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  • Une étrange et inédite élongation crânienne observée chez trois femmes vikings - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/une-etrange-et-inedite-elongation-cranienne-observee-chez-trois-fem

    Elles sont au nombre de trois. Trois femmes, enterrées à trois endroits distincts de l’île de Gotland - vaste terre suédoise située au milieu de la mer Baltique -, ayant subi une élongation crânienne qui leur a assurément conféré, de leur vivant, une spectaculaire apparence. Toutes auraient vécu vers la fin du 11e siècle, au crépuscule de l’ère viking.

    Dans une étude publiée fin février 2024 dans la revue Current Swedish Archaeology, deux chercheurs allemands se penchent en détails sur ces cas uniques en Scandinavie, référencés uniquement à Gotland, même si les modifications corporelles sont une tradition connue des chercheurs dans certaines sociétés nordiques.
    Une influence venue de l’Europe du Sud-Est

    Selon les auteurs de la publication, les archéologues Matthias Toplak et Lukas Kerk, l’élongation crânienne serait une pratique arrivée en Scandinavie depuis l’Europe du Sud-Est, et notamment depuis la Bulgarie, où plusieurs exemples ont été référencés entre le 9e et le 11e siècle.

    Il se pourrait ainsi que les trois femmes, respectivement trouvées sur les sites de Havor, Ire et Kvie, soient elles-mêmes nées en Europe du Sud-Est, « peut-être en tant qu’enfants de commerçants de Gotland ou de la Baltique orientale », et que leur crâne ait été modifié dans cette région au cours de leurs premières années de vie, avancent les chercheurs.

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    Le crâne artificiellement modifié de la tombe 192 d’Harvor. Crédits : SHM/Johnny Karlsson

    « Nous pensons que cette coutume pourrait avoir été utilisée comme signe d’identification par un groupe fermé de marchands », écrivent les chercheurs. L’autre possibilité évoquée par Matthias Toplak et Lukas Kerk est que la déformation a été opérée sur l’île de Gotland, signifiant qu’il s’agirait d’une pratique dont on ignorait qu’elle avait été adoptée par certains peuples vikings.

    Les trois femmes pourraient avoir des antécédents communs en raison de la datation chronologique rapprochée de leurs trois sépultures, et surtout de l’exécution « très similaire des modifications du crâne ». L’âge qu’elles avaient au moment de leur mort est connu pour deux d’entre elles : l’une est décédée entre 25 et 30 ans, l’autre avait entre 55 et 60 ans.
    Un statut particulier ?

    À ce stade, beaucoup de questions sont encore en suspens. La communauté locale les considérait-elle comme différentes ou étrangères ? Leur accordait-elle un statut particulier en raison de leur apparence ? Et comment ont été effectuées ces déformations, sans doute réalisées avant l’âge de trois ans ?

    « Nous supposons que ces trois femmes étaient des personnages exposés dans leur société, même si nous ne sommes pas tout à fait sûrs qu’elles étaient réellement considérées comme des marginales », ont affirmé Matthias Toplak et Lukas Kerk au site spécialisé dans l’histoire du Moyen Âge Medievalists.net. « Mais nous sommes convaincus que ces déformations avaient une signification particulière car elles signalaient une identité différente et servaient de médiateur à certains récits en lien avec des territoires lointains et des influences culturelles exotiques. »

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    Les sigles noirs indiquent les sépultures des femmes au crâne déformé, tandis que les blancs font références aux hommes trouvés avec les dents limées. Crédits : M. Toplak/L. Kerk

    La sépulture de l’une d’entre elle – la femme de Havor - peut néanmoins donner quelques indices sur leur statut et la façon dont elles étaient considérées. Celle-ci a non seulement été enterrée avec la tenue vestimentaire « standard » du Gotland mais aussi avec de nombreux ornements et bijoux ornés, dont quatre broches à tête d’animal, une coutume courante à Gotland.

    La manière dont le crâne a été déformé reste lui aussi, pour le moment, une énigme, même si certaines méthodes employées par d’autres cultures de l’époque médiévale sont connues. En Amérique du Sud, en Asie centrale et en Europe du Sud-Est, la tête des jeunes enfants de moins de trois ans était compressée avec du bois et du tissu.
    Des dents limées

    Ces dernières années, plusieurs preuves de modifications corporelles permanentes ont été recensées à l’âge des Vikings. Ont notamment été retrouvés 130 individus de sexe masculin présentant des altérations dentaires sous forme de sillons horizontaux, la plupart d’entre eux provenant justement de l’île baltique de Gotland. Tous étaient âgés d’au moins 20 ans, preuves que ces modifications étaient à la fois volontaires et souhaitées.

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    Les dents limées d’un individu masculin de la tombe 25 du site de Slite. Crédits : SHM/Johnny Karlsson

    Plusieurs théories existent sur la raison d’être de cette altération : elle pourrait avoir eu vocation à tester la résistance à la douleur de ces hommes, ou bien avoir été un signe d’appartenance à un groupe distinct, guerrier ou, là encore, marchand.

  • Les variations du champ magnétique enregistrées dans des briques mésopotamiennes | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/les-variations-du-champ-magnetique-enregistrees-dans-des-briques-mesop

    Un des épineux problèmes de l’archéologie est la datation absolue, c’est-à-dire l’attribution à un objet ou à un événement d’un repère temporel précis. Malheureusement, les données utilisées pour cette datation absolue sont parfois peu précises, notamment pour des époques reculées où les textes historiques sont rares ou absents. Ces imprécisions expliquent entre autres la grande marge d’erreur (jusqu’à 150 ans) dans les chronologies des règnes des rois mésopotamiens aux IIIe et IIe millénaires avant notre ère. Le carbone 14 n’est pas d’un grand secours car les méthodes associées ont une précision de 200 ans à cette période et elles ne s’appliquent que sur la matière organique. Pour affiner les datations archéologiques, Matthew Howland, de l’université d’État de Wichita, aux États-Unis, et ses collègues proposent de faire appel à la variation du champ magnétique terrestre.

    Lorsqu’elles se forment, les roches magmatiques contenant des minéraux ferromagnétiques enregistrent la direction et l’intensité du champ magnétique terrestre à leur époque de formation : on parle d’« aimantation thermorémanente ». C’est le cas lors de la cristallisation des roches volcaniques mais aussi… lors de la cuisson des objets en terre cuite ! Les briques en terre cuite sont fabriquées à partir de matériaux argileux contenant des oxydes de fer, qui acquièrent une aimantation thermorémanente quand elles refroidissent dans le four depuis des températures au-dessus de 600 °C. Ces éléments de construction ont été utilisés dans les cités mésopotamiennes dès le Ve millénaire avant notre ère, notamment pour les bâtiments religieux, élitaires ou devant résister à l’érosion. Les noms des rois qui régnaient au moment de la fabrication de ces briques y sont parfois inscrits, ce qui permet souvent de les dater approximativement.

    Parmi plus d’une centaine d’objets en terre cuite, l’équipe de Matthew Howland a sélectionné 32 briques datant de la fin du IIIe au milieu du Ier millénaire avant notre ère, retrouvées sur plusieurs sites archéologiques irakiens. À partir des inscriptions (relatives à douze rois différents) et des mesures de l’aimantation des briques, ils ont précisé la courbe de variation de l’intensité du champ magnétique terrestre en Mésopotamie en fonction du temps, en la calant sur une des chronologies des dynasties mésopotamiennes exploitées par les archéologues. Comme les briques ont changé d’orientation au cours de leur histoire, il était impossible d’en tirer parti pour étudier la direction du champ magnétique terrestre.

    Grâce à cette courbe, les chercheurs ont confirmé que la Mésopotamie, comme d’autres régions du monde au même moment (Europe, Chine…), avait connu une période de forte intensité géomagnétique entre 1050 et 550 avant notre ère, avec des variations très rapides (notamment sous le règne du fameux Nabuchodonosor II, entre 604 et 562 avant notre ère) : l’anomalie du Levant à l’âge du Fer. De plus, la résolution de cette courbe, qu’il faut encore affiner, et l’utilisation des règnes permettraient à l’avenir une plus grande précision (de l’ordre de la décennie) dans la datation de terres cuites archéologiques en y mesurant l’intensité de l’aimantation thermorémanente.

    • La porte d’Ishtar aurait été construite 15 ans après la conquête de Jérusalem par Babylone - Sciences et Avenir
      https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/le-champ-magnetique-rajeunit-de-15-ans-la-porte-d-ishtar-de-l-ancie

      Pour dater les objets du passé, les archéologues disposent de technologies plus ou moins précises. L’une d’entre elles, encore balbutiante, est l’archéomagnétisme, qui vient de révéler son potentiel sur des briques de terre cuite dans le cadre d’une étude tout juste publiée dans la revue PLoS ONE. En mesurant l’intensité du champ magnétique conservé dans plusieurs briques de la porte d’Ishtar, l’une des portes d’entrée de Babylone, une équipe internationale de chercheurs a réussi à affiner les datations des différentes phases de sa construction.

      On pensait en effet que l’ouvrage, commandé par le roi Nabuchodonosor II – qui régna de 605 à 562 avant notre ère –, avait été réalisé en plusieurs temps, et que son achèvement aurait même pu avoir eu lieu après sa mort. Toutes les briques analysées auraient toutefois été cuites du vivant du souverain, en 569 avant notre ère, ce qui pourrait remettre en cause la signification présumée de l’édifice, censé célébrer la conquête de Jérusalem par Babylone en 586 avant notre ère.

  • Ecriture inclusive : ce qu’en dit la #science

    Loin de se résumer à l’usage du #point_médian, l’usage de l’écriture inclusive a effectivement un impact sur les #représentations_mentales du lecteur, concluent de récents travaux français. Plus important encore, cet #impact varie en fonction du type d’écriture inclusive utilisée.

    « Péril mortel » de la langue française pour l’#Académie_Française ou « outil essentiel » d’après l’investigation Elles Font La Culture (https://ellesfontla.culture.gouv.fr/conseils_articles/42__;!!Orpbtkc!7gg4iKTPdMkm6FWuHya6vu_vrzDkrr_63AXwMlNYHRXM) portée par le ministère de la Culture, l’écriture inclusive divise. « Notre objectif est de remettre un peu de science dans ce débat qui évolue parfois en #polémique incontrôlée », pointe le psycholinguiste au CNRS Léo Varnet. Loin de se résumer à l’usage du point médian, l’usage de l’écriture inclusive a effectivement un impact sur les représentations mentales du lecteur, concluent de récents travaux français publiés dans la revue Frontiers in Psychology (https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full#h3). Plus important encore, cet impact varie en fonction du type d’écriture inclusive utilisée.

    (#paywall)

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/ecriture-inclusive-ce-qu-en-dit-la-science_174628
    #écriture_inclusive

  • Le trou de la couche d’#ozone au-dessus de l’#Antarctique atteint une taille record en 2023 - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/le-trou-de-la-couche-d-ozone-au-dessus-de-l-antarctique-atteint-une

    Chaque année, le trou dans la couche d’ozone s’ouvre durant le printemps et l’été austral, à une quinzaine de kilomètres au-dessus de l’Antarctique, et il atteint sa superficie maximale entre les mois de septembre et d’octobre avant de progressivement se combler vers le mois de décembre. « Cette année, il a débuté particulièrement tôt et s’est développé rapidement depuis la mi-aout » souligne, dans un communiqué, Antje Inness du CAMS, le Service de surveillance de l’atmosphère du programme Copernicus de l’ESA.

    L’une des explications possibles à l’ampleur de cette déplétion pourrait être la violente éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, le 15 janvier 2022. Cette éruption aurait injecté une grande quantité de vapeur d’eau dans la stratosphère qui n’a atteint les régions polaires (au sud) qu’à la fin 2022. « La vapeur d’eau aurait pu conduire à la formation accrue de nuages ​​stratosphériques polaires, où les chlorofluorocarbones (CFC) peuvent réagir et accélérer l’appauvrissement de la couche d’ozone. La présence de vapeur d’eau peut également contribuer au refroidissement de la stratosphère antarctique (...) aboutissant à un vortex polaire plus robuste », explique la scientifique.

  • Notre petit réacteur de 40MW occupera un volume équivalant à un conteneur de la taille d’un autobus.

    Il peut être installé dans n’importe quelle usine ou îlot industriel sécurisé - répondant aux normes de sécurité Seveso.

    Pleins de cibles potentielles en cas de guerre. Effectivement c’est super !
    Bon et comme ce projet respecte les normes de sécurité actuelles et que c’est donc impossible que plein de trucs comme ça fasse plein de fukushima ou consort.

    TOUT VA BIEN

    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/exclu-premiere-mondiale-pour-le-petit-reacteur-nucleaire-de-la-star

    #nucléaire

  • Un monde d’exploitation animale
    https://infokiosques.net/spip.php?article2022

    « Dans ce texte, on essaie de définir un peu les bases de ce qu’est le spécisme et l’exploitation animale. On y aborde quelques réflexions sur les implications possible en termes de luttes contre ce système, et pourquoi les oppressions doivent être combattus toutes ensembles et pas séparément. Et aussi comment les animaux non-humains font pleins de trucs badass sans nous, mais que quand #Même ça serait bien qu’on se bouge pour arrêter le carnage. » M

    / Infokiosque fantôme (partout), #Antispécisme,_végétarisme

    #Infokiosque_fantôme_partout_
    https://www.l214.com/animaux/statistiques-nombre-animaux-abattus-monde-viande
    http://www.fermons-le-ceds.org/experimentation-animale/modeles-animaux-combien
    https://fr.statista.com/themes/3183/les-francais-et-les-animaux-de-compagnie/#topicOverview
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Feux_de_brousse_de_2019-2020_en_Australie
    https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/rapport-planete-vivante-2018
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mortalit%C3%A9_animale_due_aux_v%C3%A9hicules
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_de_requin
    https://paysdelours.com/fr/la-mortalite-des-brebis-dans-les-pyrenees-et-lincidence-de-lours-brun
    https://www.sept.info/moutons-maladies-loup
    https://www.demotivateur.fr/article/des-sangliers-ont-sauve-deux-de-leurs-congeneres-bloques-dans-une-cage-
    https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/oiseaux/les-corbeaux-aussi-ont-leur-ecole_102923
    https://web.archive.org/web/20200527040124/https://www.dauphinlibre.be/le-monde-mental-des-elephants
    https://www.brut.media/fr/nature/pourquoi-les-attaques-d-orques-contre-les-bateaux-se-multiplient-41bb739c-40
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/un_monde_d_exploitation_animale-pageparpage-20pa5-juil2023.pdf
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/un_monde_d_exploitation_animale-cahier-10pa4-juil2023.pdf

  • Technologie du stockage de l’énergie ep.2, coté hydrogène, c’est la kermesse !
    https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/materiaux/double-victoire-au-prix-de-l-inventeur-europeen-2023-pour-une-innov

    Les inventeurs français ont développé un système innovant de stockage d’hydrogène sous forme de galettes de la taille d’un disque vinyle 33 tours. Contrairement au stockage classique de l’hydrogène à l’état gazeux ou liquide qui nécessite beaucoup d’espace, et d’énergie pour la compression, ce système est moins énergivore. Par ailleurs il est sûr et stable, sans réaction avec l’air ambiant.

    • et il est gratis en plus ? On peut le mette direct dans le mange-disque de la voiture et ça la fait chanter et avancer ? :-)

  • Les ancêtres d’Ötzi, l’homme des glaces, venaient tout droit d’Anatolie - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/biologie-cellulaire/un-nouveau-decryptage-de-son-genome-indique-que-l-homme-des-glaces-

    Découvert en 1991 sur le versant italien des Alpes de l’Ötztal, « l’homme des glaces » surnommé Ötzi est l’une des momies les plus célèbres et les plus étudiées au monde. Mais son corps préservé pendant plus de 5000 ans recèle tant d’informations que les chercheurs ne se lassent pas de l’étudier. En 2022, l’archéologie glaciaire nous en apprenait plus sur la manière dont son corps avait été conservé dans la glace, en révélant des glissements et des expositions à l’air libre jusqu’alors négligés. Aujourd’hui, une nouvelle analyse de son génome publiée dans la revue Cell Genomics modifie plusieurs données sur ses origines génétiques et son apparence physique, que l’on croyait pourtant acquises depuis un premier séquençage réalisé en 2012. Les paléogénéticiens de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniaire de Leipzig (Allemagne) qui ont établi ce nouveau génome estiment en effet qu’Ötzi était sans doute presque chauve et, surtout, que la pigmentation de sa peau était extrêmement foncée en raison de ses origines non pas steppiques, mais anatoliennes.
    On pensait jusqu’à présent qu’Ötzi descendait des éleveurs de la steppe

  • La start-up Neuralink d’Elon Musk annonce être autorisée à tester ses #implants cérébraux sur des humains
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/la-start-up-neuralink-d-elon-musk-annonce-etre-autorisee-a-tester-ses-i

    Neuralink conçoit des appareils connectés à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. Ils doivent d’abord servir à aider des personnes paralysées ou souffrant de maladies neurologiques. La start-up veut ensuite rendre ces implants suffisamment sûrs et fiables pour qu’ils relèvent de la chirurgie élective. Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d’une puissance informatique.

    […]

    Pour l’instant, les prototypes de la taille d’une pièce de monnaie ont été implantés dans le crâne d’animaux. Plusieurs singes sont ainsi capables de « jouer » à des jeux vidéo ou de « taper » des mots sur un écran, simplement en suivant des yeux le mouvement du curseur à l’écran.

  • Charlemagne : le nom de Fastrada, sa troisième épouse, retrouvée sur une pièce carolingien - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/decouverte-de-la-premiere-piece-de-monnaie-carolingienne-a-l-effigi

    Le nom de Fastrada, troisième épouse de Charlemagne, a été identifié sur une pièce de monnaie frappée sous le règne du souverain franc. Une première pour cette période, qui démontre l’importance qu’a eu cette reine dans l’histoire politique de l’Empire carolingien et dans le cœur de son mari.

    Il s’agit du premier exemple connu d’une reine – et tout simplement d’une femme, si l’on fait exception de la Vierge Marie - nommée sur une pièce carolingienne (8e-9e après J.-C.). Frappée sous le règne de Charlemagne, probablement entre 793 et 794, cette dernière, dont on ignore malheureusement la provenance, a été récemment acquise - sur eBay ! - par le Centre Charlemagne d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne. Sur l’une de ses faces, on peut y lire le nom de Fastadre, ou Fastrada, troisième épouse du célèbre roi des Francs qui régna de 768 à 814 sur l’Empire carolingien, résultat de l’expansion territoriale du royaume franc.

    « Il s’agit d’une pièce totalement inattendue et véritablement historique », explique Simon Coupland, archéologue spécialiste de la numismatique carolingienne à l’Université de Cambridge et auteur d’une étude sur le sujet, parue le 3 mai 2023 dans la revue Early Medieval Europe. « Ce qui est particulièrement remarquable, c’est qu’au cours de la première moitié de son règne, Charlemagne a pris des mesures décisives pour éliminer de ses monnaies le nom de toute autre personne que lui-même. »

    https://pbs.twimg.com/media/FvM6bEtWwAIccI_?format=jpg&name=small
    Sur l’avers, on lit CARoLVS (en rouge) REXFR (en jaune), c’est-à-dire « Charles, roi des Francs ».

    Sur le revers, FASTRADA (en vert) REGIN (en bleu), donc « reine Fastrada », autour du monogramme classique de Charlemagne. pic.twitter.com/NVWOvjN3sC
    — Actuel Moyen Âge (@AgeMoyen) May 3, 2023

    Datation précise

    Parce que ce type de pièce n’a été introduit qu’en 793 et que Fastrada est morte en août 794, il est possible de la dater avec une grande précision. « Charles a très certainement été incité à la frapper en apprenant l’existence de pièces à l’effigie de Cynethryth, femme d’Offa, roi de Mercie (l’actuelle région de l’Essex), à la fin des années 780 », détaille le chercheur dans son étude. Cynethryth était une figure politique majeure dans un royaume avec lequel Charlemagne entretenait d’importantes relations commerciales, diplomatiques et culturelles.

    « Mais cette monnaie reflète aussi l’affection que Charlemagne portait à Fastrada et le pouvoir qu’il était prêt à partager avec elle », assure Simon Coupland. Troisième épouse du grand roi carolingien Charlemagne, Fastrada joua en effet un rôle essentiel dans le règne de son mari. Née vers 765, fille du puissant comte franc oriental Rodolphe, elle prit la place en 783 de la seconde épouse de Charlemagne, Himiltrude, seulement cinq mois après son décès (ce qui suscita les jaseries). Désireux sans doute de trouver une mère « de remplacement » pour sa progéniture, le souverain aurait également pu, grâce à cette union, sceller une alliance dans sa guerre contre les Saxons. En 11 ans de mariage, Fastrada et Charlemagne auront deux filles.

    Une épouse royale à part

    En raison de la rareté des mentions de reines carolingiennes dans les écrits de l’époque, les historiens d’aujourd’hui ne peuvent généralement pas en dire grand-chose. Fastrada, elle, fait figure d’exception, avec une carrière de reine exceptionnellement bien documentée dans les annales du haut Moyen Âge. L’historienne médiévale au King’s College de Londres Janet Nelson, citée par Simon Coupland, a malgré tout démontré dans ses travaux que de nombreuses études « sur le règne de Charlemagne la laissent tout simplement de côté, comme d’autres femmes de la cour du souverain ».

    Janet Nelson elle-même a ainsi contribué à mettre en évidence l’importance historique de Fastrada, à qui Charlemagne s’adresse avec tendresse dans plusieurs documents écrits. « Janet Nelson et le médiéviste Franz Staab ont montré que Charlemagne avait épousé Fastrada parce qu’il avait besoin d’une femme et d’une reine, que les lettres qu’il lui avait adressées témoignaient de son amour et de sa reconnaissance, et que la confiance qu’il lui accordait était telle qu’il était prêt à lui confier une part importante de son autorité en son absence », affirme Simon Coupland. Lorsque Fastrada mourut le 10 août 794, son mari pleura sa « célèbre » et « noble » reine, « emportée trop tôt par la main froide de la mort ».

    À titre de comparaison, s’il existe plus de 50 exemples de pièces frappées du nom de Cynethryth, il s’agit là du tout premier et unique spécimen d’une pièce de Fastrada à ce jour.

  • Covid long : l’infection, même légère, peut entrainer la production d’auto-anticorps

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-long-l-infection-meme-legere-peut-entrainer-la-production-d-a

    Presque la totalité d’entre eux (15 sur 17) présentait une production anormalement élevée d’au moins deux de ces auto-anticorps. La sévérité de la phase aiguë du Covid ne semble pas être déterminante, car la majorité des patients Covid #long dans cette étude (16 sur 17) avaient eu des formes légères du #Covid, ne nécessitant pas d’hospitalisation. C’est donc l’infection qui est importante pour la production de cette auto-immunité, plus que la gravité du Covid. Cette production élevée d’auto-anticorps chez les patients Covid long était indépendante de l’âge et du sexe de la personne ainsi que du temps écoulé depuis l’infection.
    Les #réinfections pourraient augmenter le risque de Covid long

    La majorité des patients Covid, mais sans Covid long avait aussi une production d’auto-anticorps supérieure que les personnes n’ayant pas été infectées, mais à des niveaux plus faibles que les patients avec Covid long. Et le niveau de ces anticorps était directement corrélé avec une baisse des performances cognitives et une hausse de symptômes neurologiques, expliquant peut-être la différence entre les patients Covid long et les patients Covid sans Covid long (avec des niveaux élevés, mais moins élevés que ceux avec Covid long). Les auteurs alertent que ces niveaux d’auto-anticorps pourraient augmenter à chaque infection, augmentant ainsi la probabilité d’un Covid long.
    Le vaccin ne protège pas entièrement contre cette #auto-immunité

    Il y a environ une année, il avait été montré que les personnes vaccinées pouvaient développer un Covid long (même si cette possibilité est moindre que chez les non vaccinés). Cette étude confirme ces résultats, car l’infection est survenue après la vaccination chez presque la moitié des patients avec Covid long de cette étude (41%). La vaccination ne protège donc pas entièrement contre le Covid long.

    Et elle ne serait pas non plus un traitement efficace pour les personnes ayant déjà cette maladie. Il avait été proposé que la vaccination pourrait être un traitement contre le Covid long, diminuant la sévérité des symptômes. Mais cette étude met en évidence que la dose de rappel n’avait aucun effet sur le niveau de ces auto-anticorps. Cependant, il est possible que la vaccination post-infection puisse avoir un effet sur d’autres causes du Covid long, maladie très diverse qui pourrait aussi avoir différentes causes en plus de ces autoanticorps. Toutefois, les auteurs soulignent que ces résultats mettent en lumière la nécessité de trouver d’autres stratégies pour restreindre la propagation du coronavirus, tels que des vaccins mieux adaptés aux souches actuelles qui parviennent à éviter effectivement l’infection.

    Bon tout le monde s’en fout hein, en plus l’OMS a sifflé la fin de partie donc ça sert à rien d’en rajouter avec ça :

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-long-le-risque-et-les-symptomes-dependraient-des-origines-eth

    ou meme ça :

    https://www.courrierinternational.com/article/le-chiffre-du-jour-le-covid-long-menacerait-une-personne-infe

    parce qu’on a dit dès le début que ça serait une maladie psychosomatique donc ce serait con de revenir dessus non ?

  • Les morts de Waterloo ont-ils été transformés en fertilisant agricole au 19e siècle ?
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/les-morts-de-waterloo-ont-ils-ete-transformes-en-fertilisant-agrico


    Au dix neuvième siècle les capitalistes britanniques exploitaient sans scrupules les soldats encore àprès leur mort. Depuis la première guerre mondiale les hécatombes atteignent des dimensions qui poussent les états à tenter l’apaisement des survivants en fournissant des sépultures individuelles à un maximum de tombés. Les progrès dans la fabrication d’engrais chimiques leur facilitent la tâche.

    21.6.2022 par Bernadette Arnaud - Des fouilles archéologiques menées depuis 2015 sur le site de la bataille de Waterloo (1815) n’ont livré que de très rares restes humains... Or ces modestes découvertes soulèvent une question majeure : où sont passés les corps des dizaines de milliers d’hommes et de chevaux de cette bataille napoléonienne ? Une explication, -peu relayée tant elle est macabre-, voudrait qu’ils aient pu être transformés en engrais à usage agricole… Un mystère qui devrait être prochainement réexaminé par de nouvelles fouilles archéologiques menées sur le célèbre site.

    Comme chaque année depuis 2015, -hors la période de pandémie de Covid-19-, l’organisation britannique « Waterloo Uncovered », un organisme qui travaille en coopération avec des militaires blessés ou atteint du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), participe à des recherches archéologiques dans la plaine de Waterloo (Belgique), lieu de la grande bataille napoléonienne de 1815. Sous la houlette de l’archéologue Tony Pollard, directeur du Centre d’Archéologie des Champs de batailles de l’Université de Glasgow (Ecosse), une soixantaine de participants ont déjà exploré de nombreux secteurs du champ de bataille. En 2019, passant particulièrement au crible les alentours de la ferme de Mont-Saint-Jean, l’un des épicentres des combats, ils avaient ainsi été mis au jour des munitions et surtout trois os provenant de membres inférieurs - probablement issus d’amputation - dégagés à proximité du bâtiment ayant servi d’hôpital de campagne. L’un des os dégagés portait encore des marques de scie... « Cette découverte poignante a immédiatement transformé l’atmosphère de la fouille, tissant un lien direct entre les personnes qui avaient souffert ici en 1815 et les soldats vétérans présents », avait alors déclaré Tony Pollard dans une interview au Guardian.


    Un des rares ossements humains mis au jour dans la plaine de Waterloo, lors de fouilles archéologiques. Crédits : Waterloo Uncovered

    Une pénurie de restes humains qui interroge

    L’exhumation de ces restes humains constituait surtout une première pour l’archéologue écossais qui étudie la plaine de la bataille de Waterloo, « le plus affreux carnage que j’ai jamais vu », selon le maréchal Ney (1769-1815). La pénurie d’ossements exhumés intrigue en effet depuis longtemps le spécialiste : à ce jour, sur ce site où se sont affrontés près de 269.000 hommes et où 47.000 d’entre eux environ ont perdu la vie ou ont été blessés, un seul squelette complet a été récupéré ! En 2012, lors du creusement d’un parking, la dépouille d’un soldat a en effet été recueillie. Il appartenait à la King’s German Legion (KGL) du roi Georges III, des unités militaires hanovriennes formées en Grande-Bretagne et Irlande entre 1803 et 1816. La balle de mousquet ayant entrainé sa mort a même été retrouvée au milieu de ses côtes, l’ensemble étant désormais exposé dans le musée du site.


    "La Bataille de Waterloo, le 18 juin 1815", par Clément Auguste Andrieux (1829-1880). Crédits : AFP

    A la recherche des fosses communes

    Que sont donc devenues les dépouilles des soldats de Waterloo ? Interrogation à laquelle Tony Pollard vient de consacrer un article dans le Journal of Conflict Archaeology paru ce 18 juin 2022. L’archéologue écossais y développe en effet une hypothèse : « S’il est extrêmement rare de trouver des restes humains sur ce champ de bataille, c’est que de nombreuses fosses communes ont été pillées et les os broyés pour être utilisés comme engrais dans les années qui ont suivi la bataille de 1815 ». Des propos qu’il avait déjà tenu dans un article du Telegraph le 17 juillet 2019 relayé par le très sérieux Smithsonian Institute du 18 juillet 2019 qui évoquait de son côté « les fabricants d’engrais anglais qui récupéraient ces os »… ! Diantre ! Dans la presse anglo-saxonne, les choses semblaient établies ! Mais de ce côté-ci de la Manche ? Sommes-nous face à une rumeur, un élément de folklore à classer dans la longue liste des légendes urbaines ? Ou bien s’agit-il de faits historiques avérés ? A bien lire ce qui a été écrit autour des affrontements homériques que furent les batailles napoléoniennes, il demeure difficile aujourd’hui encore de se faire une idée de la réalité de ces comportements profanatoires, alors que les cimetières de la Première (1914-1918) et Seconde guerres mondiales (1939-1945) sont l’objet de tous les soins et commémorations. Rappelons que la considération attribuée à l’individualisation des corps des soldats morts au combat n’est seulement advenue qu’avec la Première guerre mondiale.


    Emplacements indicatifs de possibles lieux de sépultures, de concentrations de fosses, ou de bûchers, après de récentes analyses de sources. Crédits : Waterloo Uncovered

    Toujours est-il que pour tenter de cartographier l’emplacement des fosses et lieux de sépultures non repérés à ce jour, l’archéologue écossais raconte avoir réuni tous les témoignages d’archives et informations existants émanant de témoins oculaires présents au lendemain de la bataille de 1815. Des croquis, des peintures, des récits, signalant des lieux où avaient été creusées des fosses, grandes ou petites (cf. carte). En particulier des dessins récemment découverts, et des lettres et documents personnels inédits d’un certain James Ker, un marchand écossais vivant à Bruxelles au moment de l’affrontement, dont les informations recueillies à Waterloo dès le 19 juin 1815 n’avaient jamais été publiées. « Il serait vraiment intéressant de retrouver l’emplacement des fosses desquelles des os ont été extraits, car toute perturbation produit des anomalies géophysiques dans les sols », explique ainsi Tony Pollard. Pour tenter de les localiser, des relevés du champ de bataille utilisant des méthodes électromagnétiques devraient démarrer au cours des prochaines fouilles archéologiques. Interrogé, le Dr. Kevin Linch, expert en guerres napoléoniennes à l’Université de Leeds (qui ne participe pas à ces recherches), a déclaré de son côté, « qu’il y avait de bonnes raisons de penser que les os des morts avaient été prélevés pour être utilisés comme engrais ». Des travaux prochains qu’approuvent la Napoleonic & Revolutionnary War Graves Charity, pour lequel il serait important de retrouver et connaitre ce qui est véritablement advenu des dépouilles.


    "Enterrer les morts au Château d’Hougoumont après la bataille de Waterloo (1815)". Aquarelle de James Rouse, de 1817. Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Ce que l’histoire nous dit, c’est qu’à Waterloo, les morts auraient été inhumés ou incinérés. Les descriptions des carnets du Capitaine Coignet (1799-1815), l’un des célèbres soldats de la Garde Impériale, n’en font pas mystère puisqu’elles indiquent que « pendant huit jours des buchers brulèrent nuit et jour » ; ou que « les dépouilles des soldats morts étaient entassés dans des fosses ». Ce qu’ont confirmé quelques autres découvertes de fosses napoléoniennes effectuées au 21e siècle, à l’instar des 3.000 squelettes exhumés à Vilnius (Lituanie) en 2001 (lire Sciences et Avenir n° 663). D’autre part, des documents rapportent que dès la fin des combats, nombreux étaient ceux qui se rendaient sur les champs de bataille pour « dépouiller » les morts, prélever les vêtements des soldats, leurs chaussures, leurs armes, -parfois jusqu’à leurs dents pour en faire des prothèses ! Une collecte d’artefacts revendus en « souvenirs » connue des historiens.


    Dépouillés de leurs vêtements, de leurs biens, de leurs armes et tout ce qui pouvait avoir la moindre valeur, les morts de Waterloo ont été placés dans plusieurs fosses communes... Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Contactés, des spécialistes de l’étude des traitements funéraires des champs de batailles ont rappelé que pour ces périodes napoléoniennes « les sites étaient complètement nettoyés après les batailles, et qu’une quinzaine de charniers sont documentés à travers l’Europe, ce qui ne correspond donc pas une absence totale de corps ». Néanmoins, la question que pose l’archéologue Tony Pollard n’est pas anodine : des milliers d’hommes -et des dizaines de milliers de chevaux- tués sur les champs de bataille des guerres napoléoniennes ont-ils connu, -ou non-, ce destin, que d’avoir au 19e siècle, été transformés en fertilisant agricole ?

    Ce thème peu évoqué semble en fait lié au développement agricole de l’époque. Un sujet sur lequel travaille l’archéologue Ecossais qui a confié à Sciences et Avenir être actuellement en train d’écrire un livre sur le sujet.

    Des sociétés d’engrais ont-elles fait irruption dans les sépultures des guerres napoléoniennes ?

    Pour comprendre, revenons au contexte de l’époque. Au 19e siècle, l’agrochimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873) met en lumière le principe de fertilisation. Pour croître dans de bonnes conditions, les plantes doivent pousser dans un sol riche en azote, en potassium et phosphore. L’idée majeure étant qu’une fois les récoltes effectuées, il fallait rendre à la terre les nutriments prélevés sous peine de voir les sols s’appauvrir. Mais où trouver les précieux minéraux en quantité ? Le fumier procuré par les animaux des fermes jusque-là ne suffisait plus en ces aubes de révolution industrielle et de croissance des populations à nourrir. Pour produire plus, les cultures nécessitaient l’apport de quantités massives de fertilisants.

    Dans les années 1830-1840, les os, très riches en phosphate de calcium, auraient alors été considérés comme d’excellents engrais… Brûlés ou broyés ils étaient répandus dans les champs pour augmenter les rendements. Ainsi bien des fossiles paléontologiques ont-ils fini pulvérisés. Mais ils ne sont pas les seuls, semble-t-il ! Des entreprises anglaises auraient alors pensé au trésor qui se trouvait enfouis sous les champs de bataille... Elles se seraient rendues sur les sites des guerres napoléoniennes pour récupérer les ossements des soldats et chevaux tombés, ensuite broyés et vendus aux agriculteurs britanniques.

    « Des fosses communes ont été vidées par des entrepreneurs à la recherche d’os utilisés comme engrais pour faire de la farine d’os dans la première moitié du 19e siècle. Il existe de nombreux journaux faisant références à cette pratique à l’époque - avec les principaux champs de bataille européens dans lesquels étaient recherchés des tombes contenant de grandes quantités d’os. Leipzig est un autre champ de bataille mentionnés dans ce contexte. Les os ont été expédiés vers des ports tels que celui de Hull en Angleterre, mais également vers l’Écosse, où ils étaient broyés pour être utilisés comme engrais afin de favoriser la croissance des cultures. Seuls les charniers valaient la peine [des fosses contenant des corps en quantité, ndlr] et des contacts locaux ont probablement dû être payés pour identifier l’emplacement de ces sépultures. Ce qui ne veut pas dire que chaque charnier a été traité de cette manière, mais beaucoup semblent l’avoir été », a expliqué à Sciences et Avenir, l’archéologue Tony Pollard, lors d’un précédent échange.

    Auraient ainsi été visités les champs de bataille d’Austerlitz, Waterloo et quelques autres. En 1822, un journal britannique rapportait d’ailleurs : « On estime que plus d’un million de boisseaux d’os humains et inhumains [chevaux, ndlr] ont été importés du continent européen l’année dernière dans le port de Hull. Les quartiers de Leipzig, Austerlitz, Waterloo et de tous les lieux où se sont déroulés les principaux combats de la dernière guerre sanglante ont été balayés de la même façon par les os du héros et du cheval qu’il a montés. Ainsi rassemblés chaque trimestre, ils ont été expédiés au port de Hull, puis acheminés aux broyeurs d’os du Yorkshire, qui ont installé des moteurs à vapeur et des machines puissantes dans le but de les réduire à l’état de granulaire. [..Ils ont été envoyés principalement à Doncaster, l’un des plus grands marchés agricoles de cette partie du pays, et son vendus aux agriculteurs pour qu’ils fassent purifier leurs terres…] »

    Une campagne géophysique « ambitieuse »

    Dans le Journal de la société statistique de Paris, et sa séance du 4 mars 1863, on pouvait lire : « La culture anglaise est tellement pénétrée de l’importance du rôle du phosphate de chaux comme engrais, que des spéculateurs ont fouillé pour elle, tous les champs de bataille de l’Europe, et que récemment encore, des navires apportaient, dans les ports anglais, où elle se vendaient à gros bénéfice, des cargaisons d’ossements humains recueillis en Crimée ».

    Toutes ces matières finirent toutefois par s’épuiser. Ces pratiques auraient cessé dans les années 1860, après une campagne de rumeurs contre les agriculteurs, soulignant qu’ils jetaient les corps de leurs propres enfants dans les champs. Il est à noter que ces mêmes usages, la transformation en engrais, concernèrent les momies égyptiennes rapportées par cargaisons entières -un fait largement confirmé par des documents historiques. A partir de 1841, remplaçant les ossements, ces engrais aurait été recherché dans les îles à guano -des montagnes de déjections d’oiseaux marins- acheminées en Grande-Bretagne et dans l’ensemble de l’Europe depuis les îles Chincha, au large des côtes du Pérou.

    Pour déterminer une fois pour toute si les restes des morts de Waterloo ont fini broyés en « farine d’os », Tony Pollard et ses équipes du « Waterloo Uncovered » souhaitent pouvoir mener dans les années qui viennent, une campagne géophysique « ambitieuse » pour tenter d’identifier les zones où le sol a été perturbé et où aurait pu se trouver l’emplacement d’anciennes fosses… vidangées.

    Le 18 juin 1815, se sont opposés dans la plaine de Waterloo, à 18km au sud de Bruxelles, les forces françaises constituées de 74.000 hommes et 266 canons, aux Forces alliées (195 000 hommes), composées des armées anglo-hollando-Belges : 68.000 hommes, et prussiennes : 127.000 hommes. Débutée à 11h35, la bataille s’est achevée autour de 21h par la défaite des troupes napoléoniennes. Les pertes françaises (tués et blessés) se sont élevées aux alentours de 20.000 hommes, de même que les pertes alliées, 20.000 hommes tués et blessés dont 7.000 prussiens).
    Dictionnaire des batailles de Napoléon, d’Alain Pigeard, editions Taillandier.


    Forces en présence dans la plaine de Waterloo, le 18 juin 1815 (en bleu, les armées napoléoniennes). Crédits : Journal of Conflict Archaeology

    Histoire de plantes : l’engrais des champs de bataille
    Par Marc Mennessier Publié le 30/03/2018
    https://www.lefigaro.fr/jardin/2018/03/30/30008-20180330ARTFIG00257-histoire-de-plantes-l-engrais-des-champs-de-batai

    Le mystère de la disparition des corps des soldats à la bataille de Waterloo enfin résolu ?
    https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-06-22/le-mystere-de-la-disparition-des-corps-des-soldats-a-la-bataille-de-wat

    #capitalisme #agriculture #engrais #chimie #phosphates #guerre #histoire #Belgique #Waterloo #bataille

  • Des sépultures Yamnayas fournissent les premières preuves de la pratique de l’équitation - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-decouverte-d-anciens-cavaliers-yamnayas-suggere-que-les-humains-

    En 2021, une vaste étude dirigée par Ludovic Orlando de l’université Paul Sabatier de Toulouse a établi que le cheval moderne (Equus caballus) a été domestiqué il y a environ 4200 ans dans les steppes de l’ouest de la Russie actuelle. Cependant, dès 3500 avant notre ère, le site de Botaï, en Asie centrale, offre des traces de domestication d’une autre population équine. Les archéologues présument donc que l’élevage de chevaux a pu être pratiqué avant que ne s’impose la lignée plus endurante et plus docile qui va remplacer toutes les autres. Domestication ne rime toutefois pas nécessairement avec équitation, alors comment savoir si ces différentes lignées de chevaux ont pu être utilisées comme montures ? On ne dispose pour le moment d’aucun élément probant du point de vue archéozoologique pour dater cet usage qui constitue pourtant un moment clé de l’histoire humaine. Pour combler cette lacune, une étude publiée dans Science Advances se base sur l’étude de squelettes de la culture Yamnaya, datant d’environ 5000 ans. Retrouvés en Roumanie, en Bulgarie, en Serbie et en Hongrie, certains d’entre eux présenteraient les signes caractéristiques de la pratique de l’équitation. Il s’agirait ainsi de la première preuve archéologique de l’utilisation du cheval comme moyen de locomotion.

  • Les zones sauvages de France cartographiées - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/la-nature-sauvage-de-france-cartographiee_157401

    Une fois la définition posée, les chercheurs ont exploité les bases de données d’occupation du territoire développées par l’Institut géographique national (IGN) qui gère l’inventaire forestier, le registre parcellaire agricole, le Cnes pour l’imagerie satellitaire, l’Office national des forêts, l’Office français de la biodiversité. Cette première « couche » a été recouverte d’une étude historique impliquant les cartes les plus anciennes d’occupation des sols français, dont celle de Cassini entre 1756 et 1815. Une troisième couche a consisté à quantifier l’influence humaine à partir de deux indicateurs à la disposition des géographes : la présence de bâtiments et leur densité et un indice de distance aux routes. « Ce travail nous a permis de réaliser une carte comprenant un milliard de pixels, soit des carrés de 20 mètres sur 20 », poursuit Jonathan Carruthers-Jones.

  • Langage et neurosciences : le mystérieux « effet Bouba-Kiki » enfin expliqué - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/langage-et-neurosciences-le-mystere-de-l-effet-bouba-kiki-vieux-d-u

    C’est un effet universel : au mot « Bouba », tout le monde associera une forme plutôt ronde, et au contraire une forme pointue au mot « Kiki ». Grâce à une modélisation mathématique de notre perception des sons, une équipe française a enfin élucidé ce mystère... Par la physique des objets.

  • Le Covid-19 nous rendrait plus vulnérable contre d’autres infections - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-covid-19-nous-rendrait-plus-vulnerable-contre-d-autres-infection

    Cette découverte s’ajoute à celle faite il y a un an par des chercheurs de l’Inserm qui montraient que les formes graves du Covid entrainaient le suicide des lymphocytes T, essentiels pour la réponse immunitaire. La nouvelle étude montre que ce suicide affecterait principalement les lymphocytes dits « naïfs », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas encore rencontré de pathogène et qui ne se sont pas encore spécialisés dans la réponse à un antigène en particulier. Ceux qui restent sont donc majoritairement des lymphocytes activés, dits « de mémoire » car ils sauront reconnaitre le pathogène qui les a activés, mais qui n’attaqueront pas de nouveaux pathogènes.

    Les chercheurs ont observé ce vieillissement des lymphocytes (car il y a une diminution des « naïfs » et une accumulation des « activés ») chez deux cohortes de personnes infectées par le coronavirus au Portugal et au Brésil.

    Je crois que c’est la 1ère fois que je lis une explication simple et claire sur le vieillissement.

  • Covid-19 en Afrique : jusqu’à 90% des morts contaminés dans une morgue - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-en-afrique-jusqu-a-90-des-morts-contamines-dans-une-morgue


    #covid

    Les résultats montrent que la majorité des #décès ont eu lieu en dehors des structures de santé, dans des communautés très appauvries. En moyenne, 32% des personnes décédées ont été testées positives au Covid-19. Un chiffre qui est monté jusqu’à 89,3% lors de la deuxième phase de janvier à juin 2021. A ce moment-là, 4 personnes sur 5 mouraient dans les villages.

    Analyse avec Antoine Flahault, professeur de santé publique à l’Université de Genève et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de cette même université.

    Sciences et Avenir : On apprend dans cette étude que les contaminations au Covid-19 ont atteint environ 90% des morts d’une morgue de Lusaka. Que penser de ce chiffre très élevé ? Est-il représentatif de la situation en #Afrique dans sa globalité ?

    Antoine Flahault : Ces résultats sont très importants parce que l’on a eu trop rapidement la #paresse intellectuelle de trouver de rapides explications à l’apparent faible nombre de cas et de décès dus au Covid rapportés en Afrique subsaharienne. On a invoqué notamment la démographie jeune de la population, l’immunité croisée avec d’autres infections préalables, ou encore le recours fréquent à la chloroquine... alors que cette recherche montre qu’il faut d’abord se poser la question de la sous-estimation massive du problème dans les pays à bas niveau de #revenus. Malheureusement, je crains que l’on puisse tout à fait transposer les résultats de cette recherche conduite en Zambie au reste de l’Afrique subsaharienne.

  • Covid long : la plupart des symptômes disparaissent en un an - Sciences et Avenir
    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-long-un-an-apres-l-infection-la-majorite-des-symptomes-ont-di

    Le Covid long a peut être bien une fin. La majorité des symptômes se résolvent dans la première année après l’infection, d’après une étude israélienne, et jusqu’à 90% dans une étude française.

    Covid long : une amélioration fréquente au bout d’un an
    https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-long-une-amelioration-frequente-au-bout-d-un-an-20230125

    Une récente étude montre que les adultes ayant eu une forme modérée de Covid voient globalement leurs symptômes disparaître durant l’année qui suit l’infection.

    Petite musique de ces temps-ci :
    Après avoir fait comme si le covid long n’existait pas, on t’explique que : « le covid long, ok, il existe, d’ailleurs, on n’a jamais dit qu’il n’existait pas voyons, mais en fait, rassurez-vous, ça ne dure pas plus d’un an, alors arrêtez de faire comme si c’était la fin du monde quoi. »

    • Ah mais le titre enthousiaste du Figaro, purée, ça donnerait presque envie de se faire son propre petit Covid long, rien que pour pouvoir bénéficier de cette « amélioration fréquente au bout d’un an » !

  • La #catastrophe #écologique couvait déjà il y a 50 ans

    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/la-catastrophe-ecologique-couvait-deja-il-y-a-50-ans_168334

    En 2022, deux limites planétaires ont été dépassées. Au total, six de ces seuils fatidiques qui déterminent l’habitabilité de la Terre sont désormais dans le rouge. Une surprise ? Pas vraiment. Car il y a cinquante ans, un rapport scientifique démontrait déjà que poursuivre une croissance illimitée dans un monde aux ressources finies provoquerait une déstabilisation des équilibres planétaires, faisant courir de graves risques à l’humanité.

    Publié en 1972, traduit en 36 langues et vendu à plus de dix millions d’exemplaires, l’ouvrage intitulé « Les Limites à la #croissance » provoqua une onde de choc au sein de la communauté internationale. Il fut rédigé par quatre chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) - Dennis et Donella Meadows, Jorgen Randers et William Behrens - spécialistes de la dynamique des systèmes, une technique de modélisation mathématique qui permet d’analyser des problèmes complexes.

    Le rapport présente les travaux de recherche réalisés sous la direction de Dennis #Meadows par 17 scientifiques de six pays (États-Unis, Norvège, Allemagne, Inde, Iran et Turquie). Il fut commandé par le Club de Rome, un groupe de réflexion rassemblant des hommes d’affaires, des scientifiques et des économistes, dans un contexte où naissent les premières ONG environnementales comme Greenpeace et le WWF, et où l’opinion publique s’inquiète des dégradations écologiques en cours.
    Une conclusion sans appel

    Pendant deux ans, l’équipe Meadows met au point un modèle mathématique permettant de prévoir l’évolution de plusieurs grandes variables : la démographie, l’activité industrielle, la production agricole, la pollution, les ressources naturelles… La conclusion est sans appel : même en misant sur des progrès technologiques ambitieux, la poursuite de la croissance aboutit inévitablement à un #effondrement du système d’ici à la fin du siècle. Autrement dit, une diminution brutale des ressources disponibles, s’accompagnant d’une dégradation des conditions de vie et d’une chute de la population mondiale.

    Selon les scénarios, cet effondrement est causé soit par une #pénurie de #ressources non #renouvelables comme le pétrole, dont le coût d’extraction devient trop important ; soit par l’érosion des terres agricoles et un niveau de #pollution si élevé qu’il affecte gravement la production alimentaire. Parmi la dizaine de scénarios étudiés, un seul permettait d’éviter le crash : celui d’une stabilisation de la démographie et d’un arrêt de la croissance économique.

    « La plupart des économistes ont jeté ce rapport à la poubelle, raconte l’économiste Gaël Giraud. En effet, l’écrasante majorité d’entre eux ne prend pas en compte, ou très peu, la question des ressources naturelles. Or, le rapport Meadows nous rappelle que le monde réel existe et que si nous ne nous en occupons pas, le retour de bâton sera sévère. » Après de nouvelles éditions publiées en 1992 et en 2004, des études ont confirmé que jusqu’ici, les prévisions du rapport se sont révélées justes (lire l’encadré ci-dessous). « Il est compliqué d’imaginer qu’on puisse pérenniser la croissance économique pendant des décennies et résoudre en même temps les problèmes environnementaux. Car 2 % de croissance par an pendant un siècle revient par exemple à multiplier par six ou sept notre production et notre consommation », explique Aurélien Boutaud, chercheur CNRS associé au laboratoire Environnement, ville, société, à Lyon, et coauteur du livre « Les Limites planétaires » (éd. La Découverte).

    Un scénario d’effondrement qui se confirme.

    Jusqu’ici, les prévisions du rapport Meadows se sont révélées justes. Elles ont été confirmées par plusieurs chercheurs, dont l’Australien Graham Turner en 2012 (tendance observée ci-dessous). L’évolution des différentes variables (nourriture, pollution, production industrielle…) correspond au scénario menant à un effondrement du système.

    À la suite des travaux de l’équipe Meadows, les scientifiques ont tenté de mieux évaluer l’impact de l’humanité sur la planète. Élaborée dans les années 1990, l’empreinte écologique mesure la quantité de surface terrestre nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets que nous produisons. Elle permet de calculer le jour du dépassement, à partir duquel nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres, cultivé plus de terre que ce que la nature peut nous procurer en une année - et émis plus de gaz à effet de serre que nos océans et nos forêts ne peuvent en absorber.

    En 2022, le jour du dépassement a eu lieu le 28 juillet. « Nous sommes face à un fort déficit écologique qui ne peut pas durer », s’alarme Aurélien Boutaud. Pour compléter le tableau, une équipe de recherche du Stockholm Resilience Centre, en Suède, a défini neuf limites planétaires. Parmi elles, le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, mais aussi d’autres moins connues comme les cycles de l’azote et du phosphore, ou l’acidification des océans (lire l’encadré ci-dessous).

    Six limites planétaires dans le rouge

    Les scientifiques ont identifié neuf limites planétaires qui correspondent aux processus naturels conditionnant la vie sur Terre. Pour chacune d’entre elles, est déterminé un seuil au-delà duquel existe un risque de modification et d’emballement. Deux de ces seuils biophysiques ont été dépassés en 2022 : le cycle de l’eau douce, avec un déficit de l’eau verte contenue dans les sols et la biosphère, principalement dû au changement climatique et à la déforestation ; et l’introduction d’entités nouvelles (pollution chimique) qui reflète en particulier une surabondance des déchets plastiques dans l’ensemble des milieux terrestres. La prochaine sur la liste pourrait être l’acidification des océans, une modification chimique due au surplus de CO2 dans l’air qui affecte notamment le plancton, base de toute la chaîne alimentaire marine.

    Empreinte écologique et limites planétaires offrent une vision globale de notre impact sur la planète. Une nécessité lorsqu’on sait que les différents paramètres sont étroitement liés. Si bien qu’une solution ne prenant pas en compte l’ensemble de ces facteurs pourrait, au contraire, aggraver la situation.

    L’utilisation massive d’agrocarburants pour réduire les émissions de CO2 de nos voitures et de nos avions aurait par exemple un impact majeur sur la déforestation. « Il ne s’agit pas d’avoir sans arrêt recours à des solutions de substitution. Il faut juste consommer moins d’emballages, d’énergie, de produits alimentaires transformés, etc. », explique Sandra Lavorel, écologue, membre de l’Académie des sciences, et coauteure du rapport de l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques).
    Énergies fossiles et agriculture intensive pointées du doigt

    Le pas à franchir est considérable : diviser par deux notre empreinte écologique au niveau mondial, et par trois en France. « Dire qu’on arrivera à résoudre le problème par des réponses purement technologiques paraît problématique », explique Aurélien Boutaud. Le chercheur souligne l’importance de l’effet rebond : lorsqu’une nouvelle technologie permet de réduire notre impact, cette réduction est compensée par l’augmentation de la consommation. « Il faut avant tout convoquer la sobriété. La meilleure énergie, c’est celle qu’on n’utilise pas, la meilleure ressource est celle qu’on n’a pas eu besoin d’extraire », confirme Philippe Bihouix, ingénieur et auteur de « L’Âge des low tech » (éd. du Seuil).

    Deux secteurs en particulier pèsent très lourd dans notre empreinte écologique : les énergies fossiles, fortement émettrices de CO2, mais aussi l’agriculture. « Notre agriculture intensive produit beaucoup, mais détruit aussi beaucoup », souligne l’agronome Marc Dufumier, évoquant le labour qui dégrade l’humus des sols, l’impact des pesticides et des engrais sur la biodiversité et la pollution des eaux. Sans compter qu’à eux seuls, l’agriculture et l’élevage pèsent 30 % des émissions de gaz à effet de serre.

    Selon une étude de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), réduire notre consommation de viande et passer à l’agroécologie permettrait de diminuer fortement notre empreinte écologique tout en nourrissant 10 milliards de personnes en 2050. "Vous pouvez réduire de moitié votre impact individuel, mais le reste ne peut être baissé que de manière collective ", insiste Aurélien Boutaud. Un changement des modes de consommation est donc nécessaire, mais pas suffisant.

    « Nous n’avons aucune chance de résoudre le problème en gardant le modèle économique et sociétal actuel, confirme Sandra Lavorel. La question n’est pas de savoir s’il faut changer de modèle, mais de déterminer ensemble comment y parvenir. Plus nous attendons, plus les changements seront difficiles. »