Y a-t-il un pilote dans la PNIJ, les « Grandes Oreilles » de la police ?

/pilote-pnij-grandes-oreilles-police

  • Y a-t-il un pilote dans la PNIJ, les « Grandes Oreilles » de la police ?

    http://www.slate.fr/story/135083/pilote-pnij-grandes-oreilles-police

    Encore en panne ces dernières semaines, la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ) n’en finit pas d’accumuler les ratés. Elle devait, initialement, être opérationnelle en 2007. Comment une administration est-elle capable de s’empêtrer ainsi dans ses projets ? Enquête sur un cauchemar digne de Kafka.

    « La PNIJ est indéniablement un objet journalistique », reconnaissait Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, en novembre 2016. Qualifiée de « merdier sans nom » par un haut responsable policier (anonyme) cité dans Libération, de « véritable fiasco » par les deux syndicats majoritaires chez les magistrats et les officiers de police, ou encore de « bérézina au pays de Kafka 2.0 » par France Inter, la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ), emblématique des « grands projets » ratés de l’administration française, fait régulièrement parler d’elle, et toujours en mal.

    Un cauchemar administratif

    Conçue en 2005 pour rationaliser le coût des écoutes téléphoniques judiciaires (et empêcher d’éventuelles barbouzeries), initialement censée être « opérationnelle fin 2007, courant 2008 », la mise en oeuvre de la PNIJ n’a réellement débuté qu’en 2010 avec l’attribution du marché à Thales. Aujourd’hui, le projet a accumulé tant de retards, surcoûts, pannes, « chaos techniques et écrans noirs », que son recours généralisé vient (pour la troisième année consécutive) d’être reporté. Elle était pourtant censée devenir « obligatoire » le 1er janvier 2017 après avoir été reportée deux fois déjà... Elle vient aussi, et pour la nième fois, de tomber en panne.

    Ajoutez-y le fait que le support technique de la PNIJ n’était joignable, initialement, que les jours ouvrables aux horaires de bureau, que les écoutes ne peuvent plus être transmises sur les téléphones portables des enquêteurs lorsqu’ils sont en filature, que les officiers doivent confier leurs cartes d’accès à leurs interprètes lorsque l’écouté ne parle pas français, empêchant policiers, gendarmes et douaniers de pouvoir continuer à s’en servir en parallèle... et vous comprenez mieux pourquoi les OPJ, contraints de l’utiliser, n’ont cessé de râler.

    Un dépassement de budget de plus de 80 millions

    L’an passé, la Cour des comptes s’est elle aussi invitée dans le débat, révélant que la PNIJ, qui devait initialement coûter 17 millions d’euros, et être lancée en 2007, en aura coûté « au moins 102,7M€ tout compris », à la fin de l’année 2016, sans être pour autant pleinement opérationnelle. Maintes fois reportée, la PNIJ devait en effet entrer en vigueur, « au plus tard », le 31 décembre 2015.

    Autre ironie de l’histoire, le nom de Richard Dubant se retrouve désormais exploité, à l’insu de son plein gré, par des escrocs qui s’en servent pour faire la promo de logiciels espions sur des pages qu’ils ont piratées...