« Uber, si on y va, c’est que nous n’avons pas d’alternative »

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  • « Uber, si on y va, c’est que nous n’avons pas d’alternative »
    http://www.lemonde.fr/emploi/article/2017/02/01/oui-uber-donne-du-travail-mais-si-on-y-va-c-est-que-nous-n-avons-pas-d-alter

    Les #plateformes de VTC attirent un très grand nombre de jeunes non diplômés vivant dans des quartiers populaires et qui rencontrent des difficultés à trouver un #emploi.

    Malik entre dans sa voiture, en ce début de soirée de janvier. Il prend une grande inspiration. Sa deuxième journée va commencer. A 25 ans, ce surveillant, embauché à mi-temps dans un collège de Seine-Saint-Denis, a mis toutes ses économies dans l’achat d’une voiture et la création de son entreprise de transport par VTC (véhicule de transport avec chauffeur). Cela fait un an maintenant qu’au volant de sa berline noire il transporte des clients qui ont commandé une voiture par le biais de l’application Uber. Avec le recul, il regrette de s’être lancé :

    « C’est difficile de s’en sortir. Ce n’est pas décent de travailler cinquante heures par semaine pour toucher à peine plus d’un smic. »
    La situation s’est dégradée depuis qu’en décembre 2016 #Uber a augmenté la commission qu’il ponctionne sur les courses des chauffeurs, et ce moins d’un an après avoir baissé les #tarifs de celles-ci. Malgré tout, Malik ne veut pas trop se plaindre. « Il y a pire. » Contrairement à d’autres chauffeurs, il ne s’est pas endetté et il n’a pas de loyer à payer, puisqu’il vit chez ses parents.

    Chaque année, plus de 10 000 personnes tentent l’aventure du VTC. Elles sont majoritairement jeunes, peu diplômées et vivent dans des quartiers où le taux de chômage est très élevé. Pourtant, quand Youssef, un chauffeur de Stains (Seine-Saint-Denis), entend des élus de gauche et de droite vanter les mérites d’Uber, expliquant que c’est une chance pour les banlieues, il est perplexe :

    « Oui, Uber donne du travail. Mais si on y va, c’est que nous n’avons pas d’autre alternative. Vous avez vu mon nom ? »
    Après trois ans au #chômage à envoyer des centaines de CV, il a suivi une formation de VTC et s’est connecté plus de soixante heures par semaine à l’application Uber. « C’était dur. Je ne voyais pas ma famille », explique ce trentenaire. Au bout de six mois, il a jeté l’éponge, sans toutefois rejeter en bloc Uber. « Il vaut mieux travailler soixante heures que de rester au RSA, explique ce « pro-Macron », adhérent à En marche !. Mais il faut que ce soit du gagnant-gagnant, et là ce n’est pas le cas. »

    #travail #revenu