ils doivent d’abord servir à aider des personnes paralysées ou souffrant de maladies neurologiques. La start-up veut ensuite rendre ces implants suffisamment sûrs et fiables pour qu’ils relèvent de la chirurgie élective. Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d’une puissance informatique.

    […]

    Pour l’instant, les prototypes de la taille d’une pièce de monnaie ont été implantés dans le crâne d’animaux. Plusieurs singes sont ainsi capables de « jouer » à des jeux vidéo ou de « taper » des mots sur un écran, simplement en suivant des yeux le mouvement du curseur à l’écran.

  • Charlemagne : le nom de Fastrada, sa troisième épouse, retrouvée sur une pièce carolingien - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/decouverte-de-la-premiere-piece-de-monnaie-carolingienne-a-l-effigi

    Le nom de Fastrada, troisième épouse de Charlemagne, a été identifié sur une pièce de monnaie frappée sous le règne du souverain franc. Une première pour cette période, qui démontre l’importance qu’a eu cette reine dans l’histoire politique de l’Empire carolingien et dans le cœur de son mari.

    Il s’agit du premier exemple connu d’une reine – et tout simplement d’une femme, si l’on fait exception de la Vierge Marie - nommée sur une pièce carolingienne (8e-9e après J.-C.). Frappée sous le règne de Charlemagne, probablement entre 793 et 794, cette dernière, dont on ignore malheureusement la provenance, a été récemment acquise - sur eBay ! - par le Centre Charlemagne d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne. Sur l’une de ses faces, on peut y lire le nom de Fastadre, ou Fastrada, troisième épouse du célèbre roi des Francs qui régna de 768 à 814 sur l’Empire carolingien, résultat de l’expansion territoriale du royaume franc.

    « Il s’agit d’une pièce totalement inattendue et véritablement historique », explique Simon Coupland, archéologue spécialiste de la numismatique carolingienne à l’Université de Cambridge et auteur d’une étude sur le sujet, parue le 3 mai 2023 dans la revue Early Medieval Europe. « Ce qui est particulièrement remarquable, c’est qu’au cours de la première moitié de son règne, Charlemagne a pris des mesures décisives pour éliminer de ses monnaies le nom de toute autre personne que lui-même. »

    https://pbs.twimg.com/media/FvM6bEtWwAIccI_?format=jpg&name=small
    Sur l’avers, on lit CARoLVS (en rouge) REXFR (en jaune), c’est-à-dire « Charles, roi des Francs ».

    Sur le revers, FASTRADA (en vert) REGIN (en bleu), donc « reine Fastrada », autour du monogramme classique de Charlemagne. pic.twitter.com/NVWOvjN3sC
    — Actuel Moyen Âge (@AgeMoyen) May 3, 2023

    Datation précise

    Parce que ce type de pièce n’a été introduit qu’en 793 et que Fastrada est morte en août 794, il est possible de la dater avec une grande précision. « Charles a très certainement été incité à la frapper en apprenant l’existence de pièces à l’effigie de Cynethryth, femme d’Offa, roi de Mercie (l’actuelle région de l’Essex), à la fin des années 780 », détaille le chercheur dans son étude. Cynethryth était une figure politique majeure dans un royaume avec lequel Charlemagne entretenait d’importantes relations commerciales, diplomatiques et culturelles.

    « Mais cette monnaie reflète aussi l’affection que Charlemagne portait à Fastrada et le pouvoir qu’il était prêt à partager avec elle », assure Simon Coupland. Troisième épouse du grand roi carolingien Charlemagne, Fastrada joua en effet un rôle essentiel dans le règne de son mari. Née vers 765, fille du puissant comte franc oriental Rodolphe, elle prit la place en 783 de la seconde épouse de Charlemagne, Himiltrude, seulement cinq mois après son décès (ce qui suscita les jaseries). Désireux sans doute de trouver une mère « de remplacement » pour sa progéniture, le souverain aurait également pu, grâce à cette union, sceller une alliance dans sa guerre contre les Saxons. En 11 ans de mariage, Fastrada et Charlemagne auront deux filles.

    Une épouse royale à part

    En raison de la rareté des mentions de reines carolingiennes dans les écrits de l’époque, les historiens d’aujourd’hui ne peuvent généralement pas en dire grand-chose. Fastrada, elle, fait figure d’exception, avec une carrière de reine exceptionnellement bien documentée dans les annales du haut Moyen Âge. L’historienne médiévale au King’s College de Londres Janet Nelson, citée par Simon Coupland, a malgré tout démontré dans ses travaux que de nombreuses études « sur le règne de Charlemagne la laissent tout simplement de côté, comme d’autres femmes de la cour du souverain ».

    Janet Nelson elle-même a ainsi contribué à mettre en évidence l’importance historique de Fastrada, à qui Charlemagne s’adresse avec tendresse dans plusieurs documents écrits. « Janet Nelson et le médiéviste Franz Staab ont montré que Charlemagne avait épousé Fastrada parce qu’il avait besoin d’une femme et d’une reine, que les lettres qu’il lui avait adressées témoignaient de son amour et de sa reconnaissance, et que la confiance qu’il lui accordait était telle qu’il était prêt à lui confier une part importante de son autorité en son absence », affirme Simon Coupland. Lorsque Fastrada mourut le 10 août 794, son mari pleura sa « célèbre » et « noble » reine, « emportée trop tôt par la main froide de la mort ».

    À titre de comparaison, s’il existe plus de 50 exemples de pièces frappées du nom de Cynethryth, il s’agit là du tout premier et unique spécimen d’une pièce de Fastrada à ce jour.

  • Covid long : l’infection, même légère, peut entrainer la production d’auto-anticorps

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-long-l-infection-meme-legere-peut-entrainer-la-production-d-a

    Presque la totalité d’entre eux (15 sur 17) présentait une production anormalement élevée d’au moins deux de ces auto-anticorps. La sévérité de la phase aiguë du Covid ne semble pas être déterminante, car la majorité des patients Covid #long dans cette étude (16 sur 17) avaient eu des formes légères du #Covid, ne nécessitant pas d’hospitalisation. C’est donc l’infection qui est importante pour la production de cette auto-immunité, plus que la gravité du Covid. Cette production élevée d’auto-anticorps chez les patients Covid long était indépendante de l’âge et du sexe de la personne ainsi que du temps écoulé depuis l’infection.
    Les #réinfections pourraient augmenter le risque de Covid long

    La majorité des patients Covid, mais sans Covid long avait aussi une production d’auto-anticorps supérieure que les personnes n’ayant pas été infectées, mais à des niveaux plus faibles que les patients avec Covid long. Et le niveau de ces anticorps était directement corrélé avec une baisse des performances cognitives et une hausse de symptômes neurologiques, expliquant peut-être la différence entre les patients Covid long et les patients Covid sans Covid long (avec des niveaux élevés, mais moins élevés que ceux avec Covid long). Les auteurs alertent que ces niveaux d’auto-anticorps pourraient augmenter à chaque infection, augmentant ainsi la probabilité d’un Covid long.
    Le vaccin ne protège pas entièrement contre cette #auto-immunité

    Il y a environ une année, il avait été montré que les personnes vaccinées pouvaient développer un Covid long (même si cette possibilité est moindre que chez les non vaccinés). Cette étude confirme ces résultats, car l’infection est survenue après la vaccination chez presque la moitié des patients avec Covid long de cette étude (41%). La vaccination ne protège donc pas entièrement contre le Covid long.

    Et elle ne serait pas non plus un traitement efficace pour les personnes ayant déjà cette maladie. Il avait été proposé que la vaccination pourrait être un traitement contre le Covid long, diminuant la sévérité des symptômes. Mais cette étude met en évidence que la dose de rappel n’avait aucun effet sur le niveau de ces auto-anticorps. Cependant, il est possible que la vaccination post-infection puisse avoir un effet sur d’autres causes du Covid long, maladie très diverse qui pourrait aussi avoir différentes causes en plus de ces autoanticorps. Toutefois, les auteurs soulignent que ces résultats mettent en lumière la nécessité de trouver d’autres stratégies pour restreindre la propagation du coronavirus, tels que des vaccins mieux adaptés aux souches actuelles qui parviennent à éviter effectivement l’infection.

    Bon tout le monde s’en fout hein, en plus l’OMS a sifflé la fin de partie donc ça sert à rien d’en rajouter avec ça :

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-long-le-risque-et-les-symptomes-dependraient-des-origines-eth

    ou meme ça :

    https://www.courrierinternational.com/article/le-chiffre-du-jour-le-covid-long-menacerait-une-personne-infe

    parce qu’on a dit dès le début que ça serait une maladie psychosomatique donc ce serait con de revenir dessus non ?

  • Les morts de Waterloo ont-ils été transformés en fertilisant agricole au 19e siècle ?
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/les-morts-de-waterloo-ont-ils-ete-transformes-en-fertilisant-agrico


    Au dix neuvième siècle les capitalistes britanniques exploitaient sans scrupules les soldats encore àprès leur mort. Depuis la première guerre mondiale les hécatombes atteignent des dimensions qui poussent les états à tenter l’apaisement des survivants en fournissant des sépultures individuelles à un maximum de tombés. Les progrès dans la fabrication d’engrais chimiques leur facilitent la tâche.

    21.6.2022 par Bernadette Arnaud - Des fouilles archéologiques menées depuis 2015 sur le site de la bataille de Waterloo (1815) n’ont livré que de très rares restes humains... Or ces modestes découvertes soulèvent une question majeure : où sont passés les corps des dizaines de milliers d’hommes et de chevaux de cette bataille napoléonienne ? Une explication, -peu relayée tant elle est macabre-, voudrait qu’ils aient pu être transformés en engrais à usage agricole… Un mystère qui devrait être prochainement réexaminé par de nouvelles fouilles archéologiques menées sur le célèbre site.

    Comme chaque année depuis 2015, -hors la période de pandémie de Covid-19-, l’organisation britannique « Waterloo Uncovered », un organisme qui travaille en coopération avec des militaires blessés ou atteint du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), participe à des recherches archéologiques dans la plaine de Waterloo (Belgique), lieu de la grande bataille napoléonienne de 1815. Sous la houlette de l’archéologue Tony Pollard, directeur du Centre d’Archéologie des Champs de batailles de l’Université de Glasgow (Ecosse), une soixantaine de participants ont déjà exploré de nombreux secteurs du champ de bataille. En 2019, passant particulièrement au crible les alentours de la ferme de Mont-Saint-Jean, l’un des épicentres des combats, ils avaient ainsi été mis au jour des munitions et surtout trois os provenant de membres inférieurs - probablement issus d’amputation - dégagés à proximité du bâtiment ayant servi d’hôpital de campagne. L’un des os dégagés portait encore des marques de scie... « Cette découverte poignante a immédiatement transformé l’atmosphère de la fouille, tissant un lien direct entre les personnes qui avaient souffert ici en 1815 et les soldats vétérans présents », avait alors déclaré Tony Pollard dans une interview au Guardian.


    Un des rares ossements humains mis au jour dans la plaine de Waterloo, lors de fouilles archéologiques. Crédits : Waterloo Uncovered

    Une pénurie de restes humains qui interroge

    L’exhumation de ces restes humains constituait surtout une première pour l’archéologue écossais qui étudie la plaine de la bataille de Waterloo, « le plus affreux carnage que j’ai jamais vu », selon le maréchal Ney (1769-1815). La pénurie d’ossements exhumés intrigue en effet depuis longtemps le spécialiste : à ce jour, sur ce site où se sont affrontés près de 269.000 hommes et où 47.000 d’entre eux environ ont perdu la vie ou ont été blessés, un seul squelette complet a été récupéré ! En 2012, lors du creusement d’un parking, la dépouille d’un soldat a en effet été recueillie. Il appartenait à la King’s German Legion (KGL) du roi Georges III, des unités militaires hanovriennes formées en Grande-Bretagne et Irlande entre 1803 et 1816. La balle de mousquet ayant entrainé sa mort a même été retrouvée au milieu de ses côtes, l’ensemble étant désormais exposé dans le musée du site.


    "La Bataille de Waterloo, le 18 juin 1815", par Clément Auguste Andrieux (1829-1880). Crédits : AFP

    A la recherche des fosses communes

    Que sont donc devenues les dépouilles des soldats de Waterloo ? Interrogation à laquelle Tony Pollard vient de consacrer un article dans le Journal of Conflict Archaeology paru ce 18 juin 2022. L’archéologue écossais y développe en effet une hypothèse : « S’il est extrêmement rare de trouver des restes humains sur ce champ de bataille, c’est que de nombreuses fosses communes ont été pillées et les os broyés pour être utilisés comme engrais dans les années qui ont suivi la bataille de 1815 ». Des propos qu’il avait déjà tenu dans un article du Telegraph le 17 juillet 2019 relayé par le très sérieux Smithsonian Institute du 18 juillet 2019 qui évoquait de son côté « les fabricants d’engrais anglais qui récupéraient ces os »… ! Diantre ! Dans la presse anglo-saxonne, les choses semblaient établies ! Mais de ce côté-ci de la Manche ? Sommes-nous face à une rumeur, un élément de folklore à classer dans la longue liste des légendes urbaines ? Ou bien s’agit-il de faits historiques avérés ? A bien lire ce qui a été écrit autour des affrontements homériques que furent les batailles napoléoniennes, il demeure difficile aujourd’hui encore de se faire une idée de la réalité de ces comportements profanatoires, alors que les cimetières de la Première (1914-1918) et Seconde guerres mondiales (1939-1945) sont l’objet de tous les soins et commémorations. Rappelons que la considération attribuée à l’individualisation des corps des soldats morts au combat n’est seulement advenue qu’avec la Première guerre mondiale.


    Emplacements indicatifs de possibles lieux de sépultures, de concentrations de fosses, ou de bûchers, après de récentes analyses de sources. Crédits : Waterloo Uncovered

    Toujours est-il que pour tenter de cartographier l’emplacement des fosses et lieux de sépultures non repérés à ce jour, l’archéologue écossais raconte avoir réuni tous les témoignages d’archives et informations existants émanant de témoins oculaires présents au lendemain de la bataille de 1815. Des croquis, des peintures, des récits, signalant des lieux où avaient été creusées des fosses, grandes ou petites (cf. carte). En particulier des dessins récemment découverts, et des lettres et documents personnels inédits d’un certain James Ker, un marchand écossais vivant à Bruxelles au moment de l’affrontement, dont les informations recueillies à Waterloo dès le 19 juin 1815 n’avaient jamais été publiées. « Il serait vraiment intéressant de retrouver l’emplacement des fosses desquelles des os ont été extraits, car toute perturbation produit des anomalies géophysiques dans les sols », explique ainsi Tony Pollard. Pour tenter de les localiser, des relevés du champ de bataille utilisant des méthodes électromagnétiques devraient démarrer au cours des prochaines fouilles archéologiques. Interrogé, le Dr. Kevin Linch, expert en guerres napoléoniennes à l’Université de Leeds (qui ne participe pas à ces recherches), a déclaré de son côté, « qu’il y avait de bonnes raisons de penser que les os des morts avaient été prélevés pour être utilisés comme engrais ». Des travaux prochains qu’approuvent la Napoleonic & Revolutionnary War Graves Charity, pour lequel il serait important de retrouver et connaitre ce qui est véritablement advenu des dépouilles.


    "Enterrer les morts au Château d’Hougoumont après la bataille de Waterloo (1815)". Aquarelle de James Rouse, de 1817. Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Ce que l’histoire nous dit, c’est qu’à Waterloo, les morts auraient été inhumés ou incinérés. Les descriptions des carnets du Capitaine Coignet (1799-1815), l’un des célèbres soldats de la Garde Impériale, n’en font pas mystère puisqu’elles indiquent que « pendant huit jours des buchers brulèrent nuit et jour » ; ou que « les dépouilles des soldats morts étaient entassés dans des fosses ». Ce qu’ont confirmé quelques autres découvertes de fosses napoléoniennes effectuées au 21e siècle, à l’instar des 3.000 squelettes exhumés à Vilnius (Lituanie) en 2001 (lire Sciences et Avenir n° 663). D’autre part, des documents rapportent que dès la fin des combats, nombreux étaient ceux qui se rendaient sur les champs de bataille pour « dépouiller » les morts, prélever les vêtements des soldats, leurs chaussures, leurs armes, -parfois jusqu’à leurs dents pour en faire des prothèses ! Une collecte d’artefacts revendus en « souvenirs » connue des historiens.


    Dépouillés de leurs vêtements, de leurs biens, de leurs armes et tout ce qui pouvait avoir la moindre valeur, les morts de Waterloo ont été placés dans plusieurs fosses communes... Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Contactés, des spécialistes de l’étude des traitements funéraires des champs de batailles ont rappelé que pour ces périodes napoléoniennes « les sites étaient complètement nettoyés après les batailles, et qu’une quinzaine de charniers sont documentés à travers l’Europe, ce qui ne correspond donc pas une absence totale de corps ». Néanmoins, la question que pose l’archéologue Tony Pollard n’est pas anodine : des milliers d’hommes -et des dizaines de milliers de chevaux- tués sur les champs de bataille des guerres napoléoniennes ont-ils connu, -ou non-, ce destin, que d’avoir au 19e siècle, été transformés en fertilisant agricole ?

    Ce thème peu évoqué semble en fait lié au développement agricole de l’époque. Un sujet sur lequel travaille l’archéologue Ecossais qui a confié à Sciences et Avenir être actuellement en train d’écrire un livre sur le sujet.

    Des sociétés d’engrais ont-elles fait irruption dans les sépultures des guerres napoléoniennes ?

    Pour comprendre, revenons au contexte de l’époque. Au 19e siècle, l’agrochimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873) met en lumière le principe de fertilisation. Pour croître dans de bonnes conditions, les plantes doivent pousser dans un sol riche en azote, en potassium et phosphore. L’idée majeure étant qu’une fois les récoltes effectuées, il fallait rendre à la terre les nutriments prélevés sous peine de voir les sols s’appauvrir. Mais où trouver les précieux minéraux en quantité ? Le fumier procuré par les animaux des fermes jusque-là ne suffisait plus en ces aubes de révolution industrielle et de croissance des populations à nourrir. Pour produire plus, les cultures nécessitaient l’apport de quantités massives de fertilisants.

    Dans les années 1830-1840, les os, très riches en phosphate de calcium, auraient alors été considérés comme d’excellents engrais… Brûlés ou broyés ils étaient répandus dans les champs pour augmenter les rendements. Ainsi bien des fossiles paléontologiques ont-ils fini pulvérisés. Mais ils ne sont pas les seuls, semble-t-il ! Des entreprises anglaises auraient alors pensé au trésor qui se trouvait enfouis sous les champs de bataille... Elles se seraient rendues sur les sites des guerres napoléoniennes pour récupérer les ossements des soldats et chevaux tombés, ensuite broyés et vendus aux agriculteurs britanniques.

    « Des fosses communes ont été vidées par des entrepreneurs à la recherche d’os utilisés comme engrais pour faire de la farine d’os dans la première moitié du 19e siècle. Il existe de nombreux journaux faisant références à cette pratique à l’époque - avec les principaux champs de bataille européens dans lesquels étaient recherchés des tombes contenant de grandes quantités d’os. Leipzig est un autre champ de bataille mentionnés dans ce contexte. Les os ont été expédiés vers des ports tels que celui de Hull en Angleterre, mais également vers l’Écosse, où ils étaient broyés pour être utilisés comme engrais afin de favoriser la croissance des cultures. Seuls les charniers valaient la peine [des fosses contenant des corps en quantité, ndlr] et des contacts locaux ont probablement dû être payés pour identifier l’emplacement de ces sépultures. Ce qui ne veut pas dire que chaque charnier a été traité de cette manière, mais beaucoup semblent l’avoir été », a expliqué à Sciences et Avenir, l’archéologue Tony Pollard, lors d’un précédent échange.

    Auraient ainsi été visités les champs de bataille d’Austerlitz, Waterloo et quelques autres. En 1822, un journal britannique rapportait d’ailleurs : « On estime que plus d’un million de boisseaux d’os humains et inhumains [chevaux, ndlr] ont été importés du continent européen l’année dernière dans le port de Hull. Les quartiers de Leipzig, Austerlitz, Waterloo et de tous les lieux où se sont déroulés les principaux combats de la dernière guerre sanglante ont été balayés de la même façon par les os du héros et du cheval qu’il a montés. Ainsi rassemblés chaque trimestre, ils ont été expédiés au port de Hull, puis acheminés aux broyeurs d’os du Yorkshire, qui ont installé des moteurs à vapeur et des machines puissantes dans le but de les réduire à l’état de granulaire. [..Ils ont été envoyés principalement à Doncaster, l’un des plus grands marchés agricoles de cette partie du pays, et son vendus aux agriculteurs pour qu’ils fassent purifier leurs terres…] »

    Une campagne géophysique « ambitieuse »

    Dans le Journal de la société statistique de Paris, et sa séance du 4 mars 1863, on pouvait lire : « La culture anglaise est tellement pénétrée de l’importance du rôle du phosphate de chaux comme engrais, que des spéculateurs ont fouillé pour elle, tous les champs de bataille de l’Europe, et que récemment encore, des navires apportaient, dans les ports anglais, où elle se vendaient à gros bénéfice, des cargaisons d’ossements humains recueillis en Crimée ».

    Toutes ces matières finirent toutefois par s’épuiser. Ces pratiques auraient cessé dans les années 1860, après une campagne de rumeurs contre les agriculteurs, soulignant qu’ils jetaient les corps de leurs propres enfants dans les champs. Il est à noter que ces mêmes usages, la transformation en engrais, concernèrent les momies égyptiennes rapportées par cargaisons entières -un fait largement confirmé par des documents historiques. A partir de 1841, remplaçant les ossements, ces engrais aurait été recherché dans les îles à guano -des montagnes de déjections d’oiseaux marins- acheminées en Grande-Bretagne et dans l’ensemble de l’Europe depuis les îles Chincha, au large des côtes du Pérou.

    Pour déterminer une fois pour toute si les restes des morts de Waterloo ont fini broyés en « farine d’os », Tony Pollard et ses équipes du « Waterloo Uncovered » souhaitent pouvoir mener dans les années qui viennent, une campagne géophysique « ambitieuse » pour tenter d’identifier les zones où le sol a été perturbé et où aurait pu se trouver l’emplacement d’anciennes fosses… vidangées.

    Le 18 juin 1815, se sont opposés dans la plaine de Waterloo, à 18km au sud de Bruxelles, les forces françaises constituées de 74.000 hommes et 266 canons, aux Forces alliées (195 000 hommes), composées des armées anglo-hollando-Belges : 68.000 hommes, et prussiennes : 127.000 hommes. Débutée à 11h35, la bataille s’est achevée autour de 21h par la défaite des troupes napoléoniennes. Les pertes françaises (tués et blessés) se sont élevées aux alentours de 20.000 hommes, de même que les pertes alliées, 20.000 hommes tués et blessés dont 7.000 prussiens).
    Dictionnaire des batailles de Napoléon, d’Alain Pigeard, editions Taillandier.


    Forces en présence dans la plaine de Waterloo, le 18 juin 1815 (en bleu, les armées napoléoniennes). Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Histoire de plantes : l’engrais des champs de bataille
    Par Marc Mennessier Publié le 30/03/2018
    https://www.lefigaro.fr/jardin/2018/03/30/30008-20180330ARTFIG00257-histoire-de-plantes-l-engrais-des-champs-de-batai

    Le mystère de la disparition des corps des soldats à la bataille de Waterloo enfin résolu ?
    https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-06-22/le-mystere-de-la-disparition-des-corps-des-soldats-a-la-bataille-de-wat

    #capitalisme #agriculture #engrais #chimie #phosphates #guerre #histoire #Belgique #Waterloo #bataille

  • Des sépultures Yamnayas fournissent les premières preuves de la pratique de l’équitation - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-decouverte-d-anciens-cavaliers-yamnayas-suggere-que-les-humains-

    En 2021, une vaste étude dirigée par Ludovic Orlando de l’université Paul Sabatier de Toulouse a établi que le cheval moderne (Equus caballus) a été domestiqué il y a environ 4200 ans dans les steppes de l’ouest de la Russie actuelle. Cependant, dès 3500 avant notre ère, le site de Botaï, en Asie centrale, offre des traces de domestication d’une autre population équine. Les archéologues présument donc que l’élevage de chevaux a pu être pratiqué avant que ne s’impose la lignée plus endurante et plus docile qui va remplacer toutes les autres. Domestication ne rime toutefois pas nécessairement avec équitation, alors comment savoir si ces différentes lignées de chevaux ont pu être utilisées comme montures ? On ne dispose pour le moment d’aucun élément probant du point de vue archéozoologique pour dater cet usage qui constitue pourtant un moment clé de l’histoire humaine. Pour combler cette lacune, une étude publiée dans Science Advances se base sur l’étude de squelettes de la culture Yamnaya, datant d’environ 5000 ans. Retrouvés en Roumanie, en Bulgarie, en Serbie et en Hongrie, certains d’entre eux présenteraient les signes caractéristiques de la pratique de l’équitation. Il s’agirait ainsi de la première preuve archéologique de l’utilisation du cheval comme moyen de locomotion.

  • Les zones sauvages de France cartographiées - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/la-nature-sauvage-de-france-cartographiee_157401

    Une fois la définition posée, les chercheurs ont exploité les bases de données d’occupation du territoire développées par l’Institut géographique national (IGN) qui gère l’inventaire forestier, le registre parcellaire agricole, le Cnes pour l’imagerie satellitaire, l’Office national des forêts, l’Office français de la biodiversité. Cette première « couche » a été recouverte d’une étude historique impliquant les cartes les plus anciennes d’occupation des sols français, dont celle de Cassini entre 1756 et 1815. Une troisième couche a consisté à quantifier l’influence humaine à partir de deux indicateurs à la disposition des géographes : la présence de bâtiments et leur densité et un indice de distance aux routes. « Ce travail nous a permis de réaliser une carte comprenant un milliard de pixels, soit des carrés de 20 mètres sur 20 », poursuit Jonathan Carruthers-Jones.

  • Langage et neurosciences : le mystérieux « effet Bouba-Kiki » enfin expliqué - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/langage-et-neurosciences-le-mystere-de-l-effet-bouba-kiki-vieux-d-u

    C’est un effet universel : au mot « Bouba », tout le monde associera une forme plutôt ronde, et au contraire une forme pointue au mot « Kiki ». Grâce à une modélisation mathématique de notre perception des sons, une équipe française a enfin élucidé ce mystère... Par la physique des objets.

  • Le Covid-19 nous rendrait plus vulnérable contre d’autres infections - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-covid-19-nous-rendrait-plus-vulnerable-contre-d-autres-infection

    Cette découverte s’ajoute à celle faite il y a un an par des chercheurs de l’Inserm qui montraient que les formes graves du Covid entrainaient le suicide des lymphocytes T, essentiels pour la réponse immunitaire. La nouvelle étude montre que ce suicide affecterait principalement les lymphocytes dits « naïfs », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas encore rencontré de pathogène et qui ne se sont pas encore spécialisés dans la réponse à un antigène en particulier. Ceux qui restent sont donc majoritairement des lymphocytes activés, dits « de mémoire » car ils sauront reconnaitre le pathogène qui les a activés, mais qui n’attaqueront pas de nouveaux pathogènes.

    Les chercheurs ont observé ce vieillissement des lymphocytes (car il y a une diminution des « naïfs » et une accumulation des « activés ») chez deux cohortes de personnes infectées par le coronavirus au Portugal et au Brésil.

    Je crois que c’est la 1ère fois que je lis une explication simple et claire sur le vieillissement.

  • Covid-19 en Afrique : jusqu’à 90% des morts contaminés dans une morgue - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-en-afrique-jusqu-a-90-des-morts-contamines-dans-une-morgue


    #covid

    Les résultats montrent que la majorité des #décès ont eu lieu en dehors des structures de santé, dans des communautés très appauvries. En moyenne, 32% des personnes décédées ont été testées positives au Covid-19. Un chiffre qui est monté jusqu’à 89,3% lors de la deuxième phase de janvier à juin 2021. A ce moment-là, 4 personnes sur 5 mouraient dans les villages.

    Analyse avec Antoine Flahault, professeur de santé publique à l’Université de Genève et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de cette même université.

    Sciences et Avenir : On apprend dans cette étude que les contaminations au Covid-19 ont atteint environ 90% des morts d’une morgue de Lusaka. Que penser de ce chiffre très élevé ? Est-il représentatif de la situation en #Afrique dans sa globalité ?

    Antoine Flahault : Ces résultats sont très importants parce que l’on a eu trop rapidement la #paresse intellectuelle de trouver de rapides explications à l’apparent faible nombre de cas et de décès dus au Covid rapportés en Afrique subsaharienne. On a invoqué notamment la démographie jeune de la population, l’immunité croisée avec d’autres infections préalables, ou encore le recours fréquent à la chloroquine... alors que cette recherche montre qu’il faut d’abord se poser la question de la sous-estimation massive du problème dans les pays à bas niveau de #revenus. Malheureusement, je crains que l’on puisse tout à fait transposer les résultats de cette recherche conduite en Zambie au reste de l’Afrique subsaharienne.

  • Covid long : la plupart des symptômes disparaissent en un an - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-long-un-an-apres-l-infection-la-majorite-des-symptomes-ont-di

    Le Covid long a peut être bien une fin. La majorité des symptômes se résolvent dans la première année après l’infection, d’après une étude israélienne, et jusqu’à 90% dans une étude française.

    Covid long : une amélioration fréquente au bout d’un an
    https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-long-une-amelioration-frequente-au-bout-d-un-an-20230125

    Une récente étude montre que les adultes ayant eu une forme modérée de Covid voient globalement leurs symptômes disparaître durant l’année qui suit l’infection.

    Petite musique de ces temps-ci :
    Après avoir fait comme si le covid long n’existait pas, on t’explique que : « le covid long, ok, il existe, d’ailleurs, on n’a jamais dit qu’il n’existait pas voyons, mais en fait, rassurez-vous, ça ne dure pas plus d’un an, alors arrêtez de faire comme si c’était la fin du monde quoi. »

    • Ah mais le titre enthousiaste du Figaro, purée, ça donnerait presque envie de se faire son propre petit Covid long, rien que pour pouvoir bénéficier de cette « amélioration fréquente au bout d’un an » !

  • La #catastrophe #écologique couvait déjà il y a 50 ans

    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/la-catastrophe-ecologique-couvait-deja-il-y-a-50-ans_168334

    En 2022, deux limites planétaires ont été dépassées. Au total, six de ces seuils fatidiques qui déterminent l’habitabilité de la Terre sont désormais dans le rouge. Une surprise ? Pas vraiment. Car il y a cinquante ans, un rapport scientifique démontrait déjà que poursuivre une croissance illimitée dans un monde aux ressources finies provoquerait une déstabilisation des équilibres planétaires, faisant courir de graves risques à l’humanité.

    Publié en 1972, traduit en 36 langues et vendu à plus de dix millions d’exemplaires, l’ouvrage intitulé « Les Limites à la #croissance » provoqua une onde de choc au sein de la communauté internationale. Il fut rédigé par quatre chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) - Dennis et Donella Meadows, Jorgen Randers et William Behrens - spécialistes de la dynamique des systèmes, une technique de modélisation mathématique qui permet d’analyser des problèmes complexes.

    Le rapport présente les travaux de recherche réalisés sous la direction de Dennis #Meadows par 17 scientifiques de six pays (États-Unis, Norvège, Allemagne, Inde, Iran et Turquie). Il fut commandé par le Club de Rome, un groupe de réflexion rassemblant des hommes d’affaires, des scientifiques et des économistes, dans un contexte où naissent les premières ONG environnementales comme Greenpeace et le WWF, et où l’opinion publique s’inquiète des dégradations écologiques en cours.
    Une conclusion sans appel

    Pendant deux ans, l’équipe Meadows met au point un modèle mathématique permettant de prévoir l’évolution de plusieurs grandes variables : la démographie, l’activité industrielle, la production agricole, la pollution, les ressources naturelles… La conclusion est sans appel : même en misant sur des progrès technologiques ambitieux, la poursuite de la croissance aboutit inévitablement à un #effondrement du système d’ici à la fin du siècle. Autrement dit, une diminution brutale des ressources disponibles, s’accompagnant d’une dégradation des conditions de vie et d’une chute de la population mondiale.

    Selon les scénarios, cet effondrement est causé soit par une #pénurie de #ressources non #renouvelables comme le pétrole, dont le coût d’extraction devient trop important ; soit par l’érosion des terres agricoles et un niveau de #pollution si élevé qu’il affecte gravement la production alimentaire. Parmi la dizaine de scénarios étudiés, un seul permettait d’éviter le crash : celui d’une stabilisation de la démographie et d’un arrêt de la croissance économique.

    « La plupart des économistes ont jeté ce rapport à la poubelle, raconte l’économiste Gaël Giraud. En effet, l’écrasante majorité d’entre eux ne prend pas en compte, ou très peu, la question des ressources naturelles. Or, le rapport Meadows nous rappelle que le monde réel existe et que si nous ne nous en occupons pas, le retour de bâton sera sévère. » Après de nouvelles éditions publiées en 1992 et en 2004, des études ont confirmé que jusqu’ici, les prévisions du rapport se sont révélées justes (lire l’encadré ci-dessous). « Il est compliqué d’imaginer qu’on puisse pérenniser la croissance économique pendant des décennies et résoudre en même temps les problèmes environnementaux. Car 2 % de croissance par an pendant un siècle revient par exemple à multiplier par six ou sept notre production et notre consommation », explique Aurélien Boutaud, chercheur CNRS associé au laboratoire Environnement, ville, société, à Lyon, et coauteur du livre « Les Limites planétaires » (éd. La Découverte).

    Un scénario d’effondrement qui se confirme.

    Jusqu’ici, les prévisions du rapport Meadows se sont révélées justes. Elles ont été confirmées par plusieurs chercheurs, dont l’Australien Graham Turner en 2012 (tendance observée ci-dessous). L’évolution des différentes variables (nourriture, pollution, production industrielle…) correspond au scénario menant à un effondrement du système.

    À la suite des travaux de l’équipe Meadows, les scientifiques ont tenté de mieux évaluer l’impact de l’humanité sur la planète. Élaborée dans les années 1990, l’empreinte écologique mesure la quantité de surface terrestre nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets que nous produisons. Elle permet de calculer le jour du dépassement, à partir duquel nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres, cultivé plus de terre que ce que la nature peut nous procurer en une année - et émis plus de gaz à effet de serre que nos océans et nos forêts ne peuvent en absorber.

    En 2022, le jour du dépassement a eu lieu le 28 juillet. « Nous sommes face à un fort déficit écologique qui ne peut pas durer », s’alarme Aurélien Boutaud. Pour compléter le tableau, une équipe de recherche du Stockholm Resilience Centre, en Suède, a défini neuf limites planétaires. Parmi elles, le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, mais aussi d’autres moins connues comme les cycles de l’azote et du phosphore, ou l’acidification des océans (lire l’encadré ci-dessous).

    Six limites planétaires dans le rouge

    Les scientifiques ont identifié neuf limites planétaires qui correspondent aux processus naturels conditionnant la vie sur Terre. Pour chacune d’entre elles, est déterminé un seuil au-delà duquel existe un risque de modification et d’emballement. Deux de ces seuils biophysiques ont été dépassés en 2022 : le cycle de l’eau douce, avec un déficit de l’eau verte contenue dans les sols et la biosphère, principalement dû au changement climatique et à la déforestation ; et l’introduction d’entités nouvelles (pollution chimique) qui reflète en particulier une surabondance des déchets plastiques dans l’ensemble des milieux terrestres. La prochaine sur la liste pourrait être l’acidification des océans, une modification chimique due au surplus de CO2 dans l’air qui affecte notamment le plancton, base de toute la chaîne alimentaire marine.

    Empreinte écologique et limites planétaires offrent une vision globale de notre impact sur la planète. Une nécessité lorsqu’on sait que les différents paramètres sont étroitement liés. Si bien qu’une solution ne prenant pas en compte l’ensemble de ces facteurs pourrait, au contraire, aggraver la situation.

    L’utilisation massive d’agrocarburants pour réduire les émissions de CO2 de nos voitures et de nos avions aurait par exemple un impact majeur sur la déforestation. « Il ne s’agit pas d’avoir sans arrêt recours à des solutions de substitution. Il faut juste consommer moins d’emballages, d’énergie, de produits alimentaires transformés, etc. », explique Sandra Lavorel, écologue, membre de l’Académie des sciences, et coauteure du rapport de l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques).
    Énergies fossiles et agriculture intensive pointées du doigt

    Le pas à franchir est considérable : diviser par deux notre empreinte écologique au niveau mondial, et par trois en France. « Dire qu’on arrivera à résoudre le problème par des réponses purement technologiques paraît problématique », explique Aurélien Boutaud. Le chercheur souligne l’importance de l’effet rebond : lorsqu’une nouvelle technologie permet de réduire notre impact, cette réduction est compensée par l’augmentation de la consommation. « Il faut avant tout convoquer la sobriété. La meilleure énergie, c’est celle qu’on n’utilise pas, la meilleure ressource est celle qu’on n’a pas eu besoin d’extraire », confirme Philippe Bihouix, ingénieur et auteur de « L’Âge des low tech » (éd. du Seuil).

    Deux secteurs en particulier pèsent très lourd dans notre empreinte écologique : les énergies fossiles, fortement émettrices de CO2, mais aussi l’agriculture. « Notre agriculture intensive produit beaucoup, mais détruit aussi beaucoup », souligne l’agronome Marc Dufumier, évoquant le labour qui dégrade l’humus des sols, l’impact des pesticides et des engrais sur la biodiversité et la pollution des eaux. Sans compter qu’à eux seuls, l’agriculture et l’élevage pèsent 30 % des émissions de gaz à effet de serre.

    Selon une étude de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), réduire notre consommation de viande et passer à l’agroécologie permettrait de diminuer fortement notre empreinte écologique tout en nourrissant 10 milliards de personnes en 2050. "Vous pouvez réduire de moitié votre impact individuel, mais le reste ne peut être baissé que de manière collective ", insiste Aurélien Boutaud. Un changement des modes de consommation est donc nécessaire, mais pas suffisant.

    « Nous n’avons aucune chance de résoudre le problème en gardant le modèle économique et sociétal actuel, confirme Sandra Lavorel. La question n’est pas de savoir s’il faut changer de modèle, mais de déterminer ensemble comment y parvenir. Plus nous attendons, plus les changements seront difficiles. »

  • Apple condamné à 1 million d’euros pour pratiques commerciales abusives
    https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/apple-condamne-a-1-million-d-euros-pour-pratiques-commerciales-abus

    PARIS (Reuters) - Le tribunal de commerce de Paris a condamné lundi Apple à un million d’euros d’amende pour avoir imposé des clauses commerciales abusives aux développeurs d’applications français pour l’accès à l’App Store de la firme américaine.

  • #Covid-19 : l’#aération mécanique dans les écoles serait efficace

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-l-aeration-mecanique-dans-les-ecoles-diviserait-par-trois-

    Le taux de #ventilation de ces purificateurs d’air (la quantité d’air expulsé par seconde) pouvait aller de 1,4 litre par seconde par étudiant à 14 litres par seconde par étudiant, contre moins de 0,5 litre par seconde par étudiant pour l’aération naturelle (qui consiste à ouvrir les fenêtres et la porte de temps en temps).

    Les chercheurs ont ensuite refait leur analyse en séparant les classes ventilées en fonction de ce taux. Ainsi, ils ont mis en évidence que les classes avec un taux élevé (plus de 10 litres par seconde par étudiant) avaient un risque d’infection encore plus bas : 5 fois moins que l’aération naturelle, contre 3 fois moins pour les classes ventilées à un taux plus faible.

    [...]

    “À notre connaissance, celle-ci est la première et donc la plus large étude rétrospective dans des écoles pour déterminer l’impact de l’aération mécanique sur le risque d’infection par le Covid-19”, affirment les auteurs. “Les résultats démontrent l’efficacité de l’aération mécanique et la possibilité de l’utiliser dans tout autre environnement clos”, poursuivent-ils. En conjonction avec les gestes barrières, le masque et les vaccins, ces appareils pourraient donc aider à sécuriser les lieux clos et ainsi bloquer l’avancée de cette nouvelle vague épidémique.

  • Covid-19 : une maladie sans doute jamais éradiquée et d’autres à venir - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-une-maladie-sans-doute-jamais-eradiquee-et-d-autres-a-veni

    Pour Etienne Simon-Lorière, directeur de l’unité génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur, « on laisse aujourd’hui beaucoup trop circuler le virus » : à chaque fois qu’il infecte une personne, des mutations peuvent apparaître et sont susceptibles de le faire évoluer vers des formes plus ou moins sévères.

    « Même si ça nous arrangerait tous de croire cela, on n’a aucune raison de penser qu’il va devenir plus sympathique », a-t-il prévenu.

    Par ailleurs, d’autres virus respiratoires pourraient émerger : depuis l’apparition du Sras, du Mers, et du Sars-Cov2, « on a retrouvé une bonne dizaine de coronavirus chez des chauve-souris qui pourraient potentiellement infecter l’homme », a relevé Arnaud Fontanet, spécialiste des maladies émergentes à l’Institut Pasteur.

    Environ 60%/70% des maladies émergentes sont d’origine zoonotique, c’est-à-dire qu’elles se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’homme et vice versa.

    En occupant des zones du globe de plus en plus larges, en voyageant, en intensifiant ses interactions avec les animaux, les humains contribuent à perturber l’écosystème et à favoriser la transmission des virus.

    que de belles réjouissances à venir...

  • Inflation : à la cantine d’Agde, une entrée ou un dessert est enlevé à chaque repas
    https://www.francetvinfo.fr/economie/inflation/inflation-a-la-cantine-d-agde-une-entree-ou-un-dessert-est-enleve-a-cha

    Des enfants privés d’entrée ou de dessert à la cantine. Ce n’est pas une punition, c’est le choix difficile qu’ont dû faire certaines communes pour faire face à la hausse des factures de gaz et d’électricité, comme à Agde dans l’Hérault.

  • Sponsianus, l’empereur romain réhabilité grâce à une pièce d’or - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/le-faux-empereur-romain-qui-avait-bel-et-bien-existe-ou-comment-une

    Et ainsi Sponsien fût. Depuis le 19e siècle, quatre pièces d’or romaines sur lesquelles figurait un empereur inconnu du nom de Sponsianus - ou Sponsien - étaient considérées comme des faux en raison de leurs caractéristiques étranges, voire grotesques. Issues d’un petit magot de trente pièces trouvé en 1713 en Transylvanie, elles avaient fini par être rangées au fond d’une armoire, entraînant avec elles dans l’oubli la figure impériale de Sponsianus.

    Une équipe du département des Sciences de la Terre de l’Université de Londres, au Royaume-Uni, pourrait cependant réhabiliter Sponsianus dans l’histoire. Selon le chercheur Paul N. Pearson et son équipe, qui publient leur argumentaire dans la revue Plos One, les monnaies seraient bel et bien authentiques. Par conséquent, l’empereur Sponsianus aurait bien gouverné au 3e siècle après J.-C dans une province isolée de l’Empire, la Dacie, correspondant à une partie de l’actuelle Roumanie.

    Authenticating coins of the ‘Roman emperor’ Sponsian | PLOS ONE
    https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0274285

    The ‘Roman emperor’ Sponsian is known only from an assemblage of coins allegedly found in Transylvania (Romania) in 1713. They are very unlike regular Roman coins in style and manufacture, with various enigmatic features including bungled legends and historically mixed motifs, and have long been dismissed as poorly made forgeries. Here we present non-destructive imaging and spectroscopic results that show features indicative of authenticity. Deep micro-abrasion patterns suggest extensive circulation-wear. Superficial patches of soil minerals bound by authigenic cement and overlain by oxidation products indicate a history of prolonged burial then exhumation. These observations force a re-evaluation of Sponsian as a historical personage. Combining evidence from the coins with the historical record, we suggest he was most likely an army commander in the isolated Roman Province of Dacia during the military crisis of the 260s CE, and that his crudely manufactured coins supported a functioning monetary economy that persisted locally for an appreciable period.

  • L’enchaine des 2 constats ci dessous n’est pas du tout inquiétant.

    Tout va bien

    « Médicaments : les pénuries, symptôme d’un modèle économique qui s’essouffle »

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/medicaments-les-penuries-symptome-d-un-modele-economique-qui-s-esso

    « Les infections bactériennes, deuxième cause de décès dans le monde »

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-infections-bacteriennes-deuxieme-cause-de-deces-dans-le-monde_1

  • « Les personnes qui ont eu le #Covid plus d’une fois ont davantage de risques d’avoir une série de problèmes de santé graves que celles qui ne l’ont eu qu’une seule fois selon une nouvelle etude

    Les problèmes cardiaques et pulmonaires étaient par exemple plus de trois fois plus fréquents chez les personnes qui avaient été réinfectées.

    La réinfection a également favorisé les affections cérébrales, maladies rénales et le diabète, selon l’étude. »

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-les-infections-repetees-multiplient-le-risque-de-problemes-de

  • Comment en finir avec la pandémie de Covid-19 ? - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/comment-en-finir-avec-la-pandemie-de-covid-19_167445

    Top 10 des mesures pour en finir avec la pandémie de Covid-19

    1 Systèmes de santé

    La planification de la préparation et de l’intervention en cas de pandémie doit adopter une approche globale de la société qui inclut plusieurs disciplines, secteurs et acteurs (par exemple, les entreprises, la société civile, l’ingénierie, les communautés religieuses, la modélisation mathématique, l’armée, les médias et la psychologie).

    2 Communication

    Les responsables communautaires, les experts scientifiques et les autorités de santé publique doivent collaborer pour élaborer des messages de santé publique qui instaurent et renforcent la confiance des individus et des communautés et utilisent les moyens d’accès et de communication préférés des différentes populations.

    3 Prévention

    Tous les pays doivent adopter une approche « vaccins plus » qui combine la vaccination contre le Covid-19, des mesures de prévention, des traitements et des incitations financières.

    4 Inégalités face à la pandémie

    La préparation et la réponse à une pandémie doivent tenir compte des inégalités sociales et sanitaires préexistantes.

    5 Communication

    Les autorités de santé publique doivent s’associer à des personnes et à des organisations qui jouissent de la confiance de leur communauté pour fournir des informations précises et accessibles sur la pandémie et favoriser les changements de comportement.

    6 Vaccination

    Les financements publics, philanthropiques et industriels doivent mettre l’accent sur la mise au point de vaccins offrant une protection durable contre plusieurs variantes du SARS-CoV-2.

    7 Communication

    Les professionnels et les autorités de la santé publique doivent combattre les fausses informations de manière proactive en s’appuyant sur des messages clairs, directs, adaptés à la culture et exempts de jargon scientifique inutile.

    8 Systèmes de santé

    Les stratégies de préparation et d’intervention doivent adopter des approches pangouvernementales (par exemple, une coordination multiministérielle) pour identifier, examiner et traiter la résilience des systèmes de santé.

    9 Inégalités face à la pandémie

    Les organisations mondiales du commerce et de la santé devraient se coordonner avec les pays pour négocier le transfert de technologies permettant aux fabricants des pays à revenu faible ou intermédiaire de mettre au point des vaccins, des tests et des traitements abordables et de qualité garantie.

    10 Traitement et soins

    Promouvoir la collaboration multisectorielle afin d’accélérer le développement de nouvelles thérapies pour tous les stades du Covid-19 (par exemple, la consultation externe, l’hospitalisation et le Covid long).
    Le défi du Covid long

    Le Covid long fait partie des défis d’ampleur auxquels la société devra faire face au niveau international, ajoutent les experts. « Une personne sur six souffrira de Covid long au moins un mois, voire une année », pointe Jeffrey Lazarus. Pour en diminuer l’impact, un des plus gros enjeux sera de pouvoir les repérer et les suivre, ajoute l’expert. « Ensuite, il faudra trouver des traitements efficaces et abordables. »

    Pour le Dr Ayman El-Mohandes, qui a également co-signé ce consensus international, il faut pouvoir rendre les tests disponibles avec un usage simplifié. « Il faudra accompagner ces tests de recommandations pratiques et claires sur quand mettre un masque, quand aller ou ne pas aller au travail ou à l’école, qui ne varient pas ni se contredisent au fil du temps », ajoute-t-il.

    « Ces recommandations arrivent à un moment clé de la pandémie, où les gens commencent à se gratter la tête en se demandant comment aller plus loin », lance Ayman El-Mohandes. « Je vois ces recommandations comme un appel à l’action. »

    #CestPasGagne

  • L’énigme des « cercles de fées » en Namibie et en Australie, enfin résolue ! - Ça m’intéresse
    https://www.caminteresse.fr/sciences/lenigme-des-cercles-de-fees-en-namibie-et-en-australie-enfin-resolue-11

    On les surnomme poétiquement les « cercles de fées », pour désigner ces petites surfaces circulaires dépourvues de végétation qui façonnent le paysage des prairies arides de Namibie et d’Australie. Ce mystère, qui passionne les écologues et les scientifiques depuis de nombreuses années, est enfin résolu.

    Vu du ciel, les « cercles de fées » apparaissent comme de petites aires circulaires et hexagonales sans végétation, entre 2 à 12 centimètres de diamètre, entourées de hautes herbes. Présentes dans diverses régions du globe, dont les prairies arides et reculées de la Namibie et en Australie, ces formations énigmatiques ne sont pas dues au hasard. Ce mois d’octobre 2022, les résultats d’une enquête de terrain approfondie, menée par une équipe de chercheurs internationale, viennent définitivement créditer la théorie suivante : les cercles de feux seraient l’œuvre de la végétation elle-même, qui sait s’adapter pour faire face au manque d’eau et aux fortes chaleurs dans ces régions sèches. En outre, les données montrent aussi que le modèle développé il y a 70 ans par le mathématicien Alain Turing explique la forme des cercles de fées.
    Les cercles de fées ou quand la nature s’autorégule

    Ces cercles de fées ont défié de multiples théories sur leur existence, les plus surnaturelles évoquant un passage vers un autre monde, l’empreinte de Dieu, ou encore une trace d’OVNI. En réalité, des chercheurs ont réussi à prouver que les herbes qui les composent agissent comme des « éco-ingénieurs », afin de modifier leur environnement hostile et aride, et préserver ainsi l’écosystème. Une première étude publiée en 2020 dans la revue Journal of Ecology a montré que ces formes géométriques seraient en réalité une source importante d’eau pour la végétation présente tout autour. En s’accumulant autour de ces cercles, les herbes apporteraient de l’ombre et favoriseraient l’infiltration de l’eau, permettant aux racines avoisinantes de se développer. « La végétation bénéficie de l’écoulement d’eau supplémentaire fourni par les grands cercles de fées, et maintient ainsi l’écosystème aride fonctionnel, même dans des conditions très difficiles et sèches », détaillait le Dr Stephan Getzin de l’université de Göttingen dans un communiqué.
    Une théorie enfin confirmée grâce à une nouvelle enquête de terrain

    Quant à ces formes bien spécifiques, le modèle sur les motifs et structures du vivant formulé par Alain Turing en 1952 offrirait l’explication la plus plausible. Dans un article, le Britannique proposait un modèle mathématique pour expliquer la morphogenèse, qui détermine le développement des formes d’un organisme vivant. L’étude du Dr Getzin fut la première à suggérer que le modèle de Turing, utilisé dans le système animal comme végétal, s’appliquait aux cercles de fées. Mais encore fallait-il en avoir l’entière certitude, et donc effectuer de nouvelles études de terrain. Aussitôt dit, aussitôt fait. La récente étude publiée dans la revue Perspectives in Plant Ecology, Evolution and Systematics prouve définitivement ceci : les plantes situées à proximité avaient fortement épuisé l’eau à l’intérieur des cercles, provoquant la mort des herbes au sein de ce périmètre, et donc, ce vide de végétation. « En formant ces paysages fortement structurés en cercles de fées uniformément espacés les uns des autres, les herbes agissent comme des ingénieurs de l’écosystème et bénéficient directement de la ressource en eau fournie par les lacunes de la végétation », explique encore Stephan Getzin dans un nouveau communiqué. Autrement dit, pour survivre, les plantes n’ont pas d’autres choix que de pousser selon ces formes géométriques. La preuve qu’une fois de plus, la nature peut être source de solutions pour l’adaptation au réchauffement climatique.