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  • Pour une contre-Elkrief
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/pour-une-contre-elkrief

    Amnesty International décroche la palme : aucune condamnation des massacres du 7 octobre , s’exclame Ruth Elkrief, sur LCI (groupe Bouygues). Elle éditorialise, dans son parti-pris sur le silence des ONG à propos des otages, et notamment des 33 enfants sur les 240 otages, détenus par le Hamas. UNICEF, Médecins Sans Frontières, tout le monde y passe, tous plus silencieux les uns que les autres. Assez émouvant conclut Pujadas après un éloquent silence. Emouvant, oui. Et faux. Comme le relève le chercheur en économie Stefano Palombarini, plusieurs tweets d’Amnesty, depuis le 7 octobre, ont bien mentionné le sort des otages.

    Ce mensonge (reposté par des personnalités ultra-médiatisées comme le chercheur Frédéric Encel, l’historien Denis Peschanski, ou la rabbine Delphine Horvilleur) n’est que le dernier exemple en date de l’émotion qui déborde, depuis le 7 octobre, de tous les plateaux de l’information continue privée. Qui gonfle et inonde le paysage, comme un fleuve en crue, charriant inlassablement les mêmes rumeurs, mêmes non confirmées, comme les 40 bébés décapités , ou le bébé jeté vivant dans un four (lire ici la contre-enquête de CheckNews, et ici celle, plus récente, de l’Agence Télégraphique Juive, avec le témoignage du sauveteur Asher Moskowitz). Comme si l’atroce réalité des massacres de cette journée ne suffisait pas à justifier l’atroce riposte israélienne depuis lors.

    On peut rêver d’une information continue sans émotion apparente, se cramponnant à un professionnalisme sans faille. De fait, elle existe aussi, dans les mêmes chaînes. Il suffit de tendre l’oreille aux certes et aux néanmoins du même Pujadas face à Fourest justifiant les bombardements. Il suffit d’entendre Ruth Elkrief, dans le même extrait, évoquer les victimes palestiniennes, pour saisir ce que peut être une information froide, détachée de toute émotion. De nombreuses ONG dénoncent, ET C’EST NORMAL, les conséquences des bombardements israéliens sur Gaza. Et par exemple sur le camp de réfugiés de Jabaliya, évidemment Médecins sans Frontières. Je dis pas que le reste doit pas exister, au contraire. Je dis, à côté, en plus, au moins.

    Elkrief reconnait donc qu’il est normal de s’émouvoir, comme MSF évidemment, des deux bombardements successifs, les 31 octobre et 1er novembre, du camp de réfugiés de Jabalyia (au moins cinquante morts pour le premier, dont sept otages selon le Hamas, et plusieurs dizaines de morts pour le second). Cette émotion, selon la journaliste, a le droit d’exister . Ces victimes-là méritent bien entendu sa compassion, pour reprendre le terme, irréprochablement mesuré, du gouvernement français, qui se déclare profondément inquiet de ces deux bombardements successifs d’un camp de réfugiés. Comment ne pas partager cette profonde inquiétude ?

    Comme ma consoeur Elkrief, je juge normale l’émotion irrésistible de certains journalistes, à l’évocation du sort des 240 otages israéliens et étrangers. Mais pour échapper au reproche qu’ils formulent eux-mêmes aux ONG, de faille empathique, et de deux poids deux mesures , pourquoi LCI ne recrute-t-elle pas une Elkrief de sensibilité proche de la cause palestinienne, qui délivrerait son « parti-pris » à la même fréquence que l’Elkrief existante ?

    Depuis presque un mois, le biais pro-israélien est évident dans les médias privés audiovisuels, qui épousent ainsi la ligne du gouvernement français. La presse écrite comme Le Monde ou Libé, les radios et télévisions de service public, y résistent davantage, et proposent un traitement plus ou moins équilibré. Mais quel est l’impact de journaux même aussi importants que Le Monde ou Libé dans le modelage de l’opinion, face au rouleau compresseur de l’info continue ? Guère plus important, je le crains, que celui du remarquable Haaretz israélien, qui devrait servir de modèle à tous les journaux du monde.

  • Les Indiens de Palestine
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/231023/les-indiens-de-palestine#at_medium=custom7&at_campaign=1047

    En mai 1982, le philosophe Gilles Deleuze (1925-1995) dialogue avec l’écrivain Elias Sanbar qui venait de créer la « Revue d’Études Palestiniennes ». Un entretien qui résonne fortement avec notre présent tant le siège israélien de Gaza rappelle que cette enclave palestinienne évoque une réserve indienne.

    Animée par Elias Sanbar, la Revue d’Études Palestiniennes fut créée en octobre 1981 aux Éditions de Minuit dirigées par Jérôme Lindon. Auteur fidèle de cette maison d’édition, soutien de la cause palestinienne et ami d’Elias Sanbar, le philosophe Gilles Deleuze salua alors cette naissance, en ces termes : « On attendait depuis longtemps une revue arabe en langue française, mais plutôt du côté de l’Afrique du Nord. Or c’est les Palestiniens qui la font. Elle a deux caractères évidemment centrés sur les problèmes palestiniens, mais qui concernent aussi l’ensemble du monde arabe. D’une part, elle présente des analyses socio-politiques très profondes, sur un ton maîtrisé, comme de sang-froid. D’autre part, elle mobilise un “corpus” littéraire, historique, sociologique, proprement arabe, très riche et peu connu. »

    Avec l’aimable autorisation de sa fille, la réalisatrice Émilie Deleuze, nous publions ci-dessous la conversation qu’eurent alors Gilles Deleuze et Elias Sanbar, initialement parue dans Libération du 8-9 mai 1982 et reprise, en 2003, dans Deux régimes de fous (Textes et entretiens 1975-1995, édition préparée par David Lapoujade, Les Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe »). Leur échange tourne autour d’une comparaison éclairante à l’heure du siège israélien de Gaza : les Palestiniens comme Peaux-Rouges de notre modernité, repoussés de leur terre, puis confinés dans des réserves.

    *

    Gilles Deleuze. – Il semble que quelque chose soit devenu mûr, du côté des Palestiniens. Un nouveau ton, comme s’ils avaient surmonté le premier état de leur crise, comme s’ils avaient atteint à une région de certitude ou de sérénité, de « droit », qui témoignerait d’une nouvelle conscience. Et qui leur permettrait de parler d’une nouvelle manière, ni agressive ni défensive, mais « d’égal à égal » avec tout le monde. Comment expliques-tu cela puisque les Palestiniens n’ont pas encore atteint leurs objectifs ?

    Elias Sanbar. – Nous avons ressenti cette réaction dès la parution du premier numéro. Il y a les acteurs qui se sont dit « tiens les Palestiniens font aussi des revues comme celle-ci », et ça a remué dans leur tête une image bien établie. N’oublions pas que, pour beaucoup, l’image que nous revendiquons du combattant palestinien restait très abstraite. Je m’explique. Avant que nous n’imposions la réalité de notre présence nous n’étions perçus que comme des réfugiés. Lorsque notre mouvement de résistance a imposé que l’on compte avec notre lutte, on nous a de nouveau enfermés dans une image réductrice.

    Multipliée et isolée à l’infini, c’était une image de purs militaristes, et nous avons été perçus comme ne faisant que cela. C’est pour en sortir que nous préférons notre image de combattants à celle de militaires au sens strict.

    Je crois que l’étonnement qu’a provoqué la parution de cette revue vient aussi du fait que certains doivent commencer à se dire que les Palestiniens existent et qu’ils ne servent pas uniquement à rappeler des principes abstraits. Si cette revue vient de Palestine, elle n’en constitue pas moins un terrain où s’expriment des préoccupations multiples, un lieu où prennent la parole non seulement des Palestiniens, mais des Arabes, des Européens, des Juifs, etc.

    Certains doivent surtout commencer à réaliser que s’il y a un tel travail, une telle diversité d’horizons, c’est qu’il doit probablement y avoir aussi et à d’autres niveaux de la Palestine des peintres, des sculpteurs, des ouvriers, des paysans, des romanciers, des banquiers, des comédiens, des commerçants, des professeurs... bref une société réelle et de l’existence de laquelle cette revue rend compte.

    La Palestine est non seulement un peuple mais aussi une terre. Elle est le lien entre ce peuple et sa terre spoliée, elle est le lieu où agissent une absence et un désir immense de retour. Et ce lieu est unique, il est fait de toutes les expulsions que vit notre peuple depuis 1948. Lorsqu’on a la Palestine dans les yeux, on l’étudie, on la scrute, on suit le moindre de ses mouvements, on note chaque changement qui l’atteint, on complète toutes ses images anciennes, bref on ne la perd jamais de vue.

    Gilles Deleuze. – Beaucoup d’articles de la Revue d’Études Palestiniennes rappellent et analysent d’une nouvelle façon les procédés par lesquels les Palestiniens ont été chassés de leurs territoires. C’est très important, parce que les Palestiniens ne sont pas dans la situation de gens colonisés, mais évacués, chassés. Tu insistes dans le livre que tu prépares sur la comparaison avec les Peaux-Rouges [cf. Palestine 1948, l’expulsion, Paris, Les Livres de la Revue d’Études Palestiniennes, 1983]. C’est qu’il y a deux mouvements très différents dans le capitalisme. Tantôt il s’agit de tenir un peuple sur son territoire, et de le faire travailler, de l’exploiter, pour accumuler un surplus : c’est ce qu’on appelle d’ordinaire une colonie. Tantôt au contraire, il s’agit de vider un territoire de son peuple, pour faire un bond en avant, quitte à faire venir une main-d’œuvre d’ailleurs. L’histoire du sionisme et d’Israël comme celle de l’Amérique est passée par là : comment faire le vide, comment vider un peuple ?

    Dans un entretien, Yasser Arafat marque la limite de la comparaison [Revue d’Études Palestiniennes, n° 2, hiver 1982], et cette limite forme aussi l’horizon de la Revue d’Études Palestiniennes : il y a un monde arabe, tandis que les Peaux-Rouges ne disposaient d’aucune base ou force hors du territoire dont on les expulsait.

    Elias Sanbar. – Nous sommes des expulsés particuliers parce que nous n’avons pas été déplacés vers des terres étrangères, mais vers la prolongation de notre « chez nous ». Nous avons été déplacés en terre arabe, où non seulement personne ne veut nous dissoudre mais où cette idée même est une aberration. Là je pense à l’immense hypocrisie de certaines affirmations israéliennes qui reprochent aux autres Arabes de ne pas nous avoir « intégrés » ce qui dans le langage israélien signifie « faire disparaître »... Nos expulseurs sont devenus subitement soucieux d’un prétendu racisme arabe à notre égard. Cela signifie-t-il que nous n’avons pas eu à affronter des contradictions dans certains pays arabes ? Certainement pas, mais ces affrontements ne provenaient quand même pas du fait que nous étions Arabes, ils étaient parfois inévitables parce que nous étions et que nous sommes une révolution en armes. Nous sommes également les Peaux-Rouges des colons juifs en Palestine. A leurs yeux notre seul et unique rôle consistait à disparaître. En cela il est certain que l’histoire de l’établissement d’Israël est une reprise du processus qui a donné naissance aux États-Unis d’Amérique.

    Il y a probablement là un des éléments essentiels pour comprendre leur solidarité réciproque. Il y a là également les éléments qui font que nous n’avions pas durant la période du Mandat à faire à une colonisation habituelle « classique », la cohabitation des colons et des colonisés [Sous régime militaire britannique jusqu’en 1921, la Palestine se voit ensuite placée, par la SDN, sous Mandat de la Grande-Bretagne. Le régime civil commence en 1923 et durera jusqu’au 15 mai 1948, date du départ des Britanniques et de la proclamation de l’État d’Israël.]. Les Français, les Anglais, etc. aspiraient à installer des espaces dans lesquels la présence des autochtones était la condition d’existence de ces espaces. Il fallait bien pour qu’une domination s’exerce que les dominés soient là. Cela créait qu’on le veuille ou non, des espaces communs, c’est-à-dire des réseaux, des secteurs, des niveaux de la vie sociale où se faisait précisément cette « rencontre » entre les colons et les colonisés. Qu’elle fût intolérable, écrasante, exploitante, dominatrice ne change rien au fait que « l’étranger » pour dominer le « local » devait commencer par être « en contact » avec lui.

    Arrive le sionisme qui part au contraire de la nécessité de notre absence, qui, plus que cela fait de la spécificité de ses membres (l’appartenance à des communautés juives) la pierre angulaire de notre rejet, de notre déplacement, du « transfert » et de la substitution qu’a si bien décrite Ilan Halevi [Ilan Halevi, Question juive, la tribu, la loi, l’espace, Paris, Éditions de Minuit, 1981]. C’est ainsi que sont nés pour nous, arrivés dans la même foulée que ceux que j’ai appelés les « colons étrangers », ceux qu’il me semble devoir appeler « les colons inconnus ». Ceux dont toute la démarche était de faire de leurs caractéristiques propres la base du rejet total de l’Autre.

    D’ailleurs, je pense qu’en 1948, notre pays n’a pas été seulement occupé mais qu’il a en quelque sorte « disparu ». C’est certainement ainsi que les colons juifs devenus à ce moment « les Israéliens » ont dû vivre la chose.

    Le mouvement sioniste a mobilisé la communauté juive en Palestine non point sur l’idée que les Palestiniens allaient partir un jour, mais sur l’idée que le pays était « vide ». Il y en eut, bien entendu, certains qui, arrivés sur place, constatèrent le contraire et l’écrivirent ! Mais le gros de cette communauté fonctionnait vis-à-vis de gens qu’elle côtoyait physiquement tous les jours, comme s’ils n’étaient pas là. Et cet aveuglement n’était pas physique, personne n’était dupe au premier degré, mais tout le monde savait que ce peuple aujourd’hui présent était « en instance de disparition », tout le monde réalisait aussi que pour que cette disparition puisse réussir, il fallait fonctionner dès le départ comme si elle avait déjà eu lieu, c’est- à-dire en « ne voyant » jamais l’existence de l’autre, pourtant ultra présent. Le vide sur le terrain devait pour réussir partir d’une évacuation de « l’autre » de la propre tête des colons.

    Pour y arriver le mouvement sioniste a joué à fond sur une vision raciste qui faisait du judaïsme la base même de l’expulsion, du rejet de l’autre. Il y a été décisivement aidé par les persécutions en Europe, qui, menés par d’autres racistes, lui permettaient de trouver une confirmation à sa propre démarche.

    Nous pensons d’ailleurs que le sionisme a emprisonné les Juifs, il les tient captifs de cette vision que je viens de décrire. Je dis bien qu’il les tient captifs et non qu’il les a tenus à un moment donné. Je le dis parce qu’une fois l’holocauste passé, la démarche a évolué, elle s’est mutée dans un pseudo « principe éternel » qui veut que les Juifs soient partout et en tout temps « l’Autre » des sociétés où ils vivent.

    Or, il n’y a aucun peuple, aucune communauté qui puisse – et heureusement pour eux – prétendre occuper immuable- ment cette position de « l’Autre » rejeté et maudit.

    Aujourd’hui, l’Autre au Proche-Orient, c’est l’Arabe, c’est le Palestinien. Et comble d’hypocrisie et de cynisme, c’est à cet Autre dont la disparition est constamment à l’ordre du jour que les puissances occidentales demandent des garanties. Or, c’est nous qui avons besoin d’être garantis contre la folie des chefs militaires israéliens.

    Malgré cela l’OLP notre seul et unique représentant, a présenté sa solution du conflit, l’État démocratique en Palestine, un État où seraient abattus les murs existant entre tous ses habitants, quels qu’ils soient.

    Gilles Deleuze. – La Revue d’Études Palestiniennes a son manifeste, qui tient dans les deux premières pages du n° 1 : nous sommes « un peuple comme les autres ». C’est un cri dont le sens est multiple. En premier lieu, c’est un rappel, ou un appel.

    On ne cesse de reprocher aux Palestiniens de ne pas vouloir reconnaître Israël. Voyez, disent les Israéliens, ils veulent nous détruire. Mais cela fait plus de 50 ans que les Palestiniens luttent eux-mêmes pour être reconnus.

    En second lieu, c’est une opposition. Car le manifeste d’Israël, c’est plutôt « nous ne sommes pas un peuple comme les autres », par notre transcendance et l’énormité de nos persécutions. D’où l’importance, dans le no 2 de la Revue, de deux textes d’écrivains israéliens sur l’holocauste, sur les réactions sionistes à l’holocauste, et sur la signification qu’a pris l’événement en Israël, par rapport aux Palestiniens et à l’ensemble du monde arabe qui n’y ont pas trempé. Exigeant « d’être traité comme un peuple hors de la norme », l’État d’Israël se maintient d’autant plus dans une situation de dépendance économique et financière par rapport à l’Occident, telle qu’aucun État n’en a jamais connu de semblable (Boaz Evron, « Les interprétations de l’“Holocauste” : Un danger pour le peuple juif », Revue d’Études Palestiniennes, no 2, hiver 1982). C’est pourquoi les Palestiniens tiennent tant à la revendication opposée : devenir ce qu’ils sont, c’est-à-dire un peuple tout à fait « normal ».

    Contre l’histoire apocalyptique, il y a un sens de l’histoire qui ne fait qu’un avec le possible, la multiplicité du possible, le foisonnement des possibles à chaque moment. N’est-ce pas cela que la Revue veut montrer même et surtout dans ses analyses actuelles ?

    Elias Sanbar. – Absolument. Cette question du rappel au monde de notre existence est certainement pleine de sens, mais elle est aussi d’une extrême simplicité. C’est une sorte de vérité qui, dès qu’elle sera vraiment admise, rendra la tâche très difficile à ceux qui ont prévu la disparition du peuple palestinien. Car, finalement, ce qu’elle dit, c’est que tout peuple a en quelque sorte « droit au droit ». C’est une évidence, mais d’une force telle qu’elle représente un peu le point de départ et le point d’arrivée de toute lutte politique. Prenons les sionistes, que disent-ils à ce sujet ? Jamais tu ne les entendras dire « le peuple palestinien n’a droit à rien » aucune force ne peut soutenir une telle position et ils le savent très bien. Tu les entendras par contre certainement affirmer « il n’y a pas de peuple palestinien ».

    C’est pour cela que notre affirmation de l’existence du peuple palestinien est, pourquoi ne pas le dire, beaucoup plus forte qu’il n’y paraît à première vue.

  • #Suisse : Renvois par #vols_spéciaux : #déficiences et #conflits_d’intérêt révélés par les médias suisses

    Après deux années de procédure, ESH Médias (ArcInfo, Le Nouvelliste et La Côte), La Liberté et Le Temps ont eu gain de cause devant le Tribunal administratif fédéral au nom de la Loi sur la transparence. Le Secrétariat d’État aux Migrations (SEM) a dû leur transmettre quatre rapports de surveillance, traitant de l’#accompagnement_médical des personnes renvoyées par vols spéciaux, qu’il ne souhaitait pas rendre publics. Ces rapports de JDMT Medical Services dénoncent des déficiences systématiques dans l’accompagnement médical des retours par vols spéciaux de 2019 à 2022, ainsi que les conflits d’intérêts d’Oseara, société mandatée par le SEM chargée à la fois d’évaluer l’aptitude au vol des personnes et d’assurer l’accompagnement médical lors de ces vols spéciaux.

    Nous saluons la démarche et la ténacité d’ESH Médias, La Liberté et Le Temps, et vous invitons à lire les articles de leurs journalistes Bayron Schwyn, Philippe Boeglin et Xavier Lambiel :

    > Bayron Schwyn dans ArcInfo, Renvois forcés de migrants en Suisse : dix ans d’opacité et de lacunes autour de l’accompagnement médical (17.10.23 : https://www.arcinfo.ch/suisse/renvois-forces-de-migrants-en-suisse-dix-ans-dopacite-et-de-lacunes-autour-d), Le Nouvelliste, Renvois forcés de migrants en Suisse : dix ans d’opacité et de lacunes autour de l’accompagnement médical, (17.10.23 : https://www.lenouvelliste.ch/suisse/renvois-forces-de-migrants-en-suisse-dix-ans-dopacite-et-de-lacunes-au), et La Côte, Renvois forcés de migrants en Suisse : dix ans d’#opacité et de #lacunes autour de l’accompagnement médical (17.10.23 : https://www.lacote.ch/suisse/renvois-forces-de-migrants-en-suisse-dix-ans-dopacite-et-de-lacunes-autour-de)

    > Philippe Boeglin dans Le Temps, Renvois de migrants par avion : la Suisse vertement critiquée, (17.10.23 : https://www.letemps.ch/suisse/renvois-de-migrants-par-avion-le-secretariat-d-etat-aux-migrations-et-la-soc) et Commentaire dans Le Temps, Oui aux renvois, mais pas comme cela (17.10.23 : https://www.letemps.ch/opinions/oui-aux-renvois-mais-pas-comme-cela)

    > Xavier Lambiel dans La Liberté, Vols spéciaux : les pratiques douteuses de la société chargée du suivi médical des requérants déboutés (17.10.23 : https://www.laliberte.ch/news/suisse/vols-speciaux-les-pratiques-douteuses-de-la-societe-chargee-du-suivi-medic), Le Courrier, L’autre face sombre des renvois (17.10.23 : https://lecourrier.ch/2023/10/17/lautre-face-sombre-des-renvois), et Le Quotidien Jurassien, Renvois forcés des migrants : dix ans d’opacité et de lacunes (16.10.23 : https://www.lqj.ch/articles/renvois-forces-des-migrants-dix-ans-dopacite-et-de-lacunes-62781)

    https://asile.ch/2023/10/17/renvois-par-vols-speciaux-deficiences-et-conflits-dinteret-reveles-au-grand-jo
    #vol_spécial #migrations #réfugiés #sans-papiers #renvois #expulsions #renvois_forcés

  • Kiev aprovecha crisis en Israel para autopromoción pese al legado de antisemitismo
    https://rumble.com/v3px7ha-kiev-aprovecha-crisis-en-israel-para-autopromocin-pese-al-legado-de-
    En medio de la escalada del conflicto palestino-israelí, EE.UU. afirma que está dispuesto a apoyar simultáneamente tanto a Ucrania como a Israel. Mientras, el presidente ucraniano, Vladímir Zelenski, apuesta por hacer paralelismos entre ambos conflictos. El profesor, periodista y dirigente político Gustavo Espinoza opina que Zelenski expresa su apoyo a Israel solo porque está al servicio de EE.UU. y sus corporaciones armamentísticas

    https://pbs.twimg.com/card_img/1714352556355284992/hVVwjkwU?format=jpg&name=small

  • Après les attaques du Hamas contre Israël : le retour de la guerre ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-esprit-public/attaque-du-hamas-contre-israel-emission-speciale-2382199
    https://rf.proxycast.org/51be84bb-e0e5-43d2-af95-814fb21f6c06/16119-08.10.2023-ITEMA_23512537-2023C6119S0281-21.mp3


    Retour sur la situation au Moyen-Orient après l’assaut mené par le Hamas contre Israël, marqué par des actions terroristes, des prises d’otages de civils et plusieurs centaines de morts et suivi par des représailles de Tsahal. Avec
    - Charles Enderlin Écrivain, journaliste, ancien corresp. de F2 à Jérusalem
    - Frédérique Schillo Historienne, spécialiste d’Israël et des Relations internat.
    - Bertrand Badie Professeur des relations internationales
    - Benjamin Barthe Correspondant du « Monde » au Proche-Orient.
    - Yves Aubin de La Messuzière Diplomate, ancien ambassadeur de France à Tunis de 2002 à 2005.

    Depuis le lancement, hier à l’aube, de l’offensive aérienne, terrestre et maritime, du Hamas sur Israël, la situation est loin de se stabiliser. Les autorités israéliennes font état de 300 morts, tandis que les autorités de Gaza en dénombrent 313 après les frappes d’hier.

    L’armée israélienne reconnaît qu’il reste huit zones de combat actives avec les forces du Hamas, engage les habitants de certains quartiers de Gaza de les quitter en prévision des frappes qu’elle devrait y faire et demande aux habitants de villages israéliens proches de Gaza de les évacuer.

    Le Hezbollah libanais revendique des tirs sur Israël, tirs qui ont provoqué en retour des frappes israéliennes au Sud-Liban.
    Otages israéliens

    Le premier ministre Benjamin Natanyahou a afffirmé dès hier qu’Israël vivait une nouvelle "guerre" et a promis d’utiliser toute la puissance de Tsahal pour détruire toutes les capacités du Hamas et faire de ses caches des ruines. Une promesse rendue plus complexe par la présence possible, dans ces caches, des otages israéliens que les soldats du Hamas ont emmenés à Gaza et dont personne ne connaît le nombre exact.

    Devant cette offensive, l’ensemble des partis israéliens ont professé une union nationale, mais l’opinion n’est pas exempte de critique face à la surprise de voir les capacités de renseignement israéliennes dépassées et la crainte que le conflit ne s’étende à la région entière.

    Chacun, en Israël et ailleurs, note et classe les réactions officielles de chaque pays pour envisager leurs réactions futures face au développement potentiel du conflit.

    Que signifie la déclaration d’une Chine « fortement préoccupée » ? Que veut dire le communiqué turc qui se dit prêt à contribuer à la désescalade et condamne les pertes en vies civiles ? Que veut dire le Hezbollah quand il écrit qu’il suit de près les développements importants sur la scène palestinienne ? Comment va évoluer le rapprochement entre Israël et l’Arabie Saoudite après que le ministre des affaires étrangères a déclaré hier que son pays « a mis en garde Israël contre les risques possibles d’escalade dus à l’occupations et à la privation du peuple palestinien de ses droits légitimes ainsi qu’aux provocations systématiques contre les lieux saints » ?

    Excellente émission, qui se distingue par la justesse et la précision des interventions !

    • Benjamin Barthe : « on entendait beaucoup dans les discours des chancelleries occidentales que le statut quo est intenable mais dans les faits les chancelleries se sont contentés de ce statu quo aussi longtemps que c’était les palestiniens qui en payaient le prix »

      Badie Bertrand : « le fond de tout cela c’est la certitude presque consensuelle partagée par tout le monde que le dossier palestinien n’existait plus. il y a eu un choix de sortir le dossier palestinien de l’agenda international ; ils vous disaient tous ça c’est fini »

      Fred Schillo : « le manquement terrible de Tsahal hier il est du aussi à la politique de Netanyaou ; les soldats ne sont pas arrivés à temps, et cela c’est le fait de la politique de Netanyaou pourquoi ? parce que les 3/4 des troupes israéliennes sont en Cisjordanie ; d’une certaine façon les responsables politiques ont été avertis, de très proches de Netanyaou lui ont dit que Israël était dans un État de tel vulnérabilité que le Hamas pourrait en profiter, il n’en a pas tenu compte le Hamas en a tenu compte »

      Benjamin Barthe : « pour les palestiniens il n’y a jamais eu de paix ; la séparation administrative imposée par Israël entre la Cisjordanie et de Gaza elle date de 1991 avant l’arrivée du Hamas au pouvoir »

      Bertrand Badie : « pour la 1 ère fois on a montré que l’inter-étatique ne résistait à des pressions venues de l’intérieur des sociétés ; ça prouve qu’on ne vend pas la Palestine comme un appartement »

    • La logique de guerre du Hamas (Ivan Segré)

      https://lundi.am/La-logique-de-guerre-du-Hamas

      Netanyahou va donc pouvoir pointer du doigt le #Hamas et dire aux contestataires : « Votre ennemi, c’est lui, pas moi ».

      Et il aura raison.

      Car ce n’est pas contre la politique du gouvernement le plus à droite de l’histoire de l’Etat d’Israël qu’a été lancée l’attaque du Hamas. C’est contre la société civile qui en contestait la légitimité d’une manière inédite depuis janvier 2023.

      Et nous étions plusieurs à le pressentir : une attaque du Hamas, voilà qui mettrait aussitôt fin à la possible révolution…

    • quelqu’un a proposé une théorie du coup tordu à 3 bandes de Netanyahou pour se débarrasser définitivement du Hamas ? Genre : il est parfaitement au courant qu’une attaque de grande ampleur est en préparation, en connaît les impact probables, a une estimation du nombre de morts Israéliens mais pas de date précise et « laisse venir » ; une sorte de piège. Le Hamas saute sur l’occasion et déclare la guerre ; Tsahal, Shin Bet et consorts prennent la honte internationale de n’avoir rien vu venir (sauf que, si), sécurisent le périmètre et limitent l’étendue des dégâts côté Israel et répliquent, selon le plan, en éradiquant le Hamas - et peut-être Gaza avec. Grand prince, Bibi offre aux civils de vider les lieux avant le grand nettoyage.

      Pur conspité ?

    • @parpaing : ah ah, je me demandais combien de temps ça prendrait pour qu’on ait cet inévitable texte adressé à la « gauche anti-impérialiste naïve et campiste » qu’on a systématiquement, expliquant que le Hamas et le Hezbollah, c’est pas vraiment la résistance, en fait c’est des contre-révolutionnaires dont le vrai but c’est de s’attaquer aux vrais progressistes (dont la forme idéale fut a gay girl in Damascus).

      Grâce à l’accélération du temps des interwebz, c’est désormais instantané.

    • @arno

      Pour ma part, je ne suis pas forcément en accord avec tout les (extraits) de textes que je relaie sur seenthis.

      Je me doutais bien que poster ce commentaire ferait réagir.

      En vrai, sur ce sujet, je n’y connais pas grand chose.

      Je trouve néanmoins la thèse intéressante. (Bien que si elle était vraie, elle serait forcément incomplète. On agit pas seulement en fonction de la forme que l’on se fait de son ennemi. On est d’abord mû par nos propres nécessités.)

      Je veux bien de toutes autres références (mais je peux me passer du ton hautain).

      Par ailleurs, le Wall Street Journal affirme que Téhéran aurait donné son accord, le 2 octobre, à l’opération contre Israël.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/09/interrogations-sur-le-role-de-l-iran-dans-l-attaque-du-hamas_6193297_3210.ht

    • À tout le moins : l’ensemble du texte repose sur l’idée qu’il y aurait réellement une révolution anti-capitaliste en marche en Israël, ça me semble déjà totalement farfelu. Mais en plus, ça serait ça la réelle motivation du Hamas : détruire la possibilité d’une révolution anti-capitaliste en Israël (il est notoire que le Hamas n’a que ça à faire, de se mêler de la démocratie des israéliens).

      Même dans un roman de politique-fiction, je trouverais ça totalement idiot. La radicalisation israélienne, alimentée par la colonisation, est documentée depuis des années, les jeunes progressistes quittent le pays depuis des années (notamment pour aller à Berlin) et l’élection du gouvernement le plus ouvertement fascisant de son histoire n’a même pas été une grosse surprise. Alors l’idée qu’on serait au bord d’une révolution progressiste, pfiou. (Imaginons qu’on prétende, pendant les émeutes après la mort de Nahel, que ces émeutes, en fait, le but c’est de bloquer la révolution progressiste et anticapitaliste qui était en train de se produire en France.)

      (L’idée qu’en plus il faudrait que les Palestiniens attendent sagement une telle « révolution » chez leurs oppresseurs pour qu’enfin leurs colonisateurs leur accorde les droits humains qui leur reviennent, hé ben dites donc…)

    • Oui, la partie où il indique que la société israélienne va basculer, c’est la partie drolatique du texte. Ça ne fait que 30 ans qu’on te dit qu’il y’a une vraie gauche qui va arriver au pouvoir. Et c’est à chaque fois de plus en plus à droite. Sur la même pente que chez nous en Europe, en France, en Allemagne...

    • Après l’attaque du Hamas, l’union sacrée des Israéliens pour leur armée

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/16/apres-l-attaque-du-hamas-l-union-sacree-des-israeliens-pour-leur-armee_61948

      « Le samedi soir, toute notre organisation, qui servait à la mobilisation contre Nétanyahou, a changé de nature : c’est devenu une organisation humanitaire », raconte Nadav Salzberger. A commencer par les groupes WhatsApp et Telegram, relais des images de la terreur causée par l’attaque du Hamas, relais aussi des opérations de solidarité. Les 15 000 membres de son groupe militant sont devenus les fourmis d’un mouvement social de guerre. Et la politique, qui en constituait la motivation, a instantanément disparu, remplacée par une forme de patriotisme opérationnel, pratique, concret, où chacun contribue comme il le peut.

      [...]

      Le passé n’a pas été effacé, il est comme suspendu, le rejet de Nétanyahou mis de côté provisoirement. « Dans toute notre histoire, nous n’avions probablement jamais atteint un tel niveau de divisions. Le désastre que nous venons de subir a tout changé », souligne le leader étudiant, Nadav Salzberg. « Il y a ici des personnes qui, dix jours avant, se haïssaient. Là, elles travaillent ensemble, pointe Esther Grego, cadre supérieure au sein d’une grande entreprise, parmi les organisateurs du collectif. Nous ne sommes plus de droite ou de gauche. Ce n’est pas le temps de la politique. » Lee Moser, associée dans un fonds d’investissement, responsable des donations au QG des volontaires de Tel-Aviv, fait une pause dans sa recherche des millions de dollars qui manquent pour financer toutes les opérations : « Plus tard, nous parlerons des faillites qui nous ont conduits ici, mais ce n’est pas le moment. »

  • 6 raisons de se mobiliser le 13 octobre 2023, à l’appel de l’intersyndicale | CGT
    https://www.cgt.fr/13oct

    Fort·es de la mobilisation historique pour les retraites, nous sommes déterminé·es, uni·es dans une intersyndicale à l’offensive pour gagner des droits en faveur du monde du travail.

    On a bien compris que le but des orgas syndicales ça consiste essentiellement à renforcer l’appareil. Vous pouvez vous la fourrer grave votre putain de mobilisation de la rentrée.

    • Le NPA (de Poutou et Besancenot) n’émet aucune critique contre la politique calamiteuse des directions syndicales. On attend autre chose des « anticapitalistes »... qu’un suivisme moutonnier des bureaucraties syndicales


      https://twitter.com/GastonLefranc/status/1710549605199278120

      Agirc-Arcco : les syndicats entérinent la possibilité d’une baisse des pensions par rapport à l’inflation
      https://tendanceclaire.org/breve.php?id=43635

      Ce mercredi, les négociations des retraites complémentaires entre organisations patronales et syndicales se sont clôturées par un accord actant d’une probable baisse des pensions réelles dès 2024. Un nouveau signal de l’impasse du dialogue social.

    • Merci pour ton commentaire @marielle :-) mais, pour ce qui me concerne, je n’attends pas grand-chose des organisations politiques, de façon générale.

      Je ne condamne pas non plus par principe, ces orgas, car la réalité montre que les mouvements sociaux sont composés de militant·es de toute obédience, qu’iels soient ou non organisé·es, certain·es ayant, sur le papier, des positions politiques très éloignées de la mienne, alors que nous partageons concrètement les mêmes actions de lutte (par exemple, lors de grèves ou de blocages) ; mais là n’est pas mon propos.

      Il me semble important aujourd’hui d’apporter quelques éléments d’information complémentaires pour expliciter mon message, ci-dessus – au ton quelque peu juvénile, je le reconnais - envoyé sous l’emprise de la colère.

      Hier, après une semaine d’absence, j’ouvre mon courrier, parmi lequel le journal de l’UD CGT dont je dépends (bien que n’exerçant plus aucun mandat, je reçois toujours cette presse militante).

      Il n’existe pas de version web de ce journal mais je vous résume le propos général : suite à la mobilisation des retraites, il est indispensable de se convaincre qu’on a gagné (alors qu’on a perdu). On fanfaronne en relayant l’information, trouvée dans la presse mainstream, selon quoi les syndicats se seraient « renforcés » après la mobilisation des retraites. La bonne affaire !

      Donc, en résumé, la mobilisation contre les retraites, c’est tout bénef pour le syndicat...

      C’est à peu de chose près ce type de discours que je retrouve dans l’appel de l’intersyndical du 13 octobre et dans l’argumentaire de la CGT, que j’ai mis en citation ci-dessus.

      Comme si le renforcement des structures syndicales, par l’apport de nouveaux adhérents, étaient en soi une finalité, alors que, souvent, nous n’avons pas même été en mesure de tenir certaines actions de blocage, pourtant initiées par les structures locales mêmes de la CGT, faute de forces militantes ; les non-syndiqués étaient même parfois plus nombreux.

      Et surtout : sans s’auto-flageller, nous devons rappeler que nous n’avons pas été en mesure de faire reculer le gouvernement sur la « mère de toutes les batailles ».

      Reconnaître notre échec sur cette mobilisation, où l’enjeu dépasse largement le recul de l’âge de départ à la retraite, aurait été la moindre des choses. Ce n’était que rendre justice à l’intelligence des militant·es qui étaient sur le terrain.

      Cela aurait probablement contraint de reconnaître que les moyens n’étaient pas à la hauteur. Cela aurait peut-être obligé d’admettre que, désormais, plus d’autre solution syndicale que la grève générale et le blocage de l’économie ne permettra d’imposer un rapport de force, face à la brutalité de l’État.

      Le discours triomphaliste des organisations syndicales,au contraire, entre en contradiction avec le principe de réalité le plus élémentaire. Il fait preuve du pire mépris paternaliste à l’encontre des adhérent·es et militant·es, comme s’iels n’étaient pas capable de comprendre la réalité.

      Voilà pourquoi j’étais dans une colère noire. Une colère que je ne manquerai pas de faire valoir directement aux intéressés, à mon niveau.

      Mon propos n’est pas subitement devenu antisyndical primaire. Je reste toujours convaincu que le syndicat (Solidaires, CGT, FSU, les trois CNT, notamment) reste la seule hypothèse concrète d’espace de résistance collective, voire de lutte de classe, en entreprise, tant qu’il n’y aura pas d’alternative. Je reste toujours en lien avec des militants syndicaux. On ne se refait pas.

      Ici où là (notamment sur seenthis) des appels à manifester le 13 octobre 2023 sont publiés.

      Allez-y donc, pas de problème ! Ne comptez pas sur moi pour vous apporter la contradiction sur ce terrain.

      L’enjeu n’est pas d’aller ou de ne pas aller le 13 octobre. De toute façon, il est probable que ce soit un bide, comme le sont la plupart des manifs de rentrée, prévue essentiellement pour mettre en marche l’appareil revendicatif et chauffer les militant·es. On n’est pas obligé de se raconter des histoires jusqu’au bout.

      Je ne suis pas né de la dernière pluie. Les ritournelles syndicales, dont la traditionnelle manifestation de rentrée ne me sont pas inconnues. Tout le monde sait qu’il y aura ensuite, comme d’habitude, des manifs « contre la vie chère », pour « les salaires », pour « la défense du service public », des rassemblement à 12h (constitués que de permanents) devant l’assemblée nationale contre des lois toujours plus destructrices (depuis le temps, on se demande d’ailleurs, ce qu’il reste à détruire), et l’inévitable 1er mai…

      Tout ceci ne reste qu’un maudit folklore tant qu’on en reste à faire tourner les boutiques syndicales, dont les structures de négociation trouvent si bien leur place dans l’ordre des choses. Tout ceci n’empêche pas, par ailleurs, que des personnes aient besoin de s’organiser dans des syndicats pour défendre leurs droits, en faisant appel à des permanents, pour s’organiser et se former. On sait tout ça.

      Par contre, il m’est devenu insupportable de voir reprendre la ritournelle organisationnelle, 6 mois après la défaite des retraites, comme si de rien n’était.

  • Arabie saoudite : la nouvelle affaire Macron-Benalla | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/051023/arabie-saoudite-la-nouvelle-affaire-macron-benalla

    Après un contact direct avec le président Macron, la société française de cybersurveillance Nexa a utilisé Alexandre Benalla comme intermédiaire pour tenter de vendre des logiciels espions à l’Arabie saoudite, malgré l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Un an et demi après la découverte de ces faits très embarrassants pour l’Élysée, l’enquête judiciaire traîne.

    Ces gens n’envisagent le pouvoir que comme une affaire de grandes personnes. La responsabilité, c’est jouer avec le feu, avec les armes, avec ce qui est interdit aux enfants. Et les enfants, c’est l’essentiel de la population. Les adultes, ce sont ceux qui peuvent transgresser les interdits. Ces gens, qu’on laisse nous gouverner, ont une vision du pouvoir parfaitement immature, et dangereuse.

  • « Hallucinant. On a un président qui avait promis la fermeture des centrales à charbon pour 2022, qui, le 24 août dernier, a encore acté leur prolongement d’ici 2024 et qui désormais annonce en direct leur fin pour...2027.

    À ce niveau là, c’est un crime climatique. #Macron20h »

    Champion du pipeau. ✍️ Allan BARTE


    https://twitter.com/MickaCorreia/status/1706016945282171119

  • « N’y allons pas par quatre chemins : les bourgeois et leur champion, Emmanuel Macron, ont le vent en poupe. »

    Mais tout n’est pas joué :
    https://www.frustrationmagazine.fr/luttes-des-classes-2023

    L’automne arrive, le temps des piques niques et des canicules touche à sa fin (ou pas), mais les fans de football s’en fichent parce que, pour eux, seul compte le retour à la compétition. Après un mois de championnat, c’est le début des coupes d’Europe ! Enfin, on va savoir si notre club préféré a bien bossé lors du mercato d’été, cette période sans match durant laquelle chaque équipe fait le bilan de sa saison, analyse ses qualités et ses défauts mais surtout, tente de se renforcer pour celle à venir. En politique, on aurait pu faire pareil, nous retourner sur l’année écoulée pour préparer celle qui vient de commencer, mais il faut croire que ce travail important – demandez aux supporters du PSG – n’a pas été effectué. Dans ces conditions, difficile d’envisager une saison sans déception – demandez encore aux supporters du PSG. Alors on s’y est collé. Et si on s’en donne les moyens, qui sait, cette année pourrait bien être la nôtre – demandez aux supporters du PS… okay, j’arrête.

    N’y allons pas par quatre chemins : les bourgeois et leur champion, Emmanuel Macron, ont le vent en poupe. Leurs profits se portent bien, mieux que jamais même. Pour cause, notre président n’est pas le premier à défendre farouchement les intérêts de sa classe. Sarkozy et Hollande l’avaient également fait de bon cœur, comme à peu près tous ceux qui les ont précédés. Logique, donc, qu’ils aient un peu d’avance, et que le monde capitaliste pète le feu (du point de vue bourgeois du moins, et sans aucun mauvais jeu de mot avec le réchauffement climatique).

    Pourtant, la volonté de brosser les actionnaires dans le sens du poil tout en rackettant de plus en plus les travailleurs et les précaires confine, chez Macron plus encore que chez nos anciens présidents, à l’obsession pathologique. Les chômeurs ont vu leurs allocations baisser drastiquement (la réforme de 2021 a fait perdre à près d’un chômeur sur deux 13% de ses revenus en moyenne !), les bénéficiaires du RSA seront bientôt obligés de travailler 15h par semaine pour toucher leurs aides tandis qu’un nouveau régime de sanctions à leur encontre a été adopté au Sénat le 11 juillet, tandis qu’une nouvelle réforme du travail est prévue pour la rentrée – au risque de vous décevoir, il y a peu de chance qu’elle aille dans le sens d’une réappropriation des moyens de production par les travailleurs.

  • « Macron baratine sur l’écologie avec Charles entre deux coupes de Champagne à 3000 balles la bouteille et en même temps, il fait ça.
    Seuls les actes comptent et les siens sont impardonnables. »

    A69 : le militant écologiste Thomas Brail délogé de l’arbre qu’il occupait par les forces de l’ordre
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/a69-le-militant-ecologiste-thomas-brail-deloge-de-larbre-quil-occupait-pa

    « Sur ordre de la préfecture, la police démantèle le campement de Brail Thomas
    et des écureuils. Une des deux personnes qui accompagnaient Thomas est actuellement en GAV au commissariat du 7ème. »
    https://twitter.com/sdlt_idf/status/1705862684665626922
    Si on manifeste traditionnellement on est ignoré, si on rentre dans la désobéissance civile on est criminalisé, si on fait une grève de la faim/soif on est arrêté.
    L’évacuation de Thomas Brail rouvre le débat sur les modes de mobilisation des écologistes.

  • Sardegna, in arrivo pastori del #Kirghizistan per ripopolare i paesi dell’isola

    È l’accordo raggiunto tra #Coldiretti e il governo kirghiso che prevede l’arrivo di pastori abili nei lavori agricoli, assieme alle loro famiglie, in base all’intesa siglata col ministero del Lavoro della repubblica ex sovietica. L’obiettivo è salvare gli allevamenti e la tradizione agroalimentare nelle aree a rischio di spopolamento sull’isola

    Un accordo tra il lontano Kirghizistan - la repubblica ex sovietica più a est - e la Sardegna per salvare gli allevamenti e la tradizione agroalimentare nelle aree a rischio di spopolamento sull’isola nostrana. È l’accordo raggiunto da Coldiretti che prevede l’arrivo di pastori kirghisi abili nei lavori agricoli, assieme alle loro famiglie, in base all’intesa siglata col ministero del Lavoro della repubblica ex sovietica distante circa 6 mila chilometri dall’isola.

    Un progetto pilota

    Sarà avviato un progetto pilota, professionale e sociale, che prevede l’arrivo di un primo gruppo di un centinaio di kirghisi in Sardegna ( tra i 18 e i 45 anni) con capacità professionali specifiche nel settore primario che seguiranno un percorso di formazione e integrazione nel tessuto economico e sociale della Sardegna, con opportunità anche per le mogli nell’attività dell’assistenza familiare. Coldiretti lo presenta come un progetto di medio-lungo periodo per l’inserimento di migliaia stranieri, a seconda della domanda, in tre distretti rurali: Sassari, Barbagie e Sarrabus, con l’aiuto di mediatori culturali. «In Kirghizistan - precisa la Coldiretti - è fortemente presente l’attività allevamento con profonde conoscenze dell’attività casearia, diffuse competenze soprattutto nella realizzazione di formaggio da latte di pecora ma anche nell’allevamento dei cavalli. Nel Paese sono allevate soprattutto pecore di razza karakul e argali che raggiungono per il maschio adulto sino a 80 chili di peso». Il progetto pilota è stato concordato in collaborazione con l’ambasciatore del Kirghizistan in Italia, Taalay Bazarbaev.
    Contratti di apprendistato e poi tempo indeterminato

    L’accordo - precisa Coldiretti - prevede contratti di apprendistato e poi a tempo indeterminato, con la possibilità di occupare le tante case sfitte nei piccoli centri dell’Isola. Una prima selezione sarà affidata inizialmente dal ministero del lavoro kirghizo che preparerà i bandi per l’individuazione di personale per la Sardegna, dopo la firma di un protocollo tra Coldiretti e il governo kirghiso, col sostegno del ministero degli Affari esteri e di quello dell’Agricoltura, della sovranià alimentare e foreste.
    In Italia i lavoratori stranieri occupati in agricoltura - secondo Coldiretti - sono per la maggior parte provenienti da Romania, Marocco, India e Albania. Si tratta soprattutto di dipendenti a tempo determinato che arrivano dall’estero e che ogni anno attraversano il confine per un lavoro stagionale per poi tornare nel proprio Paese.

    https://tg24.sky.it/cronaca/2023/09/18/sardegna-pastori-kirghizistan

    #dépeuplement #Sardaigne #repeuplement #migrations #travail #travailleurs_étrangers #accord #pasteurs #élevage #Italie

  • Emmanuel Macron et le pape François, deux visions divergentes de l’immigration
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/22/emmanuel-macron-et-le-pape-francois-deux-visions-divergentes-de-l-immigratio

    Emmanuel Macron et le pape François, deux visions divergentes de l’immigration
    Le chef de l’Etat et le souverain pontife, qui se rencontrent samedi en marge de la visite épiscopale à Marseille, défendent respectivement une politique de fermeté et de contrôle des flux migratoires et un accueil le plus large possible.
    Par Julia Pascual
    « La France n’accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa. (…) Ce n’est pas en accueillant plus de personnes que l’on va tarir un flux qui évidemment touche nos capacités d’intégration. » Mercredi 20 septembre, sur TF1, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a adressé un message de « fermeté », alors que l’île italienne de Lampedusa a été confrontée à plusieurs milliers d’arrivées de migrants en quelques jours. Un message, bien que tempéré d’un appel à protéger les réfugiés, qui cogne avec celui porté par le pape François, attendu à Marseille, vendredi 22 et samedi 23 septembre, à l’occasion des Rencontres méditerranéennes et qui doit consacrer une prière aux migrants disparus en mer.
    Le souverain pontife a fait de Lampedusa un symbole de son message d’ouverture, dès son premier déplacement, en 2013, pour dénoncer la « mondialisation de l’indifférence ». Samedi, il doit rencontrer le président de la République, Emmanuel Macron, à Marseille. Evoqueront-ils le sujet ? Sera-ce, alors, l’occasion de trouver un terrain d’entente ou de mesurer ce qui les sépare ?« Pour le pape, l’accueil doit être très large et il est évident qu’il n’y a pas cette volonté de la part du président de la République, comme l’a rappelé le ministre de l’intérieur », explique Eric Millot, directeur du service national mission et migrations de la Conférence des évêques de France. Dans une tribune publiée par Le Monde, le 2 janvier 2017, alors qu’il n’était que candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait pourtant regretté que lorsque « l’Italie affrontait seule l’arrivée des réfugiés à Lampedusa, au point que le pape François s’en [était] vivement ému, ni la France ni l’Allemagne n’[aient] été au rendez-vous ». Il estimait que l’Allemagne avait, par la suite, « sauvé notre dignité collective en accueillant des réfugiés en détresse ».
    A l’épreuve du pouvoir, sa vision libérale s’est raidie. « A ces fonctions, vous prenez la pleine mesure de certains enjeux tels que la sécurité et la menace terroriste ; le ministère de l’intérieur, dans ce qu’il a de conformiste, a joué à plein et Emmanuel Macron est par ailleurs très conscient du délitement social du pays et de la montée de l’extrême droite, analyse Pascal Brice, ancien directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et actuel président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Je partage cette inquiétude, mais quelle politique en tire-t-on ? C’est bien ça la question. » En six années de pouvoir, le chef de l’Etat a, à son bilan, d’avoir poussé deux lois immigration. La première, dite « loi Collomb », adoptée en 2018, avait déchiré la majorité présidentielle à l’Assemblée car jugée trop dure par son aile gauche. La seconde – sur laquelle le gouvernement veut trouver un accord avec la droite – arrive en séance publique au Sénat début novembre. Entre ces deux textes, M. Macron a fait de l’immigration un thème de la grande consultation citoyenne lancée à la suite du mouvement des « gilets jaunes » – alors même qu’il ne ressortait pas des cahiers de doléances du grand débat national –, de même qu’il a voulu un débat sur l’immigration au Parlement, en 2019.
    Sa politique est censée naviguer entre fermeté et humanité avec, d’une part, une reprise du « contrôle » des flux incarnée par l’amélioration des expulsions et, d’autre part, des efforts sur l’intégration et la préservation de l’asile. « Il y a une colonne vertébrale sur le respect du droit international qui est à mettre à son crédit », souligne un préfet, au moment où la droite républicaine veut s’en affranchir pour se conformer à la « volonté populaire ».Cet attachement s’est traduit, notamment, par l’engagement de la France à accueillir des réfugiés réinstallés depuis des pays tiers (bien que les objectifs soient passés de 10 000 entre 2017 et 2019 à 3 000 entre 2021 et 2023). Mais il est contrebalancé par d’autres actes symboliques : en 2018, la France a refusé d’accueillir le bateau de sauvetage de migrants Aquarius, le laissant mettre le cap vers l’Espagne alors que l’Italie refusait d’ouvrir ses ports ; en octobre 2019, M. Macron a choisi de confier à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles sa vision de l’immigration, formulant, à cette occasion, le souhait intenable d’exécuter « 100 % » des obligations de quitter le territoire français. D’aucuns soulignent l’influence du chevènementiste Didier Leschi, actuel directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. « Si l’on prend en compte le ressentiment croissant des classes populaires, sur qui repose l’accueil, des mesures de régulation des flux sont nécessaires pour ne pas accentuer les problèmes sociaux, la concurrence dans l’accès au logement par exemple, et les difficultés d’intégration », défend ce dernier. « Macron est un politique, il regarde les rapports de force dans la société française, et d’une certaine manière, il les suit, estime Pierre Henry, président de France Fraternités et ancien directeur général de l’association France terre d’asile. Nous sommes dans un moment de bascule où on a le choix entre un modèle pragmatique d’accueil et le nationalisme, et on aurait aimé un président plus offensif face au déferlement idéologique de l’extrême droite. » Le silence des pouvoirs publics face aux attaques de l’extrême droite dans les zones rurales où existent des projets d’accueil de demandeurs d’asile – comme à Callac (Côtes-d’Armor) ou Saint-Brevin (Loire-Atlantique) – témoigne d’une ambivalence, alors qu’une politique de répartition territoriale des migrants est impulsée par l’Etat, ou encore que le nombre de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile a considérablement progressé sous M. Macron.
    Confronté à l’augmentation de l’immigration régulière, de la demande d’asile et des traversées de la Méditerranée, le chef de l’Etat a dit au Point, le 23 août : « La situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration. » Contraint par la situation économique du pays et les tensions de recrutement sur de nombreux secteurs, il envisage, dans le projet de loi à l’étude, de simplifier la régularisation de certains travailleurs sans-papiers. Une mesure érigée en ligne rouge par la droite. « S’il ne tient pas sur ce point, ce sera la preuve qu’il est à la remorque de la droite », prévient l’ancien eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, qui a longtemps échangé avec le chef de l’Etat sur ces questions-là.

    #Covid-19#migration#migrant#france#mediterranee#lampedusa#immigration#migrationirreguliere#asile#politiquemigratoire#droit#catholique#integration

  • Les obstacles à « la reconquête du vote populaire rural » : discussion sur l’ouvrage de Cagé et Piketty
    https://theconversation.com/les-obstacles-a-la-reconquete-du-vote-populaire-rural-discussion-su

    ... Mais à l’heure actuelle, la tendance générale reste la suivante : les campagnes qui attirent les potentiels électeurs de gauche ne sont pas celles où l’on retrouve les plus fortes proportions de classes populaires. Comme les autres groupes sociaux, les représentants du pôle culturel de l’espace social ont une attirance pour les lieux, urbains et ruraux, où se concentrent déjà des personnes qui leur ressemblent.

    Plus les différences d’opportunités d’emplois locaux, de styles de vie, de comportements politiques se polarisent géographiquement (et donc socialement), moins les espaces ruraux marqués par une domination du vote RN ont de probabilité d’attirer des individus et des groupes sociaux marqués à gauche.

    La droitisation se construit en partie ainsi et les réponses à y apporter diviseront probablement la gauche, à l’image de la ligne envisagée par François Ruffin, qui s’adresse à la fois aux classes populaires et à leurs proches artisans, auto-entrepreneurs, petits-patrons qui font office dans les sociabilités de leader d’opinion.

    Un « nous » à reconstruire

    Cagé et Piketty, tout au long de leur livre, font du « sentiment d’abandon » une clé d’explication du vote RN. Sans écarter ce cas de figure, mes enquêtes m’ont surtout amené à observer une attitude différente à partir du moment où les classes populaires rurales ne se voient pas imposer ce registre de réponse. Loin de se vivre en permanence comme « abandonnés » par Paris, ces hommes et femmes ont accès à une reconnaissance locale et rejettent fortement le mode de vie urbain.

    Alors qu’ils seraient plus anonymes en ville, les ouvrier·e·s et employé·e·s des villages sont pris dans des rapports de réciprocité intenses, où ce qui se passe ailleurs importe finalement moins. Les réduire, par une bienveillance située socialement, à cette image d’abandonnés ne ferait probablement que susciter chez eux le sentiment d’être incompris.

    C’est justement tout le succès du RN que d’avoir imposé ce registre de l’abandon dans le champ politique, tout en proposant à leur électorat un tableau cynique du lien social. Le RN vend aux classes populaires rurales une réification passéiste d’une prétendue tradition dans laquelle leur style de vie serait la norme universelle. Et plus encore, il promet une re-hiérarchisation des groupes sociaux de telle sorte que ces petits propriétaires s’assurent d’être toujours mieux traités que d’autres en dessous d’eux, ces autres issus de l’immigration avec qui la concurrence est présentée, de facto, comme inévitable.

    Les ouvriers et employées des zones rurales désindustrialisées, qui font l’expérience de la concurrence pour l’emploi et s’accommodent assez largement des discours anti-immigrés, reconnaissent ainsi au RN d’être le porteur d’une vision intrinsèquement conflictuelle et donc honnête du monde social.

    Les classes populaires n’ont pas le luxe de l’individualisme

    Là où la gauche pourrait prendre appui, c’est sur le fait que cette conflictualité vécue va de pair avec un besoin de solidarité. Les classes populaires n’ont pas le luxe de l’individualisme. Parce ce que rien n’est complètement acquis pour éviter de « tomber plus bas », il faut compter sur la reconnaissance et le soutien des autres. Ce que dit le RN, c’est que cette solidarité ne saurait exister autrement qu’au prix de l’exclusion d’une partie du reste du monde, sur des critères non pas sociaux mais ethnoraciaux.

    Ce positionnement a trouvé un écho facile chez les classes populaires rurales qui ont tendance à se revendiquer d’un « nous » sélectif, conflictuel, sous forme d’un « déjà nous » ou « nous d’abord » qui résonne avec les préférences proposées par l’extrême droite.

    C’est par cette solidarité à petit rayon que l’on pense s’en sortir dans un contexte où il n’y a pas suffisamment de travail et de ressources pour que tout le monde s’assure une respectabilité. En l’état actuel des rapports de force sociaux et politiques, il est difficilement envisageable de voir ce « déjà nous » être transformé, par le simple fait d’un nouveau discours de gauche, en un « nous les classes populaires ».

    Néanmoins, par optimisme, on peut se rappeler que malgré l’imprégnation des idées d’extrême droite, ce n’est pas contre les immigrés que les classes populaires rurales ont enfilé un gilet jaune. Il s’agissait bien de la nécessaire question de répartition des richesses face aux difficultés économiques vécues. Malgré son côté perfectible, c’est là tout l’intérêt du livre de Cagé et Piketty, que de vouloir recentrer le débat politique autour de ces questions, en apportant de l’empirique et du factuel à disposition de celles et ceux qui voudraient savoir de quoi il en retourne.

    Benoit Coquard, Sociologue, Inrae
    Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin
    https://www.inrae.fr/actualites/ceux-qui-restent-faire-sa-vie-campagnes-declin-8

  • Guerre en Ukraine : un missile et deux journalismes
    https://www.acrimed.org/Guerre-en-Ukraine-un-missile-et-deux-journalismes

    Le 6 septembre, un missile est tombé en plein cœur de la ville de Kostiantynivka (Ukraine) sur la place du marché, faisant 17 morts et plus de 30 blessés. Les médias sont unanimes : le missile vient des Russes. Mais 12 jours plus tard, après une enquête approfondie, le New York Times remet en question cette version. Une illustration de ce que peut faire le journalisme : le pire comme le meilleur.

    Le 6 septembre, l’AFP cite Volodymyr Zelensky : « L’artillerie des terroristes russes a tué 16 personnes dans la ville de Kostiantynivka, dans la région de Donetsk ». Aussitôt les médias reprennent à leur compte et avalisent l’information : ...

    ... Sur France Culture (journal de 18h, 6/09), encore, les faits sont présentés ainsi : « Dans l’est de l’Ukraine, une attaque russe contre la ville de Kostiantynivka a fait au moins 16 morts et 30 blessés. C’est un marché qui a été touché, ainsi que plusieurs autres commerces et une pharmacie. » Le 6 septembre, toujours, chez « Quotidien » sur TMC : « Cet après-midi, l’armée russe a commis un nouveau crime de guerre ». Et si la plupart des journaux télévisés ou de radio se contentent de résumer les faits tels que décrits par le président ukrainien, LCI se perd en conjectures. Dans son émission de fin de journée (« 24h Pujadas », 6/09), David Pujadas interroge ses invités : « Que s’est-il passé ? » Et le décryptage commence, images satellite et vidéos amateur à l’appui, les « analyses militaires » succèdent aux indignations sur le plateau. Puis Pujadas conclut : « un missile imprécis et peut-être la volonté de terroriser. »

    Problème : l’évidence de l’attaque russe est remise en doute douze jours plus tard par le New York Times, après une longue enquête menée par cinq journalistes. Extraits : « Les preuves recueillies et analysées par le New York Times, notamment des fragments de missiles, des images satellite, des témoignages et des publications sur les réseaux sociaux, suggèrent fortement que la frappe catastrophique était le résultat d’un missile de défense aérienne ukrainien errant tiré par un système de lancement Buk. » Ou la différence entre un journalisme qui réagit à chaud, faisant aveuglément confiance aux déclarations officielles (ukrainiennes et occidentales, en l’occurrence) et un #journalisme-d’enquête, qui prend le temps… d’enquêter. Hélas, c’est souvent le premier qui l’emporte sur le second, alors même que cet épisode n’est pas unique en son genre (voir par exemple le cas d’un missile tombé en Pologne, en novembre 2022).

    Par ailleurs, et comme le rapporte le New York Times, le doute s’installe dès lors que « les autorités ukrainiennes [tentent] d’empêcher les journalistes du Times d’accéder aux débris du missile et à la zone d’impact immédiatement après la frappe. » Le lendemain de cette publication, le gouvernement ukrainien rejette les affirmations du journal américain, affirmant que « la vérité sera établie de manière juridique ». Cet exemple exemplaire rappelle qu’en temps de guerre, les belligérants – des deux côtés et à leur manière – usent et abusent de leur #pouvoird’information et de #propagande. Et la guerre déclenchée par la Russie en envahissant l’#Ukraine n’y échappe pas, les médias devraient s’en souvenir.

    Mathias Reymond

    • Enfin aura t’on droit a un journalisme réel ? Car les ukrainiens écrivent leur histoire a leur façon, en accusant le camp adverse souvent de ces propres turpitudes et false flag ...Les ukrainiens refusent tous les journalistes étrangers, mêmes « amis » de ceux qui les soutiennent ..

  • Règlement CSAR : la #Surveillance de nos communications se joue maintenant à Bruxelles
    https://www.laquadrature.net/2023/09/18/reglement-csar-la-surveillance-de-nos-communications-se-joue-maintenan

    Il y a un peu plus d’un an, la Commission européenne proposait l’un des pires textes jamais pensés sur le numérique : le règlement CSAR, également appelé « Chat control ». Affichant l’objectif de lutter contre les…

    #Données_personnelles

    • Le cheval de Troie de la Commission : vers la fin du chiffrement

      En affichant l’objectif de protéger les enfants, l’Union européenne tente en réalité d’introduire une capacité de contrôle gigantesque de l’ensemble des vies numériques, concrétisant le rêve de surveillance de tout gouvernement. Ce texte a fait l’objet de tant de réactions qu’EDRi se demande si le CSAR ne serait pas la loi européenne la plus critiquée de tous les temps. Les critiques contre ce texte viennent des institutions européennes elles-mêmes, mais aussi d’organisations de défense des enfants en passant par les acteurs de la tech, ainsi que de scientifiques et chercheur·es où 465 d’entre eux ont signé une lettre contre cette proposition. Et à raison.

      Sur le plan technique, il faut comprendre que les injonctions de détections obligent les fournisseurs à analyser toutes les communications de l’ensemble des utilisateur·ices des services concernés. Et puisque les messages sont alors analysés avant d’être envoyés à leurs destinataires, cela supprime non seulement toute confidentialité mais cela rendra également inutile toute technique de chiffrement appliquée ultérieurement, c’est-à-dire une fois que le message à quitté l’appareil de l’utilisateur·ice. L’objectif premier du chiffrement est d’empêcher un tiers de lire le message. Le CSAR vise pourtant précisément à permettre une telle lecture tierce. De même, la recherche de photo ou vidéo « inconnue » est totalement inacceptable. En pratique, le risque de « faux positifs » est énorme et cela signifie que pourraient faire l’objet d’une alerte des contenus tout à fait légitimes tels le corps d’adulte d’apparence trop juvénile, une photo d’enfant envoyée dans un cadre familial ou encore des ados échangeant de façon consentante.

      Enfin, appliqué au cas particulier de la détection de contenus pédopornographiques, envisager la constitution et l’utilisation d’une telle base de données ne prend pas en compte la réalité des humains devant la manipuler, l’alimenter, et qui seront confrontés à des contenus difficiles quotidiennement. Sans parler du fait que les images des enfants victimes seront conservées pour « améliorer » l’efficacité de ces outils.

      Non seulement le CSAR crée des obligations disproportionnées et implique des techniques extrêmement intrusives, mais surtout ces mesures sont loin d’être pertinentes pour atteindre l’objectif crucial de protection des enfants et de lutte contre les abus sexuels. En effet, aucune étude sérieuse n’a été fournie sur l’adéquation, la fiabilité ou la pertinence de telles mesures extrêmement intrusives. Au contraire, il a été révélé par l’association allemande Gesellschaft für Freiheitsrechte que la Commission fondait sa proposition sur les seules allégations de l’industrie, particulièrement la fondation Thorn et Meta, pour justifier ce projet de règlement. Des institutions policières et judiciaires, comme en Allemagne par exemple, ont elles aussi exprimé leurs réserves sur l’utilité de ces dispositifs pour leurs enquêtes dès lors que cela ne répond pas aux problématiques qu’ils rencontrent au quotidien.

      Par ailleurs, depuis le début de la campagne contre ce texte, beaucoup de ressources ont été produites pour démontrer que la protection des enfants contre les abus passait principalement par des politiques de prévention ou d’éducation et que toute éventuelle réponse pénale devait être encadrée par des mesures ciblées et fondées sur des preuves tangibles. Comment a-t-on pu alors en arriver là ?

      La tentation autoritaire des États

      Cette proposition législative est une solution largement conçue par l’industrie, et ensuite généralisée par les élites politiques qui illustrent ainsi une nouvelle fois leur absurde propension au « solutionnisme technologique » et au renforcement de la surveillance numérique. Pour rendre acceptable ces mesures de surveillance, elles affichent un objectif qui fait l’unanimité. Mais tout le monde sait que la stratégie consiste avant tout à affaiblir le niveau de sécurité et de confidentialité des communications numériques. Depuis les crypto-wars des années 1990, un certain nombre d’États affirment que les technologies protégeant la vie privée, et principalement le chiffrement des communications, sont un obstacle aux enquêtes policières. De fait, ces technologies sont conçues pour cela, puisque c’est à cette condition qu’elle garantissent à toutes et tous la possibilité de contrôler nos modes d’expression et de communication. L’une des plus importantes conséquences des révélations du lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden, il y a dix ans, fut justement une démocratisation de la pratique du chiffrement et, à l’époque, l’établissement d’un relatif consensus en faveur du droit au chiffrement au plan institutionnel. Mais police et gouvernements sont gênés, et l’on assiste depuis plusieurs années au retour de positionnements autoritaires de dirigeants prenant tour à tour l’excuse du terrorisme, de la criminalité organisée et de la pédopornographie pour obtenir sa remise en cause.

      En France, aussi bien Bernard Cazeneuve qu’Emmanuel Macron ont déjà affirmé leur volonté de contrôler les messageries chiffrées, rêvant ainsi de percer l’intimité des millions de personnes qui les utilisent. Au cours d’une audition devant le Sénat le 5 avril dernier, Gérald Darmanin a expressément demandé pouvoir casser le chiffrement des militant·es écologistes et de « l’ultragauche », qui auraient une « culture du clandestin ». Aussi avons-nous récemment exposé comment, dans l’affaire dite du « 8 décembre », les services de renseignement et de police ont construit une narration similaire autour de l’utilisation d’outils respectueux de la vie privée par les personnes inculpées (Signal, Tor, Tails…), afin de dessiner le portrait de personnes criminelles ayant des choses à cacher ou la volonté de fuir la police. Au niveau européen, des fuites ont révélé l’intention de plusieurs États de réduire le niveau de sécurité du chiffrement de bout-en-bout, tels que l’Espagne qui veut tout simplement y mettre fin.

      Le règlement CSAR s’inscrit dans cette continuité et constitue une opportunité parfaite pour les États membres pour enfin concevoir et généraliser un outil de surveillance des échanges de la population et ainsi mettre fin aux obstacles posés par les services trop protecteurs de la vie privée. Mais passer ce cap, c’est supprimer toute confidentialité des communications qui passeraient par des infrastructures numériques. L’intégrité et la sécurité de ces dernières ne pourraient alors plus jamais être garanties dès lors que cette « porte dérobée » existe. C’est créer des occasions, aussi bien pour les États que les acteurs malveillants, de détourner et d’abuser de cette capacité d’entrer dans les téléphones et ordinateurs de la population. Enfin, c’est ouvrir une brèche, un espace à surveiller qui n’existait pas auparavant, et qui sera nécessairement étendu dans le futur par de nouvelles législations pour repérer d’autres types de contenus.

      Ce risque est dénoncé par des services tels que Signal, Proton ou Matrix, qui proposent des communications chiffrées de bout-en-bout et sécurisées — et promettent donc une confidentialité presque intégrale. Cette proposition viendrait casser leur promesse en les obligeant à analyser les contenus et à créer une vulnérabilité dans leurs technologies. Ce risque a également été récemment dénoncé par Apple : pour justifier la fin de l’analyse des contenus hébergés sur iCloud, l’entreprise expliquait que la technologie utilisée est trop dangereuse en termes de sécurité et de respect de la vie privée.

      En Grande-Bretagne, où est actuellement discuté un projet de loi similaire, le Online Safety Bill, Signal et Whatsapp ont menacé de supprimer leur service du pays si ce texte venait à passer. Face à cette fronde, les Britanniques ont très récemment annoncé suspendre la mise en œuvre de cette mesure au regard de l’infaisabilité à ce stade de protéger le chiffrement de bout-en-bout. Cependant, la mesure est toujours dans la loi et pourrait donc être applicable un jour. À Londres comme à Bruxelles, la bataille est loin d’être finie.

      Refuser et agir

      Il est donc urgent d’agir pour arrêter cette nouvelle initiative qui créerait un grave précédent et donnerait aux États une légitimité pour pousser toujours plus loin l’intrusion dans les communications. Mais les discussions avancent vite à Bruxelles. D’un coté, le Conseil, organe regroupant les gouvernements des États membres, doit publier sa position sur ce texte d’ici fin septembre. Celle-ci s’annonce très mauvaise, poussée par plusieurs États – France en tête. Certains États comme l’Allemagne ou l’Autriche auraient néanmoins exprimé des réserves quand à l’incompatibilité de cette dernière version par rapport à leur propre position officielle. Une lettre ouverte a été signée le 13 septembre par plus de 80 organisations, dont La Quadrature, pour que les États membres n’adoptent pas le CSAR dans sa version actuelle.

      De l’autre coté, le Parlement européen devra également adopter sa version du texte, d’abord en commission en octobre puis en novembre en séance plénière. Si beaucoup d’eurodéputé·es s’opposent au texte, cela ne suffira sans doute pas à bloquer son adoption. Pour agir, nous vous invitons à rejoindre la campagne « Stop Scanning me » menée par une coalition d’organisations et à partager le plus possible les informations sur la mobilisation en cours2. Vous pouvez également appeler des parlementaires européens pour les inviter à rejeter ce texte.

      #surveillance-généralisée

    • Au Poste était dans la fosse
      https://www.auposte.fr/au-poste-braque-la-fete-de-lhuma
      https://video.davduf.net/w/bAaV8xMmwmKrg5QwCcZDN4

      Et que dire de ce moment là. Il est 14h. Edouard Philippe et Fabien Roussel montent sur scène. Le speaker demande un bon accueil. Quand, soudain, surgit Ritchy Thibault : « Édouard Philippe a sévi durant les gilets jaunes, il a fait couler le sang, il n’a rien à faire ici. C’est un éborgneur ! » Au Poste était là.

    • Roussel : comme un arrière-goût
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/roussel-comme-un-arriere-gout

      Secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel est un récidiviste des petites phrases réac’ attrape-clic. Le coco réac’, quel excellent client ! Le week-end dernier, dans son discours à la Fête de l’Humanité, il a évoqué la classe ouvrière, ce que des twittos pro-LFI, ont aussitôt résumé en postant l’extrait suivant.

      "Elle parle français" : entendant cet extrait, qui semble opposer la "belle" classe ouvrière francophone à une autre partie de cette classe qui ne parlerait pas français, j’ai dégainé plus vite que mon ombre le tweet (ou le X) ci-dessous (supprimé depuis).

      Jacques Doriot et Marcel Déat sont deux personnalités politiques de l’entre-deux guerres, venues de la gauche, et qui ont terminé leur carrière dans la collaboration et l’antisémitisme. Dans ce message, je signifie clairement que Fabien Roussel, à mes yeux, est en train de suivre le même parcours.

      N’est pas Lucky Luke qui veut, j’ai réagi trop vite. Les choses sont (un peu) plus compliquées, comme le résume cette enquête de Checknews pour Libération. Ce passage du discours de Roussel suit de peu un autre passage, dans lequel l’orateur accuse le gouvernement (en substance) de ne pas parler le langage du peuple. La ""belle classe ouvrière"" n’est donc pas opposée aux méchants étrangers, mais aux élites cosmopolites, """somewhere "contre "anywhere""". Contrairement cependant à ce qu’écrit Checknews, je ne me suis à aucun moment excusé, et je ne le ferai pas. Je souhaite en revanche comprendre pourquoi j’ai tweeté trop vite.

      Fabien Roussel est un habitué, disais-je, des saillies réac’, semblant l’amener sur le terrain de la droite et de l’extrême droite, et qu’il faut d’urgence ""remettre dans leur contexte"" dans les heures ou les jours suivants, pour bien expliquer qu’il ne fallait surtout pas comprendre ce que certains ont compris. Exercice d’autant plus pervers qu’il rencontre la complicité active de "l’autre gauche", mélencho-écologiste, qui s’empresse de faire buzzer les passages litigieux, soigneusement découpés. En avril dernier, par exemple, il évoque les ""frontières-passoires"". "Nos frontières ne sont pas des passoires, mais surtout les humains qui tentent de les traverser risquent leur vie chaque jour", réplique aussitôt Sandrine Rousseau. A-t-il donc repris le thème zemmouro-lepéniste du "grand remplacement" ? Pas du tout. On l’a mal compris. Il parlait essentiellement des marchandises, accusant les frontières de laisser passer les marchandises, et pas les humains. Aucune xénophobie, rien d’autre que le traditionnel protectionnisme. Citation "dans le contexte" : "Ils ont mis la France sur Le bon coin, ils ont signé des traités de libre-échange, ils ont transformé nos frontières en passoires, ils ont laissé filer nos usines et ils reviennent la bouche en cœur en nous parlant de souveraineté". Et quelques jours plus tard, dans l’explication de texte : ""Quand aujourd’hui, nos frontières ne permettent plus de protéger nos usines, nos emplois, quand nos frontières ne permettent plus d’empêcher l’évasion fiscale, la fraude fiscale et nos richesses de partir dans des paradis fiscaux : eh bien la France devient une passoire"". Circulez !

      D’ailleurs, Fabien Roussel n’est nullement hostile aux étrangers en général, et aux musulmans en particulier. Si en 2019, il refuse de participer à une marche de plusieurs organisations de gauche contre l’islamophobie (il est vrai qu’il n’est pas le seul dans la gauche institutionnelle), c’est parce qu’il trouve le mot ""trop réducteur"". ""Il y a plus globalement", estime-t-il, "une montée du racisme et de l’antisémitisme. Il n’y a jamais eu autant de tags nazis". C’est "un climat malsain et c’est cela dont je préfère parler", précise-t-il. "Je prends une distance, non pas pour m’exprimer contre, mais pour prendre de la hauteur sur le sujet". Le PCF invite néanmoins à participer à la marche.

      De la même manière, si Fabien Roussel ne participera pas à une nouvelle marche, ce 23 septembre, contre les violences policières et le racisme, qu’on n’en déduise pas de sa part une certaine indulgence contre les violences policières. "Je n’y participerai pas d’abord parce que je n’ai pas envie de manifester en entendant autour de moi ce slogan, « tout le monde déteste la police ». Ce n’est pas vrai et je ne partage pas ce slogan-là, et donc je ne souhaite pas m’y associer pour cette raison-là", étaye-t-il sur Franceinfo. Cela dit, reconnait-il, ""les violences policières existent"".

      À ces piques incessantes contre la cause des minorités, contre les politiques de solidarité (son hostilité, parfaitement revendiquée, elle, à la ""gauche des allocs’""), s’ajoutent des provocations contre la lutte contre le dérèglement climatique. On se souvient de l’homérique empoignade contre Sandrine Rousseau (encore), sur le ""bon steak" et le "bon vin"". "Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la gastronomie française" : coucou les patriotes ! Mais, ajoute-t-il aussitôt, "pour avoir accès à ce bon, à cette bonne gastronomie, il faut avoir des moyens. Donc le meilleur moyen de défendre le bon vin, la bonne gastronomie, c’est de permettre aux Français d’y avoir accès" : retour à la maison coco. Et de rajouter une ration, dans une interview à "Libération", de la campagne médiatique de la Fête de L’Huma, cru 2023. "J’ai encore mangé une bavette aujourd’hui. Ça va brûler en Afrique ? Sans parler des ris de veau que j’ai mangés à Châlons (...). Ça, ça vaut au moins un tremblement de terre à Haïti."

      Bref, Fabien Roussel est en mouvement, dans un trompe-l’oeil savamment construit, vers l’édification d’une gauche d’extrême droite, parfaitement philippo-compatible, du reste. Où ce mouvement s’arrêtera-t-il ? À partir de quand un trompe-l’oeil devient-il réalité ? Jusqu’où son auteur peut-il maitriser sa glissade ? J’ai mon intuition. Elle est peut-être excessivement pessimiste, je le souhaite. Mais, puisqu’on parle gastronomie, que l’on ne me reproche pas d’avoir le palais sensible à une sorte d’arrière-goût.

    • Fabien Roussel, Don Quichotte d’un communisme introuvable
      https://www.contretemps.eu/roussel-pcf-communisme-elections-strategie-melenchon-gauche

      Un double mystère entoure la campagne de Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste français pour la prochaine élection présidentielle. Comment un candidat qui recueille invariablement entre 1 et 3% dans les sondages d’opinion peut-il être autant invité dans les « grands » médias ? Comment le candidat d’un parti communiste peut-il recevoir à ce point les louanges de politicien·nes de droite voire de journalistes et d’idéologues réactionnaires ?

      C’est à dissiper ce double mystère que s’attache ici Paul Elek, ancien militant du PCF. Il montre en particulier que la campagne de Fabien Roussel, loin de permettre la relance d’un projet de rupture avec le capitalisme, a essentiellement pour objectif de faire exister l’organisation par une stratégie de distinction vis-à-vis du candidat de gauche qui avait frôlé le 2nd tour en 2017, à savoir Jean-Luc Mélenchon.

      Cela amène Fabien Roussel à prendre régulièrement pour cible ce dernier, et à alimenter les poncifs réactionnaires que ne cessent de marteler les médias dominants à l’encontre de la gauche dans son ensemble (sur la laïcité, la sécurité, le terrorisme, l’écologie, etc.). En outre, alors même que Roussel prétend reconquérir les classes populaires, il se situe dans la plupart des sondages à 4-5% dans les catégories intermédiaires et supérieures, contre 1-2% dans les catégories populaires.

      Ce texte est une contribution au débat tactique et stratégique à gauche. Elle ne reflète pas la diversité des points de vue au sein de la rédaction de Contretemps mais elle nous a semblé importante et en appelle d’autres.

      *

      « Le social-chauvinisme, c’est l’opportunisme sous sa forme la plus achevée. Il est mûr pour une alliance ouverte, souvent vulgaire, avec la bourgeoisie et les états-majors » (Lénine, « L’opportunisme et la faillite de la 2e internationale », Vorbote, 1, 1916 ).

      #social-chauvinisme

    • On y aura eu droit jusqu’à la question du service public pendant l’intervention du chef de l’État. Doriot par ci Doriot par là. Toute la bonne société médiatique s’est donc attelée à surjouer l’indignation contre le partage d’un article du journaliste Daniel Schneidermann. On a les amis que l’on mérite. Ces hypocrites n’avaient pourtant rien dit quand le pseudo-philosophe Raphaël Enthoven avait traité François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon de Doriot. Ni quand le député du Rassemblement National Antoine Villedieu avait dit de Jean-Luc Mélenchon qu’il était un nazi.

      Comédie ! En vérité, s’est déroulé sous nos yeux un mauvais coup très calculé. D’abord, la direction du PCF a cherché une querelle ridicule à François Ruffin qui avait dit en plaisantant que les militants communistes de la fête de l’Humanité avaient préparé « des punchs davantage que la prise du palais d’hiver ». Puis il y a eu pendant deux ou trois jours cette opération consistant à faire croire que la France insoumise aurait insulté Fabien Roussel en le comparant à un collabo. C’est évidemment absolument faux. D’ailleurs, l’expression utilisée par le tweet de Schneidermann (« quelque chose de ») est assez claire pour qu’on le comprenne en première lecture si l’on est de bonne foi. Cette expression résume le malaise ressenti de tous côtés au lendemain des discours de Fabien Roussel à la fête de l’Humanité ou sur sa façon de couvrir de louanges les talents de « dialogue » d’Edouard Philippe, premier ministre en exercice lors de la répression des gilets jaunes. Cette fête fut un désastre pour Fabien Roussel interpellé par le public à chacune de ses interventions. Il fallait donc allumer un contre-feu.

      On aurait pu laisser passer cette campagne ridicule sans y attacher d’importance. L’arc de force des signataires d’une « tribune de soutien » regroupant les secteurs les plus hostiles à la NUPES et les larmes de crocodile des macronistes signaient assez largement l’intention réelle. Mais voir qu’elle est dorénavant utilisée comme un argument par ceux qui veulent tourner la page de la NUPES nécessite d’en dire quelques mots. Car c’est là en vérité qu’est l’objectif principal de cette opération : faire accepter par les communistes la décision de Fabien Roussel de rompre avec la NUPES. C’est donc sur ce point qu’il est important de revenir.

      L’an dernier, nous avons fait le choix du regroupement autour de la NUPES. Les agressions permanentes contre les insoumis des candidats à la présidentielle du PS, d’EELV et du PCF ne faisaient pas de cette démarche un choix naturel. Le maintien de la candidature de Fabien Roussel à l’encontre des engagements qu’il avait pris devant nous de se retirer si nous étions en capacité de nous qualifier au second tour la rendait même difficile à accepter. Mais la rancune n’est pas une ligne politique efficace. Nous avons donc œuvré à ce rassemblement, autour d’un « programme partagé » de 640 propositions dument approuvée par les représentants de chaque composante de la NUPES. Cet accord nous a permis de gagner le premier tour de l’élection législative et de multiplier par 3 le nombre de députés de gauche à l’Assemblée Nationale.

      Depuis cette date, ce qui pose problème, c’est bien comment tout cela est méthodiquement déconstruit. Dans la forme et sur le fond. Dans cette destruction et ce reniement de la parole donnée, Fabien Roussel a été continuellement en première ligne. Il a le premier a déclaré que « le programme partagé » n’était rien et que l’accord était purement électoral, au mépris de sa propre signature. Nous n’avons rien dit pour ne pas handicaper l’union dans un moment où les difficultés sociales frappent durement le pays. Puis Fabien Roussel a annoncé le premier une liste séparée aux européennes. Donc, après l’accord sur le programme, l’accord électoral disparaissait à son tour. Nous n’avons toujours rien dit. Puis, Fabien Roussel a annoncé sa nouvelle candidature pour 2027. Sans discussion, sans compromis et sans préavis, en reprenant la méthode qui peut de nouveau rendre le deuxième tour hors de portée. Nous n’avons encore rien dit. Et je passe sur les attaques si blessantes contre la France insoumise « en dehors de la République » ou qui ne s’adresserait qu’aux « secteurs radicalisés des quartiers populaires ». Tout cela intervient au fond comme autant de confirmations d’une stratégie d’ensemble.

      A tout cela s’est donc ajouté ces dernières semaines le refus de participer à la marche du 23 septembre pour la justice sociale et contre les violences policières. C’est bien sûr le droit du PCF de refuser de s’y associer. Mais c’est étonnant quand on sait que cette initiative était soutenue par plus de 150 organisations, dont les syndicats CGT, FSU et Solidaires. Et cela devient intolérable quand, pour justifier ce refus, Fabien Roussel sera allé jusqu’à reprendre les pires caricatures pour faire croire que cette initiative était « contre la police » ou « en soutien aux abayas ». D’ailleurs, l’extrême-droite et les syndicats factieux y auront puisé des arguments pour demander l’interdiction de la manifestation tandis que l’appareil médiatique en profitait pour préparer sa campagne de dénigrement contre les manifestants.

      Cette volonté de détruire la NUPES s’est concrétisée pour les élections sénatoriales. Depuis le début de l’année, venant arriver cette échéance, nous avons proposé que la NUPES présente des listes communes dans tous les départements. C’était pour nous à la fois un enjeu de cohérence (nous avons porté ensemble un programme pour l’Assemblée Nationale, nous devons donc porter ensemble un programme pour le Sénat) et un enjeu d’efficacité. Mais notre proposition s’est heurtée au sectarisme et à la division. Des réunions ont eu lieu au niveau national entre le PCF, EELV et le PS. Elles ont abouti sur l’exclusion pur et simple des insoumis des listes sur tout le territoire. Et sur l’incapacité de ces 3 forces politiques à construire des listes d’union. Résultat : ce sont plus de 10 sénatrices et sénateurs de gauche en moins en raison de ce choix. Il suffit pour cela de regarder les résultats dans l’Isère, en Loire Atlantique, en Moselle, dans le Nord, dans le Pas de Calais, dans les Pyrénées-Orientales, à Paris, en Essonne, dans les Hauts de Seine, en Seine Saint Denis ou chez les Français de l’étranger.

      Voilà la réalité de ce que nous avons sous les yeux. Bien sûr, on peut toujours penser qu’il ne faut rien dire, maintenir des liens avec des secteurs réputés critiques du PCF et attendre que ça finisse tout seul en comptant sur une révolution de palais. Mais, en politique, le mieux est de dire les choses pour permettre une prise de conscience et aider à dépasser le problème. Le résultat du congrès de PCF a entériné une ligne isolationniste, clairement inverse au vote des insoumis qui se sont massivement exprimés pour l’union. Fabien Roussel ne reviendra pas sur sa décision. Autant l’espoir peut demeurer de voir EELV et le PS changer d’attitude pour les européennes, autant il n’y en a aucun du côté de Fabien Roussel. Bien-sûr, il faut garder toujours une porte ouverte au cas où le réalisme et le sens des responsabilités l’emporteraient. Mais on ne peut espérer voir cette option se réaliser mécaniquement.

      Nos adversaires politiques ont un intérêt à détruire la NUPES. Fabien Roussel leur est à ce titre très utile. C’est seulement comme cela que l’on peut comprendre le gout que prend la classe médiatique à faire de Fabien Roussel son candidat préféré. L’objectif est de séparer les bases communistes et les bases insoumises qui ont de nombreuses choses en commun. Elles mènent des luttes ensemble et militent souvent dans les mêmes syndicats ou associations. Les groupes parlementaires auxquels appartiennent nos députés respectifs votent de manière concertée dans la plupart des cas. Car nous partageons de nombreux points communs sur le fond. Nous avons d’ailleurs partagé un même programme national pour plusieurs élections présidentielles et législatives depuis 15 ans. A la suite des insoumis, le PCF a adopté la thèse de la « Révolution citoyenne » il y a deux congrès de cela. Il défend désormais la construction d’un « Front populaire » que les insoumis avaient remis à l’ordre du jour il y a deux ans.

      Bien sûr, nous ne sommes pas dupes de l’absence de mise en œuvre de ces concepts. Mais il n’empêche : le sentiment a prévalu que l’avenir restait ouvert pour reprendre ensemble le chemin entamé ensemble en 2008. Même après 2022 et la colère de millions d’électeurs face au maintien de la candidature Roussel. Mais à présent ? Fabien Roussel a fixé une stratégie d’isolement et un calendrier jusqu’à 2027. Il ne sert à rien de l’ignorer. Il faut en rendre le peuple juge et le mettre en échec, en partant du réel et sans cacher nos désaccords. Car dans les milieux populaires, personne ne comprendrait que nous soyons prêts à accepter les ambigüités de Fabien Roussel. Il faut dire la vérité et la pratiquer comme méthode de construction de l’union populaire. Car celle-ci ne se confond pas avec le poison de la désunion politique que Fabien Roussel a introduit dans la NUPES.

      https://manuelbompard.fr/2023/09/comment-faire-dun-tweet-un-pretexte-de-plus-contre-la-nupes

    • Le point de vue de Rob Grams ( Rédac-chef adjoint Frustation) :
      La Nupes, une catastrophe Stratégique pour la FI

      Aux présidentielles 2022, la FI avait réussi à détruire la frange sociale-libérale de la gauche (PCF, EELV, PS), un vrai succès de ce point de vue.

      Cela a créé une panique totale du côté des bureaucrates du PS, EELV, PCF qui ont vu qu’ils risquaient d’être ruinés et de perdre leurs postes d’élus, seule raison pour laquelle ces gens « font de la politique ».

      Leur intérêt était donc de faire alliance, pour les législatives, avec la force dominante à gauche à ce moment là, FI. FI de son côté voulait aussi sa part, avoir le max d’élus sans aucun pouvoir, quitte à saboter son petit avantage temporaire.

      PCF, PS, EELV eux étaient prêts à signer à peu près n’importe quoi qu’on leur tendrait (sauf sur les « violences policières » évidemment) si ça permettait de reconduire leurs petits notables. Ça a donné le programme de la Nupes.

      Dans ce beau monde personne n’a jamais imaginé, ni souhaité, que Mélenchon soit Premier Ministre. C’était juste une manière d’utiliser ses 22% pour tenter de les reconduire vers le PS/EELV/PCF.
      A part chez ses militants les plus zélés, la France Insoumise le savait aussi.

      Le programme n’avait donc absolument aucune valeur : pur produit d’appel pour faire voter des gens en leur faisant croire que ça pouvait changer quoi que ce soit. Tout le monde savait que :
      1- il n’y aurait pas de majo alternative donc pas d’application du pgm
      2- qu’il serait abandonné.
      C’est comme ça qu’ils ont pu faire en 3 jours ce qu’ils avaient pas réussi à faire en 5 ans "d’opposition" à Macron.

      Pour PS/EELV/PCF ça impliquait juste de prendre sur eux et de se la fermer pendant 15 jours, en croisant les doigts et attendant que ça passe. « Oui oui bien sûr Mélenchon 1er Ministre youhou »

      Une fois les mandats - et les très gros salaires qui les accompagnent - récupérés il serait bien temps de recréer la gauche néolibérale et de recommencer le pilonnage de FI qu’ils menaient depuis des années.
      ça n’a pas loupé, ils ont commencé à s’y atteler quasiment immédiatement après l’élection législative.

      Ce qui donne depuis ce spectacle ridicule de la part des insoumis de tout le temps être surpris du manque de loyauté de ceux qui leur crachent dessus depuis plus de dix ans.
      Ils ont oublié que si la gauche était désunie en 2022 c’était pour des raisons tout à fait politiques : parce que les options politiques sont très très différentes, opposées.

      Et une option politique se résume pas au programme, c’est aussi la stratégie, les actes politiques… Dans le cas Roussel par exemple, le programme du PCF n’est pas l’enjeu principal, il s’en cogne royalement, il sait qu’il ne sera jamais élu, qu’il ne l’appliquera jamais…

      Ses prises de positions publiques, les manifestations auxquelles il va (celle des flics avec Zemmour et Le Pen par exemple) et celles auxquelles il refuse d’aller (celle contre le racisme et la brutalité policière par exemple)...sa volonté d’alliance avec Cazeneuve.... bref, ce qu’il porte réellement dans le débat publict est beaucoup plus signifiant.

      Grace à la Nupes, et donc grâce à FI, le monstre à trois têtes du PS/EELV/PCF arrive à patiemment à se reconstituer pour nous préparer la prochaine version du hollandisme, et à utiliser tout ce que lui a donné FI pour marginaliser cette dernière.

      C’est le problème de l’obsession électorale : vouloir à tous prix distribuer un max postes bien payés aux copains, sans aucune chance de victoire, a renforcé le pire de la gauche. C’est une erreur historique.

      https://twitter.com/GramsRob/status/1706110769685839937

  • La persistance de l’inflation relance le débat sur les gagnants de la hausse des prix
    https://archive.li/2023.09.17-082518/https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/17/la-persistance-de-l-inflation-relance-le-debat-sur-les-gagnants-de-la-hausse

    Le débat sur les gagnants et les perdants d’une inflation attendue à 5 % en 2023 (4,9 % en août, selon les chiffres publiés vendredi 15 septembre) apparaît d’autant plus légitime que le fossé entre une France en forme et l’autre qui peine s’élargit continûment.

    Côté pile, l’indice CAC 40, en hausse de près de 15 % sur un an, tutoie les sommets, et les dividendes versés au second trimestre (environ 50 milliards d’euros) sont au plus haut.

    Côté face, de plus en plus de Français se serrent la ceinture. En 2022, les salaires ont augmenté de 3,8 %, quand l’inflation atteignait 5,9 %, selon la Banque de France. Cette baisse du pouvoir d’achat s’est traduite par un recul de la consommation, notamment de produits alimentaires. Une étude de l’Insee publiée le 20 juillet révèle que 9 millions de personnes sur le territoire métropolitain étaient en « privation matérielle et sociale » en 2022, « soit le plus haut niveau depuis 2013, première année où elle a été mesurée ». D’où l’appel au secours lancé par les Restos du cœur : entre 2022 et 2023, l’association a distribué 170 millions de repas, soit 30 millions de plus que l’année précédente.
    Face à cela, la question fondamentale n’est plus seulement de savoir qui bénéficie de la crise, mais de déterminer qui l’aggrave. Ces derniers mois, des institutions françaises et internationales ont blâmé les entreprises, et notamment européennes, pour avoir augmenté leurs prix au-delà de la hausse des coûts qu’elles subissaient en amont. Avant d’accuser toutefois les LVMH, L’Oréal, TotalEnergies et autres multinationales de faire leur pelote sur le dos des Français, il faut préciser que les sociétés du CAC 40 ont réalisé en moyenne en 2022 moins de 22 % de leur chiffre d’affaires en France, et probablement un pourcentage bien moindre de leurs bénéfices.

    L’Insee, elle, donne des indications sur les secteurs où des effets d’aubaine ont pu être observés dans l’Hexagone. « Si l’on regarde sur la durée, entre le second trimestre 2019 et le second trimestre 2023, il y a bien une hausse des marges brutes unitaires dans l’industrie (+ 7,11 %) supérieure à celle des salaires (+ 2,37 %). C’est vrai surtout dans les secteurs de l’énergie et de l’agroalimentaire, mais ce n’est pas le cas dans les services », souligne Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management.

    « Certains de nos tarifs ont augmenté de plus de 20 % mais, non, on ne s’en met pas plein les poches », réagit Gérald de Nanteuil, président des Boulangers bretons, une PME d’une quarantaine de personnes située dans le Finistère, qui fabrique petits pains frais et viennoiseries pour les écoles ou les Ehpad. « Quand les prix des emballages ou du blé ont flambé, à partir de 2021, nous avons mis du temps à répercuter ces hausses sur nos tarifs, et cela nous a coûté très cher, en rentabilité et en trésorerie », raconte-t-il.

    Rapports de force trop déséquilibrés

    « A présent que les prix des matières premières refluent, nous essayons de reconstituer notre trésorerie, pour revenir à peu près au niveau d’avant-crise, explique-t-il. Mais nous sommes liés par des contrats sur l’énergie ou sur la farine qui créent une latence avant que nous puissions bénéficier des baisses. Et dans le même temps, nous augmentons nos grilles salariales tous les six mois ». Et d’insister : « Nous ne sommes pas seuls. Si nos prix ne sont pas bons, des concurrents vont chercher à reprendre nos clients. De même, nous demandons à nos fournisseurs de nous traiter décemment. Bruno Le Maire a beau réclamer des baisses, les prix, ce n’est pas de la politique, c’est le marché. »

    Parfois, cependant, les rapports de force semblent trop déséquilibrés. « La décennie qui précède cette crise a été marquée par deux phénomènes : la concentration des entreprises et la baisse du pouvoir de négociation des salariés, liée à la fois à l’affaiblissement des syndicats et à la disparition des grandes usines, qui étaient des lieux importants de négociation », analyse Sarah Guillou, directrice du département de recherche innovation et concurrence à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE Sciences Po), qui ajoute : « Cela crée des inégalités au sein même de la chaîne de valeur. »

    Le consommateur final n’est pas le seul à souffrir. « Une surenchère persiste sur les tarifs de certains matériaux, comme le verre ou le métal, qui n’est pas justifiée. On se demande même si certaines pénuries ne sont pas organisées ici et là pour créer du stress. J’ai dû batailler avec un fournisseur de sanitaires qui exigeait une hausse de près de 15 % par rapport au prix que j’avais sécurisé. Entre la baisse des prix de l’énergie et celle des matières premières intervenues depuis, comment voulez-vous comprendre une telle augmentation ? », s’indigne Serge Wermelinger, un promoteur immobilier du Haut-Rhin, qui dénonce les « surmarges d’industriels très puissants » : « Ils sont en train de scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis », prévient-il, rappelant que l’inflation des coûts de construction se conjugue à la montée des taxes et à l’inflation liée aux objectifs de zéro artificialisation nette.

    A ce stade, le gouvernement cherche à peser pour assurer un meilleur partage de la valeur en faveur des salariés. Jeudi 7 septembre, Emmanuel Macron a confirmé la tenue d’une « conférence sociale » sur les bas salaires. Le projet de loi qui vise à élargir l’intéressement et la participation aux entreprises employant jusqu’à 50 collaborateurs sera examiné au Sénat en octobre.
    « L’inflation marque la confrontation entre des salariés qui veulent protéger leur pouvoir d’achat et des entreprises qui tiennent à préserver leurs marges. En France, le partage des revenus est d’autant plus sensible que la baisse inquiétante de la productivité constitue un appauvrissement collectif », déplore Patrick Artus, conseiller économique de Natixis. Avant de prévenir : « Au regard des investissements colossaux nécessaires pour la transition énergétique, il demeure préférable de privilégier l’investissement par rapport à la consommation des ménages. Sous réserve que les plus modestes soient protégés et que les marges de manœuvre dégagées par les entreprises ne se retrouvent pas dans les rachats d’actions et les dividendes. »

    Isabelle Chaperon

    • DINGUE !
      ➡️ Quand les prix de l’énergie augmentent, les entreprises répercutent 127% de cette hausse sur le prix des produits
      ➡️ Quand ils baissent, elles répercutent seulement 58%

      La différence alimente leurs marges, et leurs profits
      Voilà d’où vient l’inflation : #ProfitFlation

      La transmission directe des coûts des intrants importés et de l’énergie aux prix de production : un impact très variable d’une entreprise à l’autre : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7616072

      Deux rappels :
      ➡️ une étude publiée par le FMI a montré qu’environ la moitié de l’inflation en Europe est tirée par l’augmentation des profits des entreprises
      ➡️ les taux de marge des entreprises s’envolent : 33,2% en août, l’essentiel (73%) provenant de la hausse de leurs prix

      autoriser la vente à pertes sur les carburants est une politique d’affichage, d’improvisation, qui ne répond pas structurellement à l’inflation ; deux ans qu’on leur explique qu’une inflation nourrie par les coûts de l’énergie & par les profits impose plus de régulation sur les prix et marges des entreprises.

      Que font-ils ? L’inverse : moins de régulation au risque d’une loi de la jungle qui favorisera les plus gros.

      Vente à perte des carburants : « L’inflation des énergies fossiles se joue sur les marchés internationaux »
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-lundi-18-septembre-2023-3515869
      Essence : le gouvernement veut autoriser la vente à perte sur les carburants, pour faire baisser les prix pendant quelques mois. Maxime Combes, économiste à l’Observatoire des multinationales est l’invité de 6h20.

      « Il faudra voir si les distributeurs de carburant s’emparent de cette mesure ou pas », tempère l’économiste. « Ce n’est pas certain. En tout cas, c’est une mesure de distorsion de concurrence, qui va favoriser les gros distributeurs de carburants, comme TotalEnergies, et les très grandes surfaces qui peuvent assumer de perdre sur la vente de carburant. Ceci a pour implication de faire disparaître les plus petits acteurs du marché. »

      Du point de vue du consommateur, ce sera plus bénéfique... à court terme : « Comme ce genre de dispositifs permet aux grands acteurs du marché d’écarter les plus petits : plus généralement, l’interdiction de la vente à perte permet justement de s’assurer que les prix à court, moyen et long terme resteront bas pour tout le monde, puisqu’il y a de la concurrence sur le secteur. Là, le gouvernement fait tout l’inverse. »

      « Tous les six mois, le gouvernement change de mesure »

      « Globalement, sur la distribution de carburant, les marges sont extrêmement faibles », précise Maxime Combes. « Ce n’est pas du tout là-dessus qu’ils font leur bénéfice. Les plus grosses marges dans la production et la distribution se font à l’extraction. Quand le produit final arrive à la pompe, les marges sont relativement limitée. Penser qu’on va juguler l’inflation des énergies fossiles, qui se joue sur les marchés internationaux, c’est de l’improvisation. »

      Pour l’économiste, les mesures d’urgence devraient au contraire avoir pour priorité de « s’attaquer de manière structurelle à l’inflation ». « Des mesures qui passent par un contrôle des prix, qu’on pourrait maintenir sur du long terme. Cela peut aller jusqu’à bloquer les prix. On peut envisager que les populations qui ont le plus de mal aujourd’hui à payer du carburant reçoivent un chèque ou soient aider, mais pas l’ensemble de nos concitoyens. Ça fait deux ans qu’on est touchés par l’inflation, et tous les six mois le gouvernement change de mesure... »

      Et l’étude évoquée et publiée par le FMI est ici : https://imf.org/en/Blogs/Artic

      https://twitter.com/MaximCombes/status/1703630011478036506

    • Autorisation de la vente à pertes sur les carburants : les 8 erreurs de l’exécutif
      https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/180923/autorisation-de-la-vente-pertes-sur-les-carburants-les-8-erreurs-de-

      Le concours des fausses-bonnes idées pour juguler l’inflation n’a manifestement pas de limite : après les inefficaces paniers anti-inflation de Bruno Le Maire, la nouvelle trouvaille d’Elisabeth Borne consiste à autoriser la vente à pertes des carburants. Voilà une mesure en trompe l’oeil injuste socialement, écologiquement discutable et favorable aux gros distributeurs pétroliers. Explications.

  • Interdiction des abayas à l’école : faisons front face aux attaques islamophobes !
    https://www.politis.fr/articles/2023/09/interdiction-des-abayas-a-lecole-faisons-front-face-aux-attaques-islamophobe

    TRIBUNE. Quelque 350 organisations, personnalités – parmi lesquelles Étienne Balibar, Annie Ernaux, Frédéric Lordon, Médine, Adèle Haenel… –, figures politiques et militantes antiracistes, féministes ainsi que de nombreux enseignants, signent un texte en exclusivité pour Politis, dénonçant cette nouvelle offensive raciste, islamophobe, sexiste et patriarcale du gouvernement, sous couvert de laïcité.

    Avec l’interdiction du port de l’abaya à l’école annoncée par Gabriel Attal le 27 août dernier, le gouvernement a décidé de lancer une nouvelle attaque islamophobe contre les jeunes femmes musulmanes ou assimilées comme telles dans les écoles. Concrètement, le gouvernement exige des personnels de l’éducation, des conseillers principaux d’éducation, des assistants d’éducation et des enseignants, de déterminer, selon le faciès, le patronyme, et l’appartenance réelle ou supposée à l’islam des élèves si leurs tenues sont des abayas ou non et si elles doivent donc être interdites d’entrer dans leur établissement.

    Depuis le début de la rentrée scolaire, la mise en application de l’interdiction ne fait que confirmer ce profilage raciste et sexiste des élèves comme l’illustrent les nombreux témoignages d’élèves ayant été interdites d’entrer dans leur établissement car portant une simple robe longue, un kimono, ou encore un vêtement trop noir.

    Cette interdiction s’inscrit dans la continuité des offensives racistes et islamophobes mises en place, sous-couvert de laïcité, depuis la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école. Attaques contre les mères accompagnatrices de sorties scolaires portant le foulard, signalements du taux d’absentéisme le jour de la fête de l’Aïd, circulaires appelant les personnels à « détecter et signaler » les « signes de radicalisation »… depuis plusieurs années, le gouvernement, de concert avec la droite et l’extrême droite, n’a cessé de faire de l’école le terrain privilégié de ses offensives islamophobes et de renforcer le contrôle des jeunes élèves musulman-es ou assimilé-es comme tel-les. Cette nouvelle interdiction du port de l’abaya aura donc pour conséquence d’accentuer la stigmatisation, le harcèlement et les humiliations subies par ces élèves de la part de l’institution scolaire.

    Ce harcèlement quotidien subi par ces jeunes filles musulmanes ou perçues comme telles aura pour conséquence directe de dégrader leur scolarité, de les exclure de l’école et de les priver de leur droit à une éducation publique du fait de leur foi réelle ou supposée. En réalité, derrière le faux argument de la laïcité, il s’agit donc d’une mesure raciste et discriminante puisque ce sont bien aux jeunes filles racisées que l’on interdit de venir à l’école habillées comme elles le souhaitent du fait de leur foi supposée. En plus d’être une mesure raciste, cette interdiction des robes longues à l’école, en visant principalement les jeunes femmes musulmanes ou supposées comme telles, est également une mesure sexiste et patriarcale qui vise à contrôler toujours plus le corps des filles à l’école.

    Plus largement, cette interdiction du port de l’abaya s’inscrit dans la continuité de la répression brutale des révoltes de cette jeunesse qui a exprimé sa colère en réaction au meurtre policier du jeune Nahel le 27 juin 2023. Une répression qui s’est matérialisée par des peines de prison extrêmement lourdes contre ces jeunes et qui se poursuit aujourd’hui avec des expulsions de jeunes ayant participé aux révoltes de leurs logements sociaux. Répression policière et judiciaire, expulsions de logements sociaux et maintenant nouvelle offensive islamophobe avec l’interdiction du port de l’abaya, c’est une offensive générale contre la jeunesse des quartiers populaires qu’a lancée le gouvernement.

    En plus d’être le terrain privilégié de la politique raciste du gouvernement, le service public de l’éducation fait face à un manque de moyens chronique organisé par les gouvernements successifs, au manque criant d’enseignants et de personnels de l’éducation qui dégrade toujours plus les conditions de travail et d’apprentissage pour les personnels et les élèves. Tout en rejetant les mesures qui stigmatisent et discriminent toujours plus les élèves musulman-es et assimilé-es comme tel-les, l’urgence doit être d’exiger la mise en place de moyens massifs pour assurer le droit à l’éducation de toutes et tous.

    C’est pourquoi face à cette énième mesure islamophobe, nous, intellectuel-les, militant-es, syndicalistes, avocat-es, parents et personnels de l’éducation, affirmons notre opposition à cette interdiction des abayas et refusons que l’école continue d’être le relais de politiques racistes, sexistes et patriarcales. Nous apportons toute notre solidarité et notre soutien aux élèves et jeunes filles visées par cette interdiction et nous réaffirmons que trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes et aux élèves de décider !

  • L’école, Gabriel Attal et la laïcité « geignarde » | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/jean-bauberot/blog/280823/l-ecole-gabriel-attal-et-la-laicite-geignarde

    Je propose que l’on étudie dans les différentes classes, dès la journée de rentrée, les deux premiers articles de la loi de 1905 et les propos d’Aristide Briand, rapporteur de la Commission parlementaire, présentant cette loi : il s’agit, indiquait-il, de proclamer « solennellement que, non seulement la République ne saurait opprimer les consciences ou gêner dans ses formes multiples l’expression extérieure des sentiments religieux, mais encore qu’elle entend respecter et faire respecter la liberté de conscience et la liberté des cultes. »

    Quand au vêtement, Briand s’est montré, à ce sujet, on ne peut plus clair : il a refusé l’interdiction du port de la soutane pour deux raisons : d’abord, fondamentalement, parce que la loi de 1905 est une « loi de liberté » et qu’en conséquence, elle ne doit pas « interdire à un citoyen de s’habiller de telle ou telle manière » ; ensuite, parce que le résultat serait « plus que problématique » : la soutane interdite, on pourrait compter sur « l’ingéniosité combinée des prêtres et des tailleurs » pour créer un « vêtement nouveau ». La loi de 1905 = la liberté de conscience + le refus de jouer au chat et à la souris. Intelligence des principes et intelligence de la stratégie.

    • Pour rappel, l’épisode « piscine » de mes petits à #Montpellier, conséquence totalement crétine de ce jeu du « chat et de la souris » :
      https://seenthis.net/messages/987740

      Les ceusses qui, sur les réseaux, croient qu’on va juger la longueur des jupes en fonction de la religion supposée de l’élève se gourent. C’est effectivement ce qui se faisait déjà, mais maintenant que c’est une règle « officielle » du ministère, rapidement l’aspect raciste sera indéfendable (c’est-à-dire attaqué devant des tribunaux), donc on tentera des définitions « techniques » du vêtement incriminé, et de toute façon on connaît déjà la solution des nostalgiques de l’école idéale du cinéma en noir et blanc : c’est l’uniforme pour tout le monde. Les dog whistle racistes inapplicables ou illégaux, la Macronie a l’habitude, il suffit de revenir quelques temps plus tard sur le thème « on peut jamais rien faire » et donc proposer une mesure plus réactionnaire (quoi que sur ce coup-là, le conseil d’État n’a pas trop de mal à valider les mesures racistes parce que c’est pour ton bien, donc cette histoire d’abaya, si des juges locaux l’invalident, en montant suffisamment haut ça sera validé in fine).

      Encore un ou deux ministres de l’éducation et on y sera, à l’uniforme (avantage de l’idée : en plus ça fout le bordel dans la gauche, bien plus divisée que la droite à ce propos). La Ministre de la jeunesse et du SNU sera simplement rebaptisée « Ministre de la jeunesse en uniforme, bien dégagé derrière les oreilles ».

    • Ce que dit le texte, c’est qu’il n’existe pas d’ultra-laïcité. La laïcité, c’est la liberté de conscience pour les citoyens et l’état neutre vis à vis de la liberté de conscience. Le dévoiement actuel est de considérer que l’élève qui va à l’école fait partie intégrante de l’état, et qu’il doit donc être lui aussi « neutre » (mais pas à la façon de l’état évidemment, qui file quelques milliards à l’enseignement catholique). Ça n’a jamais été l’objet de cette loi, la neutralité des élèves relativement à la liberté de conscience. La loi de 2004 aurait dû être censurée par le CC, pour conflit frontal avec la loi de 1905, mais la loi de 1905 est une loi, et pas un article de la constitution, et donc, pas de possibilité pour le CC de s’engager dans cette voie j’imagine, d’autant qu’il se peut qu’il n’y avait pas non plus de volonté de, évidemment, le CC ne statuant pas forcément en droit, puisque rien ne l’y oblige.

    • L’abaya, l’arbre qui cache la forêt ?
      https://www.cafepedagogique.net/2023/06/15/labaya-larbre-qui-cache-la-foret

      Jean-Fabien Spitz est spécialiste de philosophie politique. Dans cet entretien qu’il accorde au Café pédagogique, il revient sur les récentes polémiques autour du port de l’abaya par certaines élèves et sur le principe des « signes religieux par destination »

      Aujourd’hui, il y a tout un débat sur les tenues vestimentaires par destination. Selon vous, c’est contraire même à l’essence de la loi sur la laïcité. Pourquoi ?

      L’idée même d’un vêtement « religieux » est une absurdité. Dans une république laïque, aucun vêtement n’est musulman, ni juif, ni chrétien. Lors du débat consacré à la loi de 1905, certains députés, qui avaient évoqué la possibilité d’interdire le port de la soutane dans l’espace public se sont attirés cette réponse d’Aristide Briand : « Ce costume n’existe plus pour nous avec son caractère officiel… La soutane devient un vêtement comme un autre, accessible à tous les citoyens, prêtres ou non ». Mais l’idée d’un vêtement religieux « par destination » est deux fois plus absurde. Cela voudrait dire qu’un vêtement changerait de sens en fonction de l’intention de celui qui le porte, ce qui justifierait son interdiction lorsqu’il est avéré que celui ou celle qui le porte a l’intention de lui conférer une signification religieuse. Mais comment s’assurer de la réalité de l’intention si le porteur du vêtement prétend le porter pour des raisons non religieuses, ou si, tout simplement, il refuse, comme il en a le droit, d’être interrogé et jugé sur ses intentions ? Car dans un État qui prétend être respectueux des droits des individus, on ne juge pas les intentions mais les actes. L’idée d’un vêtement religieux par destination conduirait à juger différemment un seul et même acte – le port d’une robe longue – en fonction de l’intention de celle qui l’accomplit. C’est la définition même de l’arbitraire, car un État de droit applique une règle uniforme à des actes extérieurement identiques. C’est aussi la porte ouverte à une dérive sans fin car tout signe, tout vêtement peut devenir « religieux par destination ». Il suffit pour cela que les autorités – le proviseur du lycée, le principal, le législateur – décident qu’ils revêtent une intention dont les autorités elles-mêmes sont les juges en dernière instance. Quel est le recours des citoyens face à un tel abus ?

    • Quand je parle d’ultra laïcité, c’est bien sûr pour pointer le dévoiement et l’instrumentalisation politique de la loi de 1905. Je pourrais aussi parler d’ultra républicanisme ou de national-républicanisme pour désigner en fait ce qu’il convient d’appeler une attitude autoritaire dictée par la complaisance envers les thèses fascisantes de l’extrême-droite pétainiste et de l’intégrisme catholique.
      Dans cette logique, Blanquer n’avait pas hésité à recommander une « tenue républicaine » pour les élèves (surtout au féminin) qui fréquentent l’école publique.

      Et donc #dog_whistle (ou #appel_du_pied) puisque la seule issue de la Macronie est de rassembler lors du deuxième tour de l’élection présidentielle les électeur·rices de la droite la plus molle ou la plus dure.

    • N’ayant aucun rapport avec le culte musulman, avec le Coran, c’est un vêtement venant des pays de culture arabe.

      Les journalistes, même quand ils tentent de piquer un peu les politiques en leur demandant « comment vous ferez la distinction entre une ado qui portent une robe longue, et une ado qui porte une abaya pour la religion ? » ne vont jamais jusqu’au bout alors que c’est clairement l’éléphant au milieu de la salle de classe : c’est pas une loi contre les musulmans, mais bien là encore plus explicitement une loi anti arabe.

      Les chef⋅fes d’établissement vont avoir pour seul protocole : si t’as une tête d’arabe (ou parfois noire), c’est une abaya, si t’es blanche, c’est une robe longue. Point.

      En 2023, on en est encore là, avec la guerre d’Algérie et les décolonisations toujours pas digérées, à faire des lois explicitement racistes et anti-arabes (et qui utilisent les femmes comme instrument pour ça, le dévoilement etc, toujours la même histoire).

    • Et voilà, on est donc déjà arrivés, avec Sabrina Agresti-Roubache (sous-ministre de la ville), à l’idée-qu’elle-est-bonne de coller un uniforme aux gamins :
      https://twitter.com/SabrinaRoubache/status/1696437030488572062

      Pour réduire les inégalités et enlever une charge mentale à tous les parents, je suis favorable à l’expérimentation d’une « tenue scolaire » dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

      Perso je pense qu’il faudrait réintroduire les coups de règle sur les doigts et différentes formes de punitions corporelles, et autoriser les profs à fumer dans la cours pendant les récrés.

    • Je suis sûr qu’il y aura moyen de porter l’uniforme d’une manière ostentatoire et insupportable.