• Les laisser désamorcer l’université ?
    https://iaata.info/Les-laisser-desamorcer-l-universite-1841.html

    Le projet de fusion des universités de Toulouse entend réunir et dissoudre les universités du Mirail, de Paul Sab, mais aussi l’INP et l’INSA au sein d’un mastodonte : « l’Université de Toulouse ». Loin d’être le fruit d’une lubie proprement toulousaine, elle est en fait le résultat d’un dispositif (...) — feuille_de_route_idex.pdf, 1, 2, 3, 4, 5, Feuille de Route de l’IDEX

    https://iaata.info/home/chroot_ml/ml-toulouse/ml-toulouse/public_html/IMG/pdf/feuille_de_route_idex.pdf

    • Aucune perspective d’émancipation ne peut se passer d’une critique de l’université, en ce qu’elle est le lieu de canalisation-spécialisation de « savoirs », érigés et adoubés par elle comme étant « le savoir ». Toute autre forme de savoir est de fait condamnée : hors de la frontière de ses imposantes bâtisses, c’est un énième processus d’exclusion-dépréciation qui se joue. Au cœur de son rôle, le règne de la reproduction de l’ordre social.

      Il n’en reste pas moins qu’elle demeure l’un des rares répits face à la course à l’emploi, l’un des rares interstices encore ouvert à tou.te.s et œuvrant à rebours des injonctions de la professionnalisation qui hante tout.e réchappé.e du secondaire. Îlot fourmillant d’outils, de cursus, de disciplines, l’université agit comme espace-tampon, à cheval entre un dispositif de formation-reproduction de l’ordre social et la part de leste, de relative autonomie dont disposent les étudiant-e-s. En cela, elle peut être un point de repli provisoire dans lequel s’exercer. Au cœur de l’université, il est toujours possible d’en déshabiller les méthodes, voir l’envers du mythe et aiguiser les armes de sa critique.

      Si aujourd’hui l’université est la cible des gouvernements qui se succèdent, c’est bien parce qu’elle est un pivot stratégique de la révolte. Il suffit de jeter un oeil derrière nous pour saisir que l’université est un foyer de contestation, un vivier dans lequel, dès lors qu’une lutte se fait mouvement, se diffusent des pratiques jusque-là confinée dans les milieux militants.
      Il ne s’agira donc pas ici de défendre l’université comme l’incarnation d’un idéal républicain fallacieux mais bien de saisir l’enjeu stratégique des modifications qu’impose ce projet de fusion.

      Tabula rasa
      La destruction du Mirail dépasse celle de son amphi 8 et de ses patios, et l’arrachement de l’idée de circulation ouverte et libre qui en soutenait les murs et les chemins. Elle déborde à travers l’insolence de l’État et de Vinci qui, non content d’en avoir rayé le nom combatif, en ont fait un corridor d’hôpital. Le protocole est clair : soigner ses malades, éradiquer toute contamination gauchiste.

      Discipliner les étudiant.e.s
      La pacification du corps étudiant passe d’abord par la capacité à le « discipliner ». Pour cela, rien de tel qu’un.e étudiant.e-payeur.se, figure phare du modèle universitaire anglo-saxon. Contracter un crédit pour acquérir des compétences, et, une fois le diplôme en poche, se vendre en toute hâte sur le marché du travail (les échéances du crédit n’attendent pas) voici la recette miracle de ce « lissage des esprits ». Épée de Damoclès, les plus de 1000 milliards de dollars de dette étudiante américaine s’alourdissent inexorablement.